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Les déterminants de la structure d'endettement des PME au Tchad

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par François DECHEBA
Ngaoundéré - Master recherche 2010
  

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· B-LES VARIABLES RELATIVES AUX DIRIGEANTS

Nous venons d'identifier les variables propres aux PME permettant d'expliquer leur niveau d'endettement. Mais il n'ya pas seulement que ces dernières qui ont été définies par la communauté scientifique. A leur côté, nous avons encore d'autres relatives aux dirigeants qui peuvent aussi expliquer le niveau d'endettement. Nous analysons d'une part, le nombre de dirigeants ainsi que leur âge et, d'autre part, leur participation dans le capital de l'entreprise.

1- L'âge de dirigeants

L'âge de dirigeants s'interprète par la durée de vie d'un ou des dirigeants à la tête de l'entreprise et prêt de la retraite pendant laquelle il a accumulé d'expérience. En effet, nous pensons qu'un dirigeant plus âgé (ou une équipe dirigeante plus âgée) est mieux à même de négocier des crédits bancaires étant donné la confiance qu'il pourrait inspirer aux apporteurs des fonds externes. Le risque de sélection adverse couru par ceux-ci se trouve amoindri ou atténué du fait de l'expérience managériale connue du dirigeant. A ce effet, on peut croire à l'inexistence des informations asymétriques basées sur la capacité ou l'incapacité managériale du dirigeant, dans une certaine mesure, les résultats passés de l'entreprise peuvent attester la capacité ou non à gérer correctement l'entreprise et à dégager les résultats positifs. Ainsi, l'âge de dirigeant pourrait être une fonction croissante de l'endettement. Nonobstant, selon Tufano (1996), plus le dirigeant est âgé et proche de la retraite, plus son aversion pour le risque est grande. Cela pourrait également signifier que plus le dirigeant de l'entreprise est âgé, moins il voudra endetter l'entreprise qu'il dirige et ce, afin de ne pas augmenter le risque de cette entreprise.

2- Le nombre de dirigeants

On se situe ici dans le cadre des entreprises présentant une direction plurielle. En effet, le nombre plus important de dirigeants peut également être bénéfique dans les relations entre l'entreprise et la banque. Ce nombre au sein d'une PME pourrait diminuer la probabilité d'apparition des coûts de sélection adverse liés à l'endettement. Nous pourrions donc nous attendre à une proportion de dettes financières plus importantes dans une entreprise où il y a plus d'un dirigeant. Un nombre important de dirigeants peut signaler une hausse des capacités managériales au sein de l'entreprise ce qui peut rassurer les apporteurs des fonds externes. La relation de confiance banque-entreprise pourrait donc être consolidée du fait de l'existence de plusieurs niveaux d'expériences managériales au sein de l'entreprise.

3-La participation du dirigeant dans le capital de l'entreprise

La participation du dirigeant dans le capital de l'entreprise se traduit par l'opération de rachat ou la détention des actions par ce dernier de l'entreprise qu'il dirige. Ce rachat ou détention des actions fait le propriétaire de l'entreprise en plus de son statut dirigeant et lui confère le droit de vote à l'assemblée et le droit d'être élu au conseil d'administration. En général, dans la plupart des PME et particulièrement les PME familiales, le dirigeant est souvent actionnaire majoritaire de l'entreprise qu'il gère. Etant donné que le dirigeant dispose un double statut à savoir le statut de directeur et celui d'actionnaire et bénéficie d'une double rémunération (salaire et dividende), il doit avoir une main mise sur l'entreprise et chercher à préserver l'intérêt de cette dernière car son intérêt en dépend aussi. Par contre, le dirigeant non actionnaire qui ne bénéficie que d'une seule rémunération cherche à préserver ses intérêts au détriment de ceux des actionnaires. A ce moment des coûts seront engagés pour surveiller les actions opportunistes du dirigeant (Williamson, 1985). Etant soucieux de son intérêt de celui de l'entreprise, le dirigeant actionnaire va refuser de dépendre de l'extérieur c'est-à-dire ne va pas vouloir endetter pour ne pas perdre le contrôle de son entreprise. Selon la théorie de l'agence, la divergence d'intérêts entre les dirigeants et les actionnaires peut être limitée par l'accroissement de la part de capital détenue par les dirigeants. Cette solution présente plusieurs avantages, d'une part, elle modifie les arbitrages des dirigeants en faveur de la maximisation de la valeur de la firme, d'autre part, ce système incitatif permet de réduire le coût du contrôle supporté par les actionnaires car il est supposé réduire l'opportunisme des dirigeants à leur égard. D'après Jensen et Meckling (1976), l'alignement des intérêts des actionnaires et des dirigeants ne sera jamais parfait si les dirigeants ne possèdent pas la totalité du capital. Toutefois, nous croyons que le dirigeant qui détient une part importante du capital dans une entreprise pourrait avoir une volonté d'aligner ses intérêts et ceux de l'entreprise car dans tous les cas, à cause de son double statut actionnaire et dirigeant, le succès de cette dernière accroîtra ses revenus. Il aimerait avoir le contrôle exclusif de son entreprise cause de son aversion à l'endettement. Dès lors on peut s'attendre à voir une proportion de dettes plus importantes dans une entreprise où le dirigeant n'est pas actionnaire majoritaire, notamment suite aux coûts d'agence.

