REPUBLIQUE TUNISIENNE
Institut National Agronomique de
Tunisie THESE
POUR L'OBTENTION DU DIPLOME DE DOCTEUR EN SCIENCES
AGRONOMIQUES
Discipline : Sciences de la production
végétale Soutenue publiquement par
SLIM Slim
Les systèmes fourragers des zones
montagneuses: contraintes et intérêts des fabacées dans
la fixation des sols et l'accroissement des ressources herbagères des
petites exploitations
Devant le jury composé de
Mr. Rezgui Salah Président de jury
Mr. Ben Jeddi Fayçal Directeur de
thèse
Mr. Ben Younes Mongi Membre rapporteur
Mr. Sanaa Mustapha Membre rapporteur
Mr. Najjar Taha Membre examinateur
Dédicaces
A la mémoire de mon père Salah A ma
mère khadija A tous mes frères: Mounir, Nabil, Hafedh et
Yassine A toutes mes soeurs: Zahia, Zoubida, Hager, Najla, Faiza et
Afef A ma chère Imtinene A tous mes amis Pour leurs soutiens et
encouragements tout au long de mes études.
Remerciements
J'adresse mon plus haut respect et ma sincère
gratitude, qu'il trouve dans ces quelques mots l'expression de mon profond
remerciement, à mon encadreur et directeur de thèse Dr. F. Ben
Jeddi pour tout ce qu'il a fait afin que je puisse défendre cette
présente thèse, pour son encadrement précieux, son aide,
son encouragement continu et ses conseilles afin que je puisse terminer
à bien mes travaux.
Ma considération et respect sont adressés au
directeur général de l'INAT (Institut National Agronomique de
Tunisie) M. E. Hamza qu'ils trouvent ici mes remerciements les plus
sincères.
J'adresse particulièrement mes remerciements aux
membres du Jury. Je profite de l'occasion pour leur adresser mes
sincères respects. Leurs remarques et suggestions m'ont
été très utiles et fructueuses pour la finalisation de
cette thèse.
Un devoir pour moi de remercier les Pr. M. Zouaghi et Y.
Harbeoui qui m'ont orienté au cours des années de
préparation de ma thèse et qui se sont intéressés
spécialement à cette recherche.
Mes remerciements vont aussi au personnel de l'INAT (S.
Cherif, F. Elwati, H. Saoudi, Y. Guessmi, R. Bouassida, M. Kouki, S. Mlouki, H.
Hamdi), du projet FAO/DGACTA (Direction Générale de
l'Aménagement et conservation des Terres Agricoles) spécialement
MM. C. Dichiara, J. ElFaleh, H. Chourabi A. Rajeh et de l'ODESYPANO (Office de
Développement Sylvo-Pastorale du Nord Ouest) spécialement MM., H.
Dellai et A. Trabelsi; qui m'ont permis et aidé par tous les moyens
à effectuer les différents déplacements et études
sur terrain afin de finaliser mes travaux de recherche en thèse.
De même, je profite de l'occasion pour adresser mes
sincères remerciements à M. S. Rezgui pour tout ce qu'il m'a
présenté comme soutien et conseil précieux pour les
analyses statistiques des différentes données
expérimentales.
Par la même occasion, je ne peux pas me retenir à
remercier MM., M. Sanaa, T. Najjar et A. Sahli pour leurs conseils et aides
durant toute la période de préparation de ma thèse.
J'espère qu'ils trouvent ici l'expression de ma sincère
gratitude.
Je me fais un plaisir de remercier M. A. Jerbi pour ses multiples
aides et ses remarques utiles lors des nombreux traitements statistiques des
données de l'enquête.
Je remercie sincèrement mes amis, S. Labidi, S. Dhane,
K. Bouajila, Z. Jmel, A. Marouani R. Azouzi, B. Mouelhi, K. Khammesi, S. Adib,
S. Khoufi et S. Bakouri, K. Raouf, J. Temimi, M. Zarrouk, M. Khlil, N. Bibi, S.
Ben Othmen et M. Hbibi qui ont été très serviables et
gentils, je leurs souhaite un avenir plein de succès.
Je n'oublie jamais le personnel du laboratoire productions
fourragère et pastorale et le laboratoire d'agronomie de l'INAT je cite:
J. Chrigui, H. Ftaimya, S. Jaha, F. Belgaied, H. Elhamdi, N. Hafnewi, S.
Goudjil, B. Ezendini et A. Agrbi A. Mohaimen à qui j'adresse ma
sincère gratitude et remerciement.
Je dis encore une fois Merci à tous ceux que j'ai
oublié.
Je dédie cette recherche à tous les chercheurs qui
bataillent pour un développement durable de l'agriculture des zones
montagneuses.
Slim SLIM
Table des matières
Titre Pages
L~~A i
Résumé iii
Summary v
Liste des abréviations vii
Liste des tableaux ix
Liste des figures x
Introduction générale 1
Partie 1
Analyses bibliographiques 4
1. Système agro-sylvo-pastorale 5
1.1. Permaculture 7
1.2. Agriculture durable 10
1.2.1. Concept du développement durable 11
1.2.2. Systèmes de production durables 12
1.3. Agriculture raisonnée ou
intégrée 13
1.4. Agriculture biologique 14
2. Erosion hydrique 14
2.1. Principaux facteurs et causes de la
dégradation des sols 14
2.2. Processus d'érosion hydrique 15
2.2.1. Détachement des particules constitutives du sol et
leur entraînement par l'eau qui ruisselle 16
2.2.2. Mouvement du sol en masse 16
2.3. Conséquences de l'érosion
18
2.3.1. Conséquences de l'érosion sur le sol 18
2.3.2. Conséquences et impacts environnementaux de
l'érosion sur la désertification 19
2.4. Rôles du couvert végétal dans
la lutte contre l'érosion hydrique 19
2.5. Les procédés de conservation du sol
sur les pentes 20
2.5.1. Travaux selon les courbes de niveau 20
2.5.2. Culture en bandes alternantes 20
2.5.3. Construction des terrasses 20
2.6. Aménagement durable des forêts
21
2.7. Aménagement durable des pâturages
naturels 21
2.8. Conservation du sol dans les forêts
25
2.8.1. Procédés de conservation du sol 25
2.8.2. Végétation 26
2.8.3. Végétation forestière naturelle
26
2.8.4. Végétation pastorale 27
2.8.5. Végétation cultivée 28
2.8.6. Végétation agro-forestière 28
2.8.7. Pratiques culturales en tant que moyen de conservation
des sols cultivés 29
3. Rayonnement électromagnétique
31
3.1. Propriétés du rayonnement
électromagnétique 32
3.2. Signatures spectrales des surfaces naturelles
33
3.2.1. Comportement spectral des sols 34
3.2.2. Comportement spectral de l'eau 35
3.2.3. Comportement spectral des couverts végétaux
35
4. Présentation du matériel
végétal Sulla du Nord (Hedysarum coronarium L.) et de sa
culture. 36
4.1. Taxonomie et description botanique 36
4.2. Ecologie et exigences du sulla 37
5. Etude quantitative de la végétation
38
5.1. Principes généraux de l'étude
quantitative de la végétation 38
5.1.1. Eléments constitutifs d'une méthode
d'échantillonnage 38
5.1.2. Choix d'une méthode 38
5.2. Mesures et appareils de mesure 39
5.2.1. Mesures relatives à échantillons de surface
fine 39
5.2.2. Mesures relatives à échantillons
linéaires 39
5.2.3. Mesures ponctuelles 40
5.2.4. Mesures relatives à un échantillon non
délimité 40
5.2.5. Mesures de vigueur ou de productivité individuelle
40
5.2.6. Mesure de la biomasse et de la productivité
primaire 41
5.2.7. Expression des résultats 41
5.3. Plans d'échantillonnage 41
5.3.1. Echantillonnage subjectif 42
5.3.2. Echantillonnage au hasard 42
5.3.3. Echantillonnage systématique 42
6. Conservation des fourrages 42
6.1. Principe de la fenaison 44
6.2. Raisons du conditionnement 44
6.3. Faucheuses-conditionneuses 46
6.4. Intérêt de l'ensilage 50
6.5. Principe de l'ensilage et appréciation
50
6.5.1. Phases de l'ensilage 50
6.5.2. Principales conditions de réussite d'un ensilage
53
6.6. Qualité des ensilages 54
6.6.1. Méthodes subjectives d'appréciation 54
6.6.2. Méthodes chimiques d'appréciation 55
6.7. Valeur alimentaire des ensilages 57
6.8. Ingestibilité des ensilages 59
6.8.1. Ingestion volontaire des ensilages 60
6.8.2. Action du pH 60
6.8.3. Action des acides gras volatils et des composés
azotés 61
6.8.4. Teneur en constituant membranaire des ensilages 61
6.8.5. Influence du préfanage et de la finesse de hachage
62
6.8.6. Amélioration de l'ingestion des ensilages 62
6.9. Pertes par ensilage 62
Partie 2
Matériels et méthodes 66
1. Caractérisation géo-climatique des
sites expérimentaux 67
1.1. Zones de l'enquête 67
1.2. Régions expérimentales 68
2. Enquête sur la pratique de la rotation
culturale dans les zones montagneuses de la Tunisie 72
2.1. Objectifs de l'enquête 72
2.2. Identification et choix des zones de l'étude
73
2.3. Différentes étapes de l'analyse
statistique 74
2.4. Traitement statistique des données de
l'enquête 75
3. Installation des essais expérimentaux
75
3.1. Essai érosion hydrique 75
3.1.1. Conduite de l'essai érosion 77
3.1.2. Analyses physico-chimiques des charges solides
collectées dans les eaux de ruissellement 80
3.2. Essai système fourrager 83
3.2.1. Matériel biologique 83
3.2.2. Conduite de l'essai système fourrager 84
3.2.3. Paramètres analysées 85
3.3. Essai caractérisation spectrale de la
culture du sulla 86
4. Conservation du fourrage par ensilage 88
4.1. Conception du conditionneur de fourrage à
poste fixe 88
4.2. Technique d'ensilage 91
4.2.1. Confection des silo-labo 92
4.2.2. Désilage 93
4.2.3. Appréciation des ensilages 93
4.2.4. Analyse chimique de l'ensilage 93
4.3. Traitement statistique des données
99
Partie 3
Résultats et discussions 100
1. Enquête sur la pratique de la rotation
culturale dans les zones montagneuses de la Tunisie et
typologie des exploitations 101
1.1. Etude descriptive et croisement des variables
101
1.1.1. Données générales sur l'exploitation
101
1.1.2 Etude du Profil des personnes enquêtées
103
1.1.3. Exploitation 107
1.1.4. Activités agricoles 110
1.1.5. Rotation culturale 114
1.2. Analyse croisée des variables
regroupés 118
1.2.1. Croisement du groupe 1 (profil de l'exploitant agricole)
par région 119
1.2.2. Croisement du groupe 2 (Environnement de l'exploitant
agricole) par région 120
1.2.3. Croisement du groupe 3 (Profil de l'exploitation
agricole) par région 121
1.2.4. Croisement du groupe 4 (la rotation culturale et sa
pratique dans les systèmes de culture) par
région 122
1.3. Segmentation 123
1.3.1. Segmentation selon un modèle simple 123
1.3.2. Segmentation selon un modèle de croissance 124
1.4. Analyse factorielle de correspondances multiples
(AFCM) 126
1.5. Conclusion 130
2. Système fourrager à base de sulla
132
2.1. caractérisation spectrale de la culture du
sulla 132
2.1.1. Spectres de réflectance de l'évolution de
la culture du sulla 132
2.1.2. Spectres de réflectance du sulla et des cultures
témoins 133
2.1.3. Indice de réflectance dans le visible 134
2.2. Caractéristiques herbagères de la
culture du sulla 135
2.3. Caractérisation floristique des prairies de
sulla 142
2.4. Conclusion 145
3. Conservation du fourrage de sulla par ensilage
147
3.1. Taux de matière sèche du sulla
147
3.2. Pertes subies par l'ensilage 149
3.2.1. Pertes par les jus 150
3.2.2. Pertes par inconsommable 151
3.3. pH des ensilages 153
3.4. Rapport azote ammoniacal sur azote total
154
3.5. Cellulose brute 156
3.6. Cendres totales 157
3.7. Digestibilité de la matière organique
158
3.8. Modification de la composition des acides du sulla
par ensilage 159
3.8.1. Acide acétique 159
3.8.2. Acide butyrique 161
3.8.3. Acides gras volatils 162
3.9. Cartographie de la qualité des ensilages du
sulla 163
3.10. Conclusion 164
4. Protection des sols des zones montagneuses de la
Tunisie par le sulla du nord 165
4.1. Ruissellement selon la culture et la pente
165
4.2. Infiltration de l'eau sous différents
couverts végétaux 167
4.3. Vitesse de ruissellent de l'eau 168
4.4. Evaluation des pertes solides sous différents
couverts végétaux 170
4.5. Analyse physico-chimique comparative 171
4.6. Conclusion 173
Conclusion générale et perspectives
174
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iii
Résumé
Les systèmes agropastoraux des régions
montagneuses du nord de la Tunisie connaissent de profondes transformations
liées à des changements qui portent à la fois sur
l'organisation sociale, sur l'économie et sur les pratiques culturales.
Dans le cadre d'étude des zones de Zaghouan, Siliana et Béja, ce
travail a montré l'importance de l'introduction des légumineuses
principalement la culture du sulla (Hedysarum coronarium L.)
variété Bikra 21 dans les systèmes de cultures des zones
montagneuses et spécialement chez les petits agriculteurs.
L'enquête de terrain sur la pratique de la rotation culturale dans les
zones montagneuses de la Tunisie et la typologie des exploitations, a
montré que les profils favorables à la pratique de la rotation se
trouvent chez les agriculteurs pratiquant ce métier depuis une
décennie, mariés, âgés de plus que 40 ans et d'un
niveau de scolarisation primaire ou plus. L'environnement favorable à la
rotation est représenté par un agriculteur propriétaire
résidant sur les lieux de son exploitation et dont l'activité
principale est l'agriculture, se trouvant à moins de 10km du
marché hebdomadaire, et parcourant une route asphaltée ou semi
asphaltée. Le modèle d'exploitation mixte à élevage
(bovins, ovins ou les deux), ayant une topographie en plaine ou en pente avec
un sol de type argileux ou sableux, une surface utile de plus de 10ha
représente le profil favorable à la pratique de la rotation.
Cette situation se présente dans 25,7, 16,4 et 15,4% des cas
respectivement à Béja, Siliana et Zaghouan. L'analyse
multidimensionnelle a permis de mieux cerner la nature des liaisons qui
existent entre les différents paramètres de productions d'une
région donnée, montrant ainsi que, les agriculteurs des
régions précédemment citées, sont
caractérisés par une connaissance de la rotation du type
croissant allant respectivement de l'absente, faible à moyenne.
L'analyse des performances de Bikra 21 a montré les aptitudes
d'adaptation de la variété aux contextes climatiques,
édaphiques et sociaux de la région. Les vitesses de croissance de
la végétation du sulla pour la fauche et le pâturage ont
varié entre 0,176 et 1,236 cm/mm de pluie. Les rendements en
matière sèche du sulla obtenus sont compris entre 974 et 5490kg
MS/ha. L'efficience d'utilisation de l'eau par le sulla varie selon l'ordre et
le mode d'exploitation entre 0,77 et 4,58 kg MS/m3 pour la fauche et
0,78 et 4,11 kg MS/m3 de pluie pour le pâturage. Les
productions énergétiques des prairies à sulla sont
comprises entre 828 et 4666UFL/ha. Les techniques d'exploitations de la culture
du sulla lui confèrent le statut d'une culture nettoyante.
Des essais de traitements du sulla par voie humide, ont
montré que l'effet positif de l'éclatement des tiges ne se
manifeste qu'après 48h de préfanage pour un ensilage issu d'un
sulla de 1ère et 2ème année
respectivement sans et avec retournement. La technique de préfanage avec
éclatement des tiges permet un gain gratuit en matière
sèche et une bonne conservation du fourrage par ensilage. Les analyses
chimiques ont montré que seuls les ensilages de sulla ERP31-2, RP31-2,
EP31-2 et RP21 sont classés dans la catégorie des ensilages
excellents. Les essais comparatifs de simulation de pluie artificielle
cumulée de 170mm, en 60 minutes, entre des parcelles de Sulla, de
blé dur (Triticum durum Desf.) et de jachère non
travaillée, présentant des pentes variant entre 4 , 8 et 12% ,ont
mis en évidence que l'installation du sulla a engendré un
ruissellement d'eau de 1,2 à 5,8l alors que pour la jachère non
travaillée la perte d'eau a varié de 6,3 à 36,2l. A 12% de
pente, les taux de ruissellement ont été de 3,4 et 23,2%
respectivement pour le sulla et le blé dur. Dans les mêmes
conditions, le sulla favorise une infiltration d'eau de 99%, contre 76,6% pour
le blé. Par rapport à une jachère non travaillée,
un couvert végétal à base de sulla sur une pente de 12%
réduit plus que 10 fois la quantité de terre
érodée. Dans les charges solides transportées par
l'érosion pluviale, l'argile représente 55% du total, avec une
teneur en azote de 32ppm, et un taux de matière organique de 3,5%. Donc,
l'amélioration de la couverture végétale ainsi que
l'état organique des terres tend à redynamiser et surtout
sécuriser les secteurs de production céréalière,
fourragé et l'élevage.
Summary
Agropastoral systems in mountainous regions of northern
Tunisia are undergoing profound transformations related to the changes that are
both on the social and economic organizations and cultural practices. As part
of study of the following areas Zaghouan Siliana and Beja, this work showed the
importance of introducing the cultivation of legumes mainly sulla (Hedysarum
coronarium L.) variety Bikra 21 in the farming systems in mountain areas
especially for small farmers. The field survey on the practice of crop rotation
in Tunisian mountains and the typology of the farms showed that the propitious
profiles for the practice of rotation are among the farmers using this
profession more than a decade, married, 40 years old and has an elementary
school level or more. The environment for the rotation is represented by the
landlord and whose principal activity is farming, located within 10km of the
weekly market, and browsing a paved or a semi paved road. The model for mixed
farming (cattle, sheep or both), having a plain or a sloping topography with a
sandy soil or clay, a useful surface of over then 10 ha profile is favorable
for the practice of rotation. This situation is found in 25.7, 16.4 and 15.4%
of cases respectively in Beja, Siliana and Zaghouan. The multivariate analysis
allowed a better understanding of the nature of links between the different
production parameters of a given region, showing that the farmers in Zaghouan,
Beja and Siliana are characterized by a knowledge of the rotation type growing
up, respectively, absent, low to medium. The performance analysis of Bikra 21
has shown the ability of the variety to adapt climate, soil and social area
contexts. The growth rates of the vegetation of sulla for mowing and grazing
varied between 0.176 and 1.236 cm / mm of rain. The dry matter yields of sulla
are obtained between 974 and 5490kg DM / ha. The efficiency of water use by
sulla varies with the order and the operating way between 0.77 and 4.58 kg
MS/m3 for mowing and 0.78 and 4.11 kg MS/m3 Rain for grazing. The energy
production of prairie of sulla is between 828 and 4666UFL/ha. Operating
techniques of sulla, give it the status of a cleaning plant. Trials of
treatments of sulla wet, showed that the positive effect of the bursting of the
stems only appears after 48 hours wilting for silage from a sulla 1st and 2nd
years respectively without and with reversal .
vi
The technique of wilting stems bursting with saves free dry
matter and good silage for fodder conservation. Chemical analysis showed that
only ERP31 sulla silage-2, RP31-2, EP31-2 and RP21 are classified as excellent
silage. Comparative testing of artificial rain simulation cumulative 170 mm in
60 minutes between patches of sulla, durum wheat (Triticum durum
Desf.) and unworked fallow, with slopes ranging from 4 , 8 and 12%, have
revealed that the installation of sulla has created a stream of water from 1.2
to 5.8 while for the unworked fallow water loss ranged from 6.3 to 36.21.A 12%
slope, runoff rates were 3.4 et 23.2% respectvely for sulla and durum wheat .
Under the same conditions, the sulla promotes water infiltration by 99%,
against 76.6% for durum wheat. Compared to the unworked fallow, a cover based
on sulla on a slope 12% reduced by 10 times the amount of soil eroded. In the
sediment loads carried by rainfall erosion, clay represents 55% of the total,
with a nitrogen content of 32ppm, and organic matter content of 3.5%.
Therefore, improved vegetation cover and the organic state land tends to
revitalize and especially secure areas of grain production, fodder and
livestock.
Liste des abréviations
AF arboriculture fruitière
AFCM analyse factorielle de correspondances
multiples
AGV acide gras volatile
B culture de blé
C céréaliculture
Tc taux de couverture des espèces
CB cellulose brute
CI cultures industrielles
CM cultures maraichères et
Cs charge solide
CT cendres totaux
D sulla directe
DMO digestibilité de la matière
organique
E éclatement des tiges
EP1 éclatement et préfanage 24h
EP2 éclatement et préfanage 48h
EP3 éclatement et préfanage 72h
ERP1 éclatement, retournement et
préfanage 24h
ERP2 éclatement, retournement et
préfanage 48h
ERP3 éclatement, retournement et
préfanage 72h
EUE efficience d'utilisation de l'eau
Fr fréquence de chaque espèce
F cultures fourragères
I surface irriguée
JNT jachère non travaillée
L cultures légumineuses
m moindre
MAT matière azotée totale
MAT matières azotées totales
MG matière grasse
MM matière minérale
MS matière sèche
P préfanage
p puissant
P1 préfanage 24h
P2 préfanage 48h
P3 préfanage 72h
ppds plus petite différence
significative
Qt quantité de sol érodé
R opération de retournement du
fourrage
RP1 retournement et préfanage 24h
RP2 retournement et préfanage 48h
RP3 retournement et préfanage 72h
S culture de sulla
SAP sol avant perturbation par la pluie
SAT surface agricole totale
SAU surface agricole utile
SMVDA sociétés de mise en valeur
et développement agricole
Sulla 1 sulla de 1ère
année
Sulla 2 sulla de 2ème
année
TE terre érodée
Ti taux d'infiltration
TP terre de la parcelle
Tr taux de ruissellement
UC unité chaleur
UFL unité fourragère lait
Liste des tableaux
N°
|
Titre
|
pages
|
1
|
Classification de la qualité de conservation des ensilages
selon %N-NH3/Nt
|
56
|
2
|
Barème d'appréciation de la qualité des
ensilages
|
57
|
3
|
Composition chimique des principaux ensilages produits en
Tunisie
|
58
|
4
|
Valeurs énergétiques et protéiques des
ensilages produits en Tunisie
|
58
|
5
|
Pluviosité mensuelle moyenne (en mm sur 50 années)
des sites expérimentaux
|
70
|
6
|
Pluviosité mensuelle et température minimale et
maximale des années 2005, 2006 et 2007 des
|
|
|
sites expérimentaux
|
71
|
7
|
Répartition des dimensions des particules de sol par
ATTERBERG
|
82
|
8
|
Caractéristiques variétale de la
variété de sulla Bikra 21
|
83
|
9
|
Répartition des exploitations enquêtées par
gouvernorat
|
101
|
10
|
Répartition des enquêtés par sexe
|
103
|
11
|
Répartition selon le niveau d'Instruction des personnes
enquêtées
|
106
|
12
|
Répartition des enquêtées selon
l'ancienneté l'activité agricole
|
106
|
13
|
Lieu de résidence de l'exploitant agricole
|
108
|
14
|
Répartition des enquêtées selon la place de
l'agriculture parmi les activités de l'agriculteur
|
110
|
15
|
Statistiques sur la topographie des surfaces exploitées
|
112
|
16
|
Les espèces animales élevées dans les
exploitations
|
113
|
17
|
Ancienneté de la connaissance de la rotation culturale
|
114
|
18
|
Type de rotations dans la région
|
116
|
19
|
Les motifs de la rotation pratiquée
|
116
|
20
|
Services attendus du conseiller agricole
|
117
|
21
|
Méthodes évoquées pour avoir l'information
à propos de la rotation culturale
|
118
|
22
|
Table de contingence complète des agriculteurs selon les
groupes de variables
|
127
|
23
|
Tableau des inerties selon les axes
|
128
|
24
|
Proximité des points sur la projection
|
129
|
25
|
Les sous ensembles des régions
|
130
|
26
|
Evolution de la vitesse de croissance moyenne (cm/°Cj) d'une
prairie de sulla dans les trois sites
|
|
|
expérimentaux et selon deux modes d'exploitation au cours
des deux années de culture.
|
137
|
27
|
Evolution de la vitesse de croissance (cm/mm) des prairies de
sulla selon le cumul
|
|
|
pluviométrique et le mode d'exploitation en deux
années de culture.
|
137
|
28
|
Fréquences (Fr) en % et taux de couverture (Tc) des
adventices recensées par site
|
144
|
29
|
Mesure de la perte en terre sous différents Couvert
végétaux
|
170
|
30
|
Analyse granulométrique des substrats sols et charges
solides
|
171
|
31
|
Composition organo-minérale des sols avant pluie et des
charges solides transportées par
|
|
|
érosion
|
172
|
Liste des figures
N°
|
Titre
|
Pages
|
1
|
Profil idéalisé sur un terrain en
pente
|
9
|
2
|
Spectre électromagnétique
|
31
|
3
|
O pérations initiales les plus couramment
pratiquées pour la récolte des fourrages
|
44
|
4
|
Différents principe de conditionneurs à
rouleaux
|
47
|
5
|
Tassement et couverture d'un silo taupinière de
maïs ensilage
|
53
|
6
|
Zones de l'enquête
|
67
|
7
|
Situation géographique des sites
expérimentaux
|
68
|
8
|
Les sites expérimentaux; A: Djebel Arbi,
B : Tlil Salhi et C : M'nara
|
69
|
9
|
Représentation schématique d'un simulateur
de pluie
|
76
|
10
|
Simulateur de pluie installé dans diverses
conditions de culture.
|
78
|
11
|
Clinomètre optique portable
|
79
|
12
|
Le sulla du nord (Hedysarum coronarium L.),
variété Bikra 21 au stade début floraison
|
83
|
13
|
Les espèces animales utilisées dans les
différentes expériences; A: Bos taurus
et B: Ovis aries.
|
84
|
14
|
Parcelle expérimentale du sulla
|
84
|
15
|
Caractérisation de la flore spontanée des
prairies à sulla à l'aide du quadrat
|
85
|
16
|
Présentation du
spectroradiomètre
|
87
|
17
|
Tambours du conditionneur à poste
fixe.
|
89
|
18
|
Eclatement des tiges de sulla à l'aide du
conditionneur de fourrage à poste fixe
|
91
|
19
|
Représentation schématique
récapitulatif des traitements d'ensilage du sulla
|
92
|
20
|
Représentation schématique des
divers types d'analyses réalisées sur les ensilages
|
94
|
21
|
Répartition des enquêtes par gouvernorat et
délégation.
|
102
|
22
|
Répartition des enquêtés par groupes
d'âges
|
104
|
23
|
Pourcentage de répartition des personnes
enquêtées selon l'état Civil
|
105
|
24
|
Répartition des enquêtées selon le
Statut de l'exploitant agricole
|
107
|
25
|
Distance entre l'exploitation et le marché le plus
proche
|
109
|
26
|
Répartition des emblavures moyennes par exploitant
des trois gouvernorats.
|
111
|
27
|
Nature du sol des surfaces exploitées
|
112
|
28
|
Principales sources d'information relative
à la connaissance de la rotation culturale
|
115
|
29
|
Raisons invoquées de non pratique de la
rotation culturale
|
117
|
30
|
Croisement du groupe 1 (profil de l'exploitant agricole)
par région
|
120
|
31
|
Croisement du groupe 2 (Environnement de l'exploitant
agricole) par région
|
121
|
32
|
Croisement du groupe 3 (Profil de l'exploitation
agricole) par région
|
122
|
33
|
Croisement du groupe 4 (la rotation culturale et sa
pratique dans les systèmes de culture) par
|
|
|
région
|
122
|
34
|
Segmentation selon le modèle simple
|
123
|
35
|
Segmentation selon le modèle
croissance
|
125
|
36
|
Projection plane des groupes de variables
étudiés par la méthode AFCM
|
129
|
37
|
Evolution du spectre de réflectance d'un couvert
de sulla selon les stades biologiques.
|
132
|
38
|
Spectres de réflectance d'une culture de sulla,
blé dur et d'une jachère non travaillée
|
133
|
39
|
Evolution des densités de végétation
en fonction de l'accumulation de chaleur dans les trois
prairies à sulla au cours des deux années de
culture.
|
135
|
xi
40 Evolution de l'hauteur de végétation en fonction
de l'accumulation de chaleur dans les
différentes parcelles sous les modes pâturage (A) et
Fauche (B) en deux années de culture. 136
41 Evolution des biomasses fourragères vertes des prairies
de sulla des trois sites (Zaghouan,
Siliana et Béja) selon le mode d'exploitation par fauche
(A) et par pâturage (B) 138
42 Evolution des rendements en matière sèche des
prairies de sulla des trois sites (Zaghouan,
Siliana et Béja) selon le mode d'exploitation par fauche
(A) et par pâturage (B) 139
43 Evolution de l'EUE du sulla selon le mode d'exploitation
140
44 Evolution des productions énergétiques (UFL) des
prairies de sulla des trois sites (Zaghouan,
Siliana et Béja) selon le mode d'exploitation par fauche
(A) et par pâturage (B) 141
45 Les adventices des prairies de sulla dans les
différents sites d'expérimentations 143
46 Fréquence des adventices des prairies de sulla dans les
parcelles d'études avant la première
exploitation (A) et avant la quatrième exploitation (B).
145
47 Effet de divers traitements sur l'évolution des taux de
matière sèche (MS) de l'ensilage de sulla. 148
48 Pertes de jus en % (MS) des ensilages du sulla. 150
49 Estimation des pertes en jus lors de la conservation du sulla
par ensilage 151
50 Effet des divers traitements sur le taux de pertes par
inconsommable de l'ensilage du sulla. 152
51 Effet des divers traitements sur le pH de l'ensilage du sulla.
153
52 Effet des divers traitements sur le rapport Azote
Ammoniacal/Azote Total (N-NH3/NT) de
l'ensilage du sulla. 155
53 Effet des divers traitements sur le taux de Cellulose brute de
l'ensilage du sulla. 156
54 Effet des divers traitements sur le taux cendres totaux de
l'ensilage du sulla. 157
55 Effet des divers traitements sur le taux de
digestibilité de la matière organique de l'ensilage du
sulla. 158
56 Effet des divers traitements sur le taux d'acide
acétique de l'ensilage du sulla. 160
57 Variation du taux d'acide butyrique de l'ensilage du sulla
selon les divers traitements. 161
58 Evolution du taux d'acides gras volatils selon le pourcentage
en matière sèche des ensilages de
sulla. 162
59 Cartographie relative à la qualité des ensilages
du sulla selon les traitements 163
60 Pluviométrie et température moyenne de la
période de préfanage 164
61 Evolution du volume d'eau ruisselé dans diverses
conditions de culture selon de pentes de 4, 8
et 12%. 166
62 Evolution du taux de ruissellement selon la pente dans
diverses conditions de culture. 167
63 Evolution du taux d'infiltration d'eau selon la pente dans
diverses conditions de culture. 168
64 Evolution de la vitesse de ruissellement dans diverses
conditions de culture selon différentes
pentes. 169
65 Système racinaire schématisé du sulla du
nord 171
Introduction générale
Située au nord du 30ème
parallèle, la Tunisie est classée dans la zone subtropicale
méditerranéenne, avec un climat caractérisé par une
alternance régulière de saisons hivernale froide et pluvieuse
plus ou moins longue et estivale sèche. Ce climat se trouve largement
influencé par une aridité affectant l'ensemble du pays (Boudabous
et al., 2000). La Tunisie couvre une superficie de 16,4 millions d'ha
dont 9 sont considérés aptes à l'agriculture et au
pâturage; avec seulement 50% cultivable. Les conditions physique,
géomorphologique, bioclimatique et socio-économique, affectant
les terres sont à l'origine de leur dégradation. L'érosion
hydrique concerne environ 3 millions d'ha dont la moitié est gravement
menacée. La détérioration croissante des ressources en eau
et sol nécessite une rationalisation de leur gestion.
Dans ce système de production agricole, la production
animale occupe une place de choix, malgré le déficit chronique
particulièrement en matière de protéines
végétales. Le développement de cultures
fourragères, principalement de fabacées présente de
nombreux avantages rendant leur utilisation justifiée encore plus dans
les zones à risque d'érosion édaphique (Slim et Ben Jeddi,
2011; Tibaoui, 2008). Avec 354 000ha de forêts, le secteur nord-ouest
contribue à l'alimentation d'un effectif animal représentant 34
et 14% du total national, respectivement bovins et petits ruminants (DGF,
1994). Le relief est caractérisé par une prédominance de
terres en pente, associé dans certaines situations à des
précipitations abondantes (1500 mm/an), et l'inadaptation des
systèmes de culture. Cette combinaison des facteurs rend les terres
fertiles très vulnérables aux variations climatiques. Dans ce
contexte, les petites exploitations se trouvent souvent poussées
à s'étendre sur des terres fragiles accidentées et
à vocation forestière. Les fabacées fourragères, en
particulier le sulla du nord (Hedysarum coronarium L.) joue un
rôle floristique et agronomique fondamental dans l'amélioration de
la fixation biologique et la fertilité organo-chimique du sol (Gounot,
1958; Trifi Farah et al., 2002; Slim et al., 2008). Comme
précédent cultural, cette espèce a contribué
à croître la production grainière du blé dur
(Triticum durum Desf.) de 30% avec zéro apport d'azote
minéral. De plus, une amélioration des ressources
fourragères énergétique et protéique respectivement
6500UFL/ha et 1200kg/ha a été observée (Ben jeddi,
2005).
Ces contraintes de diverses natures incitent à poser
des questions et des hypothèses à propos du rôle et impact
que peuvent avoir les fabacées fourragères comme le sulla du nord
dans des systèmes de production agricole particuliers aux régions
montagneuses.
Les objectifs visés touchent un ensemble de fonctions de
production déterminant dans la durabilité des petites
exploitations du nord ouest:
- caractérisation de la typologie des exploitations
agricoles;
- amélioration des ressources herbagère;
protéique; et céréalière;
- fixation biologique des sols; et
- sécurisation des ressources fourragères par le
conditionnement et la conservation.
Ainsi, ce travail de recherche est présenté en
trois parties:
- Partie 1: Analyse bibliographique; - Partie 2:
Matériels et méthodes; et - Partie 3: Résultats et
discussions.
L'analyse bibliographique présentera, dans sa
première partie, le système agro-sylvopastoral; ainsi que les
différents modèles agricoles (la permaculture, l'agriculture
durable, l'agriculture raisonnée ou intégrée, et
l'agriculture biologique). L'impact des activités humaines sur
l'environnement et la dégradation des sols ont été
traités. La deuxième partie sera consacrée à
l'érosion hydrique et les principaux facteurs intervenant dans la
dégradation des sols avec et les conséquences qui en
découlent. Le rôle important que le couvert végétal
peut jouer dans la lutte contre l'érosion hydrique sera ainsi
présenté. La troisième partie caractérisera
l'espèce Hedysarum coronarium L., ses exigences naturelles, son
potentiel de production fourrager et sa qualité nutritionnelle. La
partie suivante traitera des principes généraux de l'étude
quantitative de la végétation (mesures et appareils de mesure et
plans d'échantillonnage). Enfin, les différents moyens de
conservation des fourrages seront étudiés.
La deuxième partie méthodologique commencera par
l'identification des objectifs, choix et présentation des sites
expérimentaux de l'enquête. Cette dernière portera sur la
pratique de la rotation culturale dans les zones montagneuses, la typologie des
exploitations, les différents outils et étapes de l'analyse
statistique de l'enquête. La présentation du matériel
biologique, paramètres de production et paramètres nutritionnels
constitueront la deuxième partie méthodologique.
Seront présentées ensuite les combinaisons des
traitements de conservation manipulés pour l'ensilage du sulla. Enfin,
la technique utilisée pour la quantification de l'érosion des
sols montagneux sera détaillée.
Enfin, Nous discuterons les résultats de
l'intérêt de la caractérisation de la typologie des
exploitations agricoles des régions du nord-ouest; de
l'amélioration des ressources herbagère et la fixation biologique
des sols par le sulla du nord et la sécurisation des ressources
fourragères par le conditionnement et la conservation.
Partie 1
Analyse
bibliographique
1. Système agro-sylvo-pastoral
L'agroforesterie et le sylvo-patoralisme sont deux voies
anciennes de gestion des forêts, elles permettent l'augmentation de la
productivité à petit, moyen et long terme (en comparaison avec la
forêt seule), la biodiversité (en comparaison avec les zones
agricole) et la durabilité des terres (système multi-productif).
Le sylvo-patoralisme pose des problèmes importants reliés aux
multiples bénéfices de la forêt comme le risque de
réduction des feux et de l'érosion (Mosquera et al.,
2004). Selon McAdam (2004), l'agroforesterie est un nom utilisé pour des
pratiques dans des terres où les arbres sont combinés avec des
cultures et/ou des animaux, où il existe une interaction
économique entre l'arbre et les composantes agricole. La
définition du sylvo-patoralisme est le développement des arbres
avec les pâturages. L'évolution des objectifs et des utilisations
des terres pour le sylvo-patoralisme détermine essentiellement les types
du sylvo-pâturage et du système pratiqué.
L'intensité de l'utilisation des terres engendre : i) une faible
biodiversité dans les terres agricoles; ii) une augmentation de
l'eutrophisation des cours d'eaux et des eaux souterraines; iii) une
détérioration de la structure du sol et une diminution de la
fertilité; iv) une diminution de la production agricole; et v) une
diminution de la couverture forestière.
L'agroforesterie, selon Le Houérou (2004), est la
combinaison sur une même parcelle des cultures classiques avec des arbres
forestiers plus ou moins espacés et alignés. Ce sont le plus
souvent des arbres de la famille des légumineuses en raison de leur
contribution au bilan azoté du système. C'est une technique de
production qui s'est développée dans des civilisations paysannes
au cours des siècles. L'agroforesterie a commencé depuis des
centenaires. Depuis ces temps l'Homme a commencé l'aménagement
des arbres, la production agricole et les animaux d'élevage dans une
zone donné de terre. Par contre l'étude scientifique de
l'agroforesterie est nouvelle. Le système sylvopastoral est un type
d'agroforesterie qui combine différentes plantes dont les grasses et les
légumineuses avec les arbres pour la nutrition animales et autres
utilisations complémentaires. Au cours des dernières
années, l'agroforesterie pour la production animale est une voie qui
inclut le sylvopatoralisme (McAdam, 2004). La distribution annuelle de la
production est irrégulière et on observe 70% de la production au
printemps et 30% à l'automne et pas de croissance en été.
La moyenne annuelle de production des pâturages naturels est environ de
1440kg MOD/ha. La qualité de ces pâturages est très
limitée, avec une moyenne de production de protéine nette de 10,3
kg/ha et un taux d'incorporation des légumineuses de 8,5%. Ces faibles
quantités et qualité rendent la gestion de ces ressources
très difficile.
L'amélioration des pâturages nécessite
l'introduction de différentes actions pour l'obtention d'une production
de bonne qualité et quantité. Parmi les méthodes qui
peuvent être utilisé on cite la fertilisation des parcours
naturels avec un aménagement approprié, ou l'introduction de
nouvelles espèces et variétés. Le sylvo-patoralisme
utilise des arbres et arbustes fourragers en combinaison ou non avec des
espèces cultivées, habituellement des céréales :
orge ou blé en zones méditerranéenne, mil ou sorgho en
zone tropicale. Parmi les espèces les plus utilisées en zone
méditerranéenne on cite : Acacia cynophylla, Atriplex
halimus, Atriplex nummularia,Cerratonia siliqua, Chamaecytisus palmensis,
Colutea arborescens, Colutea istria, Gleiditsia traiacanthos, Robinia
pseudo-acacia, Medicago arborea, Medicago citrinia, Morus alba, Morus nigra,
et Opuntia ficus-indica. Les haies de ces espèces
établies en courbes de niveau permettent un contrôle efficace du
ruissellement, de l'érosion et la mise en place de limites visibles des
parcelles ou des propriétés. En outre elles apportent un
complément fourrager de qualité, riche en minéraux et
protèines (Le Houérou, 2002).
Selon Boudabous et al. (2000) les
agro-écosystèmes de la Tunisie sont situés dans un climat
largement affecté par l'aridité qui se pose pour l'ensemble du
pays, mais qui n'a pas partout la même acuité. D'une
manière générale le climat et l'aridité constituent
un facteur déterminant dans l'occupation et l'aménagement de
l'espace et la valorisation de ces ressources à des fins agricoles. En
effet, toute chose étant égale par ailleurs, la
disponibilité en eau conditionne largement l'occupation humaine d'un
espace donné et, par la suite, son utilisation à des fins de
production agricoles et/ou pastorales.
Donc en considérant le territoire tunisien, les
caractéristiques climatiques permettent de distinguer trois grands
ensembles naturels, ou agro-écosystèmes, par rapport aux
possibilités et contraintes de mise en valeur agricole :
- les agro-écosystèmes du Sud-Ouest :
caractérisé par la présence d'une aridité
très marquée, l'occupation humaine de cette région et
l'aménagement de son espace se trouvent totalement
hypothéqués par la disponibilité et la mobilisation des
eaux souterraines. Dans l'ensemble, ce groupe d'agro-écosystèmes,
qui correspond aux milieux présahariens et sahariens, est
caractérisé par la prédominance de systèmes de
production typiques déterminés par la combinaison de
l'agriculture oasienne et l'élevage extensif. Ceux-ci peuvent être
classés en cinq sous-ensembles : l'atlas saharien, les Matmatas et le
Dhahr, les Jeffara et El Ouâra, les chotts et l'erg occidental;
- les agro-écosystèmes de la Tunisie tellienne :
caractérisée à la fois par une abondance de ces ressources
en eau en hiver et un déficit hydrique en été,
l'occupation humaine de l'espace de cette région est très
diffuse. En effet, ces caractéristiques climatiques n'imposent pas de
contraintes majeures à la mise en valeur agricole si ce ne sont pas les
caractéristiques édaphiques qui imposent certaines limites
(fortes pentes, topographie, pédologie, sensibilité à
l'érosion hydrique). Dans l'ensemble ce groupe est
caractérisé par la prédominance d'un complexe de
production agro-sylvo-pastoraux intensifs et extensifs à haut potentiel,
qui peuvent être classés en cinq sous ensembles :
Khroumirie-Mogods, Nord-Est, Tell, Dorsale et Dorsale occidentale; et
- les agro-écosystèmes de la Tunisie centrale :
cette région est caractérisée par une grande
variabilité du climat et la disponibilité en eau, qui
confèrent au milieu naturel une fragilité notable. Cette grande
variabilité fait que l'occupation de l'espace d'une manière
permanente est très aléatoire et dépend largement des
interventions en matière d'aménagement de l'espace. Dans
l'ensemble ce groupe d'agro-écosystèmes, qui correspond aux
milieux steppiques, est caractérisé par la prédominance
des systèmes de production agro-pastoraux aussi variés que
complexes, axés sur l'oléiculture, la
céréaliculture aléatoire et l'élevage extensif.
Ceux-ci peuvent être classés en six sous ensembles : la steppe
agricole, le Sahel de Sousse, le Sahel de Sfax, la basse steppe, la steppe
alfatière et la steppe méridionale (Boudabous et al.,
2000).
Loi et Sitzia (2004) affirment que, durant les 200
dernières années, les systèmes agropastoraux se sont
rapidement développés dans les régions
méditerranéennes et les régions tempérées de
l'Australie du sud. Actuellement, ils sont classés parmi les
systèmes les moins exigeants en intrants, et un de leur point fort est
la fixation symbiotique de l'azote atmosphérique par le biais des
cultures fourragères à base des légumineuses qui font une
partie indispensable de ces systèmes.
