1.1 Le développement durable: un concept ancré
dans d'actualité
1.1.1 Présentation du concept de
développement durable
Développement durable : « un
développement qui répond aux besoins du présent sans
compromettre la capacité des générations futures à
répondre aux leurs. Deux concepts sont inhérents à
cette notion :
- le concept de "besoin", et plus
particulièrement des besoins essentiels des plus démunis,
à qui il convient d'accorder la plus grande priorité, et
- l'idée des limitations que
l'état de nos techniques et de notre organisation
sociale imposent sur la capacité de l'environnement à
répondre aux besoins actuels et à venir. » 1(*)
Le développement durable s'appui sur trois piliers
indissociables :
Le pilier social, le pilier économique et le pilier
écologique. La notion de durable prend son sens à la
réunion des composantes du développement durable
précédemment citées.
1.1.1.1 Quelques dates clés
Nous pouvons clairement identifier dans le schéma
ci-dessous l'évolution des concepts et des acteurs du
développement durable. Après une prise de conscience des Etats,
ce n'est qu'à la fin des années 90 que les entreprises entrent
dans le débat.
Le terme « développement durable »
est proposé par la commission Brundtland en 1987. Il provient de la
contradiction entre l'environnement et le développement
évoquée par le club de Rome au début des années 70.
Une opposition, un lien, puis une solution, la recherche d'un nouveau mode de
développement dans lequel, la croissance économique serait
couplée à la pression sur l'environnement.
1.1.1.2 Les indicateurs liés au
développement durable
1.1.1.2.1 L'empreinte écologique
C'est la surface biologiquement productive sur terre qui est
la base commune des écosystèmes et de l'humanité qui est
limitée. L'empreinte écologique mesure la surface
nécessaire pour produire les ressources consommées par la
population, et pour absorber les déchets qu'elle produit. La surface
productive de la Terre disponible pour le développement est de 11,4
milliards d'hectares, soit en moyenne 1,9 ha/habitant or elle
était en 1999 de 2,3 ha soit 20% au dessus du seuil posé.
L'empreinte écologique permet d'estimer la
durabilité environnementale.
1.1.1.2.2 L'indicateur de développement humain
L'IDH est une mesure indicative et non exhaustive du
développement humain, créé par le PNUD2(*) en 1990. Il intègre le
niveau de vie (PNB/tête), l'espérance de vie et le niveau
d'instruction et d'accès au savoir (alphabétisation des adultes
et scolarisation des enfants). Un objectif d'IDH de 0,8 a
été fixé par les Nations Unies. L'indicateur de
développement humain permet d'estimer la durabilité sociale et
économique.
1.1.1.3 Méthode d'évaluation
du concept
Le développement durable est une coopération
entre environnement et développement, en voici donc une méthode
d'évaluation :
Ce schéma a le mérite de mettre en exergue les
efforts qu'il convient de fournir, afin de concilier, d'une part, les besoins
des sociétés modernes, et d'autre part les ressources
limitées dont elles disposent.
Performance des nations en matière de
développement durable : combien de planètes ?
Les « chemins » souhaitables
diffèrent, mais tentent de susciter une convergence à long terme
écologiquement viable et politiquement acceptable.
L'amélioration globale de la productivité
reposera sur des innovations ponctuelles qui ont chacune leur cycle de vie. Il
faut mettre les entreprises dans une posture d'innovation et de capacité
au changement : elles doivent maîtriser l'état de l'art et se
positionner sur la prochaine génération d'innovations. Selon le
rapport Brundtland les évolutions nécessaires touchent la
technologie et l'organisation sociale.
1.1.1.3.1 L'approche
« éco-efficacité »
Proposée par WBCSD3(*) en 1992 en réponse à la
déclaration de Rio, elle fait l'hypothèse que l'on puisse
atteindre un développement durable en conservant les mécanismes
de marché, à la fois en :
- En Innovant sur les plans technologiques et sociaux
- En pratiquant l'éco-efficience : créer
plus de valeur avec moins d'impact : réduire l'intensité
matérielle et énergétique, réduire la dispersion
toxique, augmenter la recyclabilité et la durabilité des
produits, maximiser l'utilisation de ressources renouvelables.
- En passant du dialogue avec les parties
intéressées aux partenariats pour le progrès.
