Section 2: Analyse de l'intégration
financière dans l'uemoa
Cette section vise à analyser d'une part le mouvement des
capitaux qui est censé accompagner les transactions commerciales et
d'autre part les rapports
financiers de la zone avec le RDM. Une telle analyse serait
faite par la mesure du degré de l'intégration financière
de la zone. Dans cet espace, la BRVM et le Dépositaire Central/ Banque
de règlement (DC/BR) sont chargés de gérer ce
Marché Financier Régional (MFR). Après une brève
présentation du MFR, il serait question d'analyser le dynamisme du
processus d'intégration financière.
Paragraphe 1 : Le Marché Financier
Régional de l'UEMOA : Instrument d'intégration
financière.
Le MFR de l'UEMOA a deux pôles :
+ le pôle public sous le contrôle du CREPMF qui est
l'organe de
tutelle et garant de l'intérêt public ;
+ le pôle privé qui regroupe les structures
centrales du marché
(BRVM et le DC/BR) et les intervenants commerciaux (SGI) qui sont
chargés d'animer ce marché.
Le DC/BR est l'organe chargé de la compensation des
opérations de titres et d'espèces sur le MFR tandis que la BRVM a
en charge l'organisation du marché boursier et la diffusion des
informations de la côte. C'est ce dernier qui fait l'objet de cette
étude.
En effet, cette Bourse comprend deux compartiments :
> le marché primaire : on y effectue les
opérations d'appel public à l'épargne par
émission de titres nouveaux ;
> le marché secondaire : on y négocie et on y
échange les valeurs mobilières
déjà émises et souscrites sur le
marché primaire.
A) Missions
Le marché financier est un marché où l'on
mobilise les capitaux de long terme pour le financement de l'économie.
Son dynamisme est apprécié par l'intégration
financière qui est un processus graduel par lequel les flux
transfrontaliers de capitaux augmentent, les mouvements des marchés
financiers se synchronisent, les prix des produits et les infrastructures des
marchés convergent vers l'adoption d'une norme commune. Dans le but de
rendre homogènes les organes concourant à accélérer
le processus d'intégration, ce marché s'est vu assigner les
objectifs qui sont :
augmenter le taux d'épargne et l'offre de capitaux
à long terme ;
diversifier les moyens de financement des entreprises et modifier
la structure financière en vue d'un renforcement des fonds propres ;
diminuer les coûts d'intermédiation
financière par la promotion de la finance directe7.
L'objectif final attendu est, d'une part de renforcer la
capacité de ces économies à mobiliser de manière
efficiente les fonds endogènes pour l'économie, et d'autre part
de palier aux difficultés inhérentes au système financier
existant, jadis inadéquat au système financement des
économies modernes.
B) Mesure de l'intégration
financière.
La mesure de l'intégration est faite suivant deux
approches : ? Mesure par sa portée
géographique.
? Mesure en fonction des catégories
d'actif
1- Mesure par la portée
géographique
L'objectif visé est d'apprécier l'aptitude de
cette zone monétaire, et d'attirer vers elle, un maximum d'Afflux Nets
de Capitaux (ANC) par rapport au RDM. Il serait question d'apprécier
l'évolution des ANC vers le MFR.
En effet, l'UEM aurait pour effet l'augmentation des ANC. Ceci
est dû à l'effet de complémentarité qui crée
des flux de commerce. La littérature économique touchant l'effet
d'une union monétaire sur les ANC révèle l'existence de
deux effets influents le comportement des investissements. Il s'agit de la
diminution du coût de transaction et des ces coûts d'implantation
des firmes multinationales (Blomstrom et KOKKO ,1997).
Tableau N°9: Evolution des ANC dans
l'UEMOA
|
Années
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Eléments
|
|
97
|
98
|
99
|
00
|
01
|
02
|
03
|
04
|
05
|
ANC
|
|
798
|
623
|
721
|
668
|
7538
|
438
|
321
|
322
|
353
|
TC/%
|
|
-
|
-28
|
16
|
7,4
|
13
|
-11
|
-27
|
0,3
|
9,6
|
Source : CNUCED (2002) et calcul de l'auteur (en
million d'Euro) ; de 1997 à 2001. Source : TOFE et
calcul de l'auteur (en milliard de francs CFA) ; de 2002 à 2005.
