CENTRE REGIONAL AGRHYMET
DÉPARTEMENT FORMATION ET RECHERCHE
MEMOIRE DE FIN D'ÉTUDES POUR l'OBTENTION
DU DIPLÔME DE MASTÈRE EN GESTION CONCERTÉE DES
RESSOURCES
NATURELLES
Option GESTION INTEGRÉE DES RESSOURCES EN EAU ET
ENVIRONNEMENT Promotion : 2011-2012
Présenté par : AHMET Abdou Rhamane
Thème :
Contribution à la mise en place d'un cadre de
partenariat entre les communes et les organes GIRE dans le sous bassin
versant de la basse vallée de la Tarka au Niger.
Présenté et soutenu le 12 mars 2012 devant
le jury composé de :
Président : Pr Boureima OUSMANE /
Faculté des Sciences / Université de Niamey.
Membres : Dr Sanoussi ATTA / Centre Régional
AGRHYMET.
Mr Hamidou Djibo / Centre Régional AGRHYMET.
Maître de stage: Directeur de
mémoire :
Dr ADAMOU Mahaman Moustapha Dr Pibgnina
BAZIÉ
Faculté d'Agronomie/Université Abdou
Moumouni. Centre Régional
AGRHYMET/Niamey.
TABLE DE MATIÈRES :
DEDICACES viREMERCIEMENTS viiLISTE DES FIGURES
viiiLISTE DES TABLEAUX ix
LISTE DES CARTES ix
LISTE DES PHOTOS ix
SIGLES ET ABREVIATIONS x
RESUME xiiiABSTRACT xiv
INTRODUCTION GÉNÉRALE 1
Chapitre 1 : CADRE THÉORIQUE 4
I- DÉFINITIONS DE QUELQUES CONCEPTS : GIRE et CLE
4
1-1 La GIRE : Approche par bassin versant 4
1-2 Comité Local de l'Eau (CLE) : 6
II- CADRE JURIDIQUE ET INSTITUTIONNEL DE GESTION DES
RESSOURCES
EN EAU AU NIGER : 7
III- LA COOPÉRATION INTERCOMMUNALE AU NIGER
9
Chapitre 2 : PRÉSENTATION DU MILIEU D'ÉTUDE
11
I- LA BASSE VALLÉE DE LA TARKA 11
1-1 Localisation 11
1-2 Situation administrative 12
1-3 Milieu biophysique 12
1-3-1 Pluviométrie 12
1-3-2 Relief et sols 14
1-3-3 Végétation 15
1-3-4 Faune 16
1-3-5 Ressources en eau 16
1-3-5-1 Réseau hydrographique 16
1-3-5-2 Mares 17
1-3-5-3 Géologie et Hydrogéologie
18
1-3-6 Ouvrages hydrauliques 21
1-3-7 Problèmes environnementaux majeurs
23
1-4 Milieu humain 24
1-4-1 Population 24
1-4-2 Activités socio économiques
26
1-4-2-1 Agriculture 26
1-4-2-2 Élevage 26
II- LE PROJET GWI-NIGER 27
III- PRESENTATION DES CLE DE BOUZA ET MADAOUA
28
3-1 Processus de mise en place des CLE de Bouza et
Madaoua. 29
3-1-1 Caractérisation de la basse vallée de
la Tarka 29
3-1-2 La rencontre d'information 30
3-1-3 Les ateliers thématiques 30
3-1-4 Mise en commun des plans d'action GIRE et
élection des bureaux des CLE 30
3-2 Structuration des CLE 31
3-2-1 Composition des Comités Exécutifs des
CLE 31
3-2-2 Le statut des CLE 33
3-2-3 Le règlement intérieur 34
Chapitre 3 : MÉTHODOLOGIE 35
I- OUTILS ET METHODE 35
1-1 Documentation 35
1-2 Fiches d'enquête 35
1-3 Matériel utilisé 36
II- METHODOLOGIE 36
Chapitre 4 : RÉSULTATS 41
I- LES ORGANES GIRE DANS LA BASSE VALLÉE DE LA
TARKA :
ORGANISATION ET FONCTIONNALITÉ. 41
1-1 Présentation des zones des CLE de Bouza et
Madaoua. 41
1-2 Analyse du processus de mise en place des CLE
43
1-2-1 Caractérisation de la basse vallée
de la Tarka 43
1-2-2 La rencontre d'information 43
1-2-3 Les ateliers thématiques 44
1-2-4 Mise en commun des plans d'action GIRE et
élection des bureaux des CLE 45
1-3 Structuration des CLE 45
1-4 Réalisations des CLE 47
1-5 Gestion des ressources en eau dans les CLE
48
1-5-1 Accessibilité à l'eau 48
1-5-2 Gestion des ressources en eau 52
1-6 Rôle de la femme dans la gestion de la
ressource en eau 54
II- LES ACTEURS DE LA RESSOURCE EN EAU DANS LES ZONES
DES CLE DE
MADAOUA ET BOUZA : IMPLICATION ET ATTENTES 54
2-1 Les acteurs de la ressource en eau 54
2-1-1 Usagers/Usages 55
2-1-2 Les communes 58
2-1-3 Les autorités administratives et
coutumières 59
2-1-4 Les services techniques de l'État
60
2-1-5 Le projet GWI-Niger 60
2-1-6 Autres ONG et Projets 60
2-2 Implications/Attentes des acteurs vis-à-vis
des CLE 61
2-2-1 Les communes 61
2-2-2 Les services techniques déconcentrés
de l'État 63
2-2-3 Les usagers 64
Chapitre 5 : DISCUSSION 65
I- La nécessité de la GIRE dans les zones
des CLE 65
II- Les comités locaux de l'eau de Bouza et
Madaoua 66 Chapitre 6 : PROPOSITIONS POUR LA MISE EN PLACE D'UN CADRE
DE
PARTENARIAT ENTRE LES COMMUNES ET LES CLE 70
CONCLUSION 72
BIBLIOGRAPHIE : 73
ANNEXES 76
ANNEXE 1 : QUESTIONNAIRES ADRESSES au Comité Local
de l'Eau (membres) 76
ANNEXE 2 : QUESTIONNAIRES ADRESSES AUX SERVICES
TECHNIQUES 78
ANNEXE 3 : FOCUS GROUP 79
ANNEXE 4 : QUESTIONNAIRES ADRESSES AUX USAGERS
81
ANNEXE 5 : QUESTIONNAIRES ADRESSES AUX COMMUNES
83
ANNEXE 6: CARTE DE CARACTERISATION DU BASSIN VERSANT DE
LA BASSE
VALLEE DE LA TARKA 84
ANNEXE 7 : QUALITE CHIMIQUE DES EAUX 85
DEDICACES
Je dédie ce modeste travail à la
mémoire de ma mère,
décédée au moment où je
commençais ce Mastère.
Que son âme repose en paix !
REMERCIEMENTS
Tout d'abord nous rendons grâce à Dieu le
Tout Puissant, le Miséricordieux pour nous avoir permis de
réaliser ce travail.
Nous remercions la Coopération Technique Belge qui
a bien voulu nous octroyer la bourse d'étude couvrant les frais
d'inscription, voyage d'étude et moyens de subsistance.
La production de ce document est le fruit de rencontres
multiples entre les différents acteurs de l'eau dans les zones des CLE
de Bouza et Madaoua que nous remercions vivement.
Nous exprimons notre profonde gratitude à toutes
les personnes qui de près ou de loin ont contribué à la
réalisation de ce travail, spécialement :
- Dr Pibgnina BAZIE, chef de la filière
hydrologie, coordinateur du Mastère GCRN/GIRE (CRA) pour le suivi durant
toute la formation, l'encadrement et les précieux conseils qui nous ont
permis d'aboutir à ce document,
- Dr Sanoussi ATTA, Responsable Division Formations de
Base (CRA) pour les conseils,
- Dr ADAMOU Mahaman Moustapha, enseignant chercheur
à la faculté d'Agronomie (UAM) pour le suivi sur le terrain au
début de ce travail,
- Tout le personnel du CRA,
- Tous les enseignants qui ont participé à
notre formation,
- Toute l'équipe du projet GWI-Niger
particulièrement MM. Souley Gonda et Moustapha Abagana
Lamine,
- Tous les chefs des services techniques de Madaoua et
Bouza.
Nous remercions enfin tous nos camarades de stages sur le
terrain à savoir Mme Abdou Fati, MM. Noura et Maiga.
LISTE DES FIGURES
Figure 1 : Indice de pluie standardisé de
Madaoua dans le CLE de Madaoua sur la période allant de 1981 à
2010. 13 Figure 2 : Indice de pluie standardisé de Bouza dans le CLE de
Bouza sur la période allant de 1981 à 2010. 13 Figure 3 : Courbe
de la pluviométrie annuelle (en mm) de 1981 à 2010 et courbe de
tendance pour la localité de Madaoua. 14 Figure 4 : Courbe de la
pluviométrie annuelle (en mm) de 1981 à 2010 et courbe de
tendance
pour la localité de Bouza. 14
Figure 5 : Répartition par communes du cheptel
dans la basse vallée de la Tarka. 27
Figure 6 : Répartition de la population du CLE de
Madaoua par commune 41
Figure 7 : Répartition de la population du CLE de
Bouza par commune. 42
Figure 8 : Appréciation par les
enquêtés (services techniques) des problèmes ayant
marqué la phase d'information. 44 Figure 9 : Appréciation, par
les enquêtés (STD, communes, usagers), des problèmes ayant
marqué la phase de formation des acteurs. 44 Figure 10 :
Appréciation des problèmes ayant marqué la phase mise en
commun des plans
d'action. 45
Figure 11 : Perception de la pollution de l'eau due aux
engrais par les usagers. 57
Figure 12 : Appréciation de l'implication des
communes dans les activités des CLE. 61
Figure 13 : Satisfaction des membres des CLE de
l'implication des communes dans les
activités des CLE. 62
Figure 14 : Propositions des membres des CLE pour une
amélioration des relations 62
Figure 15 : Propositions des élus locaux pour une
amélioration des relations CLE/communes.
62
Figure 16 : Connaissance des Figure 17 : Perception du
rôle des
CLE par les usagers. CLE par les usagers. 64 Figure
18 : Évolution de la nappe phréatique de 1993 à 1997 sur
les piézomètres B6 et B1. . 66
LISTE DES TABLEAUX
Tableau 1 : Plans d'eau de la basse vallée de la
Tarka. 18
Tableau 2: Ouvrages hydrauliques pour l'alimentation en
eau. 21
Tableau 3 : État des principales réserves
forestières. 24
Tableau 4 : Répartition des villages et de la
population de la BVT par commune. 25
Tableau 5 : Répartition des enquêtés
par acteurs. 39
Tableau 6 : Composition des bureaux exécutifs des
CLE de Bouza et Madaoua. 46
LISTE DES CARTES
Carte 1 : Localisation de la basse vallée de la
Tarka 11
Carte 2 : Contour administratif de la basse vallée
de la Tarka. 12
Carte 3 : Le réseau hydrographique du sous bassin
de la basse vallée de la Tarka. 17
Carte 4 : Carte géologique simplifiée de la
basse vallée de la Tarka. 19
Carte 5 : Contour des CLE de Bouza et Madaoua avec les
différentes communes. 42
Carte 6 : Les 11 sous bassins des CLE de Bouza et Madaoua
avec le contour administratif. . 43 Carte 7 : Répartition des points
d'eau dans les zones des CLE de Madaoua et Bouza. 52
LISTE DES PHOTOS
Photo 1 : Koris dans le CLE de Bouza. 49
Photo 2: Prosopis utilisé pour la protection des
berges d'un koris à Takachouart. 50
Photo 3 : Forage fonctionnel abandonné à
Takolgott dans le lit de la vallée. 51
Photo 4 : Des filles au bord d'un puits à Saidaoua
sur le versant. 51
Photo 5 : Approvisionnement en eau autour d'un puits
dans le CLE de Bouza, sur le plateau. 51 Photo 6 : Planches d'oignon dans la
partie récoltée d'un champ de mil dans le CLE de Madaoua (lit de
la vallée). 56
SIGLES ET ABREVIATIONS
ADM: Ader-Doutchi-Maggia.
ACDI : Agence Canadienne pour le Développement
International.
AEP : Adduction d'Eau Potable.
ASAPI : Appui à la Sécurité
Alimentaire par la Petite Irrigation.
BRGM: Bureau de Recherche Géologique et
Minière.
CARE: Cooperative for Assistance and Relief
Everywhere.
CES/DRS : Conservation des Eaux et des Sols,
Défense et Restauration des Sols.
CLE : Comité Local de l'Eau.
CNE/A : Commission Nationale de l'Eau et de
l'Assainissement.
COGES : Comité de Gestion des
Établissements Scolaires.
CRD : Conseil Régional du
Développement.
CREA : Commissions Régionales de l'Eau et de
l'Assainissement.
CREPA: Centre Régional pour l'Eau Potable et
l'Assainissement.
CRGM : Centre de Recherche Géologique et
Minière.
CRO : Comité Régional
d'Orientation.
CRS: Catholic Relief Service.
DAP/PNEDD : Document d'Appui au Plan National de
l'Environnement pour un Développement Durable.
DEMI-E : DEveloppement pour un MIeux-Etre. DRE :
Direction Régionale de l'Environnement. DRH : Direction Régionale
de l'Hydraulique.
EPCI : Établissements Publics de
Coopération Intercommunale. GIRE: Gestion Intégrée des
Ressources en Eau.
GWI: Global Water Initiative.
GWI-AO: Global Water Initiative en Afrique de l'Ouest.
GWP: Global Water Partnership.
IAAT: Institut Atlantique de l'Aménagement du
Territoire. IWRM: Integrated Water Resources Management.
MA/H/RH : Ministère de l'Agriculture, de
l'Hydraulique et des Ressources Halieutiques (Burkina Faso).
ONG : Organisation Non Gouvernementale.
PAGIRE : Plan d'Action de Gestion Intégrée
des Ressources en Eau. PANGIRE : Plan d'Action National de Gestion
Intégrée des Ressources en Eau. PBVT : Projet Basse Vallée
de la Tarka.
PGIRE : Programme de Gestion Intégrée des
Ressources en Eau dans la sous bassin de la basse vallée de la
Tarka.
PIP2 : Projet de promotion de la petite Irrigation Phase
2.
PMH : Pompe à Motricité Humaine. PNE :
Partenariat National de l'Eau. PNUD : Programme des Nations Unies pour le
Développement.
PPHSA : Projet Petite Hydraulique et
Sécurité Alimentaire.
PSEAEDD : Politique et Stratégies pour l'Eau et
l'Assainissement de l'Eau pour un Développement Durable.
RAIL : Réseau d'Appui aux Initiatives
Locales.
RGP/H : Recensement Général de la
Population et de l'Habitat.
SEEN : Société d'Exploitation des Eaux du
Niger.
SNE : Société Nationale des
Eaux.
SPEN : Société de Patrimoine des Eaux du
Niger.
UBT : Unité Bétail Tropical.
UGE : Unités de Gestion de l'Eau.
UICN : Union Internationale pour la Conservation de la
Nature.
UNICEF: United Nations Children's Fund (Fonds des Nations
unies pour l'enfance).
RESUME
Grâce à l'appui de Global Water
Initiative en Afrique de l'Ouest, le sous bassin versant de la basse
vallée de la Tarka au Niger a été choisi pour servir de
cadre pour l'expérimentation de la GIRE. Ce bassin fait face à
des multiples défis en matière de gestion des ressources en eau
(approvisionnement en eau, pollution de la nappe, accroissement de la
population, irrégularité des pluies, baisse du niveau de la
nappe, gestion traditionnelle de l'eau). Le but visé est de contribuer
à l'élaboration du Plan d'Action National de Gestion
Intégrée des Ressources en Eau du Niger. Le projet GWI-Niger,
fruit de cet appui, a entrepris la mise en place d'organes GIRE (ou
Comités Locaux de l'Eau) en vue d'une bonne gouvernance de l'eau au
niveau local.
Mais les relations entre les Comités Locaux de
l'Eau (CLE) et les acteurs de l'eau sont médiocres, surtout avec les
communes. La présente étude se veut une contribution pour un bon
partenariat entre les CLE et les communes. La méthodologie
utilisée a consisté à des enquêtes auprès des
acteurs de l'eau et des observations sur le terrain (i) des divers usages faits
de l'eau, (ii) des activités menées autour de l'eau et (iii) des
modes de gestion de la ressource. Les données traitées et
analysées à l'aide des logiciels EXCEL et SPSS ont permis de
ressortir les problèmes qui bloquent le bon fonctionnement des
Comités Locaux de l'Eau : problèmes financiers, déficit
d'informations, faible participation des acteurs (particulièrement les
communes), renouvellement des élus locaux et des services techniques.
L'étude a permis de faire plusieurs propositions à l'intention
des principaux acteurs de l'eau pour un bon fonctionnement des Comités
Locaux de l'Eau et un partenariat efficace avec les communes.
Mots-clés : Basse vallée de la Tarka,
Organes GIRE, fonctionnement, blocage, acteurs, communes, partenariat,
Niger.
ABSTRACT
With the support from Global Water Initiative in West
Africa, the sub-basin of the lower valley of the Tarka in Niger was chosen as a
framework for experimenting with IWRM. The basin faces many challenges in
managing water resources (water supply, groundwater pollution, population
growth, erratic rainfall, lower level of the water, traditional water
management). The aim is to contribute to the development of National Action
Plan for Integrated Water Resources of Niger. The GWI-Niger project, the result
of this support, has undertaken the implementation of IWRM organs (or local
Water committees) for good water governance at local level. But relations
between the Local Water Committees and water actors are poor, especially
municipalities. This study is a contribution to a good partnership between the
local Water committees and the municipalities. The methodology consisted of
surveys of water stakeholders and field observations (i) the various uses made
of water, (ii) activities undertaken around the water and (iii) modes
management of the resource. The data processed and analyzed using SPSS and
EXCEL software helped identify problems that block the functioning of local
Water committees: financial problems, lack of information, low participation of
stakeholders (especially municipalities), renewal of local elected officials
and technical services. The study led to several proposals for water
stakeholders for proper functioning of Local Water Committees and their
effective partnership with the municipalities.
Keywords: Lower valley of Tarka, Local Water Committees,
functioning, blocking, stakeholders, partnership, Niger.
INTRODUCTION GÉNÉRALE
Avec une superficie de 1 267 000 km2, le Niger
est un pays sahélien situé entre les longitudes 0°16' et
16° Est et les latitudes 11°1' et 23°17' Nord.
Le climat du Niger est du type sahélien. Du sud au
nord du pays, trois grandes zones climatiques se distinguent (PRACTICA
Fondation et UNICEF, 2010) :
- la zone soudanienne au sud avec une pluviométrie
annuelle inférieure à 800 mm,
- la zone sahélienne au Nord de la zone
soudanienne qui reçoit entre 200 à 500 mm d'eau par
an,
- la zone saharienne au Nord avec moins de 100 mm de
pluie par an.
L'occupation anthropique de l'espace dans la bande sud du
pays entraîne une forte pression sur les ressources en eau (PSEAEDD, 2001
cité par SEYNI, 2010).
L'économie du pays est essentiellement
basée sur l'agriculture et l'élevage, deux activités
soumises aux rudes épreuves des aléas climatiques.
Pour l'élaboration de son Plan National de
Gestion Intégrée des Ressources en Eau (PANGIRE), le Niger entend
s'appuyer sur des expériences de terrain au niveau local (BOUCARI et
ADAMOU, 2011). Déjà, en adoptant en Octobre 2000 le document de
Politique et Stratégies pour le Secteur de l'Eau et de l'Assainissement,
le Gouvernement du Niger a clairement opté pour l'approche GIRE pour
servir d'instrument de gestion du potentiel hydrique national (
http://www.pnud.ne/fich
GIRE.htm). A l'époque, les autorités nationales ont
préféré l'expérimenter dans l'Unité de
Gestion des Eaux (UGE) du FleuveLiptako/Gourma avec l'appui du Programme des
Nations Unies pour le Développement (PNUD, 2002).
