A- LES FLUX COMMERCIAUX
En 1978, les réformes économiques et sociales
menées par Deng Xiaoping engagent la Chine sur le chemin de la
mondialisation. Le pays tire aujourd'hui sa croissance (10 % par an en moyenne
depuis plus de 20 ans) des exportations de marchandises à bas prix. La
compétitivité de ses produits à l'exportation et ses
besoins en matières premières modifient les paramètres de
l'économie mondiale. Même si elle ne représente pas un
enjeu essentiel pour l'économie chinoise, les pays africains tirent
bénéficie de ces bouleversements.
17 Rapport des services du FMI sur les consultations
de 2010 au titre de l'article IV préparé par la mission des
services du FMI au terme d'entretiens menés, jusqu'au 27 avril, 2010,
avec les autorités tchadiennes sur l'évolution et la politique
économiques du pays, no 10/196 du Juin 2010
Prenons l'exemple de quelques pays d'Afrique de l'Ouest, la
quasi-totalité des exportations vers la Chine sont constituées de
pétrole et de coton. Ces deux produits n'ont cependant pas le même
statut : le coton est une source d'approvisionnement stratégique pour
l'industrie textile chinoise alors que le pétrole ouest-africain occupe
une place marginale dans les sources d'approvisionnement de la Chine. Depuis
2002, c'est entre 15 et 20 % des importations chinoises de coton qui sont
originaires des pays de l'Afrique de l'Ouest. Les exportations de coton de
l'Afrique de l'Ouest s'orientent naturellement vers les zones industrielles les
plus dynamiques. Du point de vue Ouest-africain, on estime qu'en 2004
près de la moitié du coton de la région était
exportée en Chine. En 2004, plus de 50 % du coton du Bénin, du
Burkina Faso, de la Côte d'Ivoire, du Ghana et du Togo était
exporté vers ce pays. Par ailleurs, près d'un tiers du coton du
Cameroun, du Mali était acheté par la Chine et seulement 10 %
pour le coton sénégalais et nigérian. La demande chinoise
a donc contribué à réorganiser les flux de commerce de
coton. Au-delà de la réorganisation des flux internationaux, la
demande chinoise a tiré les exportations ouest-africaines de coton
à la hausse (ce qui serait le cas pour les autres produits primaires).
Au niveau régional, on estime qu'entre 2002 et 2004, les importations
chinoises de coton ont contribué à 41 % au taux de croissance des
exportations agricoles de l'ensemble des pays producteurs. Plus largement,
elles ont aussi contribué à 2,5 % au taux de croissance des
exportations totales et à 1,1 % au taux de croissance économique
des pays cotonniers. Au niveau des pays, les impacts macroéconomiques
les plus visibles sont au Bénin, au Burkina Faso, au Mali et au Togo. En
effet, les importations chinoises de coton ont contribué à 7 % au
taux de croissance économique de ces quatre pays.
Dans le domaine du pétrole, la Chine est toutefois
confrontée à un problème à ne pas sous-estimer en
Afrique, la majorité des gisements prolifiques sont dans les mains des
sociétés occidentales. Il ne reste souvent que les seconds choix.
Face à ce problème Pékin utilise trois méthodes
:
- veiller à ce que les pays africains renégocient
les contrats déjà attribués en faveur des Chinois ;
- obtenir la majorité des parts des sociétés
minières africaines (cas du RDC) ;
- enfin racheter des entreprises occidentales pour
pénétrer les marchés africains.
Quelques exemples illustrent ces propos. Le groupe Forrest
International,
investisseur et employeur privé important en RDC conclut
en février 2008, un accord de
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rétrocession à la société
congolaise Gécamines (propriétaire du sous-sol congolais et
partenaire obligé des sociétés occidentales). Les deux
gisements de minerais de la province du Katanga (Machamba et Kikuluwe), qui ne
devaient pas être exploités avant 2020. En échange, Katanga
Mining (propriété à hauteur de 24,5% du groupe Forrest)
recevra, au plus tard en 2015, soit des gisements de cuivre et de cobalt soit
un versement de 825 millions de dollars. L'exploitation des deux gisements en
question est confiée à des entreprises chinoises, qui en
échangent s'engageront dans des travaux publics. Des
sociétés chinoises, telles qu'Anhua Mining Investment, Titan
Mining ou Covec ont conclu des joint-ventures avec des sociétés
locales congolaises, en particulier dans la région du Katanga.
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