CHAPITRE II: CADRE CONCEPTUEL
CHAPITRE II
LE CADRE CONCEPTUEL
2.1 PRESENTATION ET HISTORIQUE DE L'ASFAKOP
L'ASFAKOP (Assosyasyon Fanm ki nan komès
Plèn de Lab) en créole mais qui se traduit par Association
des Femmes Commerçantes de Plaine de l'Arbre a pris naissance en janvier
2004 en Première l'Arbre, mais en raison des troubles sociopolitiques a
débuté plutôt en mars 2004. Son siège social se
trouve à Anse-Rouge sur la route nationale menant à Port de
Paix.
L'idée de ce projet est venue des ateliers de
réflexions organisées avec les Femmesmères
commerçantes de cette zone; il est à noter que c'est la seule
association qui existe dans cette zone. Leur devise est: "Tèt ansam,
ASFAKOP ap kwape lamizè".
L'Asfakop compte un effectif de 315 membres lesquels
appartiennent aux cinq regroupements régionaux ayant chacun leur propre
structure de gestion composée de neuf responsables: une
présidente, une vice-présidente, une trésorière,
une trésorière adjointe, une secrétaire, une
secrétaire adjointe et trois conseillères. Le comité
central de gestion de l'Association est formé de sept membres issus des
cinq regroupements régionaux, Parc-Melon, Anse-Rouge, Marianne, Cabane
Boeuf, Magasin les Rois, représente la Direction de l'Association.
La structure organisationnelle de l'ASFAKOP
présentée plus bas peut aider à mieux comprendre.
2.1.1 Objectif Global
Son objectif est d'augmenter la capacité
économique des femmes-mères commerçantes de
Première L'Arbre en les supportant financièrement.
ComitéAnse-Rouge
Membres Anse-Rouge
ComitéParc-Melon
Membres Parc-Melon
2.1.2 Objectifs spécifiques
· Réunir en groupe de solidarité de 50
femmes-commerçantes mères de chaque zone.
· Augmenter l'éventail des produits destinés
à la vente en ajoutant un surplus de montant sur le capital
d'investissement de chaque requérant.
· Transférer 50 pour cent du montant d'appui
à de nouvelles femmes commerçantes.
2.1.3 Structure Organisationnelle de
l'ASFAKOP
ASSEMBLÉE GÉNÉRALE
COMITE CENTRAL
ComitéCabane
Boeuf
Membres Cabane Boeuf
ComitéMarianne
Membres Marianne
ComitéMagasin les
Rois
Membres Magasin les Rois
Le Comité Central est, composé de 7 membres,
formé à partir des personnes de chaque localité. La
Présidente est d'Anse-Rouge, la Vice-Présidente de Marianne, la
Trésorière de Parc-Melon, la Trésorière Adjointe de
Magasin, la Secrétaire de Cabane Boeuf, la Secrétaire Adjointe de
Magasin et la Conseillère de Marianne. Ce Comité se réunit
une fois par mois dans le Siège Social à Anse-Rouge pour partager
les informations, discuter et / ou prendre des décisions. Ce
comité est coiffé par l'Assemblée
Générale, celle-ci est l'autorité souveraine de
l'ASFAKOP.
Il faut également souligner que ce comité
représente l'ASFAKOP dans les réunions externes surtout avec
l'intermédiaire financier.
Le comité régional est composé de 9
membres: dont une Présidente, une Viceprésidente, une
Trésorière, une Trésorière-adjointe, une
Secrétaire, une Secrétaireadjointe, une Première
Conseillère, une Deuxième Conseillère et une
Troisième Conseillère. Le rôle de ce Comité est de
s'assurer que le montant prêté par les membres est investit, les
intérêts payés et les bénéfices
épargnés. En définitive, ce comité a un rôle
de contrôle.