1.1. Permaculture
La permaculture selon Couplan (1993) est une méthode
d'agriculture planifiée, dont le choix, la disposition sur le terrain et
la conduite des plantes et des animaux constituent la base. La permaculture est
une méthode pratique d'obtenir des bénéfices
énergétiques, depuis l'environnement domestique jusqu'aux
superficies importantes.
Les plantes ne sont pas seulement intéressantes par
elles-mêmes, mais elles modifient également le climat local et
diminuent les nombreuses formes de pollution. La permaculture est un
système d'organisation des individus ou des groupes, son objectif
premier est le bien être de l'homme et la satisfaction des besoins de
ceux qu'elle prétend servir. L'agriculture permanente, est la permanence
et la stabilité entre la terre et la société. Les raisons
principales pour planifier sont les suivantes :
- économiser notre énergie
à l'intérieur du système;
- mobiliser les énergies
pénétrant le système de l'extérieur (soleil, vent,
feu);
- associer les plantes pour qu'elles s'aident
mutuellement à vivre en bonne santé;
- disposer de façon optimale tous les
éléments (plantes, terrassements et constructions,
maisons) dans le paysage;
- s'adapter au climat et au site (plan
spécifique);
- y intégrer l'homme et la
société;
- économiser le combustible pour cuisiner
et se chauffer; et
- fournir à l'homme de quoi couvrir ses
multiples besoins d'une façon réalisable par chacun.
La règle d'or dans la planification du
périmètre est de commencer à développer la zone la
plus proche, de bien la contrôler, puis d'en étendre le
périmètre. La stabilisation et l'utilisation du paysage est une
question morale dont les implications sont globales. La vie des nomades
dénués de tout se déplaçant avec d'immenses
troupeaux de chèvres est l'une des pires stratégies dans la
gestion de l'environnement que l'on puisse imaginer. La figure 1
présente un profil de terrain typique de nombreux climats
tempérés ou tropicaux humides. Les hauts plateaux (A), surface
d'érosion supérieure où les arbres et les arbustes
empêchent l'écoulement trop rapide des eaux, et où le cours
des ruisseaux cherche le sens de la pente, cèdent la place à la
pente supérieure abrupte (B), dans le cas où elle est
utilisée pour l'agriculture (dont le couvert forestier protecteur a
souvent été coupé, ce qui cause une érosion
catastrophique. La pente inférieure est une zone agricole
potentiellement très productive, bien adaptée à recevoir
les structures édifiées par l'homme, ses animaux domestiques et
ses instruments. Plus bas, de doux vallonnements mènent à une
plaine (D) où il est possible de stocker facilement l'eau au moyen de
grands barrages peu profonds, et où l'on peut pratiquer des cultures
extensives (Couplan, 1993 et McAdam, 2004).
Figure 1. Profil idéalisé sur un
terrain en pente (Couplan, 1993)
Des systèmes fragiles comme celui-ci, en
équilibre souvent précaire, doivent être
préservés du surpâturage et de l'érosion du sol si
l'on veut conserver toute l'eau possible pour la production
d'électricité et l'agriculture aux altitudes inférieures.
Il est donc nécessaire de gérer soigneusement tous les
éléments et d'éviter tout ce qui pourrait avoir des
conséquences fâcheuses. Ceci implique de réduire s'il le
faut le nombre des animaux ainsi que de planter et de prendre soin d'autant
d'arbres, d'arbustes et de végétaux couvrant le sol qu'il est
possible, pour retenir l'humidité. Les pentes permettent à
l'homme de gérer une grande variété d'aspects,
d'exposition, d'ensoleillement et d'abris (Loi et Sitzia, 2004).
Très souvent, on a affaire à des systèmes
agro-sylvo-pastoraux qui sont des systèmes d'élevage qui,
à un moment ou à un autre de l'année, utilisent des
espaces boisés d'un point de vue fourrager, ces espaces boisés
étant eux-mêmes le plus souvent l'objet de traitements sylvicoles
orientés vers des objectifs de production ligneuse. Ce sont des
systèmes complexes, constitués de formations
végétales variées et diversifiées, à
plusieurs strates (herbacée, arbustive et arborée) qui
interagissent fortement entre elles et qui de ce fait, fonctionnent globalement
assez différemment d'un point de vue écologique. La gestion de
ces systèmes demande une approche intégrée qui prend en
considération les différentes productions fourragères,
ligneuses et agricoles en fonction des conditions écologique, sociales
et culturelles locales, en vue de tirer le meilleur profit durable tout en les
protégeant de la dégradation.
Un programme d'aménagement des pâturages naturels
doit prendre en considération la nécessité de
procéder à des améliorations permanentes de terrains des
parcours par : la mise en défens, la réglementation du
pâturage, la limitation des époques du pacage, le calcule de la
charge du pâturage, la lutte contre les plantes nuisibles ou
indésirables et l'enrichissement des pâturages par l'introduction
d'espèces fourragères (Nahal, 1998).
1.2. Agriculture durable
Selon McAdam (2004) le concept d'agriculture durable fait
partie intégrante du concept de développement durable. Le rapport
sur les stratégies relatives à l'agriculture durable
présenté par BIFAD (1988) (Borad of International Food and
Agricultural Development Task Force), a donné plusieurs
définitions de l'agriculture durable dont on site :
- c'est la gestion réussie des
ressources naturelles qui permet à l'agriculture de satisfaire les
changements des besoins humains, tout en maintenant et, si possible, en
augmentant la base des ressources et en évitant la dégradation de
l'environnement.
- C'est l'habilité d'un système
agricole de maintenir sa production à travers le temps sous l'influence
des pressions sociales et économiques.
- L'agriculture durable est celle qui devrait
conserver et protéger les ressources naturelles et permettre à la
fois une croissance économique à long terme, par la gestion
rationnelle de toutes les ressources exploitées, en vue de d'aboutir
à des rendements durables.
- C'est l'agriculture qui : i) assure la
conservation et l'utilisation des ressources internes et externes aussi
efficacement que possible ; ii) est écologiquement saine ; c.à.d.
qu'elle améliore l'environnement naturel et n'y provoque aucune nuisance
; et iii) est économiquement viable en ce qu'elle assure des revenus
raisonnables relatifs aux investissements agricoles.
Le concept d'agriculture durable et les pratiques qui en
découlent ont été rénovés dans divers pays
depuis environ 20 à 25 ans. Ils en ont pris leur essor comme
conséquences des abus de l'agriculture industrielle promue en Europe
occidentale par le Marché Commun (PAC, politique agricole
industrielle).
L'agriculture productiviste se caractérise par des
apports massifs, et souvent irrationnels, d'intrants : machinisme,
énergie, engrais, pesticides des assolements simplifiées à
l'extrême ou même la monoculture, qui favorise significativement
les photogènes (le piétin des céréales, par
exemple) et l'amélioration de la résistance des mauvaises herbes
ce qui se traduit par des doses de plus en plus élevées de
pesticides. Elle se singularise aussi par un élevage intensif avec des
effluents non contrôlés qui polluent les rivières et les
nappes phréatiques. La réduction des taux de matière
organique dans les sols et leur compaction corrélative accroissent le
ruissellement et son corollaire les inondations. Les labours favorisent la
minéralisation rapide de la MO par oxygénation et oxydation,
d'où la réduction de la porosité et la compaction des
sols. Cette compaction résulte aussi des passages
répétés de grosses machines et par la formation et le
maintien de la semelle de labour. La diminution de l'activité biologique
favorise la prolifération des pathogènes résultants de
l'élimination organismes producteurs d'antibiotiques et des amibes
(nettoyeuses). En somme l'agriculture productiviste est une utilisation
excessive des engrais, des pesticides, des semences (OGM) et du machinisme
agricole. Dans la culture du blé, par rapport à l'AP, l'AD
diminue les rendements de l'ordre de 10 à 12% en moyenne et les
coûts de production d'environ 30%. Les traitements d'herbicides et
pesticides sont de 4 à 6 annuels en AP, mais seulement 1 à 2 en
AD. La gestion de l'AD nécessite peu de matériel agricole
spécialisé (Le Houérou, 2004).
1.2.1. Concept du développement durable
Le développement durable peut être défini
comme un développement qui satisfait les besoins des
sociétés actuelles sans compromettre l'aptitude des
générations futures à satisfaire leurs propres besoins;
qui exige la gestion prudente des ressources disponibles et des
capacités de l'environnement et la réhabilitation de
l'environnement dégradé à cause de la surexploitation; et
qui adopte les objectifs critiques suivants relatifs au développement et
à l'élaboration des politiques de développement :
- l'amélioration de la croissance et de
la qualité;
- la nécessité de remédier
aux problèmes de la pauvreté et de satisfaire les besoins
humains;
- la prise en considération des
problèmes de la croissance de la population et de la
conservation des ressources naturelles;
- la réorientation de la technologie de
façon qu'elle soit plus adaptable aux
conditions locales;
- la gestion du risque; et
- la fusion des problèmes
environnementaux et économiques dans la prise des
décisions dans le domaine du développement durable
(Nahal, 1998 et McAdam, 2004).
1.2.2. Systèmes de production durables
Selon Nahal (1998) un système de production est
étroitement lié à la localité où il existe
et il est déterminé sur la base de l'interaction entre les
facteurs physico-chimiques, biologiques, technologiques,
socio-économiques et de gestion, en vue de satisfaire les objectifs
spécifiques locaux.
Dans un système de production durable donné, il
doit y avoir en permanence une coordination de plus en plus grande entre :
- des facteurs physico-chimiques, tels que le
sol, le climat (pluviosité, radiations, longueur du jour,...) et la
façon dont ils changent et interactent entre eux, de façon que
l'agriculteur puisse les orienter en vue de la création de conditions
favorables pour :
- les éléments biologiques du
système de production (végétaux et animaux) dans leur
interaction dans les agro-systèmes, avec les mauvaises herbes, les
ravageurs, et ceci sur la base :
- des technologies appropriées mises
à la disposition de l'agriculteur, de façon qu'elles soient
acceptables par lui et convenables à ses propres circonstances, sur la
base :
- de son niveau social et culturel et de son
expérience dans le domaine de l'agriculture, du système
légal du pays, de l'organisation communautaire et du marché, dans
la mesure où ils interactent entre eux pour :
- déterminer la viabilité
économique du système de production et la bonne santé de
l'environnement qui dépendent, en principe, de l'aptitude de gestion de
l'agriculteur, des structures du marché et des prix, des méthodes
rationnelles de lutte contre la dégradation de l'environnement (drainage
des sols peu perméables, lutte biologique contre les ravageurs).
Selon Loi et Sitzia, (2004) les mesures qui assurent une
durabilité à long terme du système de production peuvent
être attractives pour l'agriculteur à court terme. Les sujets
considérés dans l'agriculture durable sont complexes et
étendus, ils comprennent :
- des activités sectorielles telles que
: l'agriculture, la foresterie, l'agroforesterie, la
pisciculture et la zootechnie ;
- des problèmes de gestion des sols, des
eaux, des ressources naturelles et des bassins versants.
- Des problèmes environnementaux tels que
la désertification des sols, la salinisation des terres
irriguées, la perte de la biodiversité, la pollution des eaux,
etc. ;
- La formation des cadres et le
développement des ressources humaines ;
- Les rôles du gouvernement et du secteur
privé ;
- La recherche agricole et la vulgarisation.
Tout ceci montre que la durabilité dans la production
et le développement agricoles affectent des aspects variés de la
gestion des ressources naturelles et de l'aménagement de l'environnement
et exigent une approche globale et multidisciplinaire, interdisciplinaire,
nécessitant l'interaction entre les disciplines physiques, biologiques
et socioéconomiques dans la planification, la formulation des politiques
et dans les activités de recherche et de développement (Le
Houérou, 2004).
1.3. Agriculture raisonnée ou
intégrée
L'agriculture raisonnée ou l'agriculture
intégrée occupent une place intermédiaire entre
l'agriculture productiviste et l'agriculture durable. Le labour, les pesticides
de synthèse et les engrais chimique sont admis, mais avec parcimonie.
L'accent est mis sur des assolements longs et rationnels avec l'incorporation
obligatoire d'au moins une légumineuse, une sole fourragère et
l'utilisation opportune des résidus de l'élevage (fumier, purin,
lisier). Les assolements longs et rationnels et l'inclusion de soles
fourragères et de légumineuses sont un moyen efficace de
prévention et de lutte contre les mauvaises herbes, les insectes et les
champignons pathogènes. Il en résulte un cout de production
réduit de 20 à 25% par rapport à l'agriculture
productiviste (Le Houérou, 2004).
1.4. Agriculture biologique
L'agriculture biologique diffère de l'agriculture
durable par le fait qu'elle s'interdit les engrais chimiques et les pesticides
de synthèse. Par contre les insecticides naturels
pyrèthroïdes, extraits d'une marguerite afro-alpine et son
dérivés la roténone sont autorisés. Les fongicides
à base de sels de cuivre comme la bouillie bordelaise et la bouillie
bourguignonne et le soufre sont également autorisés. Par ailleurs
le non-labour l'intégration au sol des résidus de culture, les
engrais verts et les amendements en matière organique (fumier, compost,
engrais vert) sont fortement recommandés et même
indispensables.
L'agriculture biologique est soumise à de gros risques
du fait de la non-utilisation de pesticides lors de la pullulation de certains
pathogènes ou ravageurs dans certaines zones au cours de certaines
années. Mais le contrôle biologique vient de plus en plus à
son secours, mais pas dans tous les domaines (Bellon et al., 2000).
2. Erosion hydrique
L'érosion (du verbe latin erodere = ronger),
évoque l'usure de la surface terrestre (Fournier, 1960), c'est l'action
exercé par des agents climatiques ou naturels (vents, pluie,
rivières, glaciers) souvent amplifié par l'action de l'homme
(déforestation, surpâturage) et qui a pour effet d'enlever la
couche superficielle des sols et des roches meubles ou des talus des
rivières (Benzarti, 1996). L'érosion hydrique constitue un
problème environnemental endémique des plus importants que
présentent les régions semi-arides de par l'importance de ses
impacts écologiques et agronomiques. La perte de sol par érosion
hydrique, peut occasionner, d'une part une nette diminution du potentiel
biologique et productif et d'autre part, l'appauvrissement et la fragilisation
des écosystèmes. La conjonction des deux formes de
dégradation peut conduire à la rupture de l'équilibre
écologique et aboutie inexorablement à la désertification
du territoire.
2.1. Principaux facteurs et causes de la dégradation
des sols
L'érosion du sol est causée par l'interaction de
plusieurs facteurs : le sol, les précipitations, la pente, la
végétation et l'utilisation du sol.
Ces facteurs naturels ou induits qui causent la
dégradation des sols sont :
- Biologique :
détérioration de la couverture végétal, diminution
de la teneur en matière organique, diminution de la population,
diminution de la diversité et de l'activité de la faune (Lopez
Bermudez, 1996).
- Facteurs climatiques
(agressivité et irrégularités des pluies) : la
Tunisie fait partie de la zone méditerranéenne subtropicale,
caractérisée par l'agressivité des pluies et des crues. La
moyenne annuelle de pluie varie du Nord au Sud entre 1200 et 50 mm et elle est
caractérisée par une irrégularité inter-annuelle et
intera-annuelle et inter-saisonnière importante : les crues sont
violentes, brutales et épisodiques ; les pluies d'automne sont les plus
intenses et les plus dangereuses pour les sols, elles surviennent à une
période où la couverture végétale est faible ou
inexistante et les sols sont ameublis par les labours et après la saison
sèche de l'été. Ce sont les crues d'automne qui causent le
plus d'érosion. Cette action érosive de la pluie est liée
à son intensité et sa répartition.
- Le sol : les
caractéristiques de classification pédologique d'un sol
permettent de déterminer, après corrélation avec des
données quantitatives, un coefficient de sensibilité de
l'érodibilité.
Ces éléments de classification comprenant, la
structure, la texture, la teneur en matière organique, la
capacité de rétention de l'eau et la
perméabilité.
- Le relief : la Tunisie est
caractérisée par un relief peu élevé mais il
présente en général des terrains à pente raide
favorisant l'accélération du phénomène de
l'érosion.
- Facteurs socio-économiques
: l'accroissement démographique est à l'origine d'un
important défrichement des terres de parcours ; ce qui s'est traduit par
une surexploitation des surfaces pâturées,
accélérant ainsi leur dégradation et par conséquent
favorisant les phénomènes d'érosion et des transports
solides à l'aval.
- Pratiques culturales
inadéquates : la dégradation du sol est intimement
liée à la conduite humaine, le labour par des engins
inadaptés dans le sens de la pente et l'absence d'assolement favorisent
l'érosion des terres (Benzarti, 1996).
2.2. Processus d'érosion hydrique
Le phénomène de l'érosion se manifeste dans
la nature en créant divers aspects de terrain. Selon Fournier (1960)
deux formes fondamentales d'érosion du sol par l'eau existent:
2.2.1. Détachement des particules constitutives
du sol et leur entraînement par l'eau qui ruisselle
Cette forme est due à l'action des précipitations
et du ruissellement :
- L'érosion en nappes: Elle résulte
d'un détachement d'éléments constitutifs du sol par la
pluie et le ruissellement et d'un écoulement superficiel, relativement
homogène dans l'espace, de l'eau tenant en suspension ou tractant les
éléments terreux arrachés. Le mélange d'eau et de
terre s'écoule le long des pentes comme une nappe et le sol se trouve
décapé par couches successives. Il est évident que pour ce
type d'érosion ce sont surtout les particules fines du sol qui sont
entraînées.
- L'érosion en rigoles: Elle consiste
essentiellement à l'entraînement des particules du sol par l'eau
suivant de petits sillons qui s'inscrivent sur la surfaces topographique
perpendiculairement aux isohypses. Le fait générateur de ce
phénomène est un écoulement de l'eau, non pas d'une
manière uniforme sur toute une surface, mais par concentration en filets
liquides dont le débit et la vélocité sont aptes à
engendrer une action érosive. C'est à l'action de ces filets
d'eau qu'est dû le creusement d'incisions dans le sol, ces incisions sont
élémentaires, temporaires, le plus souvent non
hiérarchisées, qui apparaissent pendant une averse à la
suite d'une concentration locale de l'eau guidée, canalisée, par
le réseau des arbustes, les façons culturales.
- L'érosion en ravins: Elle apparaît
lorsque les types précédents sont exagérés et que
les entailles s'approfondissent considérablement. Les formes
résultantes sont caractéristiques de l'érosion naturelle,
et d'une surexploitation du milieu naturel. Les dimensions peuvent être
très importantes : profondeur supérieure à 2 - 3 m,
largeur 10 à 20 m et longueur de plusieurs centaines de mètres.
Ses traces ne peuvent pas être effacées par le labour.
2.2.2. Mouvement du sol en masse
Selon Fournier (1960) cette forme est due à l'attaque du
sol par l'eau sur une épaisseur de son profil, à la mise en
déséquilibre du sol et à l'action de la pesanteur:
- Les coulées boueuses: L'action la plus
simple que puisse exercer l'eau à l'intérieur du sol est la
saturation d'un horizon supérieur lorsque surviennent des pluies
très abondantes. Si le sol est dénudé ou si la
végétation qu'il porte n'a aucune propriété
cohésive, une masse terreuse est susceptible de se transformer en un
véritable fluide visqueux. Si la topographie est inclinée, cette
masse, en cet état, s'écoule lentement vers l'aval suivant les
impératifs de la valeur de la pente : il existe alors une coulée
boueuse.
- Les glissements de terrain: L'eau, quand elle
s'infiltre, peut exercer une action plus complexe. Lorsqu'il existe en effet un
niveau imperméable soit à l'intérieur du sol, soit au
niveau de la roche mère, soit même dans la masse rocheuse mais
à faible profondeur, l'eau qui percole est arrêtée. En cas
de percolation d'un volume d'eau important, il s'établit à ce
niveau un plan sursaturé, un plan en quelque sorte «
lubrifié » la masse de matériaux qui le surmonte peut alors
glisser sur lui si les forces qui la retiennent sur la pente disparaissent : il
se produit un glissement de terrain.
- La reptation du sol: C'est un mouvement par
cascades, lent et imperceptible, d'une mince pellicule superficielle du sol
vers l'aval des pentes. Cette forme de mouvement de masse est universellement
répandue. Ses causes sont extrêmement variables : le
piétinement du bétail, la croissance des racines ou le creusement
de trous par les animaux. Mais l'eau peut être également
responsable de ce type de mouvement. En effet, la variation de sa
quantité dans la partie superficielle du sol peut provoquer le
phénomène suivant : une expansion du volume de la masse terreuse
pendant les périodes d'humidification et une rétraction pendant
les périodes de dessèchement. Ces deux mouvements inverses
amènent une élévation et un abaissement des particules.
- L'érosion en tunnel: L'eau peut exercer une
action érosive interne. Celle-ci est bien illustrée par les
observations que l'on peut faire en zone tropicale en milieu cuirassé.
La cuirasse lorsqu'elle s'épaissit et se durcit nettement, joue le
rôle d'un toit imperméable. Dans ces conditions, l'eau,
vraisemblablement en fonction de la topographie, empreinte une voie souterraine
de circulation préférentielle où elle se rassemble. Ce
type d'érosion consiste au développement d'un drainage
sub-superficiel dans des matériaux non consolidés en milieux
secs. La précipitation saisonnière ou très variable qui
est à l'origine de l'apparition de crevasses dans le sol (par où
l'eau de ruissellement pénètre) pendant les périodes
sèches.
- Les éboulements: Elles sont dues à la
mise en déséquilibre d'une masse terreuse à la suite d'un
sapement. Lopez Bermudez (1996) ajoute un autre processus qui est
l'érosion par battance ou « splash erosion » qui
représente l'énergie cinétique des gouttes d'eau qui est
le premier élément déterminant de
l'érosivité d'une pluie. C'est la plus importante
caractéristique des averses, par son impact sur l'érosion des
sols, spécialement sur les sols sans couverture végétale.
Cette action des gouttes de pluie (battance ou splash) associe des actions
mécaniques, comme libération des agrégats instables et de
particules de sol nu.
Par les chocs de gouttes de pluie les particules sont
déplacées, pouvant atteindre 100 à 150cm, les sables fins
sont les plus affectées. En fonction de la pente des déplacements
sont certainement importants mais difficilement mesurables et séparables
des autres processus. Ce lent mouvement des particules vers la base du versant
avec une trajectoire en dents de scie est le « splash creep ».
2.3. Conséquences de l'érosion
2.3.1. Conséquences de l'érosion sur le
sol
Selon Jebari et al. (2010) les différents
processus d'érosion du sol ont plusieurs conséquences
écologiques et économiques par sa répercussion sur la
dégradation du sol (la Tunisie perd chaque année plus que 15000ha
de terres agricoles) et sur le risque de désertification :
- Perte accéléré et
irréversible de la base du soutien des racines des plantes, qui retient
et emmagasine l'humidité et les éléments nutritifs.
- Perte d'éléments nutritifs
naturels ou agrégés au sol avec les engrais, et arrachage et
perte de semences ou de plantes encore peu développées. Ce qui
affecte les revenues et la production.
- Amincissement progressif du sol, accroissement
de la pierrosité et affleurement des couches plus profondes du sol,
même de la strate rocheuse sous-jacente.
- Possibilité de la perte totale de la
capacité productive du sol en un temps très court (de l'ordre
de quelques années) par rapport à celui qu'il a fallu pour sa
formation.
- le décapage et l'ablation du sol par
l'érosion, peuvent entraîner le transport de particules et des
éléments nutritifs de l'amont vers l'aval du versant. Ce qui
engendre un développement et une densité plus petite des cultures
en arrivant même à l'absence totale dans les zones les plus
exposées à l'érosion.
- L'érosion du sol se traduit aussi par
la faible végétation même son absence. En
plus, la mise à découvert des racines des arbres,
buissons et arbustes. L'invasion
d'espèces végétales spécifique des
sols dégradés est un autre indicateur.
- Formation de topographie ravinée ou
« badlands » constituée par : sillons, ravins,
ravines et rigoles.
- Effondrement et affaissement de la
chaussée par mouvement et évacuation de matériaux par
galeries au dessous de la masse du sol.
- Ecoulements de boues produites lors des pluies
abondantes et saturation en eau des horizons supérieurs
- Les effets indirects de l'érosion
sont : les inondations, la pollution des courts d'eau, particulièrement
par matériaux en suspension, accumulation de sédiments à
l'aval des versants, vallées, plaines, lits fluviales, canaux
d'irrigations et de drainage, voies de communication, aires urbaines,
industrielles et barrages.
2.3.2. Conséquences et impacts environnementaux
de l'érosion sur la désertification
Selon Jebari et al. (2010) les conséquences et
impacts environnementaux de l'érosion sur la désertification
sont:
- Réduction de la productivité et
diversité biologique. Réduction et même disparition de
biomasse.
- Réduction de la superficie de terre
fertile et perte de valeurs économique de la terre. -
Dégradation, diminution et manque d'eau pour approvisionnement humain
et
l'irrigation, par pollution et surexploitation des eaux
superficielles et souterraines. -
Détérioration des conditions de vie de la population rurale
à cause de la
dépréciation des systèmes support de la
production et de la vie.
- Abondant des terres et émigration de la
population
- Altération micro-climatique
régionale par augmentation de l'albédo et de la teneur en poudre
de l'atmosphère.
- Affectation, en général, du
développement économique et social et, en définitive,
augmentation de la restriction de la possibilité de développement
soutenable des territoires affecté par l'érosion.
2.4. Rôles du couvert végétal dans la
lutte contre l'érosion hydrique
Des expériences réalisées par Kaabia
(1994) à l'aide d'un dispositif métallique de collecte des
sédiments érodés et de ruissellement ont permis de
dégager des comparaisons entre différentes cultures, montrant une
quantité de terre érodée et d'eau ruisselée
très élevées sur la jachère traditionnelle avec une
différence significative par rapport aux autres types de cultures. Par
contre, la jachère en courbes de niveau et le médic ont
enregistré un faible taux d'érosion hydrique. Les assolements
blé-médic et blé-jachère en courbes de niveau ont
présenté les quantités les plus faibles de transport
solide et de ruissellement en comparaison avec les autres assolements
préconisés.
La perte du taux de matière organique (passe de 1,5%
sur la terre de la parcelle à 9,6% sur la terre érodée),
d'éléments minéraux (N, P, K) et d'argile (passe de 32,5%
à 48%) par l'érosion hydrique est considérable dans les
terres cultivées en pente (Jebari et al., 2010).
2.5. Procédés de conservation du sol sur les
pentes
2.5.1. Travaux selon les courbes de niveau
La conduite des travaux de labour, semis, plantations et
récolte selon les courbes de niveau constitue un moyen efficace de
protection des pentes contre l'érosion et de conservation du sol et de
l'eau dans les terres cultivées de faible pente ne dépassant pas
4%. Sur ces pentes, ce type de travail suffit généralement
à empêcher l'érosion en couche. Si cette technique est
suffisante pour protéger des sols perméables à pente
dépassant 4%, elle s'avère insuffisante pour protéger des
sols peu perméables, même si leur pente ne dépasse pas 4%,
surtout dans les régions à moyenne et forte pluie. Dans ces
conditions, on aura intérêt à faciliter l'infiltration de
l'eau en effectuant une scarification profonde ou sous-solage selon les courbes
de niveau (Jebari et al., 2010).
2.5.2. Culture en bandes alternantes
C'est un procédé en bandes parallèles,
deux bandes successives ne portant pas la même culture ou n'étant
pas travaillées en même temps, de façon que l'eau
concentrée sur l'une d'elles trouve un obstacle sur la bande
immédiatement inférieure. Cette technique est utilisée
lorsque la pente du terrain augmente mais ne dépassant 10% pour des sols
mal drainés, 15% pour des sols moyens et 20% pour des sols bine
drainés et résistants à l'érosion (Kaabia,
1994).
2.5.3. Construction des terrasses
Ce procédé est très efficace pour la
conservation de l'eau et du sol, en effet les terrasses permettent
d'intercepter et de détourner l'écoulement superficiel de l'eau
ou de le capter en augmentant la puissance d'absorption du sol pour l'eau
(Jebari et al., 2010).
2.6. Aménagement durable des forêts
Le concept de durabilité a toujours été
profondément enraciné dans la forêt et chez les forestiers.
L'aménagement durable des forêts est perçu désormais
comme un aménagement polyvalent de la forêt qui produira non
seulement du bois d'oeuvre sur une base durable, mais continuera de fournir
à ses habitants et à ceux qui vivent aux alentours du bois de
feu, des aliments et d'autres biens et services. En outre la forêt
maintiendra son rôle dans la conservation des sols et de l'eau, des
ressources génétiques et de la diversité biologique ainsi
que dans la protection de l'environnement dans son ensemble.
L'aménagement durable de la forêt recouvre trois dimensions : une
écologique visant la conservation perpétuelle des ressources, une
économique qui embrasse la production des denrées et des services
et une sociale qui fait intervenir les populations dans les processus
décisionnels concernant la gestion des forets et la répartition
des avantages forestiers. L'aménagement forestier selon la FAO couvre
tous les aspects administratifs, économiques, juridiques, sociaux,
techniques et scientifiques de la conservation et de l'utilisation des
forêts. Elle implique divers degrés d'intervention humaine
délibérée, allant de la sauvegarde et de l'entretien de
l'écosystème forestier et de ses fonctions à
intérêt particulier pour certaines espèces
précieuses sur le plan social ou économiques, visant à
améliorer la production des biens et des services liés à
l'environnement. Il ne faut pas oublier les zones où les forêts
disparaissent du fait de l'empiétement et du défrichage à
des fins agricoles, où le surpâturage interdit la
régénération des arbres et où l'abattage pour la
production de charbon de bois et de feu entraîne la dégradation ou
la disparition des forêts claires dans les zones
méditerranéennes et tropicales (Jebari et al., 2010).
2.7. Aménagement durable des pâturages
naturels
D'après Jebari et al. (2010) les
pâturages sont les terrains de parcours utilisés pour le pacage
des animaux et se rapportant aussi bien à la prairie (constituée
de graminées vivaces), à la lande découverte, à la
pelouse, à la steppe, à la savane, à la garigue, au maquis
ou au bois. Très souvent, on a affaire à des systèmes
agro-sylvo-pastoraux qui sont des systèmes d'élevage qui,
à un moment ou à un autre de l'année, utilisent des
espaces boisés d'un point de vue fourrager, ces espaces boisés
étant eux-mêmes le plus souvent l'objet de traitements sylvicoles
orientés vers des objectifs de production ligneuse.
Selon Jebari et al. (2010) et McAdam (2004) il est
extrêmement rare d'observer des élevages utilisant ce type
d'espace à l'exclusion de tout autre ; la plupart d'entre eux s'appuie
aussi sur des espaces fourragers plus classiques : prairies cultivées,
pelouses naturelles, chaumes de céréales, pelouses d'altitude. Ce
sont des systèmes complexes, constitués de formations
végétales variés et diversifiées, à
plusieurs strates (herbacée, arbustive et arboré) qui
interagissent fortement et fonctionnent globalement assez différemment
d'un point de vue écologique. La gestion de ces systèmes demande
une approche intégrée qui prend en considération les
différentes productions fourragère, ligneuse et agricole en
fonction des conditions écologiques, sociales et culturelles locales, en
vue de tirer le meilleur profit durable tout en les protégeant de la
dégradation. Il convient d'adopter une approche globale qui comprend la
planification de l'utilisation des terres et le développement rural et
agricole. Un bon programme d'aménagement des pâturages naturels
doit prendre en considération la nécessité de
procéder à des améliorations permanentes des terrains de
parcours par la prise en considération de:
-La mise en défens: C'est le moyen le plus
simple et il est utilisé dans les conditions suivantes : i) quand il
reste des porte-graines des bonnes espèces fourragères
spontanées sur le terrain de parcours à améliorer; et ii)
quand on envisage de remettre sous pâturage les terrains
protégés dans un délai de temps assez court ne
dépassant pas cinq ans. La mise en défens d'une zone pastorale
peut présenter des inconvénients majeurs si elle n'est pas suivie
d'autres mesures. En effet, la mise en défens peut conduire à un
accroissement de la charge sur les autres zones et contribue ainsi à la
détérioration de ces dernières. Les mesures
supplémentaires qui peuvent êtres suivies sont : - un
affouragement et approvisionnement en eau - une diminution de l'effectif des
troupeaux (Jebari et al., 2010);
-Réglementation du pâturage: La mesure
la plus importante à prendre en considération dans un programme
d'aménagement des pâturages est la réglementation du
pâturage. En effet, le pâturage doit être conçu de
façon à pouvoir assurer le maintien des espèces de bonne
valeur fourragère et la conservation du sol et de l'eau. Une bonne
croissance des plantes est très importante pour le maintien de la
fertilité des sols et la prévention de l'érosion (Jebari
et al., 2010);
-Epoques de pacage: Le pacage doit être aussi
léger que possible au début du printemps dans la majorité
des cas, c'est-à-dire, au début de la saison de croissance des
plantes qui est la phase la plus critique dans la vie des plantes, qu'elles
soient vivaces ou annuelles. Le temps opportun pour le pâturage
dépend de la nature et de l'état de la végétation
naturelle de la zone soumise au pâturage. Une végétation
très dégradée et épuisée se
régénère plus vite que n'importe quel autre moyen
lorsqu'on restreint le pâturage et lorsqu'on la protège pendant la
saison de croissance des plantes. Cette mesure est vitale pour les
pâturages en mauvais état, parce que les plantes doivent non
seulement se maintenir en vie, mais aussi développer un
supplément de vitalité indispensable à
l'amélioration de la prairie. Le meilleur moyen de
régénérer une prairie naturelle est d'appliquer un
système de rotation qui donne à chaque pâturage au moins
une fois tous les 3 à 4 ans la possibilité de laisser sa
végétation pousser et se développer jusqu'à
maturité. Ce repos des prairies naturelles devient impératif dans
les zones à végétation très dégradée
ou dans celles qui sont soumises à une forte érosion où il
faudra favoriser le développement des plantes fourragères utiles
par rapport aux plantes indésirables (McAdam 2004 ; Jebari et
al., 2010);
-Charge de pâturage: Un pâturage
équilibré est celui qui permet de produire le plus grand gain
possible en poids dans une zone donnée avec le plus petit nombre
possible d'animaux. Les experts du pâturage doivent déterminer la
charge à l'hectare ne fonction de la nature de la
végétation, du climat et de la nature du bétail. Dans les
zones arides les charges à l'ha seront inférieures à celle
des zones semi arides ; subhumide et humide. De même pendant les
années sèches, on aura intérêt à diminuer la
charge dans chaque zone par rapport aux années normales. Le
pâturage excessif d'une prairie pendant une année sèche
pourra devenir tellement nuisible que la productivité de cette prairie
restera affaiblie lorsque les conditions climatiques deviennent favorables. Par
contre, pendant les années à pluviométrie
supérieure à la normale, on peut dépasser la charge
à l'ha sans risquer de détériorer la
végétation. L'adaptation du nombre d'animaux à l'ha
pendant les années de sécheresses est une mesure
impérative qui ne doit pas être sous estimé sous peine de
voir subir des pertes de bétail, un épuisement extrême du
sol est une diminution considérable de bonne espèces
fourragères. En Afrique du nord les terrains de parcours
amélioré à Echiochilon fruticosum, Helianthemum
sessiliflorum, Plantago albicans peuvent nourrir un peu moins de 1
tête de moutons de race
barbarine par l'ha et pendant 12 mois. Les terrains de parcours
à base d'alfa (Stipa tenacissima) peuvent nourrir 0,75 mouton
de race locale par ha et par an (McAdam, 2004).
Il est conseillé de bien répartir les points
d'eau et les abreuvoirs dans la zone pâturée et de bien situer les
clôtures, pour éviter que certaines parties n'aient pas à
souffrir d'un surpâturage alors que d'autres parties de la même
zone ne subiront qu'un pacage insuffisant. L'excès de piétinement
des animaux autour des points d'eau peut aussi amener à une forte
dégradation du sol et le soumettre à l'érosion. Il est
souhaitable que les points d'eau ne soient pas éloignés plus d'un
Km et demi environ dans les terrains accidentés et montagneux. Dans des
conditions favorables de température et sur un terrain relativement
plat, on peut permettre au bétail de parcourir jusqu'à 3 à
5Km pour les bovins et 7Km pour les ovins (Ben Salem, 2002 ; Jebari et
al., 2010);
-Lutte contre les plantes nuisibles ou
indésirable: Certaines prairies et, en particulier, celles qui sont
dégradées sont infestées de plantes nuisibles au
bétail. Toutes ces plantes ne sont pas vénéneuses, mais
elles provoquent affaiblissement de la valeur alimentaire et on peut signaler
aussi la présence de quelques genres et espèces qui sont
considérés parmi les plus toxiques dans les terrains de parcours.
Les plantes nuisibles sont, en plus de faible valeur fourragère ou de
leur toxicité, beaucoup moins efficace, en général, que
l'herbe pour la conservation de l'eau et du sol (Jebari et al., 2010);
et
-Enrichissement des pâturages par l'introduction
d'espèces fourragères: Il est utile d'envisager
l'introduction d'espèces fourragères spontanées ou
étrangères dans les terrains de parcours qui se sont appauvris en
bonnes espèces fourragères. Chaque fois qu'il est possible
d'utiliser des espèces spontanées, on aura intérêt
à le faire. Mais si la zone à enrichir ne possède plus de
bonnes espèces fourragères, ou s'il existe d'écotypes
étrangers de meilleure valeur fourragère que les écotypes
locaux on devra penser à faire appel à ces espèces et
écotypes étrangers. L'enrichissement des pâturages naturels
dégradés par l'introduction d'espèces fourragères
est connu en Amérique sous le terme de `artificial reseeding'
(réensemencement artificiel) et réalisé par semis ou
plantation et cette pratique vise l'augmentation de la capacité
fourragère des terrains de parcours dégradés, le
contrôle de l'érosion et l'amélioration du sol. Ils
utilisent aussi bien les plantes fourragères cultivées que les
plantes spontanées (Jebari et al., 2010 ; Slim et Ben Jeddi,
2011).
2.8. Conservation du sol dans les forêts
Selon Jebari et al. (2010) la conservation du sol
englobe la protection du sol lui même en contrôlant son
érosion que le maintien, voire l'accroissement, de sa fertilité.
Le but de conservation du sol est l'obtention du plus grand
bénéfice permanent du sol. Ceci veut dire qu'il est
nécessaire d'utiliser le sol en essayant de maintenir, voir
d'accroître, sa capacité de production. Les produits du sol sont
variés : des produits agricoles ou fourragers, des produits forestiers,
de l'eau, voire même la faune sauvage. Pour qu'un sol conserve sa
capacité de production, il faut qu'il y ait un équilibre entre
les pertes en éléments nutritifs que peut subir ce sol (à
cause des exportations liées aux récoltes, de lessivage et de
drainage), son contenu en ces éléments et les
éléments nouveaux qui peuvent y prendre naissance. En plus, il
faut également qu'il ne se produise aucune détérioration
dans les caractéristiques physiques de ce sol (dégradation de la
structure, diminution de la perméabilité pour l'air et pour
l'eau), qu'il n'y ait pas de décapage des horizons supérieurs
riches en matières organiques et en microorganismes ou l'accumulation de
sels nocifs, ou n'importe quel phénomène qui sera à
l'origine d'une augmentation excessive de l'acidité ou de
l'alcalinité. Par conséquent, les traitements ayant pour objet la
conservation du sol peuvent avoir les buts suivants :
- obtention d'une couverture
végétale adaptée au milieu qui protège le sol
contre le
ruissellement des eaux et l'action nocive des vents;
- traitement du sol en améliorant sa
structure pour le rendre plus résistant à
l'érosion, plus perméable aux eaux de surface, et plus
favorable au développement des plantes ;
- compensation des pertes du sol en
éléments fertilisants;
- diminution du ruissellement des eaux et de la
vélocité des vents par des procédés
appropriés; et
- orientation des eaux de ruissellement vers des
exutoires aménagés.
2.8.1. Procédés de conservation du
sol
D'après Lopez Bermudez (1996) les
procédés de conservation du sol sont assez nombreux, et un choix
doit être fait selon le cas étudié. Il n'y a pas de
méthodes valables pour tous les cas et pour tous les sols. Le
conservateur du sol, l'agriculteur et le forestier doivent adapter la
méthode de conservation aux cas qui se présentent à eux.
Chaque cas doit être examiné et étudié
séparément pour déterminer la technique à
appliquer. Tantôt, il sera nécessaire de construire des terrasses
pour conserver le sol.
C'est le cas des terrains en forte pente. D'autres fois il
suffit de labourer selon les courbes de niveau et d'appliquer les bonnes
pratiques agricoles pour protéger le sol. C'est le cas des sols profonds
et à très faible pente. Quelquefois, on sera amené
à évacuer très rapidement une quantité d'eau
excédentaire. C'est le cas des régions à grande
pluviosité et des sols argileux à forte pente qui peuvent
être exposés à des glissements ou à des
écoulements boueux lorsqu'ils sont engorgés d'eau.
2.8.2. Végétation
Dans la planification d'un programme de conservation des sols,
la couverture végétale doit être placée au premier
rang parmi les moyens dont nous disposons pour lutter contre l'érosion,
empêcher la dégradation des sols et assurer une production
agricole durable. Les effets favorables sur la conservation des sols varient
selon la nature de la couverture végétale :
végétation forestière naturelle, végétation
pastorale, végétation cultivée ou végétation
agroforestière (Jebari et al., 2010).
2.8.3. Végétation forestière
naturelle
Selon Lopez Bermudez, (1996) la forêt constitue un moyen
très efficace de conservation du sol, surtout si elle est biologiquement
équilibrée et bien aménagée. Pour que la
forêt puisse jouer pleinement son rôle de conservation du sol, il
faut qu'elle soit maintenue en permanence en équilibre biologique. Cet
équilibre exige l'application d'un plan d'aménagement qui aura
pour but de concilier sagement les objectifs économiques de production
et les objectifs de conservation du sol et du maintien de sa fertilité.
Ces mesures se rapportent à l'exploitation rationnelle de la
forêt, à l'organisation des voies de vidange, à la
réglementation du pâturage, aux méthodes de coupe, au mode
de traitement et à la protection contre les incendies. Il est utile de
signaler que la forêt conserve la fertilité de son sol par
l'intermédiaire de son cycle biologique des éléments
minéraux. Il faut tenir en compte :
-Exploitation rationnelle des forêts: Le
forestier ne doit couper que le volume de bois correspondant à son
accroissement. Dépasser l'accroissement annuel, c'est appauvrir la
forêt et provoquer une diminution de la fertilité de la station
qui se répercute sur l'état général de la
forêt et, par conséquent, sur son effet protecteur et sur sa
production durable à long terme;
-Choix des méthodes de coupe: La
méthode de coupe doit être choisie de façon à
conserver l'efficacité de la couverture forestière en
matière de conservation du sol et de l'eau, garante d'une production
forestière durable. Les coupes uniques ou totales qui consistent
à coupe toute la surface de la forêt en une seule fois
dénudent le sol et le soumettent à l'action des forces
érosives. Elles sont à proscrire dans les forets dites de
protection, c'est à dire dans massifs forestiers ayant pour but
principal la protection des terrains très sensibles à
l'érosion. Les coupes sélectives et successives sont
conseillées dans les forêts sur pente.
Elles consistent à supprimer, à intervalles
réguliers et fréquents, certains arbres mal formés ou
dominés qui doivent êtres coupés pour améliorer la
forêt et l'éclaircir;
-Réglementation du pâturage: Le
pâturage mal réglementé et abusif est très nuisible
à la forêt et provoque, à la longue, sa dégradation.
