INTRODUCTION
Le Bénin, à l'instar des autres pays de
l'Afrique subsaharienne a subi de plein fouet les crises économiques et
sociales des années 80. L'économie nationale était en
effet confrontée à des déséquilibres importants.
Cette crise se caractérisait essentiellement par un ralentissement
sensible de la croissance économique, une baisse importante du revenu
par habitant et l'aggravation des déséquilibres internes et
externes (détérioration de la balance des paiements,
déficits publics croissants).
Pour remédier à cette situation, le pays s'est
engagé à partir de l'année 1989 dans un processus de
libéralisation de son économie sous l'égide des
institutions de Bretton Woods. Depuis cette date, d'énormes
réformes couvrant tous les domaines de la vie économique ont
été mises en oeuvre et celles relatives à la politique
commerciale sont en bonne place. Dans ce cadre, les mesures de suppression des
restrictions quantitatives et autres mesures non tarifaires ont
été initiées.
Par ailleurs les exportations du Bénin sont
essentiellement basées sur le coton et il est fort de constater une
chute progressive des coûts du coton sur le marché international,
ce qui jouera considérablement sur les recettes issues des exportations
et sur la performance économique du pays. Le souci d'accroître les
exportations et de réduire progressivement la
vulnérabilité de l'économie aux chocs externes a conduit
le Bénin à faire un choix en faveur de la diversification de
l'économie par la promotion d'autres filières porteuses.
C'est pour analyser les effets qu'aura cette diversification
agricole sur la croissance et le bien-être des populations que cette
étude a été initiée.
Ce sujet est traité en quatre parties :
-Le premier chapitre définit le problème,
présente la revue de littérature et les objectifs et
hypothèses qui servent de base à l'étude ainsi que la
méthodologie adoptée.
- Le deuxième chapitre analyse l'évolution
du taux de croissance, de la consommation des ménages par tête,
des exportations totales et des exportations agricoles du Bénin.
- Quand au troisième chapitre, il évalue les
effets des exportations agricoles sur la croissance et le bien-être
à travers la consommation des ménages par tête du
Bénin.
- Enfin le dernier chapitre présente les
conclusions et recommandations
CHAPITRE I : PROBLEMATIQUE ET METHODOLOGIE
Ce chapitre comprend cinq (5) parties à savoir le
problème de recherche ; la revue de littérature, les
objectifs et hypothèses et enfin la méthodologie
1-1 LE PROBLEME
Le bénin, à l'instar de certains pays de
l'Afrique, a eu son indépendance en 1960. Depuis cet
évènement jusqu'à nos jours il a connu trois
stratégies de développement économique :
-la première est dite économie de marché
basée sur le libéralisme économique couvrant la
période de 1960 à 1971,
-la deuxième (1972 -1989) appelée
stratégie de développement marxiste-léniniste est
caractérisée par le plan centralisé et impératif
où toutes les décisions sont imposées à tous biens
qu'étant prises par les gouvernements,
-Enfin la troisième est le retour à une
économie de marché depuis 1990.
Ainsi au cours de la période caractérisée
par le plan centralisé et impératif, la période 1981-1989
a été celle d'une morosité économique ayant comme
source de nombreuses distorsions économiques
(déséquilibres macroéconomiques aigus, effondrement du
système bancaire, incapacité de l'Etat à assurer le
service de la dette et à payer régulièrement les salaires
aux fonctionnaires).
Pour remédier à cette situation, le Bénin
s'est engagé à partir de l'année 1989 dans un processus de
libéralisation de son économie. Des mesures énergiques
seront mises en oeuvre pour faire disparaître les entraves aux
échanges qui ont eu cours sur la période 1972-1989. On retiendra
entre autres :
-La levée des mesures de prohibition et de
contingentement frappant certains produits à l'importation ou à
l'exportation ;
-La suppression des licences à l'importation sur tous
les produits ;
-La suppression de la plupart des droits et taxes dont
étaient frappées les exportations.
Ces distorsions ont aussi conduit le Bénin,
appuyé par le FMI et la Banque Mondiale, à souscrire aux
programmes d'ajustement structurel (PAS1 : 1989-1991,
PAS2 : 1992-1993, PAS3 : 1995-1997) dont les
objectifs principaux étaient la réduction des charges de l'Etat
et le rétablissement des grands équilibres. La mise en
application de ces programmes qui a permis d'amorcer le redressement
économique, a par ailleurs engendré de vives tensions sociales.
Ce qui a obligé le gouvernement à convoquer la conférence
nationale des forces vives de Février 1990. Cette conférence a
permis au Bénin d'enclencher un processus démocratique avec une
orientation vers le libéralisme économique avec un accent
particulier est mis sur le développement du secteur privé. De
plus, l'appartenance du Bénin à certains regroupements
régionaux comme l'UEMOA, la CEDEAO, le groupe ACP ainsi que son
adhésion à l'OMC l'ont amené à avoir une politique
commerciale plus ouverte sur l'extérieur.
