Paragraphe 2. Industrialisation et concentration
Louis Hachette est désigné par Jean-Yves
Mollier18 comme le premier industriel du livre. En effet, la loi
Guizot qui prône l'instruction universelle, conduit cet éditeur
à concevoir des manuels scolaires destinés aux enfants des
écoles élémentaires publiés à plusieurs
milliers d'exemplaires. Ainsi, avec l'Alphabet, premier livre de lecture vendu
à un million d'exemplaires à l'Etat, il n'est plus question
d'artisanat, mais de processus industriel. À compter de 1852, la
société L. Hachette et Cie sera restructurée. Elle
deviendra alors une entreprise importante vendant des livres en France et
à l'étranger, et employant de nombreux collaborateurs. Ainsi
d'autres sociétés suivront comme Flammarion, par exemple.
Après la seconde guerre mondiale, le mouvement reprendra pour
s'accélérer dans les années 1950- 1960.
Une bataille se mènera ensuite pour la domination des
groupes de communication. En 1979, CEP Communication (filiale d'Havas),
spécialisée alors dans la presse scientifique et technique, va se
lancer dans la course à la concentration afin de détrôner
Hachette. Après l'acquisition de Nathan et de Larousse, il deviendra le
deuxième groupe français, suivi de près par les Presses de
la Cité. Cependant en décembre 1980, Jean-Luc Lagardère
rachète 41% des
18 Où va le livre, Dir. Jean-yves Mollier, La
Dispute, 2007
actions de la société Hachette. En riposte, Havas
passera un accord de partenariat avec les Presses de la cité devenant
ainsi en 1988 le premier éditeur français.
CEP deviendra la société Havas Publications
Edition, puis Vivendi Universal Publishing. Cependant, c'est à l'automne
2002 que sonnera le glas de VUP, après la déconfiture de
Jean-Marie Messier, par la vente des maisons d'édition au plus offrant.
Hachette tentera de racheter la totalité de ces sociétés,
mais le groupe sera arrêté par Bruxelles qui ne l'autorisera
à acquérir que 40% de VUP. Ce qui n'empêchera pas
néanmoins Hachette, par cette opération, à devenir le
premier groupe français et le sixième mondial.
Ces phénomènes d'industrialisation et de
concentration, auront un impact fort sur la créativité. Ces
groupes, mus par des objectifs de rentabilité
financière19 toujours croissants, sont conduits à
mener une politique éditoriale sans risque, laissant ainsi aux petites
maisons d'édition le soin d'innover. Ce phénomène explique
aujourd'hui la réticence des éditeurs à numériser
leur catalogue et à se lancer dans le livre enrichi. N'étant pas
assuré de la rentabilité, ces groupes laissent la part belle
à l'arrivée de pure players sur ce marché.
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