2. 1.1. Les
caractéristiques du secteur informel.
2. 1.1. 1 Définitions du secteur
informel.
Pour Jacques CHARMES, consultant GTZ, le secteur informel est
par définition : « constitué des emplois et des
activités économiques qui ne sont pas enregistrées ou qui
le sont mal, non par volonté délibérée de se
soustraire aux réglementations en vigueur mais par incapacité ou
inaptitude de ces réglementations à s'appliquer à des
réalités spontanément constituées et par nature,
difficiles à saisir. Il joue un rôle capital dans le
développement non seulement parce qu'il peut apparaître comme le
creuset, où se forgent l'esprit d'entreprise et l'initiative
privée, mais parce qu'il est le lieu où se déploient les
facultés et les potentialités d'adaptation des populations aux
rigueurs de l'ajustement, le lieu où se réalise la
flexibilité que requiert l'application des lois du
marché ». (9)
Selon le rapport du Directeur Général du BIT
lors de la conférence internationale du Travail à sa
78ème session en 1991, le secteur informel
serait : « L'ensemble de très petites unités
de production et de distribution de biens et services implantés dans les
pays en développement. Ces unités appartiennent essentiellement
à des travailleurs indépendants qui exploitent parfois une main
d'oeuvre familiale voire quelques salariés ou apprentis. Elles disposent
au mieux des capitaux très modestes et font appel à des
techniques rudimentaires et à une main d'oeuvre peu qualifiée, si
bien que leur productivité est faible. Elles ne peuvent
généralement procurer à ceux qui en vivent que des revenus
minimes très irréguliers et un emploi des plus
instables ». (7)
Pour l'Administration Fiscale Burkinabé, le secteur
informel se définit comme étant l'ensemble des opérateurs
économiques manipulant un faible volume d'affaires et exerçant en
marge des méthodes modernes de gestion.
Il se caractérise par :
- La forte mobilité des acteurs qui exercent dans ce domaine; ce qui
explique la difficulté pour l'administration de pouvoir les retrouver
sur le terrain.
- Une méthode de gestion archaïque, ce qui a pour
conséquences les difficultés de pouvoir appréhender le
revenu. (7)
En somme, le secteur informel est formé d'entrepreneurs
individuels travaillant pour leur propre compte ou qui peuvent employer des
salariés de façon permanente, quel que soit le lieu d'exercice,
le caractère permanent ou saisonnier et la modalité d'exercice
(à titre principal ou secondaire) de l'activité.
2. 1.1. 2 Place du secteur informel dans
l'économie nationale du Burkina.
Le secteur informel occupe une place très importante
dans l'économie du Burkina. L'enquête démographique
menée par l'INSD en 1991, estime que 80% des actifs urbains
évoluent dans ce secteur dont 58,1% des femmes. Sa contribution au
produit intérieur brut (PIB), est estimée à 31%.
Somme toute, il est remarquable que le secteur informel
participe à :
- la création de micro entreprise
- la valorisation des produits locaux (matières premières)
- la lutte contre le chômage (secteur refuge)
· la redistribution des revenus. (7)
2. 1.1. 3 Les principaux domaines
d'activités du secteur informel.
Ce sont :
Ø Artisanat de production : Est réuni dans
ce groupe, l'ensemble des activités de transformation de matières
premières locales ou importées en vue de la production des biens
à dominante utilitaire.
Il désigne les bijoutiers, les couturiers, les
menuisiers, les potiers, les dolotières, les fabricants de clés,
les tisserands etc.
Ø Artisanat d'art : C'est l'ensemble des
activités de production des biens à vocation culturelle
artistique et /ou décorative. C'est le support de l'expression
culturelle et de l'environnement social. Il désigne les musiciens,
sculpteurs, peintres, calligraphes et teinturiers etc.
Ø Artisanat de service : il rassemble beaucoup
d'activités hétéroclites souvent mal connues et mal
appréciées mais combien nécessaires pour la
collectivité. Il assure la restauration, la réhabilitation,
l'entretien, la réparation et tous les autres services utiles à
la longévité des biens et matériels en usage dans la
cité. Il désigne les balayeurs, cireurs, mécaniciens,
photographes, serveurs de bar, coiffeurs, domestiques.
