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Les déterminants de la structure d'endettement des PME au Tchad

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par François DECHEBA
Ngaoundéré - Master recherche 2010
  

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CONTEXTE DE RECHERCHE

La question de la structure d'endettement des entreprises a fait l'objet de débats depuis les travaux de Miller et Modigliani (1958). Ces derniers ont été les premiers à mener une analyse théorique sur l'incidence de la structure financière, notamment sur le rapport dettes/fonds propres, sur la valeur de la firme1(*).  Jusque là il n'existe aucune théorie consensuelle de l'endettement, car de nos jours le fossé entre les conclusions des financiers (théoriciens et praticiens) reste toujours grand (Carpentier, 2000). Depuis 1958, les travaux concernant l'endettement des entreprises se sont succédés, donnant naissance aux multiples théories. Cependant, ces dernières ne sont que validées dans des conditions hypothétiques2(*). La fin des années cinquante marque également le début d'une pléthore d'études empiriques sur l'endettement des entreprises. La plupart de celles-ci cherchent à montrer les principaux déterminants de l'endettement ne s'adressant qu'aux grandes entreprises et entreprises cotées [Dubois (1985) ; Bourdieu & Colin-sedillot (1993); Rajan & Zingales (1995); Carpentier & Suret (1999); Krem & Stoss (2001); Gaud & Jani (2002); etc.].

Depuis plus d'une soixantaine d'année, l'endettement des entreprises s'est progressivement inséré au coeur d'une problématique sans cesse grandissante (Colot & Mélanie 2007). Plus les études théoriques et empiriques fleurissent à son sujet, plus il se mystifie. La difficulté d'expliquer l'ensemble de ses tenants et de ses aboutissants résidant sans nul doute dans la complexité des effets qu'il peut avoir sur ces entreprises. Tantôt positif, tantôt négatif, l'endettement pourrait ainsi être qualifié de feu sacré qui réchauffe et brûle tout à la fois. Cependant, la frontière entre ses bienfaits et ses méfaits pour les entreprises n'est pas des plus simples à fixer comme peut l'attester l'abondante littérature concernant les essais d'identification des variables explicatives de la structure d'endettement. Toutefois ces études empiriques concernent, pour la plupart, les grandes entreprises et non les petites et moyennes entreprises, mieux connues sous l'appellation de PME. Ainsi, par exemple, seulement 06% des recherches scientifiques sur le thème des PME familiales traitent du problème de leur financement (Allouche & Amann 1995)3(*). Cette constatation est également confirmée par Chua, Sharma et Chrisman (2003)4(*) pour qui moins de 10% des recherches sont menées à ce sujet. Or en Belgique, ces entreprises familiales, qui sont très souvent des PME, représentent une majeure partie de l'économie [(Donckels & Aerts (1993) ; Van Caillie & Denis (1996)5(*); Colot (2005)]. Ces auteurs mentionnent qu'il y a une tendance à appliquer les préceptes théoriques de la finance d'entreprise classique au cas des PME puisque, en fin de compte, ces entreprises sont caractérisées par les mêmes problèmes que les grandes entreprises et entreprises cotées. Par mêmes problèmes, ils entendent surtout des problèmes d'agence et des problèmes d'asymétries informationnelles. Ce qui, selon eux, différencie les PME des autres entreprises, c'est l'importance prise par ces deux problèmes fondamentaux de la finance au sein de ces entreprises. Ainsi, d'après Van Caillie & Denis (1996), l'objectif même poursuivi par la PME diffère souvent de celui poursuivi par les grandes entreprises. A l'objectif de maximisation de la valeur de l'entreprise est souvent préféré par la PME l'objectif de la pérennisation et de maintien du contrôle à long terme de l'entreprise (Colot & Mélanie, 2007). Le maintien du contrôle de l'entreprise passe inévitablement par la sauvegarde d'une certaine indépendance de l'entreprise à l'égard de ses apporteurs des fonds externes. De plus, au sein de la PME, il y a souvent concentration de la propriété et de la gestion au sein d'une seule et même personne. Pour cette raison, les problèmes d'agence sont peut-être moins importants au sein d'une PME qu'au sein d'un autre type d'entreprise. De même, en raison de la volonté de sauvegarder le contrôle et l'indépendance à long terme de l'entreprise, les problèmes liés à l'existence d'asymétries informationnelles notamment entre l'entreprise et ses créanciers sont renforcés au sein des PME. Cette présence accrue d'asymétries informationnelles au sein des PME est également constatée par Dietsch, (2003) qui parle même de la « pauvreté et de l'opacité de la structure informationnelle des PME. Plusieurs études ont été menées sur les variables qui expliquent le niveau d'endettement des entreprises. D'abord, les études empiriques non récentes étaient menées sur les déterminants de la structure du capital, principalement sur le marché américain, [(Taggart (1977) ; Marsh (1982) ; Jalilvand et Harris (1984)]. Toutefois ce champ d'investigation s'est enrichi ces dernières années. Rajan et Zingales (1995) ; Booth et al. (2001), se sont penchés sur les déterminants de la structure du capital dans une perspective internationale. Kremp et Stoss (2001) ; De Miguel Pindado (2001)6(*) ; Ozkan (2001)7(*), ont utilisé des modèles économétriques mieux spécifiés à l'étude de comportement d'ajustement dynamique. Cependant, dans le contexte tchadien, les études portant sur les PME et les variables qui expliquent leur niveau d'endettement sont rares voire inexistantes. Il nous convient donc à partir des constats des travaux des auteurs ci-haut de mener notre recherche sur les déterminants des PME, pouvant expliquer leur niveau d'endettement. Ainsi, notre sujet de recherche s'intitule: « LES DETERMINANTS DE LA STRUCTURE D'ENDETTEMENT DES PME AU TCHAD ».

