La critique existentialiste du rationalisme chez Sàśren Kierkegaard( Télécharger le fichier original )par Eric MBOCK ABOUBAKAR Grand Séminaire Saint Augustin de Maroua - Mémoire fin de cycle de philosophie 2008 |
III.2.1. Individu et personneDéfinis par plusieurs philosophes, ces deux concepts qui de prime abord signifient la même chose, ont été définis l'un et l'autre par Jean de la croix comme étant : « la personne est une existence capable de se détacher d'elle-même de se déposséder, de se décentrer pour devenir disponible à autrui et l'individu un monde clos, qui cherche à se séparer, à s'opposer, à se faire centre et à revendiquer des sécurités égoïstes, polémiques sans doute nécessaires »122(*). III.2.1.1. IndividuComme on peut le constater, l'individu est le résultat de l'individualisme ; qui le façonne en être égocentrique, isolé, enfermé, et ayant une faible appréhension de l'estime du prochain. Pour les individualismes bourgeois, un homme n'existe que par rapport à ce qu'il a, par rapport à son avoir. Un tel être pour Mounier est qualifié d' « un homme qui a perdu le sens de l'être qui a perdu l'amour ; chrétien sans inquiétude, incroyant sans passion, il fait basculer l'univers de sa faible course vers l'infini autour d'un petit système de tranquillité psychologique et social »123(*). L'infini reste préoccupé par les moyens et non par la fin des choses, il vit sans valeur, son souci majeur c'est l'accumulation des biens. Cet individualisme pousse les individus bourgeois à se comporter comme des hommes sourds et insensibles aux souffrances des autres existants, et cela parce qu'ils vivent comme des monades niant toute égalité et fraternité entre les hommes. Une telle attitude se fait pressentir dans l'existentialisme à travers l'exaltation du retour à l'existant comme valeur première de tout ce qui peut être, mais le retour sur soi-même. Et Emmanuel MOUNIER, pour s'opposer à cette considération de l'existant, présente la personne à travers sa doctrine personnaliste comme le noeud ou le centre de la société. III.2.1.2. La personne« Le premier souci de l`individualisme était de centrer l'individu sur soi. Le premier souci du personnalisme est de le décentrer pour l'établir dans la perspective ouverte de la personne »124(*). Ce souci de MOUNIER nous montre que la personne humaine doit être ouverte et disponible à tous. Vue sur cet angle, la personne se montre déjà différente de l'individu parce que susceptible d'amour. C'est pourquoi l'auteur de l'oeuvre intitulée le Personnalisme n'hésite pas à la définir comme un être spirituel constitué de telle matière et de substance par son adhésion à une hiérarchie de valeurs librement adoptées, assimilées et vécues par un engagement responsable. La personne à l'inverse de l'individu est maîtrise et choix, elle est générosité. Or dans l'individualisme rien n'a trait à l'ouverture ni à la générosité. Lorsqu'on s'attarde sur les stades de vie nous pouvons clairement nous en apercevoir. L'esthète fermé sur lui n'a pour seul souci que de satisfaire ses plaisirs eudistes ; l'éthicien loin de vouloir entrer en relation avec autrui trouve toute sa satisfaction dans l'accomplissement du devoir ; et le religieux est présenté seul devant Dieu avec ses péchés. Ce genre d'individualisme ne permet pas l'émancipation de l'individu et le pousse à annihiler son prochain. Cet individu qui est pourtant mon semblable son alter ego, est l'autre qui me permet de connaître qui je suis, qui m'aide à me découvrir. D'où la personne est présence et engagement, elle est intégration par rapport à l'individu qui n'est que dispersion. En somme la distinction entre individu et personne constitue une série de clarification qui doit nous aider à comprendre le souci de MOUNIER : faire de l'individu une personne. * 122 _ J. LACROIX, Le personnalisme comme anti- idéologie, Paris, P.U.F., 1962, p. 6. * 123 _ E. MOUNIER, Introduction aux existentialismes, OEuvres de Mounier, op. cit., p. 117. * 124 _ E. MOUNIER, Le personnalisme, OEuvres de Mounier,op. cit., P. 452. |
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