Etude de la participation du port de Cotonou à l'essor économique du Bénin( Télécharger le fichier original )par HOUNSINOU Carlos et AMOUSSA Roukayath Ecole Nationale d'Economie Appliquée et de Management ENEAM - Diplome de Technicien Supérieur 2009 |
Paragraphe 1 : INTERPRETATION DES RESULTATS D'ESTIMATIONLe résultat des estimations montre que les variables retenues à savoir l'activité portuaire et l'investissement ont les signes attendus d'après la revue de littérature. 1.1.1 L'activité portuaire L'activité portuaire est significative et corrélée positivement avec la croissance économique. En effet une hausse de 1% de l'activité portuaire entraîne une hausse de 0,18% du PIB réel. Ceci pourrait s'expliquer par les récents changements dans la politique du gouvernement qui encourage les exportations et donc la production locale. Les producteurs produisent plus et varient la gamme de leurs produits dans le but de s'offrir plus de possibilités de vente profitant ainsi de l'environnement portuaire favorable aux échanges extérieurs. Cela pourrait aussi s'expliquer par le fait que le Bénin a effectué une diversification de manière à ce que les nouveaux produits exportés apportent de la richesse au pays. La diversification des exportations à travers la compétitivité des produits proposés exerce un effet favorable sur la production. Par ailleurs, l'exportation de ces produits apporte des devises étrangères qui entrent dans l'équilibre de la balance des paiements et dans la stabilisation macro économique du pays, conditions nécessaires pour la croissance économique. Cependant, au vu de son coefficient, l'influence de cette variable est peu élevée. Ceci pourrait se justifier par le fait que le Port n'influence pas directement l'économie et, ce n'est qu'à travers ses effets induits, qu'il contribue à la croissance. Aussi, il est à noter que les autres secteurs de l'économie entrent-t-ils également dans la formation de la production intérieure brute réelle. 1.1.2 L'investissement L'investissement est significatif et corrélé positivement avec le revenu. Cette variable présente le signe attendu à travers son coefficient. L'investissement est donc un déterminant important pour la croissance économique au Bénin. L'accumulation de capitaux favorise la production béninoise en ce sens que les capitaux entrent dans la création de richesse. Ce résultat confirme alors la théorie qui stipule que l'investissement est vital pour l'économie. On constate que cette contribution à l'évolution du PIB est un peu significative. En effet, une hausse de 1% de l'investissement entraîne une hausse de 0.398842% du PIB. Cela s'explique par le faible niveau de vie de la population et de leur difficulté à épargner ou à investir étant donné que leurs problèmes quotidiens absorbent toute leur économie. Néanmoins, il faut noter que, contrairement aux années antérieures, le niveau d'investissement a connu une nette amélioration et ceci pourrait s'expliquer par la forte contribution de l'Etat dans les activités agricoles (mécanisation de l'agriculture), sa forte implication dans la scolarisation des enfants (gratuité de l'école), sa forte contribution à la réduction du taux de chômage, sa politique de micro crédit aux plus pauvres dans le but de réduire la pauvreté, son implication considérable dans l'évolution des activités sportives14(*),etc. Toutefois, l'Etat devra s'impliquer davantage afin d'encourager et d'améliorer la production nationale. 1.1.3 La variable indicatrice D84 D84 est la variable introduite pour étudier l'effet de la fermeture le 31 décembre 1983, de la frontière bénino-nigériane. Cela a permis d'écouler sur le marché local une importante quantité de produits vivriers, auparavant drainée vers le Nigeria, les prix de ces produits ont baissé et répondent à la grande satisfaction de la population. 1.2 Modèle des recettes fiscales Nous procédons donc à l'interprétation des résultats obtenus dans les 2 modèles (long terme et court terme) pour les différentes séries étudiées afin de juger de la conformité des résultats avec la théorie économique. 