PROBLEMATIQUE DE RECHERCHE

Pour pouvoir parvenir au bout de notre recherche, il convient de préciser la portée de certains concepts de notre thème de recherche. Cette recherche s'articule autour de deux concepts à savoir, d'une part, les déterminants et, d'autre part, la structure d'endettement des PME.

En effet, les déterminants des PME peuvent être entendus comme les caractéristiques ou variables propres aux PME et à leurs dirigeants. Nous nous sommes intéressés ici aux facteurs qui peuvent influencer le niveau d'endettement des PME qui sont par exemple la rentabilité, l'âge, la participation des dirigeants dans le capital de l'entreprise, etc. Ces déterminants sont des critères permettant d'obtenir le financement par endettement des PME. Ils expliquent la variation de niveau de l'endettement. Ce qui fait que certaines PME sont plus ou moins endettées que les autres. La structure d'endettement des PME quant à elle exprime la manière dont les PME se financent par endettement. Autrement dit, les procédures et modalités selon lesquelles une catégorie de PME est financée.

Le financement des PME a souvent constitué une préoccupation majeure pour les différents responsables d'entreprises et d'autorités politiques dans nos économies modernes car leur contribution en matière d'emploi est importante8(*). En effet, on distingue deux modes d'endettement, à savoir : l'endettement formel et informel. L'endettement formel réglementé, se fait auprès des institutions financières comme les banques commerciales. Ce sont des sources de financement officielles. Quant à l'endettement informel, il est légal mais pas officiellement enregistré et se caractérise par un phénomène de proximité entre les pourvoyeurs et les emprunteurs. Pour ce cas, l'endettement s'effectue par les tontines, les apports de famille et les proches (parents, amis, etc.). Cependant, les PME sont beaucoup plus rationnées du crédit bancaire par rapport aux grandes entreprises lesquelles ont une certaine facilité d'accès. Cette discrimination s'explique par le fait que les PME sont trop risquées car ne disposant pas souvent de garanties qu'exigent les banquiers. Ainsi, le problème d'asymétrie informationnelle entre les offreurs et les demandeurs des fonds peut être aussi source de rationnement du crédit. En effet, l'asymétrie d'information signifie que, par exemple, les dirigeants de sociétés ont, du fait de leur position, une information privilégiée sur la situation et les perspectives de développement économique et financier de l'entreprise. Cette asymétrie explique que, dans certaines circonstances, le recours à des contrats de dette soit privilégié. Selon Colot & Mélanie (2007), entre l'entreprise et ses bailleurs de fonds, trois catégories d'asymétries informationnelles peuvent être distinguées :