Ø Les activités de construction : Elles
désignent les briquetiers, maçons, plombiers, carreleurs,
tulliers et charpentiers.
Ø Le petit transport : il concerne les
propriétaires de charrettes à traction humaine ou animale
destinées au ramassage du sable, bois, eau, et d'autres marchandises.
Ø Le petit commerce : Sont rangés dans ce
groupe tous les petits circuits de commercialisation des biens marchands. Ces
opérateurs procèdent à la spéculation entre les
prix d'achat et ceux de la vente. C'est le groupe le plus instable à
l'intérieur d'un même sous-groupe entre sous-groupe et
intergroupes. Les acteurs sont soit des ambulants ou installés dans des
boutiques ou des étals. (9)
2. 1.1. 4 Importance du petit commerce
dans le secteur informel.
Selon les résultats de l'enquête de l'Office
Nationale de la Promotion de l'Emploi (O N P E) réalisée en 1987
dans les cinq principales villes du Burkina que sont Ouagadougou, Bobo,
Banfora, Ouahigouya, Koudougou, les activités du petit commerce sont les
plus importantes dans le secteur informel. Elles représentent à
elles seules 68,80% des activités du secteur informel (Gouvernement du B
F : Enquête sur le secteur informel ONPE 1987. Élaboration B
I T).
Pour ce qui concerne la ville de Ouagadougou, les
activités du petit commerce représentent 69,40% des
activités du secteur informel (Gouvernement du B F ; Enquête
sur le secteur informel O N P E 1987. Élaboration B I T). (9)
1. 2. 2 .La problématique de
l'utilisation services de C D V du V I H
Dans notre revue de la littérature relative à
l'utilisation des services de C D V, nous nous sommes
référés aux travaux traitant de la fréquentation
des services de CDV tant dans le monde qu'au Burkina en ce sens qu'ils
constituent des variantes du concept à l'étude.
Ainsi nous essayerons tout d'abord d'appréhender les
définitions du concept de conseil dépistage, de décrire
les étapes de C D V, et donner les avantages du CDV. Nous terminerons
par l'examen des facteurs qui ont constitué des obstacles à
l'utilisation des services de CDV du VIH tel que décrits par certains
auteurs.
1. 2. 2.1. Définitions des concepts.
a).Le Conseil :
Pour Peter PIOT et al. le conseil consiste en un face à
face au cours duquel, une personne en aide une autre à prendre des
décisions et à agir en conséquences.
Dans le cadre de la lutte contre le VIH/SIDA, le conseil
consiste à donner des renseignements qui permettent à l'individu
de prendre des décisions susceptibles de réduire le risque de
transmission. Il peut ainsi s'adresser au conjoint, à la famille, aux
amis et à tous ceux qui s'occupent de la personne infectée, qu'il
s'agisse de séropositifs ou de personnes qui s'estiment exposées
au risque d'infection. (1)
b).Le dépistage :
Selon le dictionnaire de médecine Flammarion(1992), le
dépistage est une recherche systématique chez un sujet ou au sein
d'une collectivité, d'une affection latente au moyen de techniques
simples et peu coûteuses, mais suffisamment fiables.
Ici c'est le fait de rechercher l'infection à VIH.
c).Le consentement :
Il correspond à la notion de libre choix et signifie
que le test ne doit être fait sans l'accord de la personne
concernée à qui toutes les informations sur les avantages et les
possibles inconvénients du dépistage doivent être
exposés. (3)
d).Le principe du volontariat :
Il signifie que tout individu a le droit de refuser de se
soumettre au test sans que l'on ne puisse l'y obliger. Tout test de
dépistage doit être précédé par le
consentement éclairé de la personne, lequel doit être
valide aux yeux de la loi. C'est donc dire que seuls les clients ayant atteint
l'âge de la majorité devant la loi peuvent donner un consentement
éclairé. Pour les autres, il faudra une autorisation parentale ou
des tuteurs légaux. En général, les personnes ayant au
moins 18 ans sont considérées comme majeures aux yeux de la loi.