7 Statut de la BRVM
8 Après conversion par le taux de change (1 EURO = 655
FCFA)
En effet, si l'on observe l'évolution des ANC, il est
nettement positif sur la période d'étude.
-10
-20
-30
-40
20
10
0
97 98 99 00 01 02 03 04 05
TC
TC
Graphique N°5 : Evolution des ANC
Néanmoins, la représentation graphique
mérite quelque observation :
> de 1997 à 2001 l'évolution des ANC est soumise
à une forte instabilité en
terme de croissance;
> de 2001 à 2003, les ANC ont connu une chute
vertigineuse ;
Cette situation serait due d'une part au risque politique qui
plane sur la Côte d'Ivoire et le TOGO et d'autre part à
l'inexistence d'un code d'investissement crédible par les pays de la
zone. La résultante de ces facteurs a pour corollaire un
désinvestissement des partenaires au développement dans
l'UEMOA.
> de 2003 à 2005, les ANC ont repris avec un trend
ascendant en terme de
croissance.
Globalement, cette courbe permet d'appréhender qu'il y
a une forte instabilité des ANC. L'annexe 1 présente
l'évolution des ANC par pays. On y note une forte disparité dans
l'attraction des ANC vers chaque pays de l'UEMOA. De même, quant au
volume des IDE que l'UEMOA reçoit par rapport à celui du RDM, ce
ratio est très faible. En moyenne de 1998 à 2003, la part de
l'UEMOA dans l'IDE mondial est estimée à 0,06%9.
9 Rapport de W D I 2005
Analyse de l'optimalité de la zone monétaire UEMOA
dans un contexte d'intégration 2- Mesure en fonction des actifs
financiers
Elle est cernée par les liens transfrontaliers en
matière financière, entre le système bancaire
(crédit à l'économie) et les marchés des valeurs
mobilières (Action et obligation). L'objectif visé par la
conception d'un tableau comparatif est de savoir si les économies de
l'UEMOA sont tributaires ou non des financements bancaires. Ce tableau
révèle que tout au long de la période, le financement
bancaire reste prépondérant et ne cesse de s'accroître par
rapport aux fonds mobilisés sur le marché boursier. La part du
marché boursier dans le financement de l'économie de l' UEMOA est
estimée en moyenne à 28% contre 72% pour le financement bancaire.
Ce constat fait, et toute chose étant égale par ailleurs,
révèle que l'économie de la zone, malgré la
présence de son MFR est toujours tributaire du financement bancaire.
Nonobstant cet état de chose l'effort qu'entreprend la BRVM pour
remédier à cette situation est apprécié par
l'évolution des indices boursiers.
Tableau N°11: Evolution financement
bancaire et du financement boursier (en milliard de francs CFA).
Années
Eléments
|
1998
|
1999
|
2000
|
2001
|
2002
|
2003
|
2004
|
2005
|
Total
|
Financement bancaire
|
2243,6
|
2417
|
2452,4
|
2696,5
|
3044,9
|
3247,8
|
3518,1
|
3941,5
|
23561,8
(72%)
|
Marchéd'action
(1)
|
1018,9
|
990,1
|
828,1
|
857,9
|
952,4
|
858,1
|
1005
|
1297,1
|
|
Marchéd'obligation
(2)
|
0
|
83,2
|
120,2
|
118,1
|
158,1
|
250,2
|
278,5
|
326,28
|
|
Financement boursier
(1+2)
|
1018,9
|
1073,3
|
948,3
|
976
|
1010,5
|
1108,3
|
1283,5
|
1623,38
|
9042,13
(28%)
|
Total
|
|
|
|
|
|
|
|
|
32603,9
|
Source : CREPMF/MFR et calculs de l'auteur
|