Sophie Léron
Année universitaire 2005-2006
Pouvoir d'investigation, d'information et de
contrôle parlementaire
Le développement des
commissions d'enquête et des missions d'information
à
l'Assemblée nationale sous la Ve République
Mémoire de Master 2 Mention études
politiques, sous la direction de Monsieur Pierre Rosanvallon.
EHESS
105, boulevard Raspail 75006 Paris
Table des matières
Pouvoir d'investigation et de contrôle
parlementaire
Le développement des commissions d'enquête et
des missions
d'information à l'Assemblée nationale sous la Ve
République
Table des matières (p.1) Introduction (p.4)
PREMIERE PARTIE : UNE FACE MECONNUE DU TRAVAIL
PARLEMENTAIRE EN PLEIN ESSOR (p.10)
Chapitre 1 : Un cadre procédural très
contraint et le fait majoritaire ont limité, depuis 1958
l'intérêt démocratique du contrôle sanction:
l'évolution des commissions d'enquête (p.11)
1) Une procédure juridiquement encadrée ...
(p.11)
2) ... et soumise au fait majoritaire... (p.14)
3) ... dont l'utilisation s'est banalisée puis
développée (p.16)
Chapitre 2 : Un Parlement rationalisé qui cherche
à reprendre l'initiative et à revaloriser son rôle : la
montée en puissance des missions d'information (p.22)
1) De nouveaux moyens d'information (p.22)
2) Les missions d'information créées par la
conférence des Présidents (p.27)
Chapitre 3 : Le développement du contrôle
information sur les politiques publiques en mêlant désormais
enquête, investigation et évaluation, a bouleversé le temps
du travail parlementaire (p.30)
1) Un équilibre entre temps consacré au
législatif et temps dévolu au contrôle qui reste à
trouver (p.30)
2) Des travaux qui nécessitent un investissement
particulier (p.32)
DEUXIEME PARTIE : DES INSTRUMENTS DE VALORISATION DU
TRAVAIL DES PARLEMENTAIRES AU SERVICE DE NOUVELLES FORMES DE REPRESENTATION
(p.37)
Chapitre 1 : Un contrôle information qui assure
mieux les droits de l'opposition (p.38)
1) L'ouverture de fonctions significatives à des
membres de l'opposition (p.38)
2) L'expression de la minorité parlementaire
(p.41)
Chapitre 2 : Un Parlement au coeur des
préoccupations de l'opinion (p.46)
1) Le choix des thèmes de travail (p.46)
2) Un Parlement à l'écoute (p.53)
Chapitre 3 : De la publicité à la
médiatisation des débats (p.59)
1) Quand la réponse à une demande de
transparence rencontre un besoin de revalorisation du travail parlementaire
(p.59)
2) La question de la médiatisation des
débats (p.63)
Chapitre 4 : Une nouvelle forme d'initiative
législative (p.67)
1) Les missions d'informations créées pour
préparer une loi (p.67)
2) Les missions d'information et commissions d'enquête
qui amènent à une modification de la loi (p.70)
3) Vers de nouvelles formes de travail parlementaire ?
(p.72)
Conclusion (p.77)
Table des annexes (p.84) Bibliographie (p.98)
Introduction
La Constitution de 1958 a largement limité les
prérogatives du Parlement. Un renversement institutionnel s'est
opéré, en réaction aux IIIe et IVe Républiques,
symbolisé notamment par les articles 16, 34 et 37 de la Constitution.
Les compétences du Parlement sont dès lors celles que la
Constitution, sous le contrôle du juge constitutionnel, lui attribue. De
la rationalisation de l'activité parlementaire combinée avec la
discipline majoritaire, particulièrement significative à partir
de 1962, découle une large autonomie d'action gouvernementale. La double
fonction du Parlement inhérente au régime représentatif
est le vote de la loi et le contrôle du Gouvernement. Dans le cadre de la
Ve République où le pouvoir exécutif domine, il s'agira de
nous attacher à la fonction de contrôle que peuvent exercer les
parlementaires.
Historiquement, tous les pouvoirs de contrôle reposaient
sur le Parlement lui-même et l'exercice de ce pouvoir constituait une
grande partie de l'activité parlementaire relayant parfois directement
les préoccupations de l'opinion. C'est ainsi que sous la Restauration ou
la monarchie de Juillet, alors que la responsabilité
ministérielle devient collective et politique, le contrôle du
gouvernement par la Chambre prend une nouvelle dimension. Symbolisés par
l'adresse ou les pétitions, les moyens de contrôle parlementaire
permettent alors un contrôle quasi quotidien1. La
Constitution
1 Lors des sessions, qui étaient alors
très circonscrites dans le temps.
de 1875 laisse aux assemblées la fixation dans leur
règlement des procédures législatives et de contrôle
de l'activité gouvernementale. C'est ainsi que sous la IIIe
République les enquêtes parlementaires sont amenées
à pouvoir se saisir de tous sujets, sans contrainte, au nom de
l'existence de la responsabilité ministérielle2. La
IVe République donne un cadre constitutionnel mais ne crée pas
d'organe de contrôle extérieur aux chambres sur leur
règlement intérieur.
La Constitution de la Ve République marque un tournant.
A la différence et sans doute en réaction aux systèmes
parlementaires de 1875 et de 1946 - les constituants ayant pour objectif
d'assurer la stabilité ministérielle- elle organise
minutieusement le règlement des Assemblées. Le cadre
constitutionnel renforcé par la pratique parlementaire tend à
aboutir à un contrôle plus informatif qu'un contrôle ayant
pour objectif la mise en jeu de la responsabilité gouvernementale : le
contrôle sanction.
La fonction de contrôle parlementaire s'exerce en effet
désormais de manière distincte entre les moyens de contrôle
associés à des procédés de mise en jeu de la
responsabilité du gouvernement qui relèvent du «
contrôle sanction », et ceux que l'ont peut qualifier, comme Pierre
Avril et Jean Gicquel, de moyens de « contrôle
2 La définition d'une commission
d'enquête donnée par Eugène Pierre en est la meilleure
illustration : << On appelle << enquête parlementaire »
les investigations auxquelles une Assemblée procède
elle-même par l'intermédiaire des membres qu'elle a
désignés avec un mandat déterminé. Ces
enquêtes peuvent être ordonnées sur toutes les questions qui
intéressent le pays. Le droit pour chaque Chambre d'y procéder
librement n'a jamais été inscrit dans nos lois ni dans nos
constitutions, mais il découle des pouvoirs généraux
attribués aux représentants de la nation. Lorsqu'il s'agit des
actes du pouvoir exécutif, le droit d'enquête trouve sa
justification dans les textes qui établissent la responsabilité
ministérielle ». Eugène Pierre, Traité de droit
politique, électoral et parlementaire, Motteroz, 1893, p.584.
information3 ». Le règlement actuel de
l'Assemblée nationale est, à cet égard,
révélateur. Il effectue, dans son titre III relatif au
contrôle parlementaire une distinction formelle entre « les
procédures d'information et de contrôle de l'Assemblée
» et « la mise en jeu de la responsabilité gouvernementale
».
Ainsi, deux études du contrôle parlementaire
peuvent, en pratique, distinctement ou parallèlement être
effectuées. L'analyse des procédures de sanction, de mise en jeu
de la responsabilité gouvernementale - motion de censure, question de
confiance - permet d'appréhender les rapports entre majorité et
opposition au sein de l'Assemblée nationale et d'étudier comment
leur portée est largement diminuée par le fait majoritaire. Mais
elle tend, de fait, à alimenter la vision d'un parlement
rationalisé au regard d'un pouvoir de contrôle auparavant
marqué par un résultat immédiatement quantifiable: le
nombre de gouvernements déchus. La véritable fonction de
contrôle parlementaire actuelle passe en grande majorité par
d'autres canaux : le contrôle information, ainsi, revêt diverses
formes dont la définition et les contours peuvent se
révéler complexes. Nous pouvons déterminer qu'il comprend
assez spontanément les questions, qu'elles soient orales, écrites
ou au gouvernement, les commissions ad hoc, les délégations et
offices parlementaires, les missions d'information et les commissions
d'enquête. Olivier Duhamel, qui propose une segmentation à
l'intérieur du contrôle information, entre l'information qui
permet
3 Pierre Avril - Jean Gicquel, Droit
parlementaire, Montchrestien, Paris, 2004.
<< d'interroger » et celle qui permet de <<
chercher », y ajoute même l'examen des propositions d'actes
communautaires. Dominique Chagnollaud et Jean-Louis Quermonne offrent au
contrôle parlementaire une définition générique de
<<compétence politique du Parlement4 », en
divisant ce contrôle politique sous trois aspects: le droit à
l'information, l'utilisation du travail d'investigation et la
possibilité de mise en jeu de la responsabilité du gouvernement.
On le voit, si la spécificité du contrôle sanction dans un
cadre procédural très contraint est d'une grande
lisibilité, les autres formes du contrôle parlementaire
méritent une analyse plus précise. En partant du postulat que le
Parlement doit être informé pour pouvoir contrôler, en
observant le développement depuis quelques années de cette forme
d'activité parlementaire, et en souhaitant étudier une forme de
contrôle moins soumise au fait majoritaire que le contrôle
sanction, forme qui, de fait, et en prenant en compte un cadre politique
contemporain bipolarisé, a plus de chances d'aboutir à des
résultats, nous nous attacherons au contrôle parlementaire
à travers l'étude des commissions d'enquête et des missions
d'information.
Sans ajouter à la confusion d'une difficile
classification de ce type d'outils de contrôle mais en essayant d'en
analyser toutes leurs dimensions, il s'agira d'étudier leur
fonctionnement, leur évolution mais aussi leur utilisation effective par
les parlementaires, qui peut révéler que la frontière est
subtile et parfois franchie dans
les faits entre instruments initiaux de contrôle et outils
de développement d'une nouvelle forme d'initiative
législative.
Au début des années 90, le thème de la
rénovation du Parlement est devenu fréquent dans le discours
politique et, que ce soit dans la bouche des parlementaires eux- mêmes,
des présidents successifs de l'Assemblée nationale, des experts
chargés de réfléchir au renouveau institutionnel
français, tous s'accordent pour souhaiter une revalorisation du
rôle du Parlement en matière de contrôle. Dans les
années 90, l'instauration d'une session unique avait pour objectif de
permettre un contrôle quasi ininterrompu de l'action gouvernementale. En
matière de contrôle parlementaire, les avancées
significatives sont donc récentes mais le développement de ce
contrôle ne cesse de s'accroître dans un cadre où
désormais enquête, information et évaluation tendent
à se mêler.
Le Parlement est sans nul doute à la recherche de
nouvelles voies et de nouveaux instruments non seulement pour contrôler
le pouvoir exécutif mais surtout pour arriver à consolider un
pouvoir en tant que tel. L'enquête, moyen de contrôle, n'est certes
plus moyen de censure, mais elle est amenée à doter le Parlement
d'un outil de revalorisation de son rôle par le développement de
son information propre dont découle aussi sa capacité à
multiplier sa force propositionnelle. Nous verrons ainsi qu'enquêtes
parlementaires et missions d'information permettent aux parlementaires de
reprendre une place nouvelle dans sa fonction législative amputée
par la
prééminence de l'exécutif sous la Ve
République. Ainsi, ce travail de description de la pratique
parlementaire effective, qui mêle étude des pouvoirs juridiques
dont le Parlement est doté, regard sur le règlement
intérieur qui organise son activité, mais surtout, analyse de la
réalité de l'activité législative quotidienne
à l'Assemblée nationale permet d'appréhender au plus
près une face méconnue du parlementarisme en plein
développement (I). La réalité du Parlement n'est pas
forcément celle qui est le plus souvent relayée et
l'éventuel besoin de réhabilitation d'une institution passe aussi
la connaissance de son fonctionnement. L'ouvrage de Marc Abélès
sur l'Assemblée nationale5 avait permis d'ouvrir les portes
d'un univers méconnu et d'en restituer la vie quotidienne avec un
réel souci d'exhaustivité et une capacité à donner
l'impression au lecteur d' << y être ». Les limites de
l'exercice ont été maintes fois détaillées. Les
études de cette partie fonctionnelle et ascendante du travail
parlementaire se développent6. Elles nous permettent
d'aborder les moyens dont une institution, l'Assemblée nationale en
l'occurrence, est en capacité de se saisir des instruments à sa
disposition et d'en élargir la pratique pour revaloriser son rôle,
faire vivre le pluralisme en son sein, ou encore organiser son ouverture sur la
société. Il s'agit dès lors pour nous de nous attacher
à l'enquête, l'investigation ou l'information parlementaire comme
<<instrument démocratique », utilisé par des
parlementaires en recherche de nouvelles formes de représentation
(II).
5 Marc Abélès, Un ethnologue
à l'Assemblée, Poches Odile Jacob, Paris, 2001.
6 La récente thèse Pauline Türk,
les commissions parlementaires permanentes et le renouveau du Parlement
sous la Ve République, Thèse, Paris, Dalloz, 2005, en est un
exemple.
PREMIERE PARTIE : UNE FACE MECONNUE DU TRAVAIL
PARLEMENTAIRE EN PLEIN ESSOR
Chapitre 1 : Un cadre procédural très
contraint et le fait majoritaire ont limité, depuis 1958,
l'intérêt démocratique du contrôle sanction:
l'évolution des commissions d'enquête
1) Une procédure juridiquement encadrée...
La Constitution de la Ve République, dans son titre IV,
fixe un certain nombre de dispositions relatives au Parlement,
préalablement laissées à son organisation propre.
L'ordonnance du 17 novembre 1958 relative au fonctionnement des
assemblées parlementaires en détaille les modalités. De
ces nouvelles dispositions constitutionnelles largement commentées et
étudiées, découle un fonctionnement institutionnel
nouveau, qui, en ce qui concerne le Parlement peut être
résumé par la formule désormais courante de «
Parlement rationalisé ». « Affaibli, surveillé, le
Parlement français dans les institutions de la Ve République
l'est assurément, pour partie du moins. Il est diminué dans ses
fonctions traditionnelles que sont la confection de la loi et le contrôle
de l'activité gouvernementale7 ». En matière de
contrôle, la Ve République a ainsi créé une
réelle distinction entre contrôle information et contrôle
sanction, seul le second permettant de mettre en jeu la responsabilité
gouvernementale. Cette dernière forme de contrôle se trouve
désormais « circonscrite dans le cadre de procédures qui
restreignent
7 Pascal Jan, Les assemblées parlementaires
françaises, La Documentation française, Paris, 2005,
p.11.
considérablement les prérogatives des
députés8 » et établies par l'article 49 de
la Constitution. Ainsi, le gouvernement peut être amené à
engager sa responsabilité au moment de déclarations sur son
programme ou relatives à sa politique générale9
ou sur le vote d'un texte10 dont l'usage parfois
détourné visant à éviter la discussion sur un texte
<< en a fait le symbole un peu caricatural des infortunes du
Parlement11 ». L'Assemblée nationale peut, elle, mettre
en cause la responsabilité de l'exécutif par << le vote
d'une motion de censure12 », pour laquelle seuls les votes
favorables sont recensés et << qui ne peut être
adoptée << qu'à la majorité des membres composant
l'Assemblée13 ».
Si les procédures de création des commissions
d'enquête et commissions de contrôle
sont désormais
encadrées14 et excluent toute mise en jeu directe de la
responsabilité
gouvernementale, la méfiance issue des
républiques précédentes à leur égard a
8 Dominique Chagnollaud - Jean-Louis Quermonne, La
Ve République 3-Le pouvoir législatif et le système de
partis, Op.cit., p.105.
9 << Le Premier ministre, après
délibération du Conseil des ministres, engage la
responsabilité du Gouvernement sur son programme ou
éventuellement sur une déclaration de politique
générale » Article 49, al.1er de la
Constitution.
10 << Le Premier ministre peut, après
délibération du conseil des ministres, engager la
responsabilité du Gouvernement devant l'Assemblée nationale sur
le vote d'un texte. Dans ce cas, ce texte est considéré comme
adopté, sauf si une motion de censure, déposée dans les 24
heures qui suivent, est votée dans les conditions prévues
à l'alinéa précédent » Article 49, al.3 de la
Constitution.
11 Pierre Avril, Jean Gicquel, Droit
parlementaire, Montchrestien, Paris, 2004, p.261.
12 Article 49, al.2 de la Constitution.
13 Ibidem.
14 Par l'article 6 de l'ordonnance du 17 novembre 1958
relative au fonctionnement des assemblées parlementaires, cf. annexe
4.
néanmoins perduré et en a fait un instrument
très peu utilisé durant les premières années de la
Ve République.
Les mêmes règles de fonctionnement s'appliquent
initialement à ces deux formes de commissions dont seul l'objet change.
Les commissions d'enquête avaient vocation à << recueillir
des éléments d'information sur des faits déterminés
et soumettre leurs conclusions à l'assemblée qui les a
créées15 » alors que les commissions de
contrôle étaient formées <<pour examiner la gestion
administrative, financière ou technique des services publics ou
d'entreprises nationales en vue d'informer l'assemblée qui les a
créées du résultat de leur examen ». Une restriction
majeure à leur objet a néanmoins été
apportée : elles ne peuvent porter sur des faits ayant donné lieu
à une instruction judiciaire tant que celle-ci est en
cours16. Parallèlement limitées dans le temps, leur
capacité d'enquête est, de fait, matériellement
réduite. Elles devaient en effet, rendre leur rapport << au plus
tard à l'expiration d'un délai de quatre mois à compter de
la date de l'adoption de la résolution qui les a
créées17 » et ne pouvaient être
reconstituées avec le même objet << dans un délai de
douze mois à compter de la fin de leur mission ». Leurs membres
étaient par ailleurs tenus au secret des travaux
15 Ordonnance n°58-1100 du 17 novembre 1958
relative au fonctionnement des assemblées parlementaires, JORF du 18
novembre 1958, article 6.
16 « Il ne peut être créé de
commission d'enquête lorsque les faits ont donné lieu à des
poursuites judiciaires et aussi longtemps que ces poursuites sont en cours. Si
une commission a déjà été créée, sa
mission prend fin dès l'ouverture d'une information judiciaire relative
aux faits qui ont motivé sa création », Ibidem.
17 Cette limitation dans le temps sera portée
à six mois par la loi n°77-807 du 19 juillet 1977 dans son article
1er, JORF du 20 juillet 1977.
et seule l'assemblée pouvait décider de << la
publication de tout ou partie >> de leur rapport.
2) ... et soumise au fait majoritaire...
Mais au-delà du cadre juridique déjà
contraignant, les parlementaires sont confrontés, à partir de
1962 à un nouveau cadre politique. En effet, la seule motion de censure
votée sous la Ve République le 4 octobre 1962 ayant
entraîné une dissolution de l'Assemblée nationale a
confirmé l'avènement d'un nouveau système majoritaire au
sein duquel les députés de la majorité se sont soumis
à une sérieuse autodiscipline. De fait, la majorité a
dès lors été amenée à s'illustrer en
matière de contrôle sous la Ve République plus
particulièrement << par les moyens défensifs qu'elle a
déployés pour réduire les velléités de
l'opposition de contrôle de l'exécutif que par sa propre
détermination à soumettre l'action de ce dernier à une
surveillance vigilante 18>>. C'est ainsi que jusqu'en 1971,
aucune commission d'enquête ne voit le jour à l'Assemblée
nationale. Seule une commission de contrôle << ayant pour objet
l'Union générale cinématographique en ce qui concerne
exclusivement ses rapports avec ses filiales et les filiales de ses
filiales19 >> a été créée sous les
trois premières législatures. La méfiance, certainement
issue du souvenir des IIIe et IVe Républiques, reste de mise
vis-à-vis de ces procédures.
18 Julie Benetti, Droit parlementaire et fait
majoritaire à l'Assemblée nationale sous la Ve
République, Thèse de droit public, 2004, p.207.
19 Rapports n°1088 et 1700, commission
créée le 11 décembre 1961 et terminée le 20 mars
1962.