1.2.1 L'activité portuaire Le test de Student nous montre que le trafic portuaire est significatif sur le court et le long terme et est corrélé positivement avec les recettes fiscales. Ainsi, dans le long terme, un accroissement du trafic portuaire de 1%, implique une augmentation de 0,38% des recettes fiscales. Cet impact de l'activité portuaire est moins accentué à court terme. En effet, les résultats d'estimation du modèle dynamique révèlent qu'un accroissement de 1% du trafic portuaire engendre à court terme une hausse de 0,29% des recettes fiscales. Ainsi, à long terme, lorsque les autres variables restent inchangées, le trafic portuaire croît moins vite que les recettes fiscales .Ceci pourrait s'expliquer par le fait que, la plupart des pays qui sont lourdement tributaires des produits de bases transitent majoritairement par le Port, or les recettes fiscales dépendent beaucoup de l'évolution de tous les autres produits y compris les cours de ces produits. Ainsi, l'observation d'une hausse des cours dans l'activité portuaire entraînerait une augmentation des recettes publiques par le biais des taxes sur le commerce extérieur et les revenus. Le résultat obtenu peut être expliqué aussi par le fait que ces dernières années, le trafic a régulièrement augmenté en moyenne de 6,25%15(*), les performances se sont nettement améliorées et le Port de Cotonou élargit ses activités. 1.2.2 La production Intérieure Brute nominale : Selon les résultats d'estimation, il ressort que le PIB nominal a un impact positif et significatif à long terme sur la croissance des recettes fiscales. Ainsi, un accroissement de 1% du PIB engendre une hausse de 0,95% des recettes fiscales. Cela peut s'expliquer par le fait que, le secteur tertiaire non fiscalisé, contribue dans une large mesure, à la formation du PIB. Ce résultat peut être aussi imputable au redressement actuel de l'activité économique à la faveur de la normalisation progressive de la situation politique, financière et la mise en oeuvre des réformes budgétaires et structurelles. 1.2.3 Les importations Les résultats d'estimation montrent que les importations ont une influence significativement positive sur les recettes fiscales aussi bien à long qu'à court terme. A long terme, une hausse de 1% de la valeur des importations engendre une augmentation de 0,14% des recettes fiscales. Dans le court terme, une croissance de 1% des importations entraîne une augmentation de 0,26% des recettes fiscales. L'influence des importations est donc plus accentuée à court terme qu'à long terme sur les recettes fiscales. Cela peut s'expliquer par le fait que les importations sont taxées à la porte alors qu'une fois sur le territoire, une partie est utilisée à titre d'investissement générateur de revenu et par la suite, de recettes fiscales à long terme. 1.2.4 Le taux de change effectif nominal : Le test de Student nous montre que le taux de change effectif nominal n'est pas significatif sur le court et sur le long terme. Son influence n'est donc pas directe sur les recettes fiscales. Ce résultat peut être expliqué par le fait que l'augmentation du taux de change agit sur les importations (base des recettes de porte) et par conséquent les recettes fiscales. Néanmoins, les importations sont plus sensibles à court terme qu'à long terme aux fluctuations du taux de change. L'effet de ces fluctuations pourrait également se répercuter sur les recettes fiscales. 1.2.5 Les variables indicatrices (D84) D84 est la variable indicatrice introduite afin de capter l'effet des réformes fiscales mises en oeuvre à partir de 1984 contre les phénomènes de la corruption, de la fraude et de l'évasion fiscales. Selon les résultats, la variable D84 est significative et a un effet positif sur les recettes fiscales. 