CHAPITRE I: CADRE THEORIQUE ET METHODOLOGIQUE
Chaque étape de développement de
l'économie d'un pays est réalisée par des Institutions et
des mécanismes mettant en oeuvre des techniques financières de
plus en plus élaborées comme le financement de la production, le
gage de création de richesses et d'emplois, la décentralisation
etc. La plupart de ces Institutions qui constituent la base des investissements
ont pour rôle principal l'intermédiation financière. Ainsi,
le passage de l'économie de subsistance à l'économie de
marché des capitaux a été concrétisé dans la
plupart des pays industrialisés par le développement et le
perfectionnement du système de financement de l'économie qui
n'est pas sans risque, en témoigne la crise financière qui secoue
depuis 2008 le monde entier et qui est devenue pour toutes les grandes
puissances mondiales et même pour les pays en voie de
développement un sujet majeur de préoccupations.
Les crises économiques, le poids de l'endettement et
les problèmes de gouvernance ont rendu très précaires les
conditions de vie de la majeure partie des populations des pays en voie de
développement. Dans ces pays où cohabitent les secteurs
d'activité formel et informel, les microcrédits n'ont pas
toujours accès au financement bancaire classique pour suppléer
à l'Etat dans la création de la richesse et d'emplois. Or, la
création et la mise en oeuvre de projets susceptibles d'induire la
création de richesse et d'emplois sont l'émanation du secteur
privé, l'Etat créant le cadre et l'environnement adéquats
à travers la mise en oeuvre de ses fonctions.
Un système financier adéquat s'avère donc
impérieux pour la relance des activités de toute la nation. C'est
dans ces conditions qu'est né au début des années 80 le
concept de microcrédit au Bengladesh et en Asie5 . Ce
système avait pour objectif d'offrir aux personnes ne pouvant pas
accéder au crédit bancaire (faute de garanties nécessaires
ou parfois à cause de leur idéologie culturelle et sociologique,
de l'éloignement, de l'analphabétisme et d'autres
barrières) aux services d'épargne et de crédit, la
possibilité de le faire et ceci aidait à combattre, à
l'époque, la crise financière.
En Haïti, le dynamisme du secteur de microcrédit
s'explique par le souci de permettre aux plus défavorisés
d'avoir accès au système de crédit et améliorer la
situation
5 The poor always pay back, the Graamen II Story,
November 2006, Asif Dowla, and Dipal Barua
socio-économique de leurs vies. C'est en 1984 que la
"Foundation for International Community Assistance" (FINCA)6 , a vu
le jour. Elle est la première Institution de microcrédit en
Haïti. Ensuite, viennent d'autres microcrédits évoluant dans
les milieux ruraux tels que: Fonkoze qui a commencé ses activités
en 1994 et "l'Association des Femmes Commerçantes à
Première l'Arbre" (ASFAKOP) qui a commencé en 2004.
Le Microcrédit considéré
généralement comme un instrument de développement s'est
révélé très efficace au service des populations
exclues des systèmes classiques de financement, faute de pouvoir remplir
les conditions exigées par ces derniers. Il offre ainsi de très
petits crédits à des individus pauvres en les aidant à
mener des activités génératrices de revenus et en leur
permettant de développer leur micro entreprise. Il participe pour
beaucoup dans la lutte contre la pauvreté et en constitue, de plus en
plus, un des outils privilégiés.
Cependant, une étude réalisée par l'Etat
Haïtien7 sur le mirocrédit en 2006, démontre
qu'il n'y a pas eu de très grande amélioration dans les
conditions de vie des gens vivant dans les zones où interviennent les
microcrédits par exemple: FINCA8 qui se trouve à
Aquin, Petite Goâve, Ounaminthe et Chardonnière; Parole &
Action9 qui est à Saint-Marc, Gros-Morne, Première
l'Arbre et Cul-de-Sac etc. De plus, les systèmes de microfinance qui
existent dans le milieu urbain se trouvent dans les banques comme par exemple,
Sogesol pour Sogebank, Microcrédit National pour Unibank etc. En outre,
ces programmes n'ont pas une perspective globale destinée à
résoudre la situation économique d'une population pauvre mais
leurs crédits sont surtout destinés à ceux et celles qui
peuvent les leur rembourser.
Parallèlement, Première l'Arbre une commune du
Département de l'Artibonite située à quelques
kilomètres des Gonaïves a bénéficié d'un
système de microcrédit à travers une Association
dénommée: "Association des Femmes Commerçantes de Plaine
de
6 idem page 6.
7 Bernadin et Hilaire (2005 et 2006)
8
www.villagebanking.org
9
www.paroleetaction.org
l'Arbre". (ASFAKOP). Autrefois, ce système fonctionnait
normalement, les femmes remboursaient leurs prêts à temps et
pouvaient répondre à leurs besoins et ceux de leurs familles.
Après deux ans de fonctionnement, l'unique intermédiaire
financier de la zone PLANET ne pouvait plus satisfaire les autres membres en
attente et les bailleurs de fonds constatant cela ne financent plus cette zone
jusqu'à restitution des fonds.
Notre étude a pour but de proposer une structure de
microcrédit adéquate à la réalité de
l'Asfakop à Première l'Arbre en se basant sur les facteurs qui
contribuent au succès d'un programme de microcrédit: l'engagement
de l'organisation, la conception du produit et l'identification de la
clientèle10.
Une zone comme Première l'Arbre qui offre beaucoup de
possibilité dans l'agriculture ne pourrait-elle pas avoir un
système de microcrédit adapté à ses
réalités socio-économiques?
1.2 OBJECTIFS
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