Depuis 1999, le Bénin s'est engagé dans la mise
en oeuvre d'une stratégie nationale de réduction de la
pauvreté pour un développement humain durable. Après
l'ébauche d'une Stratégie nationale de Réduction de la
Pauvreté (SRP 2000), une stratégie triennale (2003-2005) a
été définie et a servi depuis lors comme cadre
stratégique de référence, de programmation et de
budgétisation des actions du gouvernement, ainsi que pour le dialogue
avec les partenaires techniques et financiers. Dans cette première
stratégie, le gouvernement du Bénin a judicieusement mis l'accent
sur le développement du secteur social et l'amélioration de la
gouvernance pour renforcer respectivement les ressources humaines et
l'efficacité des actions afin de bâtir les fondations pour le
développement humain durable.
Le rythme de la croissance des dernières années
a été bien en dessous des objectifs du SRP 2003-2005 et nettement
insuffisant pour donner au Bénin les ressources propres pour soutenir la
lutte contre la pauvreté et atteindre les Objectifs du Millénaire
pour le Développement (OMD). Ces moindres performances résultent
en grande partie de la faible diversification et du manque de
compétitivité de l'économie.
Pour corriger cet état de chose, une stratégie
de deuxième génération pour le triennal 2007-2009, vise
à consolider les acquis du précédent tout en mettant
l'accent sur la diversification de l'économie et l'intensification de la
croissance afin d'accélérer la lutte contre la pauvreté et
la marche du Bénin vers l'atteinte des OMD. Ainsi pour intensifier la
croissance, quatre domaines prioritaires d'intervention ont été
ciblés à savoir :
-la stabilisation du cadre macroéconomique ;
-la dynamisation du secteur privé ;
-la promotion de nouvelles filières porteuses pour les
exportations et enfin
-la promotion de l'intégration régionale.
Depuis 1997, la contribution du secteur primaire au PIB a
enregistré une baisse ; actuellement il représente plus de
33% du PIB et plus de 95% des recettes d'exportation. La filière coton
demeure l'activité dominante, représentant à elle seule
13% du PIB et 35% des rentrées fiscales (CAPOD 2000), 85% des recettes
d'exportation et 77% (1999) des exportations totales.
Le souci d'accroître les exportations et de
réduire progressivement la vulnérabilité de
l'économie aux chocs externes a conduit le Bénin à faire
un choix en faveur de la diversification de l'économie par la promotion
d'autres filières porteuses telles que le manioc, le maïs,
l'ananas, le riz, le palmier à huile, la noix de cajou et
l'élevage porcin. Bien que les principaux produits agricoles
d'exportation restent le coton, suivi par les cultures vivrières, le
tabac et les huiles, une légère tendance à la
diversification des exportations agricoles semble en cours puisque la part des
produits autres que le coton est passée progressivement de 11% en 1996
à 18% en 1999. Selon les autorités, cette tendance serait plus
due à l'évolution des coûts mondiaux du coton vers la
baisse. Ce qui jouera considérablement sur la performance
économique du pays. (Plan Stratégique Opérationnel,
Juillet 2001)
De même, les objectifs sectoriels évoqués
dans la Lettre de Déclaration de Politique de Développement Rural
(LDPDR) de 1999 et le plan d'orientation « 1998-02 »
consistent à : i.) contribuer à la croissance
économique, à l'équilibre de la balance commerciale et
à la création d'emplois ; ii.) contribuer
à l'amélioration du niveau de vie des populations par
l'augmentation du pouvoir d'achat des producteurs, la lutte contre la
pauvreté, le contrôle de la qualité et l'innocuité
des aliments ; iii.) maintenir la sécurité
alimentaire et nutritionnelle d'une population en expansion rapide ;
iv.) diversifier et intensifier la production agricole d'une
manière durable, sans hypothéquer la base productive nationale et
le patrimoine écologique et v.) contribuer, au sein des
communautés rurales, à l'amélioration des rapports
hommes/femmes.
En clair, le Bénin, à l'instar de nombreux pays
et surtout suite aux crises alimentaires et financières qui ont
sévis au cours de l'année 2008, accorde une grande place à
la diversification agricole qu'il considère, non seulement, comme un
facteur de diversification des recettes issues des exportations agricoles, mais
surtout, de sécurité alimentaire et de son propre
développement économique et social.
