2. Structure du commerce international
a) Flux commerciaux
L'économie congolaise est extravertie
c'est-à-dire qu'elle est très dépendante de
l'extérieur. Les importations des biens et services représentent
24,42% du PIB en 2005, alors que les exportations n'en représentent que
22,72% (tableau 6), ce qui contribue, dans une large mesure, au renforcement du
caractère structurel du déficit de la balance courante.
Cependant, les dynamiques sectorielles ne sont pas les mêmes (voir
tableau 8). Les produits industriels (dont essentiellement les produits
miniers) sont encore de loin la première source des devises. Sa part
dans les exportations congolaises est de 75,39% et représente 26,9% de
la production totale en 2005. Les services marchands assurent 15,27% des
rentrées de devises. La production collective des APU fournit autour de
8,1% des exportations soit 31,71% de la production totale. Le secteur agricole
ne contribue que très modestement aux exportations
(1,25%). Dans l'ensemble, les exportations ont
représenté 15,25% de la production totale en 2005, contre 84,75%
destinés au marché domestique. Les principales activités
en terme de volume des importations en 2005 sont les industries (78,59%), les
services marchands (15,72%), la production collective des APU (7,05%) et enfin,
l'agriculture (2,55%). La part des importations dans la demande domestique est
de 29,98% pour les produits industriels, 16,28% pour la production collective
des APU, 7,05% pour les services marchands et 2,39% pour les produits agricoles
(voir tableau 11).
TABLEAU 11. STRUCTURE DU COMMERCE INTERNATIONAL EN
2005
|
Elasticités du
|
Droit de
|
Part sectorielle (%)
|
|
commerce ext.
|
douane en %
|
|
Secteurs de production
|
CES
|
CET
|
TIM/IM
|
Mi/M
|
Mi/Qi
|
EXi/EX
|
EXi/XS
|
Agriculture 0,25 0,7 4,1 2,559 2,39 1,249
1,089
Industries 0,51 0,7 13,06 78,597 29,662 75,394
26,989
|
Services
|
0,33
|
0,7
|
0
|
15,721
|
7,051
|
15,217
|
6,446
|
Marchands
|
|
|
|
|
|
|
|
Production collectives des APU
|
3,27
|
0,7
|
0
|
3,122
|
16,275
|
8,141
|
31,71
|
TOTAL
|
-
|
-
|
10,37
|
100
|
16,281
|
100
|
15,25
|
Source : Matrice de la
comptabilité Sociale, MCS RD005
TIM/IM : droits de douane en % des importations
; Mi/M : part sectorielle des importations ;
Mi/Qi : part sectorielle des importations dans
les biens composites
EXi/EX : part sectorielle des exportations ;
EXi/XS : part sectorielle des exportations dans
la production totale
CES : Elasticité de substitution
constante
CET : Elasticité de transformation
constante
b) Barrières douanières
L'approche adoptée pour initialiser le modèle,
dans le cadre de notre travail, ne s'appuie pas sur la grille officielle des
tarifs douaniers tels que fournis par la Direction Générale des
douanes et Accises (DGDA) rapportés à la valeur CAF des
importations pour chaque secteur. Elle prend en compte les éventuels
rabais et autres exemptions44 accordés aux importateurs, ce
qui réduit le taux des droits de douane effectivement collectés.
Avec cette mesure, la RDC réalise des performances faibles, collectant
60,7% des taux
44 Il y a lieu de signaler l'existence
des exemptions particulières, telles que les préférences
commerciales spéciales, à cause des zones franches, des
déficits dans la collecte des droits de douane à cause des
obstacles et difficultés administratives, de la fraude ou de la
corruption.
réglementaires. Selon le FMI45, le manque
à gagner dû aux exonérations pourrait être
supérieur à 1% du PIB. Par ailleurs, une caractéristique
marquante du système fiscal congolais concerne le faible taux de
pression fiscale et les difficultés que les autorités rencontrent
pour mobiliser suffisamment de recettes fiscales afin de financer les
énormes besoins de développement du pays. Les recettes fiscales
n'atteignent pas 10% du PIB en RDC alors qu'elles sont supérieures
à 15% du PIB en moyenne en Afrique Subsaharienne (Rapport FMI, 2007). Vu
le faible taux de pression fiscale et du niveau moyen de revenu par habitant en
RDC, on aurait pu s'attendre à un rôle encore plus important des
taxes sur le commerce international, car plus faciles à collecter. Une
raison de cet apparent paradoxe peut être la porosité des
frontières avec une forte évasion des taxes sur les importations
et les exportations. Ainsi, en se basant sur le tableau 12, on remarque de
fortes disparités selon les secteurs : les droits de douane sont
pratiquement nuls pour les services marchands et les produits collectifs des
APU alors qu'ils sont de 13,06% pour les produits industriels et de 4,1% pour
les produits agricoles. Pour finir, notons que la taxe sur les importations a
contribué à hauteur de 17,68% dans les recettes totales de l'Etat
en 2005.
