Extraction pétrolière et protection de l'environnement dans le golfe de Guinée( Télécharger le fichier original )par Stan Atangana Université de Limoges - Master II droit international de l'environnement 2008 |
Paragraphe II : Destruction de la faune et de la flore.La Commission Mondiale sur les Forêts et le Développement Durable rappelle que « quelques 350 millions de personnes les plus pauvres de la planète sont entièrement dépendantes des forêts pour leur survie ». Ce sont des produits ligneux et non ligneux qui sont sollicités. De plus, certains groupes ethniques ont longtemps considéré l'environnement naturel comme une réserve de protéines carnées (faune) 20(*)et de terre (culture et élevage). Le Golfe de Guinée regorge des essences floristiques aux vertus thérapeutiques, biologiques et pharmaceutiques d'une richesse insoupçonnable. La pollution causée par l'extraction pétrolière est à l'origine de la destruction faunique (A) et floristique (B) dans le Golfe de Guinée. A- Destruction faunique. Le Golfe de Guinée présente une grande diversité de biomes, d'habitats et de groupes taxinomiques très peu égalés dans le monde. Sa position géographique, son histoire géologique et son climat semblent justifier cette bénédiction divine. A l'état actuel des connaissances, le Golfe de Guinée compte plus de 500 espèces de mammifères, 200 espèces de reptiles sur 275 qui existent en Afrique, un millier d'oiseaux recensés dont 800 nicheurs, 1500 espèces de papillons, on y trouve les plus grands troupeaux de primates d'Afrique, des rassemblements de plus d'un millier de mandrills jacassant dans les corridors forestiers des savanes de la Lopé au Gabon. Ce patrimoine faunique riche et varié, élément socioculturel depuis des temps mémoriaux revêt de nos jours une importance capitale sur les plans économiques et scientifiques. Au plan économique, la faune est le levain d'une industrie touristique en pleine expansion. Au Cameroun par exemple, ce secteur contribue annuellement à plus d'un milliard de FCFA aux caisses du trésor public et génère de nombreux emplois. Au plan scientifique, la faune contribue de façon essentielle au maintien de la chaine vivante constituée par les animaux, les plantes et les hommes. En effet, la faune assure la composition de la flore. Nombreuses espèces fauniques assurent la dissémination et la fructification de certaines espèces végétales et d'autres espèces ne peuvent germer qu'après avoir transité dans l'estomac de certains animaux (parassoliers et cacao, Eléphant et Moabi...). A partir de 2007, la société pétrolière chinoise SINOPEC prospecte, dans le parc national du Louango, au Gabon, à grands coups d'explosifs. Le parc de Louango, au Sud-est de Port-Gentil, est composé d'une mosaïque de milieux. C'est le seul endroit au monde où on peut voir les éléphants arpenter la plage et les hippopotames se baigner dans l'océan. C'est un endroit où on peut étudier, en même temps gorille et chimpanzés. En plus des dégâts écologiques qu'elle provoque ne serait-ce que sur les animaux, l'exploration pétrolière met en mal, le projet d'écotourisme développé sur le parc. Elle altère l'image écologique du Gabon. En 2002, le président Bongo avait décidé de réserver 10% du territoire national, à la conservation de la nature, en créant treize parcs dont Louango. Les observateurs s'inquiètent des dommages que pourraient produire, un forage prévu près de Koumouloundou. Selon les ONG, les sols et l'eau sont pollués par les résidus de 16 000tirs de dynamite, des routes et des campements de base sont établis sur 740 kilomètres, faisant fuir les chimpanzés, les gorilles et les éléphants. Après un conseil des ministres en 2006, le gouvernement gabonais a rappelé, l'importance de l'exploitation de sous-sol : « La loi sur la protection de l'environnement autorise et stipule que, si une richesse minière ou pétrolière est découverte, dans une aire protégée, elle peut et doit être exploitée afin de favoriser l'essor économique et social du pays ». Des d'oléoducs menacent