Section 1: Analyse des échanges commerciaux intra
UEMOA
Cette analyse s'est faite d'une part, par rapport à
l'évolution des indicateurs qui sont associés aux échanges
intra UEMOA et d'autre part par rapport à la structure de ce
commerce.
Paragraphe 1 : Evolution des indicateurs
L'intensité des échanges de biens et services
est un indicateur approprié de la complémentarité entre
les pays d'un même espace économique. Les indicateurs qui
reflètent l'évolution du commerce intra zone sont :
le taux de croissance des exportations et importations intra zone
;
~ le taux de couverture du commerce intra zone ;
~ la balance commerciale intra zone ;
~ le coefficient d'intégration (approche commerciale) ;
~ les propensions bilatérales et régionales
à importer.
A) Taux de croissance des exportations et
importations intra UEMOA Le tableau 1 ci- après porte sur
les exportations et importations intra UEMOA.
Tableau N°1 : Taux de croissance des X et M
intra UEMOA
Années
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Eléments
|
96
|
97
|
98
|
99
|
00
|
01
|
02
|
03
|
04
|
05
|
X
|
387
|
457
|
516
|
572
|
594
|
575
|
539
|
521
|
727
|
1065
|
M
|
241
|
287
|
351
|
358
|
414
|
475
|
470
|
466
|
478
|
913
|
TC/X (%)
|
-
|
18
|
13
|
11
|
4
|
-3
|
-6
|
-3
|
40
|
46
|
TC/M%
|
-
|
19
|
22
|
2
|
16
|
15
|
-1
|
-1
|
-3
|
91
|
Source : BCEAO (NIS) et calculs de l'auteur
L'analyse graphique indique que :
~ Le taux de croissance des exportations intra zone a
chuté au début des
années 1997 jusqu'en 2003 ;
~ de même, il a repris une trajectoire ascendante de 2003
à nos jours ;
~ ce taux a connu son pic en 2005 avec 46% de taux de croissance
;
> le taux de croissance des importations évolue en
dents de scie de 1997 à
2001 ;
> de 2001 à 2004, ce taux a connu un trend baissier
persistant ;
> son pic est atteint en 2005 avec un taux de croissance 91
%.
Globalement, ces taux de croissance sont très volatiles et
sensibles aux chocs.
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|
|
|
6 97
|
98
|
99
|
00
|
01
|
02
|
03
|
04
|
05
|
100 80 60 40 20 0 -20
Graphique N°1 : Evolution des X et M intra
UEMOA
B) Taux de couverture
L'impact du commerce intra UEMOA sur la
production, la consommation et le bien être est tributaire des rapports
de prix internationaux qui s'établissent. D'où la
nécessité de faire recours aux termes de l'échange
(rapports des prix à l'exportation d'un pays aux prix de ses
importations). Lorsque ce rapport est supérieur à 100%, la
situation est considérée comme favorable et défavorable
dans le cas contraire.
Tableau N°2 : Taux de couverture du
commerce intra - UEMOA
Année
|
96
|
97
|
98
|
99
|
00
|
01
|
02
|
03
|
04
|
05
|
T.couv
|
160
|
159
|
147
|
160
|
143
|
121
|
115
|
118
|
152
|
117
|
Source : BCEAO (NIS) et calculs de l'auteur
En effet, l'analyse du tableau 2 indique que tout au long de
la période, ce taux est supérieur à 100%. Ceci
révèle que la situation est favorable dans l'optique du commerce
intra UEMOA. Ce qui n'est pas le cas pour le commerce extra UEMOA.
Néanmoins, il est à noter que cette croissance au lieu
d'être ascendante, est assortie d'une évolution contrastée.
La représentation graphique (graphique 2) de ce même ratio
révèle que :
+ de 1996 à 1999, l'on observe une tendance en forte
instabilité ;
+ vers fin 1999, il est constaté un trend baissier qui
s'empire
jusqu'en 2003 ;
Cette chute de performance serait due à la crise
ivoirienne qui est un maillon très important de l'espace. Heureusement,
la situation se stabilise et l'on retrouve une hausse de cet indicateur en 2004
;
+ en 2005 par contre, il est observé une contre
performance.