- En informant les consommateurs sur les conduites plus
durables
- En améliorant les conditions de fonctionnement du
marché
- En faisant refléter dans les coûts du
marché les coûts environnementaux et sociaux.
- En permettant au Monde entier de profiter du marché
(lutte contre la pauvreté)
1.1.2 Les enjeux du développement
durable
1.1.2.1 La dimension économique
mondiale, les enjeux environnementaux, sociaux.
Le Programme d'action de Johannesburg propose un programme
décennal visant à changer les modes de production et de
consommation, fondé sur la maîtrise du cycle de vie en partant des
besoins (habitat...) et la gestion du changement (technologie et organisation
sociale).
Les enjeux classés en 5 capitaux :
Le capital naturel
L'eau : consommation et pollution
L'énergie : Consommation, substitution renouvelable au
fossile
L'air : Pollution et gaz à effet de serre (GES)
Les déchets
La biodiversité
Bruit et odeurs : pollutions internes et externes
Le capital social
Gestion des retombées (externalités)
économiques, environnementales et sociales sur le territoire
Communication interne
Système de management
Organisation et responsabilités
Participation, implication et motivation du personnel
Intégration territoriale de l'entreprise
Ouverture globale sur l'extérieur
Promouvoir une culture sans corruption
Le capital humain
Travail : Conditions générales et ambiance
Equité
Emploi, compétences, formation
Gestion et prévention des risques
Le capital manufacturé
Veille réglementaire
Relations avec sous traitants, fournisseurs Politique
d'achat
Produits / éco-socio-conception
Transport des salariés
Transports et logistique
Gestion et conditions de stockage
Fonctionnement et procédés
Infrastructures (batiment)
Le capital financier
Gestion de la réputation
Internalisation les coûts environnementaux et sociaux
Management des problématiques de durabilité
Répartition équitable de la valeur
(actionnaires, clients personnel)
Obligation redditionnelle et gouvernance
Engagement de la direction, visions, valeurs,
éthique
Stratégie, politique et objectifs
Identification des parties intéressées et lien
entre leurs attentes et la politique de l'entreprise
Acceptation de nouveaux principes
Mesure de la performance
Communication externe, reporting
Analyse rétrospective :
« backcasting » : partir des objectifs de long terme pour
bâtir des stratégies
Schéma des enjeux, classés en 5
capitaux
Echelle de performance pour un enjeux
1.1.2.2 Les enjeux économiques pour
les entreprises
Certains coûts sont maîtrisables et des gains sont
envisageables aussi bien au niveau environnemental que social. Ces
« économies » représentent un
véritable enjeux pour les entreprises, qu'elles se doivent de
considérer. En voici la classification :
Maîtrise des coûts environnementaux :
Traitement des rejets (convention avec les stations
d'épuration, transport des déchets, mise en
décharge...)
Gestion des risques (aménagement des stockages, des
procédés...)
Fiscalité environnementale (redevance sur l'eau, les
déchets, les rejets atmosphériques).
Accès aux ressources (consommation de matière
première, eau, énergie).
Gains envisageables :
Réduction des consommations
Réduction et optimisation du coût lié au
rejets/déchets
Réduction des taxes, impôts
Renégociation des primes d'assurances
Obtention de prêts bancaires à taux
réduit
Maîtrise des coûts sociaux :
Coûts liés à de mauvaises pratiques
d'hygiène et sécurité (accidents, maladies)
Coûts liés à l'absentéisme et
à la baisse de la production en cas de mauvaises conditions de
travail
Coûts liés aux conflits sociaux
(grèves)
Gains envisageables :
Eviter amendes éventuelles dues à de mauvaises
conditions de travail
Réduire les coûts liés aux accidents de
travail
Réduire les coûts liés à
l'absentéisme
Réduire les coûts liés aux conflits
sociaux
Améliorer la motivation des employés
(information, consultation, et participation)
Anticipation des mutations industrielles et
restructurations.
1.1.3
L'intégration normative du concept
Une évolution rapide des textes de lois
Des textes complexes et flous, qui évoluent très
rapidement, induisent une maîtrise de la réglementation difficile
pour les entreprises qui n'ont pas de services juridiques (les PME). La plupart
des entreprises n'ont pas connaissance de l'ensemble de leurs droits et
devoirs. Il est donc très difficile pour celles-ci d'anticiper sur
l'évolution de la réglementation.