Organigramme du Comité
Régional
Trésorière
Comité Central
Secrétaire
Présidente
Vice Présidente
Trésorière Adjointe
|
|
|
|
Secrétaire Adjointe
|
|
|
|
Les membres de l'Asfakop sont ceux qui remplissent les
conditions énumérées dans le statut et qui sont
acceptées par le comité régional. Ils doivent aussi faire
preuve de dynamisme c'est-à-dire montrer qu'ils ont la capacité
de gérer la somme prêtée et d'en faire profit. L'Asfakop
compte au total 315 membres soit:
Tableau III Répartition des membres selon
leurs localités
Localité
|
Nombre de Membres
|
Pourcentage
|
Marianne
|
80
|
25
|
Magasin les Rois
|
79
|
25
|
Anse-Rouge
|
56
|
16
|
Cabane Boeuf
|
45
|
14
|
Parc-Melon
|
64
|
20
|
Total
|
315
|
100
|
|
2.1.4 Reconnaissance Légale D'Asfakop
La Reconnaissance légale d'Asfakop a été
délivrée par le Ministère des Affaires Sociales et du
Travail en février 200521.
2.1.5 Statuts de L'Asfakop
Article 1.- Il a été
crée une Association dénommée l'Association des Femmes
Commerçantes Première l'Arbre Association ayant pour sigle:
ASFAKOP.
Article 2.- L'Association a son siège
social à Première l'Arbre. Elle est apolitique et est
dérivée de la personnalité juridique, réglée
par son Acte Constitutif, ses présents statuts et les dispositions de
loi sur la matière.
Article 3.- L'Asfakop a pour objectif de
travailler au développement communautaire de promouvoir
l'éducation non formelle, d'intégrer et
21 Source:évaluation mi-parcours, microcrédit des
femmes-mères d'Anse Rouge
de faire participer ses femmes membres à la vie
économique de Première l'Arbre.
Article 4.- La durée de l'Asfakop est
illimitée. Cependant, le mandat des différentes structures
administratives est fixé par la loi interne.
Article 5.- L'Association des Femmes
Commerçantes de Première l'Arbre compte un effectif de 315
membres.
Article 6.- L'Association comprend:
· L'Assemblée Générale,
· Le comité central de neuf membres issu des cinq
comités locaux,
· Les cinq comités de Gestion composés de
sept membres disponibles dans chaque localité.
2.1.6 Prêt octroyé aux membres de
l'ASFAKOP
En général, ce prêt n'a pas un montant
fixe, il est donné à partir d'une étude faite après
avoir rempli le formulaire de demande de prêt. Dans cette étude on
considère le niveau d'étude de la personne, la zone,
l'activité déjà entreprise ou à entreprendre. En
général, le taux d'intérêt est compris entre 1
à 3% du montant donné et tient compte également des
critères pré-cités. Par exemple dans le tableau
d'activités réalisées entre juillet 2005 et juin
200622 , on a constaté que Planet avait prêté au
Groupe I d'Anse-Rouge 60,000 gourdes pour 33 personnes; ce groupe a
épargné 6,000 gourdes et a versé 1,098 gourdes
d'intérêt avec un taux d'intérêt compris entre 2.5
à 3%. Tandis que pour cette même période, elle a
prêté au Groupe IV de Marianne 24,000 gourdes pour 14 personnes;
ce groupe a épargné 1,200 gourdes et a versé 420 gourdes
d'intérêt avec un taux compris entre 1.5% à 2%.
22 Source: évaluation annuelle,
décembre 2006, annexe
Tableau IV Présentation du taux
d'intérêt des membres par zone
Localité
|
Nombre d'emprunteurs
|
% d'emprunteurs
|
Taux d'intérêt
en pourcentage
|
Montant reçu par zone
|
Intérêts versés
par zone
|
Marianne
|
80
|
27%
|
1.5% à 2%
|
100,000
|
1,750
|
Magasin les Rois
|
70
|
24%
|
1.5% à 2%
|
118,000
|
2,065
|
Anse-Rouge
|
56
|
19%
|
2.5% à 3%
|
100,000
|
1,830
|
Cabane Boeuf
|
23
|
9%
|
2.5% à 3%
|
10,000
|
183
|
Parc-Melon
|
64
|
21%
|
1.5% à 2%
|
124,000
|
2,170
|
Total
|
293
|
100%
|
|
452,000
|
7,998
|
|
Toutefois, dans ce même tableau nous remarquons que le
délai des versements est respecté soit 6 versements à
raison d'un versement par mois, il n'y a pas un montant fixe à verser
par mois, l'essentiel c'est de verser le tout dans le délai imparti. De
plus, chaque Groupe a pu faire un bénéfice et l'épargner,
le montant est compris entre 1,200.00 et 6,000.00 gourdes et le pourcentage
d'emprunteurs est compris entre 9% à 27% dépendamment de la
localité. Plus le nombre d'emprunteurs est élevé plus le
pourcentage est élevé, c'est ce qui explique un faible taux pour
Cabane Boeuf.
