Conclusion
Le premier chapitre a présenté une
synthèse des contributions au débat sur la structure
financière et a montré que le choix d'une structure
financière dépend de plusieurs variables. En effet, la
théorie de compromis met en oeuvre une structure financière qui
résulte d'un arbitrage entre les économies d'impôts
liés a l'endettement et les coüts d'une éventuelle faillite.
La théorie des préférences hiérarchisées de
financement montre que la structure financière est influencée par
les asymétries d'information. La théorie de Market timing affirme
que celle-ci dépend des conditions du marché.
Avant d'appréhender les déterminants de la
structure financière des entreprises marocaines, il est opportun de
décrire, dans un deuxième chapitre, leur environnement financier
et fiscal.
Chapitre II
Environnement financier et fiscal de l'entreprise
marocaine
Introduction
Le choix d'une structure de financement, permettant a
l'entreprise de maximiser sa valeur, dépend principalement de son
environnement financier et fiscal.
Par environnement financier, il faut entendre les
différentes composantes du système financier de même que
les modalités de financement que ce système offre aux
entreprises. L'environnement fiscal est matérialisé par
l'ensemble de règles d'imposition des différentes
modalités de financement auxquelles l'entreprise recourt.
Au Maroc, le système financier a subi des mutations
profondes dans le cadre des réformes entreprises depuis les
années quatre-vingt. Il s'agit de la mise en place d'un système
financier moderne, libéral et en mesure d'assurer une meilleure
mobilisation de l'épargne qui peut être allouée aux
entreprises de deux manières :
- Soit indirectement (financement intermédié) par
le système bancaire ayant pour mission principale la distribution des
crédits a l'économie.
- Soit directement (financement
désintermédié) par le biais du marché des capitaux
qui permet a l'entreprise d'émettre des titres de créance ou de
propriété pour combler son déficit de financement.
A l'instar du système financier, le système fiscal
a également subi une réforme ayant pour motif principal le
traitement fiscal inéquitable des différents moyens de
financement25.
Pour remédier a cette situation, le législateur
marocain a entrepris des mesures fiscales incitant les entreprises a renforcer
leurs fonds propres.
Dans la mesure oü les décisions de financement des
entreprises marocaines sont largement influencées par le système
financier de même que par le traitement fiscal des différentes
modalités de financement, il nous parait essentiel d'esquisser, dans une
première section, les composantes et les caractéristiques du
système financier marocain, ensuite présenter, dans une
deuxième section, les différentes modalités de financement
que ce système offre aux entreprises marocaines. L'exposé de ces
différentes modalités de financement nous conduira, dans une
troisième section, a l'examen du traitement fiscal que le
législateur marocain leur a réservé.
2.1 Le système financier Marocain
Principale source d'approvisionnement des entreprises
marocaines en ressources financières, le système financier
marocain est composé du secteur bancaire, ayant pour mission
principale
25La fiscalité marocaine a largement
favorisé le financement par emprunt au détriment des fonds
propres.
la distribution des crédits à l'économie, et
du marché des capitaux qui permet aux entreprises d'émettre des
titres de créance pour combler leurs besoins de financement.
Ces deux composantes du système financier, qui ont connu
des réformes depuis les années quatre vingt, feront l'objet d'une
présentation dans la suite de cette section.
2.1.1 Le système bancaire marocain
Le système bancaire marocain, à l'instar des
autres composantes du système financier, a connu dés le
début des années 90 une réforme qui s'est traduite par la
généralisation de la banque universelle, la libéralisation
des taux d'intérêt et la déréglementation de
l'activité bancaire. Les instruments mis en oeuvre pour réaliser
ces objectifs concernaient, essentiellement, l'encadrement du crédit,
les emplois obligatoires et le plancher d'effets publics. De ce fait, nous
présenterons, dans un premier point, l'évolution des principaux
instruments de régulation du crédit utilisés au Maroc.
Avant d'exposer, dans un deuxième point, la structure et le cadre
juridique régissant l'activité bancaire au Maroc.
2.1.1.1 Evolution des instruments de regulation du
credit
Nous présenterons les instruments de régulation du
crédit, utilisés entre 1959 et 1991, ainsi que les nouveaux
instruments de régulation introduits depuis 1991.
2.1.1.1.1 Les instruments de regulation du credit
(1959-1991)
Les instruments de régulation du crédit,
utilisés au Maroc, concernaient essentiellement le plafond de
réescompte, le coefficient de trésorerie, la réserve
monétaire, le plancher d'effets publics et l'encadrement du
crédit.