Un renforcement des législations et des normes
Afin de faire respecter les engagements environnementaux pris
lors des grands accords internationaux, l'Union européenne a
décidé de matérialiser ses ambitions environnementales en
faisant appliquer aux Etats membres un certain nombre de directives en rapport
avec le développement durable qu'elle préconise. Vous trouverez
donc en annexe quelques grandes législations et normes, actuelles et
à venir, qui visent les agissements des entreprises, que ce soit d'un
point de vue industriel, de l'éco-conception, de l'énergie ou des
transports. Egalement en annexe, les engagements français. Pour
être en adéquation avec les grandes directives européennes
et pour respecter ses engagements, la France a également opté
pour des lois de plus en plus contraignantes.
Les normes et labels environnementaux
Précisons tout d'abord que la normalisation et la
certification sont des approches volontaires (exceptée la mise en
conformité obligatoire aux normes d'hygiène et de
sécurité, pour ne citer qu'elles) des organisations et
entreprises qui y ont recours. Elles ne constituent pas en tant que telles des
contraintes obligatoires, mais leur respect par les entreprises devient
quasiment inévitable pour maintenir la compétitivité de
celles-ci. Elles représentent donc un fort mécanisme incitatif
exercé sur les entreprises, qui doivent fatalement en tenir compte.
Notons également qu'il existe une multitude de normes adaptées
aux différents secteurs de la vie des entreprises (ex. construction
immobilière, transport...), mais nous n'étudierons que les
grandes normes ISO applicables partout.
Le rôle de la normalisation peut se résumer en
cinq points4(*) :
- Elle est un outil de politique publique à la
réglementation et une référence pour les marchés
publics.
- C'est un outil d'échange, permettant le
développement des marchés, selon des règles et des
pratiques harmonisées et des entraves techniques réduites.
- C'est un outil de développement de l'économie.
Elle permet la rationalisation de la production, la garantie de la
sécurité aux opérateurs et installateurs, le transfert de
technologies nouvelles.
- C'est un outil de transparence et de progrès pour
l'utilisateur. Elle permet de répondre à l'imperfection de
l'information présente sur le marché en guidant l'acheteur dans
ses choix, puisque celui-ci, qu'il soit un consommateur final ou une
entreprise, possède à la base moins d'informations que le
vendeur.
- Enfin, c'est un outil stratégique pour l'entreprise
ou l'acteur économique concerné car elle permet d'innover,
d'anticiper et d'évoluer mais aussi d'être compétitif et de
mieux connaitre les tendances des marchés.
Les normes ont donc une grande influence sur la vie des
entreprises, qui se doivent de respecter ces standards pour maintenir leur
situation commerciale avec les autres acteurs.
D'autre part, en matière de développement
durable, la certification à certaines normes va permettre aux
entreprises qui y ont recours de faire reconnaître leurs engagements et
leurs efforts. « La certification est une activité par
laquelle un organisme reconnu, indépendant des parties en cause, donne
une assurance écrite qu'une organisation, un processus, un service, un
produit ou des compétences professionnelles sont conformes à des
exigences spécifiées dans un
référentiel.»5(*).
La certification environnementale permet donc de s'assurer
d'une démarche d'une entreprise en la matière. Elle peut donc
permettre à celle-ci, en période d'un engouement croissant pour
le développement durable, comme c'est le cas en ce moment, de
bénéficier d'un avantage compétitif sur les entreprises
concurrentes non certifiées.
Or ces certifications, à l'instar des
législations environnementales, évoluent dans le temps et
demandent des entreprises le respect d'aspects de plus en plus stricts. En
matière de développement durable, il s'agira essentiellement de
deux grandes familles de normes ISO, les normes ISO 9000 pour la
qualité, et les normes ISO 14 000 pour l'environnement. Le
détail de ces normes vont être détaillées en
annexe.
1.1.4 La prise de
conscience des pouvoirs publics
1.1.4.1
L'implication progressive des différents acteurs
1.1.4.1.1 Le protocole de Kyoto
Le protocole de Kyoto, conclu le 11 décembre 1997, est
un prolongement de la Convention Cadre sur les Changements Climatiques (CCCC),
qui reconnaissait l'existence d'un changement climatique et imposait aux pays
industrialisés de contrecarrer ce phénomène. Le protocole
de Kyoto fut l'un des accords les plus contraignants en matière
d'environnement. Il vise à lutter contre les changements climatiques en
imposant une réduction des émissions de gaz à effet de
serre (GES) des pays industrialisés qui l'ont ratifié (soit
environ 150 pays aujourd'hui). Ce protocole représente un grand pas en
avant puisqu'il comporte des objectifs précis et exigeants en
matière de réduction de rejets polluants.