Nous aimerions souligner que nous avons beaucoup
essayé de rencontrer les Responsables de Planet pour obtenir certaines
clarifications ou explications sur leur mode de fonctionnement mais ceci n'a
pas été possible. Les membres de l'Asfakop nous ont
confirmé qu'ils sont à l'extérieur du pays. Nous avons
également essayé de contacter les représentants des
bailleurs, ce qui nous a permis de présenter dans les pages suivantes,
le bilan et l'Etat des trop-perçus de Planet.
Après remboursement de ces montants, Planet S.A.,
l'Intermédiaire financier devrait prêter aux autres membres en
attente afin de continuer le travail. Un dicton haïtien dit ceci
"se grès kochon, ki kwit kochon / le cochon est là ! l'a-t-on
palpé pour voir s'il est
gras ? ", tel n'a pas été le cas. Les
autres requérants n'ont rien reçu jusqu'à date. Pourquoi
ce non respect du contrat? Cette insatisfaction de Planet.
Nous les avons interviewés à ce sujet, leurs
déclarations laissent comprendre que tout fonctionne tel que
stipulé dans le contrat. Cependant, les membres ne sont pas satisfaits.
Cette façon de tout camoufler et de ne rien dévoiler fait partie
des moeurs haïtiennes. La vraie raison c'est que les fonds recueillis par
Planet ont été investis dans d'autres choses que de les
prêter à nouveau aux membres de l'Asfakop en attente. Selon une
source anonyme, leurs nouveaux investissements ont fait faillite et même
le capital investi (Manman lajan) n'est pas épargné.
Serait-il possible de suggérer à l'Asfakop de changer
d'intermédiaire financier?
Tableau V
TABLEAU RESUMANT LES ACTIVITES DE CREDIT DE
L'ASFAKOP
Pour la période allant de juillet 2005 à
juin 2006
LOCALITE
|
GROUPE
|
CREDIT
|
EPARGNE
|
REMBOURSEMENT
|
INTERETS*
|
|
Responsable
|
Nombre de membres
|
Montant reçu en Gourdes
|
Date du prêt
|
En Gourdes
|
Date
|
Versements
|
Balance
|
En Gourdes
|
Anse-Rouge
|
E. Zephir
|
56
|
100,000
|
|
9,850
|
|
|
|
1,830
|
Groupe I
|
|
33
|
60,000
|
05/07/05
|
6,000
|
5/01/06
|
6
|
0
|
|
Groupe II
|
|
23
|
40,000
|
05/07/05
|
3,850
|
5/01/06
|
6
|
0
|
|
|
Marianne
|
E. Salomon
|
80
|
100,000
|
|
8,050
|
|
|
|
1,750
|
Groupe I
|
|
20
|
22,000
|
14/07/05
|
2,250
|
14/01/06
|
6
|
0
|
|
Groupe II
|
|
22
|
34,000
|
14/07/05
|
2,200
|
14/01/06
|
6
|
0
|
|
Groupe III
|
|
24
|
20,000
|
14/07/05
|
2,400
|
14/01/06
|
6
|
0
|
|
Groupe IV
|
|
14
|
24,000
|
09/10/05
|
1,200
|
09/04/06
|
3
|
0
|
|
|
Magasin
|
L. Eugène
|
70
|
118,000
|
|
6,825
|
|
|
|
2,065
|
Groupe I
|
|
14
|
26,000
|
18/11/05
|
1,200
|
18/05/06
|
2
|
0
|
|
Groupe II
|
|
23
|
45,000
|
18/11/05
|
2,400
|
18/05/06
|
2
|
0
|
|
Groupe III
|
|
19
|
25,000
|
18/11/05
|
1,850
|
18/05/06
|
2
|
0
|
|
Groupe IV
|
|
14
|
22,000
|
18/11/05
|
1,375
|
18/05/06
|
2
|
0
|
|
|
Parc Melon
|
C. Joseph
|
64
|
124,000
|
|
7,100
|
|
|
|
2,170
|
Groupe I
|
|
18
|
30,000
|
20/12/05
|
1,800
|
20/06/06
|
1
|
|
|
Groupe II
|
|
18
|
24,000
|
20/12/05
|
1,000
|
20/06/06
|
1
|
|
|
Groupe III
|
|
18
|
35,000
|
20/12/05
|
1,800
|
20/06/06
|
1
|
|
|
Groupe IV
|
|
10
|
35,000
|
20/12/05
|
2,500
|
20/06/06
|
1
|
|
|
|
Cabane Boeuf
|
M. Jean
|
45
|
10,000
|
|
1,200
|
|
|
|
183
|
Groupe I
|
|
23
|
10,000
|
18/12/05
|
1,200
|
18/06/06
|
2
|
0
|
|
Groupe II
|
|
22
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
|
Total
|
|
452,000
|
|
33,025
|
|
|
|
7,998
|
|
* L'intérêt varie avec le niveau d'étude
de la personne ce qui influe le plus souvent sur la gestion de
l'activité qu'elle entreprend.