TABLEAU 12. PARTENAIRES COMMERCIAUX DANS LE
MODÈLE
Région du Monde
|
|
|
|
Pays Membres
|
Marché Commun de
|
l'Afrique
|
Australe
|
et
|
Burundi, Djibouti, Égypte, Érythrée,
Éthiopie, Kenya, Libye, Madagascar,
Malawi, Maurice, Ouganda, République
|
Orientale (COMESA)
|
|
|
|
Démocratique du Congo, Rwanda,
Seychelles, Soudan, Swaziland, Union des
|
|
|
|
|
Comores, Zambie et Zimbabwe.
|
Reste du Monde
|
|
|
|
Tous les Autres Pays non cités ci
dessus
|
Source : source : notre
adaptation à partir de rapport COMESA 2007
En outre, il est important de remarquer que, en 2001-2005, la
COMESA constituait le deuxième partenaire commercial de la RDC
après l'union européenne et la SADC en se basant sur le poids des
transactions commerciales (voir tableau 13). En effet, en moyenne, les
importations en provenance de la zone COMESA représentaient 15% contre
4% pour les exportations. L'Union Européenne est de loin le premier
partenaire commercial : elle fournit près de 42% des importations et
achète plus de 72% des exportations essentiellement les produits
industriels (produits miniers) et la SADC deuxième partenaire commercial
car elle importe 27% en fourniture et achète 3% des exportations.
45 FMI, Réforme de la politique tarifaire
et des taxes indirectes (Mars 2007).
TABLEAU 13. RÉGIONALISATION DU COMMERCE
EXTÉRIEUR DE LA RDC, (EN % DES IMPORTATIONS ET EXPORTATIONS TOTALES),
2001 - 2005 (EN MOYENNE)

Importations en % Exportations en %
CEMAC
3
0,5
SADC
27
3
COMESA 15 4
Union Européenne 42 72
Reste du Monde 13 20,5
Source : Direction of
Trade Statistics, International Monetary Fund
c) Le commerce extérieur
Depuis de nombreuses années, l'économie
congolaise a toujours présenté une balance commerciale
déficitaire : les différentes crises que le pays a
traversé ont affaiblis sa capacité de production, diminuant ainsi
le volume de ses exportations tout en le rendant fortement dépendant des
importations. En effet, comme le montre le tableau 14 ci-dessous, les
exportations de la RDC s'élèvent à millions de CDF 1 242
930 soit 22,7 % du PIB (au prix du marché), alors que les importations
s'élèvent elles à millions de CDF 1 335 889, soit 24,4 % ;
soit un déficit de la balance commerciale de l'ordre de millions de CDF
92 959, soit 1,7 % du PIB.
TABLEAU 14. EXPORTATIONS DE LA RDC (EN MILLIONS DE
CDF)
Agriculture 20331 0,37 34192 0,63

Branches d'activités
Exportations % du PIB (au
prix du marché)
Importations % du PIB (au
prix du marché
Serv Non
|
859420
|
15,71
|
105419
|
1,93
|
Marchand
|
|
|
|
|
Industrie 194012 3,55 933455 17,06
|
Services March
|
68536
|
1,25
|
221111
|
4,04
|
Prod. Coll APU
|
100631
|
1,84
|
41712
|
0,76
|
TOTAL
|
1242930
|
22,72
|
1335889
|
24,42
|
SoLde de La baLance de paiement -
92959
Source : nos calculs
à partir de la MCS de 2005
Quant à la nature des biens importés, le tableau
15 ci-dessous ressort que le gros des importations est constitué des
produits finis qui en représentent 58,70 % ; les biens
intermédiaires et de grande consommation représentent quant
à eux 22,04% ; les biens d'équipement pour l'industrie
représentent 15,31% alors que ceux destinés à
l'Agriculture s'élèvent à peine à 0,46%. Les
matières premières comme les intrants agricoles ne constituent
que, respectivement 3,04 % et 0,44 %. Une fois de plus, l'Agriculture
apparaît comme évoluant pratiquement en autarcie. Cette
ventilation des importations par catégories des biens démontre
que l'économie congolaise est très peu
productive. En effet, la grande partie de ses importations est
constituée des produits finis, alors que les importations des biens
productifs (bien d'équipement et matières premières) ne
représentent que moins de 20%. La situation est plus grave lorsque
l'Agriculture est prise à part : les importations productives en sa
faveur sont inférieures à 5%.
