La critique existentialiste du rationalisme chez Sà¶ren Kierkegaard( Télécharger le fichier original )par Eric MBOCK ABOUBAKAR Grand Séminaire Saint Augustin de Maroua - Mémoire fin de cycle de philosophie 2008 |
I.2.2.1.b. Jean-Paul SARTREFigure de proue du courant de pensée existentialiste, Jean-Paul SARTRE a fourni un effort considérable en vue de définir précisément son concept fondateur. Il commence son existentialisme en professant qu'il est athée lorsqu'il dit : « il y a deux espèces d'existentialistes : les premiers qui sont chrétiens [...], et d'autre part, les existentialistes athées parmi lesquels il faut ranger Heidegger [...] et moi-même »31(*). Définissant l'existentialisme, il dira qu'il est « une doctrine qui rend la vie humaine possible et qui, par ailleurs, déclare que toute vérité et toute action impliquent un milieu et une subjectivité humaine »32(*). Le point de départ de sa philosophie est la découverte de l'existence comme contingente. Elle se fait par une expérience que SARTRE appelle l'en- soi et le pour- soi. L'en-soi est la caractéristique de toute chose, de toute réalité extérieure à la conscience. Le concept d'en-soi désigne ce qui est totalement soumis à la contingence, c'est-à-dire tout ce qui est sans liberté et ce qui n'entretient aucun rapport à soi. L'existence de tout en-soi est passive en ce sens que, par exemple, une porte ne peut être autre chose qu'une porte. Ce concept d'en-soi se rapporte donc aux choses matérielles parce qu'elles existent indépendamment de toute conscience. Le pour-soi désigne l'être de l'homme. Pourvu d'une conscience qui fait de lui un être tout à fait particulier, l'être humain se distingue de l'en-soi. Étant donné cette conscience capable de se saisir elle-même, le pour-soi a comme principal attribut une liberté absolue. Cette liberté n'est pas une absence de contingence ou de limite, mais une possibilité infinie de choisir. Contrairement à l'en-soi qui coïncide toujours avec lui-même, le pour-soi, c'est-à-dire l'être humain, a conscience de lui-même. Le trait fondamental de l'analyse ontologique qu'on puisse faire du pour-soi est que l'homme est dans un état de malheur irrémédiable car, sa volonté de tendre vers l'infini et nécessairement par ses moyens, est vouée à l'échec. Le second trait caractéristique chez SARTRE est la liberté car « l'homme est condamné à être libre. Condamné parce qu'il n'est pas créé lui-même, et par ailleurs cependant libre, parce qu'une fois jeté dans le monde, il est responsable de tout ce qu'il fait »33(*).Cela signifie que l'homme n'est pas une chose mais un sujet ; il n'a pas une nature définie d'avance, une essence toute faite. Il se fait en agissant. L'homme est absolument libre. Il est le fondement de ses valeurs puisqu'il les crée lui-même librement, et se donne un but à suivre. De son principe moral suit cette invitation, « sois libre, n'abdique en aucun cas ta liberté ». Enfin, de part sa théorie de l'être pour-soi, SARTRE va de l'expérience commune. Il trouve que se sentir regardé engendre un sentiment de honte. Sentiment de honte en ce sens que le regard me révèle autrui comme pour-soi, et devant qui je ne suis plus qu'un objet, un en-soi. Et si je m'avise à regarder à mon tour celui qui me regarde, cela fait place à une lutte de deux consciences, de deux libertés chacune cherchant à nier l'autre. Si on veut réconcilier les deux par le biais de l'amour, SARTRE pense qu'il oscillera entre deux perversions : le sadisme et le masochisme. * 31 _ J-P. SARTRE, L'existentialisme est un humanisme, Paris, Gallimard, 1976, p. 26. * 32 _ Ibidem, p. 23. * 33 _ J-P. SARTRE, L'existentialisme est un humanisme, op. cit., pp. 29-30. |
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