Le 1er avril 2010, un code de l'eau a
été adopté. Il détermine les modalités de
gestion des ressources en eau sur toute l'étendue du territoire de la
République du Niger. Il précise aussi les conditions relatives
à l'organisation de l'approvisionnement en eau des populations et du
cheptel, d'une part, et celles relatives aux aménagements
hydro-agricoles, d'autre part. Ce code consacre en son article 21 (titre IV),
la possibilité de mise en place d'organes locaux de gestion de l'eau
(ordonnance n°2010-09, 2010).
Le sous bassin versant de la basse vallée de la
Tarka est situé dans la partie centre sud du Niger. A l'instar du reste
du pays, c'est une zone soumise à des contraintes climatiques. Pour ces
raisons, les populations de cette partie du Niger ont concentré
l'essentiel de leurs activités (agriculture, élevage) dans le lit
de la vallée où la nappe est moins profonde et rechargée
par les écoulements temporaires en saison des pluies. De ce fait, le lit
de la vallée
est soumis à une intense pression qui se
traduit par une pollution de l'eau, une surexploitation des ressources
naturelles et des conditions d'hygiène et d'assainissement
dégradées (GUÉRO et al., 1996,
ADAMOU, 2010). Dans les autres parties du sous bassin versant de la basse
vallée de la Tarka (plateau surtout), l'approvisionnement en eau des
populations se fait avec beaucoup de difficultés du fait de la
profondeur de la nappe. A cela s'ajoute une croissance exponentielle de la
population du bassin, avec un taux moyen d'accroissement de 2,6% pour les
départements de Bouza et Madaoua (RGP/H, 2001).
Ces divers enjeux, conjugués aux effets de la
variabilité climatique de ces dernières années, font du
sous bassin de la basse vallée de la Tarka un cadre approprié
pour la mise en oeuvre de la GIRE. C'est pour appuyer la politique nationale du
Niger en matière de GIRE que le programme Global Water Initiative en
Afrique de l'ouest (GWI-AO) a été mis en oeuvre dans le sous
bassin versant de la basse vallée de la Tarka à travers le projet
GWI-Niger. Ce dernier est aussi connu sous le nom de Programme de Gestion
Intégrée des Ressources en Eau dans le sous bassin versant de la
basse vallée de la Tarka (PGIRE Tarka)
Conformément à ses objectifs et au
processus d'élaboration du PANGIRE, le projet GWINiger a entrepris une
démarche pour la mise en place des structures de gestion des ressources
en eau au niveau local : les Comités Locaux de l'Eau (CLE). En effet,
l'application effective de la GIRE exige la création d'un cadre de
concertation entre tous les acteurs ayant d'une manière directe ou
indirecte accès aux ressources en eau (2iE, 2011) comme le
précise clairement le deuxième principe de la GIRE : « la
mise en valeur et la gestion de l'eau doivent avoir un caractère
participatif et associer les utilisateurs, les planificateurs et les
décideurs à tous les niveaux ». Les CLE qui sont des
structures intercommunales, doivent donc être fondés sur un bon
partenariat avec les communes pour une bonne application de la GIRE. C'est
pourquoi le projet GWI-Niger a demandé, à travers la coordination
scientifique du projet, à ce que ce travail de mémoire soit
conduit dans ce sens.
L'objectif principal de cette étude est de
contribuer à asseoir un cadre de partenariat bénéfique et
durable entre les communes et les organes GIRE mis en place par le Projet
GWINiger dans la basse vallée de la Tarka, conformément aux
dispositions réglementaires existantes.
Plus spécifiquement, cette étude vise
à :
v' Analyser l'organisation et la fonctionnalité
des CLE,
v' Identifier les acteurs de l'eau ainsi que les modes de
gestion de la ressource,
v' Étudier l'implication des communes et des
autres acteurs de l'eau dans le fonctionnement des CLE,
v' Ressortir les attentes des communes et des autres
acteurs vis à vis des CLE,
v' Faire des propositions pour la mise en place d'un
partenariat fructueux entre les communes et les organes GIRE.
L'étude a consisté à des
enquêtes menées auprès de tous les acteurs de l'eau et
à des observations directes sur le terrain dans les zones des CLE de
Bouza et Madaoua. Le présent document, fruit de ce travail s'articule en
six (6) chapitres :
- Le premier chapitre expose le cadre théorique
: définitions de concepts, cadre juridique de gestion de l'eau au Niger,
décentralisation et coopération intercommunale au Niger
;
- Le deuxième chapitre présente le milieu
d'étude : la basse vallée de la Tarka et le projet
GWI-Niger,
- Le troisième chapitre décrit la
méthodologie,
- Le quatrième chapitre expose les
résultats,
- Le cinquième chapitre comporte la
discussion,
- Le sixième chapitre expose les
différentes propositions.
Chapitre 1 : CADRE THÉORIQUE
I- DÉFINITIONS DE QUELQUES CONCEPTS : GIRE et
CLE
1-1 La GIRE : Approche par bassin versant
Le Partenariat Mondial pour l'Eau définit la
GIRE comme « un processus qui vise à promouvoir le
développement et la gestion coordonnée des ressources en eau,
terres, et autres, de manière à maximiser le bien-être
économique et social de façon équitable, sans compromettre
la durabilité des écosystèmes essentiels »
(GWP, 2000 cité par 2iE, 2011).
Au moment où les pressions sur les ressources
en eau augmentent mondialement en raison de l'accroissement de la population,
la pollution, et les impacts des changements climatiques, la GIRE est
considérée comme un cadre permettant de réfléchir
à une approche plus durable de la gestion et de l'usage des ressources
en eau (
www.gwptoolbox.org).
La notion de GIRE a pris naissance lors des
consultations informelles de Copenhague en 1991. Elles ont été
concrétisées lors de la conférence de Dublin en 1992
où les principes directeurs d'une « bonne » gestion de l'eau
ont été arrêtés, principes appelés
aujourd'hui principes de la GIRE. Ces principes sont les suivants
(
http://www.wmo.int/pages/prog/hwrp/documents/francais/icwedecf.html)
:
Principe 1 : L'eau douce est une ressource limitée
et vulnérable qui est indispensable à la vie, au
développement et à l'environnement ;
Principe 2 : La mise en valeur et la gestion de l'eau
doivent avoir un caractère participatif et associer les utilisateurs,
les planificateurs et les décideurs à tous les niveaux
;
Principe 3 : Les femmes jouent un rôle
déterminant dans l'approvisionnement, la gestion et la
préservation de l'eau ;
Principe 4 : L'eau douce est utilisée à de
multiples fins et a une valeur économique et l'on doit la
reconnaître comme un bien économique.
Le sommet de la Terre à Rio en 1992 a
traité en détail de la question de l'eau (
http://wwwv1.agora21.org/rio92/A21_html/).
L'eau doit être gérée en préservant l'environnement
dans le cadre d'une politique de développement durable.
Trois objectifs ont été retenus pour
intégrer des éléments de la qualité de l'eau
à la gestion des ressources en eau. Il s'agit du maintien de
l'intégrité des écosystèmes par la protection
des
écosystèmes aquatiques contre la
dégradation des bassins; de la protection de la santé publique,
incluant l'eau potable et du contrôle des vecteurs de
maladies.
Lors du sommet mondial de Johannesburg pour le
développement durable en 2002, l'ensemble des États membres des
Nations Unies se sont engagés à mettre en place des politiques et
des stratégies de Gestion Intégrée des Ressources en Eau
pour 2005, mais cet objectif n'a été que partiellement atteint
(
http://fr.wikipedia.org/wiki/Sommet_de_la_Terre_2002).
La GIRE est un concept empirique
développé à partir de l'expérience des
professionnels de l'eau sur le terrain. C'est une approche souple de la gestion
de l'eau qui peut s'adapter aux différents contextes internationaux,
nationaux et locaux. (SOULIÉ, 2011).
Les politiques relatives à l'exploitation et la
protection des ressources en eau d'un pays, lorsqu'elles sont appliquées
à l'échelle du bassin, apportent des solutions adaptées
à l'ensemble du bassin et permettent de résoudre les conflits
amont / aval ou entre régions (JEAN, 2001). Une approche par bassin
permet d'appréhender le système hydrographique dans son ensemble.
En d'autres termes, les politiques nationales ainsi que les accords
internationaux et les conventions régionales sur les eaux
transfrontalières doivent être appliqués dans les bassins
(JEAN, 2001). La relation entre l'administration des ressources en eau d'un
pays et la gestion de l'eau des bassins devient ainsi dynamique et plus
adaptable à l'évolution des circonstances environnementales,
sociales ou économiques.
Les objectifs suivants sont visés à
travers la gestion des bassins versants (JEAN, 2001)
:
- Rassembler les usagers et acteurs de la ressource en
eau d'un même bassin versant afin qu'ils se concertent sur les usages
à privilégier et les actions à entreprendre ;
- Permettre de concilier des usages parfois conflictuels
entre la préservation des écosystèmes et les
activités de développement économique ;
- Favoriser la mise en valeur de l'eau sur les plans
environnementaux, sociaux et économiques ;
- Permettre d'adopter une vision commune pour les
décennies futures ;
- Favoriser la participation du public dans le processus
de prise de décision ;
- Permettre une utilisation judicieuse des fonds publics
et privés en favorisant une coordination plus efficace des actions
entreprises par les divers intervenants ;
- Faire émerger des leaders parmi les acteurs
locaux.
Dans la basse vallée de la Tarka, le principal
défit est relatif à l'approvisionnement en eau et assainissement
(AEA). Dans ce cas précis, la GIRE peut jouer un rôle de premier
plan dans :
· La Gestion de l'eau souterraine : dans de
nombreuses zones rurales de l'Andhra Pradesh en Inde, la mise en valeur de la
nappe phréatique pour l'irrigation a permis de réduire la
pauvreté, mais a également entraîné la
surexploitation de la nappe et la raréfaction de l'eau potable (Rao
et al., 2003 cités par Patrick et
al., 2007.).
· Le Règlement de conflits : à
Cochabamba en Bolivie, un projet de privatisation de l'agence de l'eau
municipale était perçu par les fermiers des zones
périurbaines comme une remise en cause de leur droit d'irrigation et a
provoqué des troubles violents (Bustumante et
al., 2004 cités par Patrick et
al., 2007.).
· La Réduction de la pauvreté :
dans la province du Limpopo, une région rurale d'Afrique du Sud, aucune
disposition ne permet d'utiliser l'eau à des fins productives au niveau
des ménages, comme arroser un potager, ou abreuver les bêtes.
Résultat : des connections illégales au réseau d'eau
domestique, et par suite, des ménages qui ne reçoivent plus d'eau
du tout (Pérez, 2003 cité par Patrick et al.,
2007.).
· La Maîtrise de la pollution : la
pollution de l'eau de surface par le rejet d'eaux usées non
épurées constitue un grave problème dans la plupart des
zones rurales en Colombie, augmentant le coût du traitement et
réduisant la qualité de l'eau au robinet (Smits, 2002 cité
par Patrick et al., 2007.).
· Réduction des risques de santé :
dans certaines régions de l'Andhra Pradesh (et ailleurs en Inde)
où l'eau des puits est naturellement fluorée, des poches d'eau
souterraine de meilleure qualité sont souvent utilisées pour
l'irrigation, tandis que l'eau fortement fluorée est distribuée
comme eau potable (Butterworth et al., 2004
cités par Patrick et al., 2007.).
1-2 Comité Local de l'Eau (CLE) :
Comme nous l'avons notifié plus haut, la mise
en oeuvre de la GIRE doit se faire à l'échelle d'un bassin
versant pour donner de bons résultats. Mais il s'avère que les
bassins versants dans la plupart des cas sont des espaces géographiques
immenses dans lesquels une structure unique aura des difficultés
à bien fonctionner.
C'est la place des comités locaux de l'eau qui
sont des structures de gestion des ressources en eau au niveau local (le sous
bassin le plus souvent).
Le Secrétariat permanent du PAGIRE au Burkina
Faso définit les comités Locaux de l'Eau comme des cadres de
concertation et de coordination au niveau local qui ont été
créés dans le contexte de mise en oeuvre de la GIRE pour animer
et promouvoir la bonne gestion de l'eau dans leur espace de
compétence.
Ce sont en effet une sorte de structures
décentralisées des agences de l'eau qui sont mises en oeuvre au
niveau de l'ensemble du bassin versant. Le CLE couvre un espace
géographique dont les limites sont naturelles (sous bassins) et plus ou
moins culturelles, il peut donc couvrir un ou plusieurs espaces administratifs.
Dans le cas de la basse vallée de la Tarka, les zones couvertes par les
CLE touchent plusieurs communes ainsi que nous le verrons plus
loin.
Dans le présent document, on entendra par CLE
aussi bien l'organe de gestion des ressources en eau que l'espace
géographique géré par cet organe.
II- CADRE JURIDIQUE ET INSTITUTIONNEL DE GESTION DES
RESSOURCES EN EAU AU NIGER :
Les besoins en eau des populations, en continuelle
croissance, sont souvent concurrentiels, voir contradictoires, ce qui rend le
processus de gestion de cette ressource naturelle rare fort complexe et de mise
en oeuvre difficile. Pour faire face à cette situation, il est utile de
disposer d'instruments juridiques efficaces, en vue de réglementer et
d'organiser la répartition et le contrôle de l'utilisation et de
la gestion des ressources en eau et d'en assurer la protection, la
préservation et la conservation de manière durable (MHE,
2011).
La reforme du secteur de l'hydraulique urbaine, dont
l'objectif général était la privatisation de la
Société Nationale des Eaux (SNE), qui a été
concrétisée par la loi n° 2000-12 du 14 août 2000
(modifiée et complétée par l'ordonnance n°2010),
portant réorganisation de l'activité de production, transport et
distribution de l'eau dans le sous secteur de l'hydraulique urbaine, a abouti
à la création de deux sociétés dans le sous secteur
que sont :
> La Société de Patrimoine des Eaux
du Niger (SPEN), > La Société d'Exploitation
des Eaux du Niger (SEEN).
Les modalités de gestion des ressources en eau
et l'organisation de l'approvisionnement en eau sont spécifiées
par l'Ordonnance N° 2010-09 du 1er avril 2010 portant code de
l'eau au Niger. Cependant, le décret d'application est toujours en
attente.
Dans le cadre de la gestion de l'eau, le code de
l'eau précise en son article 9 que la gestion des eaux s'attache
à garantir une utilisation durable, équitable et
coordonnée des ressources en eau. Elle est guidée par les
principes suivants :
- une approche globale et intégrée des
ressources en eau par Unité de Gestion des Eaux ou système
aquifère dite Gestion Intégrée des Ressources en Eau
(GIRE) que sont :
· la nécessité d'associer les
usagers, les planificateurs et décideurs à tous les
échelons dans la gestion et la mise en valeur des ressources en eau
;
· la reconnaissance du rôle essentiel
dévolu aux femmes dans la mise en valeur et la préservation des
ressources en eau ;
· la reconnaissance de la valeur économique
de l'eau ;
· le principe de l'utilisation équitable et
raisonnable de l'eau ;
- le principe de l'utilisation non dommageable, selon
lequel l'État veille à ce que les activités menées
sur une partie de son territoire ne puissent pas causer de dommages à
une partie de son territoire ou au territoire d'un État voisin
;
- le principe de précaution, en vertu duquel
l'État diffère la mise en oeuvre des mesures afin d'éviter
toute situation susceptible d'avoir un impact transfrontalier ou sur une autre
partie de son territoire même si la recherche scientifique n'a pas
démontré l'existence d'un lien de causalité entre cette
situation et un éventuel impact.
Les outils de planification nécessaires à
la gestion durable des ressources en eau (Article 31) sont :
- la Politique Nationale de l'Eau ;
- la Plan d'Action National de Gestion
Intégrée des Ressources en Eau (PANGIRE) ; - les Schémas
d'Aménagement et de Gestion des ressources en Eau.
Dans le cadre institutionnel, il a été
nécessaire d'institutionnaliser notamment :
Les sept (7) Unités de Gestion de l'Eau (UGE)
relativement homogènes aux plans hydrologiques et
hydrogéologiques qui sont : fleuve Niger-Liptako, Dallols
AdderDoutchi-Maggia, Goulbi-Tarka, Koroma-Damagaram Mounio, Manga, Koris de
l'AïrAzaouagh, Ténéré-Djado ;
La Commission Nationale de l'Eau et de l'Assainissement
(CNEA) et les Commissions Régionales de l'Eau et de l'Assainissement
(CREA) ;
Les Commissions de Gestion de l'Eau au niveau des UGE
;
Les Organes locaux de gestion de l'eau.
D'autres organes peuvent, en tant que de besoin,
être créés par voie réglementaire.
III- LA COOPÉRATION INTERCOMMUNALE AU NIGER
L'intercommunalité est un regroupement de
communes dans une structure supracommunale en vue de réaliser certains
travaux et tâches d'intérêt commun. Elle répond
à la nécessité d'une part de rationaliser la gestion,
d'optimiser l'organisation des services urbains et d'autre part de maintenir
une participation, une démocratie de proximité (BOUKARI et
ADAMOU, 2011).
En effet, l'intercommunalité permet aux
communes de se regrouper soit pour assurer certaines prestations, soit pour
élaborer de véritables projets de développement
économique, d'aménagement ou d'urbanisme. Elle se traduit par la
création de personnes morales distinctes (syndicats des communes,
communautés des communes) ou les Établissements Publics de
Coopération Intercommunale (EPCI).
La structure intercommunale est régie par deux
(2) principes à savoir le principe de spécialité et le
principe d'exclusivité.
Le premier principe impose à la structure
intercommunale d'intervenir que dans le champ des compétences qui lui
ont été transférées (principe de
spécialité fonctionnelle) et à l'intérieur de son
périmètre (principe de spécialité territoriale). La
structure intercommunalité n'a donc pas la compétence
générale d'une commune (BOUKARI et ADAMOU, 2011).
Le principe d'exclusivité l'investit, à
la place des communes, des pouvoirs de décision et d'exécution
sur les compétences transférées. Le choix en faveur de
l'intercommunalité engage durablement les communes, qui dès lors
ne peuvent plus légalement intervenir, sous quelque forme que ce soit,
dans les domaines de compétences transférés à
l'EPCI et doivent respecter des règles juridiques très strictes
si elles désirent ultérieurement se retirer de ce groupement
intercommunal.
Cependant, ne peuvent être
transférées à des EPCI, les attributions exercées
par le maire en sa qualité d'officier d'État Civil, d'officier de
police judiciaire ou ses fonctions en matière de police administrative.
Enfin, il est à noter que le cadre réglementaire régissant
l'intercommunalité au Niger reste à définir par une
disposition réglementaire.
L'intercommunalité permet :
+ de produire à moindre coût des services de
qualité ;
+ De traiter les problèmes à
l'échelle territorialement pertinente ; + De partager
l'information ;
+ De faire des économies d'échelle
;
+ D'éviter de trop grandes disparités entre
les territoires notamment sur le plan du développement économique
;
+ Diminuer les conflits pouvant résulter de la
compétition ou de l'opposition entre territoires voisins ;
+ Améliorer le financement des
services.
Le Comité Local de l'Eau est donc un cas
pratique de structure intercommunale. En effet, un CLE est
déterminé suivant des frontières naturelles (bassins
versants) et plus ou moins culturelles. Il peut donc concerner une ou plusieurs
communes dans des proportions plus ou moins importantes.
Chapitre 2 : PRÉSENTATION DU MILIEU
D'ÉTUDE
I- LA BASSE VALLÉE DE LA TARKA
1-1 Localisation
Le bassin versant de la Tarka au Niger couvre les
régions de Tahoua, Maradi, Zinder et Agadez pour une superficie de 47
998 km2 (ADAMOU, 2010). Il se trouve à cheval entre le
système hydrologique de l'Ader-Doutchi-Maggia (ADM) et celui des
Goulbis. En effet, après un parcours Est-Ouest de près de 200 km
depuis le Nord Tanout (Zinder), la vallée prend une direction Nord
Est-Sud Ouest, longe les reliefs de l'Ader-Doutchi-Maggia jusqu'à une
quinzaine de kilomètres au Sud de la ville de Madaoua, puis descend en
direction Nord-Sud vers le Nigéria.
L'ADM, la Tarka et les Goulbi sont tous des affluents
de la rivière Sokoto, qui elle-même est un affluent du fleuve
Niger.