Le recours à une commission d'enquête ou de
contrôle jusque dans les années 70 a donc été plus
que marginal, tant par le cadre très contraint qui laissait peu de
marges de manoeuvre aux parlementaires que par l'hostilité
affichée de l'exécutif face à une procédure
perçue comme une défiance. Il s'agissait alors pour la
majorité d'éviter toute création de commissions permettant
à l'opposition, par la tribune offerte, d'impliquer le gouvernement dans
les affaires dont les commissions d'enquête pouvaient être
amenées à se saisir. Cette possibilité offerte à la
majorité et, de fait, à l'exécutif d'entraver la
création d'une commission d'enquête est aisée, tant la
procédure elle-même est incontestablement soumise au fait
majoritaire.
En effet, et au-delà des dispositions de l'ordonnance
de 1958, le règlement de l'Assemblée nationale a fixé que
celle-ci « résulte du vote d'une proposition de résolution
déposée, renvoyée à la commission permanente
compétente, examinée et discutée dans les conditions
fixées par le règlement »20 . Les commissions
permanentes étant constituées à la proportionnelle de la
composition de l'Assemblée, la procédure d'acceptation et de
recevabilité d'une commission d'enquête repose, de fait, sur la
majorité21. La commission saisie est ensuite amenée
à rédiger un rapport sur ses conclusions permettant d'inscrire ou
non la question à l'ordre du jour22. Là
20 Article 140, alinéa 2 du règlement de
l'Assemblée nationale.
21 De plus, l'examen par la commission porte sur la
recevabilité de la demande et sur son opportunité, ouvrant ainsi
des possibilités de demande de rejet pour des motifs qui peuvent
être très subjectifs.
22 La maîtrise de l'ordre du jour étant
en grande partie gouvernementale est alors un obstacle
supplémentaire.
encore, et dans l'hypothèse où l'inscription
à l'ordre du jour a lieu, la majorité est amenée à
décider de l'opportunité de créer ou non une commission
d'enquête ou de contrôle sur les faits exposés. Une fois ces
étapes passées, et de fait, une fois l'accord de la
majorité parlementaire donné par un vote favorable ou une
abstention des groupes parlementaires qui la composent, la commission peut se
mettre en place. Là encore, la majorité s'impose pour la conduite
des travaux.
3) .... dont l'utilisation s'est banalisée puis
développée.
Les moyens d'enquête dont disposent les parlementaires
n'ont été véritablement définis par la loi qu'en
1977. Ils sont, dès lors, substantiels. Ainsi, il est
spécifié que les rapporteurs peuvent exercer leur mission
<< sur pièces et sur place23 », qu'ils sont
habilités à << se faire communiquer tous documents de
service, à l'exception de ceux revêtant un caractère secret
et concernant la défense nationale, les affaires
étrangères, la sécurité intérieure ou
extérieure de l'Etat ». Parallèlement, et sous peine
d'amende, toute personne dont la commission a jugé l'audition utile
<< est tenue de déférer » à la convocation qui
lui est adressée et elles sont amenées à déposer
sous serment. Les commissions d'enquête parlementaire
bénéficient, de fait, de pouvoirs de contrainte non
négligeables.
Au fil du temps, la possibilité pour la majorité
d'encadrer à tous les stades la procédure d'enquête a
amené l'exécutif à ne pas la considérer comme un
réel danger. Ainsi, la Ve législature24 a vu la
création de neuf commissions d'enquêtes et de contrôle, soit
trois fois plus que sous les quatre législatures
précédentes réunies. La VIe quand à elle
dénombre sept commissions d'enquêtes, sans doute dues aux
dissensions internes à la majorité et à l'émergence
d'une opposition interne amenant l'exécutif a être plus
difficilement en capacité de rejeter les demandes qui en émanent.
Les VIIe et VIIIe législatures ont par la suite peu utilisé cette
pratique parlementaire : trois commissions d'enquête sous la VIIe et une
seulement sous la VIIIe (qui n'a, ceci dit, duré que deux
ans)25.
C'est, de fait, la décision prise à titre
expérimental en 1988 par la conférence des Présidents
donnant un droit de tirage à chaque groupe parlementaire, une fois par
an, permettant que soit inscrite à l'ordre du jour une proposition de
résolution visant à créer une commission d'enquête,
qui a multiplié le nombre de demandes effectivement débattues en
séance26. Combinée par la suite par la mise en place
d'une journée d'initiative parlementaire mensuelle27 aussi
appelée « fenêtre
24 Cf. annexe 1 : chronologie des législatures
sous la Ye République.
25 Cf. annexe 6 : liste des commissions
d'enquête créées sous la Ye République.
26 Ainsi ont été débattues
pour la première fois selon cette décision, le 23 mai 1990, deux
propositions de résolution pour la constitution d'une commission
d'enquête sur << la pollution de l'eau et la politique nationale
d'aménagement des ressources hydrauliques » et sur << la
gestion du Fonds d'action sociale ».
27 Article 48, alinéa 3 : << Une
séance par mois est réservée par priorité à
l'ordre du jour fixé par chaque assemblée », loi
constitutionnelle du 4 août 1995. La première séance
d'initiative parlementaire dans ce cadre a été consacrée
le 11 octobre 1995 à un débat sur l'application des accords de
Schengen.
parlementaire28 » ou plus fréquemment
«niche parlementaire » dont l'ordre du jour est fixé par la
Conférence des présidents et à disposition de groupes
parlementaires (partagées à la proportionnelle sur
l'année), les possibilités offertes de débattre de
propositions de loi ou de propositions de résolutions ont
été dès lors largement accrues. Si le fait majoritaire
l'emporte néanmoins sur la décision finale de création ou
non d'une commission d'enquête, la niche parlementaire permet, dans un
premier temps, au débat public d'avoir lieu29.
C'est donc véritablement, et dans la durée,
seulement depuis le début de la IXe législature qu'un changement
significatif s'est opéré, et qu'une nouvelle pratique
parlementaire a vu le jour. Sans doute le Parlement est-il soumis aux
mêmes évolutions que la société. Le
développement des radios libres au début des années 80,
l'émergence de nouvelles formes de contrôle par les médias
et du journalisme d'investigation, ouvrent la voie à de nouveaux modes
de contrôle et la notion d'enquête se banalise. Le
nécessaire renforcement des pouvoirs de contrôle du Parlement
devient une revendication des plus consensuelles. François Mitterrand
28 Sur les conditions de sa création et ses premiers
mois d'application cf. Patrick Fraisseix, La « fenêtre
parlementaire », de l'article 48, alinéa 3, de la Constitution :
une nouvelle illustration de la revalorisation parlementaire, Revue
française de Droit constitutionnel, n°33, 1998, p.3-34.
29 A titre d'exemple, le groupe socialiste a
été amené à utiliser trois de ses niches en 2004
pour présenter des propositions de résolution : le jeudi 13 mai
2004 pour sa proposition de résolution n°1581 tendant à la
création d'une commission d'enquête sur la dégradation des
comptes publics depuis juin 2002 ; le mardi 23 novembre 2004 pour sa
proposition de résolution n°1881 tendant à la
création d'une commission d'enquête sur l'utilisation des fonds
publics en Polynésie française et la gestion des services publics
relevant de la Polynésie française et le jeudi 25 novembre 2004
pour sa proposition de résolution n°1871 tendant à la
création d'une commission d'enquête visant à analyser le
niveau et le mode de formation des marges et des prix dans le secteur de la
grande distribution, et les conséquences de l'évolution des prix
sur le pouvoir d'achat des ménages.
mêlant pouvoir de contrôle et de sanction en 1995
considère que le Parlement n'use << pas assez de cette
compétence-là. Il peut tout contrôler, et si on
l'empêche de contrôler, il doit l'exiger, il doit se faire
entendre, il doit refuser sa confiance au gouvernement » et y conditionne
<< la survie de notre République30 » ; quand, la
même année, Jacques Chirac nouvellement élu
Président de la République considère que << le
concours du Parlement, et plus particulièrement son contrôle de
l'action gouvernementale, doivent être considérés par
l'exécutif non comme une contrainte mais comme une chance de mieux
répondre aux aspirations des citoyens31 ». Les
présidents de l'Assemblée nationale qui se sont
succédés au perchoir incarnant la défense de l'institution
qu'ils représentent ont tous marqué cette volonté de mieux
contrôler. Philippe Séguin donnait, en 1993, comme objectif
à l'Assemblée nationale << d'exercer sur l'action
gouvernementale un contrôle qui soit beaucoup plus efficace
»32, Laurent Fabius annonçait, en 1997, que <<
l'Assemblée nationale de l'an 2000 devra améliorer ses moyens de
contrôle» et reconnaissait qu'il serait << légitime,
aussi, que des commissions d'enquête puissent être
instituées plus aisément, y compris à la demande de
l'opposition33 » et, plus récemment, Jean-Louis
Debré souhaitait que << dans les mois à venir, le
rôle de contrôle et d'évaluation de l'Assemblée
nationale soit mieux compris et plus accepté. Si nous voulons
améliorer
30 Allocution du 19 avril 1995 prononcée
à l'occasion de l'inauguration de l'exposition permanente
consacrée à l'institution parlementaire, in Documents
d'études n°1.04 édition 2005, La documentation
française, p.40.
31 Message au Parlement, 19 mai 1995, ibid, p.41-42.
32 Allocution, JO, débats, 2 avril 1993.
33 Allocution, JO, débats, 12 juin 1997.
l'efficacité des politiques publiques, pointer les
lacunes et les dysfonctionnements de l'Etat, trouver les moyens d'y
remédier, il n'est d'autre voie que de donner aux députés
la possibilité d'interroger, d'enquêter et d'informer34
». Chacun d'entre eux a, dans sa pratique de la présidence ou par
une modification du règlement de l'Assemblée, tenté
d'accorder plus de place au contrôle parlementaire.
C'est dans ce contexte de volonté de revalorisation du
rôle du Parlement, que tous considèrent comme devant
inévitablement passer par un renforcement des pouvoirs de
contrôle, que la multiplication des commissions d'enquête
parlementaire et l'amélioration de leurs conditions de travail se sont
opérées. Si, en moyenne, une dizaine de commissions
d'enquête parlementaire rendent leurs travaux durant chaque
législature depuis 1988, il existe naturellement un grand écart
entre le nombre de résolutions proposées par les parlementaires
et le nombre de commissions effectivement créées. A titre
d'exemple, sous la XIe législature, 124 dépôts de
résolutions ont abouti à 14 créations et sous la XIIe
législature en cours, 155 propositions de résolutions ont d'ores
et déjà été déposées35
pour seulement 8 effectivement créées. Ces statistiques du nombre
de demandes ne font que révéler un peu plus l'attrait que peuvent
porter les parlementaires à cette forme de contrôle.
34 Voeux au Président de la République,
le 5 janvier 2004.
35 Au 31 juillet 2006.
Comme le souligne Guy Carcassonne, désormais, « le
Parlement tend à se glisser dans tous les interstices pour
résister à l'abaissement de son rôle
»36.
Il reste que le nombre peu élevé de commissions
effectivement créées a amené les parlementaires à
combiner l'utilisation des commissions d'enquête avec d'autres formes de
contrôle.
Chapitre 2 : Un Parlement rationalisé qui
cherche à reprendre l'initiative et à revaloriser son rôle
: la montée en puissance des missions d'information
1) De nouveaux moyens d'information
Dans son ouvrage daté de 1972, Pierre Avril consacrait
de nombreuses pages au déclin du Parlement avant de proposer des
perspectives pour l'avenir. Il soulignait alors que « l'abdication
volontaire ou imposée, par laquelle le Parlement a renoncé
à sa fonction d'information et de pédagogie l'a transformé
en conservatoire de la vie politique d'autrefois. Sa mission est au contraire
de faire sortir du cercle des initiés les éléments des
grands débats qui dominent l'avenir de la société
française37 >>.
Plus de trente ans après, on ne peut que constater que
les parlementaires se donnent, petit à petit, les moyens d'assurer cette
mission en développant trois des quatre fonctions du Parlement que
Walter Bagehot énumérait dès 1867 dans La Constitution
britannique : « une fonction expressive>> dont le rôle
est d'exprimer l'état d'esprit du peuple « sur toutes les questions
qui y sont évoquées >>, une « fonction
pédagogique >> qui vise à « enseigner à la
nation ce qu'elle ne sait pas>> et une « fonction d'information
>> qui « nous amène finalement à entendre ce
qu'autrement nous n'entendrions pas38 >>. Si le Parlement ne
dispose pas d'un organe de contrôle
37 Pierre Avril, Les Français et leur
Parlement, Casterman, 1972, p.135.
38 In Pierre Avril, Les Français
et leur Parlement, Ibid, p.42-43.
indépendant, sa volonté d'assurer un rôle
particulier d'information est désormais bien établie.
Un nouvel outil permet aux parlementaires depuis 1990 de
développer tout particulièrement ces fonctions : les missions
d'information. Elles ont, dès lors, connu un réel succès.
La création d'une mission d'information bénéficie en
effet, d'une procédure plus souple que celle des commissions
d'enquête. La proposition de résolution n°288 du 18 mai 1990
qui a complété l'article 145 du règlement de
l'Assemblée nationale permet désormais ainsi aux commissions
permanentes elles- mêmes de créer des missions d'information
temporaires39. Cette procédure d'information et de
contrôle, dont les conditions de création et de fonctionnement
sont dévolues aux commissions permanentes - qui peuvent décider
de créer des missions pour leur seule commission ou communes à
plusieurs, d'effectuer si besoin des déplacements et de laisser le temps
nécessaire à la réalisation de la mission - revêt un
attrait tout particulier pour les parlementaires. Au-delà, sa
procédure de création simplifiée l'amène à
se substituer à des demandes de création de commissions
d'enquête, permettant « parfois de contourner les réticences
et les obstacles gouvernementaux à l'encontre de la volonté du
Parlement d'enquêter et de
39 Le conseil constitutionnel a estimé cette
disposition non contraire à la Constitution « dès lors que
l'intervention d'une mission d'information revêt un caractère
temporaire et se limite à un simple rôle d'information contribuant
à permettre à l'Assemblée d'exercer pendant les sessions
ordinaires et extraordinaires, son contrôle sur la politique du
Gouvernement dans les conditions prévues par la Constitution »
décision n°90- 275 DC du 6 juin 1990.
contrôler l'action du Gouvernement40
>>. Ainsi, lorsque trois propositions de résolutions sur la
question des intermittents du spectacle sont déposées en plein
conflit en 200341, le rapporteur nommé par la Commission des
affaires culturelles, familiales et sociales, après avoir rappelé
que les propositions de résolutions étaient juridiquement
recevables, a néanmoins jugé qu'il n'était pas
<<certain que la commission d'enquête soit l'organe le plus
adapté pour mener ce travail de prospection >>, considérant
que les commissions d'enquête revêtaient les formes d'un <<
dispositif lourd et contraignant, qui ne doit être utilisé
qu'à bon escient42 >> y préférant ainsi
la création d'une mission d'information sur << les métiers
et formations artistiques >>. Plusieurs exemples peuvent être
cités comme la proposition de résolution socialiste n°1103
tendant à la création d'une commission d'enquête sur
<< les politiques d'allègement de cotisations sociales et de
réduction du temps de travail et leurs effets sur la situation de
l'emploi et l'organisation du travail>> qui a finalement conduit à
la création d'une mission d'information sur << les
conséquences économiques et sociales de la législation sur
le temps de travail>> le 9 octobre 2003, ou les propositions de
résolution n°2044 de Jean-Marc Ayrault, n°2049 de Maxime
Gremetz et n°2091 de Jean Lemière tendant à la
création d'une commission d'enquête sur les conséquences
sanitaires, sociales, économiques et juridiques de l'exposition
40 Jean-Christophe Videlin, La mission
d'information parlementaire, Revue française de droit
constitutionnel, n°40, 1999, p.699.
41 par M. Jean-Marc Ayrault pour le groupe socialiste
(n°1063), M. Jean-Pierre Brard pour le groupe communiste (n°1063) et
M. Dominique Paillé pour le groupe UDF (n°1054).
42 Compte rendu de la Commission des affaires culturelles,
familiales et sociales du jeudi 6 novembre 2003.
des personnes à l'amiante, rejetées par la
commission le 6 avril 2005 qui ont abouties à la création d'une
mission d'information sur << les risques et conséquences de
l'exposition à l'amiante », le 11 mai 2005.
Parfois, les deux procédures s'enchaînent. Ainsi,
les conséquences de la canicule de l'été 2003 ont
amené les parlementaires de la commission des affaires culturelles
familiales et sociales à créer dès le 26 août 2003,
une mission d'information sur << la crise sanitaire et sociale
déclenchée par la canicule » qui a rendu son
rapport43 le 24 septembre 2003, soit quelques jours avant le
lancement, le 7 octobre 2003 des travaux de la Commission d'enquête sur
<< les conséquences sanitaires et sociales de la canicule ».
Outil d'information, ces missions deviennent parfois instrument d'investigation
lorsqu'elles traitent de la lutte contre le blanchiment par le biais d'une
mission d'information commune sur << les obstacles au contrôle et
à la répression de la délinquance financière et du
blanchiment des capitaux en Europe44 », ou de << la
sécurité du transport aérien de voyageurs
»45 créée <<pour établir un
état des lieux objectif. Expliquer ce qui va bien pour rassurer mais
souligner ce qui doit encore évoluer pour informer et rassurer encore
plus en dégageant des solutions46 ».
43 Rapport n°1091.
44 Rapport n°2311 du 11 avril 2002.
45 Rapport n°1717 du 7 juillet 2004.
46 Avant-propos au rapport, d'Odile Saugues,
Présidente de la mission d'information.
Parallèlement, le choix d'un thème de mission
d'information ne relevant pas, comme pour les commissions d'enquête, d'un
débat et d'un vote en séance publique, la mission d'information
permet également de traiter de sujets traditionnellement peu enclin
à un contrôle parlementaire vigilant. Ainsi, dans le domaine de la
défense et des affaires étrangères
généralement dévolu à
l'exécutif47 , trois rapports de mission d'information ont
été rendus sous la XIe législature sur des
évènements tels que << le Rwanda>> (le 15
décembre 1998) qui avait préalablement << suscité,
lors de sa création en avril 1998, de nombreuses interrogations et
critiques à propos de l'intérêt de ses travaux et de
l'étendue de ses attributions48 >>, << les
évènements de Srebrenica >> (le 24 novembre 1999) ou le
<< conflit au Kosovo>> (le 15 décembre 1999). Le rapport de
la mission d'information << sur le Rwanda >> faisait état
d'une << préoccupation nouvelle>> des parlementaires :
<< celle de permettre au Parlement de mieux comprendre les ressorts de
l'action diplomatique et militaire et, à l'avenir, d'y être mieux
associé49 >>. Même si aucune demande de
création d'enquête sur ces sujets n'a encore pu aboutir, si les
récentes propositions de résolutions visant à la
création d'une commission d'enquête sur les
évènements de Côte d'Ivoire ont, elles aussi, fait
récemment l'objet
47 Sur ce sujet, cf. Olivia Christmann, Le
Parlement français et le droit international, Mémoire de
DEA, Paris I, 2000.
48 Jean-Christophe Videlin, La mission
d'information parlementaire, op.cit, p.699.
Les travaux de cette mission d'information et le rejet d'une
procédure d'enquête avaient alors été fortement
contestées, notamment par Dominique Franche auteur de Rwanda.
Généalogie d'un génocide dans un article
publié par les Inrockuptibles qui stigmatisait une mission
ayant « surtout eu pour but de limiter l'information des citoyens et de
leurs élus ».
49 Rapport n°1271.
d'un rejet en commission50, la création de
deux missions d'information sur des conflits auxquels la France a
participé révèle le souhait des parlementaires de se
saisir d'un droit de regard sur ces thèmes et, plus largement, de
l'Assemblée nationale de << poursuivre sa réflexion de fond
sur les opérations militaires extérieures de la
France51 ».