Il a consisté, dans un premier temps, à faire
respecter aux pays adhérents le maintien du niveau général
des émissions de gaz à effet de serre de 1990 jusqu'en l'an 2000.
Puis une réduction de leurs émissions de 5,5% sur la
période 2008-2012 par rapport à 1990, année de
référence sur laquelle se baseront les comparaisons.
Le protocole est entré en vigueur dès que 55
pays de la Convention sur les changements climatiques l'ont ratifié,
soit le 16 février 2005, suite à sa ratification par la Russie,
et malgré le retrait des Etats-Unis à ces accords en 2001. Il est
alors devenu une vraie contrainte de poids pour tous les pays adhérents,
qui étaient tenus de respecter leurs engagements.
Depuis son entrée en vigueur, d'autres grands pays
industrialisés ont également ratifié ce protocole ;
c'est notamment le cas de l'Australie, qui l'a ratifié en
décembre 2007, peu de temps après que le nouveau premier ministre
Kevin Rudd prenne ses fonctions. Mais ce choix de ratification a
également un impact démocratique bien plus fort, puisqu'il isole
les Etats-Unis au rang de seul grand pays industrialisé à
contester la conduite du protocole.
Pour atteindre l'objectif de -5,5% cité
précédemment, les réductions varient selon les pays
industriels visés : -6% pour le Japon, 0% pour la Russie, et -8%
pour l'Union Européenne. Pour cette dernière, une
répartition fut orchestrée en fonction des 15 états
membres. Elle se traduit notamment par les objectifs suivants, selon les
différentes nations :
Allemagne : -21% d'émission de GES entre 1990 et
la période 2008-2012.
Royaume-Uni : -12,5%.
Italie : -6,5%.
France : 0%.
Il va donc falloir que tous les pays concernés mettent
en oeuvre des moyens d'action efficaces, permettant à la fois de
réduire significativement leurs émissions de GES, tout en
conservant leur compétitivité.
Les objectifs du protocole étant ambitieux, trois
mécanismes sont utilisables à l'international pour y parvenir
plus facilement :
Les permis d'émission : Ils permettent
d'acheter et de vendre entre pays industrialisés des droits à
émettre. Ce système d'échanges d'émissions fut
instauré le 1er janvier 2005, grâce à la
directive 2003/87 « quotas ».
La mise en oeuvre conjointe (MOC) : Elle permet
d'effectuer des investissements, chez d'autres pays développés,
ayant pour but de réduire les émissions de GES, et ainsi de
bénéficier des crédits d'émission obtenus.
Le mécanisme de développement propre
(MDP) : Il est similaire au système précédent,
sauf que les investissements sont effectués par un pays
développé, chez un pays en voie de développement.
Arrivant bientôt à échéance, dix
ans après sa création, le protocole de Kyoto ne semble pas avoir
tenu toutes ses promesses. Si certains pays (comme la France) respectent bien
leurs engagements, il n'en est pas de même pour tous les pays, certains
s'étant vus confier des objectifs bien plus difficiles à
tenir.
D'autres grandes réunions internationales ont depuis eu
lieu pour suivre l'évolution environnementale mondiale et définir
ce qui prendra la suite du protocole de Kyoto. C'est le cas de la
conférence de Bali.
1.1.4.1.2 La conférence de
Bali
La conférence des Nations unies sur le changement
climatique, qui s'est tenue à Bali (Indonésie) du 3 au 14
décembre 2007, a réuni 189 Etats6(*) pour 10 000 participants et a eu pour mission de
préparer l'élaboration d'un nouveau protocole pour fin 2009,
faisant suite au protocole de Kyoto, qui expire en 2012.
Elle a eu pour particularité de réunir, pour la
première fois, pays industrialisés et émergents autour du
thème de la réduction des émissions polluantes. A
l'affiche de cette conférence, des objectifs d'ores et
déjà bien plus ambitieux que ceux du protocole de Kyoto, ceux-ci
prévoyant que les pays industrialisés devront réduire
leurs émissions de 25 à 40% en 2020 par rapport à 1990.