(3)
e).La confidentialité :
C'est le fait de garder un secret, et dans le cas particulier
du conseil dépistage, de garantir le caractère intime et
personnel des entretiens.
Dans la relation d'aide, elle traduit le fait qu'une personne
plaçant sa confiance en une autre susceptible de l'aider lui confie son
secret. Cette dernière se trouve dans l'interdiction de le divulguer
sans consentement.
La confidentialité est valable aussi bien en interne
entre collègues qu'en externe avec d'autres personnes. Elle ne peut
être levée qu'en cas de référence et lorsque cela
s'inscrit dans l'intérêt du client. Dans ce cas, son avis est
indispensable à la levée de la confidentialité. (3)
f).Le principe de l'anonymat :
L'anonymat est un modèle d'organisation mis en place
dans les centres de CDV pour renforcer la confidentialité.
Le nom du client est remplacé par un numéro de
code qu'il garde tout au long du processus de découverte de sa
sérologie. Seul le conseiller a accès au résultat et au
client lui-même. Cela permet donc d'exclure les autres acteurs dans la
gestion de la confidentialité des résultats, puisse qu'ils ne
peuvent connaître le numéro de code et la personne à la
fois. (3)
g).Le conseil dépistage volontaire :
Pour Michel CARTOUX, cité dans l'étude sur
l'organisation du C D V dans la ville de Ouagadougou par Jean-François
SOME et Athanase ZAGARE ; la notion du CDV renvoie à celle de
« relation et de dialogue entre deux personnes visant
à :
- révéler un statut sérologique,
- prévenir la transmission de l'infection à
VIH,
- fournir un soutien psychosocial aux sujets infectés,
à leurs partenaires et à leurs familles,
- organiser leur prise en charge psychosociale et
médicale ». (19)
Pour Alice DESCLAUX et al, (1997), le CDV est un
« acte de prévention qui permet de personnaliser l'information
pour que chaque personne conseillée puisse adopter un changement de
comportement et prenne la décision de se soumettre en toute connaissance
de cause et soit bien informée des conséquences personnelles,
médicales et sociales en cas de résultat positif ».
(23)
En somme, le conseil dépistage consiste en un dialogue
confidentiel entre un consultant et un conseiller en vue de permettre au
consultant de surmonter le stress lié au test de dépistage et de
prendre des décisions personnelles en rapport avec le VIH/SIDA. Le
processus du conseil englobe l'évaluation du risque personnel de
transmission du VIH et la discussion sur les modes de prévention. Il
aborde en particulier les problèmes d'ordre affectif et social
liés à une infection à VIH éventuelle ou
réelle et au SIDA.
1. 2. 2. 2. Les étapes de conseil
dépistage.
Plusieurs étapes sont identifiées dans la
conduite du dépistage:
Ø le conseil pré-test qui cherche un
consentement éclairé au dépistage du VIH et une
préparation à l'annonce des résultats du test ;
Ø la réalisation du test
(prélèvement et analyse) qui permet le diagnostic biologique de
l'infection à VIH ;
Ø le conseil post test qui comprend l'annonce du
résultat, la gestion psychosociale des réactions du client, les
conseils de prévention et en cas de sérologie positive ;
Ø l'orientation vers un réseau de prise en
charge psychosociale et biomédicale
Ø le suivi post test qui est une approche
personnalisée des problèmes du client et une recherche avec lui
des solutions appropriées. (3)
1.2.2.3. les objectifs du conseil.
a) Le conseil pré-test :
- Demander à la personne ce qui l'amène à
effectuer cette démarche aujourd'hui.
- Aider la personne à identifier son niveau d'exposition
à un ou plusieurs risques ainsi que leur contexte (relation, usage
d'alcool, de drogue, évènements négatifs).
- Vérifier les connaissances de la personne sur les modes
de transmission et de prévention ainsi que sur le test.
- Évaluer avec la personne son degré d'exposition
au risque.
- Aider la personne à faire le point sur les
stratégies de prévention qu'elle a déjà
utilisées.
- Explorer l'impact de sa démarche de test sur son
entourage.