TABLEAU 15. VENTILATION DES IMPORTATIONS SELON LES
CATÉGORIES DES BIENS ( EN % DES OMPORTATIONS)
Catégories des biens % en Importations
Matières premières 3,04
Biens intermédiaire de grande
consommation
|
22,04
|
Produits finis 58,70
Biens d'équipement pour industrie
15,31
Biens d'équipement pour agriculture
0,46
Biens intermédiaires pour agriculture
|
0,44
|
TOTAL
|
100,00
|
Source : Calculs à partir
des données de DGDA
Ce travail traite des effets sur l'économie congolaise
de l'ouverture des frontières au commerce sur l'espace COMESA.
Remarquons que celui-ci n'est pas un partenaire commercial important de la RDC.
En effet, les produits originaires46 des pays membres du COMESA ne
représentent que 6,57 % de l'ensemble des importations. La ventilation
par catégories de biens importés garde la même tendance,
sauf pour les produits finis qui approchent les 10%.47 Ainsi le
COMESA n'est pas encore un partenaire commerciale important de la RDC.
Néanmoins, il peut le devenir très vite étant donné
que 5 de ses membres (Burundi, Rwanda, Ouganda, Soudan, Zambie et Zimbabwe) ont
des frontières communes avec la RDC sur les 9 voisins que cette
dernière compte.
46 La nomenclature de l'OFIDA emploie l' « origine
» pour désigner le pays dans lequel le bien importé a
été produit.
47 Ces chiffres sont, cependant à prendre avec
réserves étant donné l'importance des importations
frauduleuse sur les frontières de la RDC.
TABLEAU 16. ORIGINES DES IMPORTATIONS DE LA
RDC
Matières premières 6,60 93,40

Catégories des biens de la Zone COMESA Origines
des
importations en %
Reste du Monde
Biens intermédiaires de grande
consommation
|
5,70
|
94,30
|
Produits finis 0,70 99,30
|
Biens d'équipement pour industrie 9,90
90,10
Biens d'équipement pour agriculture 2,70
97,30
Intrants agricole 3,00 97,00
Source : Calcules
à partir des données de DGDA
Lorsqu'on observe la situation dans le COMESA (Tableau 18), on
remarque qu'il y a beaucoup de disparités entre les différents
membres. La RDC est son propre grand fournisseur, ceci notamment pour le cas
des réimportations des biens produits sur son territoire. Hormis
elle-même48, le Kenya est son premier partenaire commercial
16,30 % des importations des pays/COMESA, suivi de l'Ouganda, la Zambie, le
Zimbabwe et l'Egypte avec respectivement 14,07 %, 12,90 %, 6,06 %, 2,84 %. Les
autres pays ne couvrent que moins d'1 %.
TABLEAU 17. IMPORTATIONS DE LA RDC ORIGINAIRES DE PAYS
DE COMESA

Pays d'origine
Importation en %
Burundi
|
0,06
|
Congo RD
|
45,85
|
Egypte
|
2,84
|
Kenya
|
16,30
|
Madagascar
|
0,01
|
Îles Maurice
|
0,02
|
Malawi
|
0,07
|
Rwanda
|
0,27
|
Seychelles
|
0,08
|
Soudan
|
0,03
|
Swaziland
|
1,44
|
Ouganda
|
14,07
|
Zambie
|
12,90
|
Zimbabwe
|
6,06
|
Source : données DGDA
d) Les ménages congolais
Les ménages congolais sont représentés dans
notre MCS par 2 ménages représentatifs à savoir : «
les Ménages de ville (MV) et les Ménages
48 La présence de la RDC s'explique pour
des cas de réimportation.