-Des asymétries d'information apparaissent avant la signature du contrat de prêt dans la mesure où les prêteurs peuvent difficilement discriminer de manière efficiente parmi les différentes demandes de projets de financement. Ces asymétries d'information, que l'on peut qualifier d'ex ante, sont à l'origine du phénomène de sélection adverse9(*) sur le marché du crédit (Stiglitz, Weiss, 1981).Pour cette raison, le taux d'intérêt ne constitue pas un bon mécanisme de régulation sur ce marché. Une hausse des taux peut induire la sortie du marché des emprunteurs les moins risqués, seuls les plus mauvais risques demeurent.

-Des asymétries d'information apparaissent pendant le déroulement du contrat. L'emprunteur peut choisir, parmi ses projets d'investissement, un projet plus risqué que le projet effectivement présenté au prêteur et sur la base duquel il avait obtenu son crédit. Si le prêteur observe uniquement le revenu réalisé par l'emprunteur, il ne connaît pas avec exactitude la nature du projet effectivement réalisé. Il doit déterminer si, par exemple, une réduction des revenus réalisés résulte de la mauvaise gestion de la firme par le dirigeant ou d'une réaction normale de l'entreprise aux variations conjoncturelles de son environnement. Ces problèmes d'agence sont qualifiés d'aléa moral10(*).

-Enfin, des asymétries d'information peuvent se révéler ex-post. Le prêteur ne peut alors évaluer avec exactitude le taux de rendement du projet réalisé par l'emprunteur qui peut être incité, pour minimiser ses remboursements, à déclarer un revenu inférieur au revenu effectivement réalisé (Williamson, 1986), ce qui a été qualifié d'opportunisme11(*).

L'ensemble de ces asymétries génère des problèmes d'agence et donc des coûts de contrôle. Le créancier perçoit un risque de politique d'investissement sous-optimale qui peut se traduire par une capacité de remboursement de la firme inférieure à sa dette financière. Un tel risque est lié soit à une stratégie de sous-investissement (Myers, 1977) due notamment aux prélèvements en nature réalisés par l'entrepreneur au détriment de la société, soit à une stratégie de surinvestissement correspondant à une prise de risque excessive de la part de l'emprunteur qui réalise ainsi un transfert de richesse des créanciers aux actionnaires (Jensen, Meckling, 1976). Le problème de la non-incitation à investir de manière optimale est supposé, dans la littérature économique, particulièrement sensible chez les entreprises présentant de fortes opportunités de croissance, qui peuvent soit lancer des projets trop risqués, soit ne pas lever une option de croissance. L'asymétrie d'information peut expliquer une organisation spécifique de la relation entre prêteurs et emprunteurs visant à réduire les coûts d'obtention de l'information.

La recherche académique en matière de la structure financière s'organise communément en trois approches (Colot & Mélanie, 2007) complémentaires. On a d'abord l'approche classique qui se base sur la notion d'effet de levier financier qui tente de comprendre comment les décisions de financement se prennent au sein de l'entreprise. Mais c'est véritablement à la fin des années cinquante que les fondements d'une recherche scientifique rigoriste sur le thème de la structure financière des entreprises vont voir le jour avec les travaux novateurs de Modigliani & Miller (1958). Ces travaux postulant que dans un marché financier parfait la structure de financement des entreprises est neutre (ce qui revient à conclure à la non-existence de déterminants de l'endettement) vont être à l'origine de l'approche néo-classique de la problématique de la structure financière des entreprises. L'évolution consistera à lever consécutivement les hypothèses à la base de raisonnement de 1958 de ces auteurs [Modigliani & Miller (1963) ; Stiglitz (1969) ; Miller (1977)]. La levée de ces hypothèses conduira progressivement à l'élaboration d'une approche de la structure mieux appréhendée sous l'appellation «  théorie moderne de la firme ». Dans cette théorie nous retrouvons des théories telles que la théorie d'agence [Jensen & Meckling (1976)], la théorie de signal [Ross (1977) ; Leland & Pyle (1977)] ainsi la théorie de la hiérarchie des préférences de financement [Myers & Majluf (1984)].