- Anticiper les émotions liées au
résultat.
- Demander à la personne d'évaluer les avantages
et les inconvénients de sa démarche de test.
- Aider la personne à prendre ou à confirmer sa
décision.
- Indiquer à la personne tous les numéros utiles
dont elle pourrait avoir besoin pendant l'attente des résultats.
b) Le conseil post test positif :
- Donner le résultat.
- Laisser la personne le temps d'exprimer ses émotions.
- S'assurer que la personne a compris les résultats.
- Évaluer les besoins immédiats de la personne
(soutien médical, social, personnel administratif, financier).
- Informer la personne sur les stratégies
thérapeutiques existantes.
- Évaluer ce qui l'inquiète le plus (A qui
aimerait-elle en parler ? A qui pense-t-elle qu'elle devrait en
parler ?)
- Valider la personne dans ses sentiments et ses émotions
et l'aider à anticiper les différentes phases du vécu de
la séropositivité.
- En fonction des données recueillies dans
l'évaluation de la situation de la personne, l'informer sur les moyens
et options possibles qu'elle peut utiliser pour éviter une sur
contamination ou réduire la transmission de l'infection à VIH.
- Envisager avec la personne toutes les ressources dont elle
dispose pour faire face à la situation (partenaire, famille, entourage
proche, numéros verts).
- Voir avec la personne si elle a besoin d'aide pour la
notification à sa partenaire.
- Mettre à la disposition de la personne les ressources du
réseau mis en place par le centre de dépistage (travailleurs
sociaux, médecins, psychologues, associations).
c) Le conseil post test négatif :
- Donner le résultat.
- Vérifier la compréhension des
résultats.
- Demander à la personne ce qu'elle pense et ce qu'elle
ressent (A qui va-t-elle en parler et comment ?)
- Envisager avec elle les moyens qu'elle compte utiliser pour
rester séronégative.
- Discuter et explorer en profondeur toute procédure de
prévention présentée par la personne (intentions,
degré d'expérience ou non, problèmes rencontrés
précédemment dans l'utilisation de ce moyen, anticipation
éventuelle des difficultés, alternatives et solutions
envisagées).
- Aider la personne à concevoir ou confirmer un plan
idéalisé de réduction des risques.
- Donner l'adresse des réseaux et associations et toute
information utile de prévention (brochures, dépliants). (15)
1. 2.2. 4. Les avantages du conseil dépistage
volontaire.
Pour l'ONUSIDA, le CDV joue un rôle important dans la
prévention du VIH, car il aide les individus à modifier leurs
comportements sexuels afin d'éviter s'ils sont séropositifs de
transmettre le VIH à leurs partenaires sexuels ou de rester
séronégatifs s'ils ne sont pas infectés.
L'autre rôle primordial du CDV est de faciliter le
recours précoce et adéquat des personnes séropositives ou
séronégatives au VIH aux services tels que la prise en charge
médicale, la planification familiale, le soutien psychologique et
social, l'assistance juridique et le conseil en matière de vie
positive.
Le CDV est également crucial pour permettre aux femmes
et à leurs familles de profiter des interventions visant à
prévenir la transmission du VIH de la mère à l'enfant.
Un accès accru au CDV permet en outre de contribuer
à combattre la stigmatisation et la discrimination, à promouvoir
la sensibilisation et à soutenir les droits de l'homme. (13)
Pour Peter PIOT et al. les avantages du CDV pour la
communauté sont la prévention de la transmission du
VIH grâce à un changement éclairé de
comportement et l'identification des candidats potentiels aux essais de
médicaments et de vaccins. (1)
Pour le SP/CNLS-IST, le CDV participe au niveau national pour
une meilleure surveillance épidémiologique et une meilleure
planification des politiques et des stratégies de lutte contre le VIH
mais surtout une prise en charge précoce et efficace de l'infection
à VIH. (8)
En résumé, le CDV permet de mieux combattre
l'infection à VIH tant au niveau individuel, communautaire que
national.
1.2.2.5 Le diagnostic de laboratoire de l'infection
à VIH.
