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Analyse de l'optimalité de la zone monétaire uemoa dans un contexte d'intégration

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par Sèwanoudé Honoré HOUNGBEDJI
Université de Parakou - Maitrise en Sciences Economiques 2007
  

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Section 1: Analyse des échanges commerciaux intra UEMOA

Cette analyse s'est faite d'une part, par rapport à l'évolution des indicateurs qui sont associés aux échanges intra UEMOA et d'autre part par rapport à la structure de ce commerce.

Paragraphe 1 : Evolution des indicateurs

L'intensité des échanges de biens et services est un indicateur approprié de la complémentarité entre les pays d'un même espace économique. Les indicateurs qui reflètent l'évolution du commerce intra zone sont :

le taux de croissance des exportations et importations intra zone ;

~ le taux de couverture du commerce intra zone ;

~ la balance commerciale intra zone ;

~ le coefficient d'intégration (approche commerciale) ;

~ les propensions bilatérales et régionales à importer.

A) Taux de croissance des exportations et importations intra UEMOA Le tableau 1 ci- après porte sur les exportations et importations intra UEMOA.

Tableau N°1 : Taux de croissance des X et M intra UEMOA

Années

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Eléments

96

97

98

99

00

01

02

03

04

05

X

387

457

516

572

594

575

539

521

727

1065

M

241

287

351

358

414

475

470

466

478

913

TC/X (%)

-

18

13

11

4

-3

-6

-3

40

46

TC/M%

-

19

22

2

16

15

-1

-1

-3

91

Source : BCEAO (NIS) et calculs de l'auteur

L'analyse graphique indique que :

~ Le taux de croissance des exportations intra zone a chuté au début des

années 1997 jusqu'en 2003 ;

~ de même, il a repris une trajectoire ascendante de 2003 à nos jours ;

~ ce taux a connu son pic en 2005 avec 46% de taux de croissance ;

> le taux de croissance des importations évolue en dents de scie de 1997 à

2001 ;

> de 2001 à 2004, ce taux a connu un trend baissier persistant ;

> son pic est atteint en 2005 avec un taux de croissance 91 %.

Globalement, ces taux de croissance sont très volatiles et sensibles aux chocs.

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

6 97

98

99

00

01

02

03

04

05

100 80 60 40 20 0 -20

 

X M

 

Graphique N°1 : Evolution des X et M intra UEMOA

B) Taux de couverture

L'impact du commerce intra UEMOA sur la production, la consommation et le bien être est tributaire des rapports de prix internationaux qui s'établissent. D'où la nécessité de faire recours aux termes de l'échange (rapports des prix à l'exportation d'un pays aux prix de ses importations). Lorsque ce rapport est supérieur à 100%, la situation est considérée comme favorable et défavorable dans le cas contraire.

Tableau N°2 : Taux de couverture du commerce intra - UEMOA

Année

96

97

98

99

00

01

02

03

04

05

T.couv

160

159

147

160

143

121

115

118

152

117

Source : BCEAO (NIS) et calculs de l'auteur

En effet, l'analyse du tableau 2 indique que tout au long de la période, ce taux est supérieur à 100%. Ceci révèle que la situation est favorable dans l'optique du commerce intra UEMOA. Ce qui n'est pas le cas pour le commerce extra UEMOA. Néanmoins, il est à noter que cette croissance au lieu d'être ascendante, est assortie d'une évolution contrastée. La représentation graphique (graphique 2) de ce même ratio révèle que :

+ de 1996 à 1999, l'on observe une tendance en forte instabilité ;

+ vers fin 1999, il est constaté un trend baissier qui s'empire

jusqu'en 2003 ;

Cette chute de performance serait due à la crise ivoirienne qui est un maillon très important de l'espace. Heureusement, la situation se stabilise et l'on retrouve une hausse de cet indicateur en 2004 ;

+ en 2005 par contre, il est observé une contre performance.

Tc

96 97 98 99 00 01 02 03 04 05

Graphique N°2: Evolution du taux de couverture

C) Balance commerciale intra UEMOA

Le tableau 3 présente le solde de la balance commerciale intra UEMOA sur la période d'étude.

Tableau N°3 : Balance commerciale intra - UEMOA (en milliard de Fcfa)

Années

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Eléments

96

97

98

99

00

01

02

03

04

05

BC

146

170

165

214

180

100

69

55

249

152

T.C

-

16

-3

30

-16

-44

-31

-20

353

-39

Source : BCEAO (NIS) et calculs de l'auteur

Il ressort de ce tableau que le solde de la balance commerciale tout au long de la période d'étude est excédentaire. Son évolution en terme de croissance est instable.

Le taux de croissance de la balance commerciale évolue en dent de scie. Il est intercalé d'une croissance à taux positif et négatif tout au long de la période. Le pic de ce solde est atteint en termes de croissance en 2004 (353%). Cependant

Analyse de l'optimalité de la zone monétaire UEMOA dans un contexte d'intégration l'analyse de cette balance commerciale par pays cache d'importantes disparités. Le tableau ci-après en fait l'état.