Tout ceci met en évidence l'intérêt de
savoir comment les exportations agricoles du pays ont évolué,
ainsi que la croissance, si la croissance est ou non tirée par les
exportations agricoles et la nature du lien entre les exportations agricoles et
bien-être au Bénin. Ceci est de nature à éclairer
les responsables de la politique économique quant aux orientations
à donner aux stratégies de développement fondées
sur les exportations agricoles afin que celles-ci aient des effets positifs
escomptés.
1-2 REVUE DE LITTERATURE
L'objectif ici, c'est de passer en revue les études
théoriques et empiriques qui entrent dans le cadre de notre travail
à travers l'approche théorique et empiriques des
déterminants de la croissance et la relation entre exportation et
croissance économique.
1-2-1 Approches théoriques et
empiriques des déterminants de la croissance
Dans l'analyse économique, la
croissance économique désigne, selon
François Perroux (1961), l'augmentation soutenue pendant une ou
plusieurs périodes longues d'un indicateur de dimension, pour une nation
le produit global net en terme réel. On limite
généralement la notion de croissance à des critères
uniquement quantitatifs. Toutefois on peut noter avec Perroux, cité par
Nezeys (1990) que la croissance s'accompagne de changement dans les structures
économiques et sociales. Elle peut donc ainsi contribuer à une
amélioration du niveau de vie.
L'analyse de la croissance occupe une place importante
déjà dans les questions que se posent les économistes
classiques : Adam Smith, Thomas Malthus, David Ricardo, Karl Marx.
En effet, ces auteurs assistent à la révolution
industrielle et s'intéressent de très près à ses
conséquences. Ils cherchent à donner une interprétation
scientifique des forces qui gouvernent le fonctionnement et le
développement des activités économiques.
Adam Smith a mis l'accent sur le rôle des
économies d'échelle, de la spécialisation et du commerce
international. Il est aussi l'inventeur de l'approche historique dans l'analyse
comparative de la croissance. Il a négligé le rôle du
progrès technique dans la croissance en mettant l'accent surtout sur les
économies d'échelle et sur la division du travail. (C. IGUE,
Cours de macroéconomie approfondie, FASEG, UAC, 2009.)
Thomas Malthus avait un schéma de croissance
basé sur deux facteurs : les ressources naturelles et le travail.
Il est à noter que le rôle potentiel du progrès technique
est totalement négligé. Le mécanisme principal qui
conditionne la croissance correspondrait, selon Malthus, à la pression
imposée par la croissance démographique et par les besoins de
subsistance de cette population croissante. L'équilibre est alors
atteint uniquement grâce aux différents catastrophes : la
famine, la peste. Malthus préconisait alors d'adopter les politiques
actives en vue d'éviter ces catastrophes en favorisant l'abstinence
sexuelle, les mariages tardifs. (C. IGUE, Cours de macroéconomie
approfondie, FASEG, UAC, 2009)
David Ricardo a une analyse relativement moderne et riche du
capitalisme. Il reconnaît clairement la puissance productive
supplémentaire qui peut provenir des machines et les perspectives de
croissance forte que ces dernières peuvent fournir aux secteurs non
agricoles. Etant en partie influencé par Malthus, il considère
que les gains de productivité ne peuvent apparaître que dans
l'industrie, mais l'utilisation progressive des terres de moins en moins
fertiles ne peut que tirer vers le haut les prix agricoles et donc les salaires
de subsistance. Cela doit conduire à l'épuisement des profits et
donc à l'arrêt de l'expansion économique. (C. IGUE, Cours
de macroéconomie approfondie, FASEG, UAC, 2009)
Karl Marx est sans conteste, l'économiste classique qui
a l'analyse la plus riche du capitalisme. Il a notamment rejeté le
pessimisme de Malthus et de Ricardo en reconnaissant la puissance productive
qui réside dans la production en usine, et le rôle de
l'accumulation accélérée du capital fixe dans le
progrès économique. Il a anticipé une expansion continue
du commerce et la concentration de la production dans des unités de plus
en plus grandes, source d'économie d'échelle. Il a
néanmoins souligné la possibilité d'un ralentissement de
la croissance par la difficulté de soutenir un problème technique
continu. Il a quand même considéré que cette baisse
tangentielle du taux de profit pourrait être contrebalancée par
d'autres facteurs. Le progrès technique et l'accumulation du capital
sont donc les deux sources de croissance chez Marx. (C. IGUE, Cours de
macroéconomie approfondie, FASEG, UAC, 2009)
Contrairement à Marx, Schumpeter met l'accent sur le
progrès technique plutôt que sur l'accumulation du capital. Il
rejette totalement l'analyse de Malthus et de Ricardo concernant la contrainte
imposée par la pression de la population. L'auteur distingue deux modes
d'opération d'une économie capitaliste : le flux circulaire
qui correspond à une situation où la technologie est statique et
le développement économique par la technologie et l'organisation
de la production change avec une dynamique soutenue par les innovations. On a
alors une suite d'équilibres potentiels qui ne sont jamais atteints car
les innovations successives déplacent continûment
l'économie. Le rôle de l'entrepreneur apparaît alors
pleinement dans la recherche et la mise en oeuvre des innovations comme sources
de profit. Ces innovations correspondent à l'invention et à la
réalisation de nouvelles combinaisons qui peuvent correspondre
à :
v l'introduction de nouveaux biens ;
v l'introduction de nouvelles méthodes de
production ;
v l'ouverture de nouveaux marchés ;
v la découverte et la conquête de nouvelles
sources de matières premières ;
v une nouvelle organisation pour l'industrie.