La détection d'anticorps constitue la meilleure
méthode de laboratoire pour poser le diagnostic d'une infection à
VIH.
On distingue d'une part les épreuves initiales et
d'autre part les épreuves complémentaires.
a) Les épreuves initiales :
Pour Peter PIOT et al. l'épreuve sérologique
initiale la plus utilisée pour rechercher les anticorps anti-VIH, est
l'épreuve ELISA.
Bien qu'ELISA soit relativement simple, son utilisation
à grande échelle est sérieusement limitée dans de
nombreux pays en développement par le coût des réactifs,
l'investissement initial en équipement de laboratoire et l'obligation
d'une source d'électricité stable.
Face à cette situation, on a mis au point des
épreuves plus simples qui n'exigent aucun appareil, sont plus rapides et
a priori moins onéreuses. Ces épreuves pourraient avantageusement
remplacer les techniques actuelles d'ELISA, ce sont les tests simples/rapides.
(1)
Pour le docteur Gaby VERCAUTEREN, chercheur au
département de blood safety and clinical technology de l'OMS à
Genève, les tests simples rapides ne nécessitent pas
d'électricité et sont faciles à pratiquer et à
interpréter. De plus, la réalisation du test dure moins de vingt
(20) minutes et est d'un coût peu élevé. Ils ont une bonne
durée de conservation et sont capables de résister à des
températures de 30 à 40 degrés celcius et avoir un minimum
de perte.
Au nombre de ces types de test, certains ne nécessitent
ni laboratoire, ni équipement spécifique, ni expérience
particulière. Il s'agit des chromatographic membrane test qui sont le
Serotrip, le Doublecheck, le Determine. Elle termine en disant qu'il est
probable qu'avec une organisation et une gestion appropriée, ces tests
pourront être utilisés à grande échelle. (10)
b) Les épreuves complémentaires :
Elles sont utilisées pour confirmer un diagnostic
positif aux épreuves initiales. La plus utilisée est le
Western-blot. (1)
1. 2.2. 6. Les obstacles à l'utilisation des
services de CDV du VIH.
Les travaux antérieurs relatifs aux obstacles à
l'utilisation des services de CDV des auteurs consultés identifient deux
principaux groupes d'obstacles:
les obstacles liés aux services (services de
dépistage et de prise en charge du VIH) et ceux liés à la
communauté.
a). Les obstacles liés aux services :
Pour les différents auteurs que nous avons
consultés, ces obstacles sont:
Pour Family Health International (juin 2001) dans le cadre de
la mise en oeuvre d'un projet de prévention et de soins, les obstacles
liés au CDV dans les pays en développement sont dus au manque de
personnel qualifié, au manque de respect de la confidentialité,
à l'ignorance des clients potentiels concernant l'existence des services
de CDV et au manque des ressources financières pour couvrir le
fonctionnement des services. (11)
Odette ROUAMBA dans son étude
intitulée: « Dépistage du VIH et remise des
résultats au Burkina », réalisée à Bobo
Dioulasso en 1994, a montré que le prix du test de dépistage
est un obstacle pour de nombreuses couches défavorisées qui
préfèrent prendre l'argent du test pour se nourrir au lieu de
l'utiliser pour apprendre leur séropositivité. (22)
Une étude réalisée par DAMESYN et al. en
1998 portant sur des jeunes couples en zone rurale du Kenya occidentale a
montré que 95% des participants accepteraient le test s'il était
gratuit. S'ils devaient payer le service, 31 à 40% ont indiqué
qu'ils paieraient le montant demandé. (13)
L'analyse du rapport coût-efficacité a
montré que le CDV présente des avantages en particulier dans le
domaine de la prise en charge et de la qualité de la vie. En effet,
SWEAT et al. en 1998 et 2000 utilisant une cohorte de dix mille (10 000)
personnes fréquentant le CDV, ont estimé que l'intervention avait
permis d'éviter 1104 infections à VIH au Kenya et 985 infections
en République Unie de Tanzanie.
