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La critique existentialiste du rationalisme chez Sàśren Kierkegaard

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par Eric MBOCK ABOUBAKAR
Grand Séminaire Saint Augustin de Maroua - Mémoire fin de cycle de philosophie 2008
  

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I.2. APPROCHE CONCEPTUELLE DE L'EXISTENTIALISME

Face au constat de l'oubli de l'existence au profit de la raison durant les premiers siècles jusqu'aux temps modernes, beaucoup de penseurs vont se lever pour déplorer cette attitude. Cette révolte des philosophes face au primat de la raison va donner naissance à un courant qu'on nommera au début du 20ème siècle l'existentialisme. Ce courant sera : « une pensée existentielle -qui- s'attache principalement, sinon même exclusivement, à l'homme, et vise à pénétrer sa subjectivité [...] son individualité, son existence. »21(*).

I.2.1. Définition du concept existentialisme

D'un point de vue philosophique, le mouvement existentialiste ne se caractérise pas par une très grande unité. Il est difficile de donner d'une manière incontestable les caractéristiques d'une philosophie existentialiste. De plus, ceux à qui on accole l'étiquette la refusent parfois, et affirment que : « -leurs- tendances philosophiques ne peuvent pas être classées comme philosophie existentielle »22(*).

Pourtant, les penseurs existentialistes s'accordent généralement sur un certain nombre d'idées. Avant de désigner un système philosophique particulier, on utilise le mot existentialisme pour parler d'une manière d'aborder la réflexion et le questionnement philosophique qui s'enracine dans l'existence concrète.

L'existentialisme s'oppose à l'effort de systématiser rationnellement l'existence humaine. Si l'esprit humain peut construire un système rationnel pour expliquer notre réalité, les existentialistes considèrent généralement qu'un tel effort est inutile, car la pensée ne peut jamais correspondre entièrement à la réalité. Il ne peut donc y avoir de système de l'existence satisfaisant. C'est pourquoi ils préfèrent des attitudes intellectuelles qui permettent de ressortir le caractère riche, souvent ambigu et paradoxal de notre vécu. Ainsi, à leurs yeux, l'expérience vécue, possède une valeur plus élevée que la théorie. À partir de là, ces philosophes établissent une distinction entre l'action éthique et l'action esthétique. L'action éthique vise à transformer notre réel, tandis que l'action esthétique conduit à poser un jugement sans chercher à modifier quoi que ce soit dans la réalité. Évidemment, les existentialistes critiquent fortement ceux qui essayent de tenir le réel à distance.

Selon les existentialistes, notre existence semble indéfinissable. Le monde dans lequel on vit est absurde et n'offre à l'humain aucune valeur supérieure. Dans l'ensemble, à l'intérieur du mouvement existentialiste, on considère que l'existence humaine a un caractère paradoxal, voire contradictoire et contingent. C'est dans ce contexte qu'ils s'interrogent habituellement sur la liberté, sur la responsabilité et sur un possible bonheur. De là nous pouvons tirer cette définition et dire que l'existentialisme est un courant philosophique plaçant au coeur de sa réflexion, l'existence individuelle, la liberté, et le choix personnel. Ils sont trois points fondamentaux sur lesquels se fonde cette doctrine pré-moderne car il serait  « enfantin [...] de croire que la philosophie dite existentialiste est le produit d'une génération spontanée [...], apparue toute formée »23(*).

A vrai dire, l'existentialisme remonte aux origines de l'humanité. On pourrait soutenir que c'est un mouvement de pensée religieuse dans son fond, mais laïcisé de nos jours. C'est l'une des « idées chrétiennes devenues folles » selon l'expression de Chesterton. Il s'ensuit que la source première de cette doctrine est la bible ; aussi «  l'appel de Socrate opposant aux rêveries cosmogoniques des physiciens d'Ionie l'impératif intérieur du connais-toi toi-même »24(*), en est un.

Lorsque nous parcourons les livres tel que celui de Job ou de l'Ecclésiaste, nous nous apercevons que la vie humaine nous est présentée sous deux formes : une vie humaine heureuse et une autre malheureuse et misérable. Ce que ces deux tendances apportent au monde ne sont pas des pensées spéculatives abstraites, mais une doctrine de vie fondée sur les témoignages d'hommes qui ont pu avoir une relation particulière avec Dieu : « Moïse et les prophètes, les hérauts du Dieu qu'ils ont vu ; dans le nouveau testament notre Seigneur Jésus-Christ lui-même, le maître par excellence de la bonne nouvelle, et saint Jean et Saint Paul sont témoins tous en un sens large sans doute, mais vrai cependant, et profond sont existentialistes »25(*). Bien qu'ils ne soient pas philosophes, ils sont tout de même existentialistes parce qu'

« ils ne spéculent pas sur la nature des choses, la valeur de la connaissance, les catégories, les essences et les possibles. Ils ne cherchent pas à démontrer quoique ce soit, pas même l'existence de Dieu. Ils ne forment pas des concepts clairs et distincts. Ils ne construisent pas de système rationnel [...].Ils témoignent de ce qu'ils ont vu. Ils placent au centre de leurs préoccupations l'homme dans ses rapports avec Dieu. Ils apportent une doctrine de l'existence humaine, c'est-à-dire, un ensemble de vérité concrète, historique, sur l'origine, la condition présente et la destinée de l'homme [...], appelé à la vie éternelle et au bonheur du ciel »26(*).