En vue de maintenir la forêt en bon équilibre biologique et
maintenir sa productivité durable, il est recommandé de suivre ce
qui suit :
- interdire complètement le
pâturage en forêts en état de
régénération, dans les jeunes
plantations et dans les forêts de protection ;
- règlementer le pâturage dans les
massifs forestiers en calculant le nombre de têtes de bétail en
fonction de la capacité du sol et sa sensibilité au tassement;
et
-Protection des forêts contre les incendies:
Les incendies répétés détériorent la
forêt et provoquent sa dégradation jusqu'à la disparition
totale du manteau forestier et du sol. C'est pourquoi, il est important de
protéger les forêts contre ce fléau par tous les moyens,
tels que : la création de tranchées pare-feu cultivées ou
nues - la construction de routes forestières - l'organisation dans les
massifs résineux importants d'un service de lutte contre l'incendie bien
équipé.
2.8.4. Végétation pastorale
D'après Lopez Bermudez (1996) les prairies permanentes
bien aménagées constituent, comme la forêt, un moyen
très efficace de conservation du sol. Cette efficacité provient
de la permanence de la végétation, de la densité de la
couverture qui est constituée principalement de graminées et de
légumineuses vivaces et de la bonne structure du sol. Cependant, pour
jouer leur plein rôle dans la conservation des sols, il faudra les
maintenir en bon état, en leur appliquant un aménagement
équilibré, en leur apportant une fumure minérale
suffisante et en réglementant le nombre de têtes de bétail
des espèces ainsi que les périodes de pacage.
La prairie assolée constitue une possibilité
exceptionnelle d'augmenter la productivité de nombreuses terres dont les
propriétés physiques laissent à désirer et
constitue un moyen très efficace de la protection des sols contre
l'érosion. C'est même la seule solution pour les sols
nécessitant des restitutions humiques très importantes.
2.8.5. Végétation cultivée
La mise en culture d'un sol le rend plus sensible à
l'érosion et plus fragile quant au maintien de sa fertilité. Il
est donc nécessaire, dans le but de préserver le sol et conserver
sa fertilité pour une production durable, de suivre des
procédés de cultures antiérosives, de choisir des plantes
cultivées et des rotations de culture adéquates et d'orienter les
travaux du sol de façon à réduire au minimum les
dégâts. Une mention spéciale doit être faite en ce
qui concerne les plantes de couverture qui sont plantées tout
spécialement pour réprimer l'érosion du sol, lui ajouter
la matière organique et améliorer sa fertilité. Les
cultures en larges sillons de plantes telles que le coton, le maïs, la
pomme de terre et le tabac, entraînent des pertes considérables
d'humus. On doit les cultiver selon un plan de rotation systématique et
faire entrer dans la rotation des cultures de couverture, si l'on veut
réduire au minimum les pertes d'humus, et maintenir les rendements. Le
procédé consistant à utiliser les plan tes de couverture
comme engrais verts constitue un excellent procédé de
conservation du sol. Des plantes telles que la luzerne, le trèfle, le
mélilot, le lupin, la vesce, les pois chiches, les bromes, le blé
et l'avoine peuvent être utilisées comme plantes de couverture sur
les terres cultivées. Toutes ces plantes, lorsqu'elles sont
employées dans un but de conservation du sol, doivent être
semées à la volée (Lopez Bermudez, 1996).
2.8.6. Végétation
agro-forestière
L'approche agro-forestière dans l'exploitation des
terres repose essentiellement sur les interactions
délibérées entre des végétaux ligneux
(arbres ou arbustes) à usages multiples d'une part, et d'autres
productions du sol, animales ou végétales. Un système
agro-forestier présente les caractères suivants :
- il implique au moins deux espèces dont
au moins un ligneux pérenne à usages multiples;
- il y a toujours une interaction biologique
et/ou économique entre les arbres et arbustes et les plantes de culture
et les animaux;
- Il donne fournit plusieurs produits (bois,
fruits, fourrages, produits agricoles) ce qui contribue à
accroître la stabilité de l'approvisionnement alimentaire;
- Son cycle est supérieur à un an;
et
- Il est plus complexe écologiquement
(par sa structure et ses fonctions) et économiquement qu'un
système de monoculture.
Les systèmes agro-forestiers jouent un rôle
important dans la conservation du sol. En effet, les ligneux, par leur
feuillage, protègent le sol du choc des gouttes de pluie, et permettent
ainsi de réduire l'érosion. Mais aussi, par le chevelu de leurs
racines, ils ameublissent le sol et facilitent la pénétration de
l'eau du sol. Grace à leurs racines, ils exploitent le sol en profondeur
et remontent des nutriments jusque dans leurs feuilles, qui, en se
décomposant à la surface du sol, les mettent à la
disposition des cultures. Certains ligneux, notamment les légumineuses,
sont fixateurs d'azote atmosphérique et améliorent donc la
fertilité du sol.
Par la décomposition de leurs feuillages, les ligneux
améliorent aussi la structure du sol par l'humus qui en dérive.
L'une des techniques agro-forestière les plus prometteuses à ce
sujet est la culture en allées qui consiste à intercaler une
ligne de ligneux à usages multiples, de préférence
fixateurs d'azote, entre quelques lignes d'une culture vivrière (Lopez
Bermudez, 1996).
2.8.7. Pratiques culturales en tant que moyen de
conservation des sols cultivés
Selon Lopez Bermudez (1996) les pratiques culturales en tant que
moyen de conservation des sols cultivés sont:
-L'amélioration de la structure du sol: Un des
premiers objectifs de l'amélioration des sols, du point de vue du
contrôle de l'érosion est l'amélioration de la structure du
sol et de sa stabilité, en vue d'augmenter l'infiltration de l'eau et
l'amélioration de ses caractéristiques physiques. En effet,
maintenir une bonne structure constitue probablement la partie la plus
importante dans un programme d'aménagement d'un sol contre
l'érosion. L'agriculteur ne peut avoir qu'une action très
limitée sur la texture, la nature de l'argile et la profondeur du sol,
alors qu'il peut fortement influencer la structure du sol. Dans ce domaine, la
matière organique joue un rôle prépondérant,
d'où l'importance de l'utilisation du fumier et des engrais verts dans
l'amélioration de la structure du sol et de sa stabilité.
-La fertilisation: Dans la planification d'un
système de contrôle de l'érosion et de conservation de la
fertilité des sols dans une ferme, le problème de la
fertilisation équilibrée doit être mis au même plan
que la rotation des cultures et des procédés mécaniques de
protection des sols contre l'érosion. En effet, en améliorant la
fertilité d'un sol par la fumure, on améliorera la croissance des
plantes, les quelles couvriront mieux le sol et donneront plus de
déchets qui seront incorporés au sol après récolte
et on compensera les pertes d'éléments nutritifs exportés
par les récoltes. Les engrais verts jouent un rôle important dans
l'amélioration de la fertilité des sols et leur protection contre
l'érosion.
-Le travail du sol: Le travail du sol n'a qu'un
faible avantage dans la conservation des sols. En rendant le sol plus
perméable, il favorise la pénétration de l'eau et diminue
le ruissellement, mais ce bénéfice est temporaire, car le sol
lui-même devient plus sensible à l'érosion à la
suite de la détérioration de la structure par destruction rapide
de la matière organique. Pour concilier les buts agronomiques
recherchés par le travail du sol et les exigences de la conservation du
sol, c'est ainsi que Lopez Bermudez (1996) conseille de faire ce qui suit :
- ne pas travailler le sol d'une façon
excessive. L'état motteux d'un sol est celui qui permet le mieux de
lutter contre l'érosion.
- Travailler le sol quand il contient une
quantité optimale d'humidité.
- Fournir au sol la matière organique
pour compenser les pertes dues à l'oxydation. - Adapter
les façons culturales à la nature du sol (sol argileux, sol
sableux).
-La rotation des cultures: La rotation des cultures est
un moyen efficace de lutte contre l'érosion et de conservation du
sol.
-Le paillage: Le paillage qui consiste à
couvrir le sol par les résidus des récoltes est recommandé
pendant la période où le sol reste nu et, par conséquent,
soumis aux actions des forces érosives. Cette couverture du sol augmente
la capacité d'infiltration et diminue le ruissellement et les pertes par
érosion, pratiquement dans tous les cas.
3. Rayonnement électromagnétique
Selon Guyot (1989) le spectre du rayonnement
électromagnétique est la distribution des fréquences
depuis les rayons gamma jusqu'aux ondes hertziennes. La figure 2 montre que le
rayonnement visible, auquel notre oeil est sensible, ne représente
qu'une très faible fraction du spectre
électromagnétique.
Film photographique
Capteurs de télédétection
0.01 nm
0.1 nm
1 nm
10 nm
0.1 um 1 um 10 um
Rayons Gamma
Rayons X
0.4 um Violet
Bleu
0.5 um Vert
Ultra Violet Visible
Proche-Infra-Rouge Infra-Rouge-Moyen
Hyperfréquences Ondes radar
Ondes radio
Figure 2. Spectre
électromagnétique (Guyot, 1989)
Le rayonnement électromagnétique se
caractérise par une fréquence, une vitesse de propagation, une
polarisation et un angle de dissipation. Il s'agit d'une forme dynamique
d'énergie qui se manifeste lors de son interaction avec la
matière.
3.1. Propriétés du rayonnement
électromagnétique
- La luminance énergétique (L) d'une
source est le flux de rayonnement émis par unité de surface
apparente selon la direction è pour une source non ponctuelle rayonnant
à travers un angle w.
- L'éclairement énergétique (E)
est le rapport du flux énergétique reçu, par la
surface d'un élément infiniment petit. Dans le cas d'une surface
terrestre, l'éclairement est fourni essentiellement par le rayonnement
solaire après diffusion et atténuation partielle par
l'atmosphère. En un lieu donné, il varie essentiellement en
fonction de l'angle solaire, donc de l'heure, de la saison et de la latitude du
lieu. Lorsqu'un rayon de lumière de longueur d'onde donnée
atteint la surface d'un milieu particulière dont l'épaisseur est
importante par rapport à la longueur d'onde, il peut se comporter de
plusieurs façons : réfraction, réflexion, absorption ou
diffusion.
- La transmission : tout corps recevant une certaine
quantité d'énergie rayonnante peut en transmettre une partie. Le
rapport entre l'énergie transmise ou réfractée et
l'énergie incidente est appelée coefficient de transmission ou
transmittance, un objet transparent a une transmittance élevée
dans la bande du visible.
- L'absorption : tout corps dont la surface
reçoit un rayonnement en absorbe une partie. Cette partie
absorbée modifie l'énergie intense de ce corps. Le rapport entre
l'énergie absorbée et celle reçue (incidente) est
appelé coefficient d'absorption ou absorptance.
- La réflectance : tout corps dont la surface
reçoit un rayonnement électromagnétique d'une source
extérieure peut en réfléchir une partie. Le rapport entre
l'énergie réfléchie et celle incidente est appelé
coefficient de réflexion ou de réflectance, ou albédo dans
le cas de l'énergie solaire réfléchie par les surfaces
terrestres. Le rayonnement peut être réfléchi suivant deux
processus, soit directement par la surface soit après avoir
traversé une partie du milieu. Si on considère uniquement la
surface, il existe en fait deux sortes de rayons réfléchis :
spéculaire et diffus. Lorsqu'un rayonnement arrive sur un
réflecteur spéculaire parfait, les angles d'incidence et de
réflexion sont égaux et situés dans un plan
perpendiculaire à la surface de réception. Alors qu'un
réflecteur diffusant correspond à toute surface qui
réfléchit les rayons incidents dans de multiples directions
à cause de l'irrégularité de celle là.
Une surface parfaitement diffusante est dite Lambertienne, sa
réflectance est indépendante de l'angle de visée.
Cependant, les surfaces naturelles sont généralement des
réflecteurs diffusants non-Lambertiens (Cervelle et al., 1996).
Selon la géométrie définie par la source d'énergie,
la surface réfléchissante et le capteur, qui on distingue deux
formes de réflectance :
- La réflectance
hémisphérique : c'est le rapport de l'énergie
réfléchie dans tout l'hémisphère à celle
provenant de toutes les directions de l'espace situé au-dessus de la
cible mesurée. Elle est mesurée par des appareils munis d'une
sphère intégratrice.
- La réflectance
bidirectionnelle : c'est le rapport de l'énergie
réfléchie par un élément de surface dans un
cône (angle solide) pour une direction donnée, à
l'énergie provenant d'une autre direction. Elle peut être
mesurée par les spectroradiomètres de terrain et se
caractérise par un angle d'éclairement solaire et par un angle de
visée du capteur, elle correspond au rapport de l'énergie
réfléchie dans la direction du capteur à l'énergie
solaire incidente (rayonnement diffusé négligé). Le
facteur de réflectance est obtenu en faisant l'étalonnage sur une
surface Lambertienne. Cette forme de réflectance constitue une
propriété intrinsèque de la surface et peut être
utilisée pour dériver les descripteurs géométriques
de la surface, tels que la taille, la forme et l'orientation des
éléments de surface « rugosité » (Huete,
1996).
3.2. Signatures spectrales des surfaces naturelles
En télédétection, on a pris l'habitude de
caractériser les surfaces observées par sept signatures
différentes (Royer, 1991 cité par Bonn et Rochon, 1992):
- La signature par mesure de l'intensité du signal
émis ou réfléchi;
- La signature spectrale proprement dite, associée
à la couleur au sens large; - La signature spatiale exprimant la forme
des objets et leur arrangement;
- La signature angulaire, associée à l'anisotropie
de la surface et de l'atmosphère;
- La signature temporelle, associée aux modifications de
la surface comme la croissance de la végétation;
- La signature par polarisation du signal, appliquée
surtout dans le domaine du radar; et - La signature par la mesure de la phase
du signal, utilisée aussi dans le domaine du radar.
L'étude des signatures spectrales s'appuie sur celle
des termes du bilan d'énergie à la surface. La plupart des
observations faites dans le visible et le proche infrarouge utilisent le
phénomène de réflexion du rayonnement solaire par la
surface, alors que dans le domaine thermique et celui des
hyperfréquences passives, c'est le phénomène de
l'émission naturelle des surfaces qui domine.
3.2.1. Comportement spectral des sols
Le sol est un milieu hétérogène complexe.
Il comprend une phase solide, incluant des éléments
minéraux et organiques, une phase liquide et une phase gazeuse. La phase
minérale comprend la fraction sableuse, la fraction argileuse et la
fraction lmoneuse, la phase organique comprend l'humus et la matière
organique non décomposée. La fraction colloïdale du sol
comprend les argiles et les humus, souvent associés sous forme de
complexes argilohumiques qui agit sur la structure du sol. La phase aqueuse
comprend l'eau hygroscopique, l'eau capillaire (absorbable ou non) et l'eau de
gravité. La phase gazeuse comprend l'air interstitiel et la vapeur d'eau
(Bonn et Rochon, 1992).
Les méthodes de télédétection
visant à identifier les types de sols s'appuient sur les
caractéristiques spectrales du rayonnement réfléchi par
les sols. Selon Shockley et al. (1962) cité par (Bonn et
Rochon, 1992), une mesure de la réfectance à 1.4, 1.75, 1.94,
2.25, 4, 4.5 um devrait permettre une identification de la plupart des types de
sols. Cependant, selon Condit (1970) cité par (Bonn et Rochon, 1992),
les longueurs d'onde les plus appropriées sont 0.45, 0.54, 0.64, 0.74,
0.86 um.
La courbe de réflectance d'un sol nu présente,
contrairement à celle d'un végétal chlorophyllien, la
particularité d'être régulièrement croissante et
convexe dans la portion du spectre 0.4 à 1.3um (du visible jusqu'au
proche infrarouge). Elle présente à 1.45um, comme celle d'un
végétal chlorophyllien, une diminution importante, suivi d'une
augmentation vers 1.5um. Les sols nus ont une réflectance plus ou moins
forte suivant leurs état des surfaces, mais l'allure
générale de la courbe reste toujours la même. La
réflectance des sols diminue lorsque leur humidité augmente. Les
composants minéraux les plus facilement identifiables sont les ions
ferreux et ferriques. La présence de carbonate de calcium ou de gypse se
traduit par une augmentation de la réflectance dans le visible et le
proche infrarouge. En plus de la teneur en eau et de la composition
minérale, la rugosité et la teneur en matière organique
réduisent également la réflectance (CNT, 1998).
Khebour (2000) a montré que les spectres de
réflectance des sols diffère en fonction de la nature des
états de surfaces, les voiles éoliens se caractérisent par
une forte réflectance par rapport aux pellicules et/ou aux croûtes
de battence, alors que la roche calcaire se caractérise par une faible
réflectance (40%), ceci est attribué à l'effet
assombrissant crée par la patine qui recouvre la roche et aux blocs
calcaire avoisinants (ombres).
3.2.2. Comportement spectral de l'eau
L'eau a des propriétés optiques très
différentes selon qu'elle soit à l'état liquide ou
à l'état solide. La signature de l'eau est
caractérisée par celle des molécules d'eau (l'eau pure) et
par celle des constituants dissous ou en suspension, comme les particules, les
algues ou la matière organique. Une partie du rayonnement solaire qui
atteint la surface de l'eau est réfléchie de manière
spéculaire et une autre partie est réfractée et
pénètre donc dans la masse d'eau. Cette partie
réfractée est ensuite partiellement absorbée et
diffusée (Bonn et Rochon, 1992).
La courbe de réflectance de l'eau décroît
du bleu du visible jusqu'au proche infrarouge, là où elle
s'annule. L'eau voit sa réflectance croître lorsqu'elle est
chargée en particules solides mais cela tout en gardant la même
allure. La présence d'organismes chlorophylliens (algues,
végétations flottantes,...) peut modifier très fortement
ses caractéristiques spectrales (CNT, 1998).
3.2.3. Comportement spectral des couverts
végétaux
Le comportement spectral de la végétation
diffère sensiblement de celui des sols et des roches. La
végétation est un milieu complexe et changeant dans le temps,
dont les propriétés spectrales varient avec la saison et les
phases de croissance (Bonn et Rochon, 1992).
Le flux de rayonnement qui est émis ou
réfléchi par un couvert végétal provient à
la fois des organes végétaux et du sol sous-jacent. La
contribution de réflectance du sol s'estompe au fur et à mesure
de l'installation de la culture et est remplacée par celle des feuilles.
On assiste ainsi à une diminution de la réflectance dans le
visible et l'infrarouge moyen et à son augmentation dans le proche infra
rouge. Le phénomène s'inverse durant la phase de
sénescence. Au cours de la phase active de la croissance de la
végétation, la réflectance du couvert diminue dans le
visible et l'infrarouge moyen alors qu'elle augmente dans le proche
infrarouge.
Par contre, les phénomènes s'inversent durant la
phase de sénescence (maturation). La sénescence se manifeste tout
d'abord par un accroissement de la réflectance dans le visible,
notamment dans le jaune et le rouge suite à la disparition de la
chlorophylle. La réflectance croit alors de manière continue dans
le domaine du visible. Dans l'infrarouge et dans l'infrarouge moyen les
propriétés optiques ne changent que plus tard lorsque la
structure anatomique interne est altérée au cours du
dessèchement. On peut noter l'effet très net du
dessèchement dans l'infrarouge moyen où l'on voit s'estomper
progressivement les bandes d'absorption de l'eau (INRA, 1983).
4. Présentation du sulla du nord (Hedysarum
coronarium L.)
4.1. Taxonomie et description botanique
Le Sulla du nord de l'arabe « ~~) »,
est connu sous le taxon Hedysarum coronarium L., dans les flores
méditerranéennes. Cette plante appartient à la :
Classe : Dicotylédones
Sous classe : Dialypétales Série : Calciflores
Ordre : Rosales
Famille : Légumineuses Sous famille :
Papilionacées
C'est une espèce bisannuelle, diploïde (2n = 16),
allogame à faible degré d'autogamie (Grimaldi, 1961). Elle croit
en jours courts. Les tiges sont dressées, cylindrique et pleines. A
l'état naturel, sa hauteur de végétation varie de 0,3
à plus de 1,5m. Le système raçinaire est puissant,
pivotant ou fasciculé et peut atteindre 2 m de profondeur (Bigourdan,
1933).
Les feuilles sont imparipennées de 5 à 15
folioles elliptiques à arrondies. Les fleurs vont du rouge foncé
au rose violet parfois blanches ou bigarrées. Elles sont
disposées sur une inflorescence par 10 à 100 en
raçèmes dressés. Les gousses sont droites, plates,
articulées et comprennent ordinairement 3 à 5 articles, La graine
est réniforme ou discoïde, Son tégument lisse et luisant est
uniformément coloré en jaune. Il brunit en vieillissant, selon la
provenance, il peut y avoir une assez forte proportion de graines dures qui ne
brunissent pas dont le taux varie de 4 à 95% selon le génotype
(Ben Jeddi et Zouaghi, 1996).
4.2. Ecologie et exigences du sulla
L'espèce s'installe bien sur des sols argileux sur
marne, argilo - limoneux à pH = 7, plus rarement limono sableux (Villax,
1963). Le sulla peut valoriser les terres pauvres, compactes et
dégradées où il joue le rôle de plante
pionnière. En Algérie, l'espèce se trouve sur des sols
variés dont il permet la protection contre l'érosion (Batout
et al., 1976).
Sa présence est signalée dans tout le Tell à
partir de l'isohyète 300 mm, et en altitude jusqu'à 1000m
(Lapeyronie, 1982).
Le sulla est une espèce qui résiste au froid et
à la gelée jusqu'à la température de - 4°C, -
6°C (Piccioni, 1965). Elle est donc conseillée dans les zones
où la température moyenne du mois le plus froid (janvier ou
février) est supérieure à 3°C (Lapeyronie, 1982).
Au stade adulte elle est connue par sa grande
résistance à la sécheresse printanière. Les jeunes
plantules sont plus sensibles à l'excès d'eau et à la
concurrence des herbes indésirables (Ben Jeddi, 2001).
Dans le but d'améliorer le sulla du nord et de
sélectionner une variété adaptée aux besoins de
productivité, de résistance aux maladies et de richesse en
protéine des systèmes fourragers dans le nord du pays, le
laboratoire de production fourragère et pastorale de l'INAT a
réussi la création d'une nouvelle variété de Sulla
appelée « Bikra 21 ». C'est le résultat d'un travail de
recherche qui a duré 10 ans (1989-1998) durant lesquelles, il y a eu
prospections et collectes du matériel génétique local puis
une évaluation des populations et des sélections successives pour
enfin retenir les descendants qui présentent les meilleurs
critères fourragers (Ben Jeddi, 2001). En 1988, a commencé la
multiplication de la variété et en 2001 a eu lieu la
sélection des semences de base et le dépôt d'inscription de
la variété au catalogue officiel des variétés
fourragères.
5. Etude quantitative de la
végétation
Selon Gounot (1969) l'étude quantitative d'une
espèce ou d'une communauté nécessite une méthode
qui est le résultat d'un certain nombre de choix théoriques et
pratiques.
5.1. Principes généraux de l'étude
quantitative de la végétation
5.1.1. Eléments constitutifs d'une
méthode d'échantillonnage
Une méthode d'échantillonnage est composée
de quatre éléments constitutifs:
- Modèle théorique :
tout processus d'échantillonnage suppose un ensemble théorique de
tous les échantillons possibles, d'où l'on extrait par un
processus défini les échantillons réellement
étudiés, à partir desquels on fait des inférences
sur l'ensemble théorique. Ceci suppose nécessairement que l'on se
fait une idée implicite ou explicite de la structure de l'ensemble
théorique. On peut soit admettre cette structure comme un postulat, soit
chercher à vérifier la compatibilité de
l'échantillon prélevé avec la structure,
considérée alors comme une hypothèse à tester;
- Mesures : dans chaque
échantillon analysé, il est nécessaire de choisir la (ou
les) quantité que l'on mesurera (poids, densité,
fréquence, ...);
- Plan d'échantillonnage : les
échantillons eux mêmes sont prélevés suivant une
technique définie, plus ou moins élaborée et complexe;
et
- Interprétation statistique
: enfin les résultats devront être synthétisés par
plusieurs paramètres (moyennes, écart type, ...) on cherchera
à leur donner la meilleure signification statistique possible, en
particulier en calculant leurs intervalles de confiance.
L'interprétation dépendra alors du plan d'échantillonnage
adopté et des tests disponibles.
5.1.2. Choix d'une méthode
La méthode d'étude doit être adaptée
à la végétation. Les techniques utilisées seront
différentes suivant le but poursuivi qui peut être :
- L'estimation quantitative d'une ou quelques
espèces (ou groupes d'espèces) ce qui est souvent le cas pour le
forestier ou le pastoraliste.
- La description de la structure complète
de la communauté, qui intéresse le phytosociologue ou le
pastoraliste.
- La comparaison des communautés entre
elles, ce qui implique qu'on ne dispose que d'un temps limité pour la
description de chacune d'elles.
5.2. Mesures et appareils de mesure
5.2.1. Mesures relatives à échantillons
de surface fine
Les mesures les plus classiques sont celles qui sont
effectuées sur des échantillons présentant une certaine
surface (carrés, rectangles ou cercles).
- Densité : c'est le nombre
d'individus par unité de surface;
- Poids : seul le poids de
l'appareil aérien est mesurable commodément et avec
précision. On utilisera de préférence le poids sec
après passage à l'étuve à 105°C jusqu'à
poids constant;
- Recouvrement : le recouvrement
d'une espèce est défini théoriquement comme le pourcentage
de la surface du sol qui serait recouvert si on projetait verticalement sur le
sol les organes aériens des individus de l'espèce;
- Recouvrement basal : c'est la
surface occupée par les parties aériennes des individus de
l'espèce au niveau du sol ou, dans le cas des arbres, à hauteur
de poitrine. Exprimé en m2/ha;
- Fréquence : c'est le
pourcentage de placettes contenant une espèce par rapport au nombre
total de placettes étudiées; et
- Influence de la forme de la
surface : la définition des limites de la surface est toujours
délicate et le plus ou moins subjective. Il y a « effet de bordure
». de ce point de vue les cercles, qui ont le périmètre
minimal pour une surface donnée, sont plus avantageux que les
carrés, eux-mêmes plus avantageux que les rectangles.
5.2.2. Mesures relatives à échantillons
linéaires
La plupart des mesures réalisables sur une surface sont
transposables sur une ligne, sauf la pesée.
- Densité linéaire :
c'est le nombre d'individus par unité de longueur;
- Recouvrement linéaire : le
principe consiste à mesurer la longueur recouverte par les diverses
espèces le long d'une ligne tendue à travers la
végétation;
- Fréquence linéaire :
c'est le pourcentage de segments d'une ligne où l'espèce est
présente; et
- Relations de succession le long d'une
ligne ou d'une bande : on peut pousser d'avantage l'analyse et noter
l'ordre de succession des espèces le long de la ligne.
5.2.3. Mesures ponctuelles
- Point quadrat : le point quadrat
est la limite d'une surface devenant infiniment petite dans toutes les
directions. Le plus souvent matérialisé par une aiguille glissant
verticalement ou obliquement dans un bâti. En général on
note tous les contacts entre l'aiguille et la végétation obtenus
mais on pourrait aussi convenir de noter simplement les espèces
touchées (mesure équivalente à une fréquence). Le
point quadrat est une méthode simple, rapide, relativement objective et
utilisable dans tous les types de végétations basse;
- Estimation de la surface foliaire au
moyen du point quadrat : il est possible, moyennant certaines
précautions, d'utiliser le point quadrat pour la détermination de
la surface foliaire. Pour cela il faut tout d'abord que l'épaisseur de
l'aiguille soit aussi faible que possible; et
- Groupement des points : le plus
souvent on n'utilise pas des points isolés mais des groupes de
points.
5.2.4 Mesures relatives à un échantillon
non délimité
Ces méthodes permettent des mesures sans
délimitation préalable d'un échantillon.
- Espacement : la mesure de la distance
entre individus permet de calculer la densité sans être
obligé de travailler sur les échantillons
délimités; et
- Remarque sur l'échantillonnage
sans placettes délimitées: cette méthode permet la
suppression de l'effet de bordure et évite la nécessité de
délimiter un échantillon. Par contre, il ne permet aucun
contrôle de l'homogénéité du peuplement, sauf si on
stratifie l'échantillonnage.
5.2.5. Mesures de vigueur ou de productivité
individuelle
Les mesures utilisables sont assez nombreuses et
dépendent du type biologique de l'espèce. Le poids de l'individu
a l'inconvénient d'être une mesure destructive. Le recouvrement
est commode à utiliser pour les espèces buissonnantes à
contour net. La surface foliaire peut être une mesure estimée
à l'aide du point quadrat. Le recouvrement basal peut être commode
pour les graminées, surtout après une fauche. La vigueur est
fonction de l'âge des individus et que ceci est souvent en rapport
étroit avec l'évolution cyclique de la végétation.
Par planimétrie on peut mesurer directement la surface foliaire.
5.2.6. Mesure de la biomasse et de la
productivité primaire
La biomasse est la détermination de la quantité
de matière végétale par unité de surface
(exprimée en poids de matière sèche ou en kilocalories) et
la productivité primaire définie comme l'accroissement de
matière végétale par unité de surface et de temps
(exprimée en poids de matière sèche ou en kilocalories par
unité de surface et de temps). L'estimation de la productivité
peut se faire directement grâce à l'étude des flux de CO2.
L'estimation du poids de matière sèche peut se faire directement,
ce qui implique la destruction de la végétation, ou indirectement
de façon non destructive.
- Méthode directe : dans ce
cas on coupe toute la végétation, on déterre les racines
et on détermine le poids sec et éventuellement
l'équivalent calorifique des différentes catégories de
matériel végétal distinguées; et
- Méthodes indirecte : il
s'agit d'établir des relations aussi précises que possible entre
une mesure non destructive (diamètre des troncs, point quadrat, ...) et
la biomasse au cours d'essais préliminaires effectués par la
méthode directe sur des échantillons convenable.
5.2.7. Expression des résultats
- Résultats bruts;
- Proportions : (%
de recouvrement, % de recouvrement de l'espèce par rapport à
l'aire totale, % relatif de l'espèce dans le couvert
végétal, nombre moyen de contacts d'une espèce par
aiguille par rapport aux aiguilles où il y a eu contact, ...); et
- Indices complexes :
(abondance-dominance, DFD index, fréquence et rang
combiné...).
5.3. Plans d'échantillonnage
L'échantillonnage des communautés
végétales doit comprendre deux phases : la première est
constituée par l'analyse des échantillons eux même, pour
vérifier s'ils peuvent satisfaire aux critères
d'homogénéité et de représentativité, la
deuxième correspond à la comparaison des échantillons pour
en tirer des conclusions valables sur la communauté entière, ou
pour comparer les communautés.
5.3.1. Echantilonnage subjectif
C'est la forme la plus simple et la plus intuitive
d'échantillonnage. Le chercheur choisit comme échantillon des
zones qui lui paraissent particulièrement homogènes et
représentatives d'après son expérience.
5.3.2. Echantilonnage au hasard
C'est la méthode qui a été la plus
utilisée, parce qu'elle est la plus courante dans
l'expérimentation biologique et qu'elle permet d'appliquer les tests
classiques (test X2, analyse de la variance, coefficient de
corrélation, ...).
5.3.3. Echantilonnage systématique
C'est une méthode d'échantillonnage anciennement
pratiquée sous la forme du transect. Sous sa forme moderne, il utilise
tout les types d'échantillons élémentaires
(méthodes de vries, méthode linéaire, point quadrat,
points alignés, espacement, ...).
6. Conservation des fourrages
La croissance des plantes prairiales s'arrête pendant
les saisons sèches, qui durent de deux mois par an dans les zones les
plus favorables (pays tropicaux humides) à presque dix mois dans les
régions subdésertiques chaudes ou froides. Durant ces
périodes où l'herbe ne pousse pas, les éleveurs sont
confrontés aux difficultés d'alimentation de leur cheptel. En
Tunisie, l'herbe sèche, le feuillage des arbres fourragers et les
résidus de culture sont généralement les seuls aliments
utilisés pendant la saison sèche, mais les pertes de poids des
animaux peuvent être importantes. En Europe et dans tous les pays
à hiver marqué, la conservation des fourrages s'est
développée et cela d'autant plus que l'élevage devenait
plus intensif et nécessitait le développement de fourrages
cultivés spécialement pour être stockés (ensilage de
maïs par exemple), afin d'assurer la couverture permanente des besoins des
animaux.
La conservation des fourrages se pratique de deux façons
:
- La voie sèche, le plus souvent par
fenaison, qui consiste à amener le fourrage à une teneur en
matière sèche supérieure ou égale à 85 %. A
ce niveau de teneur en matière sèche, la plante est
déjà morte, ses enzymes sont devenus inactifs et le
développement des moisissures devient impossible, car elles ne disposent
plus de suffisamment d'eau pour rester actives et se multiplier; et
- La voie humide, c'est-à-dire
l'ensilage, où la stabilisation du fourrage n'est obtenue que s'il y a
anaérobiose (l'absence d'oxygène supprime les bactéries et
les moisissures aérobies putréfiantes) et une acidité
suffisante pour empêcher la fermentation butyrique, elle-même
putréfiante, mais anaérobie aussi (Suttie, 2004).
Dans les deux cas, ces pratiques nécessitent
généralement les mêmes opérations initiales de
coupe, de fanage et d'andainage. Selon les itinéraires de
récolte, le temps disponible, les conditions climatiques et la
disponibilité des équipements, la coupe, le fanage
mécanique et l'andainage peuvent être réalisés en
opérations séparées ou en opérations
combinées avec des faucheuses-conditionneuses-andaineuses. L'action de
ces machines conduit à accélérer la dessiccation
(conditionnement) et à former un andain aéré:
- pour le fourrage destiné à
l'ensilage en coupe fine ou par autochargeuse, cet andain est directement
repris par les récolteuses-hacheuses;
- pour le fourrage destiné à
l'enrubannage, l'obtention d'une teneur suffisante et homogène en
matière sèche peut nécessiter de retourner les andains
(1/2 tour) avec un andaineur, voire d'effectuer un fanage préalable;
et
- pour la récolte par la voie
sèche, on réalise un ou plusieurs fanages mécaniques
intermédiaires et un andainage final avant d'effectuer le ramassage. Si
les conditions climatiques le permettent, on peut se contenter de retourner les
andains réalisés avec une faucheuse-conditionneuse-andaineuse
(Sansoucy et Soltane, 1979).
La figure 3 montre les deux opérations les plus couramment
adoptées pour la récolte des fourrages:
Figure 3. Opérations initiales les plus
couramment pratiquées pour la récolte des fourrages
6.1. Principe de la fenaison
C'est la pratique la plus ancienne qui conduit à
stabiliser le fourrage en le séchant sous l'action combinée de
l'air et du soleil. Suivant la teneur en matière sèche de
départ du fourrage vert à conserver, il faut évaporer 2
à 5 kg d'eau par kg de matière sèche.
En situation climatique favorable, la dessiccation s'effectue en
deux phases :
- une phase de dessiccation rapide, au départ, car
l'eau est perdue par les stomates et parce qu'une partie (les 2/3 environ) de
l'eau des tiges migre vers les feuilles qui se dessèchent plus vite que
les tiges; et
- une phase de dessiccation lente, pour l'eau restante (1/3
environ) qui doit être évacuée à travers la cuticule
dont la partie externe cireuse est très imperméable (Sansoucy et
Soltane, 1979 et Suttie, 2004).
6.2. Raisons du conditionnement
Au moment de la coupe, les plantes fourragères
contiennent 75 à 85 % d'eau. Une grande partie de cette eau doit
être éliminée afin d'obtenir un produit apte à
être conservé par la voie sèche (teneur en eau
inférieure à 15 à 20 %) ou par la voie humide.
En étudiant le principe de la fenaison, on observe que
l'eau contenue dans les limbes ou les feuilles s'évacue assez rapidement
sous l'action du soleil et du vent ; en revanche, celle contenue dans les tiges
est nettement plus difficile à évacuer, car leur rapport
surface/volume est plus défavorable que pour les feuilles ; de plus, la
cuticule cireuse des parois externes des tiges est très
imperméable. Le conditionnement consiste à dégrader
mécaniquement la structure des tiges par pliage, frottement, laminage,
brossage, chocs, percussion, lacération ou écrasement. Ces
actions mécaniques conduisent à une altération de la
cuticule, à un accroissement de la porosité des tissus, à
une augmentation de la surface d'évaporation (favorables aux
échanges gazeux) et finalement à une vitesse de séchage
des tiges voisine de celle des feuilles. L'agressivité du
conditionnement doit être cependant mesurée, afin d'éviter
les pertes dues à la création de jus, au morcellement des tiges
et à l'arrachement ou à l'émiettement des feuilles. Il
convient donc de surveiller la qualité du travail obtenu et de corriger
si nécessaire les réglages, sachant que les résultats sont
très dépendants de la nature du fourrage, de sa densité,
du mode de conditionnement et de la vitesse d'avancement de la machine. En plus
des actions mécaniques sur les tiges et les feuilles, le conditionnement
conduit aussi à la formation d'un andain suffisamment aéré
pour faciliter la circulation de l'air et les échanges gazeux. Il
convient d'éviter un tronçonnement trop important des tiges qui a
pour effet d'entraîner un affaissement de l'andain et une
réduction de son aération.
Si les conditions météorologiques sont
favorables, le conditionnement réduit le temps de séjour du
fourrage sur le sol et la récolte est ainsi plus rapidement mise
à l'abri et de meilleure qualité grâce à la
réduction des pertes d'éléments nutritifs.
Toutefois, si le fourrage conditionné perd plus vite
son eau, il devient beaucoup plus sensible aux aléas climatiques ; en
cas de pluie, un lessivage des éléments les plus solubles est
à craindre, d'autant plus que le fanage est avancé.
Le conditionnement est particulièrement indiqué
pour les graminées à grosses tiges et les légumineuses; on
estime que, par beau temps, le conditionnement mécanique peut conduire
à gagner en 36 heures sur le temps de séchage du foin, 10
à 15 points de matière sèche, en plus, par rapport au
fanage naturel ; cet écart varie bien entendu en fonction des conditions
atmosphériques : soleil, vent, humidité du sol et
hygrométrie de l'air.
Le conditionnement est réalisé au moment de la
coupe en utilisant une faucheuseconditionneuse. La faucheuse est
généralement rotative et le système de conditionnement
peut être soit du type à rouleaux, à doigts, à
brosses ou à fléaux (Sansoucy et Soltane, 1979 et Suttie,
2004).
6.3. Faucheuses-conditionneuses
Selon Suttie (2004) les premières machines de
conditionnement n'étaient pas combinées aux faucheuses. Elles
comportaient des rouleaux métalliques, plus ou moins agressifs, entre
lesquels passait le fourrage ; elles effectuaient un travail très
énergique et brutal, avec pertes de feuilles et de jus. Leur utilisation
séparée augmente la durée des chantiers et elles ont
été rapidement abandonnées au profit de conditionneuses
associées aux faucheuses.
Vers 1962 sont apparues des faucheuses conditionneuses
andaineuses à barre de coupe alternative et à système de
conditionnement à doigts ou à rouleaux. Ces machines ont
sensiblement simplifié les chantiers en permettant d'effectuer en un
seul passage coupe, conditionnement et andainage ; la seule limite étant
le fonctionnement des barres de coupe alternatives, peu aptes aux vitesses
élevées et aux fourrages denses. Depuis 1975, les
faucheuses-conditionneuses à systèmes de coupe rotatifs (disques
ou tambours) se sont développées et ont supplanté les
autres types.
Le conditionnement peut être obtenu par:
- Laminage: le fourrage est laminé sur toute la longueur
de la tige entre deux
rouleaux lisses appliqués plus ou moins fortement l'un
contre l'autre;
- Ecrasement: les tiges sont écrasées et
pliées en certains points, entre des rouleaux
cannelés;
- Laminage et écrasement: association d'un rouleau
cannelé assurant le pliage et d'un rouleau lisse réalisant
l'aplatissement; et
- Hachage: la matière est lacérée par des
fléaux.
- Systèmes de conditionnement à
rouleaux
Ce mode de conditionnement est réalisé par deux
rouleaux parallèles horizontaux tournant en sens inverse et
placés derrière les organes de coupe. Le fourrage coupé
est happé par ces rouleaux qui laminent les tiges, les plient et les
éclatent plus ou moins selon les profils utilisés. Le
conditionnement à rouleaux a une action efficace sur les tiges et noeuds
des légumineuses et des graminées à grosses tiges
(dactyle,...) ; moins agressif que les systèmes à doigts ou
fléaux, il est plutôt conseillé pour la récolte des
légumineuses car son action provoque moins d'effeuillage. Leur
écartement et leur pression sur le fourrage sont réglables par
des paliers mobiles à ressorts. Selon les cas, on rencontre des
conditionneurs à rouleaux lisses ou à rouleaux
crénelés.
- Conditionneurs à rouleaux lisses
Les rouleaux totalement lisses ne sont pratiquement plus
utilisés en raison de leur faible capacité d'absorption. Ils sont
constitués de deux cylindres d'acier ou de fonte qui entraînent le
fourrage par adhérence. La capacité d'absorption et
l'adhérence peuvent être améliorées en utilisant des
surfaces gaufrées ou striées. Le plus souvent, le diamètre
des rouleaux et leur vitesse sont identiques, mais certaines machines peuvent
présenter des rouleaux de diamètres différents ou des
rouleaux ayant des vitesses circonférentielles différentes.
- Conditionneurs à rouleaux
crénelés
Fréquemment utilisés pour les
légumineuses, ces conditionneurs comportent deux rouleaux synchrones
munis de nervures ou de barrettes qui augmentent le pouvoir d'absorption et
conditionnent les tiges et les feuilles par pression, laminage et pliage.
Figure 4. Différents principe de
conditionneurs à rouleaux (Suttie, 2004)
Les systèmes conditionneurs à rouleaux sont
surtout utilisés pour les légumineuses et les jeunes
graminées ; leur action agit préférentiellement sur les
parties présentant une certaine épaisseur : tiges, noeuds. Quel
que soit le type de rouleau retenu, le conditionnement n'est efficace que si le
système est alimenté régulièrement et sur toute la
largeur de la machine ; dans le cas contraire, le fourrage passe par paquets et
il est conditionné irrégulièrement.
- Systèmes conditionneurs à
doigts
Ce système de conditionnement connaît un
développement important, car il permet de traiter correctement
pratiquement tous les types de fourrages (davantage les graminées que
les légumineuses, plus sensibles à l'effeuillage). Les
conditionneurs à doigts comportent généralement un seul
rotor horizontal placé au- dessus ou juste derrière les organes
de coupe. Le conditionnement s'effectue de manière non sélective
par percussion, frottement et lacération. Il résulte de l'action
conjointe des doigts (vitesse, comportement élastique ou vibratoire), et
du frottement du fourrage contre les parois du carter du conditionneur.
- Systèmes conditionneurs à
brosses
Après la coupe, la récolte passe entre deux
rotors synchrones, parallèles, horizontaux et tournants en sens inverse
l'un de l'autre. Ces rotors peuvent être comparés à des
conditionneurs à doigts, dont les lamelles seraient remplacées
par des groupes de fils radiaux en matière plastique. Disposés
sur deux, quatre ou six rangées, les groupes de fils, retenus
radialement par des brides boulonnées, se comportent comme des
éléments de brosses rotatives. Au travail, la rotation de ces
brosses et le recouvrement de leurs « poils » entraînent le
fourrage et le conditionnent en le soumettant à de nombreuses
micro-percussions et à un effet de brossage intense. Les
micro-percussions tendent à froisser les tiges et feuilles, tandis que
l'effet de brossage tend à rayer la cuticule cireuse imperméable
qui recouvre les tiges. Ce mode de conditionnement, sans effet de fléau
et de compression, limite les pertes de limbes et de jus lors de la
récolte d'herbe jeune; ce système ne convient pas, en principe,
aux légumineuses.