Le coût du CDV par client a été de 29 USD
en Tanzanie et de 27 USD au Kenya. Le montant par infection
évitée a été en moyenne de 346 US Dollars en
Tanzanie et de 249 US Dollars au Kenya. (13)
Des études ont montré que lorsque les individus
peuvent obtenir les résultats de leur test VIH en quelques heures
grâce aux techniques simples/rapides, les taux de fréquentation
des centres de dépistage s'améliorent.
En effet, selon le résultat d'une étude
réalisée au Malawi par MSOWOYA et al. en 2000 sur la
fréquentation des centres de CDV, celle-ci était au départ
faible mais a quadruplé quand les tests simples/rapides ont
été introduits. (13)
b). Les obstacles liés à la
communauté :
De la lecture des ouvrages, il ressort que la
stigmatisation/discrimination associées au VIH/SIDA est le seul obstacle
lié à la communauté qui explique la faible utilisation des
services de CDV.
Ø La stigmatisation plonge ses racines dans le
passé. Elle a été décrite comme une
caractéristique qui « discrédite
significativement» un individu aux yeux des autres. A ce titre, le
sociologue américain Erving Goffman soutient que l'individu soumis
à la stigmatisation est une personne à l'identité
« altérée » qui est « rendue
indigne» aux yeux des autres.
Une bonne part de la stigmatisation associée au VIH
s'appuie sur des pensées négatives déjà
implantées et les renforce.
Les PV/VIH SIDA sont considérées comme celles
qui ont mérité ce qui leur arrive car elles ont fait quelque
chose de mal. Les hommes infectés peuvent être
considérés comme des clients des prostituées, les femmes
comme étant de moeurs légères ou comme des
prostituées.
La stigmatisation que s'infligent à elles-mêmes
les PV/VIH ou la honte qu'elles ressentent lorsqu'elles intériorisent
les réactions des autres sont aussi manifestes. Cette forme de
stigmatisation peut entraîner la dépression, le repli et des
sentiments d'inutilité. Elle réduit au silence des individus et
des communautés déjà diminuées et pousse les gens
à se sentir responsable de leur situation. (14)
Ø La discrimination, quant à elle se produit
lorsqu'on fait une distinction entre des personnes, qui a pour effet que ces
individus soient traités de manière inégale et injuste
parce qu'ils appartiennent à un groupe particulier. (14)
Ø Les causes de la stigmatisation/discrimination.
Pour l'ONU SIDA, elles sont provoquées par toutes
sortes de facteurs notamment une mauvaise compréhension de la maladie. A
celle-ci s'ajoutent les mythes concernant la transmission du VIH, les
préjugés, l'insuffisance de traitement, le fait que le SIDA
soit incurable, les craintes sociales concernant la sexualité, les peurs
liées à la maladie et à la mort. (14)
Ø L'impact de la stigmatisation/discrimination sur la
prévention.
La stigmatisation/discrimination compromettent l'action de la
prévention en ce sens que les gens par crainte d'avoir à les
subir, ont peur de connaître leur statut VIH et reculent face à
l'adoption des mesures préventives.
Cette crainte de la discrimination empêche les gens de
consulter pour bénéficier d'un traitement contre le SIDA. Ils
peuvent être dissuadés de recourir aux services de CDV piliers des
programmes de prévention, de traitement et de soins. Les PV/VIH peuvent
ainsi se retrouver isolées, privées de soins et de l'appui qui
pourraient atténuer l'impact de l'épidémie.
L'Association SIDA Info Service a réalisé un
sondage du 20 octobre au 07 novembre 2003 auprès de 166 personnes
séropositives habitant les régions Iles de France Provence,
Alpes-côte d'Azur et Aquitaine en France, et a obtenu les
résultats suivants :
La majorité des personnes 63% ont été
victimes des discriminations. Dans la moitié des cas, celles-ci sont
survenues dans les relations amoureuses (conjoints, partenaires sexuels) soit
50% et amicales 50% des cas. L'environnement familial avec 38,2% et le
voisinage 25% des cas sont également évoqués par nombre de
personnes qui considèrent que, finalement, dans ce contexte, ne pas
dévoiler sa séropositivité demeure la seule solution pour
ne pas être rejetées.