Pour y parvenir, la conférence s'est
intéressée, entre autres, aux sujets suivants :
La reforestation et la comptabilisation du rôle de
« puits de carbone » joué par les forêts,
celles-ci captant, via la photosynthèse, une partie du CO2
émis sur la planète, et donc participant à l'objectif de
réduction des émissions de GES.
Les « crédits carbone », qui
compensent les émissions de carbone en finançant des projets de
réduction de gaz à effet de serre, comme nous l'avons vu
précédemment pour le protocole de Kyoto. Rappelons que ce
système consiste à compenser ses émissions en investissant
à l'étranger dans des projets réducteurs
d'émissions de GES, telles que des installations solaires ou
éoliennes, le montant des « échanges »
étant fixé à l'aide d'une cotation de la tonne de
CO2.
L'Union européenne s'est montré la plus
responsable et la plus entreprenante, en proposant de réduire ses
émissions de 30 à 40%, selon l'engagement des autres pays.
Les Etats-Unis, tout comme les pays émergents, ont
rejeté le principe de contraintes chiffrées, mais n'ont pourtant
pas démérité en matière d'engagement dans la lutte
pour la sauvegarde planétaire.
Les Etats-Unis, par l'intermédiaire de John Kerry,
rival malheureux de George W. Bush à l'élection
présidentielle de 2004, ont affirmé qu'ils allaient en 2009,
après l'élection d'un nouveau président, assumer leur
rôle de leader : « Nous sommes le plus important pollueur
de la planète. Nous avons notre responsabilité. Nous avons
trouvé de l'argent pour la guerre en Irak. Nous pourrons en trouver pour
sauver la planète »7(*). La Maison blanche a également rappelé,
que « les principales économies en voie de
développement doivent aussi agir »8(*), en référence
à la Chine et à l'Inde, pour qui il n'est réclamé
que « des actions vérifiables et mesurables », sans
notion de contrainte chiffrée.
Ces pays en voie de développement ont donc reconnu
leur volonté de participer à la lutte contre le changement
climatique, reconnaissance d'autant plus importante que ce sont les
émissions de CO2 de la Chine qui progressent le plus vite
dans le monde. Les chinois se sont montrés conscients du problème
et ont demandé des technologies propres, mais ils ont avant tout
exprimé le besoin de l'aide financière des pays riches,
principaux responsables de la pollution de la planète.
C'est seulement au terme d'une négociation pleine de
rebondissements, en clôture de la conférence le samedi matin 15
décembre 2007, que tous les pays se sont mis d'accord sur une
« feuille de route » de compromis pour lutter contre le
changement climatique, en prenant en compte les travaux et conclusions des
scientifiques du GIEC (Groupe d'experts Intergouvernemental sur l'Evolution du
Climat). Ce texte prévoit « pour la première fois un
engagement commun des pays (développés et en
développement) à réduire leurs émissions, les
premiers s'engageant à transférer aux seconds certaines de leurs
technologies propres »9(*). Ainsi, grâce à l'ONU et à une
forte pression médiatique, il a été possible d'impliquer
l'ensemble des nations de la planète dans la lutte pour la protection de
la planète.
Pour beaucoup, cette conférence n'est apparue que comme
un timide pas en avant, où seule l'Union européenne a voulu
montrer la voie, celle-ci n'ayant été que très peu suivie
par les Etats-Unis, encore moins par l'Inde et la Chine et les autres pays en
développement, qui souhaitent avancer, mais demandent à ce qu'on
les aide pour y parvenir. D'autre part, contrairement au protocole de Kyoto,
cette grande réunion ne s'est ponctuée d'aucun objectif
chiffré ni de contenu précis.
Pourtant, bien que faites pas à pas, les
avancées sont bien réelles, puisqu'un « cadre formel et
organisé, avec un rendez-vous d'étape à Copenhague, en
décembre 2009 »10(*), a été instauré. Et un fonds
d'adaptation, géré par le Fonds pour l'environnement mondial, a
été mis en place, avec un objectif de 215 millions d'euros
à l'horizon 2012.