La basse vallée de la Tarka est la
dernière partie au Niger du bassin de la grande vallée de la
Tarka qui commence à partir de la latitude 14°29' Nord (juste au
dessus de la ville de Bouza) jusqu'à la frontière du
Nigéria (latitude 13°43' Nord) (Carte 1).
Carte 1 : Localisation de la basse vallée de la
Tarka.
(Source : Projet GWI-Niger, 2010).
1-2 Situation administrative
Le bassin versant de la basse vallée de la Tarka
est partagé entre les départements de Bouza, de Madaoua et de
Birni'N' Konni à l'ouest où il occupe une petite
partie.
Il s'étend sur neuf communes (Carte 2) : Bouza
et Karofane dans le département de Bouza, Ourno, Arzérori,
Madaoua, Galma, Sabon Guida, et Bangui dans le département de Madaoua et
Doguéraoua dans le département de Birni'N'Konni.
Carte 2 : Contour administratif de la basse vallée
de la Tarka.
(Source : Projet GWI-Niger., 2010).
1-3 Milieu biophysique
1-3-1 Pluviométrie
Le climat dans la basse vallée de la Tarka est
caractérisé par une courte saison pluvieuse et une saison
sèche beaucoup plus longue (8 à 9 mois).
Le bassin versant de la basse vallée de la
Tarka se trouve en pleine zone sahélienne et légèrement en
zone sahélo soudanienne entre les isohyètes 450 mm au Nord et 600
mm au Sud.
Les figures 1 et 2 illustrent une grande
variabilité interannuelle des pluies dans le bassin dans les trente
dernières années (1981 à 2010).
L'Indice de pluie standardisé (figure 1) montre
ces variations dans la localité de Madaoua (CLE de Madaoua). Les
valeurs positives indiquent des années de pluviométrie
supérieure à
la moyenne qui est de 436,94 mm sur la période
1981 - 2010 et les valeurs négatives, des années de
pluviométrie inférieure à la même moyenne sur la
même période.
Valeurs de I'indice
-0,5
-1,5
2,5
0,5
1,5
-1
-2
0
2
1
1981 1983
1985
1987 1989
1991 1993 1995 1997 1999
Années
2001 2003 2005 2007 2009
IPS
Figure 1 : Indice de pluie standardisé de Madaoua
dans le CLE de Madaoua sur la période allant de 1981 à
2010.
(Source : Base de données AGRHYMET).
La figure 2 est celle de l'indice de pluie
standardisé pour la localité de Bouza dans le CLE de Bouza. Elle
montre également des grandes variations interannuelles des pluies par
rapport à la moyenne qui est de 422,31 mm sur la période 1981 -
2010.
Valeurs de I'indice
-0,5
-1,5
0,5
2,5
1,5
-1
-2
2
0
1
1981 1983
1985
1987 1989
1991 1993 1995
Années
1997 1999 2001 2003 2005 2007 2009
IPS
Figure 2 : Indice de pluie standardisé de Bouza
dans le CLE de Bouza sur la période allant de 1981 à
2010.
(Source : Base de données AGRHYMET).
La variabilité climatique (séquences
sèches) observée a pour conséquences une faible recharge
de la nappe phréatique du lit de la vallée ainsi que la baisse de
la production agricole et pastorale dans la zone.
Les courbes de tendance (figures 3 et 4) indiquent une
améliorati on de la pluviométrie annuelle sur les 30
dernières années par rapport à la moyenne de la
période considérée (1981 à 2010). La reprise de la
pluviométrie (qui date de 1996) est plus importante à Madaoua
(partie centrale du bassin) (Figure 3) mais plus timide à Bouza ,
localité située plus au Nord, (Figure 4). Cependant la moyenne
annuelle de pluie qui tombe à Madaoua (436,94 mm) est proche de celle
qui tombe à Bouza (422,31 mm).
Hauteurs
800
400
700
600
500
300
200
100
0
1981 1983 1985 1987 1989 1991 1993 1995 1997 1999 2001
2003 2005 2007 2009
Années
y =
232,8x0,234 R2 = 0,379
Cumul
Moyenne Puissance (Cumul)
Figure 3 :
Courbe de la pluviométrie annuelle (en mm) de
198
1 à 2010 et courbe de tendance
pour la localité de Madaoua.
Hauteurs
400
800
700
600
500
300
200
100
0
Années
0,158
y = 270,9x R2 = 0,169
Cumul
Moyenne Puissance (Cumul)
Figure 4 :
Courbe de la pluviométrie annuelle (en mm) de
198
1 à 2010 et courbe de tendance
pour la localité de Bouza.
1-3-2 Relief et sols
Le relief se caractérise par des plateaux tabul
aires cuirassés entaillés par la vallée . On note dans
l'ensemble du sous bassin (ADAMOU, 2010) :
= à la rive gauche, une surface à pente
douce (5%), caractérisée par la prédominance de glacis qui
tendent à être recouverts par des plages et dunes de sable
;
= dans la vallée, une pente très faible de
l'ordre de 2% ;
= à la rive droite, des topo-séquences
bien marquées où les différentes unités
géomorphologiques se distinguent bien : plateaux, talus, glacis et
chenaux avec des pentes assez fortes (6 à 10%).
La basse vallée de la Tarka renferme des sols
à bonne potentialité agricole, situés surtout dans le lit
majeur, dans les zones de dépressions et bas-fonds, dans les zones
médianes des cônes de déjection et dans les plaines
d'épandage situées en aval. (Louis, 1991 et BRGM, 1981
cités par ADAMOU, 2010).
Les parties médianes et les plaines
d'épandage aval des cônes de déjection sont les terres les
plus favorables à l'irrigation gravitaire. Une grande
variété de cultures maraîchères,
céréalières et fourragères y est possible du fait
de la bonne texture du sol, sa bonne capacité de rétention et sa
fertilisation par épandage. Les paysans pratiquent sur ces sols deux
à trois campagnes de production par an (pluviale, en décrue et en
irrigué).
De manière générale, les sols de la
zone sont peu profonds et sont classés en cinq (5) catégories
(ADAMOU, 2010):
> les sols régiques provenant des
matériaux gréseux que supporte une curasse latéritique
avec une valeur agronomique médiocre ;
> les sols de type minéraux bruts de versant
sans valeur agronomique ;
> les sols peu évolués de glacis avec
une valeur agronomique moyenne ;
> les sols argileux mal drainés avec un
potentiel agronomique élevé et exploités pour les cultures
de contre saison ;
> les sols ferrugineux tropicaux sur les recouvrements
sableux plus ou moins importants exploités en cultures
céréalières.
1-3-3 Végétation
La végétation dans la basse
vallée de la Tarka est caractérisée par la présence
d'une bande forestière et brise vent en Azadirachta indica.
Elle présente plusieurs physionomies suivant les
unités géomorphologiques (ADAMOU, 2010) :
.. Au niveau des plaines sableuses, la
végétation est dominée par Acacia albida,
Acacia senegal, Balanites aegyptiaca et Piliostigma
reticulatum ;
+ Dans la vallée et dans les bas fonds, les
espèces dominantes sont : Acacia seyal, Balanites
aegyptiaca, Prosopis juliflora et Acacia
raddiana.
+ Au niveau des plateaux et des versants, les
combrétacées dominent la végétation,
notamment Guiera senegalensis
et Combretum micrantum avec à
certains endroits la
présence d'espèces telles que
Boscia senegalensis, Acacia senegal et
A. seyal.
La végétation herbacée est
fonction des précipitations annuelles enregistrées et des types
de sols. Le tapis herbacé est essentiellement composé
d'Eragrotis tremula, Panicum sp, Andropogon gayanus
(BAGANA, 2007).
En année de bonne pluviométrie, le
pâturage est généralement abondant et permet, avec les
résidus de cultures, de supporter la charge animale de la
zone.
1-3-4 Faune
Dans la basse vallée de la Tarka, la faune a
aujourd'hui pratiquement disparu. Elle se limite à quelques
espèces de mammifères et d'oiseaux composées par la petite
faune : lièvres ; chats sauvages, écureuils, hérissons,
rats, outardes, perdrix, pintades, sarcelles, tourterelles et des reptiles
(DDE, 1995).
1-3-5 Ressources en eau
Les écoulements de surface sont temporaires
dans le bassin versant de la basse vallée de la Tarka et varient au
rythme de la pluie tombée. Les ressources en eau de la basse
vallée de la Tarka sont essentiellement souterraines.
1-3-5-1 Réseau hydrographique
Avec une superficie de 4014,21 km2, le
bassin versant de la basse vallée de la Tarka présente un
réseau hydrographique assez dense et ramifié. Il est
caractérisé par une forte concentration de koris à
écoulement temporaire, surtout sur la rive droite de la vallée
(Carte 3).
Carte 3 : Le réseau hydrographique du sous bassin
de la basse vallée de la Tarka.
1-3-5-2 Mares
La basse vallée de la Tarka renferme
d'importants plans d'eau naturels et artificiels (retenues) autour desquels
plusieurs activités socio-économiques sont menées :
irrigation, pêche, pâturage et abreuvement des animaux,
etc.
Le tableau 1 présente les mares du sous bassin et
leurs régimes.
Tableau 1 : Plans d'eau de la basse vallée de la
Tarka.
Départements
|
Mares
|
Régimes
|
Madaoua
|
Rabami
|
Temporaire
|
Tapkin Roufa
|
Semi-permanent
|
Korama Lamso
|
Semi-permanent
|
Tapkin Chaïbou
|
Temporaire
|
Mouléla
|
Semi-permanent
|
Bouza
|
Guidan Bado
|
Permanent
|
Dogon Gona
|
Permanent
|
Karofane
|
Semi-permanent
|
Karkara
|
Permanent
|
Garadoumé
|
Semi-permanent
|
1-3-5-3 Géologie et
Hydrogéologie
La vallée de la Tarka fait partie du bassin des
Illumeden. La carte 4 donne les principaux aquifères qui couvrent le
bassin de la Tarka.
Carte 4 : Carte géologique simplifiée de la
basse vallée de la Tarka.
(Source : CRGM, 2012).
Dans la basse vallée, la Tarka a creusé
son lit dans les formations imperméables du Sénonien
supérieur, et le remplissage alluvionnaire est constitué par des
sables et des argiles (ADAMOU, 2010). Au moins trois (3) aquifères
superposés et indépendants ont été
identifiés dans le sous bassin de la basse vallée de la Tarka. On
distingue ainsi de bas en haut (BRGM, 1980) :
1' les sables et grès du Continental
Hamadien :
La nappe du Continental Hamadien est la plus profonde de
la région de Tahoua. C'est un système hydraulique multicouche
contenu dans la série du « grés du Tégama
».
Dans la partie supérieure de la basse
vallée de la Tarka, cette nappe est partout captive. Le mur de
l'aquifère est le socle primaire. Le toit est constitué par
l'ensemble argileuxsableux et calcaire du Crétacé
supérieur marin. L'épaisseur du réservoir est très
variable mais décroît du Nord au Sud. Vers Bouza, elle peut
atteindre 200 m alors que vers Madaoua et Konni au sud, elle se réduit
à une quarantaine de mètres.
La piézométrie de la nappe montre deux
tendances : elle décroît d'Est en Ouest au Nord du
15ème parallèle alors que dans le Sud de la
région, elle s'abaisse vers le Sud et l'écoulement se fait vers
le Nigeria. Le gradient hydraulique moyen est de 0,4 %o.
La profondeur de l'eau varie selon les endroits. Elle est
à moins de 100 m à l'exception du Nord Bouza où elle peut
dépasser 150 m.
Les débits exploitables sont en
général très bons (50 à 100 m3/h)
à l'exception de la bande comprise entre 15° et 16° de
latitude Nord avec des débits compris entre 10 et 20
m3/h.
Les rabattements sont de plus en plus importants du Sud
au Nord.
La qualité de l'eau de cette nappe est presque
toujours excellente aussi bien pour la consommation humaine que pour
l'irrigation. La transmissivité est aussi en général
très bonne au Sud du parallèle 10°30 (10-2
à 10-3 m2/s) et faible au Nord (10-3
à 10-4 m2/s).
La principale contrainte en matière d'exploitation
de l'eau dans cette zone est relative aux coûts élevés
d'exhaure, la profondeur des forages atteignant 300 à 500 m.
v' les sables et grès du Crétacé
:
Les ressources en eau des terrains du
Crétacé Supérieur sont difficiles et souvent
décevantes à exploiter pour plusieurs raisons :
+ Profondeur élevée du niveau de
l'eau,
+ Forte salinité,
+ Débits dérisoires et
+ Grands rabattements.
A titre d'exemple, le projet 35 Forages du PNUD en
1985 dans l'arrondissement de Bouza a enregistré un taux d'échec
de 50% dans le Crétacé Supérieur. En outre à cause
de la salinité de l'eau, les populations avaient
préféré chercher l'eau à plusieurs
kilomètres dans les koris (Projet 35 Forages, 1985 cité par DDH
Bouza, 2010).
1' les alluvions de la Tarka :
Les alluvions de la Tarka sont localement sableuses et
très perméables. Ils contiennent une nappe bien
réalimentée annuellement par les eaux de pluie.
La nappe alluviale est exploitable en aval de
Karofane. Cette nappe est plus exploitée du fait de sa faible
profondeur. Elle est en effet atteinte par des puits traditionnels ou modernes
et des forages manuels. Sa productivité est dans l'ensemble très
bonne avec des débits élevés (jusqu'à 100
m3/h). La perméabilité de la nappe est assez bonne et
comprise entre 6.10-4 m/s et 20.10-4 m/s. Le coefficient
d'emmagasinement est entre 10% et 15% (BRGM, 1981).
Au Sud, les alluvions d'épaisseur moyenne
d'environ 20 mètres constituent deux aquifères aux
caractéristiques différentes :
+ Au Nord de Tounfafi, les alluvions sont sableuses et le
substratum, de nature argileuse ou gréso-argileuse est
imperméable ;
+ Au Sud, le réservoir devient plus argileux et la
nappe exploitable est irrégulière, limitée aux zones
sableuses de l'aquifère.
Toutefois la faible profondeur de cette nappe l'expose
à une pollution de plus en plus croissante du fait de l'utilisation des
pesticides et de matières organiques d'origine animale et
végétale.
1-3-6 Ouvrages hydrauliques
Dans la basse vallée de la Tarka, les ouvrages
hydrauliques sont de trois types :
- Les ouvrages hydrauliques destinés à
l'approvisionnement en eau des populations et du cheptel :
Ils sont constitués par des puits traditionnels et
cimentés, des forages équipés de Pompes à
Motricité Humaine (PMH), des mini AEP et des réseaux
d'AEP.
On dénombre environ 486 ouvrages hydrauliques
destinés à l'approvisionnement en eau de la population et du
cheptel (Tableau 2) :
Tableau 2: Ouvrages hydrauliques pour l'alimentation en
eau.
N°
|
Ouvrages
|
Nombre
|
1.
|
Puits cimentés*
|
375
|
2.
|
Forages équipés
|
83
|
3.
|
Mini AEP**
|
26
|
4.
|
Réseaux d'AEP
|
2
|
|
|
Total
|
486
|
* : dont 8 puits pastoraux ; ** : une non
réceptionnée et une non fonctionnelle
(Source: ADAMOU, 2010.)
En 2009, le taux de couverture en eau potable des
populations était de 73,13% pour le département de Madaoua et
36,60% pour le département de Bouza (DRH Tahoua, 2010).
- Les ouvrages d'hydraulique agricole
Il s'agit essentiellement des ouvrages de captage des
eaux souterraines tels que les puits maraîchers, les forages manuels et
les puisards. Ils sont pour la plupart situés dans le lit majeur de la
vallée. Plusieurs projets et ONG de développement ont
appuyé les producteurs maraîchers dans la réalisation de
ces ouvrages. Un inventaire non exhaustif sur la base des rapports du projet
Basse Vallée de la Tarka (PBVT), le projet d'Appui à la
Sécurité Alimentaire par la Petite Irrigation (ASAPI), et la
Direction Régionale de l'Hydraulique de Tahoua (DRH Tahoua) a permis de
dénombrer plus de 2000 forages manuels et 200 puits maraîchers,
repartis comme suit (ADAMOU, 2010) :
- Puits maraîchers :
· Environ 30 autour des mares de Rabami et
Mouléla réalisés par le projet ASAPI ;
· 12 puits réservoirs dans la zone d'Eroufa
réalisés par le projet ASAPI ;
· 28 puits maraîchers dans la vallée
par le Projet de promotion de la Petite Irrigation Phase 2 (PIP2) ;
· Plus de 100 dans la Commune rurale de Karofane
grâce à l'appui d'AMURT et du Conseil Régional du
Développement (CRD) ;
· Plusieurs puits maraîchers
réalisés par le PBVT, l'Agence Canadienne pour le
Développement International (ACDI) et le CRD dans les zones de Guidan
Dabaki, Tounfafi et Arewa.
- Forages manuels :
· Près de 1845 forages ont été
foncés par le PBVT dans la basse vallée de la Tarka entre 1988 et
2000 dont 80 forages d'irrigation en démonstration ;
· Le PIP2 a financé la réalisation de
plus de 15 forages manuels dans la vallée et la formation de 72 artisans
foreurs.
On note également un nombre important de
forages manuels réalisés individuellement par les irrigants
à travers les services des artisans foreurs qui ne rendent pas compte
aux services techniques de leurs activités.
- Les ouvrages de mobilisation des eaux de
surface
Plusieurs ouvrages de CES/DRS (banquettes,
tranchées, demi lunes...) et des plantations ont été
réalisés dans le cadre des projets PBVT et ASAPI. Ces ouvrages
ont permis de (ADAMOU, 2010) :
récupérer près de 38 000 ha (sur
102 000 ha de terres dégradées) au niveau de la rive droite de la
vallée dont 26 000 ha par le PBVT, 11 000 ha par le Projet ASAPI et 200
ha par l'ONG RAIL ;
fixer plus de 1 400 ha de terrains dunaires (975 ha
par le PBVT et 375 ha par ASAPI) ; protéger 182 km de berges des koris
par la plantation de Prosopis sp sur les rives et
dans le lit du koris, avec la mise en place de jetées de
détournement par la pose de rangées de pilots en bois de neem
(Azadirachta indica) dans les endroits du lit
où l'érosion latérale est vive (Projet ASAPI)
;
poser 114 km de haies vives à double ou triple
rangées (Projet ASAPI).
A cela s'ajoutent également quelques seuils
d'épandage et d'écrêtage ainsi que des aménagements
des plans d'eau :
|
16 seuils d'écrêtage dont 11 dans le sous
bassin d'Arewa et 5 dans celui de Magaria ; 3 seuils d'épandage dont 2
à Galma sédentaire et 1 à Baltana ;
Deux seuils de régulation au niveau des mares de
Rabami et Mouléla.
|
|
1-3-7 Problèmes environnementaux majeurs
Une identification des problèmes environnementaux
majeurs dans le cadre du PBVT réalisée en 1991 dans 150 villages,
avait ressorti les problèmes suivants (ASSAKO, 2000) :
· Manque (insuffisance) de terres de culture et
pâturages ;
· Forte érosion hydrique par les koris dont
les conséquences sont :
+ L'ensablement de la vallée, et
+ La perte de terre par éboulement des berges
;
· Rareté de bois de chauffe, d'oeuvre et de
service (surtout dans l'arrondissement de Madaoua) ; et
· Érosion éolienne surtout en rive
gauche.
De manière générale les pressions
anthropiques et climatiques ont eu comme effets la réduction de la
couverture végétale. Le tableau 3 illustre l'état des
principales réserves
forestières. Le sous bassin versant de la
basse vallée de la Tarka compte : deux (2) forêts classées,
une réserve forestière et un parc agroforesterie (Groupe Art et
Génie, 2009 cité par SEYNI, 2010).
Tableau 3 : État des principales réserves
forestières.
Nom des forêts
|
Date de classement
|
Superficie au
classement (en ha)
|
Observations
|
Forêt classée de Bangui
|
Décret 2088 du
13-12-54
|
3275
|
Dégradation importante
|
Forêt classée de
Karofane
|
Décret 2167 du
24-09-55
|
4020
|
Dégradation importante
|
La réserve forestière de la vallée
de Dikitan
|
Non déterminé
|
800
|
Dégradation importante
|
Le parc agroforesterie de
Koupouptché
|
Non déterminé
|
700
|
Dégradation importante
|
|
(Source : Groupe Art et Génie, 2009).
