2.2.3 D'une vision actionnariale
(shareholders) à une vision des parties prenantes (stakeholders)
Suite aux revendications sociales et environnementales,
l'entreprise est tenue à se comporter tel que le préconise le
développement soutenable. C'est-à-dire une entreprise responsable
sur tous les plans du développement durable, ce qui implique la
maximisation de la richesse de l'entreprise tout en respectant les
salariés, l'environnement, les ressources que l'entreprise utilise et
les investisseurs. Aujourd'hui, la gestion de l'entreprise n'a donc plus comme
unique préoccupation l'actionnaire mais l'ensemble des parties
prenantes.
Respecter l'environnement se traduit par la prise en compte de
l'environnement dans lequel évolue l'entreprise. Le respect des
salariés entraîne une attention particulière à
apporter en termes de gestion de carrières et de motivation. Le respect
des principes du développement durable ne peut pas être obtenu par
le seul respect d'impératifs économiques.
Avant, l'entreprise devait assurer une rentabilité
importante, le dirigeant devait donc s'assurer que l'entreprise et l'ensemble
de ses partenaires soient performants, le critère de performance
étant basé uniquement sur la rentabilité.
Aujourd'hui, à la recherche de la rentabilité
économique vient se greffer la performance sociale, environnementale et
éthique. La performance économique n'est plus le seul
référentiel économique pour la direction, mais fait
maintenant partie d'un ensemble de critères plus large. La prise en
compte de ces critères oblige, dans un certain sens, le dirigeant
à élargir son horizon de responsabilités et d'objectifs.
Le développement durable vient donc modifier le mode
managérial existant, il ne doit plus satisfaire un acteur unique comme
l'actionnaire mais un ensemble d'acteurs. C'est donc la vision même de
l'entreprise qui s'élargie, de shareholders à
stakeholders.
Autre élément important remis du système
de gouvernance des entreprises remis en cause, est l'information
délivrée par les dirigeants, aux parties prenantes de
l'entreprise (notamment les actionnaires, les fournisseurs, les analystes
financiers pour les entreprises cotées.). L'information et sa
transparence joue un rôle important dans les mécanismes de
gouvernance des entreprises. On se demande alors quel pourra être
l'impact du développement durable sur cette qualité
d'information.
2.2.4 Transparence de l'information
Dans le cadre de la relation dirigeant-actionnaire, on
constate toujours une certaine asymétrie d'information, entre
l'information que possède le dirigeant et l'information
communiquée aux actionnaires. La transparence des documents financiers
publiés a une signification financière limitée, dans la
mesure où les états synthèses (bilan et compte
résultat) ne présentent qu'une vision statique de l'entreprise.
Nous ne sommes pas non plus sans savoir, que certaines performances ont pu
être « maquillées » par les dirigeants dans
certaines affaires à scandales, notamment grâce à une
communication efficace et persuasive. La qualité de l'information
délivrée est source de conflits, d'interrogation, de doute et de
crédibilité.
Donc, le développement durable peut-il être un
vecteur de la transparence entre l'entreprise et son environnement ? Si
oui, il aura donc un impact sur la gouvernance des entreprises et sur la
qualité de l'information.
Le développement durable entraîne la
responsabilisation sur le respect de l'environnement, envers les clients, les
fournisseurs, les salariés... La source de l'asymétrie
d'information est le décalage entre l'ensemble d'informations dont
disposent les dirigeants et l'information qu'il délivre au public et aux
actionnaires. Ce décalage entraîne l'opacité de
l'information.
Dans le cadre d'un actionnariat dispersé et
composé d'une multitude de petits porteurs, les actionnaires ont la
possibilité de prendre connaissance des documents comptables
légaux, voir d'assister aux assemblées générales.
Cependant, les actionnaires ne reçoivent comme information que les
publications officielles ou ce qu'ils peuvent lire dans la presse ou entendre
dans les médias télévisés. Ils ne peuvent avoir
accès aux informations internes à l'entreprise. La pression que
peut exercer le respect des normes de développement durable peut
permettre dans une certaine mesure à tout type d'actionnaire d'obtenir
des informations supplémentaires. Si on prend l'exemple d'un groupe
d'actionnaires ayant investit dans un fond éthique, il aura accès
à une meilleure qualité d'information sur le déroulement
de l'activité de l'entreprise. En effet, le poids du fonds dans
l'entreprise permettra de demander des informations beaucoup plus
précises à l'entreprise, ce type d'information permettra
d'éclairer les actionnaires du fonds et de gérer les conflits au
mieux.
Dans une optique de développement durable, les
actionnaires ne s'intéressent pas simplement aux informations purement
financières, mais aussi à toute information ayant trait aux
activités de l'entreprise en terme de développement durable (par
exemple le financement d'une usine de retraitement des déchets par
l'entreprise, une entreprise faisant preuve d'une volonté certaine de
vouloir reclasser les salariés touchés par une
délocalisation, etc....). Tous ces types d'information, sont
susceptibles d'intéresser les actionnaires prônant le
développement durable. Les entreprises, afin d'éviter toute
sanction, vont devoir mettre en place des processus de communication clairs et
efficaces sur leurs actions en terme de développement durable, elle vont
devoir communiquer beaucoup plus sur leurs activités et la
manière dont elles les dirigent sous peine de pression publiques, des
syndicats, de revendications actionnariales.
L'entreprise se retrouve donc dans la quasi obligation de
communiquer sur ses actions éthiques, tant en interne, qu'en externe.
On peut conclure en disant que le développement durable
ne permet pas de réduire complètement l'asymétrie
d'information, aussi bien financière que de tout autre type
d'information, toutefois il permet de sortir de l'optique de l'information
financière pure et simple, et fait apparaître la demande par les
parties prenantes d'autres types d'informations extra économiques.
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