C'est le même résultat qui a été
obtenu par BAGGALEY et al. En 1998 en Zambie dans une étude où
sur 465 jeunes interrogés sur l'intérêt porté au
test, la majorité d'entre eux ne tenaient pas à se décider
pour le test par crainte d'être séropositifs. (13)
Odette ROUAMBA, dans son étude a montré que
52,7% des enquêtées pensent qu'elles seront rejetées en cas
de séropositivité.
Pour elle, la peur du rejet social qui se traduit par la
perte du respect dont jouissait le séropositif et même
jusqu'à sa mort où il n'aura pas les honneurs dus à une
personne de respectable, la perte du foyer conjugal pour les femmes
séropositives est l'un des obstacles au test de dépistage.
(22)
Nous constatons à la lumière des points de vue
les auteurs que nous avons pu consulter que les facteurs pouvant expliquer le
faible utilisation des services de CDV du VIH existent et sont variés.
Ce sont l'ignorance de l'existence de ces services, leurs avantages, le prix du
test, le manque de confidentialité dans les prestations de CDV, Le
délai d'obtention des résultats, l'insuffisance de la
disponibilité et de l'accessibilité de la prise en charge des
PV/VIH/SIDA, la stigmatisation/discrimination associées au VIH/SIDA.
2. 2 .Cadre conceptuel.
La présente étude a besoin de s'appuyer sur une
théorie de départ qui va permettre de circonscrire le sujet et
d'orienter la collecte des données. A défaut d'un modèle
théorique, nous avons élaboré un modèle conceptuel
en considérant trois facteurs. Il s'agit principalement des facteurs
liés aux personnes exerçant dans le petit commerce, aux services
(services de dépistage et de prise en charge du VIH), et à la
communauté.
La présence ou non de l'un de ces facteurs pourrait
influencer dans un sens comme dans l'autre l'utilisation des services de
dépistage par les personnes exerçant dans le petit commerce.
2.2. 1.Facteurs liés aux personnes
exerçant dans le petit commerce.
Il s'agit de la connaissance des personnes exerçant
dans le petit commerce sur le VIH/SIDA, le test de dépistage volontaire,
de leurs opinions et attitudes vis à vis du test de dépistage
2.2. 1. 1. La connaissance.
C'est la faculté d'avoir une idée plus ou moins
juste sur quelqu'un ou quelque chose; de savoir de façon plus ou moins
précise quelqu'un ou quelque chose. (19)
Si les personnes exerçant dans le petit commerce ont
une idée sur le VIH/SIDA, sur l'existence du test de dépistage,
et ses avantages, des centres de dépistage (conditions d'accès,
localisation), cela pourrait les amener à utiliser le service de
dépistage du VIH.
2.2.1. 2. Opinions.
Selon le dictionnaire universel de poche, l'opinion est un
jugement personnel, un avis émis sur un sujet. L'opinion publique
désigne la manière de penser la plus répandue au sein
d'une collectivité.
Les opinions sont, l'ensemble des croyances philosophiques,
politiques, religieuses, d'une personne ou d'un groupe.
Ainsi ce que les personnes exerçant dans le petit
commerce pensent, entendent dire sur le VIH/SIDA, le test de dépistage,
le statut de séropositif va forcement influencer leur désir de
faire le test de dépistage.
2.2. 1 .3. Attitudes
Dans les sciences sociales, le terme désigne une
disposition profonde durable et d'intensité variable à produire
un comportement donné.
Elle implique un état dans lequel l'individu est
prêt d'une certaine manière à une certaine stimulation.
Elle n'est pas innée, elle est construite à partir de la
perception de l'objet en cause laquelle perception peut être directe ou
mentale. L'utilisation du service de dépistage est fonction de
l'attitude des personnes exerçant dans le petit commerce face au test et
à l'infection à VIH.
2.2;2. Facteurs liés aux services de
dépistage.
Il s'agit de la sensibilisation, du coût des
prestations, des exigences du fonctionnement, de la prise en compte des
personnes exerçant dans le petit commerce dans les plans d'action, de la
confidentialité du processus du dépistage et des types de tests
utilisés dans le cadre du dépistage du VIH.