- Systèmes conditionneurs à
fléaux
Contrairement aux doigts qui ne possèdent pas
d'articulation, les fléaux des systèmes conditionneurs sont
constitués par des pièces d'attaque articulées au rotor
horizontal qui les entraîne, à l'image des fléaux jadis
utilisés pour battre les épis des céréales. Soumis
à la force centrifuge, Ils peuvent s'incliner plus ou moins selon la
résistance du produit, ou s'effacer en cas de choc. Ils agissent par
chocs, lacération et frottement. Trop agressifs pour les
légumineuses, ils sont bien adaptés aux fourrages des prairies
naturelles ou des graminées à grosses tiges, surtout
destinés à être ensilés et préfanés.
L'intensité du conditionnement est obtenue par le réglage de la
position d'un écran pivotant situé à l'arrière du
carter.
- Systèmes conditionneurs à doigts
articulés et peignes
Ils comprennent un rotor garni de doigts mobiles
(fléaux tubulaires), lesquels passent entre les dents d'un peigne.
L'intensité du conditionnement est déterminée par
l'interpénétration des doigts du rotor et des dents du peigne. Le
peigne de conditionnement est réversible et son angle d'attaque par
rapport à l'axe du rotor est réglable il comporte d'un
côté des dents à profil large et arrondi pour le traitement
des fourrages délicats ; de l'autre côté, les dents
présentent un arrondi plus aigu pour un conditionnement plus
énergique. Si un corps étranger pénètre dans la
machine, les doigts s'escamotent et le peigne peut s'effacer et reprendre
automatiquement sa place sous l'action d'un ressort de rappel.
- Système «Mat»
Le terme «Mat» (qui signifie «tapis» en
anglais) s'applique à une technique de conditionnement très
violente et agressive qui désagrège la structure des plantes et
forme au sol une sorte de tapis végétal de faible
épaisseur appelé «Mat». Cette action aboutit à
une dessiccation beaucoup plus rapide du fourrage en éliminant les
barrières ou les protections naturelles qui freinent
l'évaporation de l'eau de constitution des cellules des plantes. Alors
que l'action des systèmes de conditionnement classiques est
volontairement limitée pour éviter la perte de jus, l'action du
système «Mat» permet de dépasser largement ce stade en
essorant par pression le fourrage écrasé et en le
réimprégnant des jus extraits. A sa sortie du système de
coupe à fléaux, le flux de fourrage est écrasé par
un conditionneur essoreur à rouleaux. A la sortie de ce conditionneur,
le fourrage est repris par un système de laminoir à rouleaux qui
le plaque au sol (tel un tapis) tout en lui restituant les jus.
6.4. Intérêt de l'ensilage
La conservation par ensilage permet la récolte du
fourrage à un stade optimal assurant une meilleure valeur nutritive du
produit. D'où l'intérêt que portent les éleveurs
à ce mode de conservation depuis déjà longtemps. Il
importe donc de récolter la plante dès l'apparition des premiers
épis pour les graminées et au stade boutons floraux pour les
légumineuses, si on veut obtenir à la fois un produit de bonne
qualité et une quantité maximale d'éléments
nutritifs à l'hectare. Une fauche à ce stade permet en outre
d'obtenir des repousses plus importantes et plus précoces dans les
conditions favorables (Demarquilly, 1973).
L'ensilage présente d'autres intérêts
comme:
- intérêt agronomique (cultures nettoyante);
- intérêt fourrager (avoir des fourrages verts
à des périodes où il n'est pas possible de l'avoir); et
- intérêt économique (permet une
réduction du coût de l'unité fourragère et
améliore la production des animaux).
6.5. Principe de l'ensilage et appréciation
L'ensilage est une méthode de conservation des
fourrages à l'état humide. Son but essentiel est de conserver les
plantes avec le minimum de perte de nutriments. L'ensilage est une technique
qui repose dans la plupart des cas sur une acidification de la masse
végétale; résultant de l'activité fermentaire
d'espèces bactériennes au métabolisme lactique dominant et
qui a pour objectif de conserver les fourrages à l'état frais
avec la plus grande partie de leur valeur nutritive (Demarquilly, 1995).
6. 5.1. Phases de l'ensilage
Afin de mieux comprendre les principes de l'ensilage, on doit
examiner de plus près les différentes phases qui se passent dans
le silo et qui sont :
La respiration : Après la coupe du fourrage,
tant qu'il y a de l'oxygène, les cellules continuent à respirer,
ce qui entraîne une dégradation des hydrates de carbone et la
production d'acide carbonique, d'eau et de chaleur. Cette respiration engendre
donc une perte d'éléments nutritifs de l'aliment. Tant qu'il y a
de l'air dans le silo, la respiration se poursuivra longtemps et plus grande
sera la quantité de chaleur dégagée, ce qui se traduit par
une élévation de la température.
Des températures supérieures à 30°C ne
doivent pas se produire dans un silo, sinon les pertes seront
considérables (Soltner, 1989).
L'acidification: L'acidification consiste à
bloquer l'action protéolytique des enzymes végétales qui
se manifeste dès la coupe du fourrage et inhibe le développement
d'espèces bactériennes nuisibles (Gouet, 1968).
L'acidification peut être subdivisée en quatre
étapes:
- Le début de l'acidification par des
colibactéries ou pseudo-bactéries lactiques: après
remplissage du silo, l'air est chassé petit à petit et il
s'opère une sélection graduelle de la flore microbienne. Avec la
disparition de l'oxygène, la majorité des bactéries
aérobies est éliminée. Le groupe des colibactéries
se développe en premier lieu. Deux facteurs freinent essentiellement
leur développement, la température élevée et le
faible degré d'acidité (Gouet, 1989). Dans un ensilage direct de
graminée (sans préfanage), un pH inférieur à 4,5
est fatal aux colibactéries. Plus le pH est élevé plus il
se forme d'acide formique. Cette dégradation ne se fait pas en
aérobiose. Outre les sucres, ces colibactéries décomposent
aussi les protéines, provoquant la formation d'ammoniaque et d'amines
toxiques (Gouet, 1989).
- Le démarrage de la fermentation lactique:
à peine 1% du nombre total. Des bactéries présentes
sur la plante appartiennent au groupe le plus important pour l'ensilage,
à savoir le groupe des bactéries lactiques (anaérobies
strictes). C'est de leur développement que dépend la
réussite ou l'échec de l'ensilage. Leur activité est
influencée par trois facteurs: i) le nombre des bactéries d'acide
lactique présents sur le fourrage au moment de la récolte; ii) la
présence des sucres fermentescibles en quantité suffisante et
libérés de façon opportune dans le fourrage au moment de
la récolte; et iii) - l'absence totale de l'air dans le silo.
- Stabilisation par production optimale d'acide
lactique: si les conditions sont bonnes, les sucres se transforment en
grande partie en acide lactique, qui est le véritable agent conservateur
de l'ensilage. Il s'ensuit une forte acidification du silo qui, après
stabilisation, le pH varie entre 3,5 et 4,2. Dans un ensilage de fourrage vert,
cette acidité est obtenue avec une concentration de 1,5 à 2,2%
d'acide lactique sur la matière fraîche. Si bien que la croissance
de toutes les autres bactéries est paralysée; toute
activité enzymatique, et finalement la croissance des bactéries
lactiques ellesmêmes, est inhibée.
Une stabilité est alors atteinte, qui permet de
conserver les fourrages de façon presque indéfinie. Le silo reste
stable tant qu'il est maintenu en anaérobiose. Car un bon silo peut
être détruit, une fois ouvert, par le développement de
moisissures, qui résistent à un pH faible (Gouet, 1979).
- Les fermentations nocives: si pour l'une ou autre
raison, les conditions nécessaires à assurer la multiplication
des bactéries lactiques (absence d'air et présence des sucres
fermentescibles) ne sont pas atteintes dans le silo, le pH reste
supérieur à 4,2 des processus indésirables de
dégradation de la matière végétale se
développent. Ceux-ci provoquent des pertes pouvant atteindre 20 à
50% de la matière sèche. Le silo ne devient jamais stable, au
contraire les bactéries butyriques et de putréfaction deviennent
prédominantes et l'emportent dans la lutte contre les
microorganismes.
Il existe en effet un risque de développement des
bactéries butyriques (qui sont strictement anaérobies). Ces
dernières, amenées via le sol, transforment les sucres en acide
butyrique, acide acétique, CO2 et hydrogène. En même temps,
ces bactéries peuvent faire fermenter l'acide lactique initialement
formé. Deux molécules d'acide lactique se transforment en une
seule molécule d'acide butyrique et le milieu devient moins acide. Les
bactéries butyriques agissent également sur les protéines
qu'elles décomposent en ammoniac (Gouet, 1979). Les bactéries
protéolytiques agissent par oxydoréduction, désamination
et décarboxylation (Soltner, 1989):
- 1 alanine + 1 glycine 3 acides acétiques + NH3 + 1 CO2
(Oxydoréduction)
- 3 alanines 2 acides propioniques + 1 acide acétique + 3
NH3 + 1 CO2 (Désamination)
- Histidine Histamine
- Lysine Cadaverine
- Arginine Putrescine (Décarboxylation)
Il y a donc une dégradation importante de la valeur
azotée du fourrage avec formation des produits diminuant
l'appétibilité de l'ensilage (NH3, AGV (acides gras volatils), et
amines) et plus ou moins toxiques pour l'animal (amines). Selon
l'intensité de ces transformations, la qualité de conservation
peut être médiocre ou mauvaise (Gouet, 1989).
6.5. 2. Principales conditions de réussite d'un
ensilage
-Anaérobiose
D'après Moule (1971), en absence d'air, la
température de la masse végétale reste inférieure
à 35°C (ensilage à froid), ce qui limite le
développement des ferments butyriques et favorise la
prolifération de l'activité de la microflore lactique, ainsi que
l'asphyxie rapide des cellules végétales. De ce fait, la
couverture rapide suivant le remplissage du silo est une opération
obligatoire qui doit être respectée impérativement par les
éleveurs (Figure 5).
A B
Figure 5. Tassement et couverture d'un silo
taupinière de maïs ensilage (Teskraya, Septembre 2007); A:
tassement à l'aide du tracteur; et B: couverture du silo
taupinière.
- Teneur en matière sèche
Une teneur élevée en matière sèche
stimule la fermentation lactique, diminue l'acidité de l'ensilage et
réduit presque totalement les pertes par drainage. Une matière
sèche de l'ordre de 35% est souhaitable pour que la fermentation
butyrique soit totalement inhibée (Demarquilly, 1973). Pour la
majorité des fourrages, le taux optimum de matière sèche
se situe aux environs de 30%. Une teneur élevée de la
matière sèche (>35%) rend beaucoup plus difficile (sauf silo
hermétique) l'obtention rapide de l'anaérobiose (Moule, 1971).
- Concentration en sucres fermentescibles
Selon Marcello (1965), les fourrages peuvent être
classés en trois catégories:
- fourrages riches en sucres, faciles à conserver: il
s'agit surtout du maïs, sorgho, et pulpes de betteraves... ;
- fourrages moins riches en sucres, mais relativement pauvres en
protéines comme les
graminées récoltées au stade floraison et
non associées avec des légumineuses; et
- fourrages pauvres en sucres et riches en protéines: il
s'agit essentiellement d'herbes de
prairie permanente riche en fabacées ou de
fabacées pures dont la conservation n'est
pas toujours facile d'où l'intérêt d'apporter
des substances riches en sucres.
- Pour les fourrages jeunes, ou pauvres en matière
sèche, ou riches en protéines
(Luzerne, trèfle,...) le facteur limitant de
l'acidification est l'insuffisance de réserves
glucidiques solubles et fermentescibles par les bactéries
lactiques (Moule, 1971).
- Impuretés
Marcello (1965) et Demarquilly et Andrieu (1988) ont
signalé que l'herbe à ensiler doit être dépourvue
d'impuretés. Les impuretés peuvent contenir des micro-organismes
nocifs comme les bactéries butyriques, qui pourraient dominer le reste
de la flore bactérienne (Demarquilly, 1973).
6.6. Qualité des ensilages
La qualité des ensilages peut être
appréciée par la couleur et l'odeur du produit, mais
également par l'analyse des produits de fermentations. Ces derniers sont
les acides gras volatils (AGV), les alcools et les produits azotés qui
constituent avec le pH les caractéristiques fermentaires des
ensilages.
6.6.1. Méthodes subjectives
d'appréciation
- La couleur: un bon ensilage doit conserver la
couleur initiale du fourrage vert. Ce critère est un indice d'une bonne
conservation lactique (Moule, 1971). Parmi les facteurs qui influencent la
couleur de l'ensilage, se trouve la température (Vambelle et
al., 1981).
Température basse couleur voisine de celle de la plante
ensilée;
Température > 30°C couleur jaune foncée;
et
45°C < Température < 60° couleur brune.
La couleur brune constitue un signe de putréfaction,
liée à une mauvaise fermeture du silo (Najjar, 1990).
La couleur des jus représente aussi un indice de la
qualité fermentaire du silo. Plus le jus est de couleur claire mieux
l'ensilage est réussi (Moreau et al., 1982).
- L'odeur : L'odeur doit être fruitée et
acide, mais agréable. Une odeur de vinaigre, indice d'un excès
d'acide acétique, traduit un tassement insuffisant (Moule, 1971). Une
odeur nauséabonde de beurre rance et de butyrate, renseigne sur le
développement de fermentations butyriques néfastes pour l'animal.
En effet, l'excès de butyrate traverse la paroi du rumen et se
transforme en corps cétoniques dont l'accumulation dans le sang provoque
l'acétonémie (Vambelle et al., 1981).
- La structure : La structure de la plante doit
être complètement reconnaissable après ensilage. Une
structure détruite est signe d'une putréfaction avancée.
Un aspect visqueux, glaireux de l'ensilage dénote l'action des
microorganismes péctolytiques (sporulant) dans l'ensilage (Moreau et
al., 1982).
6.6.2. Méthodes chimiques
d'appréciation
Elles visent la connaissance de la qualité de
conservation et en particulier à savoir si les techniques mises en
oeuvre pour conserver le fourrage ont été maitrisées pour
permettre une acidification de la masse végétale. Il s'agit
essentiellement, de la détermination de l'acidité du produit et
du dosage des principaux métabolites de fermentation tels que les acides
organiques (acétique, propionique, butyrique et lactique) mais
également l'ammoniac et l'azote soluble (Vambelle et al.,
1981).
- Critères de conservation de l'ensilage: un
ensilage de fourrage direct est considéré d'une excellente
qualité de conservation, lorsqu'il répond à certaines
normes établies par Dulphy et Demarquilly (1981) et Demarquilly et
Andrieu (1988): teneur en acide acétique inférieure
à 20-25 g/kg MS; pH inférieur à 4; azote ammoniacal
inférieur à 5-6% de l'azote total; azote soluble inférieur
à 50% de l'azote total; et acides propionique et butyrique: absence ou
traces.
Au-delà de ces valeurs, la qualité de
conservation est considérée mauvaise. Les légumineuses
s'ensilent difficilement d'où le recours à un critère
d'appréciation qui est le rapport sucres sur protéines qui est un
bon indice pour apprécier la facilité avec la quelle un fourrage
se prête à l'ensilage:
- r > 1,2 l'ensilage ne mérite aucun conservateur;
- r > 0,8 l'ensilage est facile;
- 0,4 < r < 0,7 l'ensilage est difficile à
réussir;
- r < 0,4 l'ensilage est toujours raté (Moreau et
al., 1982).
- Le rapport N-NH3 / Nt : le rapport azote ammoniacal
sur azote total de l'ensilage nous donne des indications sur l'état de
dégradation plus ou moins avancé des protéines. Il
représente indiscutablement un test d'appréciation de la
conservation des protéines ensilées (Tableau 1).
Tableau 1. Classification de la qualité
de conservation des ensilages selon %N-NH3/Nt Vambelle (1992)
Qualité de conservation
|
% N-NH3 / Nt
|
Très bonne
|
0-5
|
Bonne
|
5-10
|
Satisfaisante
|
10-15
|
Médiocre
|
15-20
|
Mauvaise
|
20-30
|
Très mauvaise
|
> 30
|
Nt: azote total ; N-NH3: azote ammoniacal
|
|
- Autres critères d'appréciation de la
qualité des ensilages
Dulphy et Demarquilly (1981) ont mis au point un barème
d'appréciation de la qualité des ensilages en 5 classes en
délimitant les classes selon les teneurs en acides gras volatils et en
N-NH3 (% N total de l'ensilage). La première borne a été
fixée à 330 moles d'AGV par kg de MS (soit 20g d'acide
acétique et pas de butyrique); l'écart entre 2 bornes a
également été fixé à cette valeur. Cet
écart permet, avec 5 classes, de couvrir pratiquement toute la gamme des
teneurs en acides gras volatils des ensilages. Ils ont ensuite fixé les
bornes correspondantes pour N-NH3 % Nt (Tableau 2).
Tableau 2. Barème d'appréciation
de la qualité des ensilages (Dulphy et Demarquilly, 1981)
AGV mmole/kg MS
|
C4 N-NH3 % Nt Ns (%Nt)
|
g/kg
MS
|
|
|
|
|
Classe
|
|
|
|
Maïs
|
Luzerne
|
Autres plantes
|
|
Excellent
|
< 330
|
<20
|
0
|
<5
|
<8
|
<7
|
<50
|
Bon
|
330-660
|
20-40
|
<5
|
5-10
|
8-12
|
7-10
|
50-60
|
Médiocre
|
660-1000
|
40-55
|
>5
|
10-15
|
12-15
|
10-12
|
60-70
|
Mauvais
|
1000-1330
|
55-75
|
>5
|
15-20
|
16-20
|
15-20
|
>65
|
Très mauvais
|
>1330
|
>75
|
>5
|
>20
|
>20
|
>20
|
>75
|
AGV: acides gras volatils; : acide acétique; C4: acide
propionique; N: azote; N-NH3: azote ammoniacal; Nt: azote total; Ns: azote
soluble
6.7. Valeur alimentaire des ensilages
Les conditions édapho-climatiques dans le monde sont
très diversifiées. Elles influencent ainsi directement, la nature
des espèces végétales cultivées et
déterminent en conséquence le types d'ensilage qu'ont peut
exploiter en rapport avec la nature de l'élevage. Selon ces conditions,
divers types d'ensilage à travers le monde sont pratiqués:
- ensilage de maïs;
- ensilage d'herbe prairiales;
- ensilage de céréales immatures; et
- ensilage divers (fabacées, brassicacées...).
En Tunisie, les ensilages les plus pratiqués sont à
base de céréales immatures (avoine, orge et triticale), et
parfois de maïs ou de sorgho dans les périmètres
irrigués.
Les travaux réalisés pour caractériser
les ensilages produits en Tunisie restent peu nombreux. Cependant, la valeur
nutritive de ces ensilages présente certaines déficiences
(Tableau 3).
Tableau 3. Composition chimique des principaux
ensilages produits en Tunisie (Nefzaoui et Chermiti, 1989)
Ensilages
|
MS
|
g/kg MF
|
MM
|
CB
|
MAT
|
g/kg MS
|
Ca
|
P
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Maïs
|
282
|
|
73
|
263
|
84
|
|
3,2
|
2,2
|
Sorgho
|
239
|
|
116
|
348
|
66
|
|
6,1
|
2,2
|
Orge
|
295
|
|
75
|
330
|
64
|
|
5,0
|
2,4
|
Avoine
|
264
|
|
112
|
348
|
82
|
|
6,2
|
2,5
|
Vesce-avoine
|
260
|
|
111
|
331
|
105
|
|
10,4
|
2,5
|
Orge-vesce
|
239
|
|
115
|
318
|
113
|
|
16,0
|
2,9
|
MS: matière sèche; MM: matière
minérale; CB: cellulose brute; MAT: matières azotées
totales; Ca: calcium; P: phosphore.
La qualité de conservation des ensilages produits en
Tunisie est rarement déterminée. Seule la valeur du pH est
parfois rapportée (Sansoucy et Soltane, 1979; Najjar, 1990). Dans la
majorité des cas, ce pH dépasse de loin 4,2 (Mehouachi, 2001).
En revanche, de nombreuses analyses, effectuées en
Tunisie, ont montré que la valeur énergétique des
ensilages produits dans les fermes est en moyenne égale à 0,65
UFL/ kg MS.
Nefzaoui et Chermiti (1989) ont rapporté, cependant,
des valeurs plus élevées (0,76 UFL/kg MS) (Tableau 4). De
même, les teneurs en matières azotées totales (MAT) des
ensilages ainsi que leurs valeurs azotées restent faibles (8 à 10
% de MAT et 40 à 60g de PDIN/ kg MS).
Tableau 4. Valeurs énergétiques et
protéiques des ensilages produits en Tunisie (Nefzaoui et Chermiti,
1989)
Ensilages
|
UFL/kg MS
|
UFV/kg MS
|
MAD (g/kg MS)
|
Maïs
|
0.85
|
0,79
|
45
|
Sorgho
|
0,79
|
0,73
|
34
|
Orge
|
0,70
|
0,62
|
34
|
Avoine
|
0,72
|
0,64
|
50
|
Vesce-avoine
|
0,69
|
0,60
|
63
|
Orge-vesce
|
0,69
|
0,60
|
67
|
UFL: unité fourragère lait; UFV: unité
fourragère viande; MAD: matières azotées digestibles.
Plusieurs causes peuvent expliquer cette faible valeur
alimentaire des ensilages produits dans la majorité des exploitations
tunisiennes. D'abord, le fourrage est souvent récolté à un
stade tardif comme en témoignent les teneurs en cellulose brute et
matières azotées de certains ensilages provenant de
différents sites (Najjar, 1990). D'autres facteurs, non moins
importants, expliquent aussi ces résultats. Ils concernent
essentiellement les conditions de récolte, de préparation et de
conservation (Haddad, 1997).
Dans les périmètres irrigués, le
maïs et le sorgho sont souvent utilisés pour produire de
l'ensilage. Le maïs connu comme plante fourragère suffisamment
riche en glucides solubles et à pouvoir tampon très faible
(c'est-à-dire qu'elle offre peu de résistance à la
diminution de son pH), sa fermentation lactique entraîne une diminution
très rapide du pH inhibant ainsi l'action des enzymes liées
à la respiration et la protéolyse. Sa teneur en matière
sèche, plus élevée (25-35%) que celle des autres fourrages
classiques récoltés en coupe directe, lui confère une
meilleure conservation.
Par ailleurs, l'ensilage de maïs est très bien
ingéré, compte tenu de sa valeur énergétique
élevée (0,82-0,96 UFL/kg MS). Il permet de bonnes performances
animales, à condition d'être correctement
complémenté (Demarquilly et Andrieu, 1988). Une partie de la
complémentation azotée pourra être apportée par
l'azote non protéique (urée, ammoniac...) comme le
suggèrent Demarquilly et Andrieu (1988).
6.8. Ingestibilité des ensilages
Les ruminants sont généralement nourris avec des
fourrages verts ou conservés et des aliments concentrés
distribués selon l'objectif de la production. Maximiser la part de
fourrage dans la ration est le principal moyen pour réduire le
coût d'alimentation.
La capacité d'ingestion d'un aliment dépend
étroitement de sa valeur nutritive et des performances de l'animal
(Jarrige, 1988; Jarrige et al., 1995). L'ingestibilité d'un
fourrage est définie par la quantité de matière
sèche ingérée lorsque ce fourrage est distribué
à volonté comme seul aliment à un animal dit standard dont
la capacité ne varie pas. L'ingestibilité des fourrages ainsi que
la capacité d'ingestion des animaux s'expriment en unité
d'encombrement (UE). C'est ainsi qu'il est bon de prévoir
l'ingestibilité des fourrages et les performances des animaux pour
établir et gérer les stocks (Dulphy et Doreau, 1981).
6.8.1. Ingestion volontaire des ensilages
Outre la valeur nutritive, les performances animales sont
étroitement liées à la quantité d'aliments
ingérée. La connaissance de ce paramètre est donc d'une
grande importance en vue de maximiser la productivité des animaux
à partir des fourrages. Malheureusement, il n'est pas aisé de
connaitre avec précision l'ingestion volontaire des aliments parce
qu'elle est très variable. Cette variation semble être
accentuée dans le cas des ensilages plutôt qu'avec les autres
fourrages à cause, sans doute, des effets négatifs
supplémentaires qu'exercent certains éléments
intrinsèques de cet aliment (Haddad, 1997). L'ingestibilité des
ensilages est en général, inférieure à celle des
fourrages verts correspondant comme l'avait déjà montré
Demarquilly (1973). Cette ingestibilité de l'ensilage (QE) dépend
de l'ingestibilité de la plante verte (QV). Dulphy et Doreau (1981), ont
établi la liaison suivante, pour les graminées, quel que soit le
type de machine de récolte :
QE = 13,1+ 0,571 QV #177; 9.0 (QE et QV sont exprimées en
g MS/ kg P0,75 )
La conservation des fourrages par ensilage n'affecte
directement ni la digestibilité, ni la conservation de l'énergie
métabolisable, mais résulte dans une ingestion plus faible que
celle du fourrage frais correspondant (Wilkins, 1974). Demarquilly (1973) a
montré chez des moutons que l'ensilage entraîne une diminution
importante de 33% en moyenne, et très variable de 1 à 64% de
l'ingestion comparée aux fourrages frais (graminées ou
légumineuses) à partir de quel l'ensilage a été
réalisé. La réduction est plus forte chez les ovins que
chez les bovins (Dulphy et Michalet, 1975). En outre, elle est plus forte avec
l'ensilage d'herbe que celui du maïs.
6.8.2. Action du pH
L'alimentation peut influencer le pH du jus de rumen. Une
chute de pH ruminal est observée suite à l'ingestion d'une grande
quantité d'aliments rapidement fermentescibles. A cet effet,
l'acidité peut inhiber l'appétit par différentes voies,
notamment au niveau de la digestion microbienne dans le rumen. Martens (1979) a
montré qu'un pH inférieur à 6 du jus de rumen a un effet
dépressif sur la cellulolyse entraînant ainsi une réduction
de l'appétit. Par contre Bouchet (1980) a montré qu'une
augmentation de pH d'un aliment de 3,2 à 4,4 et 4,8 avec l'addition de
magnésium a amélioré son appétibilité. En
effet, un pH optimum de 5,7 augmente l'ingestion du fourrage et la production
laitière (Erdman, 1988).
6.8.3. Action des acides gras volatils et des
composés azotés
Lors de l'étude des liaisons entre les quantités
d'ensilage ingérées et leurs caractéristiques
fermentaires, Wilkins et al., (1971) ont montré que l'ammoniac
et les acides gras volatils particulièrement l'acide acétique,
sont responsables de la dépression de l'ingestion des ensilages.
Cependant, l'acide lactique est corrélé
positivement avec l'ingestion. Sur des génisses recevant de l'ensilage
d'herbe avec un mélange d'acide acétique et d'acétate,
Deswysen (1980) a observé une réduction de l'ingestion volontaire
de la matière sèche. En outre, Wilkins et al., (1971) et
Demarquilly (1973) ont observé une liaison négative entre la
quantité d'ensilage ingérée et la teneur d'ensilage en
azote ammoniacal. Cependant, une teneur élevée en ammoniac ne
semble pas la cause directe de la faible ingestibilité de l'ensilage.
La formation d'ammoniac dans les ensilages de mauvaise
qualité est toujours accompagnée d'une production importante
d'acides aminés en amine, histamine, putrescine et cadaverine. Or, ces
produits résultant de la dégradation des protéines ont une
action directe sur les quantités d'ensilage ingérées et
peuvent aussi être simplement l'indice de présence d'autres
substances non connues (Neumark et al., 1964).
Les variations d'ingestion entre les différents
ensilages seraient donc liées aux modifications de la qualité
fermentaire de ces ensilages plutôt qu'à leur teneur en acides
gras volatils.
Mais l'ensilage peut aussi exercer une action inhibitrice sur
l'ingestibilité du fourrage par sa teneur en acides gras longs ou en
acides du type isobutyrique et isovalérique qui existent à des
concentrations relativement élevées dans les ensilages mal
conservés (Bueno et Ruckebusch, 1974).
6.8.4. Teneur en constituant membranaire des
ensilages
Lorsqu'ils sont distribués seuls, les fourrages sont
ingérés en quantité d'autant plus importante qu'ils sont
plus riches en constituants cellulaires et plus pauvres en membranes.
L'ingestibilité d'un fourrage donné diminue quand la plante
vieillit. De même, la quantité de fourrage ingérée
par le ruminant dépend essentiellement de l'effet d'encombrement de ce
fourrage au niveau du rumen donc de sa teneur en paroi végétal
(Jarrige et al., 1978).
6.8.5. Influence du préfanage et de la finesse
de hachage
Le préfanage avant ensilage permet l'augmentation de la
teneur en matière sèche du fourrage sans atteindre celle du foin
(Teller et al., 1991).
Chez les bovins, des ensilages hachés finement
préparés en coupe directe avec un bon conservateur ou
préfanés à 35-40% de MS, permettent des ingestions
d'environ 2 à 4,2kg de MS/100 kg de poids vif, similaires à celle
du fourrage vert correspondant (Vambelle et Deswysen, 1978). Par contre selon
De Brabander et al., (1988) la quantité d'ensilage
ingérée est peu ou pas améliorée par un hachage
fin.
6.8.6. Amélioration de l'ingestion des
ensilages
La présence d'acides organiques issus de la
fermentation ou apportés par additifs et conservateurs influence le
goût et l'odeur de l'ensilage. Ceci peut réduire
considérablement les quantités ingérées par
l'animal (Huber et Soejono, 1976).
Les minéraux de leur part peuvent augmenter l'ingestion
des ensilages par leur pouvoir neutralisant. En effet, un nombre important de
sels peut influencer directement le pH de ces ensilages (Bouchet, 1980).
Khorchani (1984) a noté que la supplémentation
azotée n'a eu aucun effet sur l'ingestion de l'ensilage au cours des
deux derniers tiers de lactation des vaches laitières. Cependant, Heni
(1990) a constaté que l'augmentation de la quantité de fientes
dans une ration d'ensilage de maïs donnée à des taurillons
à l'engraissement est en corrélation positive avec
l'ingestion.
6.9. Pertes par ensilage
Tout système de récolte entraîne des
pertes. La qualité et l'acceptabilité d'un fourrage
conservé sont et resteront tributaires des efforts
déployés pour le perfectionnement des méthodes de
récolte, de stockage et de manutention.
Le principal objectif de ces techniques reste la limitation des
pertes de matières nutritives à toutes les étapes entre la
coupe et la conservation.
Malgré les précautions prises au cours de la
confection de l'ensilage, des pertes plus ou moins importantes pourront avoir
lieu à la récolte et en cours de conservation.
A la récolte: les pertes à ce niveau sont
liées surtout à la hauteur de coupe, donc au matériel de
récolte et surtout à l'état de la parcelle.
Elles peuvent atteindre 30% si l'on pratiquait une coupe
à 14-16cm de hauteur au lieu de 7cm (Mosnier et al., 1978). Si
l'on pratique le préfanage, les pertes seront encore plus importantes
à cause de la multiplication des opérations mécaniques;
sans oublier les dépenses supplémentaires. Quoi qu'il en soit,
ces pertes paraissent inévitables. Il semble difficile de les
réduire au dessous de 7% même en coupe directe et à une
hauteur normale (Zelter, 1970).
En cours de conservation, l'importance des pertes par stockage
au silo a longtemps été mal connue ou très mal
évaluée. Depuis l'application au niveau de l'élevage des
méthodes de gestion alimentaire convenable, il est apparu
nécessaire de connaître l'importance de ces pertes dans une masse
de fourrage stocké.
Les pertes de stockage aux silos sont loin d'être
négligeables. Il est rare que la perte de matière sèche
soit inférieure à 8% et celles de matières azotées
à 2-3% dans les ensilages les plus réussis. En cas d'échec
sérieux, les pertes peuvent s'élever respectivement à 75
et 68% en particulier s'il s'agit d'une plante très difficile à
conserver par la voie fermentaire (Hendrix, 1960).
- Les pertes gazeuses: elles résultent de la
conjugaison de l'action des enzymes de la plante et de la microflore dans le
silo. L'activité respiratoire est sans doute la principale responsable
de la phase des fermentations gazeuses explosives qui se manifestent parfois
s'il règne dans le silo une pression partielle d'oxygène assez
élevée (Dulphy, 1979).
Les pertes par respiration dépendent aussi de la
vitesse de remplissage du silo et de son degré
d'étanchéité à l'air. Elles sont de l'ordre de
0,27% de matière sèche ensilée dans les meilleures
conditions, mais peuvent dépasser 5% dans le cas contraire (Demarquilly,
1979).
Les pertes gazeuses lors de la fermentation anaérobie
dépendent de l'intensité et de la nature des fermentations donc
de la matière sèche du fourrage ensilé (Annie et
al., 1975).
- La plasmolyse et les pertes par drainage: elle est
liée à la teneur en matière sèche initiale du
fourrage ensilé et sa finesse de hachage. Au-delà de 25% de
matière sèche, le fourrage n'élimine plus son exsudat.
Inférieure à 20% de matière sèche, le fourrage peut
subir une perte sous forme de jus de 10% (Hendrix, 1960).
L'exsudat contient essentiellement des éléments
hautement assimilables comme les glucides solubles, l'azote non
protéique, et éléments minéraux.
- Influence de l'ensilage sur la composition chimique et la
valeur alimentaire des
fourrages: la composition chimique réelle est peu
modifiée par l'ensilage.
Pour le vérifier, il faut que l'analyse soit
correctement effectuée (dosage de l'azote effectué sur l'ensilage
frais non séché) et que les teneurs soient exprimées sur
la base de la teneur en matière sèche corrigée pour les
pertes de produits volatils (notamment l'ammoniac, les acides gras volatils et
les alcools) lors du séchage à l'étuve (INRA, 1980).
Les modifications les plus importantes portées sur les
glucides, les acides organiques et les constituants azotés sont:
- les glucides solubles et les acides organiques (malique et
citrique) disparaissent et sont remplacés par l'acide lactique, les
acides gras volatils et les alcools; et
- les constituants azotés sont particulièrement
transformés en NH3, acides aminés libres et amines.
La conservation par ensilage diminue peu ou pas la
digestibilité de la matière organique et la valeur
énergétique du fourrage, sauf en cas de très mauvaise
qualité de conservation ou de pertes importantes
d'éléments nutritifs très digestibles par les jus. La
valeur énergétique des fourrages est donc supérieure
à celle des foins correspondants récoltés à la
même date et peut être égale à celle du fourrage vert
au moment de la fauche (Demarquilly, 1995).
Toutefois, l'ensilage entraîne une diminution plus ou moins
importante de la valeur azotée et de la qualité
ingérée.
- Diminution de la valeur azotée
réelle: cette diminution est plus ou moins importante de la teneur
en PDI (Protéines Digestibles au niveau de l'Intestin). Alors que la
teneur en MAD (Matière Azotée Digestible) n'est pas
modifiée, pour deux raisons essentielles:
- une partie des protéines a été
transformée en acides aminés (azote soluble) et même en
ammoniac. Elle est donc beaucoup plus rapidement dégradée dans le
rumen; et
- les produits de la fermentation dans le silo, bien
qu'entièrement digestibles, ne fournissent pas d'acides gras volatils ou
peu d'acide lactique et d'énergie aux microbes du rumen pour
synthétiser des protéines (Moreau et al., 1982).
- La diminution de la quantité
ingérée: la quantité de matière sèche
ingérée par les bovins dépend de:
- la teneur en matière sèche: elle augmente avec
cette dernière, notamment pour les ensilages sans conservateur
jusqu'à des teneurs de 35%;
- la finesse de hachage de l'ensilage: pour des teneurs en
matière sèche inférieures à 30% et pour une
même qualité de conservation, la quantité
ingérée augmente avec la finesse de hachage. L'augmentation est
de l'ordre de 15 à 20% quand on passe des ensilages à brins longs
(10-15cm) à des ensilages à brins courts (1-3cm); et
- la qualité de conservation de l'ensilage: un ensilage
d'une teneur en matière sèche et d'une finesse de hachage
donnée est ingéré en quantité d'autant plus
élevée qu'il contient moins d'acides gras volatils et d'azote en
ammoniac (Demarquilly, 1995).
Partie 2
Matériels
et
Méthodes
1. Caractérisation géo-climatique des
sites expérimentaux
1.1. Zones de l'enquête
Trois gouvernorats du nord de la dorsale tunisienne ont
été touchés par une enquête (annexe1). Il s'agit de
Béja, Siliana et Zaghouan groupant respectivement 5, 8, et 4
délégations (Figure 6).
Figure 6. Zones de l'enquête
1.2. Régions expérimentales
Dans chaque gouvernorat enquêté, un agriculteur a
été pris comme modèle représentatif de la
région pour installer des essais expérimentaux relatifs à
l'amélioration des systèmes fourragers et la gestion de
l'érosion pluviale (Figure 7).
Djebel ArbiLatitude
40°36.137N
Longitude 32°504.700E Altitude 349m
M'nara
Latitude
|
35°57.076N
|
Longitude
|
009°17.554E
|
Altitude
|
944 m
|
Tlil SalhiLatitude
36°14.702N
Longitude 009°41.733E Altitude 546 m
Figure 7. Situation géographique des
sites expérimentaux
La parcelle expérimentale de Béja est
située dans la région de Djebel Arbi de la
délégation de Thibar (Figure 8A). Le site de Zaghouan est
située dans la région Tlil Salhi de la délégation
Fahs (Figure 8B). Le site de Siliana est située dans la région de
M'nara de la délégation Siliana (Figure 8C).
A
B
C
Figure 8. Sites expérimentaux; A:
Djebel Arbi, B : Tlil Salhi et C : M'nara
Le climat des régions expérimentales est
caractérisé par une irrégularité des pluies
annuelles et inter-annuelles. La pluviosité moyenne annuelle sur 50
années varie entre 476 et 616mm. Ces pluies s'étalent entre
septembre et avril mais la variabilité mensuelle est grande, surtout en
début de saison (Tableau 5).
Tableau 5. Pluviosité mensuelle moyenne
(en mm sur 50 années) des sites expérimentaux (ONAGRI, 2004 et
INM, 1999)
sites
|
J
|
F
|
M
|
A
|
Ma
|
J
|
Ju
|
Ao
|
S
|
O
|
N
|
D
|
Total
|
M'nara
|
56
|
47
|
64
|
47
|
46
|
22
|
11
|
28
|
51
|
74
|
48
|
48
|
542
|
Tlil Salhi
|
55
|
59
|
60
|
42
|
24
|
12
|
2
|
10
|
31
|
70
|
53
|
58
|
476
|
Tibar
|
99
|
74
|
58
|
53
|
26
|
23
|
10
|
21
|
46
|
36
|
75
|
102
|
616
|
J: janvier ; F: février ; M: mars ; A: avril ; Ma: mai ;
J: juin ; Ju: juillet ; Ao: aôut ; S: septembre ; O: octobre ; N:
novembre ; D: décembre.
Le tableau 6 présente la pluviosité mensuelle et
les températures minimale et maximale des années d'études
et d'expérimentation 2005, 2006 et 2007 des différents sites
expérimentaux.
Tableau 6. Pluviosité mensuelle et
température minimale et maximale des années 2005, 2006 et 2007
des sites expérimentaux (INM, 2010)
Année 2005 2006 2007
Mo Pluie Température Température Pluie
Température Température Pluie Température
Température Station is mm min max mm min max mm min max
01 73,7 5,4 14,2 172,9 4,2 13,4 24,2 5,8 17,8
02 139,0 4,5 13,1 107,0 4,8 15,7 60,1 7,0 17,7
03 36,8 6,4 19,4 53,3 6,4 19,9 149,3 6,3 18,6
04 105,6 9,6 21,9 23,9 10,3 24,6 67,0 9,7 22,1
05 5,6 11,7 29,8 32,6 13,2 30,0 17,8 12,2 27,5
Béja 06 10,6 16,7 33,2 13,4 15,6 35,0 12,6 16,0 34,2
07 5,1 19,6 36,7 6,0 18,6 37,1 1,4 18,3 36,2
08 29,7 19,2 34,6 5,4 19,8 35,0 1,2 19,2 36,7
09 14,5 16,9 31,0 31,5 16,9 32,0 17,8 18,1 31,8
10 22,1 14,4 28,1 23,9 14,4 29,4 186,1 14,9 25,2
11 37,0 9,2 21,3 36,6 9,4 22,5 74,2 9,2 19,4
12 95,3 5,6 15,0 108,6 7,1 16,3 122,0 6,9 15,6
01 41,0 3,3 12,8 216,0 3,3 11,8 10,6 5,0 16,7
02 84,4 2,9 11,8 38,1 4,4 14,3 32,2 6,0 16,6
03 16,6 5,8 18,6 14,2 5,9 19,4 149,6 5,6 17,1
04 37,8 8,9 20,7 24,2 10,2 24,1 90,2 9,3 19,7
05 7,2 11,7 29,3 38,8 14,3 29,8 13,6 11,3 26,7
Siliana 06 19,2 16,4 32,9 26,6 16,6 33,2 61,2 16,6 34,0
07 3,3 19,0 37,3 32,2 18,6 35,5 0 17,8 35,4
08 45,2 18,2 34,3 2,8 18,4 34,4 8,2 18,9 36,4
09 24,8 15,9 29,8 16,0 15,7 30,4 39,3 16,4 31,0
10 17,9 13,6 26,3 31,0 13,9 28,0 84,1 13,7 23,9
11 19,4 8,6 20,1 17,6 8,9 20,8 7,0 7,7 19,2
12 71,4 4,3 13,8 79,6 5,7 15,8 30,8 5,2 14,3
01 50,7 5,2 14,2 260,6 4,8 13,7 11,0 6,9 17,7
02 100,9 4,5 13,2 48,6 5,4 15,7 37,0 7,9 17,5
03 23,7 7,0 19,2 26,4 7,2 19,6 134,0 7,2 18,4
04 49,6 9,8 20,8 2,8 11,6 24,0 32,9 10,8 21,3
05 8,0 12,8 29,3 27,2 14,7 29,7 7,6 13,4 27,8
Zaghou 06 21,4 17,4 32,9 5,4 16,6 33,2 37,7 18,1 33,3
an
07 5,8 20,2 36,3 0,6 19,3 36,3 0 18,9 35,6
08 16,6 19,9 34,2 5,3 20,3 34,5 28,4 20,1 36,2
09 31,4 17,7 30,7 23,8 17,0 30,4 35,0 18,0 31,2
10 15,2 15,0 27,2 66,0 15,6 28,5 84,0 14,7 25,0
11 40,0 10,4 21,5 6,2 10,3 22,3 21,0 9,8 19,5
12 90,4 6,2 15,3 203,4 7,4 17,5 49,0 6,8 15,9
Les faibles quantités de pluies
irrégulières associées à la topographie (terrains
souvent accidentés et exposés à l'érosion)
réduisent leur efficacité suite aux pertes d'eau sous forme de
ruissellement et d'évaporation. De plus, les gelées
précoces survenant entre décembre et janvier ralentissent la
croissance et limitent la production. En fin de cycle végétal,
les fortes chaleurs précoces sous forme de sirocco tendent à
induire le phénomène d'échaudage sur les grandes cultures.
Toutes ces contraintes climatiques interagissent pour provoquer des
fluctuations des rendements agricoles (Ben Salem, 2002).
