2.2. Processus d'érosion hydrique
Le phénomène de l'érosion se manifeste dans
la nature en créant divers aspects de terrain. Selon Fournier (1960)
deux formes fondamentales d'érosion du sol par l'eau existent:
2.2.1. Détachement des particules constitutives
du sol et leur entraînement par l'eau qui ruisselle
Cette forme est due à l'action des précipitations
et du ruissellement :
- L'érosion en nappes: Elle résulte
d'un détachement d'éléments constitutifs du sol par la
pluie et le ruissellement et d'un écoulement superficiel, relativement
homogène dans l'espace, de l'eau tenant en suspension ou tractant les
éléments terreux arrachés. Le mélange d'eau et de
terre s'écoule le long des pentes comme une nappe et le sol se trouve
décapé par couches successives. Il est évident que pour ce
type d'érosion ce sont surtout les particules fines du sol qui sont
entraînées.
- L'érosion en rigoles: Elle consiste
essentiellement à l'entraînement des particules du sol par l'eau
suivant de petits sillons qui s'inscrivent sur la surfaces topographique
perpendiculairement aux isohypses. Le fait générateur de ce
phénomène est un écoulement de l'eau, non pas d'une
manière uniforme sur toute une surface, mais par concentration en filets
liquides dont le débit et la vélocité sont aptes à
engendrer une action érosive. C'est à l'action de ces filets
d'eau qu'est dû le creusement d'incisions dans le sol, ces incisions sont
élémentaires, temporaires, le plus souvent non
hiérarchisées, qui apparaissent pendant une averse à la
suite d'une concentration locale de l'eau guidée, canalisée, par
le réseau des arbustes, les façons culturales.
- L'érosion en ravins: Elle apparaît
lorsque les types précédents sont exagérés et que
les entailles s'approfondissent considérablement. Les formes
résultantes sont caractéristiques de l'érosion naturelle,
et d'une surexploitation du milieu naturel. Les dimensions peuvent être
très importantes : profondeur supérieure à 2 - 3 m,
largeur 10 à 20 m et longueur de plusieurs centaines de mètres.
Ses traces ne peuvent pas être effacées par le labour.
2.2.2. Mouvement du sol en masse
Selon Fournier (1960) cette forme est due à l'attaque du
sol par l'eau sur une épaisseur de son profil, à la mise en
déséquilibre du sol et à l'action de la pesanteur:
- Les coulées boueuses: L'action la plus
simple que puisse exercer l'eau à l'intérieur du sol est la
saturation d'un horizon supérieur lorsque surviennent des pluies
très abondantes. Si le sol est dénudé ou si la
végétation qu'il porte n'a aucune propriété
cohésive, une masse terreuse est susceptible de se transformer en un
véritable fluide visqueux. Si la topographie est inclinée, cette
masse, en cet état, s'écoule lentement vers l'aval suivant les
impératifs de la valeur de la pente : il existe alors une coulée
boueuse.
- Les glissements de terrain: L'eau, quand elle
s'infiltre, peut exercer une action plus complexe. Lorsqu'il existe en effet un
niveau imperméable soit à l'intérieur du sol, soit au
niveau de la roche mère, soit même dans la masse rocheuse mais
à faible profondeur, l'eau qui percole est arrêtée. En cas
de percolation d'un volume d'eau important, il s'établit à ce
niveau un plan sursaturé, un plan en quelque sorte «
lubrifié » la masse de matériaux qui le surmonte peut alors
glisser sur lui si les forces qui la retiennent sur la pente disparaissent : il
se produit un glissement de terrain.
- La reptation du sol: C'est un mouvement par
cascades, lent et imperceptible, d'une mince pellicule superficielle du sol
vers l'aval des pentes. Cette forme de mouvement de masse est universellement
répandue. Ses causes sont extrêmement variables : le
piétinement du bétail, la croissance des racines ou le creusement
de trous par les animaux. Mais l'eau peut être également
responsable de ce type de mouvement. En effet, la variation de sa
quantité dans la partie superficielle du sol peut provoquer le
phénomène suivant : une expansion du volume de la masse terreuse
pendant les périodes d'humidification et une rétraction pendant
les périodes de dessèchement. Ces deux mouvements inverses
amènent une élévation et un abaissement des particules.
- L'érosion en tunnel: L'eau peut exercer une
action érosive interne. Celle-ci est bien illustrée par les
observations que l'on peut faire en zone tropicale en milieu cuirassé.
La cuirasse lorsqu'elle s'épaissit et se durcit nettement, joue le
rôle d'un toit imperméable. Dans ces conditions, l'eau,
vraisemblablement en fonction de la topographie, empreinte une voie souterraine
de circulation préférentielle où elle se rassemble. Ce
type d'érosion consiste au développement d'un drainage
sub-superficiel dans des matériaux non consolidés en milieux
secs. La précipitation saisonnière ou très variable qui
est à l'origine de l'apparition de crevasses dans le sol (par où
l'eau de ruissellement pénètre) pendant les périodes
sèches.
- Les éboulements: Elles sont dues à la
mise en déséquilibre d'une masse terreuse à la suite d'un
sapement. Lopez Bermudez (1996) ajoute un autre processus qui est
l'érosion par battance ou « splash erosion » qui
représente l'énergie cinétique des gouttes d'eau qui est
le premier élément déterminant de
l'érosivité d'une pluie. C'est la plus importante
caractéristique des averses, par son impact sur l'érosion des
sols, spécialement sur les sols sans couverture végétale.
Cette action des gouttes de pluie (battance ou splash) associe des actions
mécaniques, comme libération des agrégats instables et de
particules de sol nu.
Par les chocs de gouttes de pluie les particules sont
déplacées, pouvant atteindre 100 à 150cm, les sables fins
sont les plus affectées. En fonction de la pente des déplacements
sont certainement importants mais difficilement mesurables et séparables
des autres processus. Ce lent mouvement des particules vers la base du versant
avec une trajectoire en dents de scie est le « splash creep ».
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