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Comportement Asymptotique Des Processus
de Diffusion
Sommaire
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4.1
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Introduction
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85
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4.2
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Equation de Fokker-Planck
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85
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4.3
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Processus de diffusion stationnaires
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95
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4.4
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Classification des processus de diffusion
linéaire
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96
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4.5
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Calculs de l'instant de premier passage
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108
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4.6
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Conclusion
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115
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4.1 Introduction
C
e chapitre est consacré à la présentation
de deux équations fondamentales permettant de d'écrire
l'évolution des lois de probabilités relatives à un
processus de diffusion. Il s'agit
maintenant d'obtenir l'information maximale possible dans un
cadre probabiliste, c'est-à-dire de déterminer les lois de
probabilités elles-mêmes, pour décrire l'évolution
temporelle d'un système hors d'équilibre obéissant
à une dynamique markovienne.
L'équation de Fokker-Planck ou
équation de Kolmogorov progressive est une équation aux
dérivées partielles linéaire que doit satisfaire la
densité de probabilité de transition
p(s,x;t,y) d'un processus de
Markov. A l'origine, une forme simplifiée de cette équation a
permis d'étudier le mouvement brownien (Chapitre 2), équation qui
est assimilable dans ce cas à l'équation de la chaleur. Comme la
plupart des équations aux dérivées partielles, elle ne
donne des solutions explicites que dans des cas bien particuliers portant
à la fois sur la forme de l'équation, sur la forme du domaine
où elle est étudiée. À chaque équation
d'Itô (3.4) est associée une équation de Fokker-Planck
qui décrit l'évolution dynamique de la densité du
processus considéré, ainsi sa distribution stationnaire si il
existe. Ces équations sont étudiés en détail ses
propriétés, méthodes de solutions et simulation dans [18,
21, 25, 35].
À titre d'illustration, ce chapitre se termine par
l'étude et l'analyse statistique de la variable aléatoire
l'instant de premier passage "IPP" ("first passage time" en
anglais). Dans le modèle d'une diffusion en attraction M
ó s=1(Vt) (Chapitre 3 section 3.5.1), le taux
ô(s)
c du polluant qui passe la frontière d'un
voisinage d'une cible est analytiquement étudié pour le cas s
= 1, le deuxième cas de s > 1 est étudier par
simulation [2, 4, 6, 7]. Dans le deuxième modèle de deux
diffusion en attraction (Chapitre 3 section 3.5.2), une étude par
simulation est effectuée pour la
( )
V(1)
densité de probabilité de l'instant de la
première rencontre ô t
,V(2) entre deux insectes.
t
4.2 Équation de Fokker-Planck
À chaque équation d'Itô
dXt = u(t,Xt)dt
+ó(t,Xt)dWt (4.1)
correspond une équation aux dérivées
partielles que vérifie la probabilité de transition
p(s,x;t,y) = p. Cette
équation est appelée équation de Fokker-Planck ou
équation de Kolmogorov progressive, qui est sous cette forme
?p ?t
1?2 (ó2(t,y) ·
p - ?
= ?y (u(t,y) ·
p), (s,x) fixé (4.2)
2 ?y2
Il existe une autre équation vérifiée par la
densité de probabilité p qui est appelée
équation de Kolmogorov rétrograde. Elle porte sur la
variable x de départ
?p ?s
= 2ó2(s,x) ?2
1
(4.3)
?x2 p + u(s,x) ?
?x p, (t,y) fixé
L'équation de Fokker-Planck suppose, comme nous allons
le voir, que le processus est markovien et que le bruit est un processus
gaussien. Elle n'est donc pas valable pour tous les types de bruits.
Sous forme multidimensionnel, l'équation de Fokker-Planck
ne change pas d'allure, elle est donnée par:
où L* est un opérateur connu sous le nom
d'opérateur infinitésimal ou opérateur de Dynkin et prend
la forme suivante, en dimension n :
L = ?
i
|
ui(x) ? + 1 2 ? ói
j(x) ?2 ?xi ?xi?xj
i j
|
Prenons un exemple simple. Supposons un processus de Wiener
standard avec un coefficient de diffusion constant égale à
ó, c'est-à-dire :
dXt = ódWt
L'équation de Fokker-Planck de ce processus est :
?p ?t
(s,x;t,y) = 2ó2 ?2
1 ?x2
p(s,x;t,y) (4.5)
On peut vérifiée facilement que la solution de
cette dernière est une densité gaussienne :
1
p(s,x;t,y) =
( )
-1 (x -
y)2
J exp , t > s et x,y
? R.
ó 2ð(t - s) 2
ó2(t - s)
Ce qui est donnée par l'équation (2.5) (Chapitre
2 section 2.3). Ce résultat est souvent cité dans les livres
récents en finance quantitative. Pour ce qui concerne le cas d'un
mouvement brownien géométrique (Chapitre 2 section 2.8) la
solution de l'équation de Fokker-Planck est la densité lognormale
p(t,S;t',S'). En effet, supposons
le mouvement brownien géométrique pour l'action S :
dSt St
= èdt +ódWt, S0 >
0
alors l'équation de Fokker-Planck est donnée
par:
?p ?t'
1 ?2
= ?S'2
(ó2S02p) - ? ?S0
(èS0p), (t,S) fixé
(4.6)
2
où p définit la densité de
probabilité de transition d'un état à un autre, t
le temps présent et t' le temps futur, S le prix
de l'action au temps présent t et S' le prix de
l'action à une période future. La solution de l'équation
(4.6) est donnée par:
" [log(S/S0) + (è -
(1/2)ó2)(t -t)]2 #
1
p(t,S;t
,S0) = óS'J exp -
2ð(t' -t) 2ó2(t'
-t)
Remarque 4.1 On fait les observations
suivantes.
