II. Les acteurs du secteur
1) Les diffuseurs
a) La presse écrite peu présente
Indéniablement, la presse écrite ne s'est pas
encore réellement investie dans ce domaine. La crise profonde qu'elle
traverse actuellement, l'attente d'un nouveau modèle économique
sur internet qui ne se dessine pas encore, amènent les éditeurs
de presse à être encore bien frileux. Mais parallèlement et
paradoxalement peut-être, ils attendent beaucoup des nouveaux usages et
des nouveaux formats pour qu'émerge un nouveau modèle
économique, notamment grace à l'arrivée des tablettes. Il
faut dire que le lancement de l'iPad cristallise actuellement tous les espoirs.
Quotidiens et magazines sont actuellement nombreux à proposer ou
annoncer des applications nouvelles.
Il est à noter la place singulière du journal Le
Monde qui est actuellement le seul quotidien à s'être mis sur le
créneau du web documentaire. Indéniablement le quotidien a fait
le choix de se positionner sur le secteur, sans nul doute pour ne pas s'en
exclure, et peut être plus pour une question d'image que de valorisation
de ce type de formats, et sans investissement financier réellement
significatif. Néanmoins, il a réussi à être un
acteur visible. Difficile de connaître les montants engagés dans
les contenus. On sait que 2 000 euros ont été engagés pour
« Voyage au bout du charbon », l'un des premiers web documentaires
diffusés par le site du journal. Par contre, le quotidien ne communique
pas de chiffres pour les web documentaires élaborés en interne
qui constituent la majeure partie des contenus du site. Les flux financiers
sont, de fait, plus que réduits. C'est pourquoi d'ailleurs, la presse
écrite n'est pas réellement un interlocuteur pour les
créateurs de web documentaires du type « récit interactif
» en recherche de financement. Ainsi, Samuel Bollendorff pour son web
documentaire sur l'obésité n'a pas pris contact avec son
précédent diffuseur : « Je me suis rendu compte finalement
que pour l'obésité, je n'avais pas essayé de mettre la
presse dans la boucle parce que, de toute façon, ils ne financent pas un
projet comme ça et ils n'ont d'ailleurs toujours pas compris qu'il
fallait qu'ils financent des projets sur le web49 ».
Peu d'argent en circulation donc, mais une recherche manifeste
de contenus nouveaux à mettre en ligne. C'est ainsi que le web
documentaire financé par SFR et intitulé « HomoNumericus
» se retrouve sur le site du Monde.fr. C'est aussi le cas du web
documentaire « Témoins du dedans » financé par
l'UNICEF. Manifestement le journal a décidé de se positionner
comme un diffuseur majeur de web documentaires et cherche du contenu. Car, en
terme d'image, le web documentaire permet à un journal de montrer une
certaine modernité, un positionnement d'avenir, et surtout, sans nul
doute, une ambition pour proposer à son public une offre
diversifiée. A titre d'exemple pour un journal comme Les
Dernières Nouvelles d'Alsace, le fait de voir un de ses contenus, «
La maraude à l'écoute des sans-abris »,
bénéficier durant une semaine de la visibilité du festival
« Visa pour l'image », même si cela ne génère
aucun revenu, assure néanmoins une exposition qui n'est pas
secondaire.
49 Samuel Bollendorff, Op. Cit.
Il reste que le coüt d'un web documentaire est
significatif et il suppose, de plus, pour être réalisé, de
faire appel à différentes compétences : deux
préalables qui peuvent être considérés comme autant
d'obstacles pour les organes de presse.
Les chaînes de télévisions sont, quant
à elles, plus habituées à financer des contenus
audiovisuels du type documentaire ou reportage et ont, de fait, un
réflexe plus naturel pour financer des contenus de web documentaires
pour leurs sites internet. Il s'agit aujourd'hui pour les chaînes de
tenter de fidéliser le public des internautes afin de conserver une
certaine catégorie de public.
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