1-4 Milieu humain
1-4-1 Population
Sur la base des données du recensement de la
population de 2001 (RGP/H, 2001), la population de la basse vallée de la
Tarka peut être estimée à 382 176 habitants en 2011, le
taux d'accroissement moyen (1988-2001) étant de 2,8% et 2,4%
respectivement pour les Départements de Bouza et Madaoua, soit en
moyenne 2,6% pour le bassin.
Cette population est essentiellement composée de
sédentaires d'ethnie Haoussa et des nomades Peulh et Touareg, mais qui
se sont sédentarisées à des degrés
divers.
Les Haoussa sont subdivisés en deux (2)
groupes : les Gobirawa (venant du Gobir Maradi) avec leur chef traditionnel
à Madaoua et les Aderawa (venant de l'Ader Tahoua) qui ont leur chef
traditionnel à Bouza.
Les Peulhs et les Touaregs sont repartis en tribus et
groupements dans le bassin.
Toutes ces ethnies se côtoient dans la
vallée, car pratiquement autour de chaque village Haoussa, un ou
plusieurs campements nomades Touaregs s'y sont installés au fil des
années. Quant aux Peulhs, ils s'établissent dans leurs champs,
à quelques distances des villages, sans trop s'éloigner des
puits. Les nomades (Peulhs et Touaregs) sont de nos jours devenus de
«très bons agriculteurs » (ADAMOU, 2010).
Au total, 448 villages repartis sur dans neuf (9)
communes existent dans le sous bassin de la basse vallée de la Tarka
(Tableau 4).
Tableau 4 : Répartition des villages et de la
population de la BVT par commune.
Départements
|
Communes
|
Nombre de villages
|
Population en 2011
|
Madaoua
|
Arzérori
|
30
|
16523
|
|
82
|
114689
|
|
92
|
55529
|
|
50
|
29364
|
|
10
|
2764
|
|
14
|
12288
|
Bouza
|
Bouza
|
71
|
73099
|
|
94
|
75109
|
Birni'N Konni
|
Doguéraoua
|
5
|
2809
|
TOTAL
|
9
|
448
|
382174
|
|
L'essentiel des 448 villages du bassin versant de la
basse vallée de la Tarka se concentrent respectivement dans les communes
d'Ourno (94 villages), Sabon Guida (92 villages), Arzérori (82 villages)
et Bangui (71 villages).
Par contre, la pression démographique qui
s'exerce sur le bassin s'exerce plus dans la partie du bassin se trouvant dans
les communes de Madaoua (30%), Karofane (20%) et Bouza (19%). Cela se justifie
par l'existence de gros centres urbains (Madaoua et Tounfafi dans la commune de
Madaoua, Bouza dans la commune de Bouza).
1-4-2 Activités socio économiques
L'agriculture est la principale activité de la
population du bassin versant de la basse vallée de la Tarka suivie de
l'élevage.
1-4-2-1 Agriculture
Les superficies cultivables dans l'ensemble du sous
bassin sont estimées à 1351,5 km2, avec trois
systèmes de culture (DDA Madaoua, 2010) :
· Les cultures pluviales
: principalement le mil, le niébé et l'arachide ; elles sont
surtout pratiquées sur les plateaux, les versants et les sols sableux
hors zones d'inondation ;
· Les cultures de
décrue : essentiellement le sorgho et le coton ;
pratiquées sur les sols limono-sableux situés dans les zones
d'épandage des koris et en bordure des zones inondables où
l'inondation ne dure pas plus de deux (2) jours ;
· Les cultures
irriguées : dominées par l'oignon et l'arboriculture
se pratiquent dans les zones inondables (lit mineur) et autour des mares et
seuils d'épandage où la nappe n'est pas trop
profonde.
L'irrigation est en plein essor dans la vallée du
fait de l'incertitude des cultures pluviales et du fait du revenu
monétaire assez important qu'elle procure à la
population.
Dans la partie Nord du bassin, le maraîchage
est très peu pratiqué. Par contre au Sud, notamment dans les
communes de Sabon Guida et Madaoua, il constitue la principale source de
revenus des populations à travers la culture d'oignon avec deux à
trois campagnes par saison (PDC des communes). En effet dans cette partie, la
récolte du mil est suivie immédiatement par la première
campagne de production d'oignon. Aussi, le développement de l'irrigation
soumet la nappe alluviale à une forte pollution.
1-4-2-2 Élevage
L'élevage est la deuxième
activité économique des populations de la basse vallée de
la Tarka. Sur la base des PDC des communes (2007), le cheptel des six
principales communes du bassin a été estimé à
121745,7 UBT en 2010. Ce cheptel est inégalement réparti suivant
les communes (Figure 5), il est essentiellement concentré dans la
commune de Madaoua et Bouza.
50000
43987,75
40000
30000 20000
10000
0
27037,5
13819
1583,25
2734,2
22584
Madaoua Sabon Guida Galma Arzérori Bouza Karofane
Figure 5 : Répartition par communes du cheptel
dans la basse vallée de la Tarka.
(Source : Plans de développement communaux (PDC),
2007).
La basse vallée de la Tarka étant
située immédiatement à la limite sud de la zone pastorale.
Elle constitue une zone privilégiée de séjour de longue ou
courte durée pour les nomades transhumants du Nord. En saison
sèche, les éleveurs du Nord descendent avec leurs troupeaux dans
la vallée à la recherche de l'eau et du pâturage. D'autres
continuent jusqu'au Nigéria en empruntant les plateaux et la
vallée et en y effectuant des séjours plus ou moins
longs.
II- LE PROJET GWI-NIGER
Le projet GWI Niger fait suite à une phase
pilote qui a permis aux partenaires du programme GWI au Niger d'identifier les
défis majeurs de la gestion des ressources en eau au Niger, de faire une
vision à long terme et de retenir, à la suite d'investigations et
d'échanges avec l'ensemble des acteurs, un site approprié pour la
mise en oeuvre de cette vision : le sous-bassin versant de la basse
vallée de la Tarka.
Le projet privilégie ainsi l'approche bassin
versant. L'objectif visé est d'améliorer la qualité de la
vie des populations du sous bassin, en faisant de la GIRE un outil
incontournable de gestion que devront s'approprier les communautés
locales et les autres acteurs. Pour y parvenir, le projet s'efforcera, d'ici
2017 :
d'établir les conditions d'une exploitation
durable et équitable des ressources en eau dans la basse vallée
de la Tarka ;
de créer une dynamique efficace d'échange
et de concertation des acteurs GIRE au niveau de la basse vallée de la
Tarka ;
+ de favoriser l'émergence d'un environnement
politique et institutionnel dynamique et favorable à la
GIRE.
Toutes ces actions seront soutenues par un processus
continu d'apprentissage. A terme, les populations les plus pauvres et
vulnérables auront un accès sécurisé et
équitable à l'eau de bonne qualité et à un meilleur
service d'hygiène et d'assainissement. La bonne gouvernance de l'eau
sera une des marques les plus visibles de la gestion des communes de la zone du
projet.
Le budget de la première phase du projet est
de 1 714 269 pour une durée de trois ans, d'octobre 2009 à
septembre 2012. Cette première phase sera suivie de deux autres phases
(2012-2015 et 2015-2017).
Le projet est mis en oeuvre par un consortium d'ONG
internationales à savoir :
- CARE international au Niger qui assure le leadership
de cette mise en oeuvre,
- L'Union Internationale pour la Conservation de la
Nature-Niger (UICN-Niger), - Catholic Relief Service-Niger (CRS-Niger)
;
et trois ONG nationales : CREPA (Centre Régional
pour l'Eau Potable et l'Assainissement), PNE (Partenariat National de l'Eau),
DEMI-E (DEveloppement pour un MIeux-Etre).
La coordination scientifique du projet est mise en oeuvre
par la Faculté d'Agronomie de l'Université Abdou Moumouni de
Niamey.
Le Comité Régional d'Orientation (CRO)
est l'instance décisionnelle supérieure. Elle a pour mandat de
décider les orientations stratégiques et de s'assurer d'une
gestion efficace et efficiente du projet. Cette équipe est
chapeautée par :
· Le comité de pilotage au niveau de la zone
du projet ;
· Le comité local de suivi au niveau de la
zone du projet.
III- PRESENTATION DES CLE DE BOUZA ET MADAOUA
Les comités locaux de l'eau de Madaoua et Bouza
sont les premiers CLE mis en place au Niger par le programme Global Water
Initiative (GWI) à travers le projet GWI-Niger.
Ils ont été mis en place
conformément à l'article 29 du Code de l'Eau du Niger. Cet
article stipule en effet que :
« Dans chaque UGE, il est créé des
organes locaux de gestion et de planification des ressources en
eau.
Le nombre d'organes locaux de gestion par UGE, ainsi
que leur organisation, leur fonctionnement, leur composition et leurs
attributions sont fixés par voie règlementaire.
»
La mise en place des CLE vise à contribuer
à une meilleure gouvernance locale des ressources en eau et une
promotion de la GIRE au niveau communautaire faisant référence
à toutes les problématiques relatives aux ressources en eau
(acteurs, disponibilité, accès, gouvernance, mode et
infrastructures de valorisation, prise en compte de l'ensemble des besoins,
prise en compte de la variabilité et du changement climatique
etc.).
Elle vise également la mise en évidence
tant des opportunités que des menaces et barrières au niveau de
la zone et préconisera les voies de solutions aux problèmes
liés aux ressources en eau.
Le mandat des bureaux exécutifs des CLE de Bouza
et Madaoua est de trois ans.
Ces CLE font partie des quatre CLE que le projet
GWI-Niger compte placer pour couvrir le sous bassin versant de la basse
vallée de la Tarka, pour qu'à la fin, les quatre CLE puissent
s'associer et former une structure de Gestion Intégrée des
Ressources en Eau (GIRE) à l'échelle de l'ensemble du sous
bassin.
La structure qui en découlera servira de
modèle pour la mise en place d'autres agences de l'eau dans le reste du
pays. Ces CLE s'inscrivent dans le cadre de la démarche nationale pour
l'élaboration du plan d'action national de Gestion
Intégrée des ressources en eau du Niger (PANGIRE).
L'expérience qui sera acquise de des
comités locaux de l'eau servira en effet à mettre en place un
PANGIRE fondé sur la réalité du terrain, plutôt
qu'une démarche du sommet à la base qui finit
généralement par un échec.
3-1 Processus de mise en place des CLE de Bouza et
Madaoua.
3-1-1 Caractérisation de la basse vallée
de la Tarka
La première étape dans le processus de
mise en place des CLE a consisté à une étude conduite avec
la participation de toutes les parties prenantes. Cette étude,
validée en mai 2009, a permis de caractériser le bassin versant
de la basse vallée de la Tarka.
Elle a subdivisé le bassin en 27 sous bassins
versants numérotés de 1 à 27 et auxquels des noms ont
été attribués. (Annexe 6).
Dans le document du projet, il a été
proposé de mettre en place un CLE au niveau de chaque sous bassin. Mais
on s'était rendu compte qu'il était pratiquement impossible de se
lancer dans cette dynamique. D'où un premier travail de regroupement des
sous bassins a été fait et a permis d'arriver à deux
groupes de sous bassins (en 6 et 5 sous bassins). Le regroupement était
basé sur des critères relatifs à la similarité
écologique, la proximité et les liens socioculturels entre les
différentes couches sociales riveraines. Ce qui a donné naissance
aux Comités Locaux de l'Eau (CLE) de Madaoua et Bouza.
3-1-2 La rencontre d'information
Les limites des zones des CLE étant connues,
une rencontre d'information a été organisée par le projet
GWI-Niger, à Madaoua pour le CLE de Madaoua et à Bouza pour le
CLE de Bouza. Chaque village du CLE a été
représenté par deux leaders communautaires dont une femme et un
homme. A l'occasion de cette rencontre, des exposés ont
été présentés aux leaders communautaires sur le
Global Water Initiative, la GIRE, les critères de répartition des
sous bassin et les différentes étapes de la mise en place des
CLE.
3-1-3 Les ateliers thématiques
Après la rencontre d'information, les
différents points ci-dessous ont été abordés avec
les différents délégués communautaires.
· Ateliers sur l'identification des
problématiques GIRE tenus au niveau des sous bassins versants, à
travers des cartes communautaires de ressources élaborées par
chaque village,
· Ateliers sur l'identification des solutions aux
problématiques GIRE identifiés et restitution de la compilation
des problématiques identifiés,
· Ateliers de planification des activités
au niveau des sous bassins ayant conduit à l'élaboration des
plans d'action communautaires et leur validation. Ces ateliers ont fait l'objet
d'un rapport détaillé sous forme d'un plan d'action GIRE des
CLE,
· Assemblée de mise en place des organes des
CLE et élection des membres du comité exécutif des
CLE.
3-1-4 Mise en commun des plans d'action GIRE et
élection des bureaux des CLE
Cette étape a consisté tout d'abord
à une consolidation des plans d'action GIRE des CLE, au passage en revue
des textes réglementaires des CLE (statut et règlement
intérieur) par le projet.
Il s'en est ensuite suivi l'élection des membres
du comité exécutif des CLE. Les critères suivis pour
choisir les membres du bureau sont les suivants :
Trois zones ont été définies dans
chaque CLE : la Rive droite, la rive gauche et la vallée. Chaque zone
avait désigné des personnes qui devraient rentrer dans le bureau
exécutif.
3-2 Structuration des CLE
3-2-1 Composition Des Comités Exécutifs
des CLE
Le Comité Exécutif du bureau de chaque CLE
dans la basse vallée de la Tarka est composé de :
> Un Président :
Le Président représente le CLE dans ses
rapports avec les tiers et le Pouvoir Public, préside et convoque les
réunions.
Il assure l'ordre à l'intérieur du CLE lors
des séances et veille à l'exécution des décisions
prises par l'Assemblée Générale et le bureau.
Il signe les correspondances et tous les actes qui
engagent la vie du CLE.
Il veille au respect de l'application des textes du CLE
et est ordonnateur des dépenses.
Il signe conjointement avec le trésorier
général les chèques établis pour les besoins du
CLE. + Un Vice Président :
Le Vice Président appuie le président dans
l'exercice de ses fonctions. Il remplace le Président en cas
d'empêchement et signe à sa place par délégation
écrite.
+ Un Secrétaire Général
:
Le Secrétaire Général du CLE
organise, sous l'autorité du Président, les réunions du
bureau du CLE ou de l'Assemblée Générale. Il est
chargé notamment de :
- La préparation et la présentation des
dossiers soumis à l'examen du bureau du CLE ou de l'Assemblée
Générale ;
- L'instruction de tout dossier qui lui est soumis par
le CLE ;
- La rédaction des comptes rendus des sessions
qui doivent contenir les conclusions et en annexe les noms des membres
présents, des membres excusés et des membres absents sans excuses
;
- La diffusion et la conservation des documents
;
- La communication avec les membres du CLE.
Un Secrétaire Général Adjoint
:
Le Secrétaire Général Adjoint du
CLE assiste le Secrétaire Général dans l'exécution
de ses missions et le remplace en cas d'absence ou
d'empêchement.
Un Trésorier Général :
Le Trésorier Général est
chargé de la gestion des ressources financières du CLE,
perçoit les recettes et exécute les dépenses en accord
avec le Président, cosigne les documents de banque. Il prépare et
soumet au bureau exécutif, le projet de budget et le rapport
financier.
Un Trésorier Général Adjoint
:
Le Trésorier Général Adjoint appuie
le Trésorier Général des tâches qui lui sont
confiées et le remplace en cas d'absence ou
d'empêchement.
Un Responsable à l'Information :
Le Responsable à l'Information est chargé
de la diffusion de l'information issue des activités du CLE et informe
les différents membres de la tenue des réunions.
Il conçoit et fait diffuser les actions
d'animation et de mobilisation sociale. Il entretient également des
relations avec les organes de presse.
+ Un Responsable à l'Information Adjoint
:
Il appuie le responsable à l'information dans
l'exécution des tâches qui lui sont confiées et le remplace
en cas d'absence ou d'empêchement.
+ Un Responsable à l'Organisation :
Il est chargé de l'organisation matérielle
des différentes réunions du CLE. + Un
Responsable à l'Organisation Adjoint :
Il appuie le responsable à l'organisation dans
l'exécution des tâches qui lui sont confiées et le remplace
en cas d'absence ou d'empêchement.
Les Commissaires aux Comptes :
Au nombre de trois, les commissaires aux comptes
assurent le contrôle de la gestion des ressources financières et
physiques et la vérification des factures de tout autre acte de
dépenses engageant la vie du CLE et rend compte à
l'Assemblée Générale.
3-2-2 Le statut des CLE
Il est composé de 10 chapitres. Entre autres,
le statut précise que la durée du CLE est de quatre vingt dix
neuf ans. Il est apolitique, à but non lucratif, non confessionnel ni
ethnique.
Les membres du CLE sont des personnes physiques ou
morales désireuses de mettre leurs compétences à
contribution pour la réalisation des objectifs du CLE. Chaque membre a
le droit de :
- Être électeur et éligible sous
réserve de s'acquitter de ses devoirs ;
- Être informé sur les activités du
CLE et y participer activement ;
- Jouir des avantages que lui confère son
appartenance au CLE (formation, voyages d'étude...) ;
- Se retirer conformément aux dispositions
statutaires et règlementaires.
Les organes du CLE sont une assemblée
générale, un comité exécutif et un commissariat aux
comptes. La fonction des membres élus des comités
exécutifs des CLE ne leur donne droit à aucune forme de
salaire.
L'assemblée générale se
réunit deux fois par an en session ordinaire sur convocation de son
président. Elle est composée de :
- deux représentants par village (un homme et une
femme),
- un représentant des groupements
maraîchers par sous bassin, - un représentant de la filière
oignon,
- un représentant des groupements
d'éleveurs par sous bassin,
- deux représentants pour l'ensemble des
groupements des pêcheurs, - un représentant de la
SEEN,
- un représentant des conseillers villageois par
sous bassin,
- deux représentantes des groupements
féminins,
- un représentant des exploitants individuels par
sous bassin, - deux représentants des migrants exploitants,
- un représentant par services techniques et par
autorités impliquées,
- un représentant par ONG, programme et
projet.
L'assemblée générale peut faire
appel à toute personne physique ou morale dont la participation est
jugée nécessaire.
Les ressources financières du CLE proviennent
des cotisations des membres ; des dons, legs et subventions provenant des
ressources publiques et privées ; et, de toutes autres sources
autorisées par la loi.
3-2-3 Le règlement intérieur
En six titres, le règlement intérieur
donne des détails sur les dispositions générales, sur les
membres (droit, devoir...), la discipline, l'organisation et le fonctionnement,
le patrimoine des CLE et les amendements des dispositions finales.
Chapitre 3 : MÉTHODOLOGIE
I- OUTILS ET METHODE
1-1 Documentation
Après la définition du thème, la
première étape de notre travail a consisté à la
recherche documentaire au niveau des bibliothèques du Centre
Régional AGRHYMET, de la Faculté d'Agronomie de Niamey et du
Ministère de l'Hydraulique et de l'Environnement et sur internet. Compte
tenu du caractère nouveau de la notion de CLE au Niger, cette phase a
surtout touché des études similaires menées dans d'autres
pays comme le Burkina Faso.
Sur le terrain, la recherche documentaire a
continué, notamment auprès des services techniques de Madaoua et
Bouza, au Projet GWI-Niger, à l'ONG RAIL et dans les archives des
projets ASAPI et PBVT, ce qui nous a permis de disposer de plus amples
informations sur la basse vallée de la Tarka et les diverses
interventions passées et actuelles dans le bassin.
1-2 Fiches d'enquête
Après avoir détaillé les objectifs
de notre étude, nous avons établi (à Niamey) des outils
d'enquêtes de terrain qui sont au nombre de cinq (Annexes 1, 2, 3, 4 et
5):
Un questionnaire adressé aux membres des CLE
:
Ce questionnaire vise à recueillir des
informations sur le processus de mise en place des CLE, leur structuration,
leur organisation, les difficultés rencontrées, ainsi que
l'appréciation des membres des CLE sur l'implication des acteurs dans
les CLE.
