IX.3. DEMARGINALISATION PAR LA RESPONSABILISATION ET LA
PARTICIPATION CITOYENNE
Il a été démontré que les cruciens
et cruciennes ne sont pas pratiquement intégrés du fait de leur
manque de capacités et leur faible niveau de responsabilisation dans la
gestion communale. L'un des obstacles majeurs de la participation citoyenne est
le fait que les autorités locales ne privilégient pas le
reddition des comptes ascendantes. Ils se considèrent libres et
deviennent indifférents par rapport à une quelconque perception
de la population de leurs performances. Les élections - étant des
plus grandes manifestations de la participation citoyenne- s'organisent
généralement dans un environnement de fraude massive. N'importe
qui peut donc sorti vainqueur des élections suivant ses accointances
politiques, ses moyens financiers, son charisme, etc.
Pourtant, il va de soi qu'un maire- qui inciterait les
citoyens et citoyennes à participer à planification, au montage
des budgets, à la gestion des choses publiques locales en
général- aurait automatiquement plus de chance d'être
réélu. Le contexte haïtien a déjà
défié plein de cas similaires. Les autorités
n'hésitent point à expliquer leur inaction dans le domaine de la
participation par l'absence des moyens. Pourtant des moyens pour
améliorer l'intégration et la responsabilisation de population
sont à la portée de toutes autorités locales dans le pays.
De manière simple et pratique, la Mairie peut s'informer des avis et
besoins des citoyens, à travers, entre autres, des petites
enquêtes et des boites de suggestions qui sont capables d'informer sur
les préoccupations et préférences locales aussi
valablement que des techniques et méthodes pointues et couteuses.
La formation civiques et la sensibilisation des citoyens est
faisables à travers des émissions de radio, des activités
culturelles. Un inventaire des associations et organisations existantes dans la
Commune devrait être un bon départ pour marcher vers le
renforcement la de société civile. Les compétences que la
Mairie partage avec l'État central dans des domaines tel que
l'éducation pourraient être utilisées pour que la Commune
exerce effectivement son rôle dans la construction de la
citoyenneté. Le déficit de la citoyenneté dans les
Communes d'Haïti s'explique aussi du fait les autorités locales ne
se soucient pas suffisamment du contenu des curricula des écoles de
leurs Communes. Chaque Commune aurait l'obligation d'intégrer dans le
cursus scolaire des cours capables de préparer les citoyens à
vivre de manière fonctionnelle dans leur milieu immédiat. Ainsi
le citoyen ou la citoyenne deviendrait un sujet valable et agissant au service
de sa Commune et de son pays.
En fin de compte, tous les aspects ci-dessous analysés
ont montré que la Commune de la Croix-des-Bouquets est prise dans un
cercle vicieux qui pourrait être illustré par le schéma
ci-dessous:
Tableau VIII : Cercle vicieux du
sous-développement à Croix-au-Bouquets
SOUS-DEVELOPPEMENT LOCAL
SYSTEME DE GOUVERNANCE LOCALE DEFAILLANTE
ET DESARTICULEE
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DECENTRALISATION FICTIVE
( SANS LES POUVOIRS ET LES RESSOURCES NECESSAIRES)
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MARGINALISATION DES CITOYEN (NE)S DANS LA PRISE DES DECISIONS
LIEES A LEUR AVENIR
|
MANQUE DE SERVICES SOCIAUX DE BASE
|
DEFICIT DE CAPACITES DES CITOYEN(NE)S ASE RESPONSABILISER ET
RESPONSABILISER LES AUTORITES PUBLIQUES
170 Source : Auteur
A cause de son sous-développement (mental et
matériel), la décentralisation demeure fictive de plus en plus
précaire, car elle n'est pas accompagnée de transfert de pouvoirs
et de ressources nécessaires, ce qui influe négativement sur la
capacité des autorités locales à fournir les services
sociaux de base et à animer la dynamique de développement de la
Commune comme les lois haïtiennes l'exigent.
Une population- dont la majorité de ses membres n'ont
pas accès à l'éducation, l'information, la santé,
l'eau potable, l'électricité, infrastructures de loisirs, etc.-
accusera naturellement un déficit de capacités à se
responsabiliser et à responsabiliser ses autorités, sur
lesquelles il y a normalement très peu de pression pour faire participer
les citoyen (ne)s dans la prise des décisions stratégiques. A ce
moment, on se trouve dans un système de gouvernance dont deux (2) de ses
composantes fondamentales - la Société Civile et le Secteur
Privé- deviennent hyper atrophiées et dont la composante
principale - le secteur public- devient hyper dominant. Les actions de
gouvernance entrent automatiquement en déphasage pour provoquer la
désarticulation du système de gouvernance déjà
défaillant. Le système de gouvernance ne coordonne, ni n'oriente
alors les actions pour le développement. Le système perd donc
toute son essence démocratique, sa vertu décentralisante et ses
qualités à soutenir la croissance économique, la justice
sociale, la promotion et protection des droits humains, etc.
CONCLUSION
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