Toutefois les vraies analyses n'ont commencé qu'avec
les auteurs keynésiens qui utilisent des variables
agrégées pour la formulation des théories. Le
modèle Harrod-Domard est une référence aujourd'hui pour
l'analyse économique. En élaborant leurs modèles à
partir de variables telles que l'investissement, l'épargne et la
population, ces deux auteurs à quelques variantes près arrivent
à la conclusion que l'investissement est un déterminant principal
de la croissance. En introduisant le phénomène du « fil
du rasoir » (dû notamment à la rigidité des prix
et salaire et aux problèmes de coordination des décisions
d'épargne et d'investissement) dans leur analyse, ils estiment que le
chemin de la croissance équilibrée est très étroit
et y rester procède du hasard car aucun mécanisme
économique ne permet de s'en approcher ou de s'y maintenir. Dans la
tradition keynésienne donc, l'action d'une force extérieure au
marché est ainsi légitimée, en l'occurrence l'Etat.
Ainsi les politiques économiques et sociales peuvent
aider à la croissance. Le modèle néoclassique de la
croissance équilibrée apportera une solution au problème
du fil du rasoir.
Solow (1956) souligne que les post-keynésiens ont
utilisé des hypothèses d'analyse de courte période pour
l'étude de la longue période. Le modèle de croissance de
Solow présente donc une croissance équilibrée qui assure
le plein emploi puisque l'intensité capitalistique et la quantité
du travail s'ajustent du fait de leur flexibilité en longue
période. La croissance dépend donc de deux éléments
principaux qui sont d'une part la quantité de travail (qui dépend
du taux de croissance de la population) et d'autre part du progrès
technique. La croissance est équilibrée mais ses
déterminants sont indépendants de la sphère
économique.
Les nouvelles théories de la croissance au contraire
considèrent que la croissance est un phénomène cumulatif
et endogène. Elle ne serait donc pas un phénomène
naturel.
Une première approche propose
d'endogénéiser le progrès technique et de modéliser
explicitement les nouvelles technologies (Khan et Villanueva, 1991). Robert
Lucas quant à lui privilégie l'accumulation du capital humain
dans une deuxième approche. Barro et Romer (1990) de leur
côté suggèrent plutôt que les dépenses
d'infrastructures publiques et l'accumulation du capital due à
l'innovation et à la recherche-développement soient explicitement
prises en compte pour expliquer la croissance.
Pour les théoriciens de la croissance endogène,
ces différents éléments ci-dessus doivent être
considérés comme des facteurs de la fonction de production du
fait de leur contribution substantielle à la croissance
économique. De plus l'hypothèse de productivité marginale
décroissante sera abandonnée au profit de celle de
productivité marginale constante car la première hypothèse
aurait tendance à neutraliser la croissance de longue période.
Les théoriciens de la croissance endogène en dépassant les
perspectives de l'investissement en capital et du progrès technique
exogène éclairent mieux sur les enjeux de la politique
économique dans le processus de croissance. Ainsi de plus en plus de
travaux tendent à mettre l'accent sur la nécessité de la
politique économique dans la réalisation de la croissance.
Fisher (1993) s'est intéressé aux effets de
l'instabilité macroéconomique sur la croissance. En utilisant des
données de panel, il a relié le taux de croissance du PIB
à certaines variables macroéconomiques clés. Ainsi le taux
d'inflation, le déficit budgétaire et les termes de
l'échange sont reconnus comme ayant un impact significatif sur la
croissance. Pour lui, l'instabilité macroéconomique favorise les
mauvaises performances économiques.
Gura et Hadjicamel (1996), en étudiant les
déterminants de la croissance dans 29 pays africains y compris ceux de
la zone franc, sont arrivés à la conclusion que l'investissement
privé explique fortement la croissance économique. Une bonne
politique devrait permettre d'accroître leur volume et leur
efficacité. Ils mettent l'accent sur le déficit budgétaire
soutenable, le maintien de la compétitivité extérieure et
la mise en place des réformes favorisant le développement du
capital humain.