2. Enquête sur la pratique de la rotation
culturale dans les zones montagneuses de la Tunisie
2.1. Objectifs de l'enquête
S'il existe un consensus qui admet que le développement
de la Tunisie peut passer par son agriculture, il n'en va pas de même
lorsqu'il s'agit d'identifier les voies à suivre avec cette agriculture
pour arriver à ce développement. Vu que ce développement
doit passer par plusieurs voies, les cultures fourragères occupent alors
une place importante. En effet, l'introduction des cultures fourragères
dans nos systèmes de production a pour principal objectif
d'accroître et d'améliorer la production animale
particulièrement en viande et en lait. Par conséquent, une
restauration et une augmentation de la fertilité bio-organique des sols
est observée dans les rotations culturales à composante
fourragère (Floret et al., 2000).
La présente étude a pour objectif principal, la
conception d'une typologie des exploitants agricoles basée sur la
pratique de la rotation dans les trois gouvernorats de Béja, Siliana et
Zaghouan. Des variables qualitatives et quantitatives liées aux diverses
exploitations sont mise en jeux et interviennent comme des fonctions basiques
dans cette conception. Cette dernière va nous permettre de
définir ou circonscrire les possibilités d'une adoption d'abord
puis d'une adaptation des cultures fourragères dans les systèmes
de productions durables relatifs aux zones étudiées.
L'introduction d'une nouvelle technique agraire dans un milieu
est toujours une entreprise nécessitant la mise en jeu de plusieurs
facteurs: sociaux, culturels, économiques, et écologiques. Toute
nouvelle technique, qui engendre des dépenses substantielles exige pour
être adaptée et adoptée par les producteurs, une
étude attestant sa rentabilité. La typologie des exploitants
recherchées pouvant constituer des bases d'une intensification de la
production chez les agro-éleveurs. Elle permet ainsi, de connaître
les caractéristiques et les limites des productions et les actions
à mener pour une éventuelle amélioration.
2.2. Identification et choix des zones de
l'étude
Des enquêtes socioéconomiques et des
études de projets de développement des zones agricoles
spécifiques aux petits et moyens exploitants ont été mise
au point dans trois gouvernorats de Béja, Siliana et Zaghouan. Ce choix
est justifié par le fait que les agriculteurs relatifs à ces
zones présentent approximativement les mêmes conditions et
contraintes de production
La contribution de la direction générale de la
production agricole du ministère de l'agriculture et de l'environnement
ainsi que les trois commissariats régionaux de développement
agricoles a été nécessaire pour le déroulement des
enquêtes. Les missions exploratrices précédent les
enquêtes ont montré que la majorité des exploitations
agricoles sont des petites à moyennes exploitations avec un faible taux
de grandes exploitations comme les sociétés de mise en valeur et
développement agricole (SMVDA). Ces dernières ont
été par conséquent écartées de cette
étude. L'échantillonnage des exploitants appliqué et du
type aléatoire simple, basé sur les réflexions de Norman
(1988). Pour ce faire, nous avons recensé dans toutes les zones les noms
des producteurs disposant de terres à petite et moyenne surface
(inférieur à 30ha). Un tirage aléatoire a
été par la suite réalisé permettant ainsi de
connaître les noms des personnes retenues pour les enquêtes
systématiques. Selon les zones d'étude, le taux de sondage a
varié entre 58 et 79% par souci de représentativité. En
conséquence, 782 exploitants ont été touchés par
l'enquête, dont 253 à Béja, 269 à Siliana et 260
à Zaghouan.
Les éléments de l'enquête sont au nombre de
47 se subdivisant en trois groupes:
- le profil de l'agriculteur: région, nom de
l'agriculteur, âge, niveau d'instruction
et ancienneté dans le domaine
- la nature de l'exploitation: position géographique,
superficie, relief, vocation agricole
- les pratiques culturales: cultures pratiquées,
emblavures, rotations, moyens de la vulgarisation
2.3. Différentes étapes de l'analyse
statistique
Le dépouillement des enquêtes a été
suivi par une analyse statistique en 3 étapes:
Etape 1: Réalisation de l'étude uni-variée
descriptive et simple permettant de décrire l'ensemble des
données recueillies pour tous les exploitants.
Etape 2: Restructuration des données dans le sens d'un
regroupement des valeurs en modalités cohérentes et
découpage des variables quantitatives en classes modales. L'information
retenue a été notée sur deux modalités (soit
positivement, soit négativement selon l'objectif recherché) et ce
pour chaque variable. Une étude bi-variée de toutes les variables
et des groupes de variables a été ainsi
réalisée.
Etape 3: Réalisation de l'AFCM (analyse factorielle de
correspondances multiples) sur les groupes de variables: une table de
contingence complète a été élaborée à
partir de plusieurs variables qualitatives. L'objectif est de mettre en
évidence les facteurs influant sur la pratique de la rotation. La
classification des résultats a été réalisée
par la technique de segmentation. Cette dernière permet de visualiser la
jonction des variables d'une manière hiérarchique. L'ensemble est
configuré en arbre selon les branchements possible des paramètres
inclus dans le modèle par rapport à la variable cible. Afin de
mieux cerner les corrélations entre les groupes de variables, une AFCM a
été réalisée. Cette technique d'analyse
multidimensionnelle est la mieux adaptée aux données de
l'étude. L'analyse de correspondance multiple quantifie les
données qualitatives nominales en attribuant des valeurs
numériques aux observations (objets) et aux modalités, pour que
les objets faisant partie de la même modalité soient proches les
uns des autres et ceux de différentes modalités,
éloignés les uns des autres. Chaque objet se trouve aussi
près que possible des points de modalité qui s'appliquent. Ainsi,
les modalités divisent les objets en sous-groupes homogènes.
Cette technique repose sur le principe de réduction des distances
généralement euclidiennes entre les facteurs pouvant expliquer
les modalités de la variable cible comme la connaissance et la pratique
de la rotation. Mais, devant un nombre assez important de variables initiales,
une réorganisation des données a été rendue
nécessaire afin de dégager la contribution de chaque information
dans la typologie des exploitations.
2.4. Traitement statistique des données de
l'enquête
Le traitement des données recueillies par les
enquêtes a été réalisé par les logiciels
suivants:
· Excel (version 2007) : statistique descriptive et
construction des graphiques,
· SPSS (version 16) : étude bi-variée, table
de contingence complète et segmentation des groupes de variables.
· Statistica (version 7): Analyse Factorielle des
Correspondances Multiples (AFCM).
3. Installation des essais expérimentaux
3.1. Essai érosion hydrique
Pour quantifier les effets d'une pluie sur le sol selon la
nature de la couverture végétale, nous avons utilisé le
dispositif de simulation de pluie. Le simulateur de pluie (Figure 9) est un
outil de recherche destiné à l'application d'eau sous forme
semblable aux averses naturelles. Il est souvent utilisé pour quantifier
l'érosion et le ruissellement (Maaati, 2001; Charollais et Shaub, 1999
et Mahjoub, Bergaoui et Pontanier, 1992).
Les principaux avantages du simulateur de pluie sont la
rapidité, l'efficacité, la précision du contrôle des
mesures, une meilleure commodité du travail de recherche que celui
effectué sous la pluie naturelle. On peut, ainsi, mesurer la perte de
particules de sol ou l'efficacité des aménagements dans un temps
relativement limité. Les averses simulées peuvent être
appliquées pour des durées choisies à des conditions de
traitement sélectionnées. La préparation de la parcelle
qui précède l'application des averses, prend souvent moins de
temps que la préparation des études sous une pluie naturelle. Les
parcelles et l'équipement peuvent être contrôlés
immédiatement avant et durant la collecte des données. Le
simulateur de pluie est facilement adapté aux laboratoires
contrôlant l'infiltration, le ruissellement et les processus
d'érosion.
Rampe de pulvérisation
Fermeture de la rampe
Trépieds
Bocal de réception
Conduite d'aspiration
Parcelle de réception
Gicleur
Sens de la pente
Réservoir
Pompe mécanique
Manomètre
Conduite de refoulement
Chronomètre
Figure 9. Représentation
schématique d'un simulateur de pluie (Slim et Ben Jeddi, 2011).
Le simulateur de pluie est composé de trois parties :
> Réservoir avec une alimentation en eau sous
pression
- Citerne de 5000 litres;
- Motopompe délivrant une eau sous pression constante par
un moteur à 4 temps, avec une capacité de 500 l/min;
- Manomètre de contrôle de pression fonctionnant
entre un intervalle de 0,6 à 10 bars, permettant la variation de la
pression à la sortie du pulvérisateur et par la suite la forme du
cône et de la taille des gouttes de pluie; et
- Conduite d'alimentation sous pression.
> Système de pulvérisation
- Rampe de pulvérisation avec 4 supports. Il s'agit de
conduites en fer galvanisé
(rampes) dont chacune contient deux gicleurs en bronze. Les
rampes ont un diamètre
intérieur de 24mm et un diamètre extérieur
de 32,5mm et une longueur de 2m; et - Deux gicleurs de type Spraying
systems co. Tee jet TG SS 14w, séparés de 1m.
> Système de délimitation de la
superficie de travail, d'évacuation et de collecte des
échantillons
- La parcelle de réception du simulateur est de
2m2 (2 x 1m) installée dans le sens de la pente;
- Trois plaquettes de Zinc galvanisé de hauteur 20cm pour
délimiter le haut et les côtés de la parcelle de
réception;
- Une trémie de réception des écoulements
située en bas de la parcelle;
- Un bocal de réception des échantillons
(récipient en plastique ayant un diamètre de 8cm et un volume de
1l); et
- Un chronomètre.
3.1.1. Conduite de l'essai érosion
Le simulateur de pluies a été utilisé sous
trois types de couverture végétale (Slim et Ben Jeddi, 2011):
- Une culture de sulla (Hedysarum coronarium L.) de
deuxième année (variété Bikra 21) ;
- Une céréale de blé dur (Triticum
durum Desf.) ; et
- Une jachère non travaillée.
Ces parcelles sont installées dans trois niveaux de pente
4, 8, et 12% (Figure 10).
B
A
C
Figure 10. Simulateur de pluie installé
dans diverses conditions de culture. A : culture de sulla; B :
jachère non travaillée et C : culture de blé dur (Slim et
Ben Jeddi, 2011).
Les pentes de chaque parcelle ont été
déterminées par un clinomètre optique portable (Figure
11).
Figure 11. Clinomètre optique
portable
Le même dispositif expérimental a
été installé dans les trois gouvernorats (Zaghouan,
Béja, et Siliana). Le simulateur de pluie a concerné des
superficies de 2m2 relatives à toutes les parcelles. Le temps
pluviométrique pour chaque essai a été de 60mn pour une
hauteur de pluie de 170mm. Chaque 20mn, la quantité totale d'eau
ruisselée a été collectée dans un collecteur se
trouvant à l'aval de la micro-parcelle. Le volume d'eau ruisselée
a été mesuré ensuite au laboratoire. Trois
échantillons de 0,08 l (Ve) chacun ont été
prélevés du volume d'eau total collecté de chaque parcelle
(Vt). Ces échantillons ont été placés dans une
étuve à 120°C pendant 48 h, pour déterminer le poids
de charge solide (Cs). La charge solide totale (Cst) se trouvant dans les eaux
de ruissellement a été déterminée comme suit:
Cst = %Cs x Vt
La quantité de sol érodé par hectare et par
heure (Qt) a été calculée selon: Qt = (Cst / 2)
10000
Le taux de ruissellement (Tr) est égal à:
Tr = (Vr / Vp) 100
Avec Vr est le volume d'eau ruisselée dans le temps et Vp
est le volume de pluie simulée dans le temps.
Le taux d'infiltration (Ti) est égal à:
Ti = (Vi / Vp) 100
La vitesse de ruissellement (VTr en litre/minute) est
égale à: VTr = (Vri - Vrj) / (ti - tj)
Avec ti et tj, les temps respectifs entre deux
prélèvements successifs.
3.1.2. Analyses physico-chimiques des charges solides
collectées dans les eaux de ruissellement
Les différentes analyses physico-chimiques des charges
solides ont été réalisées selon Naanaa et Susini
(1988).
· Dosage des matières humiques
L'humus contenu dans les charges solides collectées a
été extrait par le pyrophosphate de sodium qui en complexant le
fer et le calcium le libère de ces ions. Pour éviter une
néogénèse à pH>10, du chlorure de sodium a
été ajouté à la solution d'extraction afin
d'abaisser le pH. L'humus séparé subit ainsi une oxydation par le
bicarbonate de potassium en milieu sulfurique et le dosage de la forme
réduite a été réalisé par colorimètre
à une longueur d'onde de 500 nm.
· Mesure du pH
La mesure du pH a été effectuée sur une
suspension sol-eau par la méthode électrométrique au moyen
d'un pH mètre à lecture directe utilisant une électrode de
verre et une électrode de référence au calomel.
· Dosage de l'azote total Kjeldahl
La minéralisation de la matière organique
contenue dans 0,1g de terre a été réalisée par
attaque à l'acide sulfurique concentré à
l'ébullition en présence d'un catalyseur (sulfate de
Sélénium) rendant la réaction plus rapide. Dans ces
conditions la matière organique est entièrement détruite,
libérant ainsi l'azote sous forme d'ammonium (NH4+). Cette
minéralisation est effectuée à une température de
400°C. Cette opération est suivie par la distillation, avec ajout
au contenu du matras de 20ml d'eau distillée et 5ml d'une solution de
soude 1 N. L'azote est ensuite récupéré dans une solution
d'acide borique en présence d'un indicateur coloré. Enfin, la
titration de l'ion ammonium se fait avec l'acide chlorhydrique (0.1 N) jusqu'au
virage de l'indicateur du vert au rose.
· Dosage du phosphore total
Le phosphore total est extrait par une solution d'acide
perchlorique à 60% et dosé par colorimétrie du complexe
phospho-molybdique réduit par l'acide ascorbique. 2g de terre
tamisée à 2mm sont mis dans des erlenemeyers de 250 ml, on ajoute
30 ml d'acide perchlorique à 60%. On couvre avec un verre de montre et
on met sur bain de sable à ébullition douce jusqu'à
résidu blanc pendant 3h. On laisse refroidir, on ajoute de l'eau
distillée jusqu'à 100 ml. On filtre dans des fioles de 250 ml. On
lave le résidu et on complète à 250 ml. Le dosage est
effectué par photométrie de flamme.
· Dosage du potassium total
Le potassium total est extrait comme le phosphore total à
l'aide de l'acide perchlorique à 60% et dosé par
photométrie de flamme.
· Détermination de
l'humiditéL'humidité de la terre est
déterminée sur un échantillon fraichement
prélevé par
différence entre le poids de l'échantillon humide
et le poids de l'échantillon séché à l'étuve
à 105°C.
· Dosage du calcaire total
Les carbonates se décomposent sous l'action d'un acide
fort en sel et dégagent du gaz carbonique. On recueille le gaz et on
mesure le volume dégagé. La mise en oeuvre de ce dosage se fait
à l'aide du calcimètre de BERNARD.
· Dosage du calcaire actif
Dans le sol une partie plus ou moins importante du calcaire
total se trouve à l'état de fines particules actives pour les
végétaux et facilement solubilisées par les eaux riches en
gaz carbonique. A finesse égale, la solubilité n'est souvent pars
la même selon l'origine du calcaire et sa structure, les formes amorphes
semblent être plus facilement attaquables. La méthode ne convient
qu'aux sols contenant moins de 2% de matière organique. Le calcium se
combine à oxalate pour donner de l'oxalate de calcium insoluble.
L'excès de solution d'oxalate est ensuite dosé par une solution
de permanganate.
Par différence de l'oxalate en excès, on
déduit l'oxalate ayant réagi, ce qui permet de calculer la
quantité de carbonate de calcium actif. Le pH d'extraction est de 9 pour
éviter que l'oxalate d'ammonium ne dissolve le calcaire des nodules.
· Analyse granulométrique
Le principe de la méthode d'analyse
granulométrique à la pipette Robinson se base sur la destruction
de la matière organique qui stabilise les argiles et les limons fins par
l'eau oxygénée. Un échantillon de terre est mis en
suspension dans de l'eau additionnée d'hexametaphosphate de sodium, un
dispersant puissant qui neutralise l'action floculante des colloïdes, des
ions minéraux, principalement le calcium. Les argiles et les limons sont
mesurés dans cette suspension de terre selon le temps de chute qui
dépend des diamètres des particules. Les sables sont eux
déposés très rapidement. Ils sont séparés
après lavage et séchage en fractions 0,05 - 0,2 et 0,2 - 2 mm.
Pour les besoins de classement et d'interprétation,
une répartition des dimensions a été établie par
ATTERBERG (Tableau 7) et est adopté par l'association internationale des
sciences du sol.
Tableau 7. Répartition des dimensions
des particules de sol par ATTERBERG
Fractions Ø des particules (mm)
Noms
I X < 0,002 Argiles
II 0,002 < X < 0,02 Limons fins
III 0,02 < X < 0,05 Limons grossières
IV 0,05 < X < 0,2 Sables fins
V 0,2 < X < 2 Sables grossières
VI 2 < X < 20 Graviers
3.2. Essai système fourrager
3.2.1. Matériel biologique
- le végétal :
L'espèce utilisée est le sulla du nord
(Hedysarum coronarium L.), variété Bikra 21 (Figure 12)
dont les principales caractéristiques sont résumées dans
le tableau 8.
Figure 12. Le sulla du nord (Hedysarum
coronarium L.), variété Bikra 21 au stade début
floraison Tableau 8. Caractéristiques
variétales de la variété de sulla Bikra 21
Critère Type
Hauteur atteint 110 cm et dépasse 200
cm en 2ème année de culture et au
stade floraison
Densité ramification 130 par
mètre carré
Levée 7-10j après semis
Première feuille composée 40 -
45j après semis
Première ramification 77j après
semis
Bouton floral 138j après semis
Floraison 155j après semis
Durée de la phase florale 32j
Durée de la maturité des graines
30 - 40j
Pérennité après la
1ère année >= 80 %.
Tolérance au froid supporte les
gelées occasionnelles
Tolérance à l'oïdium et verticillium
bonne
Fleurs/inflorescence 70 +/- 12
Inflorescences/plante 58 +/- 21
Reproduction 90-95 % allogame à
pollinisation entomophile
Couleur des gousses marron clair
Couleur des graines brun clair
Forme des graines ovoïde avec radicule
proéminente et bords de la graine aiguë
Poids de mille graines 5,06 g +/-
0,41
- les animaux :
Deux espèces animales ont été
manipulées, il s'agit de deux vaches (Bos taurus) de race
locale (Figure 13A) et un troupeau de 50 ovins (Ovis aries) de race
Barbarine (Figure 13B).
A
B
Figure 13. Les espèces animales
utilisées dans les différentes expériences; A: Bos
taurus et B: Ovis aries.
3.2.2. Conduite de l'essai système
fourrager
Dans chaque site expérimental, trois placettes de
9m2 (3x3m) chacune ont été installées selon un
gradient de pente de l'amont à l'aval de la parcelle (Figure 14). Ces
placettes sont entourées d'un grillage sur une hauteur de 1,5m.
Figure 14. Parcelle expérimentale du
sulla
3.2.3. Paramètres analysées
- Caractérisation de la flore spontanée
des prairies à sulla
Afin de déterminer la nomenclature botanique des
espèces spontanées poussant dans les prairies à sulla
installées dans les trois sites expérimentaux (Béja,
Zaghouan, et Siliana), des échantillons de plantes ont été
prélevés dans des quadrats de 0,25m2 posés
aléatoirement sur la couverture végétale de chaque
parcelle (Figure 15). Cet échantillonnage a été
réalisé avant chaque coupe et suivi durant tout le cycle
biologique de l'espèce sulla.
Figure 15. Caractérisation de la flore
spontanée des prairies à sulla à l'aide du quadrat
Selon Gounot (1969), la fréquence de chaque
espèce (Fr) est le pourcentage de placettes contenant une espèce
par rapport au nombre total de placettes étudiées a
été calculée comme suit :
Fr (%) = nombre de placette espèce / nombre total
de placette étudiées
Le taux de couverture (Tc) est égale au nombre d'une
espèce par m2
Afin d'évaluer le sulla à travers les sites
bioclimatiques, un certain nombre des paramètres liés à la
croissance, développement, production et qualité des ensilages
ont été analysés. Une caractérisation thermique des
divers stades de développement des sulla a été
réalisée en se basant sur la détermination des cumuls
thermiques en unités chaleur (UC) (Maas, 1993).
GDD = (( Tn+Tm)/2 - Tb)
Tn: température minimale journalière;
Tm: température maximale journalière; et
Tb: température de base correspondant au zéro de
végétation de l'espèce sulla (5°C).
- Estimation de l'efficience d'utilisation de
l'eau
L'efficience d'utilisation de l'eau pour la production
végétale (EUE) est définie comme étant le rapport
entre le rendement et la consommation de l'eau correspondante (Zwart et
Bastiaannssen, 2004 et Mellouli et al., 2006).
Rendement
EUE =
Consommation en eau
L'EUE du sulla est exprimée en kg de matière
sèche/ha/m3 et elle définit la quantité de
production obtenue par une unité d'eau utilisée.
3.3. Essai caractérisation spectrale de la culture
du sulla
Les mesures spectroradiométriques ont porté sur
la culture du sulla du nord (Hedysarum coronarium L.)
variété Bikra 21. Les témoins utilisés sont la
jachère non travaillée et le blé dur (Triticum
durum, Desf.). Les parcelles ont été choisies au voisinage
immédiat du sulla. Chaque mesure spectrale a été
répétée trois fois à différents stades
agronomiques des cultures. Une mesure est elle-même la moyenne de cinq
sur le même matériel biologique. Pour cela, nous avons
utilisé le spectroradiomètre Personal Spectrometer ASD II (Figure
16) (Slim, 2002 et Slim et al., 2008).
Figure 16. Présentation du
spectroradiomètre (Escadafal, 1995)
Pour réussir nos mesures spectrales, nous avons suivi les
règles de terrain suivantes afin d'éviter toute contrainte de
nature environnementale:
- les mesures ont été faites par temps clair entre
10 et 14h ;
- le capteur a été placé verticalement
à un mètre de la cible couvrant une tache au sol d'environ 70 cm
de diamètre ;
- le temps d'intégration doit être ajusté
entre 44 milli-secondes et 5,6 secondes en fonction de l'énergie
lumineuse reçue. Si les valeurs sont faibles, on doit l'augmenter, dans
le cas inverse (saturation), on doit le diminuer. La durée
d'intégration doit être gardée constante le long de chaque
mesure ;
- la mesure du bruit de fond doit être
réalisée au début de chaque séquence de
détermination et après chaque changement de temps
d'intégration. Ce bruit sera par la suite retranché
systématiquement ; et
- le rayonnement incident a été mesuré
à partir d'un panneau de référence qui représente
un étalon de surface parfaitement réfléchissant (sulfate
de baryum BaSO4) de surface 1 m2. L'éclairement incident est
égal à l'énergie réfléchie par cet
étalon.
Pour étudier les différences qui existent entre
les cultures, on a calculé l'indice de végétation
(Normalized Difference Vegetation Index) (Gates, 1980) appliqué
au visible (IRV). Cet indice représente le rapport entre une
soustraction et une somme des réflectances mais, seulement dans le
domaine du visible, entre la réflectance dans la bande du vert et celle
dans la bande du rouge, respectivement dans les longueurs d'onde 525 et 675nm
(Slim et al., 2008).
IRV = (Rvert - Rrouge)/(Rvert + Rrouge) = (R525 -
R675)/(R525 + R675)
4. Conservation du fourrage par ensilage
L'expérimentation a intéressée le sulla
du nord Hedysarum coronarium L. à tiges érigés
fournissant une biomasse assez concentrée dans le temps, la technique
d'exploitation par ensilage peut valoriser. Cette production se
caractérise par un taux de matière sèche relativement bas
engendrant une mauvaise conservation humide, d'où l'intérêt
de ce présent travail dont l'objectif est de mettre au point une
technique de conservation simple, efficace et produisant un ensilage de bonne
qualité.
Le sulla de première année est coupé au
stade floraison le 11 avril. 3 unités expérimentales de
27m2 chacune ont fait l'objet de cette manipulation. Une estimation
des matières fraiche et sèche est faite sur place au moment de la
coupe. En parallèle, une autre parcelle de même dimensions (27
m2 x 3) comporte un sulla de deuxième année qui a
été coupé plus tôt ; le 22 mars au même stade
biologique (floraison). Nous estimons de la même manière les
productions en matière verte et sèche au moment de
l'exploitation.
4.1. Conception du conditionneur de fourrage à
poste fixe
La conception mécanique du conditionneur à
fourrage est adoptée aux possibilités offertes par l'utilisateur
tout en tenant compte des contraintes socio-économiques des
agriculteurs. La solution retenue pour assurer la mise en oeuvre de la machine
est un moteur électrique. La machine est livrée avec deux
cylindres métalliques animés d'un mouvement de rotation en sens
inverses allant de l'extérieur vers l'intérieur pour aspirer le
fourrage.
Les rouleaux prennent de manière
régulière le fourrage, qui subit un écrasement par
frottement lors du passage entre les parois des rouleaux. Les deux rouleaux
sont animés mécaniquement. L'un des deux rouleaux est mobile
transversalement à fin de régler l'effort optimum de pression
selon la nature du produit à conditionner les fabacées ou les
graminées (Figure 17).
Figure 17. Tambours du conditionneur à
poste fixe.
Les deux tambours conditionneurs reçoivent leurs
mouvements de rotation à partir du moteur à l'aide d'un
système classique constitué d'une série de pignons
accouplés par chaîne. L'inversion du sens de rotation est
assurée par un troisième pignon qui joue aussi le rôle d'un
tendeur. Cette partie introduit les principaux organes constituants l'appareil,
et leur principe de fonctionnement.
- Bâti : Le bâti permet le soutien
de la machine, du fait qu'il supporte le poids des différents
organes.
- Organes de transmission: La transmission
de puissance entre deux arbres parallèles à entraxe non nul n'est
prévenue que dans le but d'assurer la réduction ou la
multiplication de la vitesse de rotation. Cette transmission est
constituée généralement par des chaînes et
pignons.
- Source de mouvement: Il est prévu
que cette machine fonctionne aux champs pour servir à plusieurs
agriculteurs. La conception de cette machine doit tenir compte de ses trois
sources sans qu'il y ait un changement de la structure générale
de l'appareil.
- Organes de conditionnement: Un
conditionneur doit briser la cuticule superficielle des tiges en permettant
ainsi à l'eau extra cellulaire de s'évaporer tout en
préservant l'eau intercellulaire riche en sels minéraux et en
vitamines. L'organe de conditionnement est constitué de deux tambours
métalliques lisses destinés à éclater la tige.
L'alimentation du fourrage est manuelle, sa masse et le mouvement rotatif des
tambours de l'extérieur vers l'intérieur, fait que le fourrage
est pressé entre les deux parois métalliques des cylindres.
L'effort optimum de pression est obtenu à l'aide d'un réglage de
l'espace entre-rouleaux
- Organes annexes: i) trappe de sortie: elle
constitue la sortie du fourrage conditionné et un allongement pour la
machine afin d'éviter la tombée du produit conditionné au
dessous la machine; ii) tendeur de chaîne: il permet le réglage de
la tension de la chaîne afin d'assurer une transmission correcte; et iii)
organes de protection: ils sont destinés à la protection des
utilisateurs. Cependant, il est important que certaines parties du dispositif
de protection soient facilement démontables pour effectuer les travaux
de réglages et de maintenance de la machine.
Pour une réalisation du prototype (Figure 18), nous avons
eu recours à :
- un moteur électrique asynchrone
monophasé d'une puissance 3 Cv, avec un régime de rotation 1400
tr/mn.
- deux rouleaux de diamètre 180mm.
- une poutre UPN 80.
- le diamètre de l'arbre de transmission
est 35mm.
- palier à roulement de diamètre
intérieur 35mm.
- pignon menant de 17 dents, alors que le
pignon mené est 28 dentus, pour un pas de 12.7mm à double
rangée.
- un chaîne de transmission double de
longueur 3000mm
Le débit théorique de la machine est de 2.4 Kg/s,
soit: 8.64 t/h de fourrage vert éclaté. -
Bâti PBati = Longueur totale × masse par
mètrelinéaire = 7.64 × 8.64 =66 Kg
- Trémie Ptrémie =
30 Kg
- trappe de sortie Ptunnel 45
Kg.
- Tambour conditionneur
- Moteur + support
Ptambour = 30 Kg Pm + s = 26
Kg
- Transmission P transmission = P
chaine + P pignons = L . m
l + n . m p = 3 × 1.5 + 4 × 1 =
8.5 Kg
Ainsi, le poids de la machine est de l'ordre : PT =
P = 205.5 Kg
Figure 18. Eclatement des tiges de sulla
à l'aide du conditionneur de fourrage à poste fixe
4.2. Technique d'ensilage
Nous essayons de mettre au point une technique où une
combinaison de techniques (Figure 19) qui contribue à améliorer
l'ensilage de sulla. Il est à signaler que dans tous les traitements,
l'ensilage est coupé en bruns courts (1 à 1,5cm).
Sulla directe (D) : Ce traitement consiste
à conserver la plante directement après la coupe et sans aucun
apport.
Le préfanage (P) : Juste après
la coupe, le couvert végétal est exposé sur place à
l'air libre pour subir un dessèchement contrôlé. La
durée de préfanage varie de 24; 48 à 72h. Le cycle de
préfanage est de 24h, 4 prélèvements sont effectués
pour évaluer les variations des taux de la matière
sèche.
L'éclatement des tiges (E) :
L'opération des tiges éclatées est
effectuée mécaniquement avec le conditionneur à fourrage
à poste fixe. Cette opération est combinée avec les
traitements précédents.
Opération de retournement du fourrage (R) :
le retournement de l'herbe est pratiqué sur certains
traitements à fin de faciliter la déshydratation du fourrage au
cours du préfanage.
Le 1er traitement est réalisé juste
après la coupe c'est-à-dire vers 12h. Cette opération est
suivie par un deuxième retournement vers 16h.
Le lendemain un troisième retournement est
effectué au moment où la couche superficielle de l'herbe, soit
plus sèche que le dessous vue l'humidité excessive du fourrage
durant le 1er
jour suivant la coupe, 3 retournements sont
effectuées avant la conservation. sont nécessaires
Alors que pour le préfanage 48 et 72h , un seul
retournement par cycle est
Le
suffisant car l'herbe devient plus sèche et plus
sensible à la perte de ses feuilles. retournement est combiné de
même aux autres traitements.
Figure 19. Représentation schématique
récapitulatif des traitements d'ensilage du sulla
4.2.1. Confection des silos-labo
Dans le cadre de ce travail, nous avons eu recours
à des sachets en plastique noir ayant
e
une capacité de 20 kg de matière
fraiche. L'herbe finement hachéet entassée à
l'intérieur du
'extérieur.
sachet au fur et à mesure du remplissage et ce
pour chasser l'air vers l Immédiatement après le remplissage du
silo labo, un fil sert à assurer une fermeture hermétique de
l'ensemble. Chaque traitement comporte 6 répétitions. Un suivi de
l'évolution du poids des sachets est assuré en
cours de la conservation et ce dans le but de déterminer les pertes en
poids des divers traitements lors du processus fermentaire.
4.2.2. Désilage
L'opération du désilage est
réalisée 4 mois après la mise en silo. Avant l'ouverture
une pesée de l'ensemble est prise. Une fois ouvert, le contenu de chaque
sachet est versé dans un bac puis homogénéiser. La
moitié de chaque sachet est pesée puis mise à
l'étuve à 60°C pour le séchage et ce dans le but de
réduire les taux de matière sèche, cendres, la
matière organique, la digestibilité et la cellulose brute.
L'autre moitié est ensachée dans un sac en Nylon et mise au
congélateur (-18°C) pour servir ultérieurement aux analyses
fermentaires après extraction du jus et des protéines brutes dans
le produit frais.
4.2.3. Appréciation des ensilages
L'appréciation des ensilages est basée
principalement sur l'évolution des pertes liquides (jus) et solides
(inconsommables).
Les pertes par jus : sur un
échantillon bien homogénéisé, la quantité de
jus facilement libéré par la masse d'herbe est
évaluée après avoir passé l'ensilage
conservée, au pressoir sans forcer. Le volume du jus extrait est
récupéré dans un bêcher pour l'estimation de son
volume. Les pertes liquides sont déterminées en pourcentage du
poids total de l'ensilage.
Les pertes par inconsommables :
l'inconsommable représente la partie de l'ensilage moisie qui
devient impropre au bétail. Juste après le désilage
certains échantillons comportent à leur surface une couche de
moisissure dont l'épaisseur varie d'un traitement à l'autre.
Cette partie est récupérée dans bécher et
pesée pour être exprimée en pourcentage de la masse totale
de l'ensilage.
4. 2.4. Analyse chimique de l'ensilage
Le diagramme ci-
dessous récapitule les divers types
d'analyses
ensilages :
Figure 20. Représentation
schématique des divers types d'analyses réalisées
sur les ensilages
- Analyse des jus
Le jus à analyser est extrait après
pressage de l'ensilage. Dans certains traitements les taux de
matière sèche sont relativement élevé
d'où l'impossibilité d'extraire le jus à partir
de
: 200g d'échantillon frais
l'ensilage direct. Dans ce cas, nous avons eu recours
à la macération
sont mis dans un
cristallisoir de 2l, on ajoute 800 ml d'eau
distillée et on m
pendant
15 à 20 minutes, avant de le conserver à
+4°C pendant 24h.
Les jus récupérés sont ensuite
centrifugés à 3000 tr/mn pour servir aux analyses
nécessaires. Entre temps, ces jus sont versés
dans des tubes à essai hermétiquement fermé
chlorure de mercure (HgCl2) puis
conservés à -18°C.
- Détermination du pH
Un échantillon de
25g d'ensilage frais a été
pesé et mis dans un bêcher d'un litre dans lequel on a
ajouté 225 ml d'eau distillée. Après macération,
l'ensemble a été f
récupéré le jus dans un flacon. Le
pH a été mesuré immédiatement à l'aide d'un
pH mètre préalablement étalonné
par deux solutions tampon de pH= 4 et 7.
- Dosage de l'azote ammoniacal
Un échantillon de 20g d'ensilage frais a
été pesé et mis dans un bêcher d'un litre dans
lequel on a ajouté 80 ml d'eau distillée. Après 24 heures,
le mélange a été filtré afin de
récupérer le jus dans un flacon. Un volume de 2,5 ml de filtrat a
été utilisé pour la détermination de l'azote
ammoniacal selon la méthode Kjeldahl sans minéralisation de
l'échantillon.
Le principe de la méthode utilisée est que le
jus d'ensilage en contact avec l'acide borique (H3BO4) libère l'ammoniac
(NH3) par simple diffusion vers la solution acide (Conway, 1957). Pour notre
série d'analyse, nous avons utilisé l'autoanalyser II (Technicon)
(Dulphy et Denarquilly, 1981). La solution mère utilisée pour
l'étalonnage de l'appareil est l'oxalate d'ammonium à 200 g/l
d'azote ammoniacal.
- Dosage de l'azote total
Les teneurs en azote ammoniacal doivent être
complétées par les dosages de l'azote total. C'est le rapport
azote ammoniacal sur azote total de l'ensilage qui donne une idée sur
l'état de dégradation plus ou moins avancée des
protéines. Ainsi le dosage de l'azote total de l'ensilage est
nécessaire. Il se fait sur un échantillon frais selon la
méthode kjeldahl adapté au technicon (Ben Jeddi et al.,
1998). La première étape est la minéralisation : dans un
tube en verre spécial pour digestion, on mélange 10 grammes
d'ensilage frais et finement coupé avec 25ml d'acide sulfurique
concentré et un catalyseur (5g de K2SO4 et 0,005g de Se). Les
tubes sont ensuite placés dans un digesteur pour transformer tout
l'azote organique en azote minéral, à une température de
460°C pendant 50 minutes au moins. Afin d'éviter le
débordement des tubes, il est nécessaire de commencer la
digestion avec une faible température (180°C) et de l'augmenter par
la suite au fur et à mesure que la réaction s'amorce et le
liquide vire du noire au jaune clair. Après refroidissement, le contenu
des tubes est versé dans des fioles de 100ml, on complète alors
avec de l'eau distillée jusqu'au trait de jauge pour la dilution. Ces
fioles sont portées sur un agitateur magnétique pendant quelques
minutes pour bien homogénéiser le mélange. Les
échantillons sont ainsi prêts à être analyser par
l'autoanalyseur II « Technicon ». La teneur en matière
azotée totale (MAT) est alors égale à = NT x 6,25.
- Digestibiité in sacco
La méthode suivie se base sur la technique
d'incubation in vitro en seringues ou méthode in vitro
de production de gaz. La technique décrite par Menke et Steingass
(1988), consiste à la simulation de la fermentation d'un
échantillon d'aliment dans le rumen. Elle permet de suivre la
cinétique de production de gaz et d'en déduire la
digestibilité in vitro de la matière sèche.
En effet, le taux de production de gaz est proportionnel au
taux de dégradation de l'aliment (France et al., 1993). Cette
méthode permet une prédiction acceptable de la
dégradabilité de la matière organique et la teneur en
énergie métabolisable des aliments des ruminants à partir
des équations de régression multivariées utilisant la
production de gaz et les paramètres chimiques: matière
azotée totale (MAT), acid detergent fiber (ADF), matière
minérale (MM), matière grasse (MG), (Menke et al., 1979;
Menke et Steingass, 1988).
On a ajusté par barbotage au CO2 le pH de liquide
ruminal filtré à 6,3#177; 0.15; et celui de la salive
artificielle à 7,1#177; 0.15. Puis on a fait un mélange des deux
liquides respectivement à la proportion (1:2).
Pour l'incubation, on a mis 30ml de mélange
préparé dont le pH est ajusté aussi à 6,9#177; 0.1
dans des seringues préchauffées à 39°C contenant
300mg de matière sèche broyée de sulla ensilage, et dans 3
seringues témoins vides sans échantillons (blanc). L'air est
chassé par pression sur le piston jusqu'à arriver au niveau du
liquide, ce niveau représente le volume liquide initial V0. Ensuite, les
seringues ont été fermées et placées
immédiatement dans l'incubateur, après une légère
agitation. Les seringues ont été agitées doucement toutes
les 30 mn pendant les premières heures. La lecture du volume de gaz
produit a été effectuée aux temps d'incubation: 1, 2, 4,
6, 12, 24, 36, 72 et 96 heures.
La production de gaz (GP) de l'échantillon est
définit comme étant l'augmentation totale du volume (Vt - V0)
corrigé par le volume de gaz dégagé par les témoins
(GP0), et par le facteur de correction de la prise d'essai de
l'échantillon (300/ poids exacte).
GP (ml/300 mg MS) = (Vt - V0 - GP0) x 300/P
- Vt : volume de gaz au temps (t);
- V0: volume de liquide initial à t0;
- GP0: volume de gaz moyen des 3 témoins; et - P: prise
réelle de l'échantillon en mg de MS.
La digestibilité de la matière organique (%DMO)
peut être calculée à partir de la production de gaz (GP) et
la teneur en matière azotées totales (MAT, g/ kg de MS) et les
cendres totaaux (CT, g/kg de MS):
% DMO = 14,88 + 0,889 GP + 0,045 MAT + 0,065 CT
La teneur en énergie métabolisable peut
être alors calculée à partir de la production de gaz (GP)
et les teneurs en matières azotées totales (MAT, g/kg de MS) et
en matières grasses (MG, g/kg de MS) :
EM = 1,242 + 0,146 GP + 0,007 MAT + 0,0224 MG
- Cellulose brute
Dans les analyses courantes des aliments destinés
à nourrir le bétail, le dosage de la cellulose brute est d'un
grand intérêt. La cellulose est quantitativement le polysaccharide
le plus abondant de la paroi cellulaire des végétaux. La
cellulose selon Weende ne comprend pas seulement la cellulose mais aussi
quelques impuretés d'où son appellation cellulose brute. La
méthode de Weende solubilise en effet 30 à 100% de la cellulose,
de 14 à 20% de pentosanes et de 16 à 50% de la lignine selon le
matériel végétal analysé. Selon cette
méthode, l'échantillon a subi deux attaques consécutives,
la première par un acide minéral et la seconde par une base, tous
deux dilués.On a pesé 1g de poudre sèche d'ensilage dans
un creuset en porcelaine puis on l'a placé sur l'appareil de Weende.
Puis on a versé 150ml d'acide sulfurique concentré
préchauffé. On a ajouté 2 à 3 gouttes d'anti-mousse
dans chaque colonne. Le chauffage a été arrêté
après 30mn d'ébullition. On a rincé rapidement chaque
creuset avec de l'eau distillée très chaude et avec un peu de
solution basique (KOH). On a réalisé ensuite la deuxième
attaque basique en versant 150ml de solution préchauffée de KOH.
On a laissé une deuxième fois le liquide passer sur un nouveau
filtre ambiant. On a rincé aussi 5 fois avec de l'eau distillée
chaude et quelque fois à l'acétone jusqu'à
l'élimination des matières grasses. Les creusets ont
été mis à l'étuve à 150°C pendant 3
heures. Après refroidissement, on a réalisé les
pesées (P1). Enfin, ces échantillons sont placés dans un
four à 550°C pendant 6 heures pour bruler les matières
cellulosiques. Ils sont ensuite mis dans un dessiccateur avant de faire une
deuxième pesée (P2). La teneur de la cellulose brute (% CB):
% CB = (P1 - P2) x 100
- Matière sèche des ensilages
Le taux de matière sèche des divers ensilages a
été déterminé après avoir mis un
échantillon de 250g de poids frais dans une étuve ventilée
à une température de 80°C pendant 48h. Une fois
desséchés, ces échantillons ont été
pesés avec une balance et broyés en poudre pour les analyses
chimiques ultérieures.
- Teneur en cendres et en matière
organique
La matière sèche végétale est
formée de deux parties une de nature organique et l'autre
minérale. La teneur en cendres totales (CT) est obtenue après
calcination de 3g de poudre d'ensilage de sulla à 550°C. La
durée de calcination effective est de 6 heures. Dans tous les cas, il
faut attendre la calcination complète qui doit produire des cendres
blanches ou grises ne renfermant plus de couleur noirâtre et de
particules charbonneuses.
La différence entre la matière sèche et la
matière minérale correspond à la matière
organique.
% MO = 100 - % CT
- Teneur en acides gras volatils
Les acides organiques sont essentiellement, les acides
acétique, propionique, butyrique, valérique et enfin lactique,
dont la présence ou non reflète le type de fermentation au sein
de l'ensilage. Demarquilly (1979), ne tient compte que de la teneur en acide
acétique, butyrique et lactique des ensilages en négligeant les
autres. Il attribue des points à chacun des trois acides en fonction de
la hiérarchie qu'ils occupent dans le test de classification. Chaque
acide est exprimé en pourcentage de l'acidité totale.
Préalablement, le pourcentage des acides sur la matière fraiche
est multiplié par les facteurs suivants pour des meq:
- L'acide lactique par ? 11,05
- L'acide butyrique par ? 11,356 - L'acide
acétique par ? 16,678
La somme des meq des trois acides constituent l'acidité
totale. Les AGV ont été analysés selon la methode de
Jouany (1982) en appliquant les étapes suivantes :
- Centrifuger du jus de rumen pendant 10 min à 4000 g.
- Prendre 750 ul de surnageant + 150
ul d'acide métaphosphorique, laisser agir pendant 30
min, puis centrifuger 10 min à 20000 g.
- Reprendre 600 ul de surnageant + 100
ul d'étalon interne (acide
4-méthyl-valérique).
