6. CONCLUSIONS ET
RECOMMANDATIONS
L'objectif principal de cette étude est d'analyser le
système de commercialisation des graines de Voacanga africana
au Bénin afin de ressortir les impacts de l'activité sur la
durabilité de l'espèce. Il en ressort que la chaine de
commercialisation des graines de Voacanga africana est
constituée de cinq catégories d'acteurs à savoir : les
récolteurs, les courtiers, les collecteurs, les grossistes et les
exportateurs. Mais l'étude s'est accentuée sur les quatre
premiers acteurs qui sont présents dans le pays. Trois principaux types
de circuit de commercialisation ont été identifiés : les
circuits à trois (03) intermédiaires, deux (02)
intermédiaires et un (01) intermédiaire.
Il y a plus de femmes (66%) que d'hommes dans la chaine.
L'âge moyen des récolteurs est de 27 ans mais la plus grande
partie de ces récolteurs (59%) ont un âge compris entre 8 et 25
ans. Ce qui montre que les jeunes s'intéressent à cette
activité, car la récolte nécessite beaucoup de temps que
les personnes plus âgées ne sont pas toujours prêtes
à y consacrer et préfèrent donc vaquer à d'autres
occupations, surtout que la période de récolte coïncide
presque avec la petite saison de production agricole dans la zone
d'étude. Aussi, 75% des récolteurs de la tranche d'âge `'8
à 25 ans'' dans la zone d'étude, fréquentent encore.
Ceux-ci profitent de la période des vacances scolaires pour s'adonner
à l'activité.
La majorité des commerçants (93%) ont moins de
50 ans. Nous pouvons remarquer que la majorité des commerçants
(40%) ont un âge compris entre 30 et 40 ans. Ce résultat pourrait
s'expliquer par le fait qu'à cet âge, les commerçants,
femmes et hommes, ont encore la force nécessaire pour sillonner les
villages. Nous constatons également que peu de commerçants (27%)
ont moins de 30 ans ; ceci peut nous amener à penser que les
personnes de jeunes âges préfèrent s'adooner aux
activités de récolte plutôt que celles de
commercialisation.
Tous ces acteurs réalisent une seule fonction : la
fonction d'échange. Les récolteurs enquêtés ont une
ancienneté moyenne de 3,91 ans. En ce qui concerne les
commerçants, l'ancienneté moyenne est de 3,93 ans.
Dans la zone d'étude, les acteurs ne sont pas
organisés en groupements ou en associations. Ce qui fait qu'ils sont peu
informés même mal informés parfois surtout les
récolteurs. Cependant, certains récolteurs (13%) arrivent
individuellement à lier des accords tant avec les courtiers qu'avec la
grossiste. Les accords sont verbaux et basés sur la confiance ; Les
accords qu'il y a entre les acteurs sont caractérisés par une
forme de relation de type contractuel qui est nourri par le paiement à
l'avance et la prise de rendez-vous. Il n'existe pas de contrat écrit
même s'il y a transactions financières. Toutefois, les accords
sont souvent respectés (100% des cas observés) et ceci sans
difficultés majeures.
Environ 9 tonnes de graines ont été
récoltées en 2010 et seulement 3,5 tonnes de graines ont
été exportées. Il en ressort aussi que d'énormes
pertes sont enregistrées le long de la chaine de commercialisation. La
récolte de même que la vente ont chuté
considérablement en 2011, soit de 60,05% par rapport à
l'année 2010.
Les coûts totaux supportés par les
récolteurs sont en moyenne 70,6 F CFA par KG de graines. En ce qui
concerne les commerçants, les coûts supportés sont de
180,77 CFA par KG de graines, de 263,96 CFA par KG de graines et de 323,58 CFA
par KG de graines respectivement pour les courtiers, les collecteurs et la
grossiste. Les prix d'achat sont en moyenne de 175,30 F CFA de KG de graines,
218,28 F CFA par KG de graines et 485,64 F CFA par KG de graines respectivement
pour les courtiers, les collecteurs et la grossiste.
Les prix de vente sont en moyenne de 193,95 par KG de graines,
185,48 F CFA par KG de graines, 434,02 F CFA par KG de graines et de
1 268,46 F CFA par KG de graines respectivement pour les
récolteurs, les courtiers, les collecteurs et la grossiste.
Les marges bénéficiaires sont de 123,34 F CFA
par KG de graines, 4,70 F CFA par KG de graines, 197,07 F CFA par KG de
graines, 647,17 F CFA par KG de graines respectivement pour les
récolteurs, les courtiers, les collecteurs et la grossiste. L'analyse de
variance au niveau des marges bénéficiaires
réalisées révèle qu'il y a une différence
très hautement significative au seuil de 0,01% entre les acteurs.
On note une concentration des richesses
générées au niveau de la grossiste ; ce qui
s'explique par le fait que le marché de graines de V. africana
dans la zone d'étude est un monopsone qui est conduit par la grossiste.
Tous les autres agissent dépendamment d'elles.
Les contraintes qui limitent l'essor de l'activité
sont : la non organisation des acteurs, les obstacles à braver pour
récolter les fruits, le faible niveau des prix de vente des
récolteurs et la non harmonisation des unités de mesure dans la
zone d'étude.
Toutefois, il faut signaler que l'activité semble
impacter positivement la conservation et la durabilité de
l'espèce à travers sa protection par les populations des zones de
récolte car elles y voient une potentielle richesse notamment pour les
femmes et les enfants. Aussi, des récolteurs affirment-ils vouloir
réaliser des plantations de l'espèce mais ils attendent d'abord
de voir l'évolution de l'activité sur quelques années
à venir avant de s'y lancer.
Dans le souci d'améliorer le fonctionnement de la
filière de graines de V. africana, nous formulons quelques
recommandations à la fin de cette étude. Ainsi, nous
suggérons :
· Aux récolteurs
o de créer des groupes afin d'augmenter les
quantités produites et de faire des vente communes et
groupées ; ils pourront augmenter leur pouvoir de
négociation ;
· aux commerçants
o d'harmoniser les unités de mesure et
d'améliorer le prix d'achat à la récolte que les richesses
soient mieux distribuées ; dans le cas contraire, l'activité
risque de disparaitre
· à l'Etat
o d'organiser la filière de graines de V.
africana dans la zone d'étude ;
o de développer une stratégie de conservation
des espèces forestières et de V. africana en particulier
basée sur l'approche `'conserve through use''.
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