A - Le plafond de réescompte
Institué en juillet 1959 pour contrôler
étroitement la masse monétaire, le plafond de réescompte
est une technique qui consiste à déterminer, pour chaque
établissement bancaire, un plafond unique d'escompte
déterminé en fonction des dépôts collectés,
au delà duquel les taux pratiqués par l'institut
d'émission deviennent dissuasifs26.
A ce niveau, il est essentiel de noter que le plafond de
réescompte s'est avéré inefficace pour limiter la
distribution des crédits. En effet, pour satisfaire la demande de
crédits, les banques
26 Il faut souligner, cependant, que le plafond de
réescompte ne s'appliquait pas aux effets relatifs aux secteurs
jugés prioritaires par les pouvoirs publics.
n'avaient pas a réescompter des effets de commerce car
elles se refinancaient auprès de leurs maisons mères
installées a l'étranger.
B - Le coefficient de trésorerie
Institué en octobre 1963, le coefficient de
trésorerie est venu compléter la technique de réescompte
pour mieux contrôler la liquidité bancaire. C'est un instrument de
la politique monétaire qui consiste a bloquer, dans l'actif des
établissements de crédit, 45% de leurs exigibilités,
constituées des avoirs en caisse ou en compte a l'institut
d'émission, des bons de trésor et des effets
réescomptables hors plafond. Nous remarquons, néanmoins, que
l'efficacité de cette technique est restée limitée puisque
les établissements de crédit ont pu répondre favorablement
a la demande de crédit qui leur a été adressée
malgré le plafond de réescompte et le coefficient de
trésorerie, incitant les autorités a le remplacer par deux
nouveaux instruments : la réserve monétaire et le plancher
d'effets publics.
C - La réserve monétaire
Elle est instituée en février 1966 pour
éponger le surplus de liquidité monétaire. La
réserve obligatoire (technique de contrôle indirecte de la
distribution de crédit) consistait a conserver dans un compte
rémunéré a Bank Al-Maghrib (BAM) l'excédant des
dépôts a vu et a terme.
A partir de novembre 1966, les banques n'avaient a placer
auprès de BAM que 25% de l'accroissement des dépôts a vu.
Par la suite, le taux de la réserve monétaire s'est fixé
en 1971 a 4% de l'ensemble des exigibilités des banques. A son tour,
cette mesure s'est révélée inefficace pour limiter la
distribution des crédits.
D - Le plancher d'effets publics
Il fut instituée en février 1966 et consistait a
imposer aux banques commerciales la détention d'un portefeuille minimum
d'effets publics (bons du trésor) qui oscillait entre 30 et 35% des
exigibilités des banques jusqu'au début des années quatre
vingt dix.
E - L'encadrement du crédit
La nécessité d'intervenir directement pour
contraindre la distribution des crédits par les banques, a conduit les
autorités marocaines a instituer en 1969 l'encadrement du crédit.
Cette procédure administrative consiste a imposer aux banques pour une
période déterminée et par rapport a une date de
référence, une limite d'accroissement de leurs concours. Des
sanctions ont été prévues en cas de dépassement de
cette limite.
Cependant, des procédures dérogatoires ont
été admises pour ne pas pénaliser l'activité
économique et favoriser certains secteurs jugés prioritaires
(essentiellement le secteur agricole).
L'encadrement du crédit a été
abandonné en 1972 pour relancer l'activité économique a
travers une politique monétaire expansionniste utilisant les techniques
de contrôle indirectes (réserve monétaire et plafonds de
réescompte).
La relance de l'activité économique s'est
traduite par des déséquilibres économiques et financiers
qui ont obligé les autorités monétaires a
réinstaurer en 1976 la politique d'encadrement du crédit. Cette
dernière a été reconduite d'année en année
par les autorités monétaires jusqu'en 1990.
2.1.1.1.2 Les nouveaux instruments de régulation
du crédit
Pour freiner le développement des crédits, suite
a l'abolition de l'encadrement du crédit et la réduction des
emplois obligatoires, les autorités monétaires ont
utilisées la réserve monétaire et la modulation du volume
et du coüt de refinancement sur le marché monétaire, en
instituant un nouveau système de refinancement des établissements
bancaires. Ce dernier est fondé sur des appels d'offre hebdomadaires et
des prises en pension a cinq jours. Les taux communiqués par BAM,
utilisés comme instrument de régulation, constituent les deux
taux directeurs qui permettent a la banque centrale d'orienter les taux sur le
marché monétaire interbancaire et de ce fait, agir indirectement
sur la distribution des crédits.
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