Un questionnaire adressé aux autorités
communales (maires, conseillers communaux) :
L'objectif visé à travers ce
questionnaire est de jauger le niveau de compréhension des
autorités communales de la GIRE en général et du processus
ayant abouti à la mise en place des CLE en particulier, mais aussi les
relations qu'ils entretiennent avec les CLE et les usagers de l'eau, les
blocages au bon fonctionnement des CLE et les propositions pour une
amélioration.
Un questionnaire adressé aux services techniques
:
Ce questionnaire vise à avoir les jugements
des services techniques sur le fonctionnement des CLE, sur les relations
existant entre les CLE et les communes d'une part et les autres acteurs d'autre
part. Il vise également à recueillir auprès des services
techniques leurs avis sur les contraintes qui entravent le bon fonctionnement
des CLE.
Une fiche d'enquête usagers :
La fiche d'enquête auprès des usagers a
permis de disposer des informations suivantes :
- La disponibilité de l'eau et sa gestion dans
les ménages, - Le coût de l'eau,
- La connaissance des CLE et du processus GIRE en
général, - L'existence des conflits liés à
l'eau.
Un guide pour les focus group :
Les questions contenues dans ce guide ont permis de
recueillir des informations sur :
- Les caractéristiques des villages,
- Les types de ressources en eau exploitées dans
le village, les usages de l'eau, la disponibilité en eau, les ouvrages,
la gestion,
- Les contraintes d'accessibilité, la
pollution, les maladies et conflits liés à l'eau,
etc.
1-3 Matériel utilisé
Le matériel utilisé pour la
réalisation de ce travail se présente comme suit :
Une moto personnelle pour les déplacements sur le
terrain,
Des cartes de caractérisation du sous bassin
versant de la basse vallée de la Tarka, Un appareil photo
numérique,
Excel pour la saisie des données,
Le logiciel Arcview 3.2 pour la conception de
cartes.
II- METHODOLOGIE
Sur le terrain, le travail a commencé par une
réunion préparatoire avec l'équipe du projet GWI-Niger. A
cette occasion, nous avons présenté nos questionnaires à
l'équipe du projet. Les contributions apportées avaient permis,
à partir de la fiche d'enquête, de concevoir
le guide pour les focus group qui n'était pas
prévu au début. Nous avons également procédé
au choix des localités à enquêter avec l'aide de
l'équipe du projet, fort de son expérience dans la
zone.
Pour les enquêtes usagers, le choix des
villages a tenu compte de la géomorphologie, parce que les
activités menées autour de la ressource en eau, sa
disponibilité et donc sa gestion varient selon qu'on soit sur le
plateau, le versant ou dans le lit de la vallée.
Ainsi trois villages ont été retenus
pour mener les enquêtes individuelles au niveau des usagers : Takachouart
sur le plateau, Saidaoua sur le versant et Takolgott dans le lit de la
vallée. Dans ces localités, nous avons également conduit
des focus groups.
Concernant les communes, il était prévu
que l'enquête soit menée au niveau des mairies des six principales
communes du bassin versant à savoir Madaoua, Sabon Guida, Galma,
Arzérori, Bouza et Karofane. Cependant, la mairie de Galma n'a pas pu
être enquêtée par manque de temps.
Les services techniques enquêtés sont
les services de l'hydraulique, de l'environnement, de l'agriculture, de
l'élevage, du génie rural et du plan des départements de
Bouza et Madaoua.
Des membres des comités exécutifs des
différents CLE ont également été
enquêtés.
En plus, dans chaque village enquêté, des
entretiens avec les deux leaders communautaires des CLE ont été
faits.
En marge de toutes ces enquêtes, nous avons eu
des échanges que nous pouvons qualifier d'informels, à chaque
fois que l'occasion se présente avec les acteurs. Ainsi des questions
très importantes en relation avec l'eau ont été
débattues (points de vue sur la création et le fonctionnement des
CLE, sur la GIRE, l'environnement, la disponibilité en
eau...).
En outre, des entretiens ont été
effectués avec le chef départemental du service de la SEEN de
Madaoua, les chefs coutumiers, les chefs religieux, un groupement de femmes.
Ces différents entretiens nous ont permis de compléter les
informations recueillies auprès des autres acteurs.
Nous avons aussi visité les marchés de
Madaoua, Tounfafi, Karofane et Bouza. En plus, nous avons effectué des
visites sur les points d'eau, dans les champs et les sites maraîchers. Ce
qui nous a permis de vérifier les réponses à certaines de
nos questions et même d'aborder certains aspects non couverts par nos
questionnaires.
En définitive, nous avons visité dix
localités à savoir Bouza, Arzérori et Takachouart sur le
plateau, Saidaoua, Karofane et Madaoua sur le versant, Takalgot, Sabon Guida,
Tounfafi et Tékké dans le lit de la vallée.
Afin de tenir compte de la diversité des
usagers dans les trois villages choisis pour mener les enquêtes usagers,
l'échantillonnage a été fait en tenant compte des
catégories de sexe et des activités socioprofessionnelles, en
adoptant l'approche ménage.
Au total 30 chefs de ménage ont
été enquêtés dans les trois villages dont 5
ménages à Takachourt (2 ménages dirigés par des
femmes et 3 par des hommes), 18 à Saidaoua (5 femmes et 13 hommes) et 7
à Takalgot (3 femmes et 4 hommes). Cet échantillon correspond
à 11,46% du nombre total des ménages pour Takachouart, 11,36%
pour Saidaoua et 12,14% pour Takalgot.
En prenant en compte les activités
socioprofessionnelles, sur les 30 ménages enquêtés, on a
:
- Pour Takachouart : 3 ménages dont
l'activité principale est l'élevage et 2 agro
éleveurs,
- Pour Saidaoua : 12 agriculteurs, 4 agro
éleveurs et 2 briquetiers,
- Pour Takolgot : 6 agriculteurs et 1
briquetier.
En plus des 30 chefs de ménage d'usagers,
l'enquête a touché 9 membres des comités exécutifs
des CLE, 13 personnes parmi les autorités administratives, 3
autorités coutumières et religieuses, 7 chefs de services
techniques et 4 responsables des projets et ONG (Tableau 4).
Les focus groups ont été conduits
auprès des usagers et ont concerné au total 87 personnes dans
huit localités à savoir Takalgot, Saidaoua, Takachouart,
Arzérori, Karofane, Sabon Guida, Bouza et Madaoua. Le tableau 4 nous
donne la répartition par acteurs et par types de questionnaires des
personnes touchées par nos enquêtes.
Tableau 5 : Répartition des
enquêtés par acteurs.
Acteurs
|
Catégories socioprofessionnelles
|
Échantillons enquêtés
|
Total enquêtés
|
Usagers (chefs de
ménages)
|
Agriculteurs, Éleveurs, agro
éleveurs et Briquetiers
|
30
|
30
|
CLE
|
Membres des comités exécutifs
|
9
|
9
|
Autorités administratives
|
Préfets
|
2
|
13
|
|
4
|
|
7
|
|
Chefs traditionnels
|
2
|
3
|
|
1
|
|
Chefs de services techniques
|
7
|
7
|
|
0
|
|
Chefs
|
4
|
4
|
Focus Group
|
87
|
87
|
Total enquêtés
|
|
153
|
|
Après le dépouillement, les données
des enquêtes récoltées ont été
traitées et analysées à l'aide des logiciels Excel et
SPSS.
Toutefois, plusieurs difficultés ont
été rencontrées durant cette étude :
· Un retard avant de nous rendre sur le terrain. Ce
retard était dû à la promesse du projet de nous assurer les
déplacements, promesse qui n'a finalement pas été tenue
;
· Des ressources financières très
limitées ;
· Des villages très
éloignés et d'accès difficile (certaines routes
étant impraticables à moto, en particulier dans le CLE de Bouza)
;
· Les maires presque toujours en
déplacement pour des raisons de service, et les conseillers absents du
fait que la plupart d'entre eux vivent dans des villages plus ou moins
éloignés du chef lieu de la commune ;
· L'indisponibilité et l'insuffisance des
agents dans les services techniques ;
· La dispersion des membres des comités
exécutifs des CLE dans des villages différents et
éloignés.
L'ensemble de ces difficultés a eu pour
conséquences :
- un retard dans la récolte des données
qui a duré deux mois de plus que le délai prévu qui est de
quatre mois,
- certaines localités prévues n'ont pas
été visitées.
Chapitre 4 : RÉ SULTATS
I- LES ORGANES GIRE DANS LA BASSE VALLÉE DE LA
TARKA : ORGANISATION ET FONCTI ONNALITÉ.
1-1 Les zones des CLE de Bouza et Madaoua.
(Carte 5)
L'espace géographique du CLE de Madaoua
s'étend sur une superficie de
873 km2 entre les communes de Madaoua,
Arzérori, Bouza,
Sabon Guida et Ourno et
renferme six sous bassins (Carte 6) : Tikiré,
Illégane, Adjibaou, Mouléla, Lakeité et
Kollé.
Le CLE de Madaoua compte 90 villages partagés
entre quatre communes : Madaoua, Bouza, Arzérori et Sabon Guida pour une
population totale de 77
411 habitants en 2011
(RGP/H, 2001), essentiellement concentrée dans la
commune de Madaoua (Figure 6).
Arzérori 18%
Sabon Guida 2%
Bouza 2%
Madaoua 78%
Figure 6 : Répartition de la population du CLE de
Madaoua par commune .
La zone du CLE de Bouza (Carte 5)
a une superficie de 691 km2. Elle est
partagée
entre
les communes de Bouza, Karofane, Ourno, Madaoua, et
Arzérori.
C
e CLE compte également 90 villages avec une
population de 89128 habitants en 2011 (RGP/H, 2001) dont 63% dans la commune de
Bouza . (Figure 7). Le CLE de Bouza comporte cinq sous bassins dont les noms
sont Tanfaye, Bouza, Toro, Tassoliat et Madetta (Carte 6).
Karofane 18%
Madaoua 11%
Arzérori 4%
Ourno 4%
Bouza 63%
Figure 7 : Répartition de la population du CLE de
Bouza par commune.
Carte 5 : Contour des CLE de Bouza et Madaoua avec les
différentes communes .
Carte 6 : Les 11 sous bassins des CLE de Bouza et
Madaoua avec le contour administratif.
1-2 Analyse du processus de mise en place des CLE
1-2-1 Caractérisation de la basse vallée
de la Tarka
D'après les résultats de nos
enquêtes, les services techniques associés à cette phase
ont jugé bonne la phase de caractérisation du bassin (100% des
réponses).
1-2-2 La rencontre d'information
Les limites des zones des CLE étant connues, une
rencontre d'information a été organisée par le projet
GWI-Niger.
Les résultats des enquêtes ressortent
qu'il s'est posé à ce niveau des problèmes liés
à un déficit d'information et aux affectations des agents de
l'État (certains agents déjà associés au processus
sont affectés et les nouveaux ont du mal à se l'approprier)
(Figure 8).
Affectation des agents 25%
Information bien donnée 10%
Ne savent pas 2%
D
éficit d'information
63%
Figure 8 : Appréciation par les
enquêtés (services techniques) des p roblèmes ayant
marqué la phase d'information.
1-2-3 Les ateliers thématiques
Les fréquences des r éponses
données par les enquêtés montrent que c ette phase a
notamment été marquée par une faible représentation
des communes et des services techniques, l'analphabétisme des
délégués ...etc. (Figure 9).
Analphabétisme de certains
délégués 20%
La carte des ressources non suffisante 12%
Insuffisance du temps 17%
Insuffisance d'appui/encadrement 7%
Faible
représentation des
STD
9% Faible
représentation des communes 23%
Affectation des agents de l'Etat 12%
Figure 9 : Appréciation, par les
enquêtés (STD, communes, usagers), des problèmes ayant
marqué la phase de formation des acteurs.
1-2-4 Mise en commun des plans d'action GIRE et
élection des bureaux des CLE
D'après les réponses
des enquêtés, on note entre autres
problèmes ayant marqué cette phase, le retard dans l'obtention
d'agrément pour les CLE, une insuffisance de temps de concertation,
l'esprit partisan qui a marqué le choix des membres (Figure
10).
Développement des compétences
au niveau des membres 11%
Certains membres ne
comprennent pas leurs rôles
et responsabilités 17%
Retard dans l'obtention
de l'agrément 28%
Insuffisance de temps de concertation 13%
Esprit partisan au détriment
de compétence pour le choix
des membres 27%
Dél. Analphabètes 4%
Figure 10 :
Appréciation des problèmes
ayant
marqué la phase mise en commun des
plans
d'action.
1-3 Structuration des CLE
Dans les deux CLE, les membres des comités
exécutifs sont des représentants des organisations locales. Le
tableau 5 donne la composition des bureaux exécutifs des CLE de Bouza et
Madaoua.
Tableau 6 : Composition des bureaux exécutifs
des CLE de Bouza et Madaoua.
Postes
|
Sexe
|
Structures de provenance
|
|
Bouza
|
Madaoua
|
Bouza
|
Président
|
Homme
|
Homme
|
Vice Président
Fédération des
Unions de la Filière Oignon
|
Trésorier AUE
|
Vice Président
|
Femme
|
Homme
|
Usager domestique
|
Usager domestique
|
Secrétaire général
|
Homme
|
Homme
|
Membre AUE
|
|
SG adjoint
|
Homme
|
Femme
|
Producteur maraîcher
|
Alphabétisation
|
Trésorier général
|
Femme
|
Femme
|
Membre AUE
|
Élue locale
|
Trésorier général
Adjoint
|
Homme
|
Femme
|
Producteur maraîcher
|
Groupement féminin
|
Secrétaire à
l'Organisation
|
Femme
|
Homme
|
Présidente d'un
Groupement
féminin exerçant le
maraîchage
|
SG AUE
|
Secrétaire à
l'Organisation Adjoint
|
Homme
|
Femme
|
Leader d'opinion/Usager domestique
|
Usagère
|
Secrétaire à
l'Information
|
Homme
|
Homme
|
Autorité
coutumière, gestionnaire des ressources en
eau
|
SG banque
céréalière
|
Secrétaire à
l'Information
adjoint
|
Femme
|
Homme
|
Leader
d'opinion /usagère domestique
|
|
COMMISSAIRES AUX COMPTES
|
1er CC
|
Homme
|
Homme
|
Usager domestique
|
|
2ème CC
|
Femme
|
Homme
|
Membre du Bureau Association
nationale des
producteurs
d'oignon
|
|
3ème CC
|
Femme
|
Femme
|
Union Départementale des Professionnels
de l'élevage
|
SG COGES
|
|
On remarque que dans les comités
exécutifs des deux CLE, le genre a été pris en compte avec
40% des femmes dans chacun des comités exécutifs. De même,
dans le choix des délégués villageois qui ont mis en place
le CLE, la parité homme/femme a été respectée
à raison d'une femme et un homme par village.
Chacun des comités exécutifs comporte plus
ou moins tous les acteurs et usagers de l'eau.
De l'avis de tous les enquêtés,
l'initiative est bonne à condition que les CLE disposent des moyens
nécessaires pour la mise en oeuvre de leurs plans d'action. Les services
techniques estiment que les membres des CLE doivent être formés
pour bien jouer leurs rôles. Ils doivent également disposer de
textes juridiques pour que leurs actions soient plus efficaces.
1-4 Réalisations des CLE
Chacun des deux CLE dispose d'un plan d'action pour
la GIRE établi sur trois ans. Les plans d'action des CLE ont
été élaborés avec l'aide des services techniques et
les propositions des populations. Ils ont été suivis d'une visite
sur le terrain par les membres des comités exécutifs des
CLE.
Ces plans d'action GIRE constituent une programmation
des actions à réaliser dans le temps et dans l'espace en vue
d'aboutir non seulement à une mise en valeur des potentialités de
la zone des CLE, mais aussi à une maîtrise des différentes
contraintes identifiées lors de la phase d'identification des
problématiques GIRE. Ces actions varient selon le contexte
géomorphologique. Elles s'articulent autour des points suivants
:
- Amélioration de la couverture des besoins en
eau et l'accès à l'eau potable ; - Lutte contre
l'insécurité alimentaire ;
- Amélioration de l'état de santé
des communautés dans le cadre de la GIRE ; - Renforcement des
capacités des acteurs sur la GIRE ;
- Amélioration des conditions de vie de la
femme.
Chacun des deux CLE dispose d'un compte bancaire dans
une institution de micro finance (Mutuelle YARDA), à Madaoua pour le CLE
de Madaoua et à Bouza pour le CLE de Bouza, ainsi que des bureaux (non
équipé au moment de notre passage pour le CLE de
Bouza).
Après deux ans d'existence, on ne peut
aujourd'hui compter à l'actif des CLE qu'une tournée de
sensibilisation effectuée dans tous les villages, grâce à
l'appui du projet GWINiger, à l'occasion de laquelle les populations ont
été informées sur les missions assignées aux CLE,
la nécessité d'une participation de tous pour l'accomplissement
de leurs missions.
Toujours sur financement du projet GWI-Niger, le CLE
de Madaoua a signé un contrat avec une radio locale à Madaoua
pour passer, une fois toutes les deux semaines, une émission sur la
GIRE.
Le projet a également organisé deux
voyages d'études : au Burkina Faso à l'intention de trois membres
du comité exécutif du CLE de Madaoua et au Mali à
l'intention de trois membres du comité exécutif du CLE de Bouza,
afin de leur faire découvrir les pratiques de gestion des ressources en
eau dans ces pays.
Actuellement, les CLE ont ficelé de nombreux
dossiers dont le financement reste toujours à rechercher.
1-5 Gestion des ressources en eau dans les CLE
1-5-1 Accessibilité à l'eau
Dans la basse vallée de la Tarka en
général, la ressource en eau est essentiellement souterraine. Les
eaux de surface se limitent à quelques mares permanentes et
semipermanentes, et des écoulements temporaires en saison des
pluies.
La disponibilité et l'approvisionnement en eau
dans les CLE de Madaoua et Bouza varient très fortement d'une
localité à une autre. Elles sont surtout fonction de
l'unité géomorphologique en présence.
·. Dans le CLE de Bouza :
Tous les villages sont situés soit sur le
plateau, soit sur le versant. Ces entités morphologiques sont
caractérisées par une nappe très profonde (nappe du
Continental Terminal) nécessitant des ouvrages coûteux. Les puits
traditionnels l'atteignent rarement avec des débits dérisoires.
C'est pourquoi dans le CLE de Bouza, les villages font face à une
pénurie d'eau et un manque crucial d'infrastructures hydrauliques
fonctionnelles. Cette situation prévaut dans tous les villages du CLE
que nous avons visités (Photo 5).
A Karofane, le village ne dispose plus que de trois
puits cimentés pour une population de 2746 habitants en 2011 (RGP/H,
2001), avec une mini AEP en panne. Ce qui fait que les
populations sont obligées d'aller à la
recherche de l'eau dans un village situé en bordure de la vallée,
à environ deux kilomètres, notamment en saison
sèche.
A Bouza également, malgré l'Adduction
d'Eau Potable, les populations vivent assez régulièrement les
pénuries d'eau.
En plus, la grande partie de la zone du CLE de Bouza
est couverte d'affleurements rocheux, ce qui limite l'infiltration et
entraîne des ruissellements importants. C'est pourquoi, on observe une
forte concentration de koris, affluents de la vallée de la Tarka. Ces
affluents accentuent l'érosion et les pertes en terre (Photo 1).
Cependant, on note une rareté de micro barrages qui pourtant auraient
permis de valoriser cette eau, d'alimenter la nappe et de limiter les
pénuries d'eau et l'érosion.
Photo 1 : Koris dans le CLE de Bouza.
·. Dans le CLE de Madaoua :
Dans ce CLE par contre, l'eau est disponible et mieux
accessible en général. Cependant, il existe ici quelques villages
sur le plateau où les caractéristiques hydrogéologiques
sont comparables à celles des villages de Bouza.