Dans le même ordre d'idée, Odjo et Oshikoya
(1998), ont montré que l'investissement, le taux de croissance de la
population, les exportations, le taux d'inflation, le taux de change, la dette
extérieure constituent les principaux déterminants de la
croissance. Leur travail a consisté à estimer
économétriquement toute les variables susceptibles d'influer le
PIB par tête de 17 pays africains repartis dans les trois groupes de pays
que sont: les pays exportateurs de pétrole, les pays à revenu
intermédiaire et les pays à faible revenu. A travers une
série de régressions, ils ont montés l'impact de chaque
facteur sur le taux de croissance du PIB par tête. Pour eux, les pays
exportateurs de pétrole sont relativement plus sensibles aux
investissements que les autres groupes. La faible sensibilité des pays
à faible revenu à l'investissement semble s'expliquer par le
manque de facteurs complémentaires (capital humain) pour assurer son
efficacité. En revanche, la croissance de la population ne semble pas
constituer un obstacle pour les pays à revenu faible, même s'il ne
leur est pas recommandé de négliger les politiques de
population.
De façon analogue, Dollar et Kraay (2001) se sont
intéressés aux taux de croissance de 180 pays sur les vingt
dernières années. Il ressort de l'étude que la taille du
marché intérieur mesurée par le logarithme de la
population, l'accès aux marchés étrangers, le droit de
propriété et les règles juridiques affectent la
volonté d'investir et d'innover et donc la croissance. La mise en place
d'un cadre institutionnel adéquat stimulant l'initiative individuelle et
la proximité avec un grand voisin par exemple (aidant à
accroître les échanges extérieurs du pays) sont très
bénéfiques à l'activité économique.
Toujours dans l'intérêt de souligner l'importance
de l'enjeu des politiques économiques dans le processus de la
croissance, Claude Sinzogan (2001) a fait une étude pour évaluer
les déterminants de la croissance économique au Bénin. Il
s'est intéressé non seulement aux effets des variables
économiques (degré d'ouverture, l'espérance de vie
à la naissance ...) sur les facteurs de production mais aussi à
leur contribution aux performances de la croissance économique et ceci
à partir de l'estimation d'un modèle de la croissance ayant pour
base la fonction de production de Cobb-Douglas. Ce modèle a permis de
mettre en relation le PIB (variable endogène) et les variables
exogènes comme le degré d'ouverture, l'espérance de vie
à la naissance. Les résultats de l'estimation montrent que
l'élasticité de croissance des facteurs travail et capital est
positive. En effet, lorsque le volume du facteur travail utilisé
s'accroît de 1%, le PIB s'accroît de 0,25%. Ce taux d'accroissement
est de 0,10% pour le capital. L'ouverture et l'espérance de vie à
la naissance ont eu des effets escomptés sur la productivité et
la croissance. Ces deux variables influencent positivement la
productivité des facteurs avec, toutefois, une intensité plus
élevée pour le degré d'ouverture.
De tout ce qui précède, nous retenons que dans
la plupart des cas, l'ouverture commerciale est toujours
représentée par une variable dans les modèles de
croissance. Elle constituerait un déterminant majeur de la croissance
économique. Son importance mérite d'être soulignée
dans la mesure où l'ouverture commerciale joue un rôle important
dans le contexte actuel de la croissance engendrée par
l'intégration régionale et la mondialisation de
l'économie. Mais il n'est pas exclusif. Il existe en effet une multitude
de variables explicatives de la croissance économique liées aux
politiques économiques et dont le choix dépend des objectifs
poursuivis.
1-2-2 Exportation et croissance économique
Il est couramment admis que le commerce constitue un
déterminant important de la croissance économique à long
terme. Les politiques économiques privilégiant la croissance des
exportations et la libéralisation commerciale ont été au
coeur des stratégies recommandées aux pays en
développement. Les origines des fondements théoriques du lien
positif entre ouverture commerciale et la croissance sont doubles. D'une part,
l'approche classique explique les gains tirés de la
libéralisation commerciale par les avantages comparatifs, que ceux-ci
soient sous la forme de dotations en ressources naturelles (modèle
Hecksher-Ohlin) ou de différences technologiques (modèle
ricardien). D'autre part, la littérature sur la croissance
endogène suppose que l'ouverture commerciale affecte positivement le
revenu par tête et la croissance au travers d'économie
d'échelle et de la diffusion technologique entre les pays. Des travaux
théoriques et empiriques ont tenté d'analyser les
retombées de l'ouverture sur l'extérieur et de
l'intégration à l'économie mondiale pour les pays.