2.1.7 Structure Organisationnelle de PLANET
Président
Directeur Général
Directeur Exécutif
Secrétaire Exécutif
Directeur Administratif
Directeur Fin/ recouvrement
Comptable
Réceptionniste
Le Bureau Central de Planet est composé de 7 membres:
le Président Directeur Général, le Directeur
Exécutif, le Directeur Administratif, le Directeur Financier, un
Secrétaire Exécutif, un comptable et une Réceptionniste.
Ce bureau se trouve à Port-au-Prince. Planet a quatre succursales: une
à Plaine de l'Arbre, une à Saint-Marc, une à Gros-Morne et
une à Ganthier. Selon les membres, les succursales sont composées
d'une Secrétaire, d'un comptable et d'un officier de recouvrement.
2.1.8 Présentation du Bilan et de l'Etat des
Résultats et des Trop-perçus de Planet
Nous avons présenté dans les pages suivantes le
bilan et l'état des résultats et des trop-perçus de
Planet. Cependant, nous remarquons déjà que les états
financiers de l'année 2007 avaient un solde déficitaire.
PLANET S.A. BILAN 31 DÉCEMBRE 2006 et
2007
|
2007
|
2006
|
Actif
|
|
|
Liquidités et Placements
|
200,000.00
|
150,000.00
|
Prêts aux particuliers
|
288,369.00
|
678,680.00
|
Autres éléments d'Actif
|
|
|
Immobilisation
|
300,000.00
|
250,000.00
|
Intérêts courus et autres
|
26,930.00
|
25,000.00
|
Impôts futurs
|
-
|
-
|
|
326,930.00
|
275,000.00
|
Total de l'actif
|
815,299.00
|
1,103,680.00
|
PASSIF
|
|
|
Depots
|
|
|
Epargne à terme
|
350,000.00
|
759,000.00
|
Autres
|
36,025.00
|
58,402.00
|
|
386,025.00
|
817,402.00
|
Autres elements de passif
|
|
|
Intérêts courus et autres
|
3,000.00
|
17,000.00
|
Part des membres
|
5,780.00
|
3,202.00
|
Total
|
8,780.00
|
20,202.00
|
AVOIR
|
|
|
Parts de surplus speciales
|
454,000.00
|
278,000.00
|
Deficit
|
(33,506.00)
|
(11,924.00)
|
|
420,494.00
|
266,076.00
|
Total du passif et de l'avoir
|
815,299.00
|
1,103,680.00
|
|
PLANET S.A. Etat des Résultats et des
Trop-perçus Pour la période terminée le 31
décembre 2007
RESULTATS
|
2007
|
2006
|
Revenus d'intérêts
|
70,000
|
120,000
|
Frais d'intérêts
|
25,020
|
36,050
|
Revenus nets d'intérêts
|
44,980
|
83,950
|
Provisions et pertes sur prêts
|
(26,292)
|
(17,841)
|
Revenus d'intérêts après provision et
pertes sur prêts
|
18,688
|
66,109
|
Autres Revenus
|
654,602
|
995,980
|
Autres frais:
|
|
|
Personnel
|
430,000
|
990,564
|
Local
|
50,000
|
50,000
|
Cotisations territoriales
|
36,000
|
62,354
|
Frais généraux
|
288,165
|
339,065
|
|
804,165
|
1,441,983
|
Trop-perçus de l'exercice avant autres
éléments
|
(954,768)
|
(1,511,913)
|
Autres éléments perçus
|
732,856
|
995,728
|
Affectation au déficit
|
(1,687,624)
|
(2,507,641)
|
|
2.2 DEFINITION DU MICROCREDIT ET DE QUELQUES CONCEPTS
VOISINS
2.2.1 Définition du
microcrédit
Plusieurs auteurs ont opiné sur le microcrédit, sa
gestion surtout dans les pays en voie de développement,
énumérons quelques-uns:
M. Lellart23 définit le
microcrédit comme un petit crédit, d'un montant peu
élevé, sensiblement inférieur au crédit qu'une
entreprise ou un ménage peut solliciter d'une banque. Ce crédit
est demandé par des personnes qui disposent d'un revenu relativement
bas.