C'est le cas de Takachouart, un village de la commune
d'Arzérori dans lequel l'accès à l'eau se fait avec
beaucoup de difficultés. Ce village d'environ 342 habitants en 2011
(RGP/H, 2001) disposait d'un seul forage aujourd'hui en panne. Pour
résoudre le problème, un branchement a été fait
depuis la mini AEP d'Arzérori avec des canalisations de très
faibles diamètres qui alimentent d'abord le village
d'Arzérori-Nomade avant d'arriver à Takachourt, sur plus de deux
km. A cela s'ajoute un prélèvement assez important d'eau dans le
village amont ; ce qui se traduit par un faible débit à
Takachouart. Les populations des deux villages se sont entendues pour
établir un calendrier d'ouverture des robinets, mais ce calendrier n'est
pas respecté par certains habitants d'Arzérori-Nomade. Cela
entraîne quelquefois des
mésententes entre les personnalités du
village de Takachouart et les présumés responsables de cet
état de fait.
Ainsi à Takachourt, les femmes attendent de fois
jusqu'à minuit avant d'avoir de l'eau, pendant que les robinets sont
fermés en amont.
Dans ce village, les populations affirment
qu'auparavant il suffisait de creuser un peu en bordure des koris pour avoir de
l'eau. Ce qui allégeait leur souffrance dans la corvée d'eau.
Aujourd'hui, ces endroits sont quasiment secs et les populations attribuent
cela à l'existence de prosopis utilisé pour la protection des
berges (photo 2) qui selon eux, pompe l'eau.
Photo 2: Prosopis utilisé pour la protection des
berges d'un koris à Takachouart.
Dans les autres localités du CLE de Madaoua,
le problème de disponibilité et d'accessibilité à
l'eau est moindre. Mais il se pose un autre problème : celui de la
pollution, notamment dans le lit de la vallée.
A Saidaoua par exemple, village situé sur le
versant, il existe trois puits cimentés pour une population d'environ
1242 habitants en 2011 (RGP/H, 2001), mais les puits ne sont
équipés d'aucun périmètre de protection (Photo
4).
A Takalgott, dans le lit de la vallée, presque
chaque ménage dispose d'un puisard au sein de la maison pour son
approvisionnement en eau de boisson et d'abreuvement des animaux. La photo 3
montre un forage abandonné dans le même village parce que les
villageois jugent le goût de l'eau des puisards meilleur que celui du
forage. En effet les puisards captent la nappe alluviale qui a une eau plus
douce. Ainsi l'eau du forage, installé à côté d'une
mosquée, n'est donc utilisée qu'occasionnellement pour des
besoins d'ablutions. Mais le problème à Takalgott tout comme dans
les autres localités du lit de la vallée est celui relatif
à la qualité de l'eau. En effet, les puisards ne sont
dotés d'aucune mesure de protection,
alors que les animaux sont attachés dans la
même concession et les excréments humains déposés
aux alentours immédiats des maisons. En plus, s'étendent non loin
des concessions, des sites de maraîchage exploités depuis des
décennies.
Cela est d'autant plus alarmant quand on sait que la
nappe n'est qu'à 5 à 7 mètres de profondeur dans cette
partie du bassin, et en saison des pluies, elle pourrait remonter à 2
mètres.
3
4
5
Photo 3 : Forage fonctionnel abandonné à
Takolgott dans le lit de la vallée.
Photo 4 : Des filles au bord d'un puits à
Saidaoua sur le versant.
Photo 5 : Approvisionnement en eau autour d'un puits
dans le CLE de Bouza, sur le plateau.
La carte 7 donne la répartition des points
d'eau (forages, puits cimentés et pastoraux) dans les zones des CLE de
Bouza et Madaoua. On remarque en effet que le nombre de ces points d'eau est
plus limité dans le CLE de Bouza que dans celui de Madaoua.
Carte 7 : Répartition des points d'eau dans les
zones des CLE de Madaoua et Bouza.
1-5-2 Gestion des ressources en eau
La gestion communautaire des ressources en eau dans les
CLE de Madaoua et Bouza demeure encore traditionnelle. Elle peut être
soit individuelle, soit participative.
+ Gestion traditionnelle individuelle
Dans ce type de gestion, c'est une seule personne qui
a la responsabilité de gérer la ressource en eau et les
infrastructures hydrauliques, généralement le chef du village ou
le chef de canton. Ces derniers assurent ainsi la gestion d'éventuels
conflits liés à la ressource. Mais ils ne peuvent être sur
place pour s'assurer de l'application des règles d'accès à
respecter.
C'est pourquoi dans la plupart des cas le chef
responsabilise d'autres personnes pour assurer la gestion des points d'eau. Ces
dernières étant beaucoup plus proches du point d'eau, elles ont
le pouvoir de contrôler et de faire respecter les règles
d'accès, la gestion des conflits étant toujours assurée
par le chef. Les personnes responsabilisées rendent comptent au chef du
village.
On observe également au niveau de certains
forages ou puits cimentés publics, que la gestion est assurée par
une seule personne quasiment toujours présente sur le point d'eau. Cette
personne est généralement désignée par consensus
par la population du village. La
personne choisie organise l'accès à
l'eau, assure la salubrité au niveau du point d'eau avec l'aide des
populations et, collecte les fonds (vente d'eau ou cotisation des habitants du
village) pour la maintenance des ouvrages. Ce mode de gestion a
été constaté sur les points d'eau à Karofane, dans
le CLE de Bouza.
Par contre au niveau du lit de la vallée
où presque chacun dispose d'un point d'eau dans sa concession et/ou dans
son champ, la gestion est isolée. Chacun détermine librement les
normes d'utilisation de la ressource à sa guise. Le chef de village
n'intervient qu'en cas de conflit.
Au niveau des sites maraîchers à
Madaoua, il a été constaté une forme
particulièrement nouvelle de valorisation des ressources en eau. En
effet, des particuliers ont creusé dans leurs champs des forages
équipés de motopompes spécialement pour la vente d'eau sur
place. Le bidon de 20 litres est vendu à 10 FCFA. Des quantités
assez importantes d'eau pouvant aller à plus de 2 m3 par jour
peuvent être vendues. Selon les producteurs, cette forme de vente d'eau a
vu le jour récemment, suite à l'approfondissement croissant de la
nappe à certains endroits. Il devient en effet plus économique
pour certains producteurs, notamment ceux qui n'ont pas de motopompes,
d'acheter l'eau pour l'arrosage que de la puiser.
+ Gestion traditionnelle participative
La gestion traditionnelle participative est le
deuxième mode d'organisation et de gestion des ressources en eau dans
les zones des CLE de Bouza et Madaoua. Ce mode de gestion revêt plusieurs
formes.
A Guidan Bado dans le CLE de Bouza, les populations
se sont organisées autour d'un site maraîcher pour gérer
les ressources en eau. Une zone a ainsi été
délimitée dans laquelle des normes d'utilisation de la ressource
ont été définies. En effet, toute personne qui gaspille
l'eau ou qui laisse divaguer des animaux dans cette zone est amendée.
Les chefs des villages qui exploitent le site assurent le respect de
l'application de ces mesures.
Autour des puits pastoraux, les éleveurs
s'organisent également pour réglementer l'accès à
l'eau. L'idée d'organiser l'accès aux puits pastoraux est
née du fait de la forte pression qu'ils subissent. Cette pression est
accentuée en période de transhumance et à cette
période précisément, certains villageois refusent aux
éleveurs d'accéder à leurs puits (Cas de
Saidaoua).
1-6 Rôle de la femme dans la gestion de la ressource
en eau
Dans la basse vallée de la Tarka en
général et dans les zones des CLE en particulier, la
corvée d'eau est essentiellement assurée par les femmes comme on
peut le voir sur les photos 3, 4 et 5. Ces dernières se chargent
également de la recherche du bois de chauffe et d'assurer les repas de
la famille.
Pour ce qui est de la corvée d'eau par les
femmes, elle est particulièrement préoccupante dans la zone du
CLE de Bouza où, des journées entières sont
consacrées à la recherche de l'eau. D'après la mairie de
Bouza, on rencontre même des cas de chutes des femmes dans les puits ou
des accouchements au bord des points d'eau.
Toutefois, on remarque une
représentativité des femmes dans la plupart des comités de
gestion des points d'eau existants et dans les bureaux des CLE, de même
que quelques rares organisations féminines dont la vocation n'est pas
forcement en relation avec la gestion de l'eau.
Mais les multiples occupations que la plupart de ces
femmes ont au quotidien leur donnent très peu de temps pour jouer
efficacement le rôle qui devrait être le leur, celui d'actrices
principales de la gestion des ressources en eau.
II- LES ACTEURS DE LA RESSOURCE EN EAU DANS LES ZONES
DES
CLE DE MADAOUA ET BOUZA : IMPLICATION ET ATTENTES
2-1 Les acteurs de la ressource en eau
Dans les zones des CLE, les acteurs de la ressource en
eau peuvent globalement se regrouper en deux catégories : les acteurs
usagers et les acteurs non usagers.
Le premier groupe comprend les usagers domestiques,
les agriculteurs, les éleveurs, et les briquetiers. Il ya
également les pêcheurs même si dans nos villages
d'étude ce type d'acteurs n'existe pas du fait qu'il n'ya pas de mare
permanente.
Le deuxième groupe d'acteurs est celui des
préfectures, des mairies, des chefferies traditionnelles et des services
techniques de l'État.
2-1-1 Usagers/Usages
· Les usagers domestiques :
Les usages domestiques de l'eau dans tous les
villages visités concernent essentiellement la boisson humaine et
l'abreuvement des animaux. L'approvisionnement en eau du ménage est
essentiellement assuré par les femmes et les jeunes filles, et dans
quelques rares cas les garçons.
Le CLE de Bouza est particulièrement
caractérisé par des difficultés d'approvisionnement en eau
du fait des caractéristiques hydrogéologiques de la zone. La
nappe est très profonde et l'exhaure nécessite des forages
très coûteux qui ne sont pas à la portée des
populations. Dans cette partie de la vallée, les femmes parcourent des
dizaines de kilomètres pour trouver un point d'eau. Ce qui entraine une
forte pression sur les rares points d'eau où les femmes et les filles
passent des journées entières. Cela a des conséquences
sociales importantes. Dans les villages de la zone que nous avons
visités, certaines filles sont affectées entièrement
à la corvée d'eau et ne peuvent de ce fait ni aller à
l'école, ni faire d'autres travaux domestiques.
Les mêmes difficultés d'approvisionnement
en eau se posent dans les rares villages du CLE de Madaoua se trouvant sur le
plateau.
Au niveau du versant, le problème est moindre, la
profondeur des puits exploités tournent autour de 15 à 20
mètres.
Sur les marchés, beaucoup de
spéculations se font autour de la ressource en eau. En effet, sur tous
les marchés ruraux visités, nous avons remarqué la
présence des revendeurs d'eau. Sur le marché de Karofane par
exemple, un tonneau de 200 litres est acheté à 400 F CFA sur le
puits pour être revendu autour de 1500 F CFA sur le marché. Le
récipient d'environ 1 litre est vendu autour de 10 F.
· Les agriculteurs : Dans les deux CLE,
l'agriculture constitue la principale activité des
populations.
Sur les plateaux et les versants, l'agriculture est
exclusivement pluviale. La production dépend directement de la
quantité de pluie qui va tomber durant la saison. Elle est
pratiquée pendant trois à quatre mois, après quoi les bras
valides partent en exode dans les pays voisins.
Dans cette partie de la vallée, les terres
cultivables sont insuffisantes, du fait de l'érosion et des
affleurements rocheux qui couvrent une grande partie des terroirs.
Comme solution à cette agriculture
dépendante de la pluie, les personnes enquêtées proposent
la construction de barrages sur les multiples koris pour valoriser les eaux de
pluie qui sont en grande partie perdues dans le ruissellement. Cela permettrait
de pratiquer le maraîchage et de maintenir les bras valides sur
place.
Par contre dans le lit de la vallée, le
maraîchage est très bien développé à cause de
la proximité de la nappe (Cas de Sabon Guida et Takolgott). L'oignon
constitue la principale culture avec en moyenne trois récoltes par an. A
Takolgott par exemple, certains paysans ne pratiquent plus l'agriculture
pluviale au profit du maraîchage. Les premiers semis d'oignons ont lieu
aussitôt après la récolte des céréales (mil,
sorgho) qui sont des cultures pluviales (Photo 5).
Photo 6 : Planches d'oignon dans la partie
récoltée d'un champ de mil dans le CLE de Madaoua (lit de la
vallée).
Compte tenu des exigences de la culture de l'oignon,
l'irrigation y est très pratiquée avec une forte utilisation
d'engrais et pesticides. Elle est faite à partir des puisards chez les
exploitants moins nantis et à partir de forages maraîchers
équipés de motopompes pour les exploitants disposant de
moyens.
Les usagers enquêtés affirment en
majorité être informés de l'existence de la pollution de la
nappe (Figure 11).
Pas de pollution 16%
Nous n'avons pas le choix 19%
Ne savent pas 10%
Nous sommes informés 55%
Figure 11 : Perception de la pollution de l'eau due aux
engrais par les usagers.
· Les éleveurs :
L'élevage est la deuxième
activité après l'agriculture dans notre zone d'étude. Dans
la plupart des cas, il s'agit d'un élevage de case. Ce sont
essentiellement les agriculteurs qui disposent d'animaux qu'ils gardent dans
leurs concessions.
Mais après la récolte, on note une descente
importante des éleveurs transhumants du Nord au Sud. Ce
même si cette année, nous n' rarement
liés à l'eau.
L'élevage n'a pas de grandes particularités
sel
note simplement une plus grande li
versants contrairement à la vallée
où le maraîchage prend
animaux en divagation provoqu
généralement réglés par les
chefs de villages.
· Les briquetiers :
Dans l es localités visitées
habitations en banco, construites à partir
personnes dont le métier est la
incontournables de l'
eau. Généralement
tte descente est marquée quelquefois par des
conflits entre agriculteurs et éleveurs avons rencontré aucun
cas de conflit.
Mais ces conflits sont
on les unités géomorphologiques. On
berté du bétail en saison sèche
au niveau du plateau et des
la
place des cultures sous pluie. Les ent donc de petits
conflits ( comme à Takolgott) mais qui sont
sur le versant et dans la vallée
, il existe de nombreuses
de briques
en terre. Les briquetiers sont des
fabrication et la vente
des briques. Ce sont des usagers exécutée
par des jeunes, c
ette activité est une grande
consommatrice d'eau et fai
t vivre de nombreuses familles. La construction des
briques débute (Octobre à Novembre)
généralement à l'arrêt des
pluies . Ce qui engendre des conflits entre les
confectionneurs de briques et les éleveurs car
c'es t la période pendant laquelle les animaux en divagation
piétinent les briques. Il faut cependant noter que dans nos villages
d'étude, ces conflits existent mais ne sont pas graves.
Sur le plateau par contre, les types d'habitats sont en
briques de pierre, la briqueterie n'est donc pas
développée.
· Les usages culturels de l'eau
:
De nos jours, de nombreux rites traditionnels liés
à l'eau ont disparu avec l'avènement de l'islam.
Toutefois, on peut noter dans certains villages
quelques cérémonies traditionnelles organisées par les
populations en cas de retard des pluies. Ces cérémonies varient
selon les localités.
C'est le cas de la zone de Bouza où une
cérémonie de demande de pluie est organisée. A l'occasion
de cette cérémonie, des femmes portent des habits d'hommes et se
rendent à l'Est du village où, après un festival de danses
et de chants, un bouc rouge est sacrifié. La viande du bouc est
intégralement mangée par les mêmes femmes en
brousse.
C'est également le cas d'une autre forme de
rite qui consiste à regrouper des dignitaires religieux et coutumiers
qui, suite à des sacrifices, implorent les Dieux pour qu'ils fassent
descendre la pluie.
2-1-2 Les communes
Le nouveau code de l'eau du Niger a donné une
place importante aux collectivités territoriales dans la gestion des
ressources en eau dans nombreux de ses articles. Il place l'État et les
collectivités territoriales au premier plan du cadre institutionnel de
gestion de l'eau.
« Article 21 : Le cadre institutionnel de gestion de
l'eau est composé de :
- l'État et les collectivités territoriales
;
- la Commission Nationale de l'Eau et de l'Assainissement
(CNEA) prévue à l'article 25 et les Commissions Régionales
de l'Eau et de l'Assainissement (CREA) ;
- les Commissions de Gestion de l'Eau au niveau des UGE
;
- les organes locaux de gestion de l'eau.
D'autres organes peuvent, en tant que de besoin,
être créés par voie réglementaire.
Article 26 : Les collectivités territoriales
assurent, dans le cadre de leurs missions respectives, la gestion durable de
l'eau avec la participation effective de tous les acteurs
concernés.
Les domaines de compétences
transférées par l'État aux collectivités
territoriales sont déterminés par la loi.
Article 27 : Des Unités de Gestion des Eaux
(UGE) sont créées pour servir de cadre physique pour la gestion
et la planification des ressources en eau sur le territoire de la
République du Niger.
Leur nombre et leur délimitation sont fixés
par voie réglementaire.
Article 28 : Pour chaque UGE, il est
créé une Commission de Gestion de l'Eau regroupant des
représentants de l'État et des Collectivités
Territoriales, des groupes socioprofessionnels concernés par la gestion
des ressources en eau.
Les attributions, la composition, l'organisation et les
modalités de fonctionnement des Commissions de Gestion de l'Eau sont
fixées par voie réglementaire.
Dans l'attente de la mise en place effective des
Commissions de Gestion de l'Eau basées sur les UGE, la CNEA est
représentée au niveau régional par des Commissions
Régionales de l'Eau et de l'Assainissement (CREA), conformément
aux structures administratives actuelles. »
En outre, les associations de gouvernements locaux
représentent un des moyens par lesquels la bonne gouvernance de la
ressource en eau se réalise au niveau national car elles ont le pouvoir
et la voix nécessaires pour influencer les organismes de prise de
décision à des niveaux supérieurs.
C'est à ce titre que le code général
des collectivités territoriales du Niger a prévu la
création de structures intercommunales (art. 325, 326 et
327).
2-1-3 Les autorités administratives et
coutumières
Dans notre cas, il s'agit des préfets et des chefs
traditionnels.
Le préfet est le représentant de
l'État au niveau du Département.
L'article 22 du code de l'eau stipule : «
L'État assure, dans le cadre d'un aménagement
équilibré du territoire, la gestion durable et équitable
de l'eau avec la participation effective de tous les acteurs concernés.
»
Article 24 : « L'État et les
collectivités territoriales peuvent s'associer, sous forme
contractuelle, pour la réalisation d'objectifs et de projets
d'utilité publique.
Les modalités d'association sont
précisées par voie réglementaire. »
Sur le terrain, les préfets assurent l'appui
conseil et le suivi des activités. Leur pouvoir de décision est
le contrôle de la légalité conventionnelle.
Les chefs traditionnels sont
hiérarchisés. On retrouve au niveau des villages, les chefs de
villages et en zones nomades les chefs de tribus ; puis au niveau des cantons
(un ensemble important de villages), les chefs des cantons ou chefs de
groupements chez les nomades. Ces chefs interviennent assez efficacement dans
la gestion des conflits. Les chefs traditionnels portent les sollicitations des
villageois auprès des services techniques et des partenaires au
développement. Ils sont garants des activités socioculturelles et
anthropologiques.
2-1-4 Les services techniques de l'État
Les services techniques déconcentrés de
l'État au niveau des CLE de Madaoua et Bouza dans le cadre de ce travail
sont :
- Le service départemental de
l'hydraulique : Il assure le suivi de la gestion de l'eau et du
service de l'eau, la réhabilitation des ouvrages, la mise en place de
nouvelles infrastructures...etc.
- Le service départemental de
l'environnement : Ce service participe à
la formation et à l'équipement des artisans pêcheurs, la
fixation des normes d'exploitation et des techniques pour prévenir la
pollution ainsi que la mise en place de mode de gestion (communautaire) avec la
création d'une coopérative de pêcheurs. Il assure
également des travaux de récupération des terres
dégradées et des plantations d'arbres, la protection des berges
des koris tout en oeuvrant pour limiter le déboisement.
- Le service départemental de
génie rural : il s'occupe des grands ouvrages de CES/DRS
dans la lutte contre les érosions hydriques et éoliennes qui
menacent les ouvrages, dégradant les sols et remplissant les
mares.
- Le service départemental de
l'élevage : intervient dans la gestion des couloirs de
passage des animaux et dans l'hydraulique pastorale.