Smith et Ricardo sont les premiers à définir les
avantages que peuvent tirer les pays à libéraliser leurs
échanges. S'opposant aux mercantilistes, Smith affirme que tous les pays
peuvent gagner au commerce car, pour lui, l'objectif du commerce ne
réside pas dans le solde commercial mais dans le fait de pouvoir se
procurer des produits à bon marché que si l'on les produisait
soi-même. C'est tout le fondement de la théorie de l'avantage
absolu qui mène à la spécialisation internationale et
à la mise en place d'une division internationale du travail. Pour Adam
Smith, le commerce n'est pas nécessaire au développement car la
production est déterminée par le capital. Toutefois, le libre
échange, reconnaît-il, peut favoriser à un certain niveau
de développement du pays par l'accumulation du capital.
Dans le même registre, Ricardo soutient que le commerce
extérieur quelles que soit son extension ne saurait augmenter tout
à coup les valeurs nationales. Il est avantageux pour les pays qui le
pratiquent parce qu'il augmente le nombre et la variété des
objets auxquels on peut employer son revenu, c'est-à-dire le niveau de
bien-être ou de revenu réel. Krugman (1995) utilise la notion
« d'effet de diversification » pour décrire cette
situation. Cet effet de diversification bénéficie non seulement
aux consommateurs mais aussi aux producteurs qui auront un choix
supplémentaire en biens de production.
Pour Johnson (1972), le développement des exportations
est nécessaire dans la mesure où la croissance
entraînée par le développement des investissements se
heurte à plus ou moins long terme au déficit de la balance
commerciale provoqué par l'accroissement des importations de biens
intermédiaires et de biens de consommation. Les exportations peuvent
ainsi contribuer au maintien de l'équilibre de la balance commerciale
à long terme et à un taux de croissance élevé tout
en rétablissant une demande solvable (Diaz, 1989)
Michaely (1977) a étudié la corrélation
entre une variable de croissance des exportations et une variable de croissance
des revenus. L'objectif de ce type d'étude était de montrer la
supériorité en termes de croissance d'une politique de promotion
des exportations par rapport à une politique de substitution des
importations. Ainsi, à partir d'un échantillon de 41 pays en
développement pour la période (1950-1973), Michaely (1977) trouve
un coefficient de corrélation de Spearman de 0,38 significatif à
1% entre le taux de croissance de la part des exportations dans le produit
national brut (PNB) et le taux de croissance du PNB par tête.
Enfin à partir de l'analyse de Michaely, Heller et
Porter (1978) montrent que la corrélation correcte à tester
concerne le taux de croissance des exportations et le taux de croissance de la
composante non exportée de la production. Le coefficient de
corrélation de Spearman obtenu est 0,57 pour les pays les plus riches et
0,09 pour les autres. Ce qui confirme les résultats de Michaely. Si les
tests de corrélation permettent d'établir un lien entre deux
variables, il ne donne aucune information quant à la nature de ce lien.
Une façon d'appréhender plus précisément ce lien
réside dans l'estimation d'une équation intégrant d'autres
variables.
L'étude de Feder (1982) constitue un exemple de ce type
d'analyse avec des régressions linéaires multiples. Son objectif
est d'estimer l'équation théorique reliant le taux de croissance
du PIB au taux d'investissement, le taux de croissance de la population, le
taux réel des exportations et le taux de croissance réel des
exportations multiplié par la part des exportations dans le PIB.
Cette dernière variable a un intérêt
particulier puisqu'elle permet de détecter la présence de gains
apportés par le transfert de facteur de production d'un secteur à
faible productivité à un secteur à forte
productivité réelle (Feder 1982). L'étude porte sur un
groupe de 50 pays en développement pour la période (1964-1973) et
teste l'hypothèse que d'une part, les productivités marginales
dans le secteur exportateur sont plus fortes et que d'autre part ce secteur
exportateur génère des externalités positives. La
régression donne effectivement des coefficients significatifs valant
respectivement 0,75 et 0,13, ce qui confirme l'hypothèse d'un effet
bénéfique de l'ouverture via la concurrence et la diffusion
technologique sur la croissance.
D'autres tests ont également mis en évidence un
impact des exportations sur la croissance. Cependant, lorsque l'on
s'intéresse à la détermination du sens de causalité
entre la croissance des exportations et la croissance du revenu, ce consensus
en faveur d'une politique de promotion des exportations tend à
disparaître. Jung et Marshall (1985) ont testé le sens de
causalité entre ces deux variables à l'aide d'un test de Granger
sur la base de séries temporelles pour un échantillon de 37 pays
en développement. Ils montrent que la prédiction habituelle d'un
effet significativement positif des exportations sur la croissance n'est
empiriquement validée que dans quatre cas seulement. A l'inverse,
à partir d'un test de Sims, Chow (1987) met en évidence une forte
relation causale bidirectionnelle entre la croissance des exportations et le
développement industriel de huit (08) nouveaux pays
industrialisés « ouverts » (parmi lesquels se
trouvent la Corée du Sud, le Singapour, le Hong-Kong et la Taiwan) et
conclut que les deux variables bénéficient mutuellement l'une de
l'autre.