(1) L'équation de Fokker-Planck est une
équation aux dérivées partielles linéaire, dont la
solution unique sera fixée par la donnée d'une condition initiale
p(x,t0) = p0(x) étant une
fonction donnée à l'avance. D'autre part, la solution doit
être une fonction positive et intégrable, non seulement
localement, mais encore sur tout le domaine accessible à la variable
x. Ces conditions définissent des conditions aux
limites 1 assurant l'appartenance de l'ensemble des solutions
particulières obtenues en tant que modes propres.
(2) L'équation de Fokker-Planck est
déterminée par la fonction de dérive
u(x,t) qui caractérise le déplacement
du mouvement, et la fonction ó(x,t) > 0 qui, elle,
caractérise la diffusion.
(3) L'équation de Fokker-Planck est dite
linéaire2 si :
u(x,t) = a1
+a2x et ó(x,t) = a3
et quasi-linéaire si u(x,t)
est non linéaire et ó(x,t) = a3.
(4) Si l'équation différentielle stochastique est
linéaire, alors la solution de l'équation de Fokker-Planck est
gaussienne.
4.2.1 L'origine de l'équation de Fokker-Planck
Soit Xt un processus de Markov de probabilité
de transition P(x,t +
h|x0,t). On souhaite calculer la
dérivée temporelle de la densité de probabilité
p(x,t + h) de la variable aléatoire
X à l'instant t + h.
fp(x,t + h) =
P(x,t +
h|x0,t)p(x0,t)dx0
a partir des relations
fP(x,t +
h|x0,t) = ä(z -
x)P(z,t +
h|x0,t)dz
et
ä(z-x) =
ä(z-x+x0-x0)
=
|
8
?
n=0
|
(z
-x0)n n!
|
~ ?)n
ä(x - x0)
?x0
|
=
|
8
?
n=0
|
(z
-x0)n n!
|
~ )n
- ? ä(x0 - x) ?x
|
1. Il convient de noter que certaines conditions aux limites
s'expriment physiquement.
2. Le terme linéaire se rapporte ici aux
propriétés de u(x,t) et
ó(x,t). L'équation de Fokker-Planck est, elle,
toujours linéaire pour p.
on établit que
P(x,t
+h|x0,t) =
|
8
?
n=0
|
1 ?
( axy
ä(x0 - x) f (z-
x0)nP(z,t +
h|x0,t)dz
n!
|
en introduisant les moments
Mn(x0,t,h) =
E((Xt+h -Xt)n|Xt =
x0)
= f (y -
x0)nP(y,t
+h|x0,t)dy
on a
P(x,t
+h|x0,t) =
|
8
?
n=0
|
1 ( ? ?x )n
n!
ä(x0 - x)Mn
(x0, t , h )
|
= (1+ = (1+
|
8
?
n=1
8
?
n=1
|
1 ( ?x ) n n!
Mn (x0 , t, h ))
ä(x0 -x)
1 ( ?x) n n!
Mn(x,t,h))
ä(x - x0)
|
Mais en considérant que h est petit, on peut
écrire
p(x,t + h) -
p(x,t) = h?p(x?t
,t) + O(h2)
= f (P(x,t +
h|x0,t) -
1)p(x0,t)dx0
=
8
?
n=1
, , ! ( - ?xy f
ä(x-x0)Mn(x,t,h)p(x0,t)dx0
= to ( ? n!
Mn(x,t,h)
p(x,t)
n=1- ?x)
Et en utilisant un développement de Taylor pour
Mn(x,t,h), on a
d
Mn(x,t,h) = f
(x -
x0)nP(x,t|x0,t)dx+
dh J
1 (x -
x0)nP(x,t|x0,t)dX
h=0h+ O(h2)
= hD(n)(x,t) +
O(h2)
car
P(x,t|x0,t) =
ä(x -x0)
et avec
nD(n)(x,t) dh
= M (x,t ,h)h=0
d'oil
(x t)
p(x,t + h)-
p(x,t) = hapat , '
+O(h2)
=
co
E
n=1
1 ( a )n
D(n)(x,t)p(x,t)
n! ax
On en déduite les équation de
Kramers-Moyal [25]
ap(x,t) at
|
=
|
co
E
n=1
|
n1! ( aa x) n
D(n)
(x,t)p(x,t)
|
(4.7)
|
dont l'équation de Fokker-Planck (4.2) est un cas
particulier de l'équation de Kramers-Moyal (4.7). Lorsque le bruit est
un processus gaussien, comme un bruit blanc, on démontre que les
coefficients de Kramers-Moyal sont nuls pour n = 3,
c'est-à-dire
D(n)(x,t) = 0,
si n = 3
Dans ces conditions, l'équation de Fokker-Planck
s'écrit
avec
|
ap(x,t) at
|
a1 a2 ax
= - D(1)(x" 2 ax2
t)p(x t) + D(2)
(x,t)p(x,t)
|
D(1)(x,t) = lim 1
h?0 h
|
M1(x,t,h) = lim
h?0
|
1 hE(Xt+h -
Xt|Xt = x)
|
et
hE((Xt+h -
Xt)2|Xt = x) 1
M2(x,t,h) = lim
h?0
D(2)(x,t) = lim 1
h?0 h
|