Nous venons d'énumérer dans cette première section les déterminants des petites et moyennes entreprises pouvant expliquer leur niveau d'endettement. Nous mentionnons d'une part, les variables propres à ces entités de production et, d'autre part, les variables relatives à leurs dirigeants. Etant donné que ces variables sont nombreuses, nous n'avons pas pu identifier la totalité, seulement quelques unes qui nous semblent essentielles. Aussi parmi celles identifiées, nous pensons choisir certaines spécifiques aux PME et à leurs dirigeants pour étudier leur influence sur le niveau d'endettement. L'étude de relation entre les déterminants des PME et leur niveau d'endettement constitue la seconde section de notre deuxième chapitre.

Section II : RELATION ENTRE DETERMINANTS DES PME ET LEUR NIVEAU D'ENDETTEMENT

Le développement ou l'évolution des entreprises ne peut être possible que par financement dont l'endettement occupe une place non négligeable pour ces unités de production. Cependant, ces dernières n'ont pas le même niveau d'endettement. Leur niveau d'endettement est fonction de certaines variables qui leur sont propres. Ces variables peuvent être l'âge, la rentabilité, le niveau de garantie, le caractère familial, la taille, la croissance, etc. Compte tenu d'un nombre important de ces variables, nous ne pouvons pas les présenter toutes. Nous analysons dans cette section la relation existant entre quelques variables spécifiques aux PME et à leurs dirigeants et leur niveau d'endettement.

I- L'INFLUENCE DES VARIABLES DES PME SUR LEUR NIVEAU D'ENDETTEMENT

Nous nous proposons d'analyser tour à tour l'influence de la rentabilité et le caractère familial des PME sur leur niveau d'endettement.

A- L'influence de la rentabilité des PME

La rentabilité est une capacité d'une entreprise à produire un bénéfice net à partir d'un capital employé à cet effet. Suivant Myers (1977), la rentabilité passée et présente joue un rôle dans la détermination de la structure du capital. L'impact de la rentabilité sur le niveau d'endettement des entreprises fait l'objet d'une controverse théorique entre les auteurs qui ont axé leur recherche sur le sujet.

Selon Myers & Majluf (1984) dans la POT (Pecking Order Theory), les entreprises utilisent d'abord l'autofinancement, puis la dette et en dernier lieu l'émission d'action pour financer leurs investissements. D'après cette théorie, une entreprise soumise à l'asymétrie informationnelle avec ses apporteurs des fonds choisira de préférence les modes de financement les moins soumis à ces asymétries informationnelles à savoir l'autofinancement, l'endettement et finalement l'ouverture du capital à des actionnaires externes. Par conséquent, plus une entreprise est rentable moins elle recourra à l'endettement comme moyen de financement. Toutes choses égales par ailleurs, les firmes plus rentables ont alors plus d'autofinancement d'où une relation négative entre la rentabilité et l'endettement. Cette description est validée par l'un des résultats empiriques les plus réguliers, par exemple la revue de littérature de Harris et Raviv 1990, l'étude sur les pays membres du G7 de Rajan et Zingales 1995 et celles sur 10 pays en voie de développement de Booth et al. 2001 ont toutes conclu à une relation négative entre la rentabilité et l'endettement. Dans le cadre de la théorie de Trade-off Theory (TOT), la relation entre l'endettement et la rentabilité devrait être positive. Une entreprise rentable aura une préférence pour la dette car les intérêts sont déductibles de son résultat fiscal. Ainsi, d'après cette théorie entre les avantages fiscaux de la dette et ses inconvénients en termes d'accroissement du risque de faillite, si l'entreprise est rentable et que son risque de défaillance financière n'est pas important alors, il faudra recourir à l'endettement. La négociation du contrat d'emprunt sera d'autant plus facile que l'entreprise est rentable. Par ailleurs, si la rentabilité passée est une bonne approximation de la rentabilité future, une entreprise très rentable aura une probabilité plus forte de rembourser ses dettes (Shyam-Sunder et Myers 1999). La théorie statique prédite donc une relation positive entre l'endettement et la rentabilité. Cette prédiction constitue la grande contradiction du modèle de Trade-off.

Toutefois des modèles théoriques dynamiques qui supposent l'existence d'un niveau optimal d'endettement de type Fischer et al. (1989), Leland (1998) montrent qu'il existe des coûts d'ajustements pour s'ajuster vers le haut au ratio cible alors que les entreprises remboursent naturellement leur dette avec l'autofinancement. Ces coûts autorisent donc un comportement de type financement hiérarchique à court terme dans un cadre de niveau de financement optimal. Nous croyons que la PME rentable voudra utiliser l'endettement pour augmenter le volume de ses activités afin de devenir demain une grande entreprise. Le souci de la plupart des propriétaires des PME est de voir leur entreprise grandir et pour ce faire, ils doivent fructifier l'argent des autres. Au bout du raisonnement assorti de différentes études menées sur le sujet et qui ne font d'ailleurs pas le consensus37(*) et de notre bon sens, nous formulons notre première hypothèse H1 suivante qui indique une relation positive entre la rentabilité et le niveau d'endettement.

H1 : la rentabilité de l'entreprise influence positivement son niveau d'endettement.

* 37 _ D'après la théorie de financement hiérarchisée, la rentabilité est corrélée négativement avec l'endettement car, selon elle l'entreprise s'endette quand les affaires vont mal, et dès qu'elle le peut elle cherche à se désendetter afin de retrouver une capacité de manoeuvre. Tandis que la théorie du compromis optimal soutient une relation positive entre la rentabilité et le niveau d'endettement.

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