Plus récemment Love (1994) a utilisé un test de
Granger amélioré sur 20 pays en développement à
revenu faible et moyen et il ne parvient à corroborer que faiblement
l'hypothèse d'une croissance tirée par les exportations.
Dans cet ordre d'idée, Nurke (1961) dans son
étude avança la thèse selon laquelle les exportations
furent au XIXième siècle le moteur de la croissance
des pays en développement de l'époque, thèse qu'il
illustra par l'analyse de la croissance de sept (07) pays : l'Argentine,
Uruguay, l'Afrique du sud, la Nouvelle Zélande, l'Australie, les
Etats-Unis et le Canada.
Kindleberger (1961) a, lui aussi, souligné le
rôle essentiel qu'ont joué les exportations dans le
développement de l'économie britannique au
XIXième siècle, dans celui de la Suède et du
Danemark à la fin du même siècle et du Canada et les
Pays-Bas au début du XXième siècle.
Dans une étude au Chili, French-Davis (1990) note que
ce pays a entièrement bénéficié des avantages du
libre échange décrits par les théories du commerce
international après que celui-ci a fait l'option de l'ouverture sur
l'extérieur à travers notamment une réforme de son secteur
exportateur dans les années soixante dix. La croissance y est maintenue
depuis 1984, les niveaux de consommation se sont fortement accrus, les
entreprises libérées de la contrainte protectionniste et
étatique ont rationnalisé et modernisé leurs
équipements, accru la productivité en réduisant les
stocks, en informatisant la gestion. Des entrepreneurs plus dynamiques sont
apparus et ont su profiter des opportunités du marché
international tant à l'exportation qu'à l'importation.
En étudiant les facteurs internes de
l'industrialisation de huit (08) pays asiatiques (dont les nouveaux pays
industrialisés) et de sept (07) pays d'Amérique Latine, Chenery
(1988) identifia la demande intérieure, les exportations, la
substitution d'importation et le changement technologique comme les moteurs de
l'industrialisation selon les pays. Dans des pays comme la Corée, la
Taïwan, Israël et la Yougoslavie, les exportations ont
été à la base du processus d'industrialisation.
C'est dans ce même registre que Malek (2000), dans sa
thèse de doctorat intitulé «libéralisation des
échanges extérieurs, croissance, salaire et emploi en
Tunisie«, a analysé le rapport qui peut exister entre la
libéralisation des échanges extérieur et la croissance
économique dans les pays en développement.
Dans cette thèse, il a repris le débat
théorique se rapportant aux bienfaits des politiques de
libéralisation mise en oeuvre dans les pays en développement,
débat qui a dépassé celui des classiques entre les tenants
du livre échange et les défenseurs du protectionnisme.
L'étude et la critique des différents modèles de
croissance ayant traité la question de corrélation des
exportations, comme indicateur d'ouverture à l'échange et la
croissance économique lui ont permis de spécifier les
éléments à prendre en compte dans l'étude de cas
tunisien. Ainsi, les résultats de ces tests économétriques
ont montré que l'orientation commerciale vers l'extérieur a eu
des effets positifs sur les performances macroéconomiques et que ces
effets positifs ont été plus présents au cours de la
période de postérieur à l'application du Programme
d'ajustement structurel.
Félix Fofana N'Zué (2005), dans une étude
qui a pour objectif d'analyser la relation de causalité au sens de
Granger entre l'expansion des exportations et la croissance économique
de la Côte d'Ivoire et de déterminer ses implications en
matière de création d'emplois et qui s'est faite sur la base des
tests de stationnarité, de cointégration et de causalité
à la Granger, conclut que malgré l'absence de
cointégration entre les exportations et la croissance économique,
il existe une relation circulaire entre elles. En outre, il n'y a pas de
cointégration entre le facteur travail, les exportations, les
dépenses publiques et la croissance économique.
Toujours dans l'intérêt de souligner l'importance
des exportations dans le processus de la croissance, Honoré Lezona
(2005) a fait une étude pour analyser l'impact des exportations sur la
croissance économique sur la période 1972-2002 au Congo. Cette
étude prend en compte les principales réformes économiques
et sectorielles entreprises au Congo Brazzaville. Il a ainsi été
amené à mettre en relief les facteurs favorables de la croissance
économique, par le biais des exportations, et notamment, à
déceler les obstacles qui freinent cette croissance. En ce qui concerne
la méthode d'analyse utilisée, elle consiste à estimer un
modèle de croissance qui fait recours à la fois, à la
théorie du commerce international et à une fonction de
production. Six variables (PIB par tête, formation brute du capital fixe,
termes de l'échange, exportations pétrolières,
exportations non pétrolières et instabilité politique) ont
été utilisées dans ce modèle
économétrique (modèle à correction d'erreur) qui
prend en compte, aussi bien, les effets de court terme et de long terme.