La BAD24 définit le microcrédit comme
"l'octroi de petits prêts aux opérateurs qui sont trop pauvres
pour obtenir des prêts auprès des banques classiques"
M. Detilleux25 définit le
microcrédit comme le crédit qui permet à des personnes
porteuses de projets de bénéficier de prêts d'un montant
très modeste, souvent renforcer non par des garanties mais par
des cercles de solidarité.
L'auteur Kim Wilson26 relate que le
microcrédit a pour objectif de servir les pauvres, en apportant
principalement des ressources financières à ceux qui en ont le
plus besoin. Aussi, les bailleurs de fonds doivent concentrer leurs efforts sur
les
23.
24 Banque Africaine de Développement, Annexe 12, juillet
2000
25 Jean-Claude Detilleux, Microcrédit et banque
solidaire, in Exclusion et liens financiers/Rapport du Centre Walras 1999-2000,
éd. Economica, 1999, p. 161-162.
26 Idem, page 22
individus travaillant pour leur propre compte qui ont besoin de
crédit pour faire fructifier leurs activités
économiques.
2.2.2 Définition des concepts voisins du
microcrédit
· La microfinance
La microfinance peut se définir comme étant la
mise en pratique de services financiers ou non financiers27, tels
que l'épargne, le crédit et autres services financiers de base,
à petite échelle, destinés aux petits travailleurs
indépendants ou organisés en groupements et aux plus pauvres. A
noter que la microfinance est plus vaste que le microcrédit.
· La Tontine
BOUMAN28 définit la Tontine comme une
association regroupant des membres d'un clan, d'une famille, des voisins ou des
particuliers, qui décident de mettre en commun des biens ou des services
au bénéfice de tout un chacun, et cela a tour de rôle.
· La Micro et Petite
Entreprise
La micro et petite entreprise englobent un large
éventail d'entreprises appartenant aux secteurs de l'industrie, des
transports, du commerce, des services, de l'agriculture, etc., de taille
variable, ayant des activités à temps
27 cf. B. Venet, 1994
28 GASSE-HELLIO M. M., 1999 : Le système des tontines
en Afrique.
partiel et saisonnières d'une seule personne aux
petites entreprises formelles dont plusieurs employés sont
recrutés à l'extérieur de la famille. Les
micro-entrepreneurs peuvent être des individus ou des groupes d'individus
opérant en milieu rural ou urbain. Le manque d'accès au
financement institutionnel affaiblit nécessairement
· Microbanque
Ce sont des banques locales qui ont des formes juridiques
très différentes selon leur pays d'implantation :
coopératives, ONG, sociétés à vocation lucrative ou
pas. On compte désormais quelque 20 millions d'emprunteurs et entre 30
et 40 millions d'épargnants. Elles se fondent sur un principe de
solidarité : le groupe se prête caution pour l'emprunteur. Tout
est établi sur le lien social, la réputation dans le quartier, la
vie communautaire.
Le microcrédit est maintenant bien connu, et même
si chaque auteur est tenté de la définir à sa
façon, on peut admettre un certain nombre de caractéristiques,
dont la première est une question de taille, comme le nom luimême
l'indique.