Tableau N°4 : Balance commerciale intra UEMOA par pays (en milliards) (Moyenne de la période d'étude)

Eléments

Pays Bénin

Burkina
Faso

Côte
d'Ivoire

Mali

Niger

Sénégal

Togo

X

10

28

372

51

18

97

45

M

49

96

19

189

47

43

27

PIB

1748

2394

7674

2049

1268

3244

964

X+M

59

124

391

240

6

140

72

BC

-39

-68

353

-138

-29

54

18

Source : BCEAO (NIS) et calculs de l'auteur

En effet, seuls la Côte d'Ivoire, le Sénégal et le Togo réalisent une balance commerciale intra zone excédentaire. Les autres pays par contre s'en sortent avec une balance déficitaire. Ce déficit connu par ces pays pourrait s'expliquer d'une part par les habitudes de consommation des agents économiques influencées par une préférence aux produits hors UEMOA et d'autre part, à la prolifération des maisons import- export dans ces pays qui en fait ne font que de l'importation. Cette situation ainsi décrite porte préjudice à l'optimalité de cette zone monétaire car, comme le soulignait si bien MAGNIFICO, reprenant un avertissement de G. MYRDEL à propos

de l'Europe « l'intégration ne pourrait pas réussir si elle promettait de rendre les régions fortes plus fortes et les régions faibles encore plus faibles ».

D) Le coefficient d'intégration

Encore appelé degré du commerce intra zone, cet indicateur vise à mesurer l'effort d'intégration qui s'opère au sein des pays de l'UEMOA en matière des échanges commerciaux en son sein et par rapport au reste du monde. Le tableau 5 et le graphique 4 nous permettent d'apprécier cet effort.

Tableau N°5 : Coefficient d'intégration de l'UEMOA (en milliard de Fcfa)

Année

Eléments

96

97

98

99

00

01

02

03

04

05

X+M Intra

627

744

867

930

1008

1050

1009

987

1205

1978

X+M Mondiales

6221

6921

7862

7878

7516

8274

8541

7734

11369

13300

Coefficient d'intégration

10

11

11

12

13

13

12

13

11

15

Source : NIS/BCEAO ; TOFE des Etats/ et calculs de l'auteur.

Il ressort de l'analyse de ce tableau que malgré l'appartenance à une union monétaire dotée d'un accord de préférence douanier à travers le tarif extérieur commun et d'un taux de change commun, la grande partie du commerce qu'effectuent ces pays est tournée vers le reste du monde. Ce taux de change et cet accord de préférence douanier au lieu d'être un vecteur stimulateur du commerce intra zone ne joue qu'un rôle passif au service des pays industrialisés. Plus de deux tiers des échanges commerciaux effectués par ces pays s'opèrent avec l'EUROPE5.De même, tout au long de la période, ce coefficient d'intégration oscille entre 10 et 15%. Ce qui est très faible par rapport à l'objectif escompté et au coefficient d'intégration des autres zones monétaires. A titre illustratif, le coefficient d'intégration de l'UE est estimé à 73,8 % ; 56 % pour la ALENA , 50,3 %, pour L'ASEAN6.

96 97 98 99 00 01 02 03 04 05

CI

20

15

10

5

0

Graphique N°3 : Evolution des CI

 

L'analyse indique que :

de 1996 à 2000, ce coefficient d'intégration évolue à un rythme satisfaisant ; de 2000 à 2004, il est observé une baisse de cet indicateur ; on est passé de 13% en 2000 à 11% en 2004 ;

en 2005 ce ratio a repris un trend haussier (15% de croissance).

E) Propensions bilatérales et régionales à importer

Ces concepts permettent de saisir le processus d'intensification des échanges intra zone. La propension bilatérale à importer mesure le taux de pénétration des

5 Source : rapport du commissariat général du plan 2000

6 Source : OMC/Statistique du Commerce International 2005...

Analyse de l'optimalité de la zone monétaire UEMOA dans un contexte d'intégration produits d'un pays dans les marchés de ses partenaires alors que la propension UEMOA à importer nous permet de l'apprécier à l'échelle sous régionale.

Le tableau 6 présente le résultat de ces propensions par pays

Tableau N°6 : Propensions bilatérales et régionales à importer (moyenne de 1996 à 2005)

Pays Bénin B.Faso C.d'Ivoire Mali Niger Senegal Togo PRI

% 0,05 0,15 3,28 0,26 0,1 0,6 0,24 1,5

PBI

Source : NIS/BCEAO ; TOFE des Etats/ et calculs de l'auteur (Cf. Annexe 2)

Il ressort que le taux de pénétration des produits de chaque pays dans le marché de ses partenaires est très faible voire insignifiant. Tous les pays à l'exception de la Côte d'Ivoire ont un taux de pénétration inférieur à 1%. La Côte d'Ivoire qui est le levier de cet espace s'en sort avec un taux de 3,28%.

Cette situation pose la question de la compétitivité des produits UEMOA sur leur propre marché.

Ces taux nous révèlent que le pouvoir d'achat de l'UEMOA est orienté à plus de 97% à l'emploi des produits hors zone UEMOA. Cet état, ne stimule pas le processus d'intégration économique en construction.

La croissance est l'objectif ultime que tout pays se fixe en décidant de s'unir à d'autres pays. Ainsi lorsque l'on considère le niveau des échanges intra zone, l'évolution de la valeur de ces exportations vers le reste de la région n'est pas satisfaisante pour apprécier la mesure dans laquelle l'économie de ce pays bénéficie de l'existence d'un espace intégré.

De manière globale, la propension régionale à importer qui est de 1,5% indique que sur 100 unités monétaires dépensées, seule 1,5 unité monétaire est destinée aux pays de l'espace UEMOA. Les 98,5 unités monétaires vont accroître le pouvoir d'achat des pays du reste du monde.

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"L'imagination est plus importante que le savoir"   Albert Einstein