2) Les missions d'information créées par
la conférence des Présidents
Depuis 2003, une nouvelle disposition a été
introduite dans le règlement de l'Assemblée nationale. Ainsi, la
résolution n°106 du 23 mars 2003 a créé un
alinéa supplémentaire à l'article 145 du règlement
qui stipule que << des missions d'information peuvent également
être créées par la Conférence des Présidents
sur proposition du Président de l'Assemblée nationale ». Ce
mode particulier de création de mission d'information leur permettant de
revêtir, selon Jean-Louis Debré, << une solennité
particulière, proche de celles des commissions d'enquête, sans que
leur fonctionnement soit encadré par des limites temporelles aussi
strictes que celles qui
50 La commission des Affaires
étrangères a rejeté le 18 janvier 2005 la demande de
création d'une commission d'enquête de Paul Quilès
déposée le 1er décembre 2004, ainsi que celle
de création d'une mission d'information, considérant que les
missions précédentes de ce type avaient été
constituées après la fin du conflit, ce qui n'était pas le
cas de la Côte d'Ivoire. Le groupe socialiste a redéposé
une proposition de résolution (n°2618) sur le même sujet. Un
rapporteur a été nommé le 29 mars 2006 par la
commission.
51 Rapport d'information n°3413 du 22 novembre
2001 de la mission d'information sur « les évènements de
Srebenica ».
s'imposent à ces commissions52 ». Le
rapporteur nommé par la commission des lois sur cette proposition de
résolution avait alors tenu à préciser que la
création de ces missions d'information particulières devrait
reposer << sur un dialogue entre les présidents des commissions et
les présidents des groupes et pourrait se justifier pour des
thèmes d'une certaine ampleur et revêtant un caractère
transversal53 ».
Le site internet de l'Assemblée nationale
présente aujourd'hui ces missions comme étant empreinte <<
d'une certaine solennité », et concernant << des sujets
sensibles ou des thèmes d'actualité intéressant tous les
groupes politiques ». C'est sur ces critères qu'ont
été créées depuis 2003, neuf missions d'information
à l'initiative du Président de l'Assemblée
nationale54, dont la première sur << la question du
port des signes religieux à l'école » qu'il a
présidée lui-même55.
Quelques-uns de ces thèmes auraient tout autant pu
justifier la création d'une commission d'enquête, de telle
façon que l'on peut s'interroger aujourd'hui sur la
nécessité de maintenir ces trois procédures distinctes que
sont le missions d'informations désormais << classiques »
créées par les commissions permanentes, les
52 Exposé des motifs de la proposition de
résolution n°613 du 12 février 2003 tendant à
compléter le Règlement de l'Assemblée nationale et
déposée par MM. Jean-Louis Debré, Jacques Barrot,
Jean-Marc Ayrault, Hervé Morin et Alain Bocquet.
53 Rapport n°698 du 18 mars 2003 sur la
proposition de résolution n°613, fait par M. Pascal Clément
au nom de la commission des lois.
54 Sur << la question des signes religieux
à l'école », << l'accompagnement de la fin de vie
», << la sécurité du transport aérien de
voyageurs », << la problématique de l'assurance-maladie
», << les enjeux des essais et de l'utilisation des OGM »,
<< la famille et les droits de l'enfant », << les risques et
les conséquences de l'exposition à l'amiante », << la
grippe aviaire-mesures préventives », et << l'effet de serre
».
55 Cf. annexe 5.
missions d'informations créées à
l'initiatives du Président de l'Assemblée nationale par la
conférence des présidents considérées comme plus
solennelles et les commissions d'enquêtes parlementaire dont les pouvoirs
sont plus étendus mais néanmoins non constitutionnalisés
et dont la procédure de création reste compliquée. Sans
doute faudrait il permettre, comme dans de nombreuses
démocraties56, que la demande émanant d'un certain
nombre de députés (sur le mode de la saisine du Conseil
constitutionnel par exemple) permette la création d'une commission
d'enquête ou faire le choix d'étendre les pouvoirs de contrainte
des missions d'informations des commissions permanentes afin de leur donner des
prérogatives plus importantes.
56 « Ainsi, la création d'une commission
d'enquête est-elle de droit lorsqu'elle est réclamée par
une minorité de parlementaires en Lettonie (un tiers), en Allemagne (un
quart), en Grèce (2/5) ou au Portugal (1/5) » Gilles Toulemonde,
Institutions politiques comparées, ellipses, 2006, p.129.
Chapitre 3 : Le développement du contrôle
information sur les politiques publiques en mêlant désormais
enquête, investigation et évaluation bouleverse, peu à peu,
le temps de travail parlementaire
1) Un équilibre entre temps consacré au
législatif et temps dévolu au contrôle qui reste à
trouver
Ce nouvel investissement des parlementaires doit être
mis en lien avec les questions qui se posent sur leur rôle
législatif. En effet, des interrogations récurrentes sur
l'opportunité des lois, le nombre de lois votées et, de fait leur
utilité, sont fréquemment formulées. Ainsi, dans un cadre
où l'ordre du jour des travaux de l'Assemblée nationale reste
à une large majorité d'initiative gouvernementale, où la
multiplication des lois nouvelles tirent parfois leur seule
légitimité du simple souhait ministériel d'associer leur
nom à une loi pour donner un sens à leur passage en
responsabilité, l'engouement parlementaire pour cet aspect de leur
fonction peut être amené à s'essouffler au profit d'un
investissement où leur utilité est plus facilement palpable. Le
rapport du Comité Vedel pointait en 1993 << la subordination
excessive» du Parlement << par rapport au pouvoir exécutif
(...) Cette dernière est d'autant plus regrettable que la profusion
normative et la complexité des textes qui marquent depuis près de
deux décennies le paysage juridique français ont fait perdre
à la loi
l'autorité et la qualité qui devraient être
la sienne, en même temps que le Parlement a vu se réduire une
partie de son prestige et de sa confiance en
lui-même57».
Parallèlement, la mise en place de la session unique,
qui devait permettre au Parlement de bénéficier d'un temps de
contrôle plus conséquent a, en définitive, permis de
multiplier le nombre de débats législatifs, se traduisant en
matière législative par une augmentation exponentielle du nombre
d'amendements déposés, mais n'aura pas permis de
rééquilibrage entre le temps parlementaire consacré au
législatif et celui dévolu au contrôle. Le récent
colloque organisé par Bertrand Mathieu et Michel Verpeaux en 2005 sur la
réforme du travail législatif a montré à quel point
la qualité du travail législatif pouvait poser question. Les
propos introductifs de Jean-Louis Debré, Président de
l'Assemblée nationale, résument le sentiment de malaise que
peuvent ressentir de nombreux parlementaires : « Oui, nous
légiférons trop, beaucoup trop. Et cette frénésie
législative s'effectue au détriment de la qualité
même de la loi. La loi devient inutile lorsqu'au lieu d'édicter
des principes, elle énonce des évidences. La loi devient bavarde
lorsqu'au lieu de fixer des normes, elle multiplie les procédures, les
dérogations, les exemptions ou les chicanes58. »
57 Rapport du Comité consultatif pour la
révision de la Constitution présidé par Georges Vedel. 15
février 1993, in documents d'étude n°1.04 édition
2005, La documentation Française, p.25.
58 Actes du colloque « La réforme du
travail législatif » organisé par le CRDC de Paris I le
25 mars 2005, Dalloz, 2006, p.9.
De fait, l'attrait des fonctions de contrôle à
travers les missions d'information et commission de contrôle n'en a
été que multiplié et le temps de travail parlementaire
modifié.
2) Des travaux qui nécessitent un investissement
particulier
Les travaux des commissions d'enquête, et dans une
moindre mesure ceux des missions d'information étant limités dans
le temps, leur rythme de travail est parfois soutenu. En conséquence, la
participation d'un parlementaire à leurs travaux n'est pas anodine en
terme de temps de travail. Si les deux fonctions les plus chronophages sont
inévitablement celles de président59 et de rapporteur,
on constate que, notamment au sein des commissions d'enquête,
l'absentéisme des parlementaires désignés par leur groupe
pour faire partie de la commission, si souvent déploré en
séance publique ou en commission permanente est moins important. Si la
discussion des projets de lois en séance ou en commission permanente
concerne quelques députés ayant déjà acquis une
spécialisation ou ayant été désignés par
leur groupe pour suivre un ou plusieurs domaines, année après
année ou législature après législature les
dossiers; l'investissement au sein d'une commission d'enquête ou d'une
mission d'information, de part sa limitation à un nombre de
députés restreints (30 sur 577 pour les commissions
d'enquête), sa
59 Le président est amené à
convoquer et présider les réunions, « à veiller
à ce que la commission n'empiète pas sur les affaires judiciaires
en cours, tout en lui garantissant le libre exercice de ses prérogatives
» Connaissance de l'Assemblée n°12.
limitation dans un temps donné pour aboutir à
des conclusions et l'intérêt que peuvent susciter les nombreuses
auditions d'experts ou de personnalités permettant en quelques mois
d'essayer de circonscrire un sujet donné , mobilise plus facilement les
législateurs soucieux d'inscrire leur action dans une réflexion
collective que pour assurer une présence parfois plus formelle dans
l'hémicycle. Déjà en 1981, Michel Couderc constatait que
<<tout se passe comme si le Parlement, ayant perçu les
résultats limités et l'issue parfois douteuse de la lutte
engagée de front dans le lieu essentiel de ses travaux qu'est la
séance publique, avait d'abord cherché à tourner
l'obstacle en développant, hors de l'hémicycle, son espace de
travail60 ».
Selon les statistiques établies par les services de
l'Assemblée nationale sur les XIe et XIIe législatures, le temps
de travail de chaque commission d'enquête équivaut en moyenne
à une cinquantaine d'heures de réunions (qu'elles soient
réunions de travail interne aux membres de la commission,
réunions consacrées à des auditions ou des tables rondes).
Ainsi, par exemple, la Commission d'enquête << sur les
conséquences sanitaires et sociales de la canicule » a
travaillé entre le 7 octobre 2003 et le 25 février 2004 durant
46h20 réparties en 17 réunions de travail et la Commission
d'enquête << sur les conditions de la présence du loup en
France et l'exercice du pastoralisme dans les zones de montagne »
créée le 5 novembre 2002 a rendu son rapport le 5 mai 2003
après vingt réunions dont le temps cumulé
équivaut
à 48h15. Certaines commissions d'enquête ont
nécessité plus de temps, c'est le cas de celle consacrée
à la maladie dite de la « Vache folle » dont les travaux ont
duré 97h15 pour 37 réunions. Les missions d'informations, sans
doute dans la mesure où elles ne sont pas contraintes à rendre un
rapport dans les six mois, dépassent quasiment toutes les 50 heures de
réunions61 et certaines, comme celle sur « la fin de vie
» dépasse les 100 heures. Une exception est à noter : la
mission d'information sur « les obstacles au contrôle et à la
répression de la délinquance et du blanchiment des capitaux en
Europe », créée en 1999 et dont les travaux ont duré
jusqu'en avril 2002. Cette mission, qui s'est rendue dans 14 pays
différents pour mener ses investigations a rendu un rapport en six
tomes, le 11 avril 2002.
En opérant une rapide comparaison avec les
réunions formelles des commissions permanentes sous la XIIe
législature, on constate que celles qui se réunissent le plus,
c'est à dire la commission des finances et la commission des affaires
culturelles familiales et sociales atteignent au maximum, pour cette
dernière62, 126 heures de réunions par
session63 . Les commissions permanentes ont pour objet, en
matière législative d'examiner tout projet de loi ou proposition
de loi soumises à l'Assemblée dont elles sont
saisies64 et sont amenées, de fait, à effectuer un
travail en grande
61 Excepté celle sur « la télévision
française à vocation internationale » qui s'est
réunie durant 28h50.
62 Durant la session 2002-2003 selon les statistiques
établies par les services de l'Assemblée nationale.
63 En cumulant session ordinaire et extraordinaire.
64 C'est-à-dire quasiment tous les projets
de loi et propositions de loi, dans la mesure où le recours à des
commissions spéciales prévues par la Constitution pour remplacer
les commissions permanentes à l'occasion de l'examen de chaque projet de
loi est très peu utilisé.
partie consacré à l'examen des projets de loi,
des amendements qui leur sont proposés et de ceux qu'elles peuvent
être amenées à déposer. Ce travail
réalisé dans un temps inévitablement contraint par un
calendrier législatif encombré renforce ainsi pour elles la
nécessité de recourir à des formes de travail plus
abouties en dehors de la commission comme les missions d'information pour lui
permettre d'assurer au mieux « l'information de l'Assemblée pour
lui permettre d'exercer son contrôle sur la politique du
Gouvernement65 ». N'étant pas dotées de pouvoir
de contrôle en tant que tels comme peuvent l'être par exemple les
commissions sectorielles britanniques nommées « departemental
select commitees66» qui bénéficient de
réels moyens de contrôle et d'une grande latitude dans le choix
des rapports qu'elles sont amenées à publier, les commissions
permanentes sont néanmoins amenées à se saisir de
très nombreux sujets par le biais de groupes d'études, groupes de
travail, ou missions d'information67.
Les missions d'information sont ainsi devenues les instruments
privilégiés d'un nouveau travail parlementaire, visant parfois
simultanément à l'information, au contrôle et à
l'initiative. L'avant propos du rapport du 25 janvier 2006 du Président
de la mission d'information parlementaire sur la grippe aviaire est, à
ce titre, particulièrement significatif : « L'originalité
notable de ce travail parlementaire, par
65 Article 145 du Règlement de
l'Assemblée nationale
66 Commissions distinctes des commissions
législatives : les « standing commitees »
67 Sur le travail des commissions permanentes cf.
Pauline Türk, les commissions parlementaires permanentes et le
renouveau du Parlement sous la Ve République, op, cit.
contraste avec ceux que l'Assemblée nationale conduit
habituellement, est de se situer en amont de l'action gouvernementale, pour
agir sur cette dernière et sur l'information de l'opinion publique en
temps réel. Dans ce contexte, notre mission a à répondre
à des enjeux particuliers. En effet, nous nous sommes fixés comme
objectifs non seulement de contrôler l'action du gouvernement, dans le
cadre du dispositif de préparation du Plan de lutte contre la grippe
aviaire, mais aussi de porter attention, en toute transparence et
pondération, à l'expression des citoyens et à leur
information, et, enfin, de proposer aux autorités françaises de
nouvelles formes d'action68. »
Contrôle, relais d'opinion, demande d'information des
parlementaires dans le but de devenir eux-mêmes un des vecteurs
d'information au public, les moyens et les missions dont se dotent les
parlementaires s'élargissent.
68 Avant-propos de Jean-Marie Le Guen,
Président de la mission, Rapport n°2833 du 26 janvier 2006.
DEUXIEME PARTIE : DES INSTRUMENTS DE VALORISATION DU
TRAVAIL DES PARLEMENTAIRES AU SERVICE DE NOUVELLES FORMES DE REPRESENTATION
Chapitre 1 : un contrôle information qui assure
mieux les droits de l'opposition
1) L'ouverture de fonctions significatives à des
membres de l'opposition
Si l'ordonnance de 1958 permettait théoriquement
à la majorité de composer les commissions de contrôle ou
d'enquête de membres uniquement issus de ses rangs69, l'usage
à l'Assemblée nationale a, dès les premières
commissions d'enquête créées, permis à l'opposition
d'y être représentée. Comme souvent dans l'étude du
cadre législatif et règlementaire de l'Assemblée
nationale, une attention toute particulière doit être
portée à l'usage, qui, bien souvent précède la
règle. Cet usage a d'ailleurs seulement été inscrit dans
la loi en 1991. Il précise, dès lors, que les membres des
commissions d'enquête « sont désignés de façon
à y assurer une représentation proportionnelle des groupes
politiques70 ».
Participant de cette même volonté d'ouverture et
de représentation interne à l'Assemblée nationale,
l'animation de la commission d'enquête par des membres de l'opposition
qui était une exception il y a quelques années encore, devient de
plus en plus fréquente. Sous les Ve et VIe législatures les deux
fonctions étaient dans la
69 << Les membres des commissions d'enquête et des
commissions de contrôle sont désignés au scrutin
majoritaire », Ordonnance n°58-1100 du 17 novembre 1958, article
6.
70 Loi n°91-698 du 20 juillet 1991, article 4,
JORF du 23 juillet 1991. Il est à noter que cette loi, dans son article
2 met fin à la distinction entre commissions d'enquête et de
contrôle pour ne garder que la dénomination << commission
d'enquête ».
plupart des cas détenues par des membres de partis
différents mais appartenant tous à la majorité,
excepté la commission d'enquête sur << les conditions de
l'information publique »71 dont le Président, Marc
Lauriol et le Rapporteur, Claude Martin, sont tous deux issus du même
parti, le RPR. La même configuration se retrouve sous la VIIe
législature où socialistes et communistes se partagent ces
fonctions. Cette situation visant à répartir les postes
significatifs au parti majoritaire à l'Assemblée nationale ou aux
partis appartenant à la majorité gouvernementale a perduré
jusqu'au milieu de la IXe législature. Les socialistes, qui ont
gardé le monopole sur les quatre premières commissions
d'enquête créées ne concèdent jusqu'en mai 1991
qu'une place de rapporteur aux communistes72 pour la Commission
d'enquête sur << la pollution de l'eau et la politique nationale
d'aménagement des ressources hydrauliques »73. Un
tournant s'opère en 1991. Dès lors, six des sept commissions
d'enquête créées verront un binôme
majorité-opposition à leur tête sur des sujets aussi divers
que << le fonctionnement et le devenir des premiers cycles
universitaires74 », << le financement des partis
politiques et des campagnes électorales sous la Ve
République75 » ou << la situation actuelle et les
perspectives de l'industrie
71 Rapports 901-903-1289. Commission
créée le 15 mars 1979 et terminée le 15 septembre 1979.
72 En la personne de M. Gilbert Millet.
73 Rapports 1185-1342-1762. Commission
créée le 23 mai 1990 et terminée le 23 novembre 1990.
74 Rapports 1050-1299-2339. Commission
créée le 14 mai 1991 et terminée le 13 novembre 1991.
Président : M. Yves Fréville (UDF). Rapporteur : M. Jean
Giovanelli (PS)
75 Rapports 2013-2023-2348. Commission
créée le 14 mai 1991 et terminée le 14 novembre 1991.
Président : M. Pierre Mazeaud (RPR). Rapporteur : M. Jean Le Garrec
(PS)
automobile française76 ». Cet effort
d'ouverture pluraliste sera mis à mal tout au long de la Xe
législature durant laquelle huit commissions d'enquête
parlementaires sont créées et dont tous les postes de
Présidents ou rapporteurs reviennent à des membres du RPR et de
l'UDF, excepté un poste de rapporteur dévolu à un
socialiste, M. Jacques Guyard, pour la Commission d'enquête sur «
les sectes77 ». Sous la XIe législature, la pratique
revient à un peu plus de pluralisme. Sur quinze commissions
d'enquête créées quatre ont un Président issu de
l'opposition. Une exception est néanmoins à noter pour la
Commission d'enquête « sur le régime étudiant de
sécurité sociale », en 1999, qui a été
créée suite à deux propositions de résolution de
l'opposition mais qui ne comprend aucun membre de l'opposition au sein du
bureau de la commission78. Mais d'une manière
générale, les bureaux des commissions sont
quasi-systématiquement pluralistes et les deux fonctions les plus
importantes au sein d'une commission (Président et Rapporteur) ont
été au fil des ans de plus en plus souvent confiées
à un binôme majorité-opposition.
C'est la réforme du règlement intérieur de
l'Assemblée nationale voulue par le
Président Jean-Louis
Debré, en accord avec tous les présidents de groupes
constitués,
en 2003, qui modifiera, à terme, ces statistiques
fluctuantes. En effet, depuis lors,
76 Rapports 2252-2253-2333-2791. Commission
créée le 13 décembre 1991 et terminée le 13 juin
1992. Président : M. Jacques Masdeu-Arus (RPR). Rapporteur : M. Guy
Bêche (PS)
77 Rapports 1768-2091-2468. Commission
créée le 29 juin 1995 et terminée le 22 décembre
1995.