2.2 2. 1. La sensibilisation :
C'est une stratégie de communication qui consiste
à apporter des messages à une ou plusieurs personnes afin de (l')
ou les amener à changer d'attitude face à une situation.
Elle est la principale action de lutte contre la
stigmatisation/discrimination associées au VIH/SIDA.
La sensibilisation à travers des campagnes
d'information du public devra avoir pour but de susciter une
compréhension précise de l'infection à VIH : modes de
transmission, méthodes de prévention et évolution.
Une implication des personnes vivant avec le VIH aidera les
individus à comprendre qu'il est possible de vivre avec le VIH. De plus
ces campagnes devront faire savoir aux communautés que le SIDA se soigne
et les mettre au courant des progrès scientifiques dans ce domaine.
De ce fait, si les personnes exerçant dans le petit
commerce sont sensibilisées sur le VIH / SIDA et le test de
dépistage volontaire du VIH, leur attitude face à ces derniers
pourrait changer et elles pourraient ainsi accepter d'utiliser les services de
dépistage du VIH.
2.2. 2. 2. Le coût des prestations.
La plupart des centres de dépistage offrent des
prestations payantes, si les personnes exerçant dans le petit commerce
pensent qu'elles n'ont pas les ressources nécessaires pour payer ces
prestations, cela peut réduire leur accès au test de
dépistage.
2.2 .2. 3. Les exigences de fonctionnement.
Le fonctionnement des centres de conseil dépistage
volontaire est organisé d'une certaine manière qu'il peut imposer
des contraintes notamment les jours et heures d'ouverture aux utilisateurs. Si
les personnes qui exercent dans le petit commerce n'arrivent pas à se
conformer à ce mode de fonctionnement, leur accès au test de
dépistage peut être réduit.
2.2.2. 4. La planification des activités.
Pour être conforme aux principes de base de la gestion,
toute action doit être planifiée. (19)
Ainsi la planification des activités des centres de
dépistage prenant en compte les personnes exerçant dans le petit
commerce pourrait faciliter leur accès au test de dépistage.
2.2.2. 5. La confidentialité.
Pour que les services de conseil dépistage volontaire
et anonyme soient acceptés, il faut garantir la confidentialité.
Si les personnes exerçant dans le petit commerce pensent que le
résultat de leur test sera porté à la connaissance des
autres personnes à leur insu, elles ne vont pas utiliser les services de
CDV du VIH.
En conséquence il faut mettre en place un
système pour éviter des entorses à la
confidentialité afin de permettre une meilleure utilisation de ces
services.
2.2.2. 6. Le délai d'obtention du résultat du
test de dépistage.
Le délai d'attente pour l'obtention des
résultats d'un test de dépistage est à l'heure actuelle de
trois (03) jours. Cependant il existe des types de tests permettant d'obtenir
le résultat le même jour en quelques heures. Ce sont les tests
dits simples / rapides.
L'option pour l'un ou l'autre type de test peut influencer
l'utilisation des services de dépistage des personnes exerçant
dans le petit commerce.
2.2.3. Facteurs liés aux services de
prise en charge.
La connaissance de l'existence de la prise en charge,
notamment en ce qui concerne les médicaments anti-rétro viraux
(ARV) et des infections opportunistes leur disponibilité et
accessibilité sont des éléments qui pourraient influencer
l'utilisation du service de dépistage par les personnes exerçant
dans le petit commerce, car plus elles savent qu'elles pourraient
accéder facilement à la prise en charge plus elles seront
disposées à utiliser le service.
2.2 .4. Facteurs liés à la
communauté : stigmatisation/discrimination associées au
VIH.
Il s'agit principalement de l'existence des personnes ayant
été victimes de la stigmatisation / discrimination à cause
de leur statut de séropositif ou de malade de SIDA. Si les personnes
exerçant dans le petit commerce ont déjà vu des personnes
qui ont été rejetées parce qu'elles portent en elles le
virus du SIDA cela peut les conduire à ne pas utiliser les services de
dépistage par crainte de subir le même sort si leur
résultat s'avérait positif.
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