également de traverser les parcs gabonais de Muyumba et de Pangara. Comme on peut le constater, l'intense activité pétrolière qui est en cours dans la sous-région vient sérieusement compromettre la conservation et la préservation de ce patrimoine pour les générations présentes et futures. Les animaux ont le plus souvent tendance de s'éloigner des zones industrielles du fait de la pollution sonore créée. De même la pollution atmosphérique a un effet réel sur la santé et sur la reproduction de différentes espèces animales. Ceux-ci sont exposés à des problèmes cutanés et épidermiques. De plus du fait de l'ouverture des forêts par les routes devant servir à l'exploitation de la manne noire, le Golfe de Guinée est depuis quelques années, le théâtre d'une intense activité d'exploitation abusive et frauduleuse de la ressource faunique : le braconnage. Le braconnage se définit comme étant tout acte de chasse sans autorisation, en période de fermeture, en des endroits réservés ou au moyen des engins ou armes prohibés21(*). La faune assurant la composition de la flore, l'anéantissement de la première conduit vers la destruction floristique. B- Destruction floristique. La flore dans le Golfe de Guinée est constituée par la microflore et la macro flore. La microflore invisible à l'oeil nu comprend des bactéries, des algues et des champignons microscopiques. La macro flore objet de beaucoup de publications depuis la période coloniale, comprend des Mousses et des Hépatiques, des Fougères, des Gymnospermes et des Angiospermes. Les Mousses et les Hépatiques très fragiles et très petits renferment de nombreuses espèces endémiques et constituent pour la plupart des indicateurs biologiques d'humidité. C'est pour cela qu'elles sont abondantes en zone forestière et assez rares en zone de savane sèche. Les Fougères estimées à près de 300 espèces constituent un groupe important dans la macro flore du Golfe de Guinée. Les Gymnospermes peu représentés dans le Golfe de Guinée sont des végétaux primitifs. Certaines de ses espèces comme le Gnetum africanum et Gnetum buchholzianum font l'objet d'un prélèvement intensif. Les Angiospermes sont des végétaux évolués et sont estimées entre 9000 et 11000 espèces. Elles sont représentées par plusieurs familles qui font l'objet d'une exploitation intense. Toute cette richesse floristique présente un intérêt scientifique indéniable. Ils sont importants dans la recherche en laboratoire, dans le maintien de la chaine alimentaire et dans la pharmacopée. La médecine traditionnelle qui est forte présente dans les moeurs et coutumes des habitants de la sous région, tire ses décoctions de cette flore, et la considère comme une grâce divine. Plus de 70% de la population du Golfe de Guinée a recours aux services des naturopathes. Cette situation est confortée par la cherté des produits pharmaceutiques associée à l'indigence des populations de la sous-région. La destruction ou la disparition des plantes médicinales est un danger non seulement pour la santé des populations de la sous région, mais aussi pour l'humanité toute entière. Certains herboristes par exemple attribuent à une essence appelée « Anceistocladus Korupensis » que l'on trouve dans le parc national de korup au Cameroun, la réputation de combattre le Sida (syndrome de l'immuno déficience acquise)22(*). Si cette information n'a pas encore été mondialement reconnue, il existe de millier d'autres plantes dont les qualités thérapeutiques ne sont plus à démontrer. On peut aujourd'hui affirmer que l'extraction pétrolière a des conséquences importantes sur les écosystèmes, ce qui provoque des effets sociaux et sanitaires néfastes pour les populations. * 20 _ Guide à l'intention des autorités locales...,1995 * 21 _ Suivant les dispositions de l'article 3 (alinéa 4) du décret n°95/466/PM fixant les modalités d'application du régime de la faune (Cameroun). * 22 _ ECOVOX-DOSSIER N°17 Octobre-Décembre 1998,P 9, par le journaliste Edmond KAMGUIA KOUMCHOU |
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