de campagne (MC)». Soulignons que selon plusieurs
enquêtes récentes, la population congolaise vit en majeure partie
en MC, soit 70 % ; et que les populations urbaines sont
généralement mieux loties et moins précaires que les
populations rurales. En effet, les MV perçoivent, en
général, un revenu global nettement supérieur à
celui perçu par les MC. Quelque soit le milieu de résidence, les
revenus du capital sont supérieurs aux revenus du travail, soit
près du triple. En effet, les MV touchent, en millions de CDF, 2 104 177
comme loyers du capital, alors que les revenus du travail
s'élèvent seulement à millions de CDF 651 709, soit un
revenu des facteurs total de millions de CDF 2 755 886. Les MC quant à
eux reçoivent des revenus du capital et du travail de, respectivement en
millions de CDF 990 201 et 306 687, soit un revenu des facteurs total de
millions de CDF 1 296 888. Il ressort que les MV sont de loin plus
favorisés que leurs compatriotes vivant dans les milieux de campagne.
Les ménages congolais ne vivent pas seulement des revenus perçus
des facteurs de production dont ils disposent ; ils reçoivent des
transferts d'autres agents dont le RDM. Les MV reçoivent des autres
Ménages millions de CDF 9 539, tandis que les MC ne reçoivent que
millions de CDF 2 094. Ces chiffres exprimés en pourcentage des revenus
des facteurs s'élèvent pour les MV et MC, respectivement à
0,34 % et 0,16 %. La majeure partie de ces transferts, soit près de 80
%, a été versée par les MV. Les ménages congolais
reçoivent des transferts versés par les Sociétés,
les ISBL, les APU et le RDM, de l'ordre de - exprimés en pourcentage des
revenus des facteurs entre parenthèses -, respectivement pour les MV et
les MC, millions de CDF 461 194 et 217 033 (16 % et 16 %) ; 238 et 93 (moins de
1 % pour les deux) ; 122 167 et 47 509 (4,4 % et 3,6 %) ; 43 784 et 9 611 (1,5
% et 0,7 %). Encore une fois, les MV sont les plus grands
bénéficiaires de toutes les provenances de transferts.
Tous ces chiffres conduisent à un revenu global,
respectivement pour les MV et MC, de millions de CDF 3 392 808 et 1 573 227,
soit une amélioration, par rapport aux revenus des facteurs, de 23 % et
21 %.
Les ménages congolais effectuent aussi des transferts.
Les montants des transferts versés sont légèrement
inférieurs à ceux des transferts reçus, à
l'exception des MC qui versent aux autres ménages plus qu'ils ne
reçoivent d'eux. En effet, les MV et les MC versent globalement aux
autres ménages, respectivement millions de CDF 9 190 et 2 443 ; au RDM 7
343 et 1 952. Les autres dépenses en faveur des Sociétés,
des ISBL et des APU (y compris les impôts sur les revenus)
s'élèvent globalement à millions de CDF 145 042 pour les
MV, et CDF 44 688 pour les MC. Globalement tous ces transferts versés
par les ménages s'élèvent à millions de CDF 154 231
pour les MV et 47 131 pour les MC, soit en pourcentage des revenus globaux 4,5
% et 2,9 %. Ceci confirme que les ménages congolais, de façon
générale, reçoivent plus qu'ils donnent. En ce qui
concerne les consommations finales des ménages, soient les consommations
domestiques, elles s'élèvent à un montant global de CDF 3
142 000 pour les MV, et CDF 1.431.269 pour les MC, soit, respectivement, 93 %
et 91 % des revenus globaux. Quelque le milieu de résidence, la
structure de la consommation se présente globalement de la même
façon. Les trois postes qui dominent cette structure sont les biens de
l'Industrie, de l'Agriculture et ceux des SM avec respectivement 58 %, 25 % et
16 % de la consommation domestique. Le reste est réparti entre les
produits de l'Extraction et des APU. Finalement, les MC se
révèlent être meilleurs épargnants que ceux vivant
en milieu urbain. Ces derniers n'épargnent qu'environ 2,5 % de leurs
revenus globaux, alors qu'en milieu rural cette part atteint près de 7
%.
Après avoir minutieusement présenté
l'économie congolaise à travers la MCS, le chapitre suivant
traite du MEGC Statique calibré sur cette matrice.
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