Quelle stratégie numérique pour les éditeurs de livres ?( Télécharger le fichier original )par Patricia Gendrey Institut Léonard de Vinci - MBA marketing et commerce sur internet 2011 |
Section 2 : Les pratiques des digital nativesLe rapport 201068 sur la lecture des enfants et de la famille écrit par le groupe Harrison et l'institut Scholastif, bien que réalisé aux Etats-Unis, fournit des résultats intéressants qui pourront alimenter la réflexion pour des développements éditoriaux futurs. Les parents pensent que le temps passé par leurs enfants sur des supports numériques a des effets sur leur vie. 68 2010 Kids et Family reading report : turning the page in the digital age, Harrison Group http://dayspringag.org/files/Fall2010/2010KFRR.pdf Harrison Group 2010 Plus les enfants sont âgés et plus le temps passé sur des supports électroniques augmente au détriment de celui occupé à la lecture. Harrison Group 2010 La télévision, tous les âges confondus, constitue le premier loisir, à l'exception de la tranche des plus de 15 ans. La lecture constitue la seconde activité pour la tranche des 6-11 ans et passe en dernière position à partir de 12 ans. Les parents sont majoritairement inquiets de l'impact du numérique sur le temps que leurs enfants consacrent à la lecture, 56 % en moyenne. En outre, si les parents devaient supprimer un appareil électronique à leurs enfants pendant une à deux semaines, ils répondent majoritairement la télévision, les jeux vidéo et les téléphones portables. Toutefois, les réponses diffèrent selon le sexe et l'âge des enfants. Harrison Group 2010 La plupart des enfants de 9 à 17 ans ont une définition plus large que leurs parents de ce qu'est la lecture, 28 % pensent que lire des commentaires sur Facebook est une activité apparentée à la lecture.
Harrison Group 2010 En dix ans, la lecture de livres a diminué chez les jeunes parmi lesquels on note une réduction du rythme de lecture et du nombre de gros lecteurs. Toutes ces tendances sont intéressantes à analyser pour les éditeurs de livres, et en particulier, du secteur scolaire et parascolaire. Nous savons désormais en effet que les jeunes adoptent d'autres formes de pensée69, en privilégiant les accès au savoir et les approches aléatoires70, par le biais des liens hypertextes notamment. Ils éprouvent des difficultés avec l'enseignement académique, en particulier le raisonnement démonstratif progressif71. Le digital native est un impatient pour lequel tout doit aller vite. Il recherche la satisfaction d'un plaisir immédiat et des récompenses fréquentes. Ce que montrent les études, c'est que pour exploiter ces nouvelles structures mentales, il faut aménager, sinon abandonner la pédagogie traditionnelle où seul l'enseignant s'exprime et les élèves restent passifs, sauf très rares exceptions. Le jeune, désormais doté d'un cerveau hypertexte et d'une aptitude au fonctionnement multitâches, attend plus d'autonomie, d'interactivité et que soit privilégié le travail en réseau ou en groupe. Certains auteurs plaident pour l'utilisation du jeu sérieux72 à des fins pédagogiques. Ces attentes peuvent trouver à être satisfaites par le développement de produits plus adaptés dans l'édition scolaire et parascolaire. Ceci ne pourra se faire néanmoins sans les enseignants. Les éditeurs ne pourront faire évoluer seuls les manières de concevoir des manuels numériques, ils doivent le faire au côté des enseignants qui doivent eux-mêmes révolutionner l'apprentissage et la transmission du savoir auprès des digital natives, en remettant en question les méthodes traditionnelles de pédagogie. 69 Marc Prensky, Digital natives, digital immigrants, 2001, www.marcprensky.com 70 Born Digital, John Palfrey et Urs Gasser, Basic Books, 2008 71 Pratiques culturelles chez les jeunes et institutions de transmission : un choc de cultures, Sylvie Octobre, DEPS, janvier 2009 |
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