1 ul de chaque échantillon
était ensuite injecté manuellement à l'aide d'une seringue
de 10 ul dans le chromatographe en phase gazeuse
composé par une colonne capillaire en silice fondue a été
utilisée. La température du détecteur à flamme
ionisé était maintenue à 260°C et celle de
l'injecteur à 255°C avec un split ratio de 1:50. Le gaz porteur
était l'hélium avec une pression constante de 24,6 psi. Le volume
d'échantillon injecté était de 0,5 ul. La
température initiale du four était de 70°C, maintenue
pendant 1 min, puis augmentée de 5°C/min jusqu'à 100°C,
maintenue à 100°C pendant 2 min, augmentée de 10°C/min
jusqu'à 175°C, maintenue à 175°C pendant 40 min,
augmentée de 5°C/min jusqu'à 225°C et maintenue
à 225°C pendant 15 min. L'identification et la quantification des
pics ont été faites à l'aide de standards commerciaux.
4.3. Traitement statistique des données
Le traitement des données recueillies a été
réalisé par les logiciels suivants:
· Excel (version 2007) : statistique descriptive et
construction des graphiques,
· Statistica (version 7): Analyse des variances (ANOVA).
Partie 3
Résultats
et
Discussions
1. Enquête sur la pratique de la rotation
culturale dans les zones montagneuses de la Tunisie et typologie des
exploitations
1.1. Etude descriptive et croisement des variables
1.1.1. Données générales sur
l'exploitation
L'enquête rotation culturale spécifique aux zones
montagneuses de la Tunisie a touché un total de 782 exploitations
réparties presque d'une manière égale entre trois
gouvernorats du nord de la dorsale tunisienne Béja, Siliana, et Zaghouan
(Tableau 9)
Tableau 9. Répartition des
exploitations enquêtées par gouvernorat
Gouvernorat Effectif Proportion
Béja 253 32,35%
Siliana 269 34,40%
Zaghouan 260 33,25%
Total 782 100%
A Béja, 4 délégations sur un total de 9
ont été touchées par l'enquête (Figure 21A). Le
nombre d'enquêtés a été plus important au niveau de
la délégation de Medjez El bab (104), suivi de Testour (65), puis
de Goubelatt (55) et enfin de Teboursouk (29).
A Siliana, 8 délégations ont été
enquêtées sur les 11 que compte le gouvernorat (Figure 21B). La
délégation de Siliana a absorbé un total de 58
enquêtes, puis Bou Arada et Kesra (45 chacune), et enfin d'autres (15
à 30).
Quant au gouvernorat de Zaghouan, 4 délégations
ont fait l'objet de plusieurs enquêtes sur les 6 (Figure 21C). Le nombre
d'enquêtés a été plus important à El Fahs
(117), suivi de Bir M'chergua (99), Zaghouan (29) et enfin Zriba (15).
A
C
B
5,95%
11,46%
11,15%
21,74%
25,69% GOUBELATT
5,77%
11,15%
21,56%
45%
11,15% 11,15%
16,73%
5,58%
16,73%
41,11%
38,08%
BIR M'CHERGUA EL FAHS
ZAGHOUAN ZRIBA
MEDJEZ EL BAB TEBOURSOUK
TESTOUR
BOUARADA GAAFOUR KESRA LAAROUSSA MAKTHER ROUHIA
SIDI BOUROUIS SILIANA
Figure 21. Répartition des enquêtes
par gouvernorat et délégation. A: Béja, B: Siliana et C:
Zaghouan.
1.1.2. Etude du Profil des personnes
enquêtées
- Répartition des enquêtés par
sexe
La répartition selon le sexe des enquêtés
(Tableau 10) montre que le rapport de sexe est en faveur du sexe masculin
(0,97).
Tableau 10. Répartition des
enquêtés par sexe
Sexe Nombre Pourcentage
Masculin 762 97%
Féminin 20 3%
Total 782 100%
La prédominance de l'homme se présente souvent
comme chef d'exploiatation agricole où il est le principal responsable
dans 91% des cas (Mbetid-Bessane et al., 2002), alors que la femme est
mise à contribution. Dans ces ménages agricoles, elle joue un
rôle majeur dans la satisfaction des besoins alimentaires et
monétaires, en dégageant un revenu des activités
extra-agricoles.
Cependant, l'appât du gain facile tend à
mobiliser beaucoup d'hommes tentés à délaisser les travaux
agricoles au profit d'autres activités en particulier industrielles
autour des grandes villes. En conséquence, les travaux de l'exploiation
agricole, sont ainsi confiés aux femmes (Anonyme, 2002). Donc le faible
taux de femmes chefs d'exploitation masque en réalité un taux
élevé de participation féminine dans les travaux
agricoles.
- Répartition des enquêtés par
groupes d'âge
Dans 75 % des cas, les exploitants agricoles sont
âgés de plus de 40 ans. Les agriculteurs âgés de
moins de 40 ans représentent 25 % de l'ensemble (Figure 22).
effectif
250
200
150
100
50
0
400
44,9%
350
300
5,4%
Moins de 25 ans Entre 25 et 40 ans Entre 40 et 60 ans Plus de 60
ans
Tranche d'age
30%
19,8%
Figure 22. Répartition des
enquêtés par groupes d'âges
Les chefs d'exploitations dont l'age variant entre 40 et 60
ans regroupent la plus haute fréquence (44,9%). En joignant la tranche
d'âge suivante de plus de 60 ans, la fréqence grimpe
jusqu'à 74,9% soit les 3/4 des exploitants enquêtés.
L'héritage de l'activité agricole de père en fils comme
cité par Morou et Rippstein, (2004) explique cette répartition
par tranche d'âges. Le test khi-deux de Pearson pour la variable
âge est significatif (51,764a), au seuil de 5%, on trouve que
les agriculteurs sont plus âgés (âge supèrieur
à 40 ans) à Siliana (88,8%) puis à Beja (75,1%) et enfin
à Zaghouan (61,9%).
- Répartition des personnes enquêtées
selon l'état Civil
La mojorité soit 90% des exploitants enquêtés
est mariée (Figure 23).
8,70%
90,66%
0,64%
Marié (e) Célibataire Autres
Figure 23. Pourcentage de répartition
des personnes enquêtées selon l'état Civil
L'étude du croisement de la variable état civil
par région a montré que le test Khi-deux de Pearson est
significatif au seuil de 5% (35,691a). Le taux des agriculteurs
mariés varient respectivement de 95,9%, 94,1% et 81,9% à Siliana,
puis à Beja et enfin à Zaghouan.
- Répartition selon le niveau d'Instruction des
personnes enquêtées
Plus de 38% des enquêtés sont classés
comme analphabètes. Le reste avait suivi une formation scolaire entre le
primaire, le secondaire, et le supérieur (Tableau 11). La formation
professionnelle agricole est faiblement représentée (moins de
2%). La différence inter niveaux d'instruction est statistiquement
significative (p < 1%).
Tableau 11. Répartition selon le niveau
d'Instruction des personnes enquêtées
Niveau d'instruction Nombre Pourcentage
Néant 220 38,11%
Primaire 295 35,68%
Secondaire 197 19,31%
Formation professionnelle agricole 17 1,79%
Supérieure 53 5,12%
Total 782 100%
Le cumul des taux des responsables des exploitations selon
leur niveau d'instruction montre que 74% des cas avaient suivi au maximum un
enseignement primaire et dont l'age moyen varie entre 40 plus de 60 ans.
L'analyse de la situation selon le niveau d'instruction des
exploitants fait apparaître que le gouvernorat de Zaghouan absorbe le
taux le plus élevé d'agriculteurs les moins instruits (53,1%)
suivi de Siliana (36,8%) et enfin Béja (24,1%).
- Ancienneté dans l'activité
agricole
La majorité des agriculteurs soit 89% pratiquent
l'agriculture depuis plus de 10 ans (Tableau 12). L'activité agricole
est une activité souvent héritée de père en fils
(Morou et Rippstein, 2004).
Tableau 12. Répartition des
enquêtées selon l'ancienneté l'activité agricole
Ancienneté culturale Nombre %
Moins de 5 ans 23 2,94%
Entre 5 et 10 ans 62 7,93%
Plus de 10 ans 697 89,13%
Total 782 100,0%
Pour le reste, leur intervention apparaît suite à
la cessation d'activité de parents retraités pour des raisons
d'age avancé (Gibon, 1998). Les jeunes exploitants diplômés
commencent à découvrir l'agriculture après une formation
professionnelle sans expérience ultérieure dans le domaine. Les
exploitants pratiquant l'agriculture depuis 10 ans et plus sont plus nombreux
à Siliana (93,7%), puis à Zaghouan (91,2%) et enfin à Beja
(82,2%).
1.1.3. Exploitation
- Caractéristiques de l'exploitation
L'exploitation agricole se manifeste par des titres de
propriétés, locations, associations ou autres formes
combinées. La majorité des exploitants agricoles (74,55%) sont
des propriétaires terriens. Mais, 14,07% des exploitants sont en
même temps des propriétaires et locataires (Figure 24).
700
583
600
500
effectif
400
300
200
110
89
100
0
Propriétaire Locataire Autre Cas
Titre de l'exploitation
Figure 24. Répartition des
enquêtées selon le Statut de l'exploitant agricole
Les terres louées représentent 11% du total. En
Algérie, Benniou et Brenis (2006) ont montré que des
régions bioclimatiques similaires, le taux de locataires est de 46%.
Cepandant, Morou et Rippstein (2004) expliquent la location des terres par le
phénomène de la course vers « les terres neuves » donc
les plus fertiles.
Le test khi-deux de Pearson (51,331a) est
significatif au seuil de 5%, et montre que les agriculteurs sont plutôt
propriétaires de leur exploitation beaucoup plus à Siliana
(88,5%), puis à Zaghouan (73,1%) et enfin à Beja (61,3%). Ce
classement peut être attribué à la différence de
fertilité des terres dans ces zones, qui encourage les agriculteurs
locataires de terrains.
- Environnement Résidentiel de l'exploitant
agricole
La majorité (58,44%) des agriculteurs résident
sur les lieux de l'exploitation (Tableau 13). Le croisement de la variable lieu
de résidence de l'exploitant agricole par région a montré
que le test est significatif au seuil de 5%. Ainsi, la résidence
in-situ dans la ferme est plus représentée à
Siliana suivie de Beja et enfin Zaghouan.
Tableau 13. Lieu de résidence de
l'exploitant agricole
Résidence Effectifs Pourcentage
Dans l'exploitation 457 58,44%
Ailleurs de l'exploitation 325 41,56%
Total 782 100,0%
Dans 84,5% des cas, le marché le plus proche de
l'exploitation se trouve à moins de 10km (Figure 25). L'analyse, de la
distance séparant les exploitations par rapport aux marchés les
plus proches, a montré que les marchés sont plus proche des
l'exploitations (distance moins de 10 km) à Zaghouan (98,1%), puis
à Beja (82,6%) et enfin à Siliana (73,2%).
400
43,09%
41,43%
350
|
300 250 200 150
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
effectif
|
|
|
|
|
|
14,09
|
|
|
|
|
|
|
|
100 50 0
|
|
|
|
|
|
1,28%
|
|
|
|
|
|
|
|
|
<5 5--10 10--20 >20
distance (km)
Figure 25. Distance entre l'exploitation et le
marché le plus proche
Le croisement de la variable moyen de transport pour acheminer
la production par région a montré que le test de Pearson
(33,471a) est significatif au seuil de 5%. Dans ces conditions, la
route asphaltée ou mixte représente 86,2%, 81,0% et 65,8%
à Beja, puis à Siliana et enfin à Zaghouan.
Généralement l'état de la voie menant au
marché à partir de l'exploitation est le plus souvent une route
asphaltée (43,86%) ou mixte (33,76%).
La commercialisation de la production auprès d'une
clientèle urbaine présente des avantages comme par exemple le
prix de vente des produits qui devient plus intéresant comparé au
milieu rural. En effet, la distance, mais surtout l'état des routes en
saison hivernale, sont des contraintes fortes à la vente
journalière par des paysans éloignés de la ville (Hostiou,
2003). La commercialisation des produits agricoles constitue la maille finale
de la production qui dépend énormément de la
proximité du marché et de l'état des routes y
conduisant.
1.1.4. Activités agricoles
- Type d'activités
92% des agriculteurs enquêtés considèrent que
l'agriculture est une pratique principale (Tableau 14).
Tableau 14. Répartition des
enquêtés selon la place de l'agriculture parmi les
activités de l'agriculteur
Activités Effectifs Pourcentages (%)
Principale 720 92,07
Secondaire 62 7,93
Total 782 100%
La pratique de la pluriactivité (7,93%), est
principalement liée au travail extérieur des agriculteurs. Cette
stratégie associe l'activité agricole avec d'autres sources de
revenu. Selon Gibon (1998), chez les jeunes de moins de 35 ans, la
pluriactivité est inexistante chez les célibataires. Elles
devient systématique dès qu'ils sont mariés, ajoutant
à cela la contribution de leurs enfants qui quittent l'exploitation et
s'engagent dans d'autres professions pour assurer un revenu
supplémentaire à la famille. L'agriculture est la principale
activité de l'exploitant à Zaghouan (96,9%), puis à Beja
(92,1%) et enfin à Siliana (87,4%).
- Surfaces agricoles exploitées
La surface agricole utile (SAU) représente 90% de la
surface agricole totale. Alors que la surface irriguée est de l'ordre de
4,8% par rapport à la surface agricole utile.
Près de 64,6% de la surface agricole utile est
reservée aux céréales, suivies des fourrages (18,4%). La
surface cultivée en légumineuse ne dépasse pas les 5,3%
(Figure 26).
Les exploitations enquêtés sont du type petites
(64,34%) à moyennes (35,66%), présentant une SAU respectivement
moins de 15ha et entre 15 à 30ha (Gibon, 1998).
Figure 26. Répartition des
emblavures moyennes par exploitant des trois gouvernorats. SAT
: Surface agricole totale ; SAU : Surface agricle utile
; I : surface irriguée ; C : céréaliculture ; F
: Cultures fourragères ; CI : Cultures industrielles ;
L : Cultures légumineuses ; CM : Cultures
maraichères et AF : Arboriculture fruitière.
La SAU moyenne est de l'ordre de 22,9 ha/exploitant avec
une prédominance des cultures céréalières (14,8
ha/exploitant). Alors que, les fourrages sont de l'ordre de
4,2 revenu
ha/exploitant. Ce déséquilibre entre les
diverses spéculations est principalement dû au
fixe qu'assure la vente des céréales
chaque année. Selon Mignolet (2008), les surfaces en blé en
France ont progressé de 50% en trente ans, alors que les prairies
permanentes ont fortement régressé (- 25%). Dans
le sud du bassin arachidier sénégala
is, la culture mécanisée a
entraîné l'extension des superficies cultivées aboutissant
à l'exploitation des terres marginales. Ainsi, avec la saturation de
l'espace, la terre devient un facteur limitant. Elle se
transmet de père en fils. Ceci traduit l'inégale
répartition de la terre entre les exploitations (Morou
et Rippstein, 2004).
Le croisement de la variable SAU par région a
montré que le test de Khi-deux de Pearson (58,269a) est
significatif au seuil de 5%, et on trouve la SAU dépasse les 10 hectares
(en moyenne) beaucoup plus à Beja (91,7%), puis à Zaghouan
(76,5%) et enfin à Siliana (63,6%).
La surface moyenne réservée à la
céréaliculture, dépasse les 10 hectares beaucoup plus
à Beja (88,1%), puis à Siliana (77,0%) et enfin à Zaghouan
(38,5%).
- Topographie
La majorité des exploitations (34,27%) se trouvent en
pente et 35,42% d'entre elles sont situées dans les plaines (Tableau
15).
Tableau 15. Statistiques sur la topographie
des surfaces exploitées
Relief Effectif %
Pente 268 34,27
Plaine 277 35,42
Association 1 + 2 11 1,41
Bas fonds 226 28,90
Total 767 100%
Les exploitations présentant des terres accidentées
se trouve beaucoup plus à Zaghouan (87,7%), puis à Siliana
(65,1%) et enfin à Beja (60,5%).
- Nature du sol exploité
La texture des sols des exploitations enquêtées
est fine (argileuse) dans 30,56% des cas. Cependant, 31,07% des sols se
trouvent classés comme sableux (Figure 27). Les sols calcaires ne sont
pas négligeables vu qu'ils représentent 26,73% de l'ensemble.
11,64%
26,73% 30,56% Argileux
Sableux Association 1 + 2
Calcaire
31,07%
Figure 27. Nature du sol des surfaces
exploitées
Les caractéristiques topologiques et topographiques des
parcelles de l'exploitation, comme l'éloignement, l'orientation ou la
pente (Andrieu et al., 2004), ainsi que des types de
végétation qui déterminent la valeur d'usage (Cruz et
al., 2002) des cultures sont des
composantes fondamentales déterminant l'allocation des
parcelles, en distinguant les cas oüune même parcelle est
affectée ou non à plusieurs usages (Coléno et Duru,
2005).
L'analyse des déclarations des exploitants sur la
nature du sol exploité par région a montré que le test
Khi-deux de Pearson (60,252a) est significatif au seuil de 5%, et on
trouve beaucoup plus des sols du type calcaire à Siliana (37,9%), puis
à Beja (32,4%) et enfin à Zaghouan (9,6%).
- Elevage d'animaux
L'activité élevage est présente dans 75,83%
des cas (Tableau 16). Les bovins sont les moins représentés
(26,98%).
Tableau 16. Les espèces animales
élevées dans les exploitations
Elevage Nombre %
Bovins 160 26,98
Ovins 209 35,24
Bovins + Ovins 9 1,52
Autres 215 36,26
Total 593 100,00%
La grande représentativité de l'élevage
est expliquée par la spécificité bioclimatique et
édaphique des régions enquêtées connues depuis
longtemps par leur adaptation à cette spéculation agricole.
Les agriculteurs ajoutent à l'agriculture,
l'élevage d'animaux, dans 82,3%, 79,2% et 65,6% des cas, respectivement
à Zaghouan, puis à Siliana et enfin à Beja.
1.1.5. Rotation culturale
- Connaissance et pratique de la rotation
culturale
A la question avez-vous une idée sur la pratique de la
rotation culturale, la majorité (693/782) des enquêtés a
répondu oui (plus de 88%). La connaissance de la rotation est
plutôt récente, moins de 20 ans dans 50% des cas (Tableau 17).
Tableau 17. Ancienneté de la
connaissance de la rotation culturale
Années Nombre %
<10 ans 161 23,23
10-15 ans 73 10,53
15-20 ans 107 15,44
>20 ans 352 50,79
Total 693 100,00
Souvent, il s'agit d'une classification arbitraire des
réponses évasives du genre: depuis toujours, depuis mes
ancêtres.
Les agriculteurs déclarent connaitre la rotation
beaucoup plus à Zaghouan (99,6%), puis à Beja (92,9%) et enfin
à Siliana (74,0%). Cependant, l'analyse de l'ancienneté de la
connaissance de la rotation montre beaucoup plus d'agriculteurs
récemment informés à Zaghouan (55,4%), puis à
Siliana (39,0%) et enfin à Beja (36,8%).
Les médias représentent souvent la principale
source d'information (dans plus de 54% de cas) relative à la pratique de
la rotation culturale. Le reste est partagé entre les études et
le recyclage (20%), les proches (1%), le voisinage (0,4%) et le conseiller
agricole ou le professionnel agronome (23%) (Figure 28).
400
54,11
Médias Ascendants /
Parents
Conseillers Agricoles et autres / Agronomes
Etudes / Recyclage
Voisinage
350
300
250
23,38% 20,78%
200
150
100
1,3% 0,43%
50
0
Figure 28. Principales sources d'information
relative à la connaissance de la rotation culturale
L'analyse de la variable source d'information sur la rotation
par le conseiller agricole a montré que le test khi-deux de Pearson
(64,944a) est significatif au seuil de 5%, et on trouve des
agriculteurs informés par les conseillers, dans 95,0%, 92,9% et 73,6%
respectivement à Zaghouan, Beja et Siliana.
- Nature de la rotation des cultures :
Sur 782 agriculteurs ayant des connaissances à propos
de la rotation culturale, la grande majorité (93,36%) prétendent
connaître aussi les biens faits de la rotation la plus appropriée
à leurs parcelles.
Les agriculteurs qui pratiquent la rotation (84,1% du total) sont
beaucoup plus représentés à Zaghouan (98,5%), puis
à Beja (83,8%) et enfin à Siliana (70,6%).
Selon l'enquête, 53,25% des agricultures pensent que
l'alternance avec les céréales devrait être du type
biennal, 36,08% d'entre eux proposent le triennal. Cependant, le quadriennal
est très peu recommandé (10% des agriculteurs). Cependant, chez
les 658 exploitants pratiquant la rotation, l'assolement biennal est
observé dans 45,14% des cas; le triennal avec 45,29%; et enfin le
quadriennal dans 9,57% des exploitants. (Tableau 18).
Tableau 18. Type de rotations dans la
région
|
Rotation la plus appropriée selon
l'agriculteur
|
Rotation pratiquée
par l'agriculteur
|
Type de rotation culturale
|
Effectif
|
%
|
Effectif
|
%
|
Biennale
|
369
|
53,25%
|
297
|
45,14%
|
Triennale
|
250
|
36,08%
|
298
|
45,29%
|
Quadriennale
|
74
|
10,68%
|
63
|
9,57%
|
Total
|
693
|
100,00%
|
658
|
100%
|
L'objectif principal déclaré par les
agriculteurs pratiquant la rotation culturale se résume principalement
en l'amélioration des rendements suivie de la prévention contre
les maladies (Tableau 19).
Tableau 19. Les motifs de la rotation
pratiquée
Item Nombre Pourcentage
Le rendement 334 50,76
La garantie de vente des récoltes 16 2,43
Le rendement et la garantie de vente des récoltes 5
0,76
La prévention contre les maladies 303 46,05
Total 658 100,00
Les résultats obtenus montrent que 39,52% des
agriculteurs pensent que la non pratique de la rotation culturale est
justifiée en premier lieu par l'ignorance de son rôle dans les
systèmes de culture. Alors que dans 11,29% des cas le prix des produits
à base de fabacées particulièrement à graines
rencontré sur le marché n'est pas compétitif et non
encourageant pour la promotion de la rotation (Figure 29).
47,58%
1,61%
11,29%
39,52%
Autres
Problème d'écoulement des autres cultures
Ignore ses bienfaits
Locataire, non concerné par la rotation
Figure 29. Raisons invoquées de non
pratique de la rotation culturale
Dans la majorité des cas (47,58%), les agriculteurs
font appel à une combinaison de contraintes qui fait une barrière
à la pratique des rotations culturales. Sur un total de 782
exploitations agricoles, 700 exploitants (89,51%) expriment leur
disponibilité et souhait pour la pratique de la rotation.
Ils attribuent la raison à l'insuffisance des visites
des conseillers agricoles dans 73,15% des cas. Ces agriculteurs attendent des
conseillers agricoles les services suivants (Tableau 20):
Tableau 20. Services attendus du conseiller
agricole
Réponses Effectif %
Encadrement technique 178 22,76
Introduction de nouvelles techniques 155
19,82
Encadrement technique et introduction de nouvelles
techniques 51 6,52
Apport de semences, produits sanitaires et engrais
chimiques 398 50,90
Total 782 100,00
Mais, 79,54% des exploitants enquêtés prennent
l'initiative propre de visiter sur place le conseiller agricole.
Toujours selon l'enquête, le meilleur moyen d'avoir la
ou les informations nécessaires se trouve auprès des
médias; cette opinion a été trouvée dans 72,51% des
agriculteurs. Le contact direct sur le terrain vient en deuxième place
avec 18,29% des cas (Tableau 21).
Tableau 21. Méthodes
évoquées pour avoir l'information à propos de la rotation
culturale
Méthodes Effectif Pourcentage
Contact direct
|
143
|
18,29%
|
Journées d'info
|
18
|
2,30%
|
Journées de formation
|
54
|
6,91%
|
Médias
|
567
|
72,51%
|
Total
|
782
|
100,00%
|
1.2. Analyse croisée des variables
regroupés
Le regroupement des variables analysées en groupes
spécifiques ayant des affinités communes permet de simplifier la
grande masse de données relatives et de présenter une typologie
propre à chaque groupe d'agriculteurs comme suit:
- Groupe 1 (G1) : ensemble de quatre
variables qui dessinent le profil de l'exploitant agricole à savoir
l'âge, l'état civil, le niveau d'instruction et enfin
l'ancienneté agricole.
- Groupe 2 (G2) : rassemble cinq variables
qui rendent compte de l'environnement immédiat de l'exploitation et de
sa place par rapport à l'exploitant. Il s'agit de la place de
l'activité agricole, l'état de la route acheminant la production
agricole vers le marché, la distance séparant l'exploitation du
marché le plus proche, le statut de l'exploitant agricole et sa
résidence.
- Groupe 3 (G3): englobe de même cinq
variables qui nous renseignent sur le type d'exploitation impliquée
comme sa surface utile, sa surface céréale, sa topographie, la
nature de son sol et pratique ou non de l'élevage.
- Groupe 4 (G4): composé de huit
variables se rapportant aux natures d'informations liées à la
rotation culturale et sa pratique dans les systèmes de culture.
L'étude bi-variée réalisée a
permis de tester les relations statistiques entre les différents groupes
de variables selon la région entant que variable principale et source
possible de variation.
1.2.1. Croisement du groupe 1 (profil de l'exploitant
agricole) par région
Le profil favorable à la variable cible (rotation) se
trouve représenté par un agriculteur pratiquant le métier
d'agriculteur depuis plus de 10 ans, marié, âgé de plus de
40 ans et d'un niveau d'instruction du primaire ou plus. Ce profil
analysé par région est plus fréquent à Siliana
(50,6%), puis à Beja (44,3%) et enfin à Zaghouan (21,9%) (Figure
30). Si on calcule le taux de couverture (Morou et Rippstein, 2004)
représenté par le rapport de l'effectif du profil favorable
disponible à la pratique de la rotation par rapport au besoin de la
région.
Ce taux est égal à 79,43%; 102,25% et 28,07%
respectivement pour la région de Béja, Siliana et Zaghouan.
Cependant ce taux est de l'ordre de 63,94% pour les l'ensemble des trois
régions. L'analyse de ces taux montre qu'il existe un fort
déséquilibre inter-régions, la région de Zaghouan
semble être la région la plus affecté par les besoins de
développement en faveur l'amélioration du profil de l'agriculteur
pratiquant la rotation. Par contre la région de Siliana présente
un équilibre entre le disponible et le besoin.
Figure 30. Croisement du groupe 1 (profil de
l'exploitant agricole) par région
1.2.2. Croisement du groupe 2 (Environnement de
l'exploitant agricole) par région
L'environnement favorable à la variable cible
(rotation) est représenté par un agriculteur propriétaire
résidant sur les lieux de son exploitation et dont l'activité
principale est agricole, se trouvant à moins de 10km du marché
hebdomadaire, et parcourant
asphaltée ou semi asphaltée. L'analyse par
région a montré que l'environnement favorable est plus
fréquent à Siliana (40,1%), puis à Beja (26,5%) et enfin
à Zaghouan (21,9%) (Figure
Le taux de couverture générale pour les trois
régions est
comparaison des taux régionaux par rapport au taux des
trois régions
important pour la région de Zaghouan (28,07%), suivi par
Béja (36,02%)
avec un taux de couverture de 67,08%. Cette analyse montre qu'il
faut renforcer les projets de développement concernant l'environnement
de l'e
régions de Zaghouan et de Béja.
Figure 31. Croisement du groupe 2 (Environnement de
l'exploitant agricole) par région
1. 2.3. Croisement du groupe 3 (Profil de
l'exploitation agricole) par région
Le
modèle d'exploitation mixte à
élevage (bovins, ovins ou les deux), ayant une u
topographie en plaine ou en pente avec un sol dtype
argileux ou sableux, une surface utile
l analysé
de plus de 10 ha représente le profil favorable
à la pratique de la rotation. Ce profi
par région est plus fréquent à Beja
(25,7%), puis à Siliana (16,4%) et enfin à Zaghouan
(15,4%) (Figure 32
). Le taux de couverture des trois régions est
très faible et égale à 23,53%.
Répartie comme suit à Béja 34,57%, à
Siliana 17,25% et à Zaghouan 18,18%. Ces faibles taux
montrent
bien le modèle de l'exploitation agricole doit
être pris en charge dans toute étude de
développement régionale surtout pour les zones Siliana et de
Zaghouan.
250
Profil favorable à la rotation
200
150
Effectif
100
50
0
Figure 32. Croisement du groupe 3 (Profil de
l'ex
1.2.4. Croisement du groupe 4 (la rotation culturale
et sa pratique dans les systèmes de culture) par région
L'agriculteur pratiquant la rotation culturale dans les
systèmes de culture, et dont sa source d'information agricole est
plutôt le conseiller agricole, la formation agricole et/ou les
médias représente le profil favorable à la pratique de la
rotation. Le
exploitants présentant les caractéristiques
favorables de pratique et de connaissance de la rotation sont semblables dans
les trois régions avec un taux variant entre 34 à 36,4% pour
Béja et Siliana (Figure 33). De même, le taux
et 54,76% respectivement pour Béja, Siliana et
Zaghouan.
1.3. Segmentation
La technique de segmentation a été
utilisée pour la classification des résultats. Cette
dernière permet de visualiser la jonction des variables d'une
manière hiérarchique. L'ensemble est configuré en arbre
selon les branchements possible des paramètres inclus dans le
modèle par rapport à la variable cible. Les groupes de variables
ont été hiérarchisés en arbre de segmentation. Deux
segmentations ont été testées : la première avec la
région comme variable cible et la seconde avec la connaissance et
pratique de la rotation comme variable cible
1.3.1. Segmentation selon un modèle simple
La variation inter régions est expliquée par le
profil de l'exploitant agricole (G1), les conditions environnementales (G2), le
profil de l'exploitation (G3) et la connaissance et pratique de la rotation
(G4) (Figure 34).
Figure 34. Segmentation selon le modèle
simple
Le classement des groupes de variables explicatives de la
variation régionale est successivement le profil de l'exploitant (G1),
l'environnement (G2) et la rotation (G3) pour les trois régions.
- en première étape, l'ensemble des agriculteurs
a été divisé en deux classes caractérisant le
profil de l'exploitant favorable (=profil) et non favorable
(> profil) à la rotation;
- en deuxième étape, les deux classes
précédentes se bifurquent en quatre sous-classes. Les deux
premières selon l'environnement de l'exploitation favorable
(=environ) ou non (>environ) à la rotation; et les
deux autres sous-classes selon la connaissance et la pratique de la rotation
favorable (=connais) et non favorable (>connais) à
la rotation; et
- Enfin, la sous-classe des exploitants ayant un profil et un
environnement favorables à la rotation est subdivisée en deux
sous-classes de connaissance et de pratique de rotation favorable et non
favorable.
Ce modèle explique la variation régionale à
46,7%.
1.3.2. Segmentation selon un modèle de
croissance
La rotation (G4) sera déterminée par le profil de
l'exploitant agricole (G1), les conditions environnementales (G2), le profil de
l'exploitation (G3) et la région (Figure 35).
Figure 35. Segmentation selon le modèle
croissance
Le classement des groupes de variables explicatives de la
rotation (G4) est successivement le profil de l'exploitation (G3), le profil de
l'exploitant (G1) et la région. En conséquence, l'ensemble des
exploitants est classé:
- premièrement, en deux profils de l'exploitation
favorable (=exploit) et non favorable (> exploit) à
la rotation;
- deuxièment, la sous-classe du profil de
l'exploitation favorable à la rotation est de même
subdivisée en deux sous autres classes selon le profil de l'exploitant
favorable (=profil) et non favorable (> profil) à la
rotation; et
- enfin, la sous-classe des exploitants ayant un profil de
l'exploitant et de l'exploitation favorables à la rotation est
subdivisée en deux sous-classes selon de la région.
Ce modèle explique dans ce cas une variation plus
intéressante de l'ordre de 65,3%.
La comparaison des deux modèles de segmentation conduit
à opter pour la classification des agriculteurs enquêtés
selon la variable cible qui est la rotation (G4), et ce dans la suite du
présent travail de recherche.
1.4. Analyse factorielle de correspondances multiples
(AFCM)
L'analyse factorielle des correspondances multiples
nécessite une organisation des variables afin de pouvoir expliquer au
mieux la variable cible qui est la rotation dans les trois régions
étudiés.
- La région avec 3 modalités, elle
est libellée V1.
- Le profil de l'exploitant ou G1 avec deux
modalités. Cette variable est libellée V2. -
L'environnement ou G2 avec deux modalités. Cette variable est
libellée V3.
- Le profil de l'exploitation ou G3 avec deux
modalités. Cette variable est libellée V4.
- La connaissance et la pratique de la rotation
(G4) avec deux modalités. Cette variable est
divisée en deux parties dans le modèle:
- V5: variable qui rend compte de la valeur modale « p
» avec un recodage des fréquences observées. Les valeurs
nulles sont codées « 0 », les valeurs entre 1 et 30 sont
codées « 1 », les valeurs entre 30 et 60 sont codées
« 2 » et les valeurs au-delà de 60 sont codées « 3
».
- V6: variable qui rend compte de la valeur modale « m
» avec un recodage des fréquences observées. Les valeurs
entre 1 et 30 sont codées « 1 », les valeurs entre 30 et 60
sont codées « 2 » et les valeurs au-delà de 60 sont
codées « 3 ».
La nouvelle organisation des 4 groupes de variables G1, G2,
G3, et G4 de l'enquête correspondant à un total de 782
modalités (agriculteurs), permet de réaliser une typologie issue
de l'analyse factorielle des correspondances multiples (AFCM). Les groupes des
variables sont retenus car elles reflètent les aspects
socio-agronomiques des systèmes d'exploitation étudiés par
plusieurs auteurs comme Pelissier (1966); Buldgen et al., (1994);
Lericollais, (1980); et Diouf, (1990). Une table de contingence complète
à été établie, en reproduisant les résultats
de cette organisation des données (Tableau 22).
Tableau 22. Table de contingence
complète des agriculteurs selon les groupes de variables G1, G2, et G,
avec G4 comme ensemble de variables cible
Région
|
Profil
|
Environ
|
Exploit
|
Connaissance et Pratique de la Rotation
(G4)
|
|
(G1)
|
(G2)
|
(G3)
|
p
|
m
|
Total
|
Beja
|
G1 p
|
G2 p
|
G3 p
|
2
|
11
|
13
|
|
|
|
G3 m
|
4
|
14
|
18
|
|
|
G2 m
|
G3 p
|
4
|
11
|
15
|
|
|
|
G3 m
|
23
|
43
|
66
|
|
G1 m
|
G2 p
|
G3 p
|
5
|
5
|
10
|
|
|
|
G3 m
|
16
|
10
|
26
|
|
|
G2 m
|
G3 p
|
5
|
22
|
27
|
|
|
|
G3 m
|
27
|
51
|
78
|
S/Total 1
|
|
|
|
86
|
167
|
253
|
Siliana
|
G1 p
|
G2 p
|
G3 p
|
6
|
9
|
15
|
|
|
|
G3 m
|
16
|
22
|
38
|
|
|
G2 m
|
G3 p
|
8
|
4
|
12
|
|
|
|
G3 m
|
27
|
44
|
71
|
|
G1 m
|
G2 p
|
G3 p
|
4
|
5
|
9
|
|
|
|
G3 m
|
16
|
30
|
46
|
|
|
G2m
|
G3 p
|
1
|
7
|
8
|
|
|
|
G3 m
|
20
|
50
|
70
|
S/Total 1
|
|
|
|
98
|
171
|
269
|
Zaghouan
|
G1 p
|
G2 p
|
G3 p
|
0
|
10
|
10
|
|
|
|
G3 m
|
0
|
18
|
18
|
|
|
G2 m
|
G3 p
|
0
|
6
|
6
|
|
|
|
G3 m
|
0
|
23
|
23
|
|
G1 m
|
G2 p
|
G3 p
|
0
|
14
|
14
|
|
|
|
G3 m
|
2
|
13
|
15
|
|
|
G2 m
|
G3 p
|
0
|
10
|
10
|
|
|
|
G3 m
|
90
|
74
|
164
|
S/Total 1
|
|
|
|
92
|
168
|
260
|
Total
|
|
|
|
276
|
506
|
782
|
p: puissant; m : moindre
Le tableau 22 met évidence huit groupes par gouvernorat
selon les variables puissantes et moindres.
Pour mieux caractériser les groupes définis, une
classification des individus a été réalisée selon
leur proximité du centre d'inertie des différents
agrégats. Les caractéristiques des individus appartenant au
même groupe sont celles englobées par l'agrégat sur le plan
qui rassemblait le maximum d'informations.
A partir de la table de contingence, trois tableaux de
fréquences ont été élaborés : celui des
fréquences totales, des fréquences lignes et des
fréquences colonnes. Les valeurs du tableau des fréquences lignes
correspondent aux probabilités conditionnelles sachant la connaissance
et la pratique de la rotation. Par exemple, la probabilité pour qu'un
exploitant réponde très favorablement pour la connaissance et la
pratique de la rotation est la suivante: 2,8% à Béja; 5,6%
à Siliana et 8,3% à Zaghouan.
Il y a une indépendance parfaite entre les variables si
tous les profils lignes sont identiques (de même pour les profils
colonnes). L'hypothèse nulle est que toutes les lignes du tableau des
fréquences soient égales. Ainsi, la probabilité de
connaître et de pratiquer la rotation est la même pour toutes les
régions.
L'inertie du nuage de points ainsi formé est égale
à ÷2/n où ÷2 est égale
à la statistique du test de khi2 d'indépendance (Tableau 23).
Tableau 23. Tableau des inerties selon les
axes
axes
|
Valeurs des axes
|
Inertie
|
Pourcentage
|
Pourcentage cumulé
|
÷2
|
1
|
0,686530
|
0,471324
|
28,27944
|
28,2794
|
227,1251
|
2
|
0,548116
|
0,300431
|
18,02588
|
46,3053
|
144,7741
|
3
|
0,486592
|
0,236772
|
14,20631
|
60,5116
|
114,0974
|
4
|
0,418583
|
0,175212
|
10,51271
|
71,0243
|
84,4324
|
5
|
0,408248
|
0,166667
|
10,00000
|
81,0243
|
80,3146
|
6
|
0,398484
|
0,158789
|
9,52737
|
90,5517
|
76,5186
|
7
|
0,324949
|
0,105592
|
6,33553
|
96,8872
|
50,8835
|
8
|
0,184443
|
0,034019
|
2,04116
|
98,9284
|
16,3935
|
9
|
0,133642
|
0,017860
|
1,07160
|
100,0000
|
8,6065
|
10
|
0,000000
|
0,000000
|
0,00000
|
100,0000
|
0,0000
|
|
3,58959
|
1,66667
|
100,00000
|
|
803,14556
|
Les deux premiers axes absorbent 46,3% de l'inertie totale, En
conséquence, les deux axes 1, et 2 peuvent refléter à eux
seuls, la typologie recherchée (Figure 36).
Axe 2
Axe 1
Figure 36. Projection plane des groupes de
variables étudiés par la méthode AFCM
La proximité de deux points indiqués sur la
projection plane signifie que les modalités correspondantes ont des
profils qui se ressemblent ou encore que les barycentres des individus ayant
choisis ces modalités sont proches (Tableau 24).
Tableau 24. Proximité des points sur la
projection
Modalités à forte contribution sur l'axe 1
avec une coordonnée négative
Modalités à forte contribution sur l'axe 1
avec une coordonnée positive
V1: cette variable région a deux modalités
Béja et Siliana dont le pourcentage global est de l'ordre de 15%.
V5: représente la connaissance et pratique de la
rotation (réponses positives) avec ses trois modalités (1, 2 et
3) dont le pourcentage global est de l'ordre de 23,8%.
V1: la variable région avec une modalité
Zaghouan dont le pourcentage global est de l'ordre de 5%.
V6: la variable Connaissance et pratique de la rotation
(réponses négatives) avec une modalité (3) dont le
pourcentage global est de l'ordre de 6,3%.
Trois sous ensembles ont été mis en évidence
(Tableau 25):
Tableau 25. Les sous ensembles des
régions
S/Ensemble 1 S/Ensemble 2 S/Ensemble 3
Var1: Beja Var1: Zaghouan Var1: Siliana
Var5: 1 Var5: 0 Var5: 2
Var6: 3 Var6: 1
- S/Ensemble 1: représente la
région de Béja caractérisée par une connaissance de
la rotation de niveau 1 (faible) et paradoxalement d'une méconnaissance
de la rotation de niveau 3 (assez élevée). Ce groupe est
logé axialement coté axe 1 (négativement) et coté
axe 2 (positivement) et spatialement assez éloigné du centre.
- S/Ensemble 2: spécifique à la
région de Zaghouan ayant une connaissance de la rotation de niveau 0
(absente) et d'une méconnaissance de la rotation de niveau 1 (faible).
Ce groupe est logé axialement coté axe 1 (positivement) et
coté axe 2 (négativement) et spatialement assez
éloigné du centre.
- S/Ensemble 3: relatif à la
région de Siliana présentant une connaissance de la rotation de
niveau 2 (moyenne). Ce groupe est logé axialement coté axe 1
(négativement) et coté axe 2 (négativement) et
spatialement assez éloigné du centre.
La variable région est dépendante de la variable
connaissance et pratique de la rotation. Cette dépendance est dans
l'ensemble négative. Ce résultat est en apparence paradoxal avec
les réponses des exploitants enquêtés sur les questions
relatives à la rotation. Mais l'analyse multidimensionnelle a permis de
mieux cerner la nature de cette liaison.
1.5. Conclusion
L'enquête de terrain sur la pratique de la rotation
culturale dans les zones montagneuses de la Tunisie et typologie des
exploitations, a montré que les profils des exploitants favorables
à la pratique de la rotations se trouvent chez les agriculteurs
pratiquant le métier d'agriculteur depuis plus de 10 ans, marié,
âgé de plus de 40 ans et d'un niveau d'instruction du primaire ou
plus. Ce profil analysé est plus fréquent à Siliana
(50,6%), puis à Beja (44,3%) et enfin à Zaghouan (21,9%).
Cependant, l'environnement favorable à la rotation est
représenté par un agriculteur propriétaire résidant
sur les lieux de son exploitation et dont l'activité principale est
agricole, se trouvant à moins de 10km du marché hebdomadaire, et
parcourant une route asphaltée ou semi asphaltée
représenté par 40,1% à Siliana, 26,5% à Beja et
21,9% à Zaghouan. Le modèle d'exploitation mixte à
élevage (bovins, ovins ou les deux), ayant une topographie en plaine ou
en pente avec un sol de type argileux ou sableux, une surface utile de plus de
10ha représente le profil favorable à la pratique de la rotation,
se trouvant dans 25,7, 16,4 et 15,4% des cas respectivement à
Béja, Siliana et Zaghouan. L'analyse multidimensionnelle a permis de
mieux cerner la nature des liaisons qui existent entre les différents
paramètres de productions d'une région donnée, pour
montrer que la région est dépendante de la variable connaissance
et pratique de la rotation. Cette dépendance est dans l'ensemble
négative. Ce résultat est en apparence paradoxal avec les
réponses des exploitants enquêtés sur les questions
relatives à la rotation, où on trouve, la région de
Béja caractérisée par une connaissance de la rotation de
type faible, la région de Zaghouan est caractérisée par
une absence de la connaissance de la rotation et la région de Siliana
présentant une moyenne connaissance de la rotation.
2. Système fourrager à base de sulla
2.1. Caractérisation spectrale de la culture du
sulla
2.1.1. Spectres de réflectance de
l'évolution de la culture du sulla
La figure 37 décrit l'évolution du spectre de
réflectance d'une culture de sulla au cours du temps. Au semis, le
spectre observé est celui du sol. Le spectre se présente sous une
forme monotone avec une très légère convexité plate
dans le visible (500-600nm) avec un sommet à 19% de réflectance.