Tc
96 97 98 99 00 01 02 03 04 05
Graphique N°2: Evolution du taux de
couverture
C) Balance commerciale intra UEMOA
Le tableau 3 présente le solde de la balance commerciale
intra UEMOA sur la période d'étude.
Tableau N°3 : Balance commerciale intra -
UEMOA (en milliard de Fcfa)
Années
|
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|
Eléments
|
96
|
97
|
98
|
99
|
00
|
01
|
02
|
03
|
04
|
05
|
BC
|
146
|
170
|
165
|
214
|
180
|
100
|
69
|
55
|
249
|
152
|
T.C
|
-
|
16
|
-3
|
30
|
-16
|
-44
|
-31
|
-20
|
353
|
-39
|
Source : BCEAO (NIS) et calculs de l'auteur
Il ressort de ce tableau que le solde de la balance
commerciale tout au long de la période d'étude est
excédentaire. Son évolution en terme de croissance est
instable.
Le taux de croissance de la balance commerciale évolue
en dent de scie. Il est intercalé d'une croissance à taux positif
et négatif tout au long de la période. Le pic de ce solde est
atteint en termes de croissance en 2004 (353%). Cependant
Analyse de l'optimalité de la zone monétaire UEMOA
dans un contexte d'intégration l'analyse de cette balance commerciale
par pays cache d'importantes disparités. Le tableau ci-après en
fait l'état.
Tableau N°4 : Balance commerciale intra
UEMOA par pays (en milliards) (Moyenne de la période d'étude)
Eléments
|
Pays Bénin
|
Burkina Faso
|
Côte d'Ivoire
|
Mali
|
Niger
|
Sénégal
|
Togo
|
X
|
10
|
28
|
372
|
51
|
18
|
97
|
45
|
M
|
49
|
96
|
19
|
189
|
47
|
43
|
27
|
PIB
|
1748
|
2394
|
7674
|
2049
|
1268
|
3244
|
964
|
X+M
|
59
|
124
|
391
|
240
|
6
|
140
|
72
|
BC
|
-39
|
-68
|
353
|
-138
|
-29
|
54
|
18
|
Source : BCEAO (NIS) et calculs de l'auteur
En effet, seuls la Côte d'Ivoire, le
Sénégal et le Togo réalisent une balance commerciale intra
zone excédentaire. Les autres pays par contre s'en sortent avec une
balance déficitaire. Ce déficit connu par ces pays pourrait
s'expliquer d'une part par les habitudes de consommation des agents
économiques influencées par une préférence aux
produits hors UEMOA et d'autre part, à la prolifération des
maisons import- export dans ces pays qui en fait ne font que de l'importation.
Cette situation ainsi décrite porte préjudice à
l'optimalité de cette zone monétaire car, comme le soulignait si
bien MAGNIFICO, reprenant un avertissement de G.
MYRDEL à propos
de l'Europe « l'intégration ne pourrait
pas réussir si elle promettait de rendre les régions fortes plus
fortes et les régions faibles encore plus faibles
».
D) Le coefficient
d'intégration
Encore appelé degré du commerce intra zone, cet
indicateur vise à mesurer l'effort d'intégration qui
s'opère au sein des pays de l'UEMOA en matière des
échanges commerciaux en son sein et par rapport au reste du monde. Le
tableau 5 et le graphique 4 nous permettent d'apprécier cet effort.
Tableau N°5 : Coefficient
d'intégration de l'UEMOA (en milliard de Fcfa)
Année
Eléments
|
96
|
97
|
98
|
99
|
00
|
01
|
02
|
03
|
04
|
05
|
X+M Intra
|
627
|
744
|
867
|
930
|
1008
|
1050
|
1009
|
987
|
1205
|
1978
|
X+M Mondiales
|
6221
|
6921
|
7862
|
7878
|
7516
|
8274
|
8541
|
7734
|
11369
|
13300
|
Coefficient d'intégration
|
10
|
11
|
11
|
12
|
13
|
13
|
12
|
13
|
11
|
15
|
Source : NIS/BCEAO ; TOFE des Etats/ et calculs
de l'auteur.
