Le développement des populations et de leurs
activités se traduisent souvent par une évolution des modes de
valorisation de l'espace. La croissance démographique s'accompagne
très souvent de mutations importantes de l'utilisation de l'espace
foncier: changements profonds dans les activités agricoles,
dégradation accélérée des ressources naturelles,
qui marquent fortement le territoire.
D'une part, en tant que consommateur, la croissance
démographique conduit à l'augmentation des besoins et se traduit
par une pression accrue sur les ressources naturelles, ce qui à son
tour, conduit à leur surexploitation et à leur
dégradation. D'autre part, en tant qu'acteur, l'homme utilise des
techniques qui sont souvent inadéquates ne permettant pas de renouveler
les ressources.
Par rapport aux taux moyens du pays sur l'accroissement
démographique 2.9%, et la mortalité infantile 8.8% (INSTAT 2004),
la population de la zone d'étude présente un taux d'accroissement
démographique moyen, si on ne tient pas compte du mouvement migratoire,
et connaît un faible taux de mortalité infantile. Les soins et
l'assistance apportés par le personnel médical de
l'établissement Izouard contribue énormément au maintien
de ce faible taux de mortalité infantile.
Cependant, compte tenu du mode d'exploitation du milieu
(système de défriche sur brûlis), le nombre actuel de la
population n'est plus supporté par le milieu. En effet, les
densités de population permises, de l'ordre de quelques dizaines
d'habitants au Km2 sont déjà largement
dépassées. (Mémento de l'agronome)
En outre, l'accroissement démographique n'est pas
proportionnel à l'augmentation de la production vivrière. Le
rapport entre les besoins et la production est en déséquilibre.
La population est amenée à faire pression sur les ressources
naturelles pour survivre. Ce qui provoque la surexploitation et la
dégradation de ces ressources. Ce déséquilibre entre la
population et les ressources est aussi aggravé par d'autres processus
sociaux qui créent ce que l'on peut appeler une spirale de la
dégradation :
> Il y a une différenciation sociale importante
dans la région : Les nouveaux venus sont plus défavorisés
que les anciens. Ces fractions sociales déjà
défavorisées sont marginalisées. Leur accès
à la ressource foncière se dégrade, ce qui se traduit par
leur rejet vers les terres marginales (souvent aussi les plus fragiles).
> Les paysans n'arrivent plus à respecter les normes
requises par le système de culture sur brûlis. Ce système
nécessite la rotation des terrains de culture. Il utilise la forêt
comme moyen de reproduction de la fertilité et demande, dans le
système forestier typique, un temps de jachère d'environ 15 ans
pour assurer cette reproduction. Or, la disponibilité foncière ne
permet pas, surtout pour les nouveaux venus, de faire ainsi. Et la
fertilité des sols diminue très rapidement
Contribution à la müe en place d'une
agriculture respectueuse de l'environnement dans les zones
périphériques
du PNAM : cas de la forêt
déclassée de sahanody.
par la forte exploitation des terrains et la diminution, voire
la suppression du temps de jachère.
> De plus, la faiblesse des ressources financières
disponibles, le non accès au crédit par absence de garantie
réalisable ne permet pas d'investir ni dans l'amélioration du
rendement, ni dans la protection du ressource sol : fertilisation,
aménagement anti-érosif, etc.
Par ailleurs, l'accroissement démographique implique
également l'augmentation des besoins en bois qui constitue presque 100%
de l'offre brute d'énergie de la population. Pourtant la croissance de
ces forêts ne suit pas le taux d'accroissement démographique.
Ainsi, il existe un déséquilibre entre la production et les
besoins en bois entraînant la diminution de la couverture
forestière.
Enfin, le pourcentage de la population moins de 15 ans et des
vieillards qui représentent respectivement 48,2% et 3,8%, donne un taux
de dépendance de 148%. Ce qui signifie que 1 adulte a à son
charge 14,8 personnes. Cet état de fait permet de prévoir un
certain nombre de phénomènes à savoir :
> Une accentuation de la pression foncière
> Une accentuation de la pression sur les ressources
naturelles
> Une aggravation des problèmes sociaux,
économiques et de sécurité > Des difficultés
d'épargne, donc d'investissement de toute sorte