CONCLUSION ET RECOMMANDATIONS
Cette étude est consacrée à l'analyse des
effets des exportations agricoles sur la croissance et le bien-être au
Bénin (1975-2008). A l'issue de l'étude, nous pouvons
vérifier les hypothèses et faire des recommandations.
1- SYNTHESE DES RESULTATS
Cette étude a essayé de mesurer l'impact des
exportations agricoles sur la croissance et le bien-être (à
travers la consommation des ménages par tête). Nous avons
analysé, à cet effet, dans un premier temps le comportement de la
croissance, du bien-être, des exportations totales, de la structure des
exportations agricoles et de la part des produits agricoles dans les
exportations totales du Bénin. Dans un second temps les modèles
de croissance et de bien-être ont été
élaborés et estimés.
Les niveaux de la croissance, de la consommation des
ménages par tête, des exportations totales et de la part des
produits agricoles dans les exportations totales ont varié
respectivement dans les intervalles [-4,9% ; 9,95%], [59,65 ;
102,32], [49078,7 ; 263453,84] et [1,53% ; 80,88]. Quant à la
structure des exportations agricoles, elle montre que c'est le palmier à
huile qui domine les exportations agricoles sous-la période 1975 - 1984
mais à partir de 1985 jusqu'à nos jours, ce sont le coton et
dérivés qui les dominent.
La période 1975-1989 a été marquée
par une certaine instabilité dans l'évolution de la croissance.
Car même si certaines années correspondent à des taux de
croissance élevés comme en 1981 avec 10%, d'autres par contre
sont allées de pair avec des récessions profondes et des taux de
croissance négatifs comme en 1983 avec -4,3%. Les réformes
entreprises à partir de 1989 ont permis d'obtenir une certaine constante
dans la croissance et de rompre définitivement avec la croissance
négative. Toutefois ces réformes n'ont pas permis d'atteindre des
taux élevés pouvant améliorer les conditions de vie des
populations et les aider à sortir de la pauvreté. Le taux de
croissance moyen a, en effet, stagné autour de la moyenne de 4,5% sur la
période 1990-2008.
Quant à la consommation des ménages par tête,
après avoir connu des niveaux relativement élevés, elle a
connu une chute notable en 1983 et 1989. Toutefois elle a repris à
partir de 1995.
S'agissant des exportations totales, après avoir connu des
niveaux relativement élevés, elles ont connu une chute notable en
1987 et en 1990. Toutefois elles ont repris à partir de 1995.
La part des produits agricoles dans les exportations totales a
évolué en dent de scie sur la période d'étude et a
été tirée essentiellement à partir de 1985 par le
coton et ses dérivés. Ce qui confirme le fait que nos
exportations agricoles soient dominées par le coton.
Les modèles économétriques
élaborés et estimés par les MCO ont permis de
dégager les effets des exportations agricoles sur la croissance et le
bien-être (à travers la consommation des ménages par
tête).
La croissance économique est nécessaire pour le
développement car il n'y a pas de développement sans croissance
économique. De même un accroissement de la consommation des
ménages par tête s'avère fondamental pour une
amélioration des conditions de vie des populations.
Les réformes entreprises au cours de la dernière
décennie ont permis globalement de renouer avec la croissance.
2- VERIFICATION DES HYPOTHESES
Les résultats du modèle nous permettent de
vérifier les hypothèses :
H1- Les exportations agricoles ont des effets
positifs significatifs sur la croissance au Bénin : cette
hypothèse est vérifiée. Les exportations agricoles sont
donc une source de la croissance au Bénin. Les exportations agricoles
sont globalement bénéfiques à l'activité
économique du pays.
H2- Les exportations agricoles ont un impact
positif sur la consommation des ménages par tête : cette
hypothèse est vérifiée. Les exportations agricoles
contribuent donc à une amélioration des conditions de vie des
populations de par son impact positif sur leur consommation par tête.
3- RECOMMANDATIONS
Les exportations agricoles ont des effets
bénéfiques sur l'économie dans son ensemble. On peut donc
en tirer plusieurs enseignements suite à ces résultats de
l'estimation et faire des propositions d'orientation des politiques
économiques. Les politiques visant à encourager la production des
produits agricoles exportables doivent être mises en oeuvre pour soutenir
la croissance et l'amélioration du bien-être. Ces politiques
visent essentiellement à améliorer la compétitivité
de l'économie béninoise, et pour cela, les recommandations
suivantes peuvent être formulées :
Les exportations agricoles du Bénin étant
essentiellement dominées par le coton et ses dérivés, pour
augmenter les recettes d'exportation et tirer d'avantage profit de ces
dernières, il est absolument nécessaire de procéder aux
investissements nécessaires au développement non seulement du
secteur primaire mais aussi de tous les autres secteurs productifs.
Il importe que le gouvernement élabore et mette en
oeuvre une politique d'investissement public (PIP) axée sur le
développement de nouvelles filières, afin de promouvoir les
exportations d'autres produits autres que le coton dont les cours mondiaux ne
font que baisser de plus en plus. Mais les investissements publics resteront
toujours insuffisants. C'est pourquoi, la création des conditions de
l'environnement propice aux investissements étrangers directs est
indispensable (mise en oeuvre des mesures incitatives). L'avènement du
TEC doit être une raison supplémentaire pour chercher à
tirer les investissements productifs sans lesquels nous n'aurons pas
grand-chose à échanger avec les autres si ce n'est que de
consommer leurs produits.
