Annexe 7
Interviews d'Emmanuel Leclère
et de Jean-François Fernandez
Auteurs
Réponses d'Emmanuel Leclère (journaliste
à France Inter) et Jean-François Fernandez (journaliste à
France Bleue et photographe) aux questions posées par courrier
électronique, sur leur web documentaire « Good Bye Lénine
...la rouille en plus ».
Emmanuel LECLERE
Quelles démarches avez-vous effectué pour
financer votre web documentaire et avec quels résultats?
Nous avons autofinancé notre projet car je n'ai pas
trouvé de "sponsor"...
A l'époque, j'étais en congé sabbatique,
j'ai démarché « Radio France " mais il n'y a pas de budget
pour ce genre de production éditoriale et encore moins pour des "free
lance". Ce serait en train d'évoluer...Cela a failli se faire avec le
quotidien La Croix avec une enveloppe de 5000 euros mais cela a capoté
au dernier moment. (Le monde paye 2 000 euros pour ces petits web docu comme
« Africascopie ")
J'ai tenté de vendre une déclinaison
photoreportage à Polka et la Revue XXI mais cela n'a pas pris.
J'ai juste réussi à vendre deux chroniques audio
à la Radio suisse romande le jour des commémorations de la chute
du mur + 10 minutes à « Et pourtant elle tourne " sur Inter et 5
minutes sur Culture.
Je n'ai pas cherché d'aide au CNC puisque nous ne
comptions pas utiliser la vidéo (j'ai su ensuite que j'aurais quand
même pu demander ...)
Quel est le budget d'un tel web documentaire?
Il y a eu la location du camping car à 3 500 euros et
l'essence + la nourriture et des frais de traduction pour 400 euros (plusieurs
responsables d'alliances françaises et professeurs ont accepté de
nous faire les traductions gratuitement quand on leur a dit qu'on n'avait pas
réussi à se faire financer).
Il faut compter trois mois de travail entre le calage des
étapes, le tournage et le montage, puis l'écriture et la «
post-prod " avec l'agence web. Deux mois au total pour mon collègue
photographe.
Je ne peux pas vous donner le coût de la post prod car
pour la société qui l'a réalisée, c'était
une première, une sorte d'essai en vue de créer un
département web docu... (j'ai donc eu droit à un prix d'ami).
Mais deux personnes ont travaillé dessus durant une semaine à
temps plein + une journée pour le chef de projet.
Je pense que ce genre de post prod pour un mini site tourne
autour de 4 000 euros Utilisation gratuite du compte flicker de Jean
françois FERNANDEZ.
Pourquoi avoir choisi ce format? Qu'est-ce que cela
induit de différent dans votre approche journalistique?
L'idée était de mettre les "sons" en valeur.
Professionnellement, j'ai pris un plaisir énorme car il aurait
été impossible de "vendre" ce genre de road movie à mon
employeur (trop long, trop cher) en temps normal.
C'est le contenu qui a crée le format (jusqu'à 1/4
d'heure) des interviews, ce qui est l'inverse des pratiques sur le news. Et
ça c'est génial.
Journalistiquement, j'avais envie de travailler sur cette
option des 10 pays avec à chaque étape une facette du monde de
l'entreprise au moment de la chute du mur. Une sorte de documentaire puzzle. Et
puis évidemment il y avait l'envie de jouer avec les photos , les sons
et les écrits d'écran qui se suffisent à eux même
tout en se complétant.
Si je remporte le prix du parlement européen pour lequel
on a été sélectionné, j'amortirai en partie...les
frais. Mais il y a 26 concurrents !
Pensez vous qu'un modèle économique va se
dessiner pour le web documentaire?
Pour le modèle économique, j'ai l'impression que
les chaînes de télé Arte, France télé, Orange
ou encore France 5 mettent des moyens conséquents, non ?
Pour mon prochain projet , j'aimerais vendre un docu
télé couplé à un web docu. Cette fois, je
démarcherai le CNC et partenariat entre chaîne télé,
et mon groupe ? ou avec un quotidien...
Jean-François FERNANDEZ
Quel est le budget d'un tel web documentaire?
J'ai du investir lourdement pour remplacer mon appareil qui
n'aurait pas permis d'exploiter sur un plan professionnel mes photos. J'ai donc
acheté un Canon EOS5D Marck II qui était à l'époque
en vente à la FNAC à 3 500 Euros, je suis allé l'acheter
à Londres alors que la livre s'effondrait, pour un coût 2.500
euros.
J'ai ramé tout l'été pour traiter mes
photos avec mon PC qui plante, et, en septembre, j'ai craqué et
acheté un Mac Book Pro, prix 2 500 Euros, j'ai trouvé une enfile
pour ne le payer que 2.000 Euros. Ceci explique que ce soit Emanuel qui a pris
à sa charge les frais de Néalite. Toutes les rentrées
d'argent lui vont donc en priorité s'il y en a. Si ces rentrées
lui remboursent les frais de Néalite, alors seulement on commence
à partager les bénéfices potentiels.
Avez vous cherché un diffuseur?
De mon coté j'ai tenté de trouver un financeur
pour une exposition internationale qui pourrait tourner dans tous les pays
traversés. Je suis en contact avec le Conseil Régional de Franche
Comté qui pourrait être intéressé, mais à mon
avis il faudra des co-financeurs. J'ai approché d'autres
collectivités qui m'ont ignoré.
La sélection pour le concours du parlement européen
nous permet de revoir les choses.
Je suis en contact pour une diffusion sur un site de
photoreportage, il s'agit juste de partager gratuitement quelques photos, mais
permet de faire de la pub à notre travail.
Pourquoi avoir choisi ce format? qu'est ce que cela
induit de différent dans votre approche journalistique?
Je suis journaliste radio, la photo est mon violon d'Ingres.
Je n'ai donc pas d'approche journalistique pour la photo, mais plus une
approche artistique. Ce format était finalement le seul qui nous
permettait l'autoproduction. Aujourd'hui ce serait plus compliqué car
les web docu ont des moyens de prod de télévision.
Je travaille beaucoup par internet pour la photo, le support
web a été pour moi une formidable vitrine qui a permis une
reconnaissance de mon travail de photographe.
C'est Emmanuel qui s'est chargé des interviews, mais
avec ce support, cela permet de s'affranchir des formats radio beaucoup trop
courts. Ce que j'aime, c'est la possibilité d'aller visiter
l'étape désirée, entrer dedans ou simplement effleurer...
à la carte.
Pensez vous qu'un modèle économique va se
dessiner pour le web documentaire?
J'ai un projet sur Tchernobyl pour les 25 ans (je sais, je ne
suis pas le premier), et une autre sur Central Station à Detroit (USA).
Je me rends compte qu'il n'est plus possible de bricoler en amateur comme on
l'a fait. Un producteur télé est intéressé par mes
projets, mais lui souhaite les décliner en version télé,
ce qui ne m'intéresse plus (même si j'aime la vidéo) car
c'est le travail photo qui m'intéresse...
La réponse est je pense dans ce que je viens de dire,
comme pour le cinéma ou la télévision, les web docs ont
besoin de production et de producteurs. En revanche, la souplesse de notre
travail n'est plus possible avec une équipe trop lourde. J'ai
été amené, par exemple, à m'effacer sur certaines
interviews, pour ne pas bloquer des interlocutrices en Pologne, alors que dire
d'une équipe avec journaliste, cadreur, perchiste,
éclairagiste....
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