78 Les parlementaires des groupes RPR, UDF et DL
n'ayant pas obtenu de poste de Président ou Rapporteur, l'opposition
avait alors « décliné toute participation au Bureau de la
Commission », lettre du 24 juin 1999 des membres de l'opposition de la
Commission d'enquête à M. Alain Touret, Président,
annexée au rapport de la commission d'enquête n°1778 du 6
juillet 1999.
l'article 40-1 du règlement spécifie que :
« la fonction de président ou celle de rapporteur revient de plein
droit à un membre du groupe auquel appartient le premier signataire de
la proposition de résolution du vote de laquelle résulte la
création de la commission d'enquête79 ». C'est par
exemple le cas, pour prendre la plus récente, de la commission
d'enquête sur l'affaire « dite d'Outreau » dont le
Président André Vallini est membre du groupe socialiste et le
rapporteur, Philippe Houillon, est membre du groupe UMP. Depuis cette date, le
pluralisme des fonctions exécutives a également été
appliqué sous les mêmes modalités pour les missions
d'information.
2) L'expression de la minorité parlementaire
En ce qui concerne les thèmes traités, la
pratique parlementaire récente a amené, par la création de
missions d'information en substitution à celles de commissions
d'enquête80, à ce que les demandes des groupes
minoritaires ne soient pas systématiquement balayées.
Si le partage des postes de Président et rapporteur des
commissions d'enquête
permet un travail commun des groupes de la
majorité et de l'opposition, il n'efface
naturellement pas les
divergences d'opinion sur les thèmes traités. De manière
quasi-
79 Résolution n°106 adoptée le 26
mars 2003. Cette règle s'applique « sauf si ce groupe fait
connaître au Président de l'Assemblée sa décision de
ne revendiquer aucune de ces fonctions ».
80 Voir I Chapitre 2.
systématique, le poste de rapporteur
-c'est-à-dire de celui qui est en charge de la rédaction du
rapport- est conservé par un membre de la majorité. Car, si les
travaux sont menés en commun, au moment de la rédaction et du
vote du rapport, le fait majoritaire s'impose. Ainsi, le rapport de la
Commission d'enquête « sur l'évolution de la fiscalité
locale>> présidée en 2005 par M. Augustin Bonrepaux,
socialiste, mais rédigé par M. Hervé Mariton,
député UMP membre de la majorité parlementaire, fait-il
apparaître un réel désaccord sur les conclusions de
l'enquête, amenant le groupe socialiste à « marquer son
désaccord total avec les positions exprimées dans le rapport
à charge rédigé par Hervé Mariton81
>>, à considérer que « ce rapport s'éloigne de
l'objectivité indispensable au travail d'une commission d'enquête
>> et que son rapporteur « n'a pas su ou pas voulu s'extraire de la
polémique stérile et des raccourcis idéologiques >>
et à commenter en plus de trente pages sa position. D'une manière
générale, au sein même du rapport une place est quasiment
systématiquement réservée aux contributions des
groupes82 y compris lorsque les conclusions du rapport se
révèlent consensuelles. Les commentaires peuvent alors prendre la
forme d'explications du vote émis sur le rapport ou de contribution
complémentaire au fond. Ainsi, le rapport de la commission
d'enquête « sur la situation dans les prisons
françaises83 >>, dont le Président et le
Rapporteur étaient
81 Explications de vote du groupe socialiste, rapport n°2436
du 5 juillet 2005.
82 Certains rapports publient même des
contributions individuelles comme celui sur l'affaire dite d'Outreau qui
comprend une contribution de Mme Elisabeth Guigou, de M. Léonce Deprez,
M. Jean-Paul Garraud, M. Michel Hunault et M.Alain Marsaud, rapport n°3125
du 6 juin 2006.
83 Rapport n°2521 du 28 juin 2000.
tous deux issus du groupe socialiste, adopté le 27 juin
2000 à l'unanimité des membres de la commission comprend par
exemple les explications de vote et commentaires des groupes PS, RPR, UDF, DL
et PC. Ces textes permettent aux groupes minoritaires notamment d'expliquer
leur vote en faveur d'un rapport que la majorité parlementaire a
rédigé et auquel ils s'associent avec plus ou moins de
nuances84, ou plus généralement, d'exprimer les
raisons pour lesquelles ils s'abstiennent ou ne participent pas au vote du
rapport85 mais aussi parfois d'affirmer les raisons de leur total
désaccord avec les conclusions du rapport et de leur vote
contre86.
La pratique parlementaire vise ainsi à assurer en son
sein une meilleure représentation des groupes composant la
représentation nationale notamment en ce qui concerne des travaux dont
la vocation réflexive et prospective se prête plus facilement
à des débats moins partisans. Pour Jean-Louis Debré,
« l'Assemblée nationale a vocation à être une enceinte
de dialogue, de confrontation des idées,
84 C'est le cas sous la XIe législature pour
7 commissions d'enquête votées à l'unanimité sur 15
plus celle sur << la transparence et la sécurité sanitaire
de la filière alimentaire en France >> en ce qui concerne les
groupes RPR et UDF (seul le groupe DL s'étant abstenu).
85 Ce cas de figure concerne 5 commissions
d'enquête sur 15 sous la XIe législature et notamment celle
<< sur le fonctionnement des forces de sécurité en Corse
>> pour laquelle << les parlementaires RPR, UDF et DL ont
demandé, avant l'examen des propositions du rapport, l'audition de
M.Lionel Jospin, Premier ministre >>. Celleci ayant été
refusée, ils ont dès lors << décidé de ne
plus participer aux travaux de la commission >>, explication de vote des
commissaires RPR, UDF, DL, rapport n°1918 du 10 novembre 1999.
86 Ce cas de figure concerne 2 commissions
d'enquête sur 15 sous la XIe législature : la Commission
d'enquête << sur l'activité et le fonctionnement des
tribunaux de commerce >> et celle sur << certaines pratiques des
groupes nationaux et multinationaux industriels, de services et financiers et
leurs conséquences sur l'emploi >> pour laquelle les groupes
parlementaires de l'opposition considèrent que cette commission,
<< mise en place à l'initiative des députés
communistes (...) procède sans conteste d'une démarche
idéologique qui tend à diaboliser l'entreprise en
général et les grands groupes en particulier >>, rapport
n°1667 du 2 juin 1999.
d'affrontement des idées. Ce dialogue, cette
confrontation, cette réflexion ne doivent pas avoir de frontières
politiques. La vérité des uns ne peut systématiquement
écarter la vérité des autres. Les certitudes d'un groupe,
fut-il majoritaire, ne l'emportent pas automatiquement sur celles des groupes
minoritaires87 ». Sans régler le débat ouvert et
moins consensuel sur les modalités de création d'un
éventuel statut de l'opposition, les modifications successives du
règlement établissent, par petites touches, des droits nouveaux
aux groupes minoritaires.
En ce qui concerne les organes de contrôle, et
au-delà de cette volonté d'assurer une meilleure
représentation au sein de l'Assemblée nationale, ces
modifications de fonctionnement peuvent également s'expliquer par le
contexte politique que connaît la France depuis 1981. En effet, les
alternances qui se succèdent amènent à ce que la
minorité parlementaire d'un jour s'envisage en permanence comme
majorité parlementaire et gouvernementale potentielle du lendemain.
Parallèlement, les travaux d'enquête ou d'évaluation sur
certains sujets visent de plus en plus régulièrement à
travailler sur des responsabilités bien souvent partagées. Ainsi,
la Commission d'enquête sur l'affaire « dite d'Outreau » a
été amenée à réfléchir sur
l'abondante législation consacrée à la justice qui a connu
une succession de
87 Voeux à la presse de Jean-Louis
Debré, 17 janvier 2006. Il est néanmoins ici utile de noter que
si cette pratique s'applique aux modes de contrôle particuliers que sont
les commissions d'enquête et mission d'information, la séance de
questions au Gouvernement, par exemple, continue d'assurer une place
prépondérante à la majorité (le nombre de questions
étant réparties à la proportionnelle des groupes
parlementaires) ou les présidences des commissions permanentes restent
encore entièrement dévolues à des parlementaires issus de
la majorité.
modifications par des gouvernements de gauche comme de droite qui
se sont surajoutées au fil des dernières années.
La majorité parlementaire a ainsi été
amenée à reconnaître et à donner au fil du temps une
place à une «opposition structurée88 » qui,
de son côté, profite de ces travaux pour engager une
réflexion dont elle pense pouvoir tirer profit lorsqu'elle reviendra aux
responsabilités.
Chapitre 2 : Un Parlement au coeur des
préoccupations de l'opinion
1) Le choix des thèmes de travail
Parallèlement à cet engouement parlementaire et
sans doute de manière aussi déterminante, la capacité de
l'Exécutif à s'opposer à une demande de création de
commission d'enquête, notamment lorsqu'elle touche à des sujets
d'actualité forte dont l'opinion publique se saisit, se réduit.
Les évènements marquants et fortement médiatisés
sont ainsi fréquemment à l'origine de propositions de
résolution et leur rejet pourrait être source
d'incompréhension pour l'opinion publique. On remarque ainsi que les
parlementaires, au-delà de l'utilisation qu'ils font des séances
de questions au gouvernement qui leur donnent une tribune pour alerter sur un
sujet d'actualité, déposent de nombreuses propositions de
résolution demandant la création d'une commission d'enquête
sur des sujets sur lesquels les médias et/ou l'opinion publique se sont
mobilisés. L'une des revendications fortes de l'opinion reste la demande
de transparence et, bien souvent, comme récemment sur des sujets comme
les victimes de la canicule ou l'affaire dite d'Outreau, de mise en
lumière des responsabilités. Le Parlement tente de
répondre à cette « demande sociale89 » de
contrôle.
89 Qui comprend « une demande de justice
», « une demande de responsabilité » et « une
demande concernant les risques quotidiens » selon la classification
établie par Nicolas Grandguillaume, La demande de contrôle,
Revue administrative, n°318, 2000, p.643.
L'étude des 124 propositions de résolution
déposées sous la XIe législature en permet une
illustration. Certaines sont en réaction directe à un
évènement récent comme, par exemple, la proposition de
résolution n° 3553 de M. Noël Mamère visant à la
création d'une commission d'enquête sur << les conditions de
la libération des otages français du Liban », la proposition
de résolution n° 1883 de M. Georges Sarre tendant à la
création d'une commission d'enquête chargée de
<<déterminer les circonstances qui ont permis à Maurice
Papon de ne pas être mis sous contrôle judiciaire et de se
soustraire à l'obligation de se constituer prisonnier » ou encore
la proposition de résolution n° 3328 tendant à la
création d'une commission d'enquête << sur l'origine des
incidents survenus le 6 octobre 2001 lors du match de football
France-Algérie au Stade de France et sur les conditions d'organisation
de cette rencontre ». Elles sont restées sans suite.
La lecture de la liste des propositions de résolution
fait ainsi apparaître une grande diversité des thèmes
proposés. Certaines proposition de résolutions visent, en effet,
de la part de l'opposition à contester les annonces du gouvernement,
touchant ainsi à plusieurs domaines de l'activité de la
majorité comme la politique de l'emploi90 , la
délinquance91 ou à mettre directement en cause sa
politique en pointant des
90 Proposition n°3687 de M. Hervé Morin
tendant à la création d'une commission d'enquête sur les
chiffres de l'emploi et de l'insécurité.
91 Proposition n°3570 de M. Claude Goasguen
tendant à la création d'une commission d'enquête sur les
chiffres de la délinquance.
dysfonctionnements92 ou en en
dénonçant les conséquences93 . Ces propositions
relevant plus du domaine d'un affrontement majorité-opposition sont
également restées sans suite. Les propositions de
résolutions sont ainsi amenées à couvrir un large champ
thématique. C'est également le cas en ce qui concerne la liste
des commissions d'enquête effectivement constituées sous la XIe
législature, dont l'étude permet néanmoins de
dégager trois grandes catégories de sujets abordés.
Ainsi, à la suite de l'explosion de l'usine AZF, tous
les groupes parlementaires ont été amenés à
déposer une proposition de résolution visant à la
poursuite d'une enquête en lien avec la catastrophe. Si les formulations
initiales diffèrent94, les objectifs sont les mêmes :
répondre à une attente des citoyens à la suite d'un
évènement qui a fait naître une émotion
particulière. Ainsi a finalement été créée
la commission d'enquête parlementaire « sur la sûreté
des installations industrielles et des centres de recherche et sur la
protection des personnes et de l'environnement en cas d'accident industriel
majeur ». Dans le même ordre d'idées et afin de ne pas
laisser une opinion publique après un évènement marquant
sans réponse ou sans perspective pour éviter qu'il ne se
reproduise ont été créées, sur proposition de
92 Proposition n°1581 de M. François
d'Aubert visant à créer une commission d'enquête sur les
dysfonctionnements des services du Premier ministre en ce qui concerne le
traitement du dossier corse.
93 Proposition n°1037 de M. Jacques Kossowski
et plusieurs de ses collègues tendant à créer une
commission d'enquête visant à évaluer le coût, pour
les comptes sociaux et les financement publiques, de la régularisation
des étrangers lié à la circulaire du ministère de
l'intérieur du 24 juin 1997.
94 << Les causes et les conditions exactes de
l'explosion ainsi que sur la responsabilité de l'Etat sur les questions
d'ordre public et de sécurité nationale face aux menaces
terroristes » pour Philippe de Villiers, << la protection des
personnes comme de l'environnement contre le risque biologique, technologique
et industriel » pour Jean-Marc Ayrault, << la prévention des
risques majeurs technologiques » pour Philippe Douste-Blazy, propositions
de résolutions n°3304, 3289, et 3284.
plusieurs groupes95, la Commission d'enquête
« sur les causes des inondations répétitives ou
exceptionnelles et sur les conséquences des intempéries afin
d'établir les responsabilités, d'évaluer les coûts
ainsi que la pertinence des outils de prévention, d'alerte et
d'indemnisation »96 et la Commission d'enquête « sur
la sécurité du transport maritime des produits dangereux ou
polluants97 ». Le Parlement se fait alors le relais des
préoccupations de l'opinion et tente d'y répondre à la
fois pour marquer son intérêt et pour apporter des perspectives
d'avenir. Si ce type d'initiatives permet une évaluation des risques et
des propositions de réforme du fonctionnement des services de l'Etat,
des dispositifs de prévention ou d'alerte, elles sont néanmoins
parfois récurrentes en matière de catastrophe naturelle comme en
témoigne la création d'une commission d'enquête sur les
inondations sous la XIe législature, faisant suite à celle «
sur les causes des inondations et les moyens d'y remédier » mise en
place sous la précédente98. Néanmoins, en ce
qui concerne la question du transport maritime des produits dangereux et
polluants, la commission d'enquête parlementaire a permis la mise en
place de nouvelles mesures. Il est d'ailleurs à noter le suivi
parlementaire de ce sujet, qui a amené à la création, en
2003, d'une commission d'enquête « sur les mesures
préconisées en matière de sécurité du
95 Proposition de résolution n°3031 de
M. Jacques Fleury tendant à la création d'une commission
d'enquête sur les causes des inondations répétitives et sur
les moyens propres à faire face aux aléas climatiques et
proposition de résolution n° 2982 de MM. Jean-Louis Debré,
Jean-François Mattei et Philippe Douste-Blazy tendant à la
création d'une commission d'enquête sur les causes, notamment
climatiques, environnementales et urbanistiques des inondations exceptionnelles
afin d'établir les responsabilités, d'évaluer les
coûts et de prévenir les crues à
répétition.
96 Créée le 17 mai 2001 et
terminée le 14 novembre 2001.
97 Créée le 20 janvier 2000 et
terminée le 5 juillet 2000 après le dépôt de 5
propositions de résolution sur le sujet.
98 Créée le 5 mai 1994 et
terminée le 4 novembre 1994.
transport maritime des produits dangereux ou polluants et
l'évaluation de leur efficacité99 ». Toujours
avec cette volonté d'évaluation des risques et de mise à
plat, à un moment donné, des connaissances sur des sujets faisant
l'objet d'une interpellation forte de l'opinion publique, les parlementaires
ont été amenés à créer une commission
d'enquête liée à la question dite de la << Vache
folle » : la Commission d'enquête << sur le recours aux
farines animales dans l'alimentation des animaux d'élevage, la lutte
contre l'encéphalopathie spongiforme bovine et les enseignements de la
crise en terme de pratiques agricoles et de santé publique100
» et plus généralement la Commission d'enquête
<< sur la transparence et la sécurité sanitaire de la
filière alimentaire en France101 ». Ainsi, sur les
quinze commissions d'enquête créées sous la XIe
législature, un tiers sont sur des sujets relevant du domaine du risque
encouru par la population, qu'il soit sanitaire, écologique ou
naturel.
Avec cette même volonté d'embrasser des sujets de
préoccupation sociétale, sans qu'ils ne soient forcément
choisis après un évènement catastrophique, plusieurs
groupes parlementaires ont été amenés à proposer
des thèmes de commission d'enquête identiques : en 2000, par
exemple, pour la commission d'enquête sur << la
99 Créée le 5 février 2003 et
terminée le 10 juillet 2003.
100 Créée le 7 octobre 1999 et terminée le
29 mars 2000.
101 Créée le 13 décembre 2000 et
terminée le 13 juin 2001.
situation dans les prisons françaises102
» ou encore en 1998 pour la commission d'enquête sur la question des
sectes. Ces deux sujets sont d'ailleurs des thèmes récurrents
d'enquête ou de réflexion parlementaire sans doute pour des
raisons différentes. En ce qui concerne le problème des sectes,
l'évolution du nombre et des méthodes des mouvements à
caractère sectaire peut justifier une nécessaire actualisation
des travaux parlementaires. Ainsi, une première Commission
d'enquête << sur les sectes103 » a rendu un rapport
en 1995 mais la représentation parlementaire a jugé utile de
reprendre ce thème d'enquête dès 1998 en axant plus
particulièrement ses travaux sur << la situation
financière, patrimoniale et fiscale des sectes, ainsi que sur leurs
activités économiques et leurs relations avec les milieux
économiques et financiers104 ». Plus récemment
encore, vient d'être créée le 28 juin 2006, une Commission
d'enquête << relative à l'influence des mouvements à
caractère sectaire et aux conséquences de leurs pratiques sur la
santé physique et mentale des mineurs » avec le souci de renforcer
les organes de contrôle et de prévention
préexistants105. En ce qui concerne les prisons, il s'agit
moins, pour les parlementaires d'actualiser leurs
102 Proposition n°2118 de M. Laurent Fabius, proposition
n°2078 de M. Claude Goasguen, proposition n°2079 de Mme Christine
Boutin, proposition n°2106 de M. Guy Hascoët. Commission
créée le 3 février 2000 et terminée le 28 juin
2000.
103 Créée le 29 juin 1995 et terminée le 22
décembre 1995
104 Proposition n°908 de M. Jacques Guyard et proposition
n°811 de M. Jean-Pierre Brard. Commission créée le 15
décembre 1998 et terminée le 10 juin 1999.
105 « Certes, il existe au sein du ministère de
l'éducation nationale une cellule de prévention du
phénomène sectaire qui exerce de nombreux contrôles, y
compris dans les établissements hors contrat et auprès des
enfants qui reçoivent un enseignement à domicile. Cependant, ces
contrôles ne semblent pas suffisants puisque la Miviludes cite des sectes
ayant mis en place des établissements d'enseignement aux pratiques
critiquables, telles que l'absence de titres du personnel d'encadrement ou le
non-enseignement de certaines matières », intervention de Georges
Fenech, rapporteur de la commission des lois à l'occasion de la
discussion en séance de la proposition de résolution de M.
Philippe Vuilque, première séance du 28 juin 2006.
connaissances sur un thème dont l'appréhension
s'avère complexe et changeante comme la question des sectes mais
plutôt de continuer à s'attacher à un thème sur
lequel ils sont contraints de ne pas constater de réelles
avancées. Ainsi a été créée, le 27 mars
2001, une mission d'information sur << le suivi de la commission
d'enquête sur les prisons ». Le rapport en commission sur les
conclusions de cette mission d'information a amené Bernard Roman,
Président de la commission des Lois, à souhaiter <<
qu'au-delà de ce travail de réflexion, la commission des Lois
rappelle au Gouvernement l'urgence du plan de rénovation des prisons. Il
a observé, à cet égard, que dix-huit mois après
l'annonce de l'affectation de 10 milliards de francs à ces
rénovations, aucune dépense n'avait encore été
engagée 106». Deux autres commissions d'enquête
relèvent de thèmes sur lesquels l'opinion publique peut
être amenée à manifester une attente : la Commission
d'enquête << sur l'état des droits de l'enfant en France,
notamment au regard des conditions de vie des mineurs et de leur place dans la
cité107 » et celle sur << certaines pratiques des
groupes nationaux et multinationaux industriels, de service et financiers et
leur conséquences sur l'emploi108 » visant à
étudier les phénomènes de délocalisation.