1.2.6 Interprétation du coefficient à correction d'erreur On constate que le coefficient associé à la force de rappel est significativement négatif (-0.926597) au seuil de 5% (son t-Statistique en valeur absolue est supérieur à 1,96). Il existe donc bien un mécanisme à correction d'erreur ; à long terme, les déséquilibres entre le niveau général des recettes fiscales, du trafic, de la croissance et celui de l'importation se compensent de telle sorte que les quatre séries ont des évolutions similaires. On arrive à ajuster 92,6% du déséquilibre entre le niveau désiré et le niveau effectif général des recettes fiscales. Ainsi, les chocs sur le niveau général des recettes fiscales au Bénin se déroberont après 1/0,926 années soit 1an 28 jours. En d'autres termes, il s'agit du délai d'ajustement, c'est-à dire le temps nécessaire pour garantir un retour à la normale. Paragraphe 2 : SYNTHESE ET VÉRIFICATION DES HYPOTHÈSES, DIFFICULTÉS ET LIMITES DE L'ÉTUDE 2.1 Synthèse et Vérification des hypothèses Tableau 9: Récapitulatif des coefficients linéaires entre les différentes variables par rapport au trafic portuaire
Source : Nos calculs sur la base de nos données Les valeurs des coefficients révèlent qu'il existe de fortes corrélations entre l'activité portuaire et les activités dans les autres secteurs de l'économie favorisant la croissance économique, d'où la vérification de l'hypothèse. Ø Hypothèse 2 La causalité au sens de Granger a permis non seulement d'établir une relation causale entre deux phénomènes mais aussi de statuer sur le sens de cette relation. Ainsi, tel que nous venons de le voir, dans cette sous-section, nous pouvons dire que, dans une logique de long terme, il est toujours possible d'envisager des relations causales entre l'activité portuaire et l'activité dans les autres secteurs de l'économie, d'où la vérification de l'hypothèse. Ø Hypothèse 3 D'après les résultats d'estimation, l'activité portuaire a un impact positif sur les finances publiques et sur la croissance économique. L'hypothèse H3 de notre étude est alors vérifiée. 2.2 Difficultés et limites de l'étude On ne peut parler d'étude scientifique sans prendre en compte les limites des moyens dont la méthodologie a fait usage. En effet, cette étude a essayé de trouver des variables pouvant montrer la contribution du Port à l'essor de la croissance. Faute d'absence de séries de données statistiques fiables sur une période assez longue, l'étude a été réalisée à partir d'un modèle à correction d'erreur. La limite vient aussi du fait que les principaux agrégats (PIBN, TP) sont exprimés en volume et non en valeur et donc ne prennent pas en compte l'effet inflationniste de la réalité économique. Il faut également rappeler que les résultats d'une estimation tendent vers les vraies valeurs des paramètres, lorsque le nombre d'observations est suffisamment élevé. Dans nos pays en développement, les difficultés du système statistique rendent difficile l'obtention de séries longues. Dans de tels cas, les études se contentent des données disponibles en essayant d'utiliser les modèles adaptés. Notons que l'une des difficultés de l'étude a été dans la recherche des documents ou travaux de recherche ayant traité de thèmes similaires sur la base de modèles économétriques. Les documents obtenus portent généralement sur l'élaboration d'une valeur ajoutée portuaire. Malgré ces difficultés, le recours à la théorie économétrique et l'usage de ces variables ont permis d'aboutir à un modèle adéquat. Les résultats pourront être améliorés dans les études ultérieures par d'autres données plus fiables. Après avoir analysé l'influence de la hausse des activités portuaires sur les recettes fiscales et sur la croissance économique en général, nous allons formuler des suggestions qui permettront d'améliorer les activités portuaires et donc la compétitivité du port de Cotonou. Ø Amélioration et augmentation de la capacité d'accueil du Port et de stockage des marchandises. Le port de Cotonou se trouve aujourd'hui dans une situation de congestion. Cette situation ajoutée aux problèmes d'organisation qui se posent dans l'enceinte portuaire est la cause essentielle de délai excessif d'attente en rade des navires, en particulier des porte-conteneurs. Il convient alors de prendre des mesures hardies pour accroître et améliorer les installations existantes. Les actions ci-après ont été