D'après la littérature existante, nous constatons une panoplie d'études menées sur les éléments qui déterminent le niveau d'endettement des grandes entreprises et entreprises cotées. Cependant, les auteurs ne s'accordent pas sur le sens de l'influence de chacun de ces déterminants sur le niveau d'endettement des entreprises (ce niveau d'endettement est, dans la plupart des études empiriques, mesuré par le rapport fonds propres/fonds de tiers). Il n'est pas inopportun de penser que ces déterminants peuvent également être intégrés dans une étude empirique traitant de la structure financière des PME. Au Tchad, une telle étude est quasi-inexistante. Raison pour laquelle il semble important d'apporter notre pierre à l'édifice que représente la littérature scientifique propre à l'étude de la structure d'endettement des PME et plus précisément des PME Tchadiennes. C'est dans cet ordre d'idée que nous nous proposons de mettre en évidence les variables propres aux PME du Tchad et à leurs dirigeants qui permettent d'expliquer leur niveau d'endettement. Ainsi, de cette problématique découle notre principale question de recherche qui est celle de savoir quelle influence peuvent avoir les variables comme la rentabilité, l'âge, la participation de dirigeant dans le capital etc. sur le niveau d'endettement des PME  du Tchad? Pour éclairer davantage notre problématique, nous formulons quelques questions de recherche :

ü quels sont les différents modes d'endettement des PME ?

ü quels sont la place et le rôle de l'endettement dans le financement des PME?

ü quelles sont les variables qui permettraient d'expliquer le niveau d'endettement des PME ?

ü quelle est l'influence des variables des PME sur leur niveau d'endettement ?

Il convient maintenant de fixer les objectifs de notre recherche à partir de questions posées ci-haut.

OBJECTIFS DE RECHERCHE

L'importance de l'enjeu de la problématique de structure d'endettement dans nos économies doit nous convaincre de la portée et de la pertinence de cette question. Ainsi notre objectif principal est d'analyser la relation qui existe entre les variables spécifiques des PME et de leurs dirigeants et leur niveau d'endettement. De cet objectif principal découlent quatre objectifs spécifiques ou secondaires. Il sera question pour nous :

ü d'identifier les différents modes d'endettement des PME ;

ü de mettre en exergue la place et le rôle de l'endettement au sein des différentes sources de financement ;

ü d'identifier ou de ressortir les variables qui expliqueraient le niveau d'endettement des PME,

ü d'analyser l'influence des déterminants des PME du Tchad sur leur niveau d'endettement.

Après avoir déterminé les objectifs de recherche, nous situons l'importance et le bien fondé de cette étude en présentant l'intérêt théorique et managériale de cette dernière.

INTERET DE LA RECHERCHE

Cette recherche est importante à divers niveaux. Elle permet de montrer les différentes variables des PME, ensuite présenter leur influence sur le niveau d'endettement de ces dernières. Ainsi, l'intérêt de cette recherche s'articule autour de deux axes principaux :

- sur le plan théorique, elle nous permet de mieux connaître les différentes sources de financement que bénéficient les PME, l'importance de l'endettement dans les sources de financement et les facteurs qui expliquent le niveau d'endettement des PME. Les résultats auxquels cette recherche va aboutir viendront compléter la littérature déjà existée sur la problématique de la structure d'endettement et permettront d'adopter une bonne démarche suivant laquelle les PME peuvent suivre pour assurer leur croissance.

- sur le plan pratique, cette recherche permet aux dirigeants des PME et éventuellement aux propriétaires de ces dernières d'identifier les facteurs qui permettent aux PME de bénéficier de financement externe pour leur croissance. Les résultats auxquels nous parviendrons vont permettre aussi aux responsables politiques et économiques de mettre en place les mesures pouvant faciliter l'accès des PME au financement par endettement afin d'assurer le développement de l'économie.