Près d'un tiers des commissions d'enquête créées
sous la XIe législature visent ainsi à traiter de sujets dits
sociétaux.
106 Compte rendu de la Commission des Lois constitutionnelles, de
la législation et de l'administration générale de la
République du 27 juin 2001.
107 Créée le 8 janvier 1998 et terminée le 5
mai 1998.
108 Créée le 9 décembre 1998 et
terminée le 2 juin 1999.
Le tiers restant aborde des thèmes dont la
portée quotidienne est sans doute moins forte pour l'opinion publique,
mais dont la médiatisation ou la dénonciation ont fait
naître doutes, interrogations et, de fait, besoin ou obligation, pour la
représentation parlementaire voire le gouvernement, de laisser
travailler une commission d'enquête pour, si ce n'est clore, au moins
dépassionner le sujet. Ainsi ont été créées
deux commissions d'enquête sur la situation corse109 dont une
directement liée à l'incendie de la paillote, une commission
d'enquête sur << le régime étudiant de
sécurité sociale110 » consécutive aux
révélations sur la MNEF, une commission d'enquête sur
<< les agissements, le fonctionnement, les objectifs du groupement de
fait dit << Département protection sécurité »
et les soutiens dont il bénéficierait111 » suite
à la multiplication d'actes délictueux commis par des membres de
ce service d'ordre du Front national, et enfin, la commission d'enquête
<< sur l'activité et le fonctionnement des tribunaux de
commerce112 ».
2) Un Parlement à l'écoute
Ainsi, l'enquête parlementaire se révèle en
grande majorité comme un moyen pour
les parlementaires d'effectuer un
contrôle objectif sur une situation donnée mais
109 La commission d'enquête « sur l'utilisation des
fonds publics et la gestion des services publics en corse »
créée le 3 mars 1998 et terminée le 3 septembre 1998 et la
commission d'enquête « sur le fonctionnement des forces de
sécurité en Corse » créée le 19 mai 1999 et
terminée le 10 novembre 1999.
110 Créée le 4 mars 1999 et terminée le 6
juillet 1999.
111 Créée le 9 décembre 1998 et
terminée le 26 mai 1999.
112 Créée le 13 janvier 1998 et terminée le
2 juillet 1998.
aussi comme un outil permettant de donner des signes à
l'opinion publique. L'enjeu est important pour les députés qui
peuvent avoir le souci, par ce biais, de revaloriser leur fonction
parlementaire de représentation. Car, si, selon l'étude «
Démocratie 2000113 >>, les citoyens trouvent à
72%114 que la démocratie fonctionne bien en France, s'ils
sont une courte majorité à avoir « confiance dans
l'Assemblée nationale >>115, ceux qui
considèrent que « les hommes politiques se préoccupent de ce
que pensent les gens comme eux >> ne sont plus que 24%. On peut
néanmoins considérer que la confiance dans l'institution qu'est
l'Assemblée nationale n'est pas totalement distincte de celle des
individus qui la composent et que le terme d' « homme politique >>
est trop large pour connaître le rapport spécifique aux
parlementaires, il n'en reste pas moins un réel sentiment des personnes
interrogées, de ne pas être entendues et, par conséquent,
mal représentées. Les parlementaires, conscients de la
difficulté de la tâche, se saisissent des instruments à
leur disposition pour tenter de réhabiliter leur rôle. Comme le
résume Elisabeth Vallet, « les commissions d'enquête
parlementaires maintiennent un difficile équilibre entre l'institution
qu'elles représentent, l'esprit qu'elles incarnent, le rôle que la
société civile en attend >>116.
113 La démocratie à l'épreuve. Une
nouvelle approche de l'opinion des Français, sous la direction de
Gérard Grunberg, Nonna Mayer, Paul M. Sniderman, Presses de Sciences Po,
2002, p.119.
114 7% ont répondu « Très bien » et 65%
« Plutôt bien »
115 7% ont répondu « Très confiance » et
47% « Plutôt confiance »
116 Elisabeth Vallet, Les commissions d'enquête
parlementaire sous la Ve République, Revue française de
droit constitutionnel, 54, 2003, p.251.
Une constante peut être relevée dans le mode de
travail des commissions d'enquête et des missions d'information : le
nombre substantiel d'auditions organisées quel que soit le sujet. A
titre d'exemple, le rapport de la mission d'information sur la fin de
vie117 comprend 299 pages de conclusions dans son tome 1 et 922
pages de compte- rendu des 74 auditions qu'elle a organisées dans son
tome 2. Les missions d'information sur les OGM et celle sur les signes
religieux à l'école ont chacune organisé plus d'une
centaine d'auditions. Les commissions d'enquête ont également
recours à de nombreuses auditions, 51 pour la commission d'enquête
sur la gestion des entreprises publiques en 2003, 72 pour celle sur la
sûreté des installations industrielles en 2001 ou encore 68 pour
la commission d'enquête sur les prisons en 2000. Sans aller aussi loin
que la procédure d'enquête britannique qui ouvre ses
procédures d'enquête « par une étape
préliminaire qui n'existe pas en France: un appel formel à
témoignage118 », le Parlement se veut ainsi à
l'écoute de ceux qui, d'une façon ou d'une autre sont
concernés par un sujet, ministres, fonctionnaires, universitaire,
experts, mais aussi représentants syndicaux et associatifs.
Le développement de mouvements associatifs visant
à poursuivre un but spécifique
ou à défendre une
cause particulière amène à ce que se soient
développés de
117 Rapport n°1708, << Respecter la vie, Accepter la
mort >>.
118 Hélène Bilger Street, Le contrôle
parlementaire en France et en Grande Bretagne, étude comparée des
procédures de contrôle de la chambre des communes et de
l'Assemblée nationale, Thèse, Paris I, décembre 2000,
p.323.
Il est néanmoins à noter qu'en dehors des
commissions d'enquête, la mission d'information sur la question du port
des signes religieux à l'école a, par exemple, organisé un
forum d'expression sur le site internet de l'Assemblée nationale qui
<< a recueilli en 6 semaines plus de 2200 messages >> et qu'elle a
par ailleurs reçu << de nombreux courriers et contributions
écrites >>, introduction de Jean-Louis Debré,
Président de la mission, rapport n°1275.
nouveaux organes désormais quasi-incontournables dans
les procédures de concertation. Le fonctionnement du DAL, de la
Confédération paysanne, de Greenpeace ou encore d'ATTAC, pour
prendre les plus connus, vise à focaliser leurs actions sur des
objectifs bien précis afin d'établir une pression sur le pouvoir.
Que ce soit en lançant une alerte sur un sujet déterminé
ou en organisant une constante vigilance, un suivi attentif des
évolutions d'un sujet déterminé, ces groupes
structurés ont un réel pouvoir d'interpellation. Dans de nombreux
domaines, ces nouvelles formes d'engagement se développent : <<
SOS papa» pour les pères qui revendiquent le droit à
élever leur enfant, << Ni putes ni soumises » amenées
à défendre les jeunes filles de banlieue, association <<
Recours » pour la défense des rapatriés... Ces associations
se veulent représentatives d'une certaine catégorie d'individus
et se présentent comme ayant une réelle expertise sur les
thèmes dont elles se saisissent. Elles sont la manifestation
concrète d'une réalité plus globale : un engagement
citoyen qui se développe vers des formes plus protestataires. Comme le
souligne Pierre Bréchon, << on va moins voter parce qu'on n'en
saisit pas toujours l'intérêt, mais on se fait volontiers
davantage entendre sur des problèmes ponctuels, qu'il s'agisse de
grandes causes (par exemple les valeurs de la démocratie à
sauvegarder contre l'extrême droite raciste) ou de corporatismes
catégoriels119 ». Ayant, de fait, une certaine
capacité de mobilisation (signature de pétitions, organisation de
manifestation atypiques en direction des médias) ces organisations
font désormais partie du paysage démocratique
même si leur réelle représentativité reste
très inégale. Les députés l'ont bien compris. S'il
ne s'agit pas, pour eux, d'en faire des interlocuteurs référents,
l'écoute de leur point de vue et la prise en compte, au moins formelle,
de leurs revendications est désormais incontournable. Ainsi, par
exemple, les membres de la commission d'enquête sur << la situation
dans les prisons françaises >> ont-ils été
amenés à auditionner le 23 mars 2000 un représentant du
<< comité européen pour la prévention de la torture
>>, le 4 mai 2000 la présidente d'Act-Up Paris, et le 11 mai 2000
les responsables de l'Association des familles en lutte contre
l'insécurité et les décès en détention
(FLIDD)120. La mission sur les << enjeux des essais et de
l'utilisation des organismes génétiquement
modifiés>> a été amenée à auditionner
le 24 novembre 2004, outre le secrétaire national de la <<
Confédération paysanne >>, Monsieur Olivier Keller, son
cofondateur, José Bové, ainsi que le président du <<
Réseau Semences Paysannes 121>>. Si les auditions des
associations représentent, in fine, qu'une petite partie des
auditions par rapport à celles des experts ou syndicalistes, elles
reflètent la préoccupation des parlementaires visant à
circonscrire un sujet et << mettre autour d'une table>> toutes les
parties concernées. Si les auditions sont la plupart du temps
individuelles, certaines missions
120 La liste complète des auditions de cette commission
d'enquête figure dans le tome II du rapport n°2521,
déposé le 28 juin 2000.
121 Rapport n°2254, tome 2, déposé le 13 avril
2005.
optent pour l'organisation de tables rondes
thématiques122, qui, parfois sont contradictoire afin de
permettre au débat d'avoir lieu123.
Le renouveau du contrôle parlementaire par le biais des
commissions d'enquête et des missions d'information permet ainsi une
intervention plus large des citoyens dans la sphère publique et se situe
ainsi dans le cadre d'une nouvelle forme de gouvernement représentatif
émergent, caractérisé selon Bernard Manin par «
l'apparition d'un nouveau protagoniste de la délibération
publique, l'électeur flottant et informé, et d'un nouveau forum
de cette délibération, les médias124 ».
122 La mission d'information sur « la
sécurité du transport aérien de voyageurs » a ainsi
organisé 9 séances d'auditions individuelles ou conjointe et 9
tables rondes thématiques regroupant chacune une dizaine de personnes.
Rapport, n°1717, Tome II, déposé le 7 juillet 2004.
123 La mission d'information sur les OGM a ainsi organisé
à la suite de nombreuses auditions, cinq tables rondes contradictoires
les 2, 8, 9, 15 et 17 février 2005.
124 Bernard Manin, Principes du gouvernement
représentatif, Champs-Flammarion, 1996, p.299.
Chapitre 3 : De la publicité à la
médiatisation des débats
Si la publicité des débats parlementaires date
de la Révolution française, celle-ci concerne uniquement les
débats en séance plénière. L'article 46
alinéa 1 du Règlement de l'Assemblée nationale stipule que
les travaux des commissions permanentes, par exemple, ne sont pas
publics125. Avec ce souci de répondre aux attentes de
transparence de l'opinion, mais aussi de réhabiliter leur fonction et,
de fait, de faire connaître leur travail, les parlementaires utilisent
tous les moyens mis à leur disposition pour ouvrir leur institution sur
l'extérieur.
1) Quand la réponse à une demande de
transparence rencontre un besoin de revalorisation du travail parlementaire
En ce qui concerne les commissions d'enquête, la
publication du rapport devenue la règle depuis 1977, associée
à sa diffusion la plus large possible (site Internet, publications) a
inévitablement permis une avancée supplémentaire dans la
démocratisation du travail de ces commissions. La loi de 1991 a
également introduit une dimension nouvelle: les auditions sont
désormais publiques. La publicité des travaux des commissions
d'enquête devient officiellement la règle et la possibilité
qui
125 Un résumé désormais très
détaillé est néanmoins effectué après chaque
réunion par les services de l'Assemblée, transmis à la
presse, et, une fois complétés sont publiés dans « le
Bulletin des commissions » mis en ligne sur le site de l'Assemblée
nationale.
leur est offerte de « décider l'application du
secret 126>>, l'exception. L'organisation de cette
publicité est laissée au choix des commissions elles-mêmes.
La possibilité d'ouvrir les débats d'une commission
d'enquête à la presse et aux caméras a été
inscrite dans le règlement intérieur de l'Assemblée
nationale. Il stipule, depuis 1994127 que les auditions d'une
commission d'enquête « peuvent donner lieu à retransmission
télévisée >>. Cette disposition s'inscrit tout
naturellement dans le cadre d'une volonté plus générale de
revalorisation du Parlement, d'un souhait d'en ouvrir les portes à ceux
qui veulent en appréhender plus facilement le fonctionnement. Ainsi, que
ce soit pour les commissions d'enquête, les auditions des commissions
permanentes ou les missions d'information, les réunions sont de plus en
plus fréquemment ouvertes à la presse ou diffusées sur La
Chaîne Parlementaire. La création en 1999 d'une telle chaîne
de télévision financée par l'Assemblée
nationale128 et désormais largement accessible par le biais
de la TNT, illustre bien cette volonté d'ouverture.
En ce qui concerne les réunions ouvertes des
commissions d'enquête et missions d'information, chaque mission
s'organise comme elle l'entend et le lien entre forte médiatisation
préalable d'un sujet et ouverture des travaux à la presse qui
pourrait être spontanément établi ne reflète pas la
réalité. Ainsi, la commission d'enquête sur
126 Loi n°91-698 du 20 juillet 1991, article 8.
127 Résolution n°151 du 26 janvier 1994.
128 Le Sénat a également sa propre chaîne :
Public-Sénat. Elles partagent leur temps d'antenne sur le même
canal audiovisuel.
<< le recours aux farines animales dans l'alimentation
des animaux d'élevage, la lutte contre l'encéphalopathie
spongiforme bovine et les enseignements de la crise en termes de pratiques
agricoles et de santé publique>> a-t-elle fait le choix d'ouvrir
ses auditions à la presse alors que celle sur la <<
sécurité du transport maritime des produits dangereux et
polluants>> ne l'a fait que pour l'audition d'un membre du Gouvernement.
Par contre la commission d'enquête << sur la gestion des
entreprises publiques afin d'améliorer le système de prise de
décision>> a ouvert toutes ses auditions tandis que celles de la
commission d'enquête sur <<la situation dans les prisons
françaises >> restaient fermées.
Les récentes missions d'information sur des
thèmes d'actualité forte ont, elles, tendance à vouloir
assurer une plus grande publicité à leurs travaux. Ainsi pour la
seule année 2005, la <<mission d'information sur les enjeux des
essais et l'utilisation des organismes génétiquement
modifiés>> a ouvert ses tables rondes sur << l'utilisation
des organismes génétiquement modifiés >> les 25
janvier 2005 et 1er février 2005 ainsi que celles sur le <<
conditionnement et l'entreposage à long terme >>, << les
enjeux juridiques des OGM >>, << les enjeux économiques des
OGM >> ou << les OGM, média et information du public>>
respectivement des 3, 8, 9, 15 et 17 février 2005 ; la mission
d'information << sur la grippe aviaire - mesures
préventives>> a permis à la presse d'assister à la
table ronde sur les données scientifiques disponibles concernant la
grippe aviaire le 26 octobre 2005, à l'audition des représentants
de laboratoires pharmaceutiques fabricants de médicaments anti-viraux le
8 novembre
2005, à diverses auditions les 7,8,13 et 14
décembre 2005, 10, 11 janvier 2006 ; 1er , 15, 22
février 2006 ; 8 et 15 mars 2006 ; 2,9,10,30 mai 2006 ainsi qu'aux
auditions de trois ministres : M. Dominique Bussereau, ministre de
l'agriculture et de la pêche, le 25 janvier 2006, M. Gilles de Robien,
ministre de l'Education nationale le 12 avril 2006 et Mme Nelly Olin, ministre
de l'écologie et du développement durable le 30 mai 2006.
D'autres missions d'information ont décidé, sporadiquement et sur
des thèmes choisis, d'ouvrir certaines de leurs réunions. C'est
le cas de la mission d'information « sur la politique des pouvoirs publics
dans le domaine de l'éducation et de la formation artistique » lors
de sa table ronde avec des artistes le 7 avril 2005 ou de la mission
d'information « sur la famille et les droits de l'enfant » sur le
thème de la prévention et la détection de l'enfance en
danger les 4 et 18 mai 2005, sur la réforme du droit de la famille le 29
juin 2005, sur les mariages forcés le 19 octobre 2005, sur
l'accès de l'enfant à ses origines personnelles le 16 novembre
2005, ou encore sur l'exercice de l'autorité parentale dans les familles
désunies le 23 novembre 2005.
Si cette ouverture de l'institution vers l'extérieur
répond à une demande citoyenne de plus de transparence, elle
permet aussi aux parlementaires, désireux de réhabiliter leur
fonction et leur rôle, de faire connaître leur travail.
Au-delà de La Chaîne Parlementaire, le développement de
l'internet a sans conteste également permis de démocratiser et de
multiplier l'information accessible aux citoyens qui disposent ainsi d'une
information brute inévitablement plus conséquente que celle
diffusée par les médias, qu'ils soient télévisuels
ou de presse écrite.
2) La question de la médiatisation des
débats
La question de l'opportunité d'une ouverture ou non de
certains travaux parlementaires s'est récemment fortement posée,
en ce qui concerne les commissions d'enquête, avec la polémique
autour de la commission d'enquête parlementaire sur l'affaire <<
dite d'Outreau ». Il faut bien mesurer dans ce débat qu'il ne
s'agissait pas de savoir si les travaux de la commission seraient publics ou
non. On l'a vu, toutes les commissions d'enquêtes font désormais
l'objet d'un rapport public, qui, pour la plupart d'entre elles, comporte en
annexes les comptes-rendus des auditions. Les personnes entendues par une
commission d'enquête sont d'ailleurs, selon le règlement de
l'Assemblée nationale, << admises à prendre connaissance du
compte- rendu de leur audition129 » mais ne peuvent y apporter
<< aucune correction130 », tout au plus la personne
auditionnée peut-elle <<faire part de ses observations par
écrit ». Ainsi, le travail à huis clos d'une commission
d'enquête ne peut en aucun cas amener in fine à ce que
les comptes rendus en soient modifiés ou tronqués. Ce qui s'y dit
(sauf vote spécial de l'Assemblée constituée en
comité secret qui peut demander de << ne pas autoriser la
publication de tout ou partie du rapport131 », sera repris in
extenso dans le compte-rendu. Il s'agissait en ce cas de savoir si la
commission devait
129 Article 142, alinéa 1.
130 Article 142, alinéa 3.
131 Article 143, alinéa 3.
travailler sous l'oeil du public en temps réel ou à
huis clos, s'agissant d'un sujet sur lequel la pression médiatique avait
été particulièrement prégnante.
La démocratie est fondée sur l'existence
même de pouvoirs et de contre-pouvoirs et l'affaire d'Outreau a
donné l'impression qu'il n'existait pas de contre-pouvoirs dans le monde
judiciaire, créant ainsi un sentiment d'insécurité. Dans
un premier temps, la commission avait estimé << que les auditions
ne seront pas ouvertes à la presse, sauf lorsque cela paraîtra
utile, au cas par cas132 >>. Deux conceptions se sont alors
opposées. La première visait à faire valoir qu'un
débat << en direct>> amènerait à ce qu'il soit
moins serein. On pouvait ainsi imaginer que les prises de parole des
auditionnés soient moins spontanées, que les conditions du
débat pourraient être faussées, que les interventions des
membres de la mission tiendraient inévitablement plus compte de la
présence d'une caméra et que, de fait, les mots et les postures
pourraient être différents, que le positionnement partisan
pourrait être mis en exergue dans un cadre qui s'y prête
généralement moins qu'une séance publique. Le seul but de
la commission étant d'arriver à savoir très exactement ce
qui s'était passé à Outreau et d'en tirer les
conséquences, la présence de micros ou de caméras
n'était alors pas facteur de plus-value pour le travail parlementaire.