2.3 ORIGINE ET EVOLUTION DU MICROCREDIT DANS LE MONDE ET
EN HAITI
Le microcrédit est né sous sa forme moderne dans
les années 1970 simultanément en Asie, en Afrique et en
Amérique latine. Cependant, selon des recherches effectuées par
un mouvement solidaire, le microcrédit existait déjà en
Europe et surtout à la fin du XIXe siècle, il a prouvé son
utilité à travers le monde. Selon des chiffres admis par la
Banque mondiale, il aurait permis de sortir 60 millions d'individus dans la
misère ou de l'exclusion, mouvement remanié par
le professeur d'économie Muhammad Yunus29 au cours des
30 dernières années. Depuis 1999 , la méthodologie
de crédit adoptée par les institutions de micro-finance prend de
manière croissante la forme d'un produit individuel flexible,
ressemblant plus aux produits bancaires classiques. La forme choisie à
l'origine était basée sur la méthodologie de crédit
collectif, utilisant les mécanismes d'épargne locale et de
caution solidaire et la supervision des pairs pour couvrir le risque de
crédit. Se sont rapidement ajoutés des financements
extérieurs reposant sur un système de
titrisation30 des portefeuilles de crédit.
Le crédit formel existe en Haïti depuis 1951, le
Gouvernement Haïtien a implanté plusieurs organismes de
crédit tels que: IHCAI en 1951, BCRS en 1956, BCA en 1959 IDAI 1961 et
BNDAI en 1984. Ces Institutions avaient pour but d'améliorer la
situation de vie des plus pauvres et de renforcer la production agricole.
Cependant, l'offre des services financiers en milieu rural qui a toujours
été l'oeuvre du secteur informel est assez récente. Ces
services ont été créés officiellement pour
desservir les gens les plus défavorisés, ce qui devrait renforcer
la production agricole. L'objectif n'a pas été atteint puisque
les résultats n'ont été que des défaites pour le
secteur concerné puisqu'aujourd'hui ces institutions n'existent plus.
2.4 CARACTERISTIQUES DU MICROCREDIT
Il existe deux modèles de microcrédit: l'un pour
les pays industrialisés et est centré sur la création
d'entreprise, avec des prêts individuels à taux
d'intérêt bas; l'autre est en vigueur surtout dans les pays du
Sud, mettant en place des crédits de moindre montant, plus courts et
plus chers, souvent collectifs et servant la plupart du temps à financer
des activités existantes. Même si les méthodes doivent
être adaptées chaque fois au contexte local, les principes restent
toujours les mêmes. Les caractéristiques
principales du microcrédit sont donc communes. Monsieur
Jean-Michel Servet31 a retenu trois critères: Le
microcrédit est caractérisé aussi bien par une relation de
proximité, sa population cible que par le montant du crédit.
L'Emprunteur est souvent: pauvre, principalement des femmes, peu instruit,
géographiquement isolé, possède peu d'actifs et fait des
activités liées à l'agriculture. L'Organisme prêteur
donne de faible montant, sans caution ou avec une caution modique, offre des
services autre que le crédit, avec remboursement régulier et
responsabilité collective et est financé par des donateurs.
2.5 LES DIFFERENTS TYPES D'ORGANISATIONS QUI GERENT LE
MICROCREDIT
2.5.1 Les Fondations et ONG, gestionnaires de
microcrédits
Depuis une vingtaine d'années, de très
nombreuses fondations ou ONG se sont créées pour distribuer et
gérer le microcrédit en Amérique Latine, en Afrique et en
Asie. Ces organisations agissent comme des intermédiaires entre les
"financeurs" (agences de coopérations, ONG du Nord, banques, etc.) et
les demandeurs de crédit, isolés ou organisés en petits
groupes professionnels.
2.5.2 Les Banques de Microcrédit
Depuis quelques années, entraînées par
l'expérience de la Grameen Bank du Bangladesh, les grandes Fondations et
ONG du microcrédit de plusieurs pays du Sud ont leur propre banque.
Limitées dans leur financement et souvent par les règles
administratives nationales, ces organisations, face à la demande
considérable de crédit émanant des petits producteurs et
commerçants du milieu informel, mais aussi des petites et moyennes
entreprises naissantes ou en développement, ont promu des instruments
financiers qui ont évolué, avec l'accord des états et la
reconnaissance des Banques Centrales, vers la création
d'institutions financières formelles et de banques,
spécialisées dans le financement du microcrédit.
2.5.3 Les systèmes nationaux et internationaux
d'épargne et de crédit
De nombreuses caisses locales d'épargne et de
crédit se sont organisées pour obtenir davantage de crédit
que les possibilités créées par leur épargne et
répondre ainsi à la demande locale ou pour placer
l'épargne non prêtée. Elles ont constitué des unions
et fédérations, quelquefois puissantes à l'exemple de
l'APRACA (Association de crédit agricole d'Asie et du
Pacifique), l'AFRACA (Association Africaine de crédit
agricole) etc...
