Les approches de la prévention du VIH et de la prise
en charge des cas de SIDA exigent des individus la connaissance de leur
sérologie VIH. L'importance du CDV a entraîné un
élargissement de la promotion et le développement des services
qui le pratiquent.
Le caractère prioritaire du CDV pour un système
de santé dépend de la séroprévalence du VIH dans la
communauté. Dans les pays où cette séroprévalence
est basse, il est plus pertinent de cibler les services de CDV sur les groupes
les plus touchés. Par contre dans les pays à forte
séroprévalence, il est plus approprié d'ouvrir les
services de CDV à toute la population.
Le Burkina Faso fait partie des pays à forte
séroprévalence et accorde une priorité au
développement des services de CDV. De ce fait, sous le contrôle du
Secrétariat Permanent du Conseil National de Lutte contre le SIDA et les
Infections Sexuellement Transmissibles (SP/CNLS-IST), les centres de conseil-
dépistage volontaire ont été mis en place tant par les
structures de soins publiques et parapubliques que par les associations de
lutte contre le SIDA.
Ainsi de quatre (4) centres en 2001, les centres de CDV sont
passés à 25 en 2002 et à 29 en 2003 sur toute
l'étendue du territoire (SP/CNLS-IST PAMAC 2003). (18)
Gérés pour la plupart par les associations de
lutte contre le SIDA ou financés par des Organisations Non
Gouvernementales (ONG) internationales, la majorité de ces centres reste
concentrée dans la ville de Ouagadougou soit 70% d'entre eux. (18)
Malgré ces efforts visibles consentis ces
dernières années pour le développement des services de
CDV, ceux-ci restent très insuffisants en nombre et inégalement
repartis sur l'ensemble du territoire national. Cette situation limite leur
accès à toute la population.
Cependant dans la ville de Ouagadougou qui renferme 70% de
ces services, ce sont essentiellement les élèves/étudiants
et les fonctionnaires qui les utilisent. En effet au cours de l'année
2002, ce sont 19,9% des élèves/étudiants et 14,1% des
fonctionnaires qui ont eu à utiliser ces services (CNLS-IST / PAMAC
2002). (18)
Quant aux personnes exerçant dans le secteur informel
qui compte plus de 80% des actifs urbains de notre pays (INSD 1991), ce sont
seulement 12,11% d'entre elles qui ont fait leur test de dépistage en
2002. (18)
A la lumière de ces résultats des
activités des centres de CDV du VIH au cours de l'année 2002, le
constat est que ces services sont sous utilisés par les
différentes couches socioprofessionnelles au Burkina. Cette sous
utilisation est encore plus importante pour les personnes exerçant dans
le secteur informel.
Alors qu'est-ce qui pourrait expliquer cette sous utilisation
des services de CDV du VIH par cette couche pourtant importante dans la vie
économique et sociale du Burkina ?
Quelles que soient les raisons de cette situation, si elles
ne sont pas identifiées afin de susciter un changement de comportement
au sein des acteurs du secteur informel, le taux de
séroprévalence du VIH dans ce groupe qui est déjà
de 20,49% dans les centres de dépistage (CNLS-IST / PAMAC 2002) (18)
pourrait aller crescendo. De ce fait, l'économie du Burkina
déjà affectée par l'infection à VIH, le sera encore
davantage. En effet le secteur informel contribue pour plus de 31% au produit
intérieur brut (PIB) du Burkina.
Pour donc améliorer l'utilisation de ces services de
CDV du VIH, il conviendrait d'élaborer de nouvelles stratégies en
complément de celles déjà existantes au regard des
facteurs explicatifs.
C'est dans cette perspective que notre recherche
s'intéresse au diagnostic des facteurs qui expliquent la faible
utilisation des services du CDV du VIH par les acteurs du secteur informel
particulièrement les personnes exerçant dans le petit commerce
dans la ville de Ouagadougou.