Mais, parallèlement, et dans le contexte de forte médiatisation
d'une partie des innocentés d'Outreau demandant que la commission
travaille de la manière la plus publique qui soit, un
132 Compte rendu n°1 de la commission d'enquête, du
mercredi 14 décembre 2005.
certains nombre de parlementaires ont plaidé pour des
auditions en direct. Dans une société où la transparence
est devenue un enjeu démocratique, il s'est alors agi de répondre
dans un premier temps aux attentes des acquittés et plus largement de
l'opinion. Aïda Chouk, Présidente du syndicat de la magistrature,
dans une lettre ouverte à André Vallini a, elle aussi,
été amenée à relayer cette demande le 9 janvier
2006 : << La publicité des débats doit être
imposée par la commission qui ne saurait faire reposer sur chaque
personne auditionnée le choix de la publicité ou du huis clos et
se défausser ainsi de ses prérogatives ». Les
acquittés ayant fait part de leur souhait d'être filmé, il
était dès lors difficile pour les autres personnes
auditionnées de demander un huis clos sans générer de la
suspicion.
La présence de la caméra a permis de donner le
signe fort que cette commission n'avait rien à cacher, qu'il ne
s'agissait pas de laisser dans l'ombre certains éléments de
l'affaire, que la commission n'était justement pas seulement là
en réponse à une émotion populaire mais avait vocation
à travailler au fond. Dans un contexte de défiance
vis-à-vis des institutions, des représentants du peuple, ce
travail sous les regards de l'opinion, pouvait laissait supposer que cette
pression amènerait des garanties démocratiques, des garanties de
résultats. C'est d'ailleurs cette préoccupation que relaye
Roselyne Godard en évoquant le fait que << seule la pression des
médias imposera aux députés de ne pas faire machine
arrière face à la nécessité
de faire des réformes133 ». Cette
défiance affichée, et sans nul doute inquiétante,
vis-à- vis de la capacité du politique à se saisir
véritablement d'un sujet sans la présence des médias est
révélatrice d'une tension démocratique qui avait sans
doute amené Michel Hunault et Christophe Caresche à qualifier la
décision du huis clos d' « erreur politique majeure134
».
Néanmoins, il n'est pas inutile de s'interroger sur
l'utilité de céder à la pression du temps
médiatique, temps de l'immédiateté, qui ne peut
correspondre au temps parlementaire, sauf à faire d'eux des
législateurs de circonstance, avec les dérives qui peuvent en
découler. En ce qui concerne l'institution parlementaire, une juste
mesure entre volonté de travailler en toute transparence et
capacité à échapper à la pression médiatique
restera à trouver sur des sujets aussi sensibles.
133 << La croix >> le 27.12.2005.
134 << Le Monde >> 23.12.2005.
Chapitre 4 : Une nouvelle forme d'initiative
législative
Si << les séances plénières du
Parlement ne sont désormais plus le lieu de la discussion
délibérative135 », les parlementaires ont su
mettre en place des lieux de discussion, de réflexion et de
confrontation d'idées qui, au-delà du rôle informatif
qu'ils permettent, offrent des outils pour élaborer la loi.
1) Les missions d'information créées pour
préparer une loi
Certaines missions d'information ont été ainsi
créées pour préparer l'examen d'un projet de loi ou
rédiger une proposition de loi. En 2000, par exemple, une mission
d'information commune préparatoire au projet de loi de révision
des lois bioéthiques de juillet 1994 a été
constituée. La loi de 1994 avait en effet prévu une
révision régulière des lois bioéthiques par le
Parlement, dans un délai maximal de cinq ans et après son
évaluation par l'Office parlementaire des choix scientifiques et
technologiques. Sur la base des deux rapports rendus par cet office et d'une
étude rendue par le Conseil d'Etat, la mission d'information a
été chargée de préparer la révision de ces
lois. Cette mission << a procédé pendant un an à
l'audition de près de quatre-vingt-dix personnalités, pendant un
total de plus de cinquante heures » et a rendu un rapport qui <<rend
compte des travaux de cette mission menée en France
135 Bernard Manin, Principes du gouvernement
représentatif, op. cit., p.277
mais aussi à l'étranger, que ce soit en
Allemagne ou aux Etats-Unis136 ». Cette mission
préparatoire a pris fin à l'occasion du dépôt par le
Gouvernement, le 20 juin 2001, de son projet de loi relatif à la
bioéthique, entraînant la constitution d'une commission
spéciale chargée d'examiner ce projet. Constituée bien
amont du débat, et ayant un <<rôle exclusivement
d'information des membres de la future commission spéciale sur les
principaux points en discussion lors de la révision des lois
bioéthiques137 », la mission d'information parlementaire
aura permis d'effectuer un long travail préparatoire à la
discussion de ce projet de loi. Ses travaux ont ainsi constitué la base
documentaire et réflexive des membres de la commission
spéciale.
Avec le même souci de préparer une
législation sur un sujet qui touche à des débats
fondamentaux de société a été créée,
le 15 octobre 2003, la mission d'information sur << l'accompagnement de
la fin de vie ». Créée notamment suite à
l'émotion et au débat public qui s'est ouvert sur l'euthanasie
après le décès de Vincent Humbert, cette mission s'est
donnée, dès sa constitution, comme objectif de rendre un rapport
qui soit << rédigé de façon collective et
consensuelle138 ». Ayant par la suite organisé, durant
huit mois, 81 auditions139 entendant successivement << des
historiens, des philosophes, des sociologues, des représentants des
religions monothéistes et des représentants des loges
maçonniques, des représentants des professions de santé
et
136 Rapport n°3208, du 27 juin 2001.
137 Propos de Bernard Charles, Président de la mission,
lors de l'examen du rapport le 27 juin 2001.
138 Compte rendu de la réunion constitutive de la mission
du 16 mars 2004.
139 Qui n'ont pas été ouvertes à la presse.
Seules trois tables rondes l'ont été.
du monde associatif, des juristes et enfin des responsables
politiques >>140, effectuant de nombreux déplacements,
la mission a rendu son rapport le 30 juin 2004 et a déposé une
proposition de loi relative aux droits des malades et à la fin de vie
qui a été examinée et amendée à
l'unanimité par la commission spéciale créée
à cet effet le 26 novembre 2004. La proposition de loi a ensuite
été examinée en séance publique le 12 avril 2005.
Pour Gaëtan Gorce, co-rapporteur de la mission, « il est
préférable que ces sujets soient examinés par le Parlement
que laissés en pâture aux médias. Les sujets de «
société >> méritent, au même titre que les
grandes questions économiques et financières, un examen
approfondi, sérieux, distancé de l'actualité
141>>. Ainsi est née une nouvelle législation
qui, si elle ne va pas assez loin pour certains, a fait l'objet d'un consensus
politique après un long travail d'écoute. Pour Jean-Louis
Debré, « cette méthode montre qu'en s'entourant du maximum
d'avis de personnalités représentatives et en prenant le temps de
la réflexion, les députés traitent de questions de
société fondamentales et d'affranchissent des clivages partisans
traditionnels142. >>
140 Introduction au rapport n°1708 de la mission.
141 Interview de G. Gorce le 12 juillet 2006.
142 Présentation générale par Jean-Louis
Debré de la publication << Proposition de loi Droits des malades
et fin de vie », collection << débats de l'Assemblée
nationale ».
2) Les missions d'information et commissions
d'enquête qui amènent à une modification de la loi
Sans que leur objet prédéterminé vise
à une modification législative, les conclusions des commissions
d'enquête et missions d'informations amènent quasiment toujours
les parlementaires à proposer dans leur rapport, en conclusion ou dans
une synthèse de leurs propositions, des suites dont certaines
relèvent d'une modification législative. La commission
d'enquête sur << la sûreté des installations
industrielles et des centres de recherche et sur la protection des personnes et
de l'environnement en cas d'accident industriel majeur a ainsi formulé
90 propositions adoptées à l'unanimité143 ;
celle sur << les causes, les conséquences et la prévention
des inondations144 », 24 ; et celle sur le recours aux farines
animales145, 27. Ainsi, les outils de contrôle et
d'information parlementaire créent de nouveaux mécanismes
d'initiative parlementaire.
Pour certains sujets, les conclusions consensuelles permettent
des modifications législatives rapides, pour d'autres, chaque groupe
parlementaire est amené à leur donner une suite plus partisane.
Au sein d'une même mission d'information, les deux cas de figure peuvent
se présenter. A titre d'exemple, avant même l'examen et
143 Rapport n° 3559 du 20 janvier 2002.
144 Rapport n°3386 du 14 novembre 2001.
145 Rapport n°3138 du 13 juin 2001.
l'adoption du rapport de la «mission d'information sur la
famille et les droits des enfants », des propositions déjà
adoptées par la mission d'information dans un rapport d'étape
pour lutter contre les mariages forcés146 ont fait l'objet du
dépôt d'amendements identiques UMP, PS, UDF lors de l'examen d'une
proposition de loi sénatoriale visant à lutter contre les
violences conjugales147. Ces amendements ont été
adoptés créant, depuis lors, une législation en France
pour lutter contre les mariages forcés.
Après l'adoption du rapport de la mission, des
propositions visant à améliorer le Pacs ont fait l'objet
d'amendements à un projet de loi visant à réformer le
régime des successions et des libéralités148.
Là aussi ils ont été adoptés dans un contexte
cependant moins consensuel. La mission d'information avait par ailleurs
adopté à l'unanimité une cinquantaine de proposition
visant à réformer en profondeur le dispositif de protection de
l'enfance dans notre pays149. Le gouvernement ayant
déposé et mis en discussion un projet de loi sur le sujet,
là encore, les parlementaires de la mission se sont servis de leur
travail de réflexion pour formuler un nombre substantiel d'amendements
en commission, en juillet 2006. Enfin, de manière plus
générale, après la publication du rapport de la mission
d'information et sur la base
146 Note d'étape adoptée le 23 novembre 2005.
147 « Prévention et répression des violences
au sein du couple >>, 1ère séance du jeudi 23
mars 2006.
148 « Réforme des successions et des
libéralités >>, 1ère et
2ème séance du 22 février 2006.
149 Note d'étape adoptée le 28 juin 2005.
de ses travaux, la rapporteure a déposé 6
propositions de lois150 dont une visant à substituer à
l'accouchement sous X l'accouchement dans la discrétion quand
parallèlement le groupe socialiste déposait deux propositions de
loi151 sur le mariage et l'exercice de la parentalité par les
personnes de même sexe.
Information et contrôle permettent ainsi aux
parlementaires d'approfondir leurs connaissances sur un sujet, d'en
appréhender les contours et, de fait, d'être mieux armés
dans leur fonction législative, que ce soit dans l'approche qu'ils
peuvent avoir d'un projet de loi soumis à leur approbation ou dans leur
capacité à prendre des initiatives parlementaires par le biais de
propositions de lois.
3) Vers de nouvelles formes de travail parlementaire
?
« Lorsqu'une question retient l'attention, qu'un conflit
de quelque importance oppose des catégories entre elles ou à
l'administration, il serait logique que la représentation nationale s'en
saisisse et appelle ainsi syndicalistes, producteurs, ministres à venir
exposer devant elle leurs arguments, afin de s'informer sur ce qui
150 Propositions de lois de Mme Valérie
Pécresse, n°3221 relative à la médiation familiale et
à l'exercice de l'autorité parentale après la
séparation des parents, n°3222 relative à la
délégation des responsabilités parentales pour les actes
de la vie courante de l'enfant, n°3223 relative au respect des droits de
l'enfant devant la justice, n°3224 relative à l'accouchement dans
la discrétion, n°3225 relative à la possibilité de
lever l'anonymat des donneurs de gamètes, n° 3226 relative au droit
de l'enfant à entretenir des relations avec ses grands parents.
151 Propositions de loi de M. François Hollande,
n°3218 visant à aménager les conditions d'exercice de la
parentalité et n°3219 visant à ouvrir le mariage aux couples
de même sexe.
agite la société et réciproquement,
d'informer celle-ci, pour faire progresser la réflexion collective
au-delà des slogans152 ».
Cette phrase de Pierre Avril qui vise avant tout à
donner des perspectives d'avenir aux parlementaires, peut d'ores et
déjà s'appliquer, on l'a vu, à de nombreux travaux
parlementaires. Certaines missions d'information et commission d'enquête
ont poursuivi ces objectifs avec succès. Peut-être faut-il que la
représentation nationale aille plus loin encore dans le travail
collectif et qu'au-delà de l'organisation de table ronde de
débats ou d'auditions, de nouvelles tentatives d'élaboration
commune de solutions se multiplient. A cet égard, un modèle
récent de travail parlementaire a retenu notre attention : le «
comité de suivi des intermittents ».
Autoinstitué par quelques parlementaires, au sein de
l'Assemblée nationale, suite à un conflit ouvert par
l'agrément donné, le 7 août 2003 par le gouvernement
à un protocole d'accord réformant fin juin 2003 les annexes 8 et
10 de la convention UNEDIC sur l'assurance chômage concernant les
artistes et techniciens du spectacle du cinéma et de l'audiovisuel, le
comité de suivi des intermittents revêt une forme hybride et
nouvelle au sein du Parlement. En effet, il comprend, outre des parlementaires
de tous les groupes, des représentants des syndicats, des
152 Pierre Avril, La Ve République : les
réformes envisageables. Les conditions d'une revalorisation du
rôle du Parlement, Cahiers français n°332, La Ve
République, évolutions et débats, La Documentation
française, 2006, p.56.
organisations professionnelles et de la coordination des
intermittents153. Alors que nombre de festivals culturels durant
l'été 2003 ont été gravement perturbés voire
annulés donnant une publicité particulière à ce
conflit social, les parlementaires ont été amenés, dans un
premier temps, à se tourner vers une demande de création de
commission d'enquête154 . Ces propositions de
résolutions n'ont pas été adoptées, mais, comme
souvent on l'a vu, une mission d'information parlementaire sur << les
métiers artistiques » a été créée en
substitution par la commission des affaires culturelles, familiales et sociales
le 3 décembre 2003. Parallèlement, le 17 décembre 2003 est
officiellement né le << comité de suivi de la
réforme des annexes 8 et 10 de l'assurance-chômage des artistes et
techniciens du spectacle vivant, du cinéma et de l'audiovisuel ».
Les deux structures se sont de fait côtoyées avec des objectifs
différents155. La mission d'information comprenant plusieurs
membres du comité de suivi, les conclusions de son rapport ont
été naturellement influencées par le travail exercé
au sein du comité de suivi. Ainsi, la mission d'information a-t-elle
décidé de travailler dans un premier temps sur la situation
particulière des intermittents du spectacle et a rédigé,
le 10 mars 2004, une <<contribution au débat sur le régime
d'assurance chômage des intermittents du spectacle ». Si cette
mission d'information
153 Liste des membres initiaux du comité de suivi fin
2003 : La Coordination des intermittents, la CGT Spectacle, Sud spectacle, la
Société des Réalisateurs de Films, le Syndicat national
des établissements de l'action culturelle (SYNDEAC), l'U-Fisc regroupant
des compagnies d'art de la rue, quelques personnalités et des
parlementaires de l'Assemblée nationale et du Sénat.
154 Trois propositions de résolutions ont
été déposées cf. I chapitre 2
155 Le comité de suivi ayant pour objectif initial
« de se donner moyens législatifs et politiques de rouvrir des
négociations et demandait au Président de la République de
bien vouloir répondre à [sa] demande d'arbitrage et de recevoir
au plus tôt une délégation composée d'élus et
de professionnels », communiqué de presse du comité de suivi
du 17.12.2003 tandis que la mission d'information visait à « mener
une réflexion sur les conditions actuelles d'exercice des métiers
artistiques en France et sur la place qui leur est faite dans notre
société »
avait naturellement un caractère temporaire, le
comité de suivi a perduré, comme le conflit. Et la prise en
compte par la représentation nationale des évolutions du dossier
a permis l'élaboration de perspectives nouvelles.
La pression exercée par les parlementaires de tous
bords sur le Gouvernement en 2004 a ainsi amené, dans un dossier
où les chiffres les plus divers sur le coût de l'intermittence
circulaient, à nommer un expert indépendant156
chargé d'expertiser le système entré en vigueur le 31
décembre 2003. De comité de suivi d'une situation donnée,
le comité s'est alors, sur la base des travaux de l'expert et des
discussions engagées, transformé en force de proposition. Ainsi a
été élaborée une proposition de loi, amenant les
parlementaires du comité de suivi après des mois de travail, de
rapports et d'écoute à considérer qu'ils sont «
allés au bout du processus157 » de dialogue et à
demander que le Président de l'Assemblée nationale «
inscrive à l'ordre du jour la proposition de loi déposée
et signée par 471 parlementaires dont 312 députés ».
Si cette proposition de loi risque de ne pas être inscrite à
l'ordre du jour de l'Assemblée nationale par son Président, le
travail issu du comité de suivi, sur un sujet compliqué par le
fait qu'il résulte initialement de négociations
sociales158, a montré la capacité de l'institution
parlementaire à élaborer un travail commun, consensuel en son
sein, avec une réelle volonté de reprendre l'initiative
législative
156 En la personne de Jean-Paul Guillot.
157 Communiqué de presse du mercredi 31 mai 2006.
158 Sur lesquelles le gouvernement est amené à
intervenir a posteriori pour donner ou non son agrément.
dans un domaine pour lequel, manifestement, ils ne peuvent
constater de réelles avancées.
Conclusion
La Constitution de la Ve République a conduit à
ce que la responsabilité ministérielle soit attachée
à un certain type de procédures de contrôle très
encadrées et dont le fait majoritaire a limité la portée.
Ainsi a été établie une distinction entre le
contrôle sans sanction immédiate (questions écrites ou
orales, commissions d'enquête, mission d'information) que l'on a
qualifié de << contrôle information>> et les
procédures d'engagement de la responsabilité du gouvernement
(motion de censure, question de confiance). Alors que << la montée
en puissance des exigences de contrôle et de responsabilité est
sans doute l'une des évolutions les plus marquantes du discours - tant
politique que scientifique- sur la démocratie au cours des
dernières années159 >>, les modalités
d'un contrôle permanent sur les politiques publiques sont amenées
à changer. Alors que l'Etat tend à se dessaisir de ses
prérogatives en ayant notamment recours à des organes
extérieurs, et plus particulièrement à des
autorités administratives indépendantes, le Parlement affiche,
lui, sa volonté de se saisir de nouveaux moyens de contrôle.
N'ayant pas valeur constitutionnelle, les commissions
d'enquête parlementaires ne
peuvent bénéficier ni de
pouvoirs de décisions sanctionnés par un vote
de
l'Assemblée de leur rapport, ni engager la responsabilité
du gouvernement ou du
159 Olivier Costa, Nicolas Jabko, Christian Lequesne, Paul
Magnette, La diffusion des mécanismes de contrôle dans l'Union
européenne : vers une nouvelle forme de démocratie ? Revue
française de science politique, Vol.51, 2001, p.859.
chef de l'Etat160. Elles reflètent ainsi
l'incertitude institutionnelle du régime actuel. Leur étude
permet de poser plus largement la question du rôle du Parlement dans un
régime ni parlementaire, ni présidentiel. L'accent mis par les
Présidents de l'Assemblée nationale successifs, par les
Présidents de la République en campagne ou en exercice, par les
programmes électoraux des partis présentant des candidats aux
élections législatives, sur les questions institutionnelles en
général et sur la nécessaire revalorisation du Parlement
en particulier, témoigne d'une sensibilité actuelle accrue aux
questions relatives à un meilleur fonctionnement démocratique.
Que le débat soit posé avec l'objectif de créer une
république nouvelle ou d'améliorer les textes actuels mais
surtout de bouleverser l'usage institutionnel vers un nouvel équilibre
entre le Parlement et le pouvoir exécutif, il révèle une
attente, qui, dans un premier temps est largement suscitée par les
parlementaires eux-mêmes.
