3.2 Les effets socioéconomiques
L'aspect socio économique qui sera abordé dans
cette problématique est vu à travers l'opportunité
qu'offre la petite irrigation pour les cultures de contre saison et de toutes
autres nouvelles activité liée à cette dynamique du kori
Mountséka. Les conséquences socioéconomiques vont
regrouper à cet effet les multiples questions liées à la
situation actuelle de la mise en valeur et aux problèmes d'un
éventuel aménagement du kori et de son bassin versant du kori
Mountséka. C'est un bassin versant qui se dégrade mais qui offre
une opportunité des cultures de contre saison par la petite irrigation
à partir des eaux du kori de plus en plus permanentes. Certes il y a la
ressource eau suffisante pour la mise en valeur, mais les paysans se plaignent
de la forte teneur des matières fines en suspension. Pour saisir cet
état de fait, une analyse de deux échantillons d'eau
prélevé le long du kori dans le secteur de Dan fourma et
Mountséka, montre une charge solide respective de 6,55 g/ l et 6,51 g/
l. Une telle charge, comparée à celle du kori Tondibia de l'ordre
de 0,17 g/ l, dans l'ouest nigérien parait élevée. Elle
illustre ainsi la gravité de la dégradation du bassin versant du
kori Mountséka. En effet les études citées ci haut sur
Mountséka, ont toutes évoqué la question de
dégradation du bassin
versant et l'ensablement des mares. Cette importante question
est comme nous le savons liée à la dynamique hydro érosive
du kori et de son bassin versant. Compte tenu du coût
élevée pour traiter les dégâts engendrés par
l'érosion, il sera judicieux de mener une réflexion sur les
acteurs, leurs techniques et moyens pour maintenir la perte en terre à
un seuil à partir duquel toutes les activités soumises au danger
de l'érosion puissent être rentables et favoriser le
développement. Toutefois un guide d'entretient permet de mieux approcher
cette problématique.
3. 3 Protocole provisoire de recherche pour la
thèse
3.3.1 Choix du concept
Dans l'analyse intégrée des milieux naturels
plusieurs concepts sont utilisés : paysage, écosystème,
géosystème, écocomplexe... Nous empruntons à Bouzou
(2000) une analyse y relative qui nous permettra de choisir les concepts
appropriés.
Le paysage est défini par Bailly et al. (1986) comme
étant " à la fois un environnement naturel, un milieu humain
(histoire, culture), un territoire vécu par un groupe, un lieu de
création (esthétique symbolique) en renouvellement
permanent". Définition faisant ressortir les différentes
perceptions du paysage : milieu naturel, mais aussi perçu et
vécu. Ces préoccupations du perçu et du vécu ne se
retrouvent pas dans les concepts d'écosystème, de
géosystème et d'écocomplexe utilisés aussi dans
l'analyse diagnostic des milieux.
"L'écosystème représente un ensemble
précis de catégories trophiques interdépendantes, entre
lesquelles se répartissent des individus de différentes
espèces en interaction avec un environnement physico-chimique
déterminé". (Tansley, 1935 ; Lindeman, 1942 ; Odum, 1951,
1959, 1971). Il est reproché au concept d'écosystème,
défini par les écologistes, son caractère restreint,
biocentré ; Tricart (1982), souligne avec Blanc-Pamard (1982) et
Bertrand et al. (1986) que le "concept d'écosystème, en soi,
n'est pas spatialisé. Un écosystème est, avant tout, un
tissu de flux qui déterminent sa structure. Il se représente par
un organigramme, non par une carte". Position considérée trop
excessive par les écologistes comme Blandin et Lamotte (1988).
Le géosystème a été défini
par le Soviétique Sochava (1960) et repris dans les années 1970
par les géographes français notamment par Bertrand. "Le
géosystème est un système géographique
naturel homogène lié à un territoire.
Il se caractérise par une morphologie, c'est-à-dire par des
structures spatiales verticales (les géohorizons) et horizontales (les
géofaciés) ; un fonctionnement qui englobe l'ensemble des
transformations liées à l'énergie solaire ou
gravitationnelle, aux cycles de l'eau, aux biogéocycles, ainsi qu'aux
mouvements des masses aériennes et aux processus de
géomorphogenèse ; un comportement spécifique,
c'est-à-dire par les changements d'états qui interviennent dans
le géosystème pour une séquence de temps
données" Beroutchachvili et Bertrand, 1978). Le
géosystème engloberait toutes les composantes biotiques et
abiotiques sans hiérarchie préalable. Il est aussi
cartographiable car spatialisé. Toutes ces raisons ont conduit les
géographes français à l'adopter. Par contre les
écologistes comme Blandin et Lamotte (1988) relèvent
quelques-unes de ses insuffisances :
- le géosystème n'est qu'un assemblage
d'écosystèmes ;
- l'homogénéité prônée n'est
que fictive car dans l'application, des géofaciès
s'imbriquent.
L'écocomplexe désigne "des ensembles
d'écosystèmes interactifs et on pas seulement juxtaposés
en des mosaïques plus ou moins hétérogènes"
(Blandin et Lamotte, 1988). La notion
d'hétérogénéité est ici introduite pour
combler les insuffisances inhérentes au géosystème. Mais
Bouzou (2000) souligne qu'en lisant les auteurs, pour les exemples
considérés pris en Côte d'Ivoire, il s'agit plutôt
d'une hétérogénéité biotique.
La dynamique que connaissent le kori et son bassin versant est
avant tout la résultante des facteurs naturels et humains. La
compréhension d'une telle problématique doit être
placée sous une approche écosystémique. En effet,
l'écosystème est un terme récent, il a été
lancé au siècle dernier par Woltereck et unit le préfixe
éco au mot système (Remmert 1992 in Mainguet, 2003). Il se
définit comme étant l'ensemble des liens d'interdépendance
des constituants d'un milieu ambiant. Unité fonctionnelle de base en
écologie, l'écosystème est en somme une association
dynamique de deux composantes en constante interaction : un environnement
physicochimique, géologique et climatique que constitue le biotope et l'
ensemble d'êtres vivants qui caractérise la biocénose.
Notre choix porte sur ce concept vu sa portée dans
cette étude d'une part et au contexte actuel de la notion même
d'écosystème. En outre, parler d'hydrogéomorphologie,
c'est montrer les relations d'interdépendance entre les
phénomènes hydrologiques et géomorphologiques.
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