2-1-5 Le projet GWI-Niger
Le projet GWI-Niger oeuvre pour l'application de la
GIRE dans la basse ballée de la Tarka. Il a mis en place les deux CLE
concernés par cette étude et prépare la mise en place de
deux autres CLE afin de couvrir l'ensemble du bassin versant de la basse
vallée de la Tarka. Le projet GWI-Niger organise des séances de
formations et d'informations sur la GIRE à l'intention de l'ensemble des
acteurs.
2-1-6 Autres ONG et Projets
De nombreuses ONG et associations interviennent dans la
basse vallée de la Tarka dans des domaines variés. Pour ce qui
est de l'eau on peut citer :
- L'ONG RAIL : ONG
internationale intervenant dans le fonçage et la réhabilitation
des puits.
- Le Projet Petite Hydraulique et
Sécurité Alimentaire (PPHSA) intervenant à
Bouza et Madaoua et qui appuie surtout les irrigants en matériels et
techniques de mobilisation et économie de l'eau. Il a comme projection
la dotation des sites maraîchers en réseau d'irrigation dit
Réseau Californien.
2-2 Implications/Attentes des acteurs vis -à-vis des
CLE
Au moment de la mise en place des CLE, l'ensemble des
acteurs ont plus ou moins été impliqués. On retrouve en
effet dans les Comités Exécutifs
des CLE pratiquement toutes les catégories
socioprofessionnelles. Mais au fil du temps, cette implica
tion est devenue plus ou
moins faible.
2-2-1 Les communes
Les communes ont été pleinement
associées durant le processus de mise en place des CLE grâce aux
efforts du projet GWI-Niger. Mais la
participation des élus locaux dans les
différentes phases ayant conduit à l'installation des CLE a
été faible
. Toutefois la principale
contrainte
à l'implication effective des communes dans les
CLE est liée au fait que presque tous les élus sont nouveaux.
D'où une impérieuse nécessité de disposer des
textes définissant clairement
les rôles et responsabilités des
communes dans les CLE, leur niveau d'implication devant
exister entre eux.
ainsi que toute forme de relations
L'implication des communes dans les CLE est diversement
appréciée par les élus (Figure 12).
Pas impliquées 33%
Pas de reponse/Ne savent pas 17%
Implication médiocre 50%
Figure 12 : Appréciation de l'implication des
communes dans les activités des CLE.
En effet la moitié des enquêtés au
niveau des mairies jugent médiocre l'implication des communes dan s les
activités des CLE et 30% estiment qu'elles ne sont même pas
impliquées (Figure 12).
Au niveau
des membres des CLE également, la grande
majorité (70%) n'est pas satisfaite des relations actuelle s entre les
communes et les CLE (Figure13).
Satisfaits 20%
Pas de reponse 10%
Non satisfaits 70%
Figure 13 : Satisfaction des membres des CLE de
l'implication des communes dans les activités des CLE.
Pour une amélioration de ces relations, les
propositions faites au niveau des communes et au niveau des membres du bureau
des CLE diffèrent (Figures 14 et 15).
PA = Plans d'action.
PDC = Plans de Développement Communaux
Prise en compte des PA dans
les PDC 39%
Pas de reponse 3%
Appui financier des communes 21%
Participation aux réunions 37%
Figure 14 : Propositions
des membres des CLE pour une amélioration des
relations CLE/communes. .
Information
Figure 15 : Propositions des élus locaux pour une
amélioration des relations CLE/communes.
Mémoire Mastère GCRN/GIRE, Centre
Régional AGRHYMET, 2011-1012.
Les élus réclament plus de transparence
dans le fonctionnement des CLE, plus de concertation et d'informations pour
fonder un bon partenariat entre eux.
Pour les membres des CLE, il faut que les communes
appuient financièrement les CLE (21% de réponses), mais aussi que
les élus participent aux réunions et qu'ils prennent en comptent
les plans d'action des CLE dans les plans de développement
communaux.
De même, les services techniques proposent pour
une meilleure collaboration communes/CLE, des rencontres périodiques
mais régulières entre les acteurs afin de définir
clairement les missions de tout un chacun. Selon les services techniques, les
communes, tout en ayant la maîtrise d'ouvrage, doivent appuyer
financièrement et matériellement les CLE. Elles doivent
également appuyer les CLE dans l'élaboration et la mise en oeuvre
de leur plan d'action en prenant en compte dans leurs PDC toutes les
préoccupations déjà énumérées dans
les plans d'action des CLE.
2-2-2 Les services techniques
déconcentrés de l'État
Les services techniques jouent un rôle capital
dans la mise en place et le fonctionnement des CLE : celui d'appui conseil dans
le montage de microprojets, le contrôle, la participation à la
reprogrammation des activités dans les plans d'action des CLE, l'appui
dans le respect de l'application des textes réglementaires en vigueur et
les formations.
Les services techniques ont aidé à
ressortir les principaux défis à relever pour la mise en oeuvre
de la GIRE dans la zone des CLE à savoir :
- les modes traditionnels de gestion ;
- le manque de qualité de l'eau et la non
maîtrise des ressources ;
- L'érosion, l'ensablement de la vallée, la
baisse du niveau de la nappe ;
- L'accès à l'eau des populations
vulnérables ;
- Dynamique d'échange et de concertation entre les
acteurs ;
- La création d'un fonds GIRE. ;
- Insuffisance et mauvaise répartition des points
d'eau, profondeur de la nappe et inadaptation des ouvrages.
Ces défis ont permis d'orienter les CLE à
identifier les problèmes prioritaires à prendre en compte dans
l'élaboration de leurs plans d'action.
Cependant, il n'existe pas encore de cadre institutionnel
formel pour promouvoir les relations de travail entre les services techniques
et les CLE.
2-2-3 Les usagers
Avant la mise en place des comités
exécutifs des CLE, il a été procédé à
l'identification des délégués villageois (ou
délégués communautaires). Ces
délégués sont au nombre de deux pour chaque village dont
une femme et un homme. Ils ont été choisis par les villageois
euxmêmes en assemblée générale et sont pour la
plupart des représentants des organisations ou associations au niveau de
leurs villages.
Ces différents délégués
ont choisi au sein d'eux-m êmes les membres des comités
exécutifs. Ils sont convoqués à chacune des rencontres que
les CLE organisent normalement deux fois par an et rendent comptent à
leur retour aux villageois qu'ils représentent en
assemblée.
Dans toutes les localités visitées, les
deux délégués villageois sont présents.
Cependant, les résultats de l'enquête
menée auprès des usagers ressortent que dans leur grande
majorité, ils ignorent la véritable mission des CLE. (Figures 1 6
et 17).
Ne connaissen t pas 24%
Connaissen t le CLE 76%
Ne savent pas 42%
Lutte contre
les problèmes d'eau 28%
Hygiène/As sainisseme nt 30%
Figure 16 : Connaissance des Figure 17 : Perception du
rôle des
CLE
par les usagers. CLE par les usagers.
Cela s'explique par le fait que jusqu'aujourd'hui, une
seule rencontre
et une seule visite des
villages ont pu être tenues
dans chacun des CLE.
-
Les formations organisées par le projet GWI Niger
visent généralement les membres des Comités
Exécutifs des CLE et le mé
canisme devant permettre le passage de l'information
à la
base fonctionne très lentement.
On note également auprès de certains
usagers un certain agacement du fait que les CLE n'ont encore rien fait comme
activités sur le terrain.
Chapitre 5 : DISCUSSION
I- La nécessité de la GIRE dans les zones
des CLE
L'eau, par la diversité de ses usages est une
préoccupation de plus en plus majeure du citoyen (IAAT et
al., 2007).
Dans les zones de CLE de Bouza et Madaoua, cela se
confirme quand on considère la diversité d'acteurs de l'eau qu'on
dénombre, allant des différents usagers aux élus locaux,
les chefs traditionnels, les services techniques...etc. SEYNI (2010) et
ABDOURAHAMANE (2010) ont identifié les mêmes usagers dans la basse
vallée de la Tarka.
Les principales activités des populations des
zones des CLE de Bouza et Madaoua (agriculture et élevage) sont
strictement liées à l'eau. Les productions varient au rythme de
la pluie. L'agriculture revêt deux aspects dans ces zones : l'agriculture
pluviale et le maraîchage pratiqué dans le lit de la
vallée.
L'eau est vitale à la survie et à la
santé humaine et elle est une source fondamentale au
développement humain (JEAN, 2001). Dans le lit de la basse vallée
de la Tarka, à cause d'une forte utilisation d'engrais et de pesticides
qui polluent fortement la nappe peu profonde, l'eau de consommation humaine est
polluée. En effet, à certains endroits, parfois l'eau est
tellement près de la surface de la terre, qu'il suffit de creuser des
puisards de 2 mètres pour l'atteindre. Depuis 1996, une étude des
sols de la basse vallée de la Tarka réalisée par le
Département des Sciences du Sol (Faculté d'Agronomie) de
l'Université Abdou Moumouni de Niamey avait montré que les
teneurs en phosphore total sont très élevées
dépassant dans beaucoup de cas la valeur normale d'un sol type
(GUÉRO et al., 1996).
En outre, les résultats des analyses
physico-chimiques et bactériologiques de l'eau de quelques points d'eau
de la vallée réalisées par la Direction Régionale
de l'Hydraulique de Tahoua en 2007 et 2009 (ADAMOU, 2010)
révèlent dans certains cas que le taux de concentration dans
l'eau de certains éléments chimiques est au-delà des
normes de l'OMS (39% des cas) du fait de l'utilisation abusive d'engrais
(Urée, NPK, DAP) en vue d'obtenir les meilleurs rendements d'oignon
(Voir Annexe 7).
Dans les zones concernées par notre étude,
la gestion des ressources en eau demeure encore traditionnelle et revêt
plusieurs formes.
De même, l'accessibilité à l'eau
varie fortement selon les unités géomorphologiques, avec une plus
grande facilité au niveau du lit de la vallée.
Mais dans le lit de la vallée, on note une
fluctuation du niveau de la nappe au cours de l'année (jusqu'à
3 m en 1996 sur piézomètre B6), avec une tendance
générale à la baisse, du fait du
changement climatique. La figure 18
donne l'évolution de la nappe phréatique
en seulement
1
quatre ans (1993 à 1997) au niveau de deux
piézomètres installés dans la basse vallée de la
Tarka. On remarque en effet sur cette période, une b
aisse du niveau de la nappe d'environ 3 m
sur le piézomètre B6.
297 Piézomètre B6
296
295
294
293
292
291
290
289
y = 291,7x0,00 R2 = 0,557
Piézomètre B1
303
302
301
300
299
298
297
y = 299,7x0,000 R2 = 0,040
mars-93 juin-93 sept-93 Dec 93 mars-94 juin-94 sept-94 dec-94
mars-95 juin-95 sept-95 dec-95 mars-96 juin-96 sept-96 dec-96
mars-97 . .
sept-93 Dec 93 mars-94 juin-94 sept-94 dec-94 mars-95 juin-95
sept-95 dec-95 mars-96 juin-96 sept-96 dec-96 mars-97 juin-97
Figure 18 : Évolution de la nappe
phréatique de 1993 à 1997 sur les piézomètres B6 et
B1.
(Source : SIGNER/MEE/LCD,
2010).
Par ailleurs, pour l'usage domestique et pour
l'agriculture, l'eau fait l'objet de transactions dans cette partie de la basse
vallée de la Tarka, particulièrement dans le CLE de Bouza
où la nappe du Continental Terminal et celle du Crétacé
Supé
rieur sont très difficiles
d'accès.
Les problèmes
de pollution de l'eau et de disponibilité ainsi
que les effets des
ans le sous
changements climatiques imposent une
nécessité de la mise en oeuvre de la GIRE d bassin de la basse
vallée de la Tarka.
II- Les comités locaux de l'eau de Bouza et
Madaoua
La première étape de mise en place des CLE
a consisté à une caractérisation de la basse vallée
de la Tarka en
27 sous bassins. Les CLE de Bouza et Madaoua couvrent 11
de ces sous bassins (5 pour le CLE de Bouza et 6 pour celui de
Madaoua).
Plusieurs étapes ont suivi la
caractérisation, jusqu'à l'installation officielle des CLE : la
rencontre d'information, l es ateliers thématiques , la m ise en commun
des plans d'action GIRE et l'élection du bureau du CLE .
1 Ces piézomètres ne sont plus
suivis aujourd'hui.
Un déficit d'information, une faible
participation des acteurs (surtout les communes) sont deux des principaux
problèmes pour le fonctionnement des CLE. Au Burkina Faso
également (SP/PAGIRE), les CLE s'appuient principalement sur des canaux
d'information de leurs membres ; il n'y a pas un système propre. Ce qui
a comme conséquence une fragmentation, une dispersion et des niveaux et
degrés différents d'information au sein des CLE.
En outre, l'évolution des activités des
CLE est très lente. Cela est principalement dû au manque de
moyens, surtout financiers dont ils font face avec leur faible capacité
à les mobiliser ; toute chose qui constitue un blocage financier au bon
déroulement des activités des CLE.
En effet, il y a un besoin de ressources
financières pour la mise en oeuvre des CLE. L'existence de telles
ressources est une des bases de la viabilité de la gestion locale de
l'eau. La question du développement d'une capacité autonome
suffisante de financement des interventions dans le domaine de l'eau
apparaît du reste comme le maillon déterminant du processus
d'innovation institutionnelle engagé avec la volonté de
l'élaboration du PANGIRE. Il est donc prioritaire aux membres du CLE et
aux acteurs de l'eau en général de songer à
réfléchir par rapport aux stratégies de financement des
actions des CLE.
Mais, les stratégies de mobilisation des
ressources financières dans le cadre de l'action des CLE, à la
différence des réflexes habituels d'assistanat et de
dépendance, doivent traduire avant tout, la solidarité et
l'unité d'action stratégique de leurs membres. (MA/H/RH, 2004).
Dans la basse vallée de la Tarka, les CLE de Bouza et Madaoua ont de ce
fait initié des cotisations annuelles de 10 000 F CFA par village, mais
beaucoup de villages restent encore réticents. Tout de même la
seule disponibilité financière des CLE actuellement demeure dans
les appuis que le projet GWI-Niger leur apporte.
Tous les deux CLE ont également ficelé
des dossiers de projets, conformément à leurs plans d'action,
mais n'arrivent pas à obtenir le financement nécessaire à
leur mise en oeuvre. Ce qui nous a amené à ajouter sur la liste
des blocages, un manque de techniques de plaidoyer des membres de bureaux des
CLE. Au Burkina Faso, les mêmes problèmes en matière de
processus de plaidoyer sont rencontrés au niveau des CLE (SP/PAGIRE) et
la gestion de l'information constitue la principale contrainte pouvant entraver
l'efficacité du processus de plaidoyer.
Le projet GWI-Niger est actuellement entrain d'envisager
les possibilités de la mise en place d'un fonds GIRE au niveau de basse
vallée de la Tarka.
En plus du blocage financier, il y a un blocage
social. En effet, l'évolution lente des activités des CLE a
tendance à créer un climat de méfiance des usagers
vis-à-vis des CLE. Il se pose également au niveau des populations
locales, un problème d'habitude de l'assistanat. De même, il y a
contradictions avec le pouvoir traditionnel: par définition, la GIRE a
une vision élargie (bassin), alors que souvent le pouvoir traditionnel
en matière de gestion du terroir est plus local.
Dans les zones des CLE de Bouza et Madaoua, les
communes et les CLE évoluent quasiment en marge les uns des autres. Les
contraintes qui entravent l'existence d'un partenariat efficace entre les deux
sont de plusieurs ordres :
Tout d'abord, la mise en place des CLE est assez
récente (2010) et coïncidait avec des bouleversements politiques
ayant marqué le Niger ces dernières années (Coup
d'état, transition militaire...) entraînant du coup une
instabilité des institutions politiques. Ce qui fait que les élus
locaux continuellement renouvelés ne s'imprègnent pas facilement
de ce processus. Le blocage à ce niveau est d'ordre juridique. Il existe
un code de l'eau et un code des collectivités territoriales, mais les
décrets d'application tardent encore. Les CLE ont été mis
en place et fonctionnent donc sur la base de « ce qui n'est pas interdit
est permis ».
Ensuite, les CLE n'ont pas de ressources
d'accompagnement suffisantes (moyens matériels et financiers très
maigres) pour l'accomplissement de leurs missions. En effet, après leur
mise en place, leurs seuls moyens sont ceux fournis par le projet GWI-Niger,
les CLE se sont donc retrouvés presque abandonnés à eux
mêmes. Ce qui a eu pour conséquence un déficit
d'informations envers les élus locaux et les usagers et au sein
même des membres des CLE, engendrant une mauvaise perception du lien
fonctionnel entre le CLE et les communes. Les CLE doivent donc rendre compte
aux communes qui sont des structures compétentes sur leurs espaces
géographiques.
En plus, la plupart des membres des comités
exécutifs des CLE ne connaissent pas bien leur rôle, et les CLE
ont tendance à se substituer aux communes. Au Burkina Faso, les
principales difficultés pour le fonctionnement des CLE sont quasiment
les mêmes (SP/PAGIRE) à savoir :
- la faiblesse de leur capacité de mobilisation
financière,
- l'insuffisance d'outils opérationnels pour
faciliter la mise en oeuvre de leurs missions,
- la compréhension insuffisante du fonctionnement
et du rôle du CLE par les membres
dans un paysage riche en cadre de concertation et autres
organes avec quelquefois les
mêmes acteurs.
Les communes, quant à elles, doivent assurer une
bonne gouvernance de l'eau au niveau local quand on sait que « l'eau ne
connaît pas de frontières ».
Elles doivent jouer un rôle essentiel dans le
fonctionnement des CLE, car un certain nombre de leurs mandats
réguliers, tels que, l'approvisionnement en eau, le traitement des eaux
usées, l'aménagement du territoire, sont reliés
directement et indirectement aux ressources en eau. (Philip et
al., 2008). La gestion de l'eau et notamment l'accès
à l'eau sont un terrain d'initiative naturelle des communautés
locales, de l'État, des individus et de la société civile.
Cela est d'autant plus vrai lorsque les problèmes d'aménagement
et de gestion des eaux présentent une certaine acuité (MA/H/RH,
2004).
Le système de gouvernement local fonctionne
à l'intérieur des cadres établis au niveau national. Selon
le niveau de décentralisation, les gouvernements locaux ont une certaine
flexibilité à l'intérieur de ce cadre pour créer
des règlements municipaux et des politiques. (Philip et
al., 2008). Au Niger, le Code Général des
Collectivités Territoriales offre aux communes la possibilité de
s'associer en structures intercommunales (articles 325, 326 et 327). Ce qui
constitue une grande opportunité pour les communes de la basse
vallée de la Tarka, de faire des CLE des véritables structures
intercommunales. Ainsi en dépit de l'absence des décrets
d'applications pour le code de l'eau (ayant prévu la création des
CLE) et le code général des collectivités territoriales
(ayant prévu la création de structures intercommunales), les
communes peuvent créer des règlements municipaux pour profiter de
ces structures et gérer correctement leurs ressources en
eau.