La limitation par la Constitution du nombre de commissions
permanentes à six participant à l'engorgement pour certaines de
leurs travaux en réunions plénière, la large
prépondérance de l'exécutif sur l'ordre du jour des
séances de l'Assemblée nationale laissant -malgré la
création d'une journée mensuelle à cet effet- une place
limitée à l'initiative parlementaire, le sentiment que les enjeux
se déplacent à l'extérieur de l'hémicycle,
amènent les parlementaires à chercher des lieux et des temps
nouveaux de travail et d'expression. De nombreuses publications
universitaires sont consacrées à l'étude
segmentée d'une multiplicité d'organes parlementaires.
L'Assemblée nationale foisonne en effet de différentes structures
plus ou moins temporaires. Ainsi se côtoient désormais commissions
d'enquête, missions d'information, missions d'information
créées par la conférence des présidents, groupes
d'étude, délégations parlementaire (pour l'Union
européenne, aux droits des femmes...), offices parlementaires (des
politiques de santé, des choix scientifiques et technologiques...) ou
encore la mission d'évaluation et de contrôle (MEC). Les
commissions permanentes, dont l'activité principale reste l'examen de
projets et propositions de loi, dans un calendrier législatif
chargé, sont amenées à avoir de plus en plus recours
à ce type de travaux plus distancés, plus réflexifs dans
un cadre mieux adapté.
En matière de contrôle, la pratique parlementaire
s'est peu à peu, modifiée au fil des ans. On l'a vu, le recours
à des commissions d'enquête, même si il est encore
aujourd'hui largement soumis au fait majoritaire tend à se
développer significativement et ces procédures permettent
désormais débats et investigations au sein desquels la
minorité parlementaire a su trouver sa place. Si la constitution des
commissions d'enquête est encore largement disciplinée pour
éviter de mettre en difficulté le gouvernement en exercice, les
parlementaires, qu'ils appartiennent à la majorité ou à
l'opposition, ont trouvé des moyens détournés pour
parvenir à se donner les moyens de leurs prérogatives. Ainsi, la
multiplication de création de missions d'information sur des sujets qui
auraient pu faire l'objet d'une commission
d'enquête est facilement quantifiable au sein de
l'Assemblée nationale. Certes, les pouvoirs donnés à ces
deux procédures parlementaires sont inégaux même si on peut
considérer qu'aux pouvoirs de contrainte des commissions d'enquête
peuvent rivaliser ceux de la durée des travaux et des investigations
menées par les missions d'information. Une harmonisation des instruments
de contrôle et de leurs prérogatives voire leur
constitutionnalisation, conjuguée avec un mode de création moins
soumis au fait majoritaire et à l'appréciation en
opportunité et plus accessible à la minorité
parlementaire, est peut-être nécessaire.
Parallèlement, les parlementaires ont su, en dehors des
rapports habituels des commissions permanentes, par le biais des missions
d'information, se doter d'un outil performant d'information. Moins soumise
à la volonté de l'exécutif que peut être la
procédure des « parlementaires en mission », nommés par
le Gouvernement pour rendre un rapport thématique sur un sujet
donné, la mission d'information permet un travail sur des thèmes
déterminés par les commissions permanentes, dans un cadre
pluraliste et autonome. Ainsi l'élaboration, dans le cadre de certaines
missions d'informations, de simples recommandations ou de propositions de
législations nouvelles leur permet de mener parallèlement un
travail d'expertise dans un domaine et une procédure d'arbitrage en
amont de la discussion délibérative renforçant bien
souvent la capacité d'initiative législative des
parlementaires.
Mais pour mener à bien les objectifs que les
parlementaires souhaitent atteindre, de mieux contrôler, mieux être
informés pour informer à leur tour, mieux légiférer
et être plus à l'initiative des lois, le temps manque. Car, si la
multiplicité des structures, des rapports, des travaux parlementaires
montre, s'il fallait s'en convaincre, que le Parlement travaille, elle pose la
question des conditions de ce travail et, de fait, ouvre (au-delà de la
nécessité d'une meilleure répartition du temps
parlementaire entre fonction législative et fonction de contrôle)
une réflexion sur la question de l'instauration du mandat unique pour
les députés.
Volonté d'ouverture d'une institution sur la
société, manière de faire vivre le pluralisme au sein des
assemblées, nouvelles formes de représentation, revalorisation du
travail parlementaire, l'étude des commissions d'enquête et
missions d'information parlementaire permet d'aborder plus
généralement la manière dont le Parlement aborde sa propre
pratique démocratique. Car la multiplication, depuis leur
création en 1990, des travaux des missions d'information parlementaire
révèle toutes les facettes de l'essor d'une procédure dont
les parlementaires se saisissent aussi comme un nouvel instrument
démocratique face à des électeurs devenus, comme le
souligne Pierre Rosanvallon, <<plus << stratèges », se
comportant en consommateurs politiques ou en juges circonstanciels des
personnes, et se reconnaissant de moins en moins dans des idéologies ou
des forces politiques
organisées161 ». Le
développement des nouveaux mouvements sociaux comme vecteurs principaux
de la défiance et la multiplication du nombre d'activités
sociales et civiques auxquelles les citoyens participent, en dehors de
l'élection, et, de fait, la multiplication des formes d'expression de la
société civile en général ont amené les
parlementaires à chercher des voies nouvelles à leur fonction de
représentation. L'organisation de la démocratisation de ces
formes de travail parlementaire par la publicité nouvelle qui leur est
donnée combinée avec la multiplication des lieux d'écoute,
de débat et de dialogues deviennent gage de l'attention portée
par les parlementaires aux préoccupations de leurs électeurs et
symbole de leur souhait d'être un maillon démocratique essentiel
dans un cadre général où les compétences
institutionnelles s'avèrent de plus en plus éclatées.
La prise en compte, par les parlementaires, de la demande de
transparence des citoyens, leur capacité à se saisir de choix de
thèmes de travail sur lesquels l'opinion attend des réponses,
leur souhait de créer des cadres de réflexion commune, leur
volonté par la formulation de propositions nouvelles de multiplier leur
capacité d'initiative législative, l'ouverture de leurs travaux
en évitant l'écueil, à ce jour, de faire de
l'enquête ou de la recherche d'information un spectacle, ont sans
conteste permis aux commissions d'enquête et missions d'information de
devenir des outils
161 Pierre Rosanvallon, Le peuple introuvable,
Gallimard, 1998, p.418.
de revalorisation du travail parlementaire et à la
démocratie représentative de trouver un nouveau souffle.
Table des annexes:
Annexe 1 : Les législatures de la Ve
République (p.85)
Annexe 2 : Les Présidents de
l'Assemblée nationale sous la Ve République (p.86) Annexe
3 : Les gouvernements de la Ve République (p.87)
Annexe 4 : Article 6 (relatif aux Commissions
d'enquête) de l'ordonnance du 17 novembre 1958 relative au fonctionnement
des assemblées parlementaires (p.88)
Annexe 5 : Extraits de l'introduction, par
Jean-Louis Debré, du rapport n°1275 du 4 décembre 2003 de la
mission d'information « sur la question du port des signes religieux
à l'école (p.91)
Annexe 6 : Liste des Commissions d'enquête
et de contrôle depuis 1958 (p.93)
Annexe 1 : Les législatures de la Ve
République.
Première législature
|
9 décembre 1958 - 9 octobre 1962
|
Deuxième législature
|
6 décembre 1962 - 2 avril 1967
|
Troisième législature
|
3 avril 1967 - 30 mai 1968
|
Quatrième législature
|
11 juillet 1968 - 1er avril 1973
|
Cinquième législature
|
2 avril 1973 - 2 avril 1978
|
Sixième législature
|
3 avril 1978 - 22 mai 1981
|
Septième législature
|
2 juillet 1981 - 1er avril 1986
|
Huitième législature
|
2 avril 1986 - 14 mai 1988
|
Neuvième législature
|
23 juin 1988 - 1er avril 1993
|
Dixième législature
|
2 avril 1993 - 21 avril 1997
|
Onzième législature
|
12 juin 1997 - 18 juin 2002
|
Douzième législature
|
19 juin 2002 - ....
|
Annexe 2 : Les Présidents de l'Assemblée
nationale sous la Ve République.
1958 - 1969 : Jacques CHABAN-DELMAS 1969 - 1973 : Achille
PERETTI
1973 - 1978 : Edgar FAURE
1978 - 1981 : Jacques CHABAN-DELMAS 1981 - 1986 : Louis MERMAZ
1986 - 1988 : Jacques CHABAN-DELMAS 1988 - 1992 : Laurent
FABIUS
1992 - 1993 : Henri EMMANUELLI 1993 - 1997 : Philippe SEGUIN
1997 - 2000 : Laurent FABIUS
2000 - 2002 : Raymond FORNI
2002 - ... : Jean-Louis DEBRE
Annexe 3 : Les gouvernements de la Ve
République.
Source: Pierre Pactet - Ferdinand Mélin-Soucramanien,
Droit constitutionnel, 25e édition, 2006, p.453.
Annexe 4 : Article 6 relatif aux commissions
d'enquête de l'Ordonnance n° 58-1100 du 17 novembre 1958 relative au
fonctionnement des assemblées parlementaires.
1) texte initial, JORF du 18 novembre 1958, p.10335
:
Art. 6. - Outre les commissions
mentionnées à l'article 43 de la Constitution, seules peuvent
être éventuellement créées au sein de chaque
assemblée parlementaire des commissions d'enquête ou des
commissions de contrôle ; les dispositions ci-dessous leur sont
applicables.
Les commissions d'enquête sont formées pour
recueillir des faits déterminés et soumettre leurs conclusions
à l'assemblée qui les a créées. Il ne peut
être créé de commissions d'enquête lorsque les faits
ont donné lieu à des poursuites judiciaires et aussi longtemps
que ces poursuites sont en cours. Si une commission a déjà
été créée, sa mission prend fin dès
l'ouverture d'une information judiciaire relative aux faits qui ont
motivé sa création.
Les commissions de contrôle sont formées pour
examiner la gestion administrative, financière ou technique de services
publics ou d'entreprises nationales en vue d'informer l'assemblée qui
les a créées du résultat de leur examen.
Les membres des commissions d'enquête et des commissions
de contrôle sont désignés au scrutin majoritaire.
Les commissions d'enquête et les commissions de
contrôle ont un caractère temporaire. Leur mission prend fin par
le dépôt de leur rapport et au plus tard à l'expiration
d'un délai de quatre mois à compter de la date d'adoption de la
résolution qui les a créées. Elles ne peuvent être
reconstituées avec le même objet avant l'expiration d'un
délai de douze mois à compter de la fin de leur mission.
Tous les membres des commissions d'enquête et de
contrôle ainsi que ceux qui, à un titre quelconque, assistent ou
participent à leurs travaux sont tenus au secret. Toute infraction
à cette disposition sera unie des peines prévues à
l'article 378 du code pénal.
L'assemblée intéressée peut seule sur
proposition de son président ou de la commission décider par un
vote spécial la publication de tout ou partie du rapport d'une
commission d'enquête ou de contrôle.
Seront punis des peines de l'article 378 du code pénal,
ceux qui publieront une information relative aux travaux, aux
délibérations, aux actes ou aux rapports non publiés des
commissions d'enquête ou de contrôle.
2) texte en vigueur :
Art. 6. - I. - Outre les commissions
mentionnées à l'article 43 de la Constitution, seules peuvent
être éventuellement créées au sein de chaque
assemblée parlementaire des commissions d'enquête ; les
dispositions ci-dessous leur sont applicables.
Les commissions d'enquête sont formées pour
recueillir des éléments d'information soit sur des faits
déterminés, soit sur la gestion des services publics ou des
entreprises nationales, en vue de soumettre leurs conclusions à
l'assemblée qui les a créées.
Il ne peut être créé de commission
d'enquête sur des faits ayant donné lieu à des poursuites
judiciaires et aussi longtemps que ces poursuites sont en cours. Si une
commission a déjà été créée, sa
mission prend fin dès l'ouverture d'une information judiciaire relative
aux faits sur lesquels elle est chargée d'enquêter.
Les membres des commissions d'enquête sont
désignés de façon à y assurer une
représentation proportionnelle des groupes politiques.
Les commissions d'enquête ont un caractère
temporaire. Leur mission prend fin par le dépôt de leur rapport
et, au plus tard, à l'expiration d'un délai de six mois à
compter de la date de l'adoption de la résolution qui les a
créées. Elles ne peuvent être reconstituées avec le
même objet avant l'expiration d'un délai de douze mois à
compter de la fin de leur mission.
II. - Les articles L. 132-4 et L. 135-5 du code des
juridictions financières sont applicables aux commissions
d'enquête dans les mêmes conditions qu'aux commissions des
finances.
Les rapporteurs des commissions d'enquête exercent leur
mission sur pièces et sur place. Tous les renseignements de nature
à faciliter cette mission doivent leur être fournis. Ils sont
habilités à se faire communiquer tous documents de service,
à l'exception de ceux revêtant un caractère secret et
concernant la défense nationale, les affaires étrangères,
la sécurité intérieure ou extérieure de l'Etat, et
sous réserve du respect du principe de la séparation de
l'autorité judiciaire et des autres pouvoirs.
de la force publique, à la requête du
président de la commission. A l'exception des mineurs de seize ans, elle
est entendue sous serment. Elle est, en outre, tenue de déposer, sous
réserve des dispositions des articles 226-13 et 226-14 du code
pénal.
III. - La personne qui ne comparaît pas ou refuse de
déposer ou de prêter serment devant une commission d'enquête
est passible d'un emprisonnement de deux ans et d'une amende de 50 000 F.
Le refus de communiquer les documents visés au
deuxième alinéa du II est passible des mêmes peines.
Dans les cas visés aux deux précédents
alinéas, le tribunal peut en outre prononcer l'interdiction, en tout ou
partie, de l'exercice des droits civiques mentionnés à l'article
131-26 du code pénal, pour une durée maximale de deux ans
à compter du jour où la personne condamnée a subi sa peine
.
En cas de faux témoignage ou de subornation de
témoin, les dispositions des articles 434-13, 434-14 et 434-15 du code
pénal sont respectivement applicables.
Les poursuites prévues au présent article sont
exercées à la requête du président de la commission
ou, lorsque le rapport de la commission a été publié,
à la requête du Bureau de l'assemblée
intéressée.
IV. - Les auditions auxquelles procèdent les
commissions d'enquête sont publiques. Les commissions organisent cette
publicité par les moyens de leur choix. Toutefois, elles peuvent
décider l'application du secret; dans ce cas, les dispositions du
dernier alinéa du présent article sont applicables.
L'assemblée intéressée peut
décider, par un vote spécial, et après s'être
constituée en comité secret, de ne pas autoriser la publication
de tout ou partie du rapport d'une commission d'enquête.
Sera punie des peines prévues à l'article 226-13
du code pénal toute personne qui, dans un délai de trente ans,
divulguera ou publiera une information relative aux travaux non publics d'une
commission d'enquête, sauf si le rapport publié à la fin
des travaux de la commission a fait état de cette information.
Annexe 5 : Extraits de l'introduction, par Jean-Louis
Debré, du rapport n°1275 du 4 décembre 2003 de la mission
d'information « sur la question du port des signes religieux à
l'école :
« La mission d'information parlementaire sur la question
des signes religieux à l'école a été
créée par la Conférence des présidents de
l'Assemblée nationale le 27 mai 2003 et installée le 4 juin
2003.
Elle est la première illustration de la modification du
Règlement de l'Assemblée nationale votée le 26 mars 2003
qui permet désormais au Président de l'Assemblée de
prendre l'initiative de constituer des missions d'information sur des sujets
intéressant l'ensemble de la nation, d'y réfléchir et de
formuler des propositions dans un cadre plus solennel que celui des
traditionnelles missions d'information des commissions.
La réflexion sur la question du port de signes
religieux à l'école s'est imposée à la suite des
difficultés récurrentes rencontrées par l'institution
scolaire depuis 1989 qui semblent s'amplifier depuis quelques temps au point de
susciter des interrogations sur une éventuelle mise en cause du principe
de laïcité à l'école.
(...) Pour mener cette réflexion, la mission a
souhaité entendre le plus grand nombre de personnes en
privilégiant celles et ceux qui, quotidiennement, sont
confrontés, sur le terrain, à des situations parfois difficiles,
tout en recueillant également les opinions des administrations centrales
et de leurs ministres, celles des juristes, des organisations
représentatives, des représentants des cultes ainsi que des
spécialistes des questions religieuses et des grands courants de
pensées.
C'est ainsi qu'en 26 séances et 37 auditions et tables
rondes, nous aurons entendu plus de 120 personnes.
Par ailleurs, le forum d'expression mis en ligne le mercredi
22 octobre sur le site internet de l'Assemblée nationale a recueilli en
6 semaines plus de 2 200 messages témoignant du véritable
intérêt de la population pour cette question (cf. annexe 2). Il
faut aussi mentionner les nombreux courriers et contributions écrites
adressés à la mission par lesquels nos concitoyens ont
souhaité faire part de leur expérience et exprimer leur souhait
de participer au débat.
De l'ensemble de ces messages, contributions écrites et
courriers, et surtout des auditions auxquelles nous avons procédé
et des échanges qui les ont accompagnés, il résulte un
certain nombre de constats et une volonté d'agir unanimement
partagés (...).
Et pourtant, la situation actuelle est tellement sensible et
juridiquement complexe,
que le législateur, celui-là
même qui, sur une question aussi fondamentale que
celle de la laïcité, s'est tout au long du
XIXème siècle et du début du XXème siècle,
montré extrêmement offensif, est aujourd'hui acculé
à une position défensive; certains d'entre nous hésitent
à faire la loi, à dire le droit.
A titre tout à fait personnel, je considère que
cette position est inquiétante. La République n'a pas à
s'excuser d'être elle-même. Le Parlement n'a pas à se
justifier de légiférer.
Aujourd'hui, la réponse au problème auquel nous
sommes confrontés me semble être essentiellement politique.
La médiatisation de tous les incidents qui surviennent
dans les établissements scolaires, les prises de position publiques des
différentes parties prenantes obligent le législateur à
prendre position et à agir. Faute de quoi, son silence, ses
hésitations, ses divisions seront interprétés par une
large part de l'opinion comme un aveu de faiblesse, un signe d'impuissance, qui
ne fera qu'accentuer l'attractivité des thèses extrémistes
et les dérives communautaristes.
Dans ce but, la mission propose d'introduire une disposition
législative, brève, simple, claire, le moins possible sujette
à interprétation, posant le principe de l'interdiction du port
visible de tout signe religieux et politique dans l'enceinte des
établissements publics d'éducation. »
Annexe 6 : liste des commissions de contrôle et
d'enquête sous la Ve République.
Source : Assemblée nationale.
Objet
|
N° de rapports
|
Date de création Date de fin
|
Président
|
Rapporteur
|
Ire législature
Commission de contrôle ayant pour objet l'Union
générale cinématographique en ce qui concerne
exclusivement ses rapports avec ses filiales et les filiales de ses filiales
|
1088-1700
|
11 décembre 1961-20 mars 1962
|
M. Paul Coste- Floret (Républicains populaires
et du centre démocratique)
|
M. Edouard Pezé (UNR)
|
IVe législature
Commission d'enquête sur le fonctionnement des
sociétés civiles de placement immobilier et sur leurs rapports
avec le pouvoir politique
|
1974-2290
|
10 décembre 1971-10 avril 1972
|
M. Claude
Gerbet (Républicains Indépendants)
|
M. François Le Douarec (UDR)
|
Commission de contrôle de la gestion de l'Office de
Radiodiffusion Télévision Française
|
2291
|
20 décembre 1971-20 avril 1972
|
M.