L'intérêt de recherche étant défini, nous passons aux hypothèses de base de notre recherche.

RESUME DES BASES D'HYPOTHESES ET HYPOTHESES

Suivant Myers (1977), la rentabilité passée et présente joue un rôle dans la détermination de la structure du capital. L'impact de la rentabilité sur le niveau d'endettement fait l'objet d'une controverse théorique entre les différents auteurs qui se sont intéressés au sujet. Selon Myers & Majluf (1984) dans la POT (Pecking Order Theory)12(*), les entreprises utilisent d'abord l'autofinancement, puis la dette et en dernier lieu l'émission d'action pour financer leurs investissements. Toutes choses égales par ailleurs, les firmes plus rentables ont alors plus d'autofinancement d'où une relation négative entre la rentabilité et l'endettement. Cette description est validée par l'un des résultats empiriques les plus réguliers, par exemple la revue de littérature de Harris et Raviv 1990, l'étude sur les pays membres du G7 de Rajan et Zingales 1995 et celles sur 10 pays en voie de développement de Booth et al. 2001 ont toutes conclu à une relation négative entre la rentabilité et l'endettement. Dans le cadre de la théorie de Trade-off Theory (TOT)13(*), la relation entre l'endettement et la rentabilité devrait être positive. Une entreprise rentable aura une préférence pour la dette car les intérêts sont déductibles de son résultat fiscal. Par ailleurs, si la rentabilité passée est une bonne approximation de la rentabilité future, une entreprise très rentable aura une probabilité plus forte de rembourser ses dettes (Shyam-Sunder et Myers 1999). La théorie statique prédite donc une relation positive entre l'endettement et la rentabilité. Cette prédiction constitue la grande contradiction du modèle de Trade-off.

Toutefois des modèles théoriques dynamiques qui supposent l'existence d'un niveau optimal d'endettement de type Fischer et al. (1989), Leland (1998) montrent qu'il existe des coûts d'ajustements pour s'ajuster vers le haut au ratio cible alors que les entreprises remboursent naturellement leur dette avec l'autofinancement. Ces coûts autorisent donc un comportement de type financement hiérarchique à court terme dans un cadre de niveau de financement optimal. Au bout de ce raisonnement, nous formulons notre première hypothèse H1 qui indique l'existence d'une relation positive entre la rentabilité et le niveau d'endettement.

H1 : la rentabilité de l'entreprise influence positivement son niveau d'endettement.

De nombreuses études concluent qu'un grand nombre de PME sont familiales, jusqu'à plus des deux tiers des entreprises dans les pays occidentaux (Donckels, 1993; La porta et al., 1998). Ce pendant, le concept d'entreprise familiale n'est pas clairement défini. Toutefois, l'ensemble de la littérature nous fait savoir qu'il existe trois critères permettant d'identifier l'entreprise familiale. Cette dernière est caractérisée par la participation active de la famille dans la gestion de l'entreprise, le contrôle de capital par la famille et la transmission ou la volonté de transmettre l'entreprise à la génération future. Dans la plupart des études existantes traitant de la problématique de la structure d'endettement des PME familiales, nous retenons celles d'Hirigoyen (1982) qui met en évidence une stratégie financière prudente de la part des dirigeants d'entreprises familiales de peur de perdre le contrôle de ces dernières. Selon Donckels (1993), la famille souhaite maintenir l'indépendance financière de son entreprise afin d'en conserver le contrôle. A cet égard, l'entreprise va privilégier l'autofinancement et éviter l'endettement à long terme. D'après Allouche et Amann (1995)14(*), les entreprises évitent l'endettement et optent pour des stratégies à long terme plutôt que de court terme lié à un besoin de résultats rapides. Elles pratiquent aussi plus facilement le réinvestissement des dividendes. Ainsi nous émettons notre deuxième hypothèse.