2.5.4 Les caisses locales d'épargne et de
crédit et les tontines
Tout comme les caisses locales et mutuelles, elles ne sont pas
reliées à de grandes organisations, ni aux banques. Elles
agissent de façon autonome pour un groupe de villages ou un quartier
urbain. Elles reçoivent l'épargne de leurs membres, fixent
elles-mêmes les taux d'intérêt sans tenir compte des lois et
du marché financier. Elles sont informelles. Les membres se
prêtent entre eux l'argent épargné dans le même
environnement. Elles font rarement appel au marché financier et ne
reçoivent pas d'aide extérieure. Leur rôle et leur fonction
sont essentiels. Elles répondent parfaitement aux besoins locaux et les
remboursements sont excellents car tout le monde se connaît et il
n'existe que peu de risque, car il y a auto contrôle.
34 Mondes en Développement, 2007, de Boeck
Université
35 Voir annexe II
Le microcrédit est considéré comme une
partie de la microfinance, qui peut concerner l'épargne, les transferts
financiers pour migrants, la microassurance, etc. Il ne remplace en rien les
infrastructures, les besoins en santé, en éducation et en eau. Si
c'est parfois un filet de sécurité pour les moins pauvres d'entre
les pauvres, ce n'est pas un levier fort pour le développement. Il ne
représente d'ailleurs qu'entre 1 à 2 % de l'aide au
développement. Cependant, c'est un outil qu'on pourrait utiliser dans
les sociétés post-crises, en Haiti par exemple ou post-conflits
comme en Bosnie32 A-t-il quand même un impact réel ?
Cela reste à voir.
Prenons le Bangladesh, le pays de Mohammad Yunus, Prix Nobel
de la paix 2006, avec sa Grameen Bank. C'est le marché au monde le plus
saturé de petits prêts. A lui seul, les vingts plus grandes
institutions de microcrédits touchent 21 millions de familles, soit 105
millions d'habitants, sur un total de 147 millions. Comment expliquer que 36%
de la population vivait, en 2004, encore sous le seuil d'extrême
pauvreté, avec moins de deux dollars par jour, comme en 1990 33
où la totalité des microcrédits au Bangladesh constituait
0.6% du total des crédits dans ce pays? Ce qui n'est pas une
transformation de taille En Inde, justement selon des études faites par
l'Institut Français de Pondichéry34 , le
microcrédit ne change rien, dans 70% des cas, 15% tire des profits, 15%
est surendetté et a même entraîné des vagues de
suicides chez les paysans. Comment faire pour aider 80% des gens exclus du
système bancaire dans les pays les plus démunis?
On n'ignore pas qu'en Haiti qu'il a eu beaucoup d'institutions
de microcrédit 35 qui ont fait carrière dans ce pays. Bon nombre
d'entre elles existent jusqu'à présent; cependant, toutes les
études faites démontrent que les changements n'ont pas d'effet
direct sur le pays en général. Certains changements ont
été remarqué par l'amélioration de la situation
économique des membres adhérés à ces institutions
mais ces changements n'affectent pas la communauté jusqu'à
développer la localité voire la zone. De plus, Ces changements
ont été remarqués chez les gens qui avaient
déjà une activité au ralentit ce qui laisse
comprendre que les vrais pauvres se trouvent toujours au bas de
l'échelle.
En Afrique par exemple, 50 pays sur 5436
connaissent une situation de surliquidité bancaire, d'après une
étude faite par Fonds Monétaire International/FMI. Il manque
simplement de fonds de garanties pour inciter les banques à prêter
de l'argent. L'aide publique au développement pourrait jouer ce
rôle-là, mais elle ne le fait pratiquement pas, car ce genre
d'appui n'est pas comptabilisé dans l'aide. Les banques traditionnelles
surfent aussi sur le microcrédit? "L'éthique", la
"responsabilité sociale" ou le "développement durable" sont des
concepts clés au moment où les banques dégagent des
bénéfices. Il ne faut ni diaboliser le microcrédit ni
fantasmer sur les potentialités de cet instrument financier."
36
www.liberation.fr/actualité/economie/242308.FR.ph
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