Un intérêt particulier doit être
accordé à la recherche agricole (réformes, moyens et mise
en oeuvre conséquente) pour qu'elle puisse fournir au secteur primaire
des technologies compétitives. Ceci rendrait les investissements, dans
le secteur, plus productifs.
Il est aussi indispensable de développer les
infrastructures dans tous les domaines (transport, communications,
éducation, santé etc...) pour inciter les partenaires au
développement de notre pays en général et en particulier
ceux du monde rural, autre que l'Etat à investir dans la promotion des
structures d'exportation agricole pour une croissance plus soutenue du secteur.
Plus on investit, plus l'effet sur les exportations agricoles sera remarquable
qui à son tour aura un effet plus sensible sur la croissance
économique et le bien-être de la population.
Promouvoir davantage les industries de transformation dans
notre pays pour apporter une valeur ajoutée à nos produits
agricoles, qui, pour la plupart, sont exportés bruts ou sous forme
très partiellement transformés. Une création de la valeur
ajoutée sur place aura d'autres répercussions
intéressantes sur l'économie comme par exemple la création
de nouveaux emplois, l'utilisation de matériaux locaux.
Veiller à ce que les prix fixés aux producteurs
soient des prix encourageants et non des prix non incitatifs. Aussi, des
crédits agricoles permettant d'avoir accès aux technologies, aux
intrants sont- ils à encourager.
Toutes ces actions en faveur de l'agriculture doivent
concourir à sa prospérité et donc à la croissance.
L'accroissement du revenu des agriculteurs stimule la demande de biens et
services de consommation.
La diversification de la production agricole s'avère
aussi nécessaire car elle permettra de répartir les risques de
détérioration des termes de l'échange sur plusieurs
produits. Le pays présente un éventail de possibilités
à travers notamment l'ananas, les noix de cajou, le manioc et les
crevettes.
Il convient également de revoir la structure des
importations et donner priorité à celles qui renforcent
l'appareil productif national. Il faut toutefois faire attention à ce
que les importations des produits de base ne soient pas fortement
taxées. Bien au contraire une réduction des taxes sur les
importations des produits de base diminue les prix sur le marché. Ce qui
augmente le pouvoir d'achat des populations, en particulier des populations
pauvres et par conséquent, accroît leur consommation. Des efforts
doivent être faits pour développer la production non exportable
afin de substituer à certaines importations. Ce qui permet d'assurer la
sécurité alimentaire de la population et donc de réduire
les effets des crises éventuelles sur la population.
La fiscalité peut également jouer un rôle
dans la croissance des exportations agricoles. En effet, la réduction
des taxes sur les exportations agricoles permet d'améliorer la
compétitivité de la production nationale sur le marché
international et de faciliter son écoulement. Elle permet
également d'augmenter le prix pays aux producteurs, donc
améliorer leur bien-être.
L'accès aux marchés des pays
développés et l'accroissement des exportations agricoles passent
également par une amélioration de la qualité de la
production et le respect des normes sanitaires et phytosanitaires
définies dans ces pays. Dans ce cadre, le Conseil National pour
l'Exportation (CNEX) doit intensifier ses actions de formation et d'information
en direction des opérateurs économiques impliqués dans la
production des biens exportables. Il faut également une sensibilisation
des acteurs de l'exportation à participer financièrement à
la recherche au plan national.
Il est toutefois impérieux que tous ces efforts soient
conduits dans un climat de bonne gouvernance politique et économique,
gage de leur succès.
Si les politiques nationales sont l'élément
essentiel de toute stratégie de développement économique
et de lutte contre la pauvreté, certains facteurs internationaux y
jouent également un rôle important. On peut ainsi noter que les
politiques commerciales des pays riches ne sont pas favorables au
développement des exportations des pays pauvres. Le Bénin et ses
partenaires sous-régionaux doivent ainsi renforcer leur capacité
de négociation afin de peser davantage lors des négociations
commerciales multilatérales par des propositions pertinentes et bien
élaborées. De plus des initiatives comme celle des chefs d'Etats
béninois, malien, burkinabé et tchadien qui a consisté
à exiger clairement l'arrêt des subventions des pays occidentaux
à leurs producteurs de coton lors des dernières
négociations multilatérales de l'Organisation Mondiale du
Commerce sont à encourager. Cette initiative soutenue par d'autres pays
comme le Brésil, l'Inde... aura été l'une des principales
raisons de l'échec des dernières négociations commerciales
de l'OMC en décembre 2005 à Hong Kong.
De telles coopérations Sud-Sud sont donc
nécessaires pour contraindre les pays riches à démanteler
leurs barrières commerciales qui renforcent et entretiennent la
pauvreté dans les pays en voie de développement.
C'est donc au prix de tous ces efforts et actions que le
Bénin pourra tirer des exportations agricoles tous les effets positifs
escomptés et en faire réellement un moteur de son
développement.
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