H2 : le caractère familial des PME influence négativement le niveau d'endettement

L'âge de dirigeants s'interprète par la durée de vie d'un ou des dirigeants à la tête de l'entreprise et prêt de la retraite pendant laquelle il a accumulé d'expérience. En effet, nous pensons qu'un dirigeant plus âgé (ou une équipe dirigeante plus âgée) est mieux à même de négocier des crédits bancaires étant donné la confiance qu'il pourrait inspirer aux apporteurs des fonds externes. Le risque de sélection adverse couru par ceux-ci se trouve amoindri ou atténué du fait de l'expérience managériale connue du dirigeant. A ce effet, on peut croire à l'inexistence des informations asymétriques basées sur la capacité ou l'incapacité managériale du dirigeant, dans une certaine mesure, les résultats passés de l'entreprise peuvent attester la capacité ou non à gérer correctement l'entreprise et à dégager les résultats positifs. Ainsi, l'âge de dirigeant pourrait être une fonction croissante de l'endettement. Nonobstant, selon Tufano (1996), plus le dirigeant est âgé et proche de la retraite, plus son aversion pour le risque est grande. Cela pourrait également signifier que plus le dirigeant de l'entreprise est âgé, moins il voudra endetter l'entreprise qu'il dirige et ce, afin de ne pas augmenter le risque de cette entreprise. De toute ce qui suit, nous pensons tester une relation positive entre l'âge de l'entreprise et son niveau d'endettement ; d'où l'hypothèse H3 que nous formulons : H3 : l'âge du dirigeant influence positivement le niveau d'endettement.

La participation du dirigeant dans le capital de l'entreprise se traduit par l'opération de rachat ou la détention des actions par ce dernier de l'entreprise qu'il dirige. Ce rachat ou détention des actions fait le propriétaire de l'entreprise en plus de son statut dirigeant et lui confère le droit de vote à l'assemblée et le droit d'être élu au conseil d'administration.

En général, dans la plupart des PME et particulièrement les PME familiales, le dirigeant est souvent actionnaire majoritaire de l'entreprise qu'il gère. Etant donné que le dirigeant dispose un double statut à savoir le statut de directeur et celui d'actionnaire et bénéficie d'une double rémunération (salaire et dividende), il doit avoir une main mise sur l'entreprise et chercher à préserver l'intérêt de cette dernière car son intérêt en dépend aussi. Par contre, le dirigeant non actionnaire qui ne bénéficie que d'une seule rémunération cherche à préserver ses intérêts au détriment de ceux des actionnaires. A ce moment des coûts seront engagés pour surveiller les actions opportunistes du dirigeant (Williamson, 1985). Etant soucieux de son intérêt de celui de l'entreprise, le dirigeant actionnaire va refuser de dépendre de l'extérieur c'est-à-dire ne va pas vouloir endetter pour ne pas perdre le contrôle de son entreprise. Selon la théorie de l'agence, la divergence d'intérêts entre les dirigeants et les actionnaires peut être limitée par l'accroissement de la part de capital détenue par les dirigeants. Cette solution présente plusieurs avantages, d'une part, elle modifie les arbitrages des dirigeants en faveur de la maximisation de la valeur de la firme, d'autre part, ce système incitatif permet de réduire le coût du contrôle supporté par les actionnaires car il est supposé réduire l'opportunisme des dirigeants à leur égard. D'après Jensen et Meckling (1976), l'alignement des intérêts des actionnaires et des dirigeants ne sera jamais parfait si les dirigeants ne possèdent pas la totalité du capital. Toutefois, nous croyons que le dirigeant qui détient une part importante du capital dans une entreprise pourrait avoir une volonté d'aligner ses intérêts et ceux de l'entreprise car dans tous les cas, à cause de son double statut actionnaire et dirigeant, le succès de cette dernière accroîtra ses revenus. Il aimerait avoir le contrôle exclusif de son entreprise cause de son aversion à l'endettement. Dès lors on peut s'attendre à une proportion de dettes plus importantes dans une entreprise où le dirigeant n'est pas actionnaire majoritaire, notamment suite aux coûts d'agence. De ce qui précède, nous formulons notre quatrième hypothèse.