Il ressort de l'analyse de ce tableau que malgré
l'appartenance à une union monétaire dotée d'un accord de
préférence douanier à travers le tarif extérieur
commun et d'un taux de change commun, la grande partie du commerce
qu'effectuent ces pays est tournée vers le reste du monde. Ce taux de
change et cet accord de préférence douanier au lieu d'être
un vecteur stimulateur du commerce intra zone ne joue qu'un rôle passif
au service des pays industrialisés. Plus de deux tiers des
échanges commerciaux effectués par ces pays s'opèrent avec
l'EUROPE5.De même, tout au long de la période, ce
coefficient d'intégration oscille entre 10 et 15%. Ce qui est
très faible par rapport à l'objectif escompté et au
coefficient d'intégration des autres zones monétaires. A titre
illustratif, le coefficient d'intégration de l'UE est estimé
à 73,8 % ; 56 % pour la ALENA , 50,3 %, pour L'ASEAN6.
96 97 98 99 00 01 02 03 04 05
CI
20
15
10
5
0
Graphique N°3 : Evolution des CI
|
L'analyse indique que :
de 1996 à 2000, ce coefficient d'intégration
évolue à un rythme satisfaisant ; de 2000 à 2004, il est
observé une baisse de cet indicateur ; on est passé de 13% en
2000 à 11% en 2004 ;
en 2005 ce ratio a repris un trend haussier (15% de
croissance).
|
E) Propensions bilatérales et régionales à
importer
Ces concepts permettent de saisir le processus d'intensification
des échanges intra zone. La propension bilatérale à
importer mesure le taux de pénétration des
5 Source : rapport du commissariat
général du plan 2000
6 Source : OMC/Statistique du Commerce International
2005...
Analyse de l'optimalité de la zone monétaire UEMOA
dans un contexte d'intégration produits d'un pays dans les
marchés de ses partenaires alors que la propension UEMOA à
importer nous permet de l'apprécier à l'échelle sous
régionale.
Le tableau 6 présente le résultat de ces
propensions par pays
Tableau N°6 : Propensions
bilatérales et régionales à importer (moyenne de 1996
à 2005)
Pays Bénin B.Faso C.d'Ivoire Mali Niger Senegal
Togo PRI
% 0,05 0,15 3,28 0,26 0,1 0,6 0,24 1,5
PBI
Source : NIS/BCEAO ; TOFE des Etats/ et calculs
de l'auteur (Cf. Annexe 2)
Il ressort que le taux de pénétration des
produits de chaque pays dans le marché de ses partenaires est
très faible voire insignifiant. Tous les pays à l'exception de la
Côte d'Ivoire ont un taux de pénétration inférieur
à 1%. La Côte d'Ivoire qui est le levier de cet espace s'en sort
avec un taux de 3,28%.
Cette situation pose la question de la
compétitivité des produits UEMOA sur leur propre
marché.
Ces taux nous révèlent que le pouvoir d'achat de
l'UEMOA est orienté à plus de 97% à l'emploi des produits
hors zone UEMOA. Cet état, ne stimule pas le processus
d'intégration économique en construction.
La croissance est l'objectif ultime que tout pays se fixe en
décidant de s'unir à d'autres pays. Ainsi lorsque l'on
considère le niveau des échanges intra zone, l'évolution
de la valeur de ces exportations vers le reste de la région n'est pas
satisfaisante pour apprécier la mesure dans laquelle l'économie
de ce pays bénéficie de l'existence d'un espace
intégré.
De manière globale, la propension régionale
à importer qui est de 1,5% indique que sur 100 unités
monétaires dépensées, seule 1,5 unité
monétaire est destinée aux pays de l'espace UEMOA. Les 98,5
unités monétaires vont accroître le pouvoir d'achat des
pays du reste du monde.
|