Les résultats obtenus de l'estimation
révèlent que les exportations pétrolières et les
exportations non pétrolières ont une influence positive mais non
significative sur la croissance économique. Par contre,
l'instabilité politique pèse négativement sur les
performances économiques. Seynabou Diallo (2001) avait observé
des résultats similaires en faisant une étude intitulée
«Exportation et croissance économique au Sénégal: Une
analyse empirique«.
De l'ensemble de ce qui précède nous pouvons
retenir que les exportations constituent une source importante de la croissance
économique. La question que nous nous posons est de savoir comment ces
différents modèles peuvent s'appliquer au Bénin ;
pays faiblement industrialisé à dominance agricole où le
secteur informel tient encore une place importance.
1-3 Objectifs et hypothèses
1-3-1 Objectifs
L'objectif général de cette étude est
d'apprécier les effets des exportations agricoles sur la croissance et
le bien-être au Bénin de 1975 à 2008. Ceci de nature
à éclairer les responsables de la politique économique
quant aux orientations données aux stratégies de
développement fondées sur la croissance.
Plus précisément les objectifs
spécifiques visés sont :
(1)-Evaluer la contribution des exportations agricoles
à la croissance économique du Bénin.
(2)-Appréhender l'effet des exportations agricoles sur
le bien-être à travers la consommation des ménages par
tête au Bénin.
Pour y parvenir nous avons formulé un certain nombre
d'hypothèses.
1-3-2 Hypothèses
Au cours de cette étude, deux (02) hypothèses
seront vérifiées.
(1)-Les exportations agricoles ont des effets positifs
significatifs sur la croissance au Bénin.
(2)-Les exportations agricoles ont un impact positif sur la
consommation des ménages par tête.
1-4 Méthodologie
Dans un travail de recherche, la méthodologie suivie
s'avère importante pour la fiabilité et la
crédibilité des résultats. Elle se définit comme
l'ensemble des démarches entreprises pour la collecte des
données, des informations et leurs traitements en vue de produire des
résultats qui permettent d'atteindre les objectifs fixés et de
vérifier les hypothèses.
1-4-1 La collecte des données
Plusieurs centres de documentation et sites internet ont
été visités ou consulté pour la collecte des
données. Nous avons utilisé à cet effet les annuaires, les
bulletins statistiques et les rapports annuels disponibles dans les dits
centres. Il s'agit notamment :
-des publications de l'INSAE
-des publications du Ministère du Développement,
de l'Economie et des Finances.
-des données publiées par la BCEAO
-du site Word Perspectives.
Ces différentes sources nous ont permis d'obtenir sur
la période de 1975 - 2008 les données suivantes :
-les valeurs du produit intérieur brut
-les valeurs de la consommation des ménages
-les valeurs des exportations non agricoles
-les valeurs des dépenses publiques
-les valeurs des exportations agricoles
-les valeurs des importations
-les valeurs de l'investissement
-les valeurs de la population totale
-les valeurs du niveau général des prix
représenté par le taux d'inflation
1-4-2 La collecte d'information
Pour la collecte des informations, la plupart des centres de
documentations ont été sollicités. Les ouvrages
disponibles nous ont permis de recueillir des informations concernant des
précisions théoriques et des développements sur les
techniques d'analyse.
1-4-3 Traitement des données
L'étude prend en compte toutes les données de
1975 à 2008. La méthode de l'analyse longitudinale a
été retenue pour le traitement des données car cette
méthode permet de dégager le comportement des exportations
agricoles sur la période. Ce qui peut constituer les piliers autour
desquels les maximisations de la croissance économique et le
bien-être à travers la consommation des ménages par
tête peuvent s'organiser à long terme.
1-4-4 Technique d'analyse
Nous avons utilisé essentiellement les modèles
économétriques pour étudier les effets des exportations
agricoles sur la croissance et le bien-être à travers la
consommation des ménages par tête.
Le logiciel Excel est utilisé pour réaliser les
tableaux et les graphiques et le logiciel Eviews 5.0 est, quant à lui,
utilisé pour faire l'estimation des modèles
économétriques.
1-4-5 Difficultés
rencontrées
Les principales difficultés rencontrées au cours
de cette étude sont liées à la collecte des
données. L'éparpillement de celle-ci a rendu difficile leur
collecte.
Toutefois avec détermination nous sommes parvenus
à les collecter.
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