CONCLUSION PARTIELLE
En définitive, il faut retenir que les
contre-performances encaissées par la CEDEAO s'expliquent par la somme
de plusieurs déficiences institutionnelles et de certains défis
politiques. Ces insuffisances pour la plus part résultent de la
dimension interétatique adoptée par le traité originel
(celui de 1975). Ainsi, cette vision interétatique s'est traduite dans
le fonctionnement de l'organisation par un faible degré
d'intégration au niveau des organes de la communauté
restés pendant longtemps inter-gouvernementaux. Mais le principal
défaut institutionnel de l'organisation demeure la question du transfert
de souveraineté. La prépondérance de
l'inter-gouvernementalisme au niveau des organes intégrés ne
permet pas à l'organisation de prendre en compte des nouveaux
défis politiques comme la dimension sécuritaire de
l'intégration.
Pour pallier à ces insuffisances, il importe
d'opérer un passage de la dimension interétatique à celle
supranationale afin de doter l'organisation d'organes autonomes (comme une
commission de la CEDEAO par exemple) afin de lui permettre d'atteindre ses
objectifs. Dans cette mesure, la CEDEAO cessera d'être seulement une
organisation d'intégration économique mais aura aussi des
visées politiques bien affirmées.
A un moment où l'urgence d'un regroupement des Etats
ne fait plus l'ombre d'un doute, les pays africains n'ont que le choix de
s'organiser sur ces bases régionales afin d'avoir une place dans
l'économie mondiale. L'intégration régionale
apparaît donc comme un levier de la croissance économique et du
développement durable dans un monde de plus en plus interconnecté
et soumis à une compétitivité économique,
politique et technique.
Les Etats de l'Afrique de l'Ouest ont très tôt
saisi l'importance des regroupements régionaux. En témoignent,
les nombreuses initiatives d'intégration régionale qui ont vu le
jour sur le continent. Dans cette panoplie d'organisation d'intégration,
la CEDEAO se présente, en effet, comme l'initiative la plus
réussie. La CEDEAO représente un modèle
d'intégration régionale en ce sens qu'elle est assurément
la plus dynamique et celle fédérant le plus d'Etat avec des
objectifs très ambitieux.
Mais trente cinq ans après la création de la
CEDEAO, un regard sur le processus d'intégration en Afrique de l'Ouest
doit permettre d'identifier les défis que l'organisation sous
régionale doit relever. Dans l'ordre de ces défis, la question du
transfert de souveraineté à l'organisation régionale
occupe une place importante. La vision interétatique du processus
d'intégration ne permet manifestement pas à l'organisation
régionale de prendre en compte les nouveaux défis politiques et
économiques qui se posent à elles. Il importe alors de doter
l'organisation de pouvoirs et d'organes supranationaux afin d'assurer
l'exécution des décisions et la convergence des politiques
communautaires. Au demeurant, cet idéal ne saurait se réaliser
sans un préalable aussi important que les réformes
institutionnelles : il s'agit de la stabilité politique et la paix
dans la sous-région.
La réunion de ces conditions permettra alors de
réaliser le plan de Lagos faisant de la CEDEAO la pierre angulaire de la
construction de la communauté économique africaine et à
long terme de l'unité africaine.
|