1.2.2. ETAT DES CONNAISSANCES
Plusieurs recherches ont été
réalisées sur la problématique de l?eau à travers
sa mobilisation et sa gestion. La synthèse bibliographique
réalisée dans le cadre de la présente étude se
rapporte aux études consacrées à l?analyse de la
maîtrise de l?eau à des fins agricoles et des nombreuses
potentialités dont regorge la basse vallée de
l?Ouémé.
Pour Cazenave (2006) cité par Vodounou (2002), les
plaines inondables ont été propices à
l?établissement des populations humaines et au développement des
activités économiques, étant donné que la
présence de cours d?eau garantit des sols fertiles, un approvisionnement
en eau et des moyens de transport. Les aléas occasionnés par les
crues et les dégâts liés aux inondations constituent les
problèmes les plus graves pour la production agricole et la
sécurité des populations installées dans ces plaines
inondables. Cazenave a donc montré les potentialités agricoles du
milieu et les conséquences des crues. Toutefois, il n?a pas
abordé leur maîtrise.
Pelissier (1963), indique que les paysans de la basse
vallée de l?Ouémé pratiquent essentiellement les cultures
de décrue sur les déblais des trous à poissons et dans les
dépressions de la plaine d?inondation. Il a montré que ces
cultures profitent de la fertilité des sols enrichis par les alluvions
des hautes eaux du fleuve Ouémé et l?humus du
?matelas?? végétal qui pourrit au moment des basses
eaux. En un mot, Pélissier a montré la richesse de la
vallée. Ses recherches ne l?ont pas amené sur le champ de la
maîtrise de l?eau agricole.
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Oyédé (2000), montre qu?une partie des
sédiments (20.000 à 40.000 tonnes/an) provenant du fleuve
Ouémé se dépose dans la plaine deltaïque et dans les
lagunes, et le reste, après transit, se déverse dans le
Nokoué et la lagune de Porto-Novo.
Parlant des conséquences de la crue, Bossa (2000)
stipule que les hautes eaux précoces suivies quelques fois de
débordements excessifs surprennent les cultures à un stade de non
maturité. Pour lui, les pluies torrentielles sont souvent
néfastes aux exploitations et engendrent des inondations dont les
dégâts sont très importantes : pertes de productions
agricoles, de bétail et d?infrastructures de communication (pistes,
routes).
Sous la direction de la Société de
Développement de la Vallée de l?Ouémé (SADEVO) puis
de la Société Nationale d?Irrigation et des Aménagements
Hydro-agricoles (SONIAH) (SEDAGRI, 1976), d?importants aménagements
hydro-agricoles ont été expérimentés dans la
vallée de l?Ouémé. C?était dans l?objectif de la
production rizicole avec l?installation des premiers essais de la Mission
d?Etudes de l?Ouémé dans la région d?Azowlissè et
de Houèda où des périmètres ont été
aménagés. Sans engrais, les essais mis en place dans les
années soixante dix avaient donné un rendement de cinq (5) tonnes
de riz par hectare avec l?expérience de la SADEVO. Bossa (2000) a
remarqué que nonobstant les grandes aptitudes de la basse vallée
de l?Ouémé à la riziculture, celle-ci a connu un recul
progressif dont les causes sont entre autres l?inexistence d?études
préalables relatives à des aménagements spécifiques
et l?absence des études sociologiques.
Gnitona (2000), s?est intéressé aux
stratégies d?adaptation des paysans aux contraintes hydriques et
climatiques dans le Kutammariku. En effet, il a examiné les pratiques
culturales des paysans sur trois niveaux du système paysagique (plaine,
plateau, versant de colline) face aux contraintes hydriques et climatiques. Ces
pratiques sont entre autres le billonnage cloisonné, les canaux
d?évacuation et de retenue des eaux, les casiers de culture, les cordons
de pierres, les fossés de collecte des eaux pluviales, le dispositif de
nids d?abeilles.
Houessou (1997) cité par Kouhoundji et Agué
(2009), pour sa part, indique que, dans la vallée de
l?Ouémé, ce sont les crues précoces et tardives qui
influencent plus les rendements des cultures. Il avance pour preuve,
l?année 1977 où les fortes précipitations
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ont entrainé des crues et des inondations dans la vallée à
la mi-juin. Cette période correspond au milieu de la campagne agricole
dans la vallée. Ces inondations couplées à une
sécheresse qui sévissait dans la basse vallée ont
entraîné un déficit de production agricole et des
situations de famine.
Igué (2009), dans son rapport sur l?étude des
sols de la basse et moyenne vallées de l?Ouémé, a
montré que les sols de la basse vallée à Sô-Ava sont
perméables à 60 % des cas. Il a effectué des mesures
d?infiltration par la méthode de double cylindre (méthode de
Muntz). Il s?est servi des critères d?évaluation définis
par Kpassi (1984) (Cité par Igué, 2009). Il a ensuite
déterminé les aptitudes culturales des sols en se basant sur
trois grands critères : la topographie, le climat et les
caractéristiques intrinsèques du sol. Sur la base de la vitesse
d?infiltration des sols, il a proposé des méthodes
d?irrigation.
Totin et al. (2004), dans un article paru dans la
revue «Climat et Développement», ont fait des recherches sur
la maîtrise de l?eau dans le bassin supérieur du fleuve
Ouémé. Ils sont arrivés à la conclusion que la
Gestion Intégrée des Ressources en Eau (GIRE) est un atout, sans
oublier les facteurs culturels et socio-anthropologiques. Ils se sont
basés sur des indicateurs pluvio-hydrologiques sans parler des autres
facteurs physiographiques. Mais leur recherche n?a pas fait ressortir les
efforts actuels des paysans pour s?adapter aux contraintes hydrologiques.
Ainsi, les ouvrages analysés dans cette revue de
littérature ont permis de mieux cerner les articulations, les contours
ainsi que la portée du sujet choisi. Aucun de ces ouvrages n?a
abordé de façon précise la question de la maîtrise
de l?eau agricole. Mieux, nous n?avons pas senti la prise en compte
simultanée de tous les facteurs physiographiques entrant dans la
problématique de la maîtrise de l?eau agricole. Toutefois, les
aspects abordés par ces différents auteurs ont permis de
justifier le bien-fondé du thème de l?étude dans son cadre
géographique.
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