Ce spectre se stabilise à partir de 900nm à une
réflectance de 34%. Lorsque la végétation se
développe, la réflectance du couvert diminue dans le visible
alors qu'elle augmente dans le proche infrarouge.
70
reflectance (%)
60
50
40
30
20
10
0
400 500 600 700 800 900
longueur d'onde (nm)
100
90
80
pleine floraison du Sulla début floraison du sulla
sulla verdure : stade végétatif sol nu : Sulla en
levée
Figure 37. Evolution du spectre de
réflectance d'un couvert de sulla selon les stades biologiques.
On peut noter que l'amplitude des spectres augmente avec
l'avancement des stades de développement de la plante, avec un
léger intervalle dans le visible de 2 à 3% pour s'élargir
jusqu'à 27% dans le proche infrarouge.
On peut dire que la signature spectrale d'un couvert de sulla
varie selon les stades de développement de la plante et probablement
liée aux transformations internes de la structure cellulaire de ses
organes.
Il existe de nombreux facteurs perturbateurs des spectres de
réflectance. Ces facteurs peuvent intervenir et introduire une
variabilité supplémentaire. Il s'agit de:
-
facteurs externes: la dimension de la surface
visée, la hauteur du soleil, la nébulosité,
ée ; et
la vitesse du vent et l'angle zénithal de
vis
-
facteurs propres au couvert: l'orientation des rangs de
culture, les propriétés optiques du sol, et des feuilles et la
structure géométrique du couvert
végétal.
2. 1.2. Spectres de réflectance du sulla et des
cultures témoins
Dans le domaine du
visible de 400 à 700nm, les deux cultures
présentent des faibles pourcentages de réflectance se trouvant
entre 1 et 10 %, cependant la jachère non travaillée
présente un taux de réflectance de l'ordre de 25%.
Figure 38. Spectres de réflectance d'une
culture de sulla, blé dur et d'une jachère non
travaillée.
La figure 38
caractérise les spectres de réflectance
d'une culture de sulla en pleine floraison en comparaison avec une culture de
blé dur au stade épiaison et d'une jachère non
travaillée. Les spectres de blé dur présentent
deux bandes d'absorption dans le bleu et le
-
rouge, avec un maximum de réflectance dans le
jaune vert (550 nm). Alors que le sulla se distingue par un
maximum de réflectance dans l'orange-
rouge à 625 nm, probablement liée
à
e (700 à 950nm),
la couleur rouge distinctive des fleurs. Dans le domaine
du proche infraroug
les différentes cultures présentent de
forts plateaux de réflectance mais qui diffèrent
d'amplitude. Le sulla présente un maximum de 75% de
réflectance, alors que le blé dur
présente une valeur plus faible de 47%.
Cette différence de niveaux des plateaux de
réflectance dans le proche infrarouge dépend de la structure
anatomique interne des feuilles (Guyot, 1989). Dans le domaine du visible de
400 à 700 nm, les feuilles et les fleurs du sulla avaient une faible
réflectance (10% maximum) et une très faible transmittance. La
majeure partie du rayonnement solaire est absorbée par les pigments
foliaires (chlorophylles, carotène, xanthophylle, anthocyanes) (Guyot,
1989). Principalement les chlorophylles et la carotène possèdent
trois bandes d'absorption dans les violet, bleu et jaune. Cela se traduit par
des maximums de réflectance dans le jaune-vert à 550nm et
orange-rouge à 635nm (caractéristique de la couleur des fleurs),
respectivement 9,63 et 9,58%. Dans le domaine du proche infrarouge (700
à 950 nm), les pigments foliaires ainsi que la cellulose qui constitue
les parois cellulaires sont transparents et n'interviennent plus sur le
comportement spectral (Guyot, 1989). La quantité de rayonnement
absorbée par les feuilles a été très faible
(= 10%). Le rayonnement reçu est soit
réfléchi soit transmis. La réflectance passe de quelques %
à près de 75% en passant du rouge de visible au proche
infrarouge. Elle est d'autant plus élevée que les tissus sont
constitués de cellule aux formes irrégulières et au
contenu hétérogène et du grand nombre d'assises
cellulaires (Bariou et al., 1985).
2.1.3. Indice de réflectance dans le
visible
Pour étudier les différences qui existent entre
les cultures, on a calculé l'indice de végétation
(Normalized Difference Vegetation Index) (Gates, 1980) appliqué au
visible (IRV). Cet indice représente le rapport entre une soustraction
et une somme des réflectances mais, seulement dans le domaine du
visible, entre la réflectance dans la bande du vert et celle dans la
bande du rouge, respectivement dans les longueurs d'onde 525 et 675nm (Slim
et al., 2008).
IRV Sulla = (7,41 - 6,75)/(7,41 + 6,75) =
0.046
IRV Blé dur = (5,57 - 2,57)/(5,57 + 2,57)
= 0.368
IRV Jachère non travaillée =
(10,19 - 14,44)/(10,19 + 14,44) = - 0,172
Le sulla se caractérise par l'indice de
réflectance le plus faible comparé au blé dur,
respectivement 0,046 et 0,368. Cette différence est liée à
la forte réflectance du sulla dans le rouge par rapport aux autres
cultures. Dans ces conditions la jachère se caractérise par une
valeur de l'indice négative de l'ordre de - 0,172.
2.2. Caractéristiques herbagères de la
culture du sulla
L'étude du couvert végétal des trois
prairies à sulla de première année de culture montre une
variabilité de densité de végétation significative.
A Siliana, Béja, et Zaghouan, les densités moyennes des plants de
sulla au stade floraison et en première année d'exploitation sont
respectivement de 68 +/- 4,8; 89 +/- 5,8 et 54 +/- 4,6 plants/m2.
Cependant, au cours de la deuxième année de culture, ces
densités de végétation moyennes des trois cycles de
production régressent significativement pour atteindre respectivement
à Siliana, Béja, et Zaghouan 59 +/- 1,9 ; 79 +/- 2,3 et 48 +/-
1,8 plants/m2 (Figure 39). Ces états de couverture
végétale observés dans les trois prairies dénotent
une bonne adaptation de l'espèce (Ben Jeddi, 2005).
100
plants/m2
80
60
40
20
Zaghouan Siliana Béja
1ère année de culture 2ème
année de culture
y = -0,009x + 99,33 R2 = 0,699
0 1000 2000 3000 4000 5000 6000 7000
GDD (°CJ)
0
140
120
Figure 39. Evolution des densités de
végétation en fonction de l'accumulation de chaleur dans les
trois prairies à sulla au cours des deux années de culture.
En deuxième année de végétation,
21,13; 17,86; et 16,10% des plants formant les couverts respectifs à
Zaghouan, Siliana, Béja proviennent des germinations de semences de la
première année de culture. En conséquence, le taux moyen
de régénération des plantes mères est de l'ordre de
92,53%. En parallèle, la ramification des plantes subit un accroissement
substantiel pour passer de 1,83 +/- 0,5 à 4,10 +/- 0,9; 1,95 +/- 0,7
à 3,53 +/- 1,2; et 2,31 +/- 1,23 à 2,93 +/- 1,0 tiges/plante
respectivement à Siliana, Zaghouan et Béja.
Dans le même contexte, Ben Jeddi, (2005) et Kheriji,
(1999) ont montré le même rythme d'évolution du couvert
sulla au cours de deux années de culture. Rondia et al. (1985)
ont signalés que le pâturage du sulla provoque des repousses de
meilleure qualité en comparaison avec le non pâturé.Sachant
qu'une seule exploitation a été réalisée la
première année de culture, le couvert sulla a atteint une hauteur
variant entre 84 et 92cm. En deuxième année de culture, trois
coupes et pâturages ont été réalisées, la
hauteur atteinte varie entre 43 et 72cm pour le mode fauche, et entre 34 et
61cm pour le mode pâturage (Figure 40).
6
5
4
I-WuteMr (crs1)
6
5
4
H.Nutegr (ap)
100
90
80
70
30
20
0
0
0
Pâturage 1
Pâturage 2
Pâturage 3
Pâturage 4
Zaghouan Siliana Béja
100
90
80
70
30
20
0
0
0
Coupe 1
Coupe 2 Coupe 4
Coupe 3
10
10
0
0
0 1000 2000 3000 4000 5000 6000 7000
GDD (°CJ)
0 1000 2000 3000 4000 5000 6000 7000
GDD (°CJ)
1ère année de culture 2ème année de
culture
1ère année de culture 2ème année de
culture
A B
Figure 40. Evolution de l'hauteur de
végétation en fonction de l'accumulation de chaleur dans les
différentes parcelles sous les modes pâturage (A) et Fauche (B)
en deux années de culture.
Au cours des deux années de culture, la vitesse de
croissance de la culture de sulla selon le cumul thermique dans les
différentes parcelles varie entre 0,051 et 0,239cm/°Cj pour
l'exploitation par fauche, et entre 0,051 et 0,208cm/°Cj en
pâturage.
Les couverts sulla se caractérisent par des vitesses de
croissance significativement égales entre les trois sites
expérimentaux. où il existe 3 groupes de vitesse pour les deux
modes d'exploitations: groupes d'exploitations 3 et 4 (a) ; groupe
d'exploitation 1 (b) et groupe d'exploitation 2 (c) (Tableau 26).
Tableau 26. Evolution de la vitesse de
croissance moyenne (cm/°Cj) d'une prairie de sulla dans les trois
sites expérimentaux et selon deux modes d'exploitation au cours des
deux années de culture.
|
Fauche (cm/°Cj) Zaghouan Siliana
Béja
|
Pâturage (cm/°Cj) Zaghouan Siliana
|
Béja
|
Cycle de production 1
|
0,051
|
0,060
|
0,059
|
0,051
|
0,060
|
0,059
|
Cycle de production 2
|
0,181
|
0,239
|
0,213
|
0,167
|
0,208
|
0,186
|
Cycle de production 3
|
0,121
|
0,180
|
0,161
|
0,076
|
0,102
|
0,110
|
Cycle de production 4
|
0,082
|
0,128
|
0,123
|
0,072
|
0,078
|
0,082
|
Selon le cumul pluviométrique régional et le
mode d'exploitation, les vitesses de croissance de la végétation
du sulla varient entre 0,176 et 1,236 cm/mm et 0,176 et 1,092cm/mm
respectivement pour la fauche et le pâturage. Le test statistique montre
une différence significative entre les modes d'exploitations et pas
entre les régions. Pour la fauche on a deux groupes: groupe a
formé par les exploitations 1, 2 et 3; et groupe b formé par
exploitation 4. Cependant, les exploitations selon le mode pâturage se
répartie dans les groupes suivant: exploitation 1 (groupe a),
exploitations 2 et 3 (groupe ab) et exploitation 4 (groupe b) (Tableau 27).
Tableau 27. Evolution de la vitesse de
croissance (cm/mm) des prairies de sulla selon le cumul
pluviométrique et le mode d'exploitation en deux années de
culture.
|
Fauche (cm/mm)
Zaghouan Siliana
|
Béja
|
Pâturage (cm/mm) Zaghouan Siliana
|
Béja
|
Cycle de production 1
|
0,176
|
0,211
|
0,183
|
0,176
|
0,211
|
0,183
|
Cycle de production 2
|
0,305
|
0,710
|
0,482
|
0,281
|
0,617
|
0,420
|
Cycle de production 3
|
0,496
|
0,587
|
0,453
|
0,313
|
0,332
|
0,308
|
Cycle de production 4
|
1,236
|
0,620
|
0,881
|
1,092
|
0,374
|
0,587
|
Les biomasses fourragères vertes du sulla
exploité par fauche obtenues sont comprises entre 6,93 et 25,38; 10,19
et 24,93; et 11,53 et 26,33t/ha respectivement à Béja, Siliana et
Zaghouan. Alors que le système pâturage, fournit des biomasses
vertes variant entre 6,35 et 25,38; 9,12 et 24,93; et 10,5 et 26,33t/ha
respectivement dans les régions de Béja, Siliana et Zaghouan. Des
résultats similaires ont été rapportés par Ben
Jeddi (2005); Zouaghi et Tibaoui (1998); Kheriji (1999) et Slim (2002). Le test
statistique montre qu'il existe des différences significatives entre les
différentes régions et entre les quatre exploitations, puisque
pour le mode d'exploitation par fauche on trouve 6 groupes homogènes.
Cependant, pour le pâturage on constate la formation de 8 groupes (Figure
41).
Pour les différentes régions
expérimentales, le bilan fourrager est négatif entre les
exploitations 1 et 2 présentant une baisse de la production variant
entre -60 et -75%; et -56 et -73% respectivement pour la fauche et le
pâturage. Cependant ce bilan entre la troisième exploitation et la
deuxième enregistre une augmentation significative variant entre +75 et
+150%; et +83 et 149% respectivement pour le fauchage et le pâturage.
Entre la quatrième et troisième exploitation : à
Béja, une baisse a été enregistrée de l'ordre de
-22% pour les deux modes d'exploitations, cependant, pour Zaghouan et Siliana
une augmentation de rendement a été remarquée variant
entre 2 et 9% respectivement pour la fauche et le pâturage.
Le pâturage ovin tend à réduire la biomasse
fourragère totale de deux années de culture de 11,37% par rapport
au mode d'exploitation par fauche.
A
exploitation 1 exploitation 2 exploitation 3 exploitation 4
30
d
d d
production de biomasse (t)
20
10
0
f
e
e
ab
abc
c
abc
bc
a
B
exploitation 1 exploitation 2 exploitation 3 exploitation 4
30
production de biomasse (t)
d
cd c
h
a a
a
abc
b
g
f
e
Zaghouan Siliana Béja
20
10
0
Figure 41. Evolution des biomasses
fourragères vertes des prairies de sulla des trois sites (Zaghouan,
Siliana et Béja) selon le mode d'exploitation par fauche (A) et par
pâturage (B)
Les rendements en matière sèche du sulla
exploité par fauche obtenues sont comprises entre 2028 et 5490; 1757 et
4749; et 1174 et 5304 kg MS/ha respectivement à Béja, Siliana et
Zaghouan. Alors que le système pâturage, fournit des rendements en
matière sèche variant entre 1701 et 5490; 974 et 5304; et 1446 et
4749 kg MS/ha respectivement dans les régions de Béja, Siliana et
Zaghouan. Le test statistique à montré qu'il existe des
différences significatives entre les différentes régions
et entre les quatre exploitations, puisque pour le mode d'exploitation par
fauche on trouve 11 groupes homogènes. Cependant, pour le pâturage
on constate la formation de 10 groupes (Figure 42).
A
Kg MS/ha
4000
6000
5000
3000
2000
1000
0
exploitation 1 exploitation 2 exploitation 3 exploitation 4
i
j
k
c
b
d
e
g
a
f
h
a
Kg MS/ha
4000
6000
5000
3000
2000
1000
B
0
exploitation 1 exploitation 2 exploitation 3 exploitation 4
h
i
j
d
e
c
f
a
g
Zaghouan Siliana Béja
b b
a
Figure 42. Evolution des rendements en
matière sèche des prairies de sulla des trois sites (Zaghouan,
Siliana et Béja) selon le mode d'exploitation par fauche (A) et par
pâturage (B)
bonne adaptation de la culture du sulla et un pouvoir
élevée de l'efficience d'utilisation de l'eau (Mellouli
et al.
, 2006) surtout après la troisième phase
de croissance de la deuxième
année de culture.
b
b'
a a'
a
a'
a a'
Figure 43.
Evolution de l'EUE du sulla selon le mode
d'exploitation
Les efficiences d'utilisation de l'eau ont
été homogènes entres les exploitations 1, 2,
et
3
3 qui varient entre 0,77 et 1,77 kg MS/m . Seulement
l'exploitation 4 s'est caractérisée par un
3.
niveau d'EUE plus élevé allant de 4,11
à 4,58 kg MS/m
Les
Cependant, aucune différence significative entre
les trois régions n'a été trouvée. valeurs de
production énergétique du sulla Bikra 21 montre un potentiel de
production et une
;
grande adaptation de cette culture aux zones du nord
ouest tunisien (Abdelrrahim, 1980
44).
Anonyme, 2010; Slim, 2004) (Figure
UFL/ha
A
4000
5000
3000
2000
1000
0
exploitation 1 exploitation 2 exploitation 3 exploitation 4
i
k
j
c
b
d
e
g
a
f
h
a
B
UFL/ha
4000
5000
3000
2000
1000
0
exploitation 1 exploitation 2 exploitation 3 exploitation 4
h
i
j
d
c
e
f
a
g
Zaghouan Siliana Béja
b b
a
Figure 44. Evolution des productions
énergétiques (UFL) des prairies de sulla des trois sites
(Zaghouan, Siliana et Béja) selon le mode d'exploitation par fauche
(A) et par pâturage (B)
Les productions énergétiques des prairies
à sulla exploitées par fauche obtenues sont comprises entre 1724
et 4666; 1494 et 4037; et 998 et 4509 UFL/ha respectivement à
Béja, Siliana et Zaghouan. Alors que le système pâturage,
fournit des biomasses vertes variant entre 1446 et 4666; 1229 et 4037; et 828
et 4509/ha respectivement dans les régions de Béja, Siliana et
Zaghouan.
Anacyclus clavatus (Desf.) Pers. Anchusa azurea
Miller. Arum italicum Miller.
Avena sativa L. Bellardia trixago (L.) All.
Bromus rigidus Roth.
Carduncellus pinnatus (Desf.) DC. Centaura acaulis
L. subsp. Centaurea nicaeensis All.
Balansae B. & R.
Daucus carota L. Diplotaxis eurocoïdes
(L.) DC. Echium italicum L.
Eryngium campestre L Fumaria parviflora Lam.
Hedypnoïs cretica (L.) Dum-Courset
2.3. Caractérisation floristique des prairies de
sulla
sont identifiées (Carême, 1990)
dans les différentes parcelles de sulla (Figure 45 et tableau 28).
Rapistrum rugosum (L.) All. Scolymus hispanicus
L. Sherardia arvensis L.
Sonchus asper (L.) Hill. Sonchus tenerrimus L.
Stellaria media (L.) Vill.
Urospermum dalechampii (L.) Scop.
Lolium multiflorum Lam. Lolium rigidum Gaudin.
Mandragora autumnalis Bertol.
Notobasis syriaca (L.) Cass. Plantago afra L.
Raphanus raphanistrum L.
Figure 45: Les adventices des prairies de sulla
dans les différents sites d'expérimentations
Tableau 28. Fréquences (Fr) en % et taux
de couverture (Tc) des adventices recensées par site
Famille
|
Espèce
|
Fr1
|
Siliana Tc1 Fr2
|
Tc2
|
Fr1
|
Zaghouan Tc1 Fr2
|
Tc2
|
Fr1
|
Béja Tc1 Fr2
|
Tc2
|
Apiacées
|
Eryngium campestre L.
|
0,00
|
0,00
|
0,00
|
0,00
|
0,00
|
0,00
|
0,00
|
0,00
|
1,12
|
0,37
|
0,00
|
0,00
|
|
Daucus carota L.
|
13,23
|
1,85
|
0,00
|
0,00
|
0,00
|
0,00
|
0,00
|
0,00
|
3,80
|
1,25
|
0,00
|
0,00
|
Aracées
|
Arum italicum Miller.
|
3,87
|
0,54
|
0,00
|
0,00
|
8,13
|
1,06
|
4,99
|
0,11
|
3,28
|
1,08
|
0,00
|
0,00
|
Astéracées
|
Anacyclus clavatus
(Desf.) Pers.
|
0,00
|
0,00
|
0,00
|
0,00
|
13,72
|
1,78
|
8,41
|
0,18
|
8,31
|
2,74
|
5,70
|
0,27
|
|
Carduncellus
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
pinnatus (Desf.) DC.
|
0,00
|
0,00
|
0,00
|
0,00
|
2,47
|
0,32
|
0,00
|
0,00
|
0,00
|
0,00
|
0,00
|
0,00
|
|
Centaura acaulis L.
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
subsp. Balansae B. &
|
0,00
|
0,00
|
0,00
|
0,00
|
0,00
|
0,00
|
0,00
|
0,00
|
1,30
|
0,43
|
0,00
|
0,00
|
|
R.
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Centaurea nicaeensis
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
All.
|
0,00
|
0,00
|
0,00
|
0,00
|
0,00
|
0,00
|
0,00
|
0,00
|
8,17
|
2,70
|
5,61
|
0,27
|
|
Hedypnoïs cretica
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
(L.) Dum-Courset
|
0,00
|
0,00
|
0,00
|
0,00
|
0,00
|
0,00
|
0,00
|
0,00
|
1,64
|
0,54
|
0,00
|
0,00
|
|
Notobasis syriaca
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
(L.) Cass.
|
17,16
|
2,40
|
11,72
|
0,24
|
15,24
|
1,98
|
9,35
|
0,20
|
0,78
|
0,26
|
0,00
|
0,00
|
|
Scolymus hispanicus L.
|
17,52
|
2,45
|
11,96
|
0,25
|
0,07
|
0,01
|
0,04
|
0,00
|
0,00
|
0,00
|
0,00
|
0,00
|
|
Sonchus asper (L.)
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Hill.
|
0,00
|
0,00
|
0,00
|
0,00
|
3,12
|
0,41
|
0,00
|
0,00
|
0,82
|
0,27
|
0,00
|
0,00
|
|
Sonchus tenerrimus
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
L.
|
0,00
|
0,00
|
0,00
|
0,00
|
0,00
|
0,00
|
0,00
|
0,00
|
5,78
|
1,91
|
3,97
|
0,19
|
|
Urospermum
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
dalechampii (L.)
|
7,15
|
1,00
|
4,88
|
0,10
|
0,00
|
0,00
|
0,00
|
0,00
|
0,00
|
0,00
|
0,00
|
0,00
|
|
Scop.
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Boraginacées
|
Anchusa azurea Miller.
|
0,66
|
0,09
|
0,00
|
0,00
|
5,81
|
0,76
|
3,56
|
0,08
|
4,51
|
1,49
|
3,09
|
0,15
|
|
Echium italicum L.
|
0,00
|
0,00
|
0,00
|
0,00
|
0,00
|
0,00
|
0,00
|
0,00
|
11,52
|
3,80
|
52,81
|
2,54
|
Brassicacées
|
Diplotaxis eurocoïdes (L.) DC.
|
0,00
|
0,00
|
0,00
|
0,00
|
2,39
|
0,31
|
0,00
|
0,00
|
7,42
|
2,45
|
5,09
|
0,24
|
|
Raphanus
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
raphanistrum L.
|
19,19
|
2,69
|
13,11
|
0,27
|
0,00
|
0,00
|
0,00
|
0,00
|
0,82
|
0,27
|
0,00
|
0,00
|
|
Rapistrum rugosum
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
(L.) All.
|
0,00
|
0,00
|
0,00
|
0,00
|
7,40
|
0,96
|
4,54
|
0,10
|
8,20
|
2,71
|
5,63
|
0,27
|
Caryophyllacée
|
Stellaria media (L.)
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
s
|
Vill.
|
0,00
|
0,00
|
0,00
|
0,00
|
1,60
|
0,21
|
0,00
|
0,00
|
0,00
|
0,00
|
0,00
|
0,00
|
Papaveracées
|
Fumaria parviflora Lam.
|
2,03
|
0,28
|
0,00
|
0,00
|
4,72
|
0,61
|
0,00
|
0,00
|
0,00
|
0,00
|
0,00
|
0,00
|
Plantaginacées
|
Plantago afra L.
|
0,00
|
0,00
|
0,00
|
0,00
|
0,00
|
0,00
|
0,00
|
0,00
|
0,45
|
0,15
|
0,00
|
0,00
|
Poacées
|
Avena sativa L.
|
19,19
|
2,69
|
58,54
|
1,20
|
17,63
|
2,29
|
58,02
|
1,23
|
3,32
|
1,10
|
0,00
|
0,00
|
|
Bromus rigidus Roth.
|
0,00
|
0,00
|
0,00
|
0,00
|
0,00
|
0,00
|
0,00
|
0,00
|
0,78
|
0,26
|
0,00
|
0,00
|
|
Lolium multiflorum
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Lam.
|
0,00
|
0,00
|
0,00
|
0,00
|
11,25
|
1,46
|
6,90
|
0,15
|
9,73
|
3,21
|
6,68
|
0,32
|
|
Lolium rigidum
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Gaudin.
|
0,00
|
0,00
|
0,00
|
0,00
|
0,00
|
0,00
|
0,00
|
0,00
|
8,58
|
2,83
|
5,89
|
0,28
|
Rubiacées
|
Sherardia arvensis L.
|
0,00
|
0,00
|
0,00
|
0,00
|
0,00
|
0,00
|
0,00
|
0,00
|
8,02
|
2,65
|
5,50
|
0,26
|
Scrofulariacées
|
Bellardia trixago (L.) All.
|
0,00
|
0,00
|
0,00
|
0,00
|
0,00
|
0,00
|
0,00
|
0,00
|
1,64
|
0,54
|
0,00
|
0,00
|
Solanacées
|
Mandragora autumnalis Bertol.
|
0,00
|
0,00
|
0,00
|
0,00
|
6,46
|
0,84
|
3,96
|
0,08
|
0,00
|
0,00
|
0,00
|
0,00
|
En première année d'installation de sulla, les
familles des astéracées et des poacées se trouvent les
plus représentées dans les trois sites avec respectivement 10
espèces et 4 espèces.
Dans cette situation, la proportion de l'espèce sulla
varie de 73 à 86 %. Après quatre cycles d'exploitation, le taux
d'adventices chute pour atteindre 3 à 9%. Après les deux ans
d'exploitations de la culture du sulla, le nombre d'espèces
présentent dans les prairies de sulla à changé de 9, 14 et
22 pour atteindre 5, 9 et 9 respectivement à Siliana, Zaghouan et
Béja (Figure 46), donc on remarque la disparition de certaines
espèces d'adventices. Les techniques d'exploitations de la culture du
sulla, lui confèrent le statut d'une culture nettoyante. Comme il a
été confirmé dans d'autres travaux de Raouf (2002) et de
Carême (1986).
2
Frequences d'adventices(/m9
4
0
3
1
A
3
2
Frequences d'wlventices (/m1)
4
0
1
B
Siliana Zaghouan Béja
1 3 5 7 9 11 13 15 17 19 21 23 25 27 1 3 5 7 9 11 13 15 17 19 21
23 25 27
Espèces d'adventices Espèces
d'adventices
Figure 46. Fréquence des adventices des
prairies de sulla dans les parcelles d'études avant la
première exploitation (A) et avant la quatrième exploitation
(B).
2.4. Conclusion
Dans ce travail, l'analyse des performances de Bikra 21, les
aptitudes d'adaptation de la variété aux contextes climatiques,
édaphiques et sociaux de la région. Les résultats obtenus
de la caractérisation herbagères de la culture du sulla dans le
système fourrager ont confirmé la bonne adaptation aux divers
modes d'exploitations, le pouvoir élevée de l'efficience
d'utilisation de l'eau et le grand potentiel de production
énergétique. Les vitesses de croissance de la
végétation de sulla ont varié entre 0,176 et 1,236 et
0,176 et 1,092cm/mm de pluie respectivement pour la fauche et le
pâturage.
Les rendements en matière sèche du sulla
exploité par fauche obtenues sont comprises entre 2028 et 5490; 1727 et
5210; et 1195 et 4835kg MS/ha respectivement à Béja, Siliana et
Zaghouan. Alors que le système pâturage, fournit des rendements
variant entre 1701 et 5490; 974 et 5304; et 1446 et 4749 kg MS/ha
respectivement dans les régions de Béja, Siliana et Zaghouan.
L'efficience d'utilisation de l'eau par le sulla varie selon l'ordre et le mode
d'exploitation entre 0,77 et 4,58 kg MS/m3 pour la fauche et 0,78 et 4,11 kg
MS/m3 de pluie pour le pâturage. Les productions
énergétiques des prairies à sulla exploité par
fauche obtenues sont comprises entre 1724 et 4666; 1016 et 4110; et 1468 et
4429 UFL/ha respectivement à Béja, Siliana et Zaghouan. Alors que
le système pâturage, fournit des biomasses vertes variant entre
1446 et 4666; 1229 et 4037; et 828 et 4509/ha respectivement dans les
régions de Béja, Siliana et Zaghouan.
L'étude floristique des prairies de sulla, ont
révélé l'existence de 28 espèces adventices (09
à Siliana, 14 à Zaghouan et 22 à Béja). En
première année d'installation du sulla, les familles des
astéracées et des poacées se trouvent les plus
représentées. Après quatre cycles d'exploitation, le taux
d'adventices chute pour atteindre 3 à 9%. Les techniques d'exploitations
de la culture du sulla, lui confèrent le statut d'une culture
nettoyante.
La caractérisation spectrale de sulla du nord Bikra 21
par comparaison des spectres au stade en pleine floraison avec celui du
blé dur en épiaison et la jachère non travaillée a
montré une nette différence dans le domaine du visible surtout
dans la bande du rouge. Ainsi, le sulla présente une réflectance
nettement supérieure par rapport à la culture de blé dur
57%.
Cette distinction peut être attribuée aux
propriétés de couleur dans le rouge spécifique des fleurs
de sulla. Pour confirmer cette distinction entre les différents
spectres, on a calculé l'indice de réflectance dans le visible.
Cet indice, montre une nette différence de valeurs pour le sulla
(0,046), le blé dur (0,368) et la jachère non travaillé (-
0,172).
3. Conservation du fourrage de sulla par ensilage
3.1. Taux de matière sèche du sulla
Selon la nature des traitements, les taux de matière
sèche de l'ensilage du sulla, varient de 17,64 à 42,05% et 14,1
à 38,5% respectivement pour les cultures de 1ère et
2ème année (Figure 47). La stabilité relative
entre les taux de matière sèche avant et après ensilage
est un bon indice de qualité de conservation. Les teneurs en
matière sèche des ensilages obtenues coïncident avec celles
trouvées par Demarquilly (1973), Moule (1971) et Hattab (1989) qui ont
rapporté des teneurs respectives de 35; 30 et 37,2% sur des ensilages de
maïs.
Une teneur en matière sèche variant entre 30 et
38% stimule la fermentation lactique, diminue l'acidité de l'ensilage et
réduit les pertes par drainage. Mais une teneur très
élevée (40-50%) rend beaucoup plus difficile l'obtention rapide
de l'anaérobiose et diminue par conséquent le degré de
réussite d'un tel ensilage. Une matière sèche de l'ordre
de 35% est souhaitable pour que la fermentation butyrique soit totalement
inhibée (Demarquilly, 1973). Pour la majorité des fourrages, le
taux optimum de matière sèche se situe aux environs de 30%. Une
teneur élevée de la matière sèche (>35%) rend
beaucoup plus difficile (sauf silo hermétique) l'obtention rapide de
l'anaérobiose (Moule, 1971).
Matiere seche (%)
45
40
35
30
25
20
15
10
0
5
d
a
D P1 EP1 RP1 ERP1 P2 EP2 RP2 ERP2 P3 EP3 RP3 ERP3
b
a
d c
g
e
h
d
g
c
Traitements
j
i
j
f
k
m n
ppds 5% : 0,0012
no
m
o
o
l
q
p
Sulla 1
Sulla 2
Figure 47. Effet de divers traitements sur
l'évolution des taux de matière sèche (MS) de l'ensilage
de sulla. D: sulla directe, P1: préfanage 24h, EP1: éclatement et
préfanage 24h, RP1: retournement et préfanage 24h,
éclatement, retournement et préfanage 24h, P2: préfanage
48h, EP2: éclatement et préfanage 48h, RP2: retournement et
préfanage 48h, éclatement, retournement et préfanage 48h,
P3: préfanage 72h, EP3: éclatement et préfanage 72h, RP3:
retournement et préfanage 72h, éclatement, retournement et
préfanage 72h.
Pour un sulla de 1ère année de
culture, l'éclatement des tiges et le préfanage pendant 24h
produisent un ensilage de même taux de MS que le direct.
L'éclatement des tiges n'induit pas un gain en matière
sèche comparé au sulla retourné et préfané
24h.
Après 48h de préfanage, l'éclatement ou
le retournement du fourrage ont le même effet sur l'évolution du
taux de MS de l'ensilage. Le préfanage pendant 48h a le même effet
que celui de 24h, mais avec un retournement.
A propos du fourrage de sulla de 2ème
année de culture, le préfanage pendant 24h ne fait pas augmenter
le taux de MS de l'ensilage par rapport au direct. De même, après
48h de préfanage, aucune évolution de MS n'a été
signalée par rapport au fourrage éclaté et
préfané 24h.
Cependant, le taux de MS d'un ensilage de sulla de
2ème année de culture éclaté,
retourné et préfanné pendant 24h n'a pas
évolué significativement par rapport au direct ou
éclaté et préfané pendant 24h d'un sulla de
1ère année.
Beauchamp (2008) conseille l'ensilage de l'herbe à
partir de 25 à 27% de MS. A cet effet, cette gamme de matière
sèche n'est atteinte pour le sulla de 1ère
année qu'après préfanage de son fourrage pendant 48h avec
retournement ou un éclatement des tiges pour atteindre respectivement
25,52 et 25,61%. Contrairement au sulla de 2ème année
où l'opération d'éclatement des tiges est
nécessaire pour atteindre le niveau de 25% de MS.
Le préfanage pendant 48h avec éclatement et
retournement du fourrage induit un taux de MS largement supérieur
(33,53%). Les traitements EP2 et EP3 tendent à fournir des teneurs plus
élevées de 8 à 21 points par rapport aux ensilages
directes.
La prolongation de la durée de préfanage
au-delà de 48h expose souvent le fourrage au risque des orages.
Ajouté à cela, le prix de revient du retournement combiné
aux pertes suites à la chute foliaire qui rendent la technique de
retournement désavantageuse. Fournier (2007) conseille de couper et
faire des andains de luzerne larges (environ 70 % de la surface de coupe).
Cependant, on peut râteler et regrouper les andains juste avant la
récolte, habituellement 5 à 7 heures plus tard, si les conditions
de séchage sont bonnes comme au mois de juillet. Il est important de
suivre les conditions de séchage du fourrage aux champs : celles-ci
peuvent être très rapides (mois de juillet avec un indice
d'assèchement élevé) ou plus lentes (mois de juin).
En conséquence, l'effet positif de l'éclatement
des tiges ne se manifeste qu'après 48h de préfanage pour un
ensilage issu d'un sulla de 1ère et 2ème
année respectivement sans et avec retournement.
La grosseur des tiges d'un sulla de deuxième
année (1-1,5cm) devenant fistuleuses et lignifiées ralentit la
déshydratation des tissus et retarde ainsi le gain en MS (Ben Jeddi,
2005). Cependant, Semadeni (1976) a signalé que les animaux
apprécient mieux le fourrage de sulla de première année
ayant des tiges moins grosses que celle de deuxième année.
Les faibles taux de matière sèche (15-18%) du
sulla empêchent sa conservation directe par ensilage. La technique de
préfanage avec éclatement des tiges permet un gain de
matière sèche gratuit et une bonne conservation du fourrage par
ensilage (Ben Jeddi, 1996). Cet avantage a été confirmé
par Charmley et Veira (1991) avec un ensilage de luzerne (Medicago
sativa L.).
3.2. Pertes subies par l'ensilage
Les pertes lors de la conservation du fourrage par voie humide
ont 4 origines. Deux sont visibles (les jus, et les parties moisies ou
inconsommables), et les deux autres sont invisibles représentant la plus
grande partie des pertes (les gaz issus de la respiration, des fermentations
anaérobies, et les reprises en fermentation après ouverture du
silo) (Beauchamp, 2008).
3.2.1. Pertes par les jus
En cours de conservation, les pertes de stockage aux silos
sont loin d'être négligeables. Il est rare que la perte de
matière sèche soit inférieure à 8% et celle de
matières azotées à 2 à 3% dans les ensilages les
plus réussis. En cas d'échec sérieux, les pertes peuvent
s'élever respectivement à 75 et 68% en particulier s'il s'agit
d'une plante très difficile à conserver par la voie fermentaire.
La plasmolyse et les pertes par drainage est liée à la teneur en
matière sèche initiale du fourrage ensilé et sa finesse de
hachage. Au-delà de 25% de matière sèche, le fourrage
n'élimine plus son exsudat. Inférieure à 20% de
matière sèche, le fourrage peut subir une perte sous forme de jus
de 10% (Hendrix, 1960). L'exsudat contient essentiellement des
éléments hautement assimilables comme les glucides solubles,
l'azote non protéique, et les éléments minéraux.
L'ensilage du sulla a présenté des pertes par les jus variant
entre 0 et 32,09% pour le sulla de 1ère année et 0 et
36,62% pour le sulla de 2ème année (Figure 48).
D P1 EP1 RP1 ERP1 P2 EP2 RP2 ERP2 P3 EP3 RP3 ERP3
Traitements
40
ppds 5% : 0,0034
Pertes en jus (%)
35
30
25
20
15
10
0
5
o
r s
q
o
p
k
n
j
o
l
p
g
i
g
m
f
c
h
h
d
b
b
e
a a
Sulla 1
Sulla 2
Figure 48. Pertes de jus en % (MS) des
ensilages du sulla. D: sulla directe, P1: préfanage 24h, EP1:
éclatement et préfanage 24h, RP1: retournement et
préfanage 24h, ERP1: éclatement, retournement et préfanage
24h, P2: préfanage 48h, EP2: éclatement et préfanage 48h,
RP2: retournement et préfanage 48h, ERP2: éclatement,
retournement et préfanage 48h, P3: préfanage 72h, EP3:
éclatement et préfanage 72h, RP3: retournement et
préfanage 72h, ERP3: éclatement, retournement et préfanage
72h.
Selon le niveau de pertes en jus des ensilages du sulla, 19
groupes distincts ont été observés. Tous les ensilages de
sulla préfané 72h de 1ère et
2ème année ayant subi l'éclatement des tiges et
ou le retournement des andains se sont caractérisés par des
pertes sous forme de jus inférieures à 5% voire nulles. Seul le
traitement ERP2 a fourni un ensilage avec une perte en jus inférieure
à 10%.
L'évolution des pertes en jus par l'ensilage du sulla
selon les taux de matière sèche montre que les jus s'annulent
lorsque le taux de MS de l'ordre de 38% et ce pour ERP3 (Figure 49).
40
y = 0,040x2 - 3,499x + 76,41
R2 = 0,924
35
30
25
20
15
10
5
0
10 15 20 25 30 35 40 45
Matière sèche (%)
Perte de jus (%)
Figure 49. Estimation des pertes en jus lors
de la conservation du sulla par ensilage
3.2.2. Pertes par inconsommable
La détermination de la partie inconsommable des
ensilages à l'ouverture des «silos labo.» permet
d'apprécier davantage la qualité de la conservation. Pour les
divers traitements, les pertes par inconsommable varient de 6,09 à 45,5%
et de 8,49 à 44,04% respectivement pour un sulla de
1ère et 2ème année de culture
(Figure 50).
45
40
Inconsommable (%)
35
30
25
20
15
10
5
0
ppds 5% : 0,0156
n
n
50
l
k
k
j
i ghi
hi
fghi
def
efg
efgh
cd
b
a
m m
m m
cd cd bc cd cd
cde
Sulla 1
Sulla 2
D P1 EP1 RP1 ERP1 P2 EP2 RP2 ERP2 P3 EP3 RP3 ERP3
Figure 50. Effet des divers traitements sur
le taux de pertes par inconsommable de l'ensilage du sulla. D: sulla directe,
P1: préfanage 24h, EP1: éclatement et préfanage 24h, RP1:
retournement et préfanage 24h, ERP1: éclatement, retournement et
préfanage 24h, P2: préfanage 48h, EP2: éclatement et
préfanage 48h, RP2: retournement et préfanage 48h, ERP2:
éclatement, retournement et préfanage 48h, P3: préfanage
72h, EP3: éclatement et préfanage 72h, RP3: retournement et
préfanage 72h, ERP3: éclatement, retournement et préfanage
72h.
Un préfanage de 48h, favorise les plus faibles taux de
perte par inconsommable de l'ordre de 6% aussi bien pour un sulla de
1ère et 2ème année. Par contre, la
prolongation du préfanage des sullas à 72h avec retournement et
éclatement des tiges entraîne les taux de perte les plus
élevés atteignant 45%. Les travaux de Beauchamp (2008) ont
montré que les pertes en jus, les parties moisies et les inconsommables
existent lorsque l'herbe est ensilé à moins de 25-27% de MS. Ces
pertes atteignent 20 à 25%, pour un ensilage de coupe directe, et
peuvent descendre à 15% après un ressuyage ou préfanage
dans d'excellentes conditions.
L'évaluation de l'inconsommable dans un ensilage de
maïs (Zea mays L.) bio-enrobé par une protéine de
soja ou une caséine, contre la pluie ou le soleil a été
aussi importante que dans un ensilage non couvert (Brusewitz et al.,
1991). Mais, dans d'autres expériences, l'effet du bio-enrobage a
été significatif (Amyot et al., 2003). Berger et
al. (2002) a rapporté que l'ensilage de maïs à 40 % MS,
soit 215kg MS/m3, entreposé pendant 92 jours en silos
horizontaux, permet de réduire de 72% l'épaisseur de la couche
inconsommable à la surface du silo par rapport à l'ensilage non
protégé, soit 4,5cm contre 16cm. Alors que Berger et al.
(2002) ont rapporté une réduction de 92% de l'inconsommable
à la surface du silo, avec 2,7kg MS/m2 contre 31,8kg
MS/m2. Cependant, la moins longue durée d'entreposage 56
jours a favorisé une meilleure performance du bio-enrobage (Amyot et
al., 2003).
Toutefois, la plus faible dimension des silos (mini-silos de
29l vs silos horizontaux) et la plus grande perméabilité
à l'oxygène de l'ensilage (79um2
vs 69 um2) ont favorisé plus
d'inconsommable.
Cependant, la sommation des deux pertes en jus et
inconsommables, montre que le préfanage pendant 72h avec retournement
présente le plus faible taux de perte de l'ordre de 15,28 et 12,62%
respectivement pour le sulla de 1ère et de
2ème année. Le traitement préfanage pendant 48h
avec retournement et éclatement des tiges se classe en deuxième
position avec 21,02 et 15,8% pour le sulla de 1ère et
2ème année de culture.
3.3. pH des ensilages
Les pertes de matière sèche s'accompagnent souvent
d'une baisse de la valeur nutritive des ensilages. Cette dégradation
cesse quand le pH descend en dessous de 4,5.
Les bactéries butyriques, apportées sous forme
de spores par la terre, se multiplient si le pH n'est pas suffisamment acide.
Certaines consomment l'acide lactique déjà formé en
faisant alors remonter le pH et prolongeant l'action des coliformes.
Selon la nature du traitement réalisé, le pH des
ensilages varie de 3,91 à 5,05 et 4,33 à 5,3 respectivement pour
le sulla de 1ère et 2ème année
(Figure 51).
6
5
4
3
pH
2
1
0
ppds 5% : 0,000008
D P1 EP1 RP1 ERP1 P2 EP2 RP2 ERP2 P3 EP3 RP3 ERP3
Traitements
efg fg
a
a
efg efg efg
gh
i
cdef
cd cde
c c
b c
ab
i
hi hi
fg
cdefcdef def cdef cdef
Sulla 1
Sulla 2
Figure 51. Effet des divers traitements sur
le pH de l'ensilage du sulla. D: sulla directe, P1: préfanage 24h, EP1:
éclatement et préfanage 24h, RP1: retournement et
préfanage 24h, ERP1: éclatement, retournement et préfanage
24h, P2: préfanage 48h, EP2: éclatement et préfanage 48h,
RP2: retournement et préfanage 48h, ERP2: éclatement,
retournement et préfanage 48h, P3: préfanage 72h, EP3:
éclatement et préfanage 72h, RP3: retournement et
préfanage 72h, ERP3: éclatement, retournement et préfanage
72h.