H4 : la participation du dirigeant dans le capital d'une entreprise influence positivement son niveau d'endettement.

DEMARCHE METHODOLOGIQUE

Il s'agit de l'ensemble des étapes par lesquelles l'on doit passer pour mener une recherche scientifique. Il sera pour nous de justifier nos options en matière de méthodes scientifiques utilisées, des techniques de collecte des données et les méthodes d'analyse des données. Pour la réussite de notre recherche, nous avons adopté la démarche hypothético-déductive. Cette démarche consiste, dans un premier temps à une analyse documentaire (littérature existante dans le domaine) et à émettre, dans un second temps, des hypothèses qui seront testés à l'épreuve des faits, à partir de cette analyse. Pour y parvenir, des données doivent êtres collectées auprès des propriétaires et dirigeants des entreprises Tchadiennes.

Ensuite, nous pouvons opter compte tenu des difficultés pouvant se poser dans la constitution de notre échantillon pour les méthodes appropriées dans l'établissement d'un échantillon représentatif de la population cible. L'instrument de collecte des informations est le questionnaire. Le type de questionnaire administré est le face à face pour avoir des informations fiables. Les données sollicitées pour le calcule de la rentabilité et le niveau d'endettement doivent être celles de trois dernières années (2007,2008 et 2009). Les tests à utiliser pour le traitement de nos données seront la corrélation et la régression linéaire étant donné que nos données sont de nature métrique.

Enfin, les données collectées seront analysées à base de logiciel SPSS (Statistical Package for Social Sciences) pour confirmer ou infirmer nos hypothèses de recherche.

PLAN PROVISOIR DU TRAVAIL

Pour répondre à notre problématique de recherche, nous organisons notre travail en deux parties. La première partie, théorique, sera l'occasion de présenter le cadre conceptuel de la recherche. Il s'agit de mettre en évidence les différents modes d'endettement des PME et les déterminants de la structure d'endettement de ces dernières. Ainsi, nous aurons deux chapitres dans cette partie. Le premier, traitera des différents modes d'endettement que bénéficient les PME ; le deuxième sera consacré à l'étude de déterminants des PME tout en montrant leur relation avec le niveau d'endettement de ces dernières. La deuxième partie, empirique, traitera essentiellement de l'influence des caractéristiques des PME tchadiennes et de leurs dirigeants sur leur niveau d'endettement. En effet, également nous aurons deux chapitres dans cette partie dont l'un (le troisième), précisera l'approche méthodologique adoptée pour identifier les déterminants des PME du Tchad et le dernier (le quatrième), ferra l'analyse empirique de l'influence des déterminants des PME du Tchad sur leur niveau d'endettement.

Dans la plupart de nos économies actuelles, la problématique du financement des PME occupe une place importante. Les responsables d'entreprises et les autorités politiques en font leur préoccupation majeure, car les PME constituent un cadre important de développement économique et de réduction de chômage. D'après la littérature (Bernard Paranque et Hans Friderichs, 1999), il existe les modes de financement internes qui renvoient à l'autofinancement et les modes de financement externes aux capitaux propres qui constituent l'endettement. Cependant, compte tenu d'importants besoins qu'éprouvent les PME, l'autofinancement parait d'une part insuffisant pour faire face aux opérations financières et, d'autre part, les couts du capital sont élevés et ne permettant pas à cette catégorie d'entreprises de solliciter les fonds propres. Le recours à l'endettement apparaît ici comme la seule alternative pour répondre aux insuffisances des autres modes de financement. Cependant, le niveau d'endettement n'est pas le même pour toutes les PME. Il varie d'une PME à une autre en fonction de certaines variables qui leur sont propres et à leurs dirigeants. Il convient donc d'étudier l'influence de ces variables sur le niveau d'endettement des PME. Nous aurons dans cette première partie à analyser au premier chapitre, les différents modes d'endettement et, au deuxième, à étudier la relation entre les déterminants des PME et leur niveau d'endettement.