Au moyen-âge, nous voyons aussi cet esprit existentialiste à l'oeuvre chez d'autres grands savants à l'instar de saint AUGUSTIN qui présente parmi les grands docteurs chrétiens de l'époque, les traits les plus visibles de l'existentialisme que nous décelons à travers ses Confessions et dans son thème de l'inquiétude humaine.

De lui, nous retiendrons deux points :

· Dans sa devise « Me connaître, Te connaître », l'évêque d'Hippone trouve là l'essentiel de la vie de tout homme ; et tout ce qui peut venir après à savoir la connaissance, l'explication des choses, la science et la possession. « A quoi cela sert-il à l'homme s'il vient à perdre son âme ? ».

· Après avoir montré où se trouve la connaissance primordiale et essentielle, c'est-à-dire me connaître pour connaître Dieu, AUGUSTIN insère ainsi le thème de l'inquiétude humaine qu'il exprime dans une formule célèbre : « Tu nous as fait pour Toi Seigneur et notre coeur est inquiet tant qu'il ne repose en Toi ». Il trace ainsi les traits les plus profonds de la condition humaine, l'état de malheur et l'angoisse irrémédiable de l'homme qui sans Dieu ne peut plus espérer au bonheur.

Plus près de nous, PASCAL est présenté comme le précurseur direct de l'existentialisme en ce sens qu'il met au centre de ses préoccupations l'homme comme individu concret, existant. C'est pourquoi il dira que «  nous ne nous contentons pas de la vie que nous avons en nous et en notre propre être : nous voulons vivre dans l'idée des autres d'une vie imaginaire et nous nous efforçons pour cela de paraître. Nous travaillons incessamment à embellir et à conserver notre être imaginaire et négligeons la véritable »27(*). Dans les Pensées, PASCAL affirme qu'une philosophie systématique qui entend expliquer Dieu et l'humanité est une forme de vanité. Il découle de cette attitude un rejet, au 17ème siècle du rationalisme rigoureux de son contemporain DESCARTES car, il trouve que ceux qui approfondissent trop les sciences s'inquiètent à peine de l'homme, de sa vie, de sa mort28(*).

Comme école à proprement parler distincte de la pensée chrétienne en général et augustinienne ou pascalienne en particulier, l'existentialisme naît au Danemark dans la première moitié du 19ème siècle et KIERKEGAARD en est le père. Avec KIERKEGAARD, c'est toujours une pensée profondément religieuse, s'insérant dans le cadre de la théologie protestante. L'auteur danois fonde l'école existentialiste en ce sens qu'il apporte le fond, les principes, les idées sur lesquelles vivront ses successeurs. Mais pour avoir une philosophie existentialiste, il faudra attendre la jonction entre la doctrine de KIERKEGAARD et la méthode de HUSSERL à travers la phénoménologie. Assemblage qui permettra de donner une forme philosophique aux intuitions de KIERKEGAARD de sorte que de «  la jonction entre la doctrine de l'existence issue de Kierkegaard et la méthode phénoménologique de Husserl, forme et fond réunis, surgit l'école existentialiste »29(*).

* 21 _ R. VERNEAUX, Leçons sur l'existentialisme et ses formes, op. cit., p. 15.

* 22 _R. VERNEAUX, Histoire de la philosophie contemporaine, Paris, Beauchesne, 1960, p. 162.

* 23 _ R. VERNEAUX, Leçons sur l'existentialisme et ses formes, op. cit ., P. 11.

* 24 _ E. MOUNIER, Le personnalisme, OEuvre de Mounier, T.III, Paris, seuil, 1944-1950, P. 70.

* 25 _ R. VERNEAUX, Leçons sur l'existentialisme et ses formes, op. cit., p. 12.

* 26 _ Idem.

* 27 _ PASCAL, Pensées et opuscules, Paris, Hachette, 1946, p. 401.

* 28 _ Cf. E. MOUNIER, Le personnalisme, OEuvre de Mounier, op. cit., p. 70.

* 29 _ R. VERNEAUX, Leçons sur l'existentialisme, op. cit., p. 17.

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