Neuf groupes distincts de pH ont été
observés, dont 5 groupes sont caractérisés par des pH
variant entre 4,5 et 5. Alors que, le préfanage 24 et 48h respectivement
avec éclatement et éclatement/retournement relatifs aux sullas de
1ère et de 2ème année ont
présenté les pH les plus acides de l'ordre de 3,91 et 4,33. Selon
Vambelle (1992), la réussite de l'ensilage est assurée par un pH
de 4,2 à 5. Ainsi, presque tous les ensilages testés peuvent
être classés d'une manière préliminaire comme de
bons ensilages. Selon la classification de Dulphy et Demarquilly, (1981); et
Demarquilly et Andrieu (1988) basée sur la variation du pH, la
majorité les ensilages testés se classe comme de bonne
qualité.
Leduc et Fournier (1998) ont montré que le pH donne une
indication de la qualité de conservation de l'ensilage, puisqu'un pH
suffisamment bas arrête l'activité microbienne.
Cependant le pH qui assure la stabilité
anaérobie de l'ensilage c'est-à-dire qui arrête
l'activité des bactéries clostridiennes, augmente avec la teneur
en matière sèche Il faut donc interpréter le pH en tenant
compte de la teneur en matière sèche de l'ensilage. De plus le
modèle développé par Leibensperger et Pitt (1987) semble
indiquer que le pH de stabilité anaérobie des légumineuses
serait un peu plus élevé que celui des graminées.
3.4. Rapport azote ammoniacal sur azote total
L'analyse des différentes valeurs du rapport azote
ammoniacal sur azote total fait ressortir des différences significatives
entre les divers traitements de l'ensilage du sulla. Ces rapports varient de
1,33 à 15,43 et de 3,2 à 19,65 respectivement pour les sullas de
1ère et 2ème année (Figure 52).
25
ppds 5% : 0,0084
20
0
5
15
10
NH3/NT (%)
m
q
l
o
l
n
q
pq
op op
o
i
k
j
cdef
l
i
b
a
g
h
g
g
efg fg
cde
Sulla 1
Sulla 2
D P1 EP1 RP1 ERP1 P2 EP2 RP2 ERP2 P3 EP3 RP3 ERP3
Figure 52. Effet des divers traitements sur
le rapport Azote Ammoniacal/Azote Total (N-NH3/NT) de l'ensilage du sulla. D:
sulla directe, P1: préfanage 24h, EP1: éclatement et
préfanage 24h, RP1: retournement et préfanage 24h, ERP1:
éclatement, retournement et préfanage 24h, P2: préfanage
48h, EP2: éclatement et préfanage 48h, RP2: retournement et
préfanage 48h, ERP2: éclatement, retournement et préfanage
48h, P3: préfanage 72h, EP3: éclatement et préfanage 72h,
RP3: retournement et préfanage 72h, ERP3: éclatement,
retournement et préfanage 72h.
Le préfanage pendant 72h du fourrage de sulla de
1ère et le préfannage de 48h pour le sulla de
2ème année avec éclatement et retournement
produisent des ensilages à plus faible rapport azote ammoniacal/azote
total (1,33 et 3,2). Ce dernier donne une idée sur l'état de
dégradation des protéines. Selon Vambelle (1992), une très
bonne qualité de conservation des ensilages se caractérise par
des rapports compris entre 0 et 5%. En conséquence, les traitements P31
et ERP22 pourraient être classé comme d'excellents ensilages.
Les autres techniques d'ensilages EP31-2, RP31-2
et ERP31-2; EP11, P21, RP21 et ERP21 peuvent être
classés comme de bons ensilages avec un rapport azote ammoniacal/azote
total inférieur à 10%. Leduc et Fournier (1998) ont montré
qu'ensilage dont le pH est supérieur au pH de stabilité
anaérobie peut présenter un taux d'azote ammoniacal
élevé, ce qui en réduit la qualité.
3.5. Cellulose brute
Les polysaccharides représentent la condensation de
polymères à base de monosaccharides joints ensemble par des
liaisons glycoliques. Quant à la cellulose, elle est définie
comme un composant organique naturel et abondant dans les structures des tissus
et cellules de la plante. Alors que, les hémicelluloses renferment une
classe de polysaccharides associés à la cellulose (Duffus et
Duffus, 1984).
Selon la nature des ensilages de sulla, les taux de cellulose
brute varient de 21,6 à 27,06% et de 24,25 à 32,56% pour les
sulla de 1ère et 2ème année de
culture (Figure 53).
D P1 EP1 RP1 ERP1 P2 EP2 RP2 ERP2 P3 EP3 RP3 ERP3
Traitements
35
ppds 5% : 0,00578
Cellulose Brute (%)
30
25
20
15
10
0
5
gh
qr
bc
op
mn no
a
r
pq
b
a
i
ghi
lm
a
de
fgh
ki jk j
gh
fg
hi
ef
cde
cd
Sulla 1
Sulla 2
Figure 53. Effet des divers traitements sur
le taux de Cellulose brute de l'ensilage du sulla. D: sulla directe, P1:
préfanage 24h, EP1: éclatement et préfanage 24h, RP1:
retournement et préfanage 24h, ERP1: éclatement, retournement et
préfanage 24h, P2: préfanage 48h, EP2: éclatement et
préfanage 48h, RP2: retournement et préfanage 48h, ERP2:
éclatement, retournement et préfanage 48h, P3: préfanage
72h, EP3: éclatement et préfanage 72h, RP3: retournement et
préfanage 72h, ERP3: éclatement, retournement et préfanage
72h.
Au stade floraison, le sulla de 2ème
année se caractérise par des taux de cellulose brute allant de 24
à 32 % largement supérieurs à ceux d'un ensilage de
1ère année. Le traitement préfanage 48h permet
d'obtenir des ensilages à taux les plus élevé en cellulose
avec 27,06 et 32,56% respectivement pour un sulla de 1ère et
2ème année.
Selon Morrison (1979), quand le ray-grass est ensilé,
la lignine reste inchangée, mais seulement une diminution de moins de
5%, affecte le taux de cellulose. D'après Henderson (1993) durant
l'opération d'ensilage, les pertes en hémicellulose ne sont pas
uniformes allant jusqu'à 40% et dépendent du stade de croissance
et du taux de MS du fourrage.
Durant la conservation par ensilage d'un fourrage à
faible taux de MS, la quantité d'acide produite se trouve
fréquemment en excès. Les protéines, acides aminés
et acides organiques contribuent à la production de la fermentation
acide, mais l'hémicellulose reste la majeure source du substrat
additionnel. Ohyama et Masaki (1977) ont démontrés que beaucoup
de sucres additionnels sont produits dans les ensilages à faible taux de
MS comme le glucose provenant de la cellulose (Fry, 1988), avec peu d'arabinose
et de xylose Dans les ensilages à haut taux de MS, l'activité des
enzymes dégradante des polysaccharides est inhibée. Les plus
faibles teneurs en cellulose brute des ensilages de sulla ont été
trouvées avec les traitements EP1 et ERP3 soient 21,6 et 24,25%.
3.6. Cendres totaux
Les taux de cendres totaux de l'ensilage du sulla selon les
divers traitements varient de 14,48 à 15,98 et 14,165 à 16,8%
respectivement pour le sulla de 1ère et
2ème année. Quel que soit le type de culture, les
ensilages de sulla ERP2 et RP2 se caractérisent par les taux de cendre
les plus élevés respectivement 15,98 et 16,8%.
D P1 EP1 RP1 ERP1 P2 EP2 RP2 ERP2 P3 EP3 RP3 ERP3
Traitements
Cendres totaux (%)
18
16
14
12
10
8
4
0
6
2
bcdefg
abcde abcd
abcdef
abcde
cdefg
abcd
abcd
abcde
g
fg
efg defg
efg
abcdef
abc
defg
a
a bcdefg
cdefg
abcde
abc
ppds 5% : 0,012179
abcdef
a
abcdefg
ab
Sulla 1
Sulla 2
Figure 54. Effet des divers traitements sur
le taux cendres totaux de l'ensilage du sulla. D: sulla directe, P1:
préfanage 24h, EP1: éclatement et préfanage 24h, RP1:
retournement et préfanage 24h, ERP1: éclatement, retournement et
préfanage 24h, P2: préfanage 48h, EP2: éclatement et
préfanage 48h, RP2: retournement et préfanage 48h, ERP2:
éclatement, retournement et préfanage 48h, P3: préfanage
72h, EP3: éclatement et préfanage 72h, RP3: retournement et
préfanage 72h, ERP3: éclatement, retournement et préfanage
72h.
Comme il a été signalé par Amyot et
al. (2003), les variations de la teneur en cendres ne reflètent pas
bien les variations de matière sèche observées par les
différents traitements. Ce résultat peut être dû au
lessivage de certains éléments minéraux qui se sont
retrouvés au fond des silos-labo, même collés à la
paroi, et n'ont donc pas été récupérés lors
du prélèvement des échantillons d'ensilage.
3.7. Digestibilité de la matière
organique
Selon les ensilages, les taux de digestibilité de la
matière organique se trouvent entre 56,81 et 84,46; 56,19 et 77,07%
respectivement pour le sulla de 1ère et
2ème année.
D P1 EP1 RP1 ERP1 P2 EP2 RP2 ERP2 P3 EP3 RP3 ERP3
Digestibilite de la matiere organique (%)
40
90
80
70
60
50
30
20
10
0
o
l
f
n
ij ijk
gh g
e
a
ppds 5% : 0,0098
d
m
kl
a
f
c
q
b
o
jkl
p
c
ij
b
hi
a
Sulla 1
Sulla 2
Figure 55. Effet des divers traitements sur
le taux de digestibilité de la matière organique de l'ensilage du
sulla. D: sulla directe, P1: préfanage 24h, EP1: éclatement et
préfanage 24h, RP1: retournement et préfanage 24h, ERP1:
éclatement, retournement et préfanage 24h, P2: préfanage
48h, EP2: éclatement et préfanage 48h, RP2: retournement et
préfanage 48h, ERP2: éclatement, retournement et préfanage
48h, P3: préfanage 72h, EP3: éclatement et préfanage 72h,
RP3: retournement et préfanage 72h, ERP3: éclatement,
retournement et préfanage 72h.
Muller et al. (1992) ont montré que la
digestibilité de la matière organique des ensilages de luzerne
est de l'ordre de 0,55% et elle diminue avec l'âge du fourrage, la
digestibilité de la matière organique est la même pour les
2 types de fourrage. Avec des taux supérieurs à 56% la
digestibilité de la matière organique des ensilages des sullas
est considéré comme bonne.
3.8. Modification de la composition des acides du sulla
par ensilage
Si pour une raison ou pour une autre, les conditions
nécessaires pour assurer la multiplication des bactéries
lactiques (absence d'air et présence des sucres fermentescibles) ne sont
pas atteintes dans le silo, le pH reste supérieur à 4,2 des
processus indésirables de dégradation de la matière
végétale se développent. Ceux-ci provoquent des pertes
pouvant atteindre 20 à 50% de la matière sèche. Il existe
en effet un risque de développement des bactéries butyriques (qui
sont strictement anaérobies). Ces dernières, amenées
à travers le sol, transforment les sucres en acide butyrique, acide
acétique, CO2 et hydrogène. En même temps, ces
bactéries peuvent provoquer la fermentation de l'acide lactique
initialement formé.
Deux molécules d'acide lactique se transforment en une
seule molécule d'acide butyrique et le milieu devient moins acide. Les
bactéries butyriques agissent également sur les protéines
qu'elles décomposent en ammoniac (Gouet, 1979). Les bactéries
protéolytiques agissent par oxydoréduction, désamination
et décarboxylation (Soltner, 1989). Il y a donc une dégradation
importante de la valeur azotée du fourrage avec formation des produits
diminuant l'appétibilité de l'ensilage (NH3, AGV(acides gras
volatils), et amines) et plus ou moins toxiques pour l'animal (amines). Une
odeur de vinaigre, indice d'un excès d'acide acétique, traduit un
tassement insuffisant (Moule, 1971). Une odeur nauséabonde de beurre
rance et de butyrate, renseigne sur le développement de fermentations
butyriques néfastes pour l'animal. En effet, l'excès de butyrate
traverse la paroi du rumen et se transforme en corps cétoniques dont
l'accumulation dans le sang provoque l'acétonémie (Vambelle
et al., 1981). Lors de l'étude des liaisons entre les
quantités d'ensilage ingérées et leurs
caractéristiques fermentaires, Wilkins et al., (1971) ont
montré que l'ammoniac et les acides gras volatils
particulièrement l'acide acétique, sont responsables de la
diminution de l'ingestion des ensilages.
3.8.1. Acide acétique
Un ensilage de fourrage est considéré d'une
excellente qualité de conservation, lorsqu'il répond à
certaines normes rappelées par Dulphy et Demarquilly (1981) et
Demarquilly et Andrieu (1988), entre autre la teneur en acide acétique
qui doit être inférieure à 25 g/kg MS. Les ensilages du
sulla traités sont caractérisés par des teneurs en acide
acétique de 6,18 à 88,68 et 12,2 à 89,43% respectivement
pour le sulla de 1ère et 2ème année de culture.
D'après Leduc et Fournier (1998) un ensilage
présentant une teneur en acide acétique inférieure
à 4% est généralement considéré comme bon.
Cependant dans un excellent ensilage la teneur en acide acétique reste
inférieure à 2%.
D P1 EP1 RP1 ERP1 P2 EP2 RP2 ERP2 P3 EP3 RP3 ERP3
Traitements
Acide Acetique g/kg de MS
Sulla 1
Sulla 2
ppds 5% : 0,0022
x
w
p
p
l
m
p
o
u
n
j j i
gh
f
q
s
h
c
b
a
r
r
v
t
k
100
90
80
70
60
50
40
30
20
10
0
Figure 56. Effet des divers traitements sur
le taux d'acide acétique de l'ensilage du sulla. D: sulla directe, P1:
préfanage 24h, EP1: éclatement et préfanage 24h, RP1:
retournement et préfanage 24h, ERP1: éclatement, retournement et
préfanage 24h, P2: préfanage 48h, EP2: éclatement et
préfanage 48h, RP2: retournement et préfanage 48h, ERP2:
éclatement, retournement et préfanage 48h, P3: préfanage
72h, EP3: éclatement et préfanage 72h, RP3: retournement et
préfanage 72h, ERP3: éclatement, retournement et préfanage
72h.
D'après Dulphy et Demarquilly (1981), les ensilages P3
et ERP2 relatifs aux deux sullas et de 2ème année
peuvent être classés comme excellents avec des taux d'acide
acétique compris entre 6,18 et 15,32%. Les traitements EP31-2, RP31-2,
ERP31-2, EP11 et RP21 ont produit de bons ensilages ayant des taux d'acide
acétique de 26,23 à 36,17%. Alors que RP11-2, ERP11-2, D2, P12,
P22 et EP12 sont considérés comme de très mauvais
ensilages. Fournier (2007) a rapporté un taux d'acide acétique de
l'ordre de 2,4% dans un ensilage de luzerne issu d'un andain bien exposé
à l'ensoleillement. Cette condition contribue à une meilleure
ouverture des stomates et par conséquent un gain de matière
sèche. Cependant, plus l'andain est large, plus la perte en eau
s'effectue rapidement. L'humidité du sol ainsi que la densité de
l'andain affectent négativement la perte en eau de la plante.
Aeschlimann (2005) a constaté que les teneurs en acide acétique
d'un ensilage de luzerne sont négativement corrélés
à la teneur en matière sèche du fourrage à la
coupe.
3.8.2. Acide butyrique
Selon Dulphy et Demarquilly (1981), Demarquilly et Andrieu
(1988) et Leduc et Fournier (1998), l'acide butyrique est un indice d'une
mauvaise conservation et d'une instabilité de l'ensilage.
Un ensilage de luzerne d'excellente qualité en contient
moins de 0,1%; mais il est considéré comme bon à moyen
avec moins de 0,5% d'acide butyrique. Erdman (1988) a rapporté un taux
d'acide butyrique de 0,2% pour un très bon ensilage de luzerne. Ce taux
peut même tendre vers zéro (Aeschlimann, 2005). Ainsi, le
préfanage pendant 72h a produit dans tous les cas des ensilages de sulla
à faible taux d'acide butyrique variant de 0 à 4 g/kg MS, donc
ils sont classés comme excellents à bons. Alors que la
conservation du sulla par voies directe, préfanage 24h avec toute les
variantes, et préfanage 48h seulement a fournit de très mauvais
ensilages hautement pourvus en acide butyrique.
Selon Gysi (2006), parmi les légumineuses, les
ensilages de trèfle violet et de trèfle blanc qualifié de
facile à ensiler, ne conduit pas forcément à des ensilages
exempts d'acide butyrique et considérés comme de bonne
qualité.
D P1 EP1 RP1 ERP1 P2 EP2 RP2 ERP2 P3 EP3 RP3 ERP3
Traitements
Acide Butyrique g/kg de MS
ppds 5% : 0,0034
b
m m
l
k
ij
ij
i i
i
g h
Sulla 1
Sulla 2
f
cd
cd
c
a a
n n
n
de e
bc cd
j
20
18
16
14
12
10
8
6
4
2
0
Figure 57. Variation du taux d'acide
butyrique de l'ensilage du sulla selon les divers traitements. D: sulla
directe, P1: préfanage 24h, EP1: éclatement et préfanage
24h, RP1: retournement et préfanage 24h, ERP1: éclatement,
retournement et préfanage 24h, P2: préfanage 48h, EP2:
éclatement et préfanage 48h, RP2: retournement et
préfanage 48h, ERP2: éclatement, retournement et préfanage
48h, P3: préfanage 72h, EP3: éclatement et préfanage 72h,
RP3: retournement et préfanage 72h, ERP3: éclatement,
retournement et préfanage 72h.
3.8.3. Acides gras volatils
Erdman (1988) a rapporté un taux d'acides gras volatils
(acétique, propionique, butyrique et lactique) d'un ensilage de luzerne
de l'ordre de 0,57 Moles/kg MS. Ce dernier peut même varier de 0,6
à 0,8 Moles/kg MS (Leduc et Fournier, 1998). La conservation du sulla
par voie humide a produit des ensilages ayant des teneurs en AGV de 0,1
à 1,57 Moles/kg de MS. D'après Muller et al. (1992), un
excellent ensilage bénéficiant d'une bonne condition de
conservation, se caractérise par une concentration d'AGV
inférieure à 0,33 Moles/kg MS. Les techniques de préfanage
pendant 48h avec éclatement et retournement du sulla de
2ème année et préfannage 72h ont donné
des ensilages ayant des teneurs en AGV variant de 0,1 à 0,23 Moles/kg
MS. En conséquence, ils sont classés dans la catégorie des
ensilages excellents. Les ensilages de sulla ERP31-2, RP31-2, EP31-2 et RP21
présentent des taux en AGV compris entre 0,43 et 0,59 Moles/kg MS, donc
de bonne qualité (Dulphy et Demarquilly, 1981; Demarquilly et Andrieu,
1988). Cependant, les ensilages EP21, ERP21, P21, P32, RP22, et ERP22 font
partie de la catégorie des médiocres (Paragon et al.,
2004). Les traitements D1-2, P11-2, EP11-2, RP11-2, ERP11-2 et P22 sont
considérés comme mauvais à très mauvais. Quel que
soit le traitement utilisé, le préfanage 24h ne produit jamais un
ensilage de sulla de qualité acceptable. Une corrélation
négative entre les teneurs en AGV de l'ensilage de sulla et le
pourcentage en matière sèche des fourrages (Figure 58) a
été démontrée et confirmée par Ballard
(2009) sur un ensilage de luzerne. Le profil en acides gras évolue peu
au cours des premières 24h de préfanage où aucun des
composants ne varie réellement.
10 15 20 25 30 35 40
% MS
AGV (Moles/kg MS)
0,8
0,6
0,4
0,2
1,8
1,6
1,4
1,2
0
1
y = 0,001x2 - 0,125x + 2,994 R2 = 0,729
Figure 58. Evolution du taux d'acides gras
volatils selon le pourcentage en matière sèche des ensilages de
sulla.
3.9. Cartographie de la qualité des ensilages du
sulla
Selon la répartition cartographique des ensilages, le
préfanage pendant 72h simple, ou avec éclatement des tiges, ou
retournement de l'andain d'un sulla de 1ère année de
culture contribue à produire des ensilages d'excellente qualité
chimique et biochimique. Alors que le sulla de 2ème
année conservé par voie humide ne peut réussir
parfaitement qu'avec les traitements ERP2 et RP3. L'analyse de
l'évolution de matière sèche montre que les taux de ces
derniers se situent entre 31 et 35%. Au-delà du taux maximum
identifié (35%), le tassement devient difficile et risque de ne pas
faire échapper la totalité de l'air emprisonnée à
l'intérieur du fourrage.
MS Jus Inconsommable pH N-NH3/NT Cellulose Cendres DMO AA
AB AGV
Sulla 1ère année
ERP3 RP3 EP3 P3 ERP2 RP2 EP2 P2 ERP1 RP1 EP1
P1
D
ERP3 RP3 EP3 P3 ERP2 RP2 EP2 P2 ERP1
RP1 EP1 P1
D
Sulla 2ème année
Figure 59. Cartographie relative à la
qualité des ensilages du sulla selon les traitements; D: sulla directe,
P1: préfanage 24h, EP1: éclatement et préfanage 24h, RP1:
retournement et préfanage 24h, ERP1: éclatement, retournement et
préfanage 24h, P2: préfanage 48h, EP2: éclatement et
préfanage 48h, RP2: retournement et préfanage 48h, ERP2:
éclatement, retournement et préfanage 48h, P3: préfanage
72h, EP3: éclatement et préfanage 72h, RP3: retournement et
préfanage 72h, ERP3: éclatement, retournement et préfanage
72h.
Excellent Bon
Mauvais
Cependant, le préfanage du fourrage est souvent
exposé à une contrainte climatique (risque d'orage pluvieux)
(Figure 60). Ce risque abiotique contribue à une dégradation de
la matière sèche et par conséquent une mauvaise
fermentation dans le silo.
pluviometrie (mm)
25,0
20,0
15,0
10,0
0,0
5,0
1/3 21/3 10/4 30/4 20/5
date
pluviométrie température moyenne
0,0
30,0
25,0
20,0
5,0
15,0
10,0
temperature moyenne (°C)
Figure 60. Pluviométrie et
température moyenne de la période de préfanage
3.10. Conclusion
Se caractérisant par un taux de matière
sèche (15-18%) au stade floraison, le sulla comme toutes les
fabacées fourragères produit un ensilage de qualité
médiocre. La technique de préfanage seule ou combinée au
conditionnement comme l'éclatement des tiges se présente comme
une solution efficace pour améliorer la qualité de la
conservation mais aussi celle des ensilages déjà produits par les
céréales immatures comme l'avoine, le triticale et l'orge.
L'effet de l'éclatement des tiges sur la teneur en matière
sèche du sulla ne se manifeste qu'après 48h de préfanage
pour un ensilage issu d'un sulla de 1ère et
2ème année respectivement sans et avec retournement.
La technique de préfanage avec éclatement des tiges permet un
gain en matière sèche gratuit de 5 à 7 points et une bonne
conservation par ensilage à pH variant de 3,91 à 5,3.
L'état de dégradation des protéines à travers le
rapport azote ammoniacal sur azote total varie de 1,33 à 19,65.
Corrélés aux taux de matière sèche, les AGV
permettent une évaluation de l'état de conservation du fourrage
(excellente, bonne, mauvaise). Ces derniers varient entre 0,1 et 1,57 Moles/kg
MS; montrant que seules les traitements RP31-2; ERP22; EP31; et P31
ont produit des ensilages à taux faible d'AGV entre 0,1et 0,59 Moles/kg
MS.
4. Protection des sols des zones montagneuses de la
Tunisie par le sulla du nord
4.1. Ruissellement selon la culture et la pente
Après une heure de pluie (170mm), la culture de sulla
entraine une perte en eau par ruissellement variant entre 1,2 et 5,8 litres
respectivement sur une pente de 4 et 12%. Cette perte d'eau ne varie pas
significativement entre 8 et 12% (Figure 61A).
Après 60mn de pluie soit un cumul d'eau de 170mm, les
quantités d'eaux ruisselées augmentent dans une jachère
non travaillée; l'eau ruisselée passe ainsi de 6,3 à 36,2
litres respectivement sur une pente de 4 et 12% (Figure 61B).
Sur une culture de blé, l'eau ruisselée se
trouve proportionnelle à la pente. Le couvert sulla présente les
pertes d'eau les plus faibles suivi par la jachère non
travaillée, ensuite le blé (Figure 61C).
45
4%
C
temps (mn)
7
4%
A
temps (mn)
B
temps (mn)
volume en eau ruisselle (I)
6
8%
5
12%
4
3
2
1
0
0 10 20 30 40 50 60
0 10 20 30 40 50 60
40
4% 8% 12%
volume en eau ruisselle (I)
35
30
25
20
15
10
5
0
40
volume en ruisselle (I)
8%
35
30
12%
25
20
15
10
5
0
0 10 20 30 40 50 60
Figure 61. Evolution du volume d'eau
ruisselé dans diverses conditions de culture selon de pentes de 4, 8
et 12%. A : culture de sulla; B : jachère non travaillée et C
: culture de blé dur (Slim et Ben Jeddi, 2011).
En condition de forte pente (12%), les taux de ruissellement
ont évolué de 3,4 à 23,2% respectivement sur une culture
de sulla et un blé dur. Dans cette situation, le couvert sulla
réduit le ruissellement d'eau de 6,3 à 6,8 fois respectivement
par rapport à une jachère non travaillée et un blé
(Figure 62). Une meilleure conservation d'eau est alors observée en
situation de sol couvert par une végétation de sulla de 2 ans. Au
stade montaison, le blé cultivé en pente contribue à une
perte d'eau variant entre 13 et 39,5mm suite à une pluie de 170mm
respectivement sur une pente de 4 et 12%.
30
0 4 8 12
pente (%)
taux de ruissellment (%)
25
20
15
10
0
5
JNT S
B
Figure 62. Evolution du taux de ruissellement
selon la pente dans diverses conditions de culture. S : culture de sulla ; B
: culture de blé ; JNT : jachère non travaillée (Slim et
Ben Jeddi, 2011).
Dans les différents niveaux de pente, le sulla
présente les pertes d'eau, par ruissellement, les plus faibles suivi par
la jachère non travaillée, puis le blé. Sur une forte
pente (12%), le couvert sulla réduit le ruissellement d'eau de 6,3
à 6,8 fois respectivement par rapport à la jachère non
travaillée et au blé. Une meilleure conservation d'eau est alors
observée pour le sol couvert par le sulla de 2ème
année de culture (au stade début floraison).
4.2. Infiltration de l'eau sous différents couverts
végétaux
L'infiltration de l'eau dans le sol se trouve inversement
proportionnelle au ruissellement. Sous couvert sulla, l'infiltration de l'eau
varie entre 99 et 96,6% respectivement sur une pente de 4 et de12% après
une pluie de 170mm (Figure 63).
0 4 8 12
pente (%)
taux d'infiltration (%)
100
95
90
85
80
75
JNT S
B
Figure 63. Evolution du taux d'infiltration
d'eau selon la pente dans diverses conditions de culture. S: culture
de sulla ; B : culture de blé ; JNT : jachère non
travaillée (Slim et Ben Jeddi, 2011).
Dans les mêmes conditions, le blé contribue à
induire une infiltration d'eau la plus faible et particulièrement en
pente de 12% (76,7%).
4.3. Vitesse de ruissellent de l'eau
Jusqu'à 20 minutes de pluie (56,6mm), le ruissellement de
l'eau n'a pas été déclenché et ce dans toutes les
cultures installées sur 4 et 8% de pente.
Après 40 minutes de pluie, le ruissellent
présentent des vitesses considérables au environ de 0,4 l/mn
à 4% de pente et de 0,6 l/mn à 8% de pente, mais qui diminuent
ensuite dans les 10 minutes suivantes.
On constate que à la fin d'une heure de pluie les
courbes de vitesses de ruissellement des différents traitements
enregistre des pics importants à 4% de pente de 0,04, 0,08 et 0,62 l/mn,
et à 8% de pente 0,22, 0,70 et 1,31 l/mn, respectivement pour le sulla,
la jachère non travaillée et le blé.
A partir des 30 premières minutes, à 12% de
pente on remarque bien que la culture de sulla présente une courbe
constante dans le temps avec des vitesses de ruissellement variant entre 0,13
et 0,16 l/mn. Mais on constate que pour les autres traitements, les courbes
sont ascendantes atteignant à 60 mn de pluie un pic de 1,75 et 1,93 l/mn
respectivement pour la jachère non travaillée et le blé.
Dans les différents niveaux de pente, la culture de Sulla
présente les valeurs les plus faibles de la vitesse de ruissellement
d'eau, suivi après par la jachère non travaillée, ensuite
la culture de blé (Figure 64).
60
0 10 20 30 40 50
C
temps (mn)
vitesse de ruissellement (I/mn)
S JNT B
1,8
1,6
1,4
1,2
1
0,8
0,6
0,4
0,2
0
A
B
2
.Figure 64.
Evolution de la vitesse de ruissellement dans diverses
conditions de culture selon différentes pentes. A : pente de 4%
; B : pente de 8% ; C : pente de 12%. S : Culture de Sulla
; B : Culture de blé ; JNT : Jachère non
travaillée (Slim et Ben Jeddi, 2011).
Au bout d'une heure de pluie artificielle, et pour les
différents niveaux de pente, la culture de sulla présente les
valeurs les plus faibles de vitesse de ruissellement d'eau, suivie par la
jachère non travaillée et la culture de blé. Par rapport
à une jachère non travaillée et à 12% de pente, le
sulla réduit de 10 fois la quantité de terre
érodée. Dans les mêmes conditions topographiques,
l'intensité de l'érosion est très importante sous un
couvert de blé dur et ce malgré le stade agronomique
avancé de la culture (montaison).
4.4. Evaluation des pertes solides sous différents
couverts végétaux
Après un cumul d'eau de 1700m3/ha, et sur
une pente de 4%, le sulla entraîne une perte de charge solide de 13,7
g/m2. Cette masse de terre perdue atteint une valeur plus
élevée sur une jachère non travaillée (114,5
g/m2). Sur une pente moyenne de 8%, la quantité de terre
perdue par érosion augmente significativement pour atteindre des valeurs
de 48,3; 467,2; et 297,4 g/m2 respectivement pour le sulla, la
jachère et le blé. A une pente de 12%, la perte sous forme de
charge solide grimpe jusqu'à 560,8 et 664,2 g/m2 sur un
couvert de blé et une jachère non travaillée (Tableau
29).
Tableau 29. Mesure de la perte en terre sous
différents Couvert végétaux
Pente 4% 8% 12%
Couvert végétal S JNT B S JNT B S JNT
B
Poids de la terre érodée (g/m2)
13,7 114,5 98,2 48,3 467,2 297,4 65,9 664,2 560,8
S : Culture de Sulla ; B : Culture de blé ; JNT :
Jachère non travaillée.
Par rapport à une jachère non travaillée
et à 12% de pente, le sulla réduit de 10 fois la quantité
de terre érodée. Dans cette même topographie de sol,
l'intensité de l'érosion solide est très importante sur un
couvert de blé dur et ce malgré les stades agronomique
avancé de la culture (montaison). Après un cumul d'eau de 1700
m3/ha, la quantité de terre perdue par érosion augmente
significativement en fonction de la pente et elle dépend de la nature du
couvert végétal de la parcelle, mais les valeurs de perte en
charges solides les plus élevées se trouvent dans la parcelle de
jachère non travaillée suivie par la parcelle de blé.
Alors que la parcelle de sulla présente les valeurs de perte les plus
faibles et ce dans les différents niveaux de pente.
4.5. Analyse physico-chimique comparative
Comme élément très fin, l'argile est
transportée en grande quantité dans les eaux de ruissellement. En
effet, l'analyse de la composition physique de la matière solide
transportée par l'érosion pluviale montre que l'argile
prédomine avec une teneur de 55% (Tableau 30)
Tableau 30. Analyse granulométrique des
substrats sols et charges solides
|
SAP
|
CS
|
Argile %
|
35,5
|
55
|
Limons %
|
36,5
|
28
|
Sables %
|
28
|
17
|
SAP : sol avant perturbation par la pluie et CS : charges solides
transportée par l'érosion pluviale.
Le sulla du nord est considéré comme une culture
protectrice et conservatrice du sol. Avec son système racinaire
fasciculé en surface et traçant en profondeur (Figure 65),
l'espèce contribue davantage à une meilleure rétention des
particules colloïdales du sol. Cette particularité explique entre
autre le faible niveau d'érosion aussi bien liquide que solide
observé dans les différentes conditions de culture.
Surface du sol
10 à 15 cm
Nodosités
25 à 35 cm
Racines secondaires
Racine principale
160 à 215 cm
Figure 65. Système racinaire
schématisé du sulla du nord (Slim et Ben Jeddi, 2011).
L'importance de l'humus produit par un couvert sulla
atteignant 9 à 12t/ha améliore la cohésion du sol, sa
teneur en matière organique éléments minéraux et
par conséquent sa fertilité (Ben Jeddi, 2005).
Tableau 31. Composition organo-minérale
des sols avant pluie et des charges solides transportées par
érosion
|
SAP
|
CS
|
Matière organique (%)
|
0,7
|
3,5
|
Azote minéral (ppm)
|
6,5
|
32
|
Phosphore assimilable (ppm)
|
9
|
12,5
|
Potassium (meq/100g)
|
0,52
|
0,965
|
SAP : sol avant perturbation par la pluie et CS : charges solides
transportées par l'érosion pluviale.
Le tableau 31 montre que, la matière organique et
l'azote du sol représentent les deux éléments les plus
vulnérables à l'érosion. La matière
ruisselée se caractérise par des fortes teneurs en matière
organique et azotées relatives aux sites expérimentaux. La
concentration en azote varie de 28 à 36 ppm alors que les substrats
érodés se caractérisent par des concentrations allant de 5
à 7 ppm. Parallèlement, un appauvrissement organique significatif
affecte les terres soumises aux différentes formes d'érosion.
Dans ces conditions, une moyenne de perte organique peut atteindre 23
g/m2 l'équivalent de 230 kg/ha. Le phosphore et le potassium
se trouvent moins affectés malgré les teneurs relativement
élevés constatés dans la matière solide
transportée par les eaux de ruissellement.
Le transport des charges solides par érosion pluviale
est un processus sélectif en faveur de l'élément le plus
fin qui est l'argile. Le sulla du nord est considéré comme une
culture protectrice et conservatrice du sol (Slim, 2004). Selon Sadkaoui
(2006), le système cultural qui a le mieux valorisé les
ressources en eau (3 Kg MS/m3) disponibles est le système de rotation
quadriennale incluant le sulla comme précédent cultural du
blé. Avec son système racinaire fasciculé en surface et
traçant en profondeur, l'espèce contribue davantage à une
meilleure rétention des particules colloïdales du sol. Cette
particularité explique entre autre le faible niveau d'érosion
aussi bien liquide (eau de ruisselée) que solide (charge solide)
observé dans les différentes parcelles expérimentales.
4.6. Conclusion
L'installation du sulla (Hedysarum coronarium L.) sur
des terres en pente 4 à 12% a engendré un ruissellement d'eau de
1,2 à 5,8 litres suite à une pluie cumulée de 170mm,
pendant 60 minutes, et ce comparativement à une jachère non
travaillée où la perte d'eau a varié de 6,3 à 36,2
l. A 12% de pente, les taux de ruissellement varient de 3,4 et 23,2%
respectivement pour le sulla et le blé dur (Triticum durum
Desf.). Dans les mêmes conditions, le sulla favorise une infiltration
d'eau de 99%, contre 76,6% avec le blé. Par rapport à une
jachère non travaillée, un couvert végétal à
base de sulla sur une pente 12% réduit de 10 fois plus la
quantité de terre érodée.
Dans les charges solides transportées par
l'érosion pluviale, l'argile représente 55% du total, avec une
teneur en azote de 32ppm. Cette partie du sol érodée se trouve de
même hautement pourvue en matière organique évaluée
à 3,5%. Ces pertes en éléments majeures pour la
fertilité du sol reflètent une dégradation intense et la
faiblesse des rendements des cultures particulièrement
céréalières souvent observés sur ces terres en
pente et non protégées.
Conclusion générale et perspectives
Le présent travail a montré l'importance de
l'introduction des fabacées principalement la culture de sulla
(Hedysarum coronarium L.) variété Bikra 21 dans les
systèmes de culture des zones montagneuses et spécialement chez
les petits agriculteurs des régions de Zaghouan, Siliana et
Béja.
En effet, dans un premier temps, à travers une
enquête de terrain sur la pratique de la rotation culturale dans les
zones montagneuses de la Tunisie et la typologie des exploitations, les profils
des exploitants favorables à la pratique de la rotation se trouvent chez
les agriculteurs pratiquant ce métier depuis plus de 10 ans,
mariés, âgés de plus de 40 ans et d'un niveau de
scolarisation primaire ou plus. Ce profil analysé est plus
fréquent à Siliana (50,6%), puis à Beja (44,3%) et enfin
à Zaghouan (21,9%). Cependant, l'environnement favorable à la
rotation est représenté par un agriculteur propriétaire
résidant sur les lieux de son exploitation et dont l'activité
principale est l'agriculture, se trouvant à moins de 10km du
marché hebdomadaire, et parcourant une route asphaltée ou semi
asphaltée représentée par 40,1% à Siliana, 26,5%
à Beja et 21,9% à Zaghouan. Le modèle d'exploitation mixte
à élevage (bovins, ovins ou les deux), ayant une topographie en
plaine ou en pente avec un sol de type argileux ou sableux, une surface utile
de plus de 10ha représente le profil favorable à la pratique de
la rotation, se trouvant dans 25,7, 16,4 et 15,4% des cas respectivement
à Béja, Siliana et Zaghouan. L'analyse multidimensionnelle a
permis de mieux cerner la nature des liaisons qui existent entre les
différents paramètres de productions d'une région
donnée, pour montrer que la région est dépendante de la
variable connaissance et pratique de la rotation. Cette dépendance est
dans l'ensemble négative. Les régions de Zaghouan, Béja et
Siliana sont caractérisées par une connaissance de la rotation
respectivement de type absente, faible et moyenne
La caractérisation spectrale de sulla du nord Bikra 21
suite à une comparaison des spectres au stade en pleine floraison avec
celui du blé dur en épiaison et de la jachère non
travaillé a montré une nette différence dans le domaine du
visible surtout dans la bande du rouge. Ainsi, le sulla présente une
réflectance nettement supérieure par rapport à la culture
du blé dur (57%).
Cette distinction peut être attribuée aux
propriétés de couleur dans le rouge spécifique des fleurs
de sulla. Pour confirmer cette distinction entre les différents
spectres, on a calculé l'indice de réflectance dans le visible.
Cet indice, montre une nette différence des valeurs pour le sulla
(0,046) et le blé dur (0,368).
L'analyse des performances de Bikra 21 a montré, les
aptitudes d'adaptation de la variété aux contextes climatiques,
édaphiques et sociaux de la région. Les résultats obtenus
de la caractérisation herbagères de la culture du sulla dans le
système fourrager ont confirmé la bonne adaptation aux divers
modes d'exploitations, le pouvoir élevé de l'efficience
d'utilisation de l'eau et le grand potentiel de production
énergétique. Les vitesses de croissance de la
végétation du sulla varient entre 0,176 et 1,236cm/mm de pluie
pour les deux modes d'exploitations (fauche et pâturage). Pour les
différentes régions (Béja, Siliana et Zaghouan), les
rendements en matière sèche du sulla exploité par fauche
obtenus sont compris entre 1195 et 5490kg MS/ha. Le système
pâturage, fournit des rendements variant de 974 à 5490kg MS/ha.
L'efficience d'utilisation de l'eau du sulla varie selon l'ordre et le mode
d'exploitation entre 0,77 et 4,58 kg MS/m3 pour la fauche et 0,78 et 4,11 kg
MS/m3 de pluie pour le pâturage. Les productions
énergétiques des prairies à sulla obtenues sont comprises
entre 828 et 4666UFL/ha.
L'étude floristique des prairies de sulla, a
révélé l'existence de 28 espèces adventices (09
à Siliana, 14 à Zaghouan et 22 à Béja). En
première année d'installation du sulla, les familles des
astéracées et des poacées se trouvent les plus
représentées. Après quatre cycles d'exploitation, le taux
d'adventices chute pour atteindre 3 à 9%. Les techniques d'exploitations
de la culture du sulla, lui confèrent le statut d'une culture
nettoyante.
La technique de préfanage seule ou combinée au
conditionnement comme l'éclatement des tiges se présente comme
une solution efficace pour améliorer la qualité de la
conservation. L'effet de l'éclatement des tiges sur la teneur en
matière sèche de sulla ne se manifeste qu'après 48h de
préfanage pour un ensilage issu d'un sulla de 1ère et 2ème
année respectivement sans et avec retournement. La technique de
préfanage avec éclatement des tiges permet un gain gratuit en
matière sèche de 5 à 7 point et une bonne conservation par
ensilage à pH variant de 3,91 à 5,3. L'état de
dégradation des protéines à travers le rapport azote
ammoniacal sur azote total a varié de 1,33 à 19,65.
Corrélés aux taux de matière sèche, les AGV
permettent une évaluation de l'état de conservation du fourrage
(excellente, bonne, mauvaise).
Ces derniers varient entre 0,1 et 1,57 Moles/kg MS, montrant
que seuls les traitements RP31-2; ERP22; EP31; et P31 ont produit des ensilages
à un faible taux d'AGV entre 0,1et 0,59 Moles/kg MS. En tenant compte
les contraintes climatiques au cours du séjour de fanage et les frais du
retournement du fourrage, pour un sulla de 1ère année
un préfanage de 24h avec éclatement des tiges semble être
le meilleur traitement, cependant pour un ensilage à base d'un sulla de
2ème année on conseille de procéder à un
éclatement avec 72h de préfanage.
La gestion durable des ressources naturelles en zones
montagneuses vulnérables aux diverses formes d'érosion, en
particulier de nature pluviale représente une technique biologique
permettant la réduction de la dégradation organo-minérale
des sols et l'amélioration de la couverture végétale
conséquente. L'installation du sulla (Hedysarum coronarium L.)
sur des terres en pente 4 à 12% a engendré un ruissellement d'eau
de 1,2 à 5,8 litres suite à une pluie cumulée de 170 mm,
en 60 minutes et ce comparativement à une jachère non
travaillée où la perte d'eau varie de 6,3 à 36,2 litres.
Avec une pente de 12% les taux de ruissellement ont été de 3,4 et
23,2% respectivement pour le sulla et le blé dur (Triticum durum Desf.).
Dans les mêmes conditions, le sulla favorise une infiltration d'eau de
99%, contre 76,6% pour le blé. Par rapport à une jachère
non travaillée, un couvert végétal à base de sulla
sur une pente 12% réduit plus de 10 fois la quantité de terre
érodée. Dans les charges solides transportées par
l'érosion pluviale, l'argile représente 55% du total, avec une
teneur en azote de 32 ppm. Cette partie du sol érodée se trouve
de même hautement pourvue en matière organique
évaluée à 3,5%. Ces pertes en éléments
majeurs pour la fertilité du sol reflètent une dégradation
intense et la faiblesse des rendements des cultures particulièrement
céréalières souvent observés sur ces terres en
pente et non protégées.
La promotion et la valorisation de sulla en tant
qu'espèce fourragère mais aussi à rôle
remédiant spécialement en régions montagneuses
représentent une action qui s'intègre dans le
développement régional durable. L'amélioration de la
couverture végétale ainsi que l'état organique des terres
tentent à redynamiser et surtout sécuriser les secteurs de
production céréalier, fourrager et l'élevage.
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