La structure d'endettement des entreprises, entendue comme la répartition des dettes financières, a toujours suscité beaucoup de réflexion et de controverses. Du fait de l'insuffisance des autres moyens de financement qui ne permettent pas de répondre efficacement aux besoins des PME, l'endettement est considéré comme une issue à ce manquement. L'objet de ce chapitre est de présenter en premier lieu les modes d'endettement des PME pour, par la suite, situer la place qu'occupe l'endettement comme mode alternatif de financement dans les sources de financement.

* 1 _ Modigliani et Miller dans l'hypothèse de transparence des marchés montrent que la structure financière n'a aucun impact sur la valeur de l'entreprise. Laquelle valeur est fonction de la nature des actifs.

* 2 _ Ces théories ne font pas l'unanimité, elles abordent de façon différente la question d'endettement. C'est ainsi que d'une part, la théorie d'agence précise que dans un contexte d'asymétrie d'information, l'endettement permet de converger les intérêts des actionnaires et ceux du dirigeant. D'autre part, Macélot (1984) a fait mention de l'existence des coûts de faillite au sein des entreprises sss dû à l'endettement. Tout cela dépend du niveau d'endettement qu'on se fixe.

* 3 _ Allouche J., Amann B. (1995), « Le retour triomphant du capitalisme familial », in « de Jacques Coeur à Renault : Gestionnaires et Organisations, », Presses de l'Université des sciences sociales de Toulouse , cité par O. Colot & C. Mélanie ( 2007)

* 4 _Chua, Sharma et Chrisman (2003), « Current trends and future directions in family business studies: Toward a theory of the family firm», written as part of Coleman Foundation White Paper Series, 62 pages, cité par O. Colot & C. Mélanie ( 2007)

* 5 _ Van Caillie & Denis (1996) « Etat de la transmission des petites et moyennes entreprises en province de liège, Résultat d'une enquête », Faculté d'Economie, de Gestion et de sciences sociales, centre de recherche et de documentation PME de l'Université de liège, 8 avril, 99 pages, cité par, O. Colot & C. Mélanie ( 2007)

* 6 _ De Miguel A. Pindado J. (2001), Determinants of capital structure: new evidence from Spanish panel data. Journal of Corporate Finance 7, pp. 77-9 ,cite par Olivier C. & Mélanie C. (2007) .

* 7 _ Ozkan (2001) Determinants of capital structure and adjustment to long run target: evidence from UK company panel data. Journal of Business Finance and Accounting 28, pp.175-199, Olivier C. & Mélanie C. (2007)

* 8 _Au japon par exemple les PME représentent 99% du nombre des entreprises et emploient environ 80% de main-d'oeuvre nationale, 90% de l'ensemble des entreprises en Afrique subsaharienne et contribuent à moins 20% au PIB dans la plupart des pays africains contre 60% dans les pays en voie de développement.

* 9 _ La sélection adverse désigne une situation dans laquelle, sur un marché, tous les intervenants n'ont la possibilité d'observer toutes les caractéristiques des biens échangés, certains intervenants ont généralement d'informations plus que d'autres.

* 10 _ Le risque d'aléa moral apparait dans les situations où une personne (« agent ») dispose d'une information privée sur son action tandis qu'une autre personne chargée de la rémunérer (« principal ») ne possède pas cette information. Dans ce cas présent, le risque d'aléa moral est défini par la possibilité pour l'emprunteur de détourner les fonds prêtés par le prêteur à des fins plus risquées que prévu de façon à maximiser la valeur de l'investissement au détriment du risque.

* 11 _ L'opportunisme est un comportement qui consiste à rechercher l'intérêt personnel au détriment de celui des prêteurs en recourant aux différentes formes de tricherie. Ici l'emprunteur peut faire évoluer à son avantage les termes d'un contrat.

* 12 _ Théorie des préférences de financement hiérarchisées

* 13 _ Modèle de ratio de financement optimal ou théorie du compromis optimal

* 14 _ Allouche et Amann (1995), op.cit. cité par O. Colot & C. Mélanie (2007)

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"Les esprits médiocres condamnent d'ordinaire tout ce qui passe leur portée"   François de la Rochefoucauld