Alain Griotteray (Républicains Indépendants)
|
M. Joël Le Tac (UDR)
|
Ve législature
Commission de contrôle de la gestion du service du
téléphone
|
355 - 1071
|
29 octobre 1973- 28 février 1974
|
M. Gérard
Ducray (Républicains Indépendants)
|
M. Roger Corrèze (UDR)
|
Commission de contrôle sur la gestion financière de
l'O.R.T.F.
|
722 - 1072
|
14 décembre 1973- 4 avril 1974
|
M. Robert André- Vivien (UDR)
|
M. Roger Chinaud (Républicains
Indépendants)
|
Commission d'enquête sur la pollution du littoral
méditerranéen et sur les mesures à mettre en oeuvre pour
la combattre et assurer la défense de la nature
|
523 - 1273
|
27 juin 1974- 25 octobre 1974
|
M. Jean
Briane (Réformateurs Démocrates Sociaux)
|
M. Marc Bécam (UDR)
|
Commission d'enquête sur la situation de l'énergie
en France
|
808 - 1275
|
27 juin 1974-29 octobre 1974
|
M. Maurice Plantier (UDR)
|
M. Claude Coulais (Républicains
Indépendants)
|
Commission d'enquête sur les conditions commerciales,
financières et fiscales dans lesquelles les sociétés
pétrolières opérant en France approvisionnent le
marché français et y assurent la distribution des
différents produits pétroliers, et sur leurs rapports avec
l'Etat
|
933 - 1280
|
27 juin 1974-29 octobre 1974
|
M. Bertrand
Denis (Républicains Indépendants)
|
M. Julien Schvartz (UDR)
|
Commission d'enquête ayant pour objet de déterminer
avec précision les pratiques dans les circuits intérieurs de
commercialisation des viandes, les problèmes posés par les
importations et les exportations des viandes, les problèmes posés
par les importations des oeufs et poulets et enfin les rapports entre les
circuits intérieurs et les circuits extérieurs des viandes, ainsi
que les interventions de l'Etat
|
1168 - 1553
|
18 octobre 1974- 2 avril 1975
|
M. Bertrand
Denis (Républicains Indépendants)
|
M. Charles Bignon (UDR)
|
Commission d'enquête chargée d'examiner les
conditions de délivrance de certaines autorisations de démolir et
de construire dans les secteurs sauvegardés de la ville de Paris
|
754 - 1566
|
18 octobre 1974- 2 avril 1975
|
M. Edouard Frédéric-Dupont (Républicains
Indépendants))
|
M. Pierre Bourson (Républicains
Indépendants)
|
Commission d'enquête sur l'utilisation des fonds publics
alloués aux entreprises privées ou publiques de construction
aéronautique
|
2522 - 2815
|
3 novembre 1976- 2 avril 1977
|
M. Roger Partrat (Union centriste)
|
M. Jacques Limouzy (UDR)
|
Commission d'enquête chargée d'examiner les
conditions dans lesquelles ont lieu les importations « sauvages » de
diverses catégories de marchandises
|
2757 - 3230
|
18 mai 1977-18 novembre 1977
|
M. Roland
Boudet (Réformateurs Démocrates Sociaux)
|
M. Jacques Limouzy (UDR)
|
VIe législature
Commission d'enquête créée à la suite
du naufrage d'un navire pétrolier sur les côtes de Bretagne le 16
mars 1978 (Amoco-Cadiz)
|
5-144-665
|
11 novembre 1978-11 mai 1979
|
M. Guy Guermeur (RPR)
|
M. Henri Baudouin (UDF)
|
Commission de contrôle sur la gestion de la
sécurité sociale
|
72-729- 1179
|
20 décembre 1978-20 juin 1979
|
M. Bernard Pons (RPR)
|
M. Pierre Bourson (UDF)
|
Commission d'enquête sur la situation de l'emploi et le
chômage
|
900-902- 1180
|
17 mars 1979-
21 juin 1979
|
M. André Rossinot (UDF)
|
M. Philippe Séguin (RPR)
|
Commission d'enquête sur les conditions de l'information
publique
|
901-903- 1289
|
15 mars 1979-15 septembre 1979
|
M. Marc Lauriol (RPR)
|
M. Claude Martin (RPR)
|
Commission d'enquête chargée d'examiner les
problèmes de l'industrie textile et les moyens à mettre en oeuvre
pour les résoudre
|
1935- 2027-2254
|
16 décembre 1980 - 17 mars 1981
|
M. Jean-Marie Caro (UDF)
|
M. Philippe Séguin (RPR)
|
Commission d'enquête sur les incendies de forêts dans
la région méditerranéenne
|
1281 1303- 1389-1740
|
18 décembre 1979 - 28 mai 1980
|
M. Pierre Pasquini (RPR)
|
M. Jean-Claude Gaudin (UDF)
|
Commission d'enquête sur la langue française
|
1916- 2058-2311
|
10 décembre 1980 - 14 mai 1981
|
M. Xavier Deniau (RPR)
|
M. Pascal Clément (UDF)
|
VIIe législature
Commission d'enquête sur la situation de l'agriculture et
de l'économie rurale dans les zones de montagne et
défavorisées
|
248-757
|
6 octobre 1981- 6 avril 1982
|
M. René Souchon (Socialiste)
|
M. Louis Besson (Socialiste)
|
|
|
|
M. Alain
|
|
Commission d'enquête sur les activités du service
|
238-402-
|
17 décembre
|
Hautecoeur
|
M. Louis Odru (Communiste)
|
d'action civique (S.A.C.)
|
955
|
1981-17juin 1982
|
(Socialiste)
|
|
Commission d'enquête chargée d'examiner les
conditions dans lesquelles des fonds ont pu être
|
1946-
|
16 mai 1984 -
|
M. Jean-Pierre
|
|
affectés depuis 1976 à une « invention
|
1964-
|
14 novembre
|
|
M. Parfait Jans (Communiste)
|
scientifique susceptible de bouleverser la recherche
pétrolière »
|
1987-2418
|
1984
|
Michel (Socialiste)
|
|
VIIIe législature
Commission d'enquête relative aux événements
de novembre et décembre 1986
|
525-526- 529-531- 566-850
|
17 décembre 1986 - 16 juin 1987
|
M. Pascal Clément (UDF)
|
M. Emmanuel Aubert (RPR)
|
IXe législature
Commission d'enquête sur les conditions dans lesquelles ont
été effectuées des opérations de privatisation
d'entreprises ou de banques appartenant au secteur public depuis le
6/08/1986
|
533-534- 537-629- 969
|
28 avril 1989-28 octobre 1989
|
M. Raymond Forni (Socialiste)
|
M. Raymond Douyère (Socialiste)
|
Commission de contrôle sur la gestion du Fonds d'Action
Sociale
|
1126- 1300-1718
|
23 mai 1990 - 20 novembre 1990
|
M. Jean-Marie Le Guen (Socialiste)
|
M. Philippe Sanmarco (Socialiste)
|
Commission d'enquête sur la pollution de l'eau et la
politique nationale d'aménagement des ressources hydrauliques
|
1185- 1342-1762
|
23 mai 1990 - 23 novembre 1990
|
M. Guy Malandain (Socialiste)
|
M. Gilbert Millet (Communiste)
|
Commission d'enquête relative au
fonctionnement du marché de la viande ovine et bovine
|
1582- 1591- 1624-1950
|
5 octobre 1990- 5 avril 1991
|
M. Gaston Rimareix (Socialiste)
|
M. Martin Malvy (Socialiste)
|
Commission de contrôle sur le fonctionnement et le devenir
des premiers cycles universitaires
|
1050- 1299-2339
|
14 mai 1991 -
13 novembre 1991
|
M. Yves Fréville (UDF)
|
M. Jean Giovannelli (Socialiste)
|
Commission d'enquête sur le financement des partis
politiques et des campagnes électorales sous la Ve République
|
2013- 2023-2348
|
14 mai 1991 - 14 novembre 1991
|
M. Pierre Mazeaud (RPR)
|
M. Jean le Garrec (Socialiste)
|
Commission d'enquête chargée d'étudier la
situation actuelle et les perspectives de l'industrie automobile
française
|
2252- 2253- 2333-2791
|
13 décembre 1991 - 13 juin 1992
|
M. Jacques Masdeu-Arus (RPR)
|
M. Guy Bêche (Socialiste)
|
Commission d'enquête sur la situation depuis dix ans et les
perspectives de la presse et de l'audiovisuel
|
2539- 2629-3109
|
5 juin 1992-5 décembre 1992
|
M. Michel Péricard (RPR)
|
M. Bernard Schreiner (Socialiste)
|
Commission d'enquête sur l'aménagement de la
Loire, le maintien de son débit, la protection de son environnement
|
2498- 2695-3134
|
6 juin 1992 - 11 décembre 1992
|
M. Jean-Michel Testu (Socialiste)
|
M. Edouard Landrain (UDC)
|
Commission d'enquête sur les tentatives de
pénétration de la Mafia en France
|
2740- 2752- 2951-3251
|
29 octobre 1992 - 28 janvier 1993
|
M. François d'Aubert (UDF)
|
M. Bernard Gallet (Socialiste)
|
Commission d'enquête sur l'état des connaissances
scientifiques et les actions menées à l'égard de la
transmission du sida au cours des dix dernières années en France
et à l'étranger
|
3030- 3044-3252
|
20 novembre 1992-5 février 1993
|
M. Bernard Derosier (Socialiste)
|
M. Jean-Yves le Déaut (Socialiste)
|
Xe législature
Commission d'enquête sur les délocalisations
à l'étranger d'activités économiques
|
223-322- 781
|
18 juin 1993 - 1er décembre 1993
|
M. Franck Borotra (UDF)
|
M. Georges Chavanes (UDF)
|
Commission d'enquête sur l'utilisation des fonds
affectés à la formation professionnelle
|
551-706- 1241
|
19 novembre 1993 - 18 mai 1994
|
M. Jean Ueberschlag (RPR)
|
M. Claude Goasguen (UDF)
|
Commission d'enquête sur la situation de la S.N.C.F.
|
839-866- 1381
|
20 décembre 1993 - 15 juin 1994
|
M. Henri Cuq (RPR)
|
M. François d'Aubert (UDF)
|
Commission d'enquête sur la situation du Crédit
lyonnais
|
1060- 1065- 1146-1480
|
28 avril 1994 - 5 juillet 1994
|
M. Philippe Séguin (RPR)
|
M. François d'Aubert (UDF)
|
Commission d'enquête sur les causes des inondations et les
moyens d'y remédier
|
717-925- 966-1641
|
5 mai 1994 - 4 novembre 1994
|
M. Philippe Mathot (UDF)
|
M. Thierry Mariani (RPR)
|
Commission d'enquête sur les sectes
|
1768- 2091-2468
|
29 juin 1995 - 22 décembre 1995
|
M. Alain Gest (UDF)
|
M. Jacques Guyard (Socialiste)
|
Commission d'enquête sur l'immigration
|
2163-
|
11 octobre 1995 -
|
M. Jean-Pierre
|
Mme Suzanne Sauvaigo
|
clandestine et le séjour irrégulier
d'étrangers en
|
2183-2699
|
5 avril 1996
|
Philibert (UDF)
|
(RPR)
|
France
|
|
|
|
|
Commission d'enquête sur les aides à l'emploi
|
2570- 2642-2943
|
19 mars 1996 - 25 juin 1996
|
M. Michel Péricard (RPR)
|
M. Hervé Novelli (UDF)
|
XIe législature
Commission d'enquête sur l'état des droits de
l'enfant en France, notamment au regard des conditions de vie des mineurs et de
leur place dans la cité
|
511-871
|
8 janvier 1998 - 5 mai 1998
|
M. Laurent Fabius (Socialiste)
|
M. Jean-Paul Bret (Socialiste)
|
Commission d'enquête sur l'activité et le
fonctionnement des tribunaux de commerce
|
1038
|
13 janvier 1998 -
2 juillet 1998
|
M. François Colcombet (Socialiste)
|
M. Arnaud Montebourg (Socialiste)
|
Commission d'enquête sur l'utilisation des
fonds publics et la gestion des services publics en Corse
|
695-1077
|
3 mars 1998 - 3 septembre 1998
|
M. Jean Glavany (Socialiste)
|
M. Christian Paul (Socialiste)
|
Commission d'enquête sur Superphénix et la
filière des réacteurs à neutrons rapides
|
1018
|
10 avril 1998 - 25 juin 1998
|
M. Robert Galley (RPR)
|
M. Christian Bataille (Socialiste)
|
Commission d'enquête sur les agissements, l'organisation,
le fonctionnement, les objectifs du groupement de fait dit «
Département protection sécurité » et les soutiens
dont il bénéficierait
|
879-902- 1622
|
9 décembre 1998 - 26 mai 1999
|
M. Guy Hermier (Communiste)
|
M. Bernard Grasset (Socialiste)
|
Commission d'enquête sur certaines pratiques des groupes
nationaux et multinationaux industriels, de services et financiers et leurs
conséquences sur l'emploi et l'aménagement du territoire
|
775-1034- 1667
|
9 décembre 1998 - 2 juin 1999
|
M. Alain Fabre- Pujol (Socialiste)
|
M. Daniel Paul (Communiste)
|
Commission d'enquête sur la situation financière,
patrimoniale et fiscale des sectes, ainsi que sur leurs activités
économiques et leurs relations avec les milieux économiques et
financiers
|
908-1039- 1687
|
15 décembre 1998 - 10 juin 1999
|
M. Jacques Guyard (Socialiste)
|
M. Jean-Pierre Brard (app.Communiste)
|
Commission d'enquête sur le régime étudiant
de sécurité sociale
|
1059- 1100- 1181-1778
|
4 mars 1999 -
6 juillet 1999
|
M. Alain Tourret (RCV)
|
M. Philippe Nauche (Socialiste)
|
Commission d'enquête sur le fonctionnement des forces de
sécurité en Corse
|
1577- 1604-1918
|
19 mai 1999 -
10 novembre 1999
|
M. Raymond Forni (Socialiste)
|
M. Christophe Caresche (Socialiste)
|
Commission d'enquête sur la transparence et la
sécurité sanitaire de la filière alimentaire en France
|
1570- 1681- 1691- 1738-
1772-2297
|
7 octobre 1999 - 29 mars 2000
|
M. Félix Leyzour (Communiste)
|
M. Daniel Chevallier (Socialiste)
|
Commission d'enquête sur sécurité du
transport maritime des produits dangereux ou polluants
|
2037- 2062- 2066- 2070- 2073-
2083-2535
|
20 janvier 2000 -
5 juillet 2000
|
M. Daniel Paul (Communiste)
|
M. Jean-Yves Le Drian (Socialiste)
|
Commission d'enquête sur la situation dans les prisons
françaises
|
437-2521
|
3 février 2000 - 28 juin 2000
|
M. Laurent Fabius (Socialiste) puis M. Louis
Mermaz (Socialiste)
|
M. Jacques Floch (Socialiste)
|
Commission d'enquête sur le recours aux farines animales
dans l'alimentation des animaux d'élevage, la lutte contre
l'encéphalopathie spongiforme bovine et les enseignements de la crise en
termes de pratiques agricoles et de santé publique
|
3138
|
13 décembre 2000 - 13 juin 2001
|
M. François Sauvadet (UDF)
|
M. Michel Vergnier (Socialiste)
|
Commission d'enquête sur les causes, les
conséquences et la prévention des inondations
|
3386
|
17 mai 2001 - 14 novembre 2001
|
M. Robert Galley (RPR)
|
M. Jacques Fleury (Socialiste)
|
Commission d'enquête sur la sûreté des
installations industrielles et des centres de recherche et sur la protection
des personnes et de l'environnement en cas d'accident industriel majeur
|
3559
|
17 octobre 2001 - 29 janvier 2002
|
M. François Loos (UDF)
|
M. Jean-Yves Le Déaut (Socialiste)
|
XIIe législature
Commission d'enquête sur les conditions de la
présence du loup en France et l'exercice du pastoralisme dans les zones
de montagne
|
825
|
5 novembre 2002 - 5 mai 2003
|
M. Christian Estrosi (UMP)
|
M. Daniel Spagnou (UMP)
|
Commission d'enquête sur les causes économiques et
financières de la disparition d'AIR LIB
|
906
|
18 mars 2003 - 18 juin 2003
|
M. Patrick Ollier (UMP)
|
M. Charles de Courson (UDF)
|
Commission d'enquête sur la gestion des entreprises
publiques afin d'améliorer le système de prise de
décision
|
1004
|
29 janvier 2003 - 3 juillet 2003
|
M. Philippe Douste-Blazy (UMP)
|
M. Michel Diefenbacher (UMP)
|
Commission d'enquête sur l'application des mesures
préconisées en matière de sécurité du
transport maritime des produits dangereux ou polluants et l'évaluation
de leur efficacité
|
1018
|
5 février 2003- 10 juillet 2003
|
M. Edouard Landrain (UMP)
|
M. Christophe Priou (UMP)
|
Commission d'enquête sur les conséquences sanitaires
et sociales et de la canicule
|
1455
|
7 octobre 2003-25 février 2004
|
M. Claude Evin (Socialiste)
|
M. François d'Aubert (UMP)
|
Commission d'enquête sur l'évolution de la
fiscalité locale
|
2436
|
15 février 2005 - 5 juillet 2005
|
M. Augustin Bonrepaux (Socialiste)
|
M. Hervé Mariton (UMP)
|
Commission d'enquête chargée de rechercher les
causes des dysfonctionnements de la justice dans l'affaire dite d'Outreau et de
formuler des propositions pour éviter leur renouvellement
|
3125
|
7 décembre 2005 - 6 juin 2006
|
M. André Vallini (Socialiste)
|
M. Philippe Houillon (UMP)
|
Commission d'enquête relative à l'influence des
mouvements à caractère sectaire et aux conséquences de
leurs pratiques sur la santé physique et mentale des mineurs
|
|
28 juin 2006
|
M. Georges Fenech (UMP)
|
M. Philippe Vuilque (Socialiste)
|
Bibliographie :
Marc Abélès, Un ethnologue à
l'Assemblée, Poches Odile Jacob, Paris, 2001.
Michel Ameller et Georges Bergougnous, L'Assemblée
nationale, Paris, PUF, 2000. Philippe Ardant, Institutions politiques
et droit constitutionnel, LGDJ, 2004.
Pierre Avril, Les Français et leur Parlement,
Casterman, 1972.
Pierre Avril - Jean Gicquel, Droit parlementaire, Paris,
Montchrestien, 2004. Jean-Michel Belorgey, Le parlement à
refaire, Gallimard, 1991.
Georges Burdeau, Francis Hamon, Michel Troper, Droit
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Jean-Pierre Camby - Pierre Servent - Le travail parlementaire
sous la cinquième République, Paris, 3e
édition, Montchrestien, 1997.
Dominique Chagnollaud - Jean-Louis Quermonne, La Ve
République 3-Le pouvoir législatif et le système de
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André Chandernagor, Un Parlement pour quoi faire ?
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Bernard Chantebout - Gilles Boiteux, Le contrôle
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Jean-Jacques Chevallier, Guy Carcassone, Olivier Duhamel, La
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Jean Gicquel - Jean-Eric Gicquel, Droit constitutionnel et
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Sous la direction de Gérard Grunberg, Nonna Mayer, Paul
M. Sniderman, La démocratie à l'épreuve. Une nouvelle
approche de l'opinion des Français, Presses de Sciences Po,
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Pascal Jan, Les assemblées parlementaires
françaises, La Documentation française, Paris, 2005.
Bernard Manin, Principes du gouvernement
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Surel, Politique comparée, Les démocraties,
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Eugène Pierre, Traité de droit politique,
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Pierre Pactet - Ferdinand Mélin-Soucramanien, Droit
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Jean-Louis Quermonne - Dominique Chagnollaud, Le gouvernement
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à l'Assemblée nationale sous la Vème
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Jean-Christophe Videlin, La mission d'information
parlementaire, Revue française de droit constitutionnel, n°40,
1999.
Outils
Bibliographie générale des sciences juridiques,
politiques, économiques et sociales de 1800 à 1926, par A.
Grandin, société anonyme du Recueil Sirey, Paris, 1926 et
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Michel Laflandre, Les sources du droit parlementaire sous la
Ve République, Paris, LGDJ, 1996.
Assemblée nationale
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n°1 : l'Assemblée nationale, organisation et
fonctionnements. n°12 : les commissions à l'Assemblée
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