Chapitre 6 : PROPOSITIONS POUR LA MISE EN PLACE D'UN
CADRE DE PARTENARIAT ENTRE LES COMMUNES ET LES CLE
Une réussite des CLE est tributaire d'un
excellent cadre de partenariat entre ces structures et les communes dans
lesquelles elles exercent. La création de ce cadre est
conditionnée par la résolution des différents blocages
soulignés plus haut. C'est pourquoi nous formulons les propositions
suivantes :
L'accélération de la mise en oeuvre du
Plan d'Action National de Gestion Intégrée des Ressources en Eau
(PANGIRE). Pour cela, il est nécessaire et urgent que les décrets
d'application du code de l'eau et du code des collectivités
territoriales soient élaborés ;
la mise en place d'un noyau de la GIRE aussi stable et
influent que possible pour faire face à l'instabilité des
institutions ;
la prise en compte des plans d'action des CLE dans les
Plans de Développement Communaux (PDC) et la prise en compte des PDC
dans les plans d'Action des CLE ; l'appui aux membres des CLE pour qu'ils
deviennent des délégataires dans le cadre de la gestion des
points d'eau en vue d'une entrée de fonds dans les caisses des CLE ;
l'observation des principes de bonne gouvernance au niveau local par la mise en
oeuvre de l'obligation de compte rendu et du contrôle à
l'égard de la gestion des fonds. L'expérience a du reste
montré que c'est là que se jouent la crédibilité et
la pérennité de toute organisation. C'est dans ces conditions que
l'apport d'autres ressources comme l'aide des partenaires au
développement peut avoir un effet bénéfique (MA/H/RH,
2004) ;
le renforcement de la participation des communes et des
partenaires aux activités des CLE ;
la conduite des actions concertées de plaidoyer en
direction des partenaires ; la formalisation des relations entre communes et
CLE ;
l'initiation des rencontres périodiques entre les
CLE afin d'échanger les expériences ;
la mise en place d'un mécanisme formelle de
circulation de l'information entre les membres des CLE ;
l'instauration d'un mécanisme où l'eau
finance l'eau. Les usagers seront en effet toujours très
réticents à contribuer financièrement à un
mécanisme qui alimente le Trésor Public ou une caisse
généraliste ;
la communication pour susciter les prises de
responsabilité, et pour expliquer les conséquences
socioéconomiques inévitables de la rareté de l'eau et de
sa pollution ;
la recherche des points de synergie pour valoriser le
pouvoir coutumier ;
l'organisation des journées communales de l'eau,
à l'exemple de GWI-Mali (GWI-Mali, 2011). En effet au Mali,
l'organisation de ces journées permet :
- d'informer la population sur les efforts que la
commune a développés dans les domaines de l'approvisionnement en
eau potable, hygiène et assainissement dans une vision GIRE au cours de
l'année et de présenter son programme futur ;
- d'instaurer un espace de dialogue et de concertation
entre élus et populations (renforcement de la redevabilité) sur
les questions de GIRE,
- d'instaurer un espace d'échange de
connaissances, de pratiques locales et expériences vécues entre
populations dans le domaine de la gestion des infrastructures d'eau potable,
d'hygiène et assainissement.
- d'encourager (par des récompenses) les
associations d'usagers d'eau (ou comités de
gestion d'eau) et écoles qui se sont
particulièrement distinguées dans la gestion des
questions d'approvisionnement en eau potable et
hygiène/assainissement ; l'accompagnement plus conséquent des
CLE, cela permettra de faire attention au risque de voir des
représentants autoproclamés qui ne représentent
qu'eux-mêmes ;
les formations des membres des CLE et un suivi
régulier des activités des CLE ; l'implication encore davantage
des services techniques à toutes les étapes du processus de mise
en place des organes GIRE ;
le renforcement du partenariat en confiant la mise en
oeuvre de certaines activités aux CLE, ce qui contribuera à
créer un climat de confiance entre les usagers et les CLE ;
l'accélération de la mise en place des autres CLE ;
la formation des élus locaux en matière de
GIRE ;
l'appellation des CLE par d'autres noms que ceux des
localités. En effet, on sent une certaine appropriation des CLE par les
élus communaux dont le CLE porte le nom de leur commune, alors que le
CLE est sensé être une structure supra communale, parce que
exerçant sur un espace géographique comprenant plusieurs communes
;
Plus d'appuis, conseils et suivi aux CLE afin de
faciliter leur implantation.
CONCLUSION
Le présent mémoire a permis d'analyser
les principaux blocages auxquels les organes GIRE de la basse vallée de
la Tarka font face.
L'étude a en outre permis d'identifier les
différents acteurs de la ressource en eau, d'évaluer leurs
implications dans les CLE et de découvrir les modes de gestion des
ressources en eau dans les zones des CLE.
L'analyse des données des enquêtes
menées a ressorti différents acteurs de la ressource en eau
diversement impliqués dans le processus d'installation et le
fonctionnement des CLE, ainsi que plusieurs blocages au bon fonctionnement des
CLE : problèmes financiers, déficit d'informations, faible
participation des acteurs, renouvellement des élus locaux et des
services techniques. Il est à cet effet clair que les CLE et les
communes évoluent en marge l'un de l'autre.
Par ailleurs, les observations des pratiques en
matière de gestion de l'eau et des usages montrent que les modes de
gestion de l'eau dans les CLE de Bouza et Madaoua demeurent encore
traditionnels. Elles ressortent également une grande variabilité
en matière de disponibilité de l'eau. Par conséquent,
l'accès des populations à la ressource en eau est beaucoup plus
difficile dans le CLE de Bouza d'où l'eau est mieux gérée,
alors que dans le CLE de Madaoua l'accès à l'eau est beaucoup
plus facile et la ressource est mal gérée.
L'analyse de la gestion de l'eau montre toutefois une
prise de conscience des populations sur le caractère limité de la
ressource en eau, particulièrement dans le CLE de Bouza. En effet, les
populations sont conscientes de la diminution croissante de la
disponibilité en eau dans leurs terroirs. Ce qui les a amenées
à intégrer dans leurs traditions, des modes de gestion de
l'eau.
En outre, toutes les autorités
rencontrées (administratives, religieuses et coutumières) ont
réaffirmé leur engagement à accompagner le processus en
cours.
La prise de conscience des populations et l'engagement
ferme des autorités pour accompagner le processus GIRE constituent une
grande opportunité pour la mise en oeuvre de la GIRE dans la basse
vallée de la Tarka.
BIBLIOGRAPHIE
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http://www.wmo.int/pages/prog/hwrp/documents/francais/icwedecf.html,
consulté le 28 février 2012.
ANNEXES
ANNEXE 1 : QUESTIONNAIRES ADRESSES au Comité Local
de l'Eau (membres) Date de l'enquête / /2011
Informations générales :
Département Commune .Ville/Village .CLE
Nom de la personne à enquêter .H F Poste
occupé Age Informations sur le CLE :
Qui sont les membres du CLE ?
Comment le CLE a été mis en place ?
Comment est-il structuré ?
Quels sont les objectifs du CLE?
Comment le CLE organise-t-il ses activités ? Qui
est chargé de quoi ?
Qu'a -t-il fait comme réalisation depuis sa mise
en place?
A quels résultats est-il parvenu aujourd'hui ?
Gère-t-il les conflits entre usagers ? Oui Non Si
oui comment ?
Si non pourquoi ?
Qui finance le CLE ?
Comment se présente le mécanisme de
financement ?
Les activités du CLE sont-elles conformes
:
- A ses objectifs ? Oui Non Si non pourquoi ?
- A ses textes réglementaires ? Oui Non Si non
pourquoi ?
Implication des acteurs Les Usagers
:
Les usagers non membres sont-ils impliqués dans le
fonctionnement du CLE ? Oui Non Si oui
comment ?
Si non pourquoi ?
Quels sont leurs apports au
CLE ?
Existe -t-il des points de divergences entre le CLE et
les usagers de l'eau ? Oui Non
Si oui quelles en sont les causes ? Si non
pourquoi ?
Comment les usagers jugent-ils les relations CLE/Communes
?
Quels types de collaborations préconisent-ils
entre le CLE et les communes ? .
Les femmes :
Les femmes sont-elles représentées dans le
CLE ? Oui Non Si oui quels rôles jouent-
elles ? Si non
pourquoi ? .
Quels ont été leurs apports dans
son
fonctionnement ?
Comment trouvent-elles les relations
CLE/Communes ?
Quels types de collaborations préconisent-elles
entre le CLE et les communes ?
Les municipalités :
Les communes sont-elles impliquées dans le
fonctionnement du CLE ? Si oui comment ?
Si non
pourquoi ?
Quels rôles jouent-
elles ?
Quels ont été leurs apports dans
le
CLE ?
Quels sont les points de divergences ?
Qu'attend le CLE des
communes ?
Que propose le CLE pour une meilleure collaboration avec
les communes ?
ANNEXE 2 : QUESTIONNAIRES ADRESSES AUX SERVICES
TECHNIQUES Région de Tahoua Département : ....Service
Nom de la personne enquêtée Poste
occupé
Quels sont les défis en terme de gestion des
ressources naturelles, en particulier l'eau à l'échelle de la
basse vallée de la Tarka ?
Comment appréciez-vous le processus de mise en
place du Comité Local de l'Eau (CLE) ?
Voyez-vous le CLE comme cadre de concertation et de
dialogue sur la gestion des ressources en Eau?
Comment jugez-vous les activités des CLE ?
Quels sont vos rôles et responsabilités dans
le CLE ? Quels sont les rôles et responsabilités de la commune
dans le CLE ?
Y a-t-il des contraintes pour promouvoir des relations de
travail :
1-
Entre les CLE et les Communes ? Oui Non Si oui sont-elles
:
- d'ordre technique ? Oui Non Si oui lesquelles ?
- d'ordre institutionnel? Oui Non Si oui lesquelles
?...
- d'ordre législatif? Oui Non Si oui lesquelles
2- Entre les CLE et les STD ? Oui Non Si oui sont-elles
:
- d'ordre technique? Oui Non Si oui lesquelles
- d'ordre institutionnel? Oui Non Si oui lesquelles
- d'ordre législatif? Oui Non Si oui lesquelles
Quel type de relations peut avoir un CLE avec la
commune ? Quel type de relations peut avoir le service technique de
l'État avec le CLE ?... ANNEXE 3 : FOCUS GROUP
Date du focus : /.../.../2011
Commune....Ville/Village :...Nbre de
personnes présentes : H....F....Total... Composition ethnique de la
population
rural
|
|
périurbain
|
|
|
|
Plateau
|
|
autre
|
Contexte : urbain
Géomorphologie : plaine
rivière étangs
(à préciser)
Hydrographie : lacs
Activités : élevage Agriculture
autres
Caractéristiques particulières...
Quels types de ressources en eau utilisez-vous ?
Quels sont les différents usages qui sont faits de
l'eau dans la localité ? Avez-vous de l'eau en abondance ? Oui
Non
Si non pourquoi ?
Existe-t-il des sources de pollution de l'eau (latrines,
ordures, animaux, engrais, fosses septiques, exploitation minière ou
autres) ?
Oui
Non
Quels sont les ouvrages de mobilisation de l'eau (puits,
forages, barrages...) dont dispose le village?
Existe-t-il des périmètres de protection
autour des ouvrages ?
Rencontrez-vous des cas de maladies hydriques dans
votre village ? Si oui lesquelles et à quelles périodes de
l'année ? Quelle est la profondeur moyenne de la nappe ?
Cette profondeur varie-t-elle :
- Selon les saisons ? Oui Non
- Au cours du temps ? Oui Non
Quelles sont selon vous les raisons de cette variation ?
Quels sont les impacts de la variation sur vos
activités ?
Que proposez-vous ?
Autres contraintes liées à la
disponibilité en eau : Comment s'organise la gestion de la
ressource en eau dans votre localité ? Existe-t-il des cas de conflits
sur l'utilisation de la ressource en eau ? Oui Non
-Conflits ouverts -Conflits réglés
à l'amiable Oui Non Si oui combien de cas ? Si non pourquoi ? Quelles en
sont les causes ?
Quelles ont été les conséquences
?
Comment sont-ils réglés ?
Quel rôle joue la femme dans la Gestion de l'eau
dans votre localité ?
Quel rôle jouent les communes dans la gestion de
l'eau ?
Que savez-vous sur la GIRE ?
Non
L'eau est-elle vendue dans votre localité ?
Oui
Non
Si oui comment ?
Comment trouvez-vous les prix ?
Comment sont gérés les revenus issus de la
vente de l'eau ?
Comment sont-ils repartis ?
Les communes interviennent-elles dans la gestion de
l'eau ? Oui
Si oui comment ? Connaissez-vous le CLE ? Oui
Non
Parlez-nous de votre implication dans le CLE, ce qu'il a
fait comme réalisation dans votre localité et vos attentes
à son égard .
Quelles propositions faites-vous pour une
amélioration des activités du
CLE ?
ANNEXE 4 : QUESTIONNAIRES ADRESSES AUX USAGERS Nom de
l'enquêté Age Sexe .Type d'usager
Taille du ménage : Hommes Femmes .Total
Activité principale du ménage
Commune .Ville/Village
Avez-vous de l'eau en abondance dans votre ménage?
Oui Non Si non pourquoi ?
Comment gérez-vous l'eau ?
Quelles sont vos relations avec les autres acteurs de la
ressource en eau?
Payez-vous l'eau prélevée ? Oui Non ?si Oui
combien et à qui?
Ces montants sont-ils élevés ?
Avez- vous entendu parler de la GIRE ? Oui
Non
Avez-vous bénéficié de formations
(ou information) sur la GIRE ? Oui Non
Si oui, à quelle date ça remonte ?
Qui l'a organisée ?
Qu'avez-vous retenu ?
Connaissez-vous le CLE ? Oui Non .
Aviez-vous été impliqués dans sa
mise en oeuvre ? Oui Non Si oui à quel titre?
Comment ? Quel rôle y jouez-vous ?
Si non pourquoi ?
Quels ont été les apports du CLE dans vos
activités ?
Quelles sont vos attentes du CLE ?
Existe-t-il un cadre de concertation entre vous et les
autres acteurs ? Y a-t-il des conflits liés à l'eau dans le
village ou dans votre ménage ?
Quel est le rôle des autorités
coutumières dans le règlement des conflits liés
à l'eau?
Quel est le rôle des municipalités (Mairies,
préfectures) dans le règlement des conflits ? Quel est le
rôle des CLE dans le règlement des conflits?
Quel est le rôle des services techniques
(Hydraulique, agriculture, élevage et environnement...) dans le
règlement des conflits ?
ANNEXE 5 : QUESTIONNAIRES ADRESSES AUX COMMUNES
Connaissance de la GIRE
Qu'entendez-vous par la GIRE ?
Que pensez-vous quant à son application dans votre
localité ?
Quelles sont les contraintes relatives à la mise
en oeuvre de la GIRE ?
Quels rôles jouez-vous dans sa mise en oeuvre
?
Que préconisez-vous pour une meilleure application
de ka GIRE ?
Relations communes/usagers
Les communes apportent-elles un appui aux usagers ? Oui
Non
Si oui de quel genre ? Si non pourquoi ?
Les usagers versent-ils quelque chose aux communes
?
Relations communes/CLE
Les communes sont elles impliquées dans le
fonctionnement des CLE ? Oui Non
Si oui comment ? Si non pourquoi ? Les communes
sont-elles satisfaites de leurs relations actuelles avec les CLE ?
Quelles sont leurs attentes des CLE ?
Que proposent-elles pour une meilleure collaboration
entre eux ?
Comment trouvent-elles les relations CLE/usagers
?
Que proposent les communes ?
ANNEXE 6: CARTE DE CARACTERISATION DU BASSIN VERSANT DE
LA BASSE VALLEE DE LA TARKA
N° Sous bassin
|
Nom des sous bassins
|
1
|
Badaou
|
2
|
Tchimbarka
|
3
|
Gandou
|
4
|
Tanfaye
|
5
|
Bouza
|
6
|
Sabon Gari (Toro)
|
7
|
Tassoliat
|
8
|
Madetta
|
9
|
Tikiré
|
10
|
Illégawane
|
11
|
Arewa
|
12
|
Magaria
|
13
|
Kournoni (Roumbouki)
|
14
|
Zoukout
|
15
|
Tallemont
|
16
|
Dogon Daji
|
17
|
Bilandao
|
18
|
Badjinkay
|
19
|
Samon Koura
|
20
|
Amidiré (Rabami)
|
21
|
Tabirné
|
22
|
Adjibaou
|
23
|
Mouléla
|
24
|
Lakeité
|
25
|
Iskan Kaba
|
26
|
Kollé
|
27
|
Sabon Guida
|
TOTAL
|
ANNEXE 7 : QUALITE CHIMIQUE DES EAUX 1.
Résultats des analyses physico-chimiques
> La conductivitéDes valeurs
élevées par rapport à la norme OMS ont été
observées au niveau de 2 villages.
N°
|
Villages
|
Conductivité, uS/cm
|
Norme OMS, uS/cm
|
1.
|
Magaria
|
1830
|
|
|
|
1678
|
1500
|
2.
|
Guidan Kalgo
|
|
|
|
|
|
|
2505
|
|
> Teneur en Calcium (Ca++)
Les teneurs en calcium des eaux de 9 puits
dépassent la norme OMS.
N°
|
Villages
|
Calcium, mg/l
|
Norme OMS, mg/l
|
N°
|
Villages
|
Calcium, mg/l
|
Norme OMS, mg/l
|
1.
|
Bakin Zongo
|
211
|
75
|
2.
|
Yanmarké
|
96,5
|
|
Guidan Ban Baki
|
165,2
|
|
Kabobi
|
85,6
|
|
|
Guidan Kalgo
|
264
|
|
|
Guidan Hako
|
324,8
|
|
|
Zongon Bigui
|
156
|
|
> Teneur en Magnésium
(Mg++)
La teneur en Magnésium est supérieure
à la Norme de l'OMS au niveau de 3 villages.
N°
|
Villages
|
Magnésium, mg/l
|
Norme OMS, mg/l
|
1.
|
Guidan Kalgo
|
68,09
|
50
|
2.
|
Rabami Peul
|
82,68
|
|
Magaria T.A.
|
195,77
|
|
> Teneur en Nitrate (N03 -)
5 villages de la vallée ont des eaux des puits
présentant une forte teneur en Nitrate.
N°
|
Villages
|
Nitrate, mg/l
|
Norme OMS, mg/l
|
1.
|
Saydawa
|
70,4
|
|
2.
|
Guidan Batchiri
|
66
|
|
3.
|
Guidan Bouweye
|
52,8
|
|
|
|
|
50
|
|
|
|
|
Kabobi
|
80,08
|
|
|
|
253
|
|
5.
|
Guidan Kalgo
|
|
|
|
|
|
|
61,6
|
|
|
|
79,2
|
|
|
|
86,6
|
|
> Teneur en Nitrite (N02 -)
La teneur en Nitrite est supérieure à la
Norme de l'OMS au niveau de 7 villages.
N°
|
Villages
|
Nitrite, mg/l
|
Norme OMS, mg/l
|
1.
|
Magaria Tacha Kaji
|
0,11
|
0,1
|
2.
|
Bakin Zongo
|
0,18
|
|
Kozga
|
0,16
|
|
Takalgot
|
1,65
|
|
Baraya
|
0,105
|
|
Guidan Dan Baki
|
0,198
|
|
Guidan Kalgo
|
0,15
|
|
> Paramètres bactériologiques des eaux
des puits
État bactériologique de l'eau
|
Nombre de puits
|
Fortement contaminée
|
19
|
Moyennement contaminée
|
18
|
Peu contaminée
|
1
|
Non contaminée
|
14
|
Total
|
51
|
Cette qualité des eaux est certainement
à la base de la persistance de certaines maladies liées à
l'eau constatées auprès des patients par les agents des services
de santé au niveau des districts sanitaires et des cases de
santé. Ces maladies sont :
- La dysenterie ;
- Les amibiases intestinales ;
- Les dermatoses.
Selon toujours les statistiques des centres sanitaires,
ce sont les enfants de moins de 5 ans qui sont les plus touchés, ensuite
viennent les vieux, les jeunes et les adultes.
2. Evolution des différents paramètres
physico-chimiques de l'eau (Conductivité, Sodium, Potassium et Calcium)
de six (6) villages de la vallée (mesures effectuées en 1981 et
2009). (unités dans les fig)
1400
1200
1000
400
800
600
200
0
1981 2009
Sources : BRGM, 1981 et DRH Tahoua, 2010
Figure 4 : Conductivité (en uS/cm) de l'eau de la
nappe de quelques villages de la vallée en 1981 et 2009
35
30
25
20
15
10
5
0
1981 2009
Kollé Tounfafi Eroufa Sabon G. Tounkouré Kaba
Sources : BRGM, 1981 et DRH Tahoua, 2010
Figure 5 : Teneur en Sodium (mg/l) de l'eau de la nappe
de quelques villages de la vallée en 1981 et 2009
80
1981 2009
70
Kollé Tounfafi Eroufa Sabon G. Tounkouré Kaba
Sources : BRGM, 1981 et DRH Tahoua, 2010
Figure 6 : Teneur en Potassium (mg/l) de l'eau de la
nappe de quelques villages de la vallée en 1981 et 2009
120
100
80
60
40
20
0
1981 2009
Kollé Tounfafi Eroufa Sabon G. Tounkouré Kaba
Sources : BRGM, 1981 et DRH Tahoua, 2010
Figure 7 : Teneur en Calcium (mg/l) de l'eau de la nappe
de quelques villages de la vallée en 1981 et 2009
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