Conclusion
Comme il a été démontré tout au
long de ce travail, le détroit de Malacca est au coeur du système
monde d'une importance vitale. Il est mêlé de prés ou de
loin à de nombreuses problématiques d'ordre économique,
militaire ou stratégique.
Le problème de sa gestion doit donc d'être
géré de manière globale même s'il ne faut pas
compromettre les intérêts des Etats riverains. Dans un monde de
plus en plus globalisé, il est logique que les Etats qui
dépendent du commerce maritime pour l'alimentation de leur
économie s'impliquent dans l'assurance de sa sécurité.
Mais comme ailleurs dans le monde, les problématiques globales se
heurtent aux intérêts nationaux. La gestion du détroit est
donc l'un des nombreux points de confrontation de l'intérêt
national et international. Le rôle autonome de l'Etat y est menacé
car faisant face à des dangers d'ordre transnationaux, il ne peut
développer une stratégie seul. Dans ce cadre, et ayant le droit
international de leur côté (notamment la convention de Montego
Bay), les puissances mondiales sont fondées à intervenir dans le
terrain du détroit.
Coincé entre la Chine au nord et la flotte
américaine, le détroit ne doit cependant pas tomber dans la
sphère d'influence unique de l'un de ces deux Etats, au danger de
compromettre la liberté de navigation dans la région. Dans cette
optique, le Japon semble être un acteur plus neutre. Certes il est
allié aux Etats Unis mais Tokyo a bien compris qu'il ne pouvait
désormais plus uniquement compter sur l'appui de Washington et qu'il
devait forger sa propre politique étrangère. Son aide à la
navigation dans le détroit de Malacca est donc bien une façon
pour le pays d'étendre son influence sur une Asie du Sud Est qui
pourrait à l'avenir être englobée dans la sphère
d'influence chinoise. Sa volonté d'améliorer la
coopération régionale lui permet de développer une image
moins hégémonique que celle de Pékin et donc de se placer
en aide conciliante. Il est donc à souhaiter que, malgré la crise
économique et les difficultés financières auxquelles fait
face le Japon, il persiste dans son aide aux pays riverains du détroit
tout en promouvant une coopération régionale. Le détroit
pourrait être une chance pour le Japon d'être un géant
économique et politique.
L'amélioration récente des conditions de
navigation, et notamment la chute du nombre d'actes de piraterie, ne doit pas
faire oublier que l'Indonésie, la Malaisie et Singapour n'ont pas
réussi à s'entendre en profondeur sur l'instauration de
structures à même de lutter contre les risques de navigation. Les
accords réalisés entre ces trois Etats sont toujours contingents
de leurs relations diplomatiques mouvementées.
Il y a donc fort à parier que le détroit de
Malacca ne pourra pas être géré de façon autonome
par les Etats qui en sont riverains et qu'il restera une zone où les
interactions nationales globales vont se multiplier et laisser émerger
une organisation permettant un contentement des diverses parties. Dans ce cadre
les Etats puissants et influents dans la zone, en l'absence d'organisations
internationales efficaces, devront continuer équilibrer leur action
entre leur propre intérêt et le respect des prérogatives
souveraines des Etats de la région. Dans ce jeu, le Japon pragmatique
est bien positionné.
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