Chapitre 2. Conclusion.
L'ensemble des résultats obtenus permet de
dégager les modalités d'application de cette technique.
L'utilisation de la faune des sols comme indicateur de la fertilité
s'avère être un outil pratique qui facilite la
compréhension des phénomènes observés.
L'objectif initial de cette recherche a été
posé au travers de trois hypothèses.
La première hypothèse qui portait sur le sens de
l'évolution du bilan organique des sols a été
vérifiée. On soulignera cependant que cette amélioration
dépend de la qualité des eaux usées et du type de pratique
culturale.
A la deuxième hypothèse qui supposait que les
eaux usées favorisent le développement animal dans le sol, on
répondra également par l'affirmative en ajoutant que cette
relation dépend de la nature des constituants organiques présents
dans les eaux usées réutilisées.
A la troisième hypothèse qui envisageait que la
faune des sols pouvait être utilisée comme un indicateur de la
fertilité des sols irrigués et que l'adaptation de techniques
culturales à cet indicateur favorise l'amélioration de la
fertilité des sols, la réponse est aussi affirmative. Les
améliorations que l'on peut apporter aux techniques culturales sont
à trouver en premier lieu soit dans le choix d'une culture, soit dans
l'arrêt du sarclage des sols. De ces conditions dépend
l'installation d'un microclimat humide (humidité >50%) qui favorise
l'activité biologique à la surface du sol durant la saison
sèche.
A moyen terme, les eaux usées permettent d'effectuer
des cultures tout au long de l'année, sans risque de destruction des
équilibres biologiques et cela sans apport de fertilisants de
complément. L'expérimentation a permis d'effectuer huit cycles
culturaux en trois ans (de1991 à 1994). La définition à
long terme de l'efficacité de cette pratique est à
vérifier par l'analyse de la migration des éléments
minéraux dans le profil de sol et dans l'évolution des effectifs
des populations animales.
Par la maîtrise des conditions microclimatiques on
améliore les échanges entre l'atmosphère et le sol. Cette
situation favorise le développement d'un cycle biogéochimique
dans lequel les processus d'origine bactérienne sont
contrôlés par une chaîne alimentaire complexe. Le maintien
de l'intégrité de cette chaîne alimentaire dépend de
la qualité biologique et de la composition chimique des eaux
réutilisées.
Le fait d'avoir travaillé en utilisant des indicateurs
biologiques permet d'obtenir une vision plus globale de la fertilité des
sols et de l'action des eaux usées sur l'environnement. La
sensibilité de ce type d'indicateur à la qualité des
apports organiques permet la mise en évidence rapide de l'effet d'un
traitement. Les effectifs des populations animales et leur diversité
établis de façon sommaire sont des outils de mesure pratiques qui
ne nécessitent pas de technologie coûteuse.
L'utilisation d'un référentiel naturel permet de
dissocier les sols mis en culture et labourés, des sols dont
l'écologie a été respectée. Il est ainsi
constaté que le rôle des racines dans l'amélioration du
bilan minéral, en particulier pour le phosphore, est limité.
Le maintien du stock organique dans les sols de ce
référentiel naturel a été indépendant
de l'exportation des résidus végétaux et de la
diminution de sa fertilité chimique. La prise en compte
de de la biomasse animale dans l'analyse des bilans chimiques de
ces sols devrait permettre de lever cette contradiction.
Ce travail ouvre des perspectives nouvelles sur la gestion de la
fertilité des sols tropicaux irrigués et sur les techniques de
mesure et d'évaluation de la qualité des systèmes naturels
d'épuration.
L'objectif fondamental de la recherche est
réalisé avec la démonstration de la validité de la
faune des sols en tant qu'indicateur de la fertilité des sols
irrigués avec des eaux usées en climat tropical sec. On retrouve
le constat dressé par Bachelier (1978) qui attribue à ces sols la
dénomination de sols fauniques en raison de la prédominance des
processus biologiques d'origine animale qui permettent à ces sols
d'assurer leurs fonctions vis-à-vis du processus de production
végétale.
L'objectif appliqué qui était de fournir
rapidement une technique culturale respectant le concept de
développement durable a été atteint dans la mesure
où l'agriculteur n'a pas abandonné la pratique de l'irrigation
par des eaux usées sans utilisation de fertilisant d'appoint.
Les eaux usées respectent les cinq principes de bases de
l'aménagement des sols (Greenland, 1975).
Elles permettent de restaurer la fertilité du sol
après l'exportation des résidus de culture.
Elles favorisent le maintien des propriétés
physiques du sol en stabilisant notamment le taux de substances humiques.
Elles ne sont pas la source de problèmes d'ordre
phytosanitaire. Elles permettent le contrôle de l'acidification des
sols.
Elles ne favorisent pas l'érosion des sols puisqu'elles
autorisent le maintien d'un couvert végétal constant tout en
assurant la pérennité d'activités agricoles.
Ayer, le 31mars
1996.
J.-L. Bungener
|