2.4.2.1 Le suivi du réseau hydrographique
Le suivi de l'évolution du réseau hydrographique
intègre le suivi du recul des têtes de ravines et de
l'approfondissement de leur lit. Il s'agit pour ce cas de choisir des ravines
pour lesquelles nous allons suivre le recul des têtes à l'aide de
piquets repères afin d'estimer la vitesse du ravinement. Ainsi pour
chaque ravine, le piquet repère sera placé en amont de la
tête et à une distance connue et précise. Ce suivi se fera
après chaque événement pluvieux et consistera à
mesurer la distance qui sépare la tête de la ravine et le piquet.
Pour ce type de suivi, BENDER et OUSSEINI (2000) ont souligné que
l'érosion linéaire par recul de tête de griffe
d'érosion est la forme la plus
dévastatrice et qu'elle est en général
irréversible à moyen terme sans intervention extérieure.
(DUBATH et BENDER, 1989) cités par BENDER et OUSSEINI en 2000 ont
mesuré l'avancement de l'érosion en ravin de moins d'un km
à Etaghas entre 1945 et 1970. Ainsi, à partir de 1980 la vitesse
de recul est de quelques centaines de m par an. En outre le suivi peut
être fait à l'aide d'un GPS en relevant les coordonnées de
la tête de la ravine après chaque pluie. Cependant, (RUTISHAUSSER
et BENDER, 1995) rapportés par BENDER et OUSSEINI en 2000 ont
mesuré un avancement de tête de ravines d'environ 30 m /an dans
une zone dégradée à Tamazalak et soulignent à
travers cette étude l'importance en précision de l'utilisation
des piquets repères par rapport au suivi à l'aide d'un GPS. Ici
il faut que le GPS ait une précision horizontale de 4 à 5 m.
(notons que la marge de 4 à 5 est une erreur trop importante pour suivre
une ravine).
Le suivi de tête de ravine peut encore être fait
par une analyse diachronique qui met en évidence l'évolution de
la densité du drainage. Cette dernière étant défini
pour un bassin versant donné de superficie A comme le rapport de
longueur totale de cours d'eau de tout ordre à la surface drainée
car elle joue une torrentialité et par voie de conséquence les
risques d'érosion linéaire (BOUCHETATA A. et BOUCHETATA T.,
2006)
(CHEBANI et al., 1999) ont proposé un suivi de
l'évolution des ravines par piquetage des fonds des têtes et des
berges de ravine. Ils montrent ainsi une alternance de séquences
d'ablation, de comblement et de stabilité.
2.4.2.2. Les mesures sur les pertes en terre
Les données sur le ruissellement et les pertes en terre
s'obtiennent à travers les mesures sur des parcelles
expérimentales. Ces mesures seront effectuées sur des parcelles
expérimentales de type Wischmeier pour l'érosion en nappe. Les
parcelles seront placées sur des pentes homogènes et en fonction
des différents états de surfaces. Ces mesures permettront de
mieux cerner les rôles des différents facteurs explicatifs du
ruissellement et de l'érosion. Et par la suite ces résultats
seront comparés avec les résultats d'autres parcelles pour une
pluie donnée, ou même avec des résultats de la même
parcelle à différentes pluies.
Toutes ces parcelles doivent comporter un système de
collecte des eaux ruisselées constitué d'un canal
récepteur et des cuves de stockage (tonneaux et cuves
métalliques)
Le protocole expérimental de mesure que nous allons
utiliser est celui de l'IRD (exORSTOM) (NOUVELOT, 1993) :
Ces mesures se feront à l'échelle de l'averse,
pour calculer la quantité précipitée dans la parcelle, on
multiplie la quantité précipitée et enregistrée
dans le pluviomètre le plus proche (en mm ou m) de la parcelle par la
superficie en m2 Qpmm = P*S
Le volume d'eau ruisselé correspond à la hauteur
d'eau dans la cuve (h) qui multiplie sa superficie (S) : Vr = S*h, tandis que
pour les tonneaux la surface S correspond à ð.r (ð = 3.14 et r
le rayon du tonneau).
La lame d'eau ruisselée dans la parcelle Lr (mm) est
égale : Vr/S (Vr est le volume ruisselé en m3 et S la
surface de la parcelle en m2);
Et enfin pour le taux de ruissellement : Kr (%) = Lr/Pmm *100
(avec Lr la lame ruisselée et P mm la hauteur
précipitée).
Les résultats obtenus ainsi que l'utilisation des
images satellitales nous permettront d'établir une carte
d'érosion de ce bassin versant sur la base du modèle de perte en
terre de Wischmeier :
E = R*K*LS*C*P
E est la perte de sol annuelle, R l'érosivité
des pluies, K l'érodabilité du sol, LS un facteur topographique
intégrant la pente et la longueur de pente, C un facteur de protection
du sol par la couverture végétale et P un facteur exprimant la
protection du sol par les pratiques agricoles.
|