identifiées : · la mise en oeuvre d'un plan de circulation du port ; · la mise en adéquation des infrastructures d'accueil ; · l'extension des installations portuaires de Cotonou en partenariat avec les opérateurs privés ; · la construction de ports secs en partenariat avec le secteur privé ; · la construction d'un nouveau port sur la côte béninoise en Built Operate and Transfer (BOT) ; · la construction d'un port pétrolier en BOT ; · l'amélioration de la fonctionnalité des installations existantes ; · le remembrement des anciennes zones réservées aux conteneurs. Ø Renforcement de sécurité dans l'enceinte portuaire. La dégradation de la sécurité au Port de Cotonou est bien connue des usagers et des autorités portuaires qui s'emploient à y remédier. La Direction de la Marine marchande et le Port Autonome de Cotonou, pour se conformer au code ISPS, ont fait élaborer un plan de sécurité et de sûreté des installations portuaires. La mise en oeuvre de ce plan devra se poursuivre par des actions à réaliser par le Port Autonome de Cotonou sur fonds propres et par le biais du Programme du millenium Chalenge Account (MCA-Bénin). La mise en oeuvre de cet axe stratégique passe par la réalisation des actions ci-dessous : · la création d'une voie réservée aux camions d'hydrocarbures en vue de réduire considérablement leur traversée dans l'enceinte portuaire ; · la mise en conformité du Port avec le code ISPS afin de maintenir le Port de Cotonou sur la liste des ports fréquentables (en cours de réalisation) ; · l'exécution du volet portuaire du programme Millenium Challenge Account Bénin (en cours de réalisation). Ø Accélération des procédures et réduction des délais d'enlèvement des marchandises. La lenteur dans l'accomplissement des procédures d'enlèvement des marchandises est l'un des facteurs essentiels qui expliquent le manque de performance des opérations portuaires à Cotonou. Pour y remédier les actions suivantes ont été identifiées : · la finalisation et la mise en service de tous les modules du Système d'Information du Guichet Unique pour le Commerce Extérieur (SIGUCE); · l'amélioration des services de l'administration des douanes au port de Cotonou. Ø Renforcement du partenariat public-privé dans la gestion des activités maritimes et portuaires. Le développement des activités portuaires appelle de plus en plus l'implication du secteur privé dans la mise en place des infrastructures et dans leur gestion. Les nouvelles infrastructures portuaires à aménager sur le littoral pourraient être réalisées en partenariat avec le secteur privé. Mais pour cela, il faudrait renforcer la capacité du sous secteur à négocier et à gérer les contrats de concession ou d'affermage. La mise en oeuvre de cet axe stratégique passe par la réalisation des actions ci-dessous : · l'élaboration et l'adoption d'une loi portuaire pour le bénin ; · l'actualisation et l'amélioration des cahiers de charge pour la concession des activités et des domaines au Port de Cotonou ; · création d'un cadre de régulation des activités portuaires ; · le renforcement des capacités techniques et humaines des intervenants maritimes et portuaires. Ø Exploration et encouragement de l'estimation de la valeur ajoutée portuaire Le service statistique des études et des performances du Port Autonome de Cotonou ne dispose pas d'une base de données fiable pouvant servir à l'élaboration de la valeur ajoutée portuaire. Pour cela, il faudrait élaborer une base de données et explorer voir encourager l'estimation de la valeur ajoutée portuaire suivant l'équation : PIB=ÓVAá. Cette équation permettra une fois la valeur ajoutée portuaire estimée, d'avoir un coefficient beaucoup plus significatif dans le modèle postulé. Ce qui pourrait aider les dirigeants du Port Autonome de Cotonou à suivre l'évolution du trafic portuaire dans l'économie béninoise. * 14 _ L'amélioration du niveau des joueurs de l'équipe nationale de football « les écureuils du Bénin » * 15 _ Statistique du Port (Service des Statistiques des Études et des Performances) |
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