Réunis à Bruxelles au début du mois de
mars 2008, les 27 pays de l'Union européenne ont assisté aux
propositions législatives de la Commission européenne, celle-ci
ayant présenté une directive visant, dans le système de
quotas et de crédits de CO2, « à ce que le
prix du CO2 augmente, pour inciter à produire en polluant
moins »11(*),
ceci en mettant un pourcentage croissant de droits d'émissions de
CO2 aux enchères.
Déjà l'an dernier à la même
époque, la Commission avait abordé ce plan européen de
lutte contre le changement climatique, qui doit être voté fin 2008
sous la présidence française, et entrer en vigueur en 2013. Il
répond à un triple objectif :
« Réduire de 20% les émissions
européennes de GES d'ici à 2020.
Faire passer à 20% la part des énergies
renouvelables dans la consommation énergétique totale de l'Union
européenne.
Employer au moins 10% de biofuels dans les
carburants. »12(*)
1.1.4.1.3 La conférence de
Copenhague
Il faut bien l'avouer, après tant d'agitation et de
mobilisation, la Conférence des Nations Unies sur le Changement
Climatique qui s'est tenue à Copenhague du 7 au 18 décembre 2009,
reste un échec quasi complet.
Le Secrétaire général des Nations Unies,
Ban Ki-moon, a lancé un ultime appel au bon sens, estimant que « le
moment est maintenant à nouveau celui du bon sens, du compromis et du
courage. Le courage politique, la sagesse politique et le leadership politique
doivent prévaloir.(...) Ce sera l'héritage de tous les temps. Ce
sera l'héritage. Scellons l'accord aujourd'hui pour le bien commun
». Cet appel n'a pas eu beaucoup de poids face aux intérêts
des grandes puissances, y compris émergentes.
Après 10 jours de confusion, les deux derniers jours
ont été décisifs pour parvenir enfin à un
« Accord de Copenhague ». Si il affirme bien la
nécessité de contenir le réchauffement à + 2
°C par rapport au début de l'ère industrielle, le texte
final ne comporte aucun engagement chiffré de réduction des
émissions de gaz à effet de serre pour 2020 ou
2050 et aucune obligation sur l'aide à l'adaptation
pour les pays les plus pauvres et donc les plus exposés.
Si l'Europe avait affichée les objectifs les plus
ambitieux, les deux premiers pollueurs de la planète, les Etats-Unis et
la Chine ont déçu en restant sur des positions qui
défendent un système de société à court
terme et irresponsable. Pour Nnimmo Bassey, président des Amis de la
Terre international : "Copenhague est un échec misérable. La
justice climatique a été oubliée et la déclaration
finale condamne des millions de personnes, parmi les plus pauvres, à la
faim, la souffrance et la mort avec l'accélération des
changements climatiques. Nous sommes écoeurés par le refus des
pays riches à assumer leurs responsabilités, notamment les
États-Unis qui sont les plus grands pollueurs historiques. Ils
sacrifient des nations entières pour perpétuer leur gabegie. Pour
M. Obama, c'est le sommet de la honte ».
Pourtant, même le Protocole de Kyoto, bien léger
en terme d'engagement face aux efforts colossaux qui doivent maintenant
être fournis, n'est mentionné qu'accessoirement et sans que soit
envisagée sa prorogation au-delà de 2012. La contrainte juridique
et l'engagement chiffré sont balayés à un moment où
le système climatique entame son basculement et va durablement affecter
l'humanité.
La conférence des Nations unies "prend note" de
l'accord de Copenhague, sans l'entériner. Une liste mentionnera les pays
favorables et les pays opposés à cet accord.
Finalement, chaque pays fera ce qu'il veut, avec toutefois un
accord sur une communication (uniquement basée sur le volontariat), tous
les deux ans, des actions menées pour réduire les
émissions de gaz à effet de serre.
Seul point positif : la mobilisation sans
précédent de la société civile et du grand public,
même si le sujet paraît bien encore abstrait et
compliqué13(*).
Pour tenir ces objectifs élevés, la Commission
européenne se devra donc nécessairement d'exercer une forte
pression sur l'ensemble des gouvernements de ses pays membres. La France, bien
que bénéficiant déjà d'émissions en 2005
inférieures de 1,6% à celles de 199014(*), se montre encore très
impliquée.
1.1.4.1.4 Un engagement ferme de la
France
Comme nous venons de le voir, la France figure parmi les
« bons élèves de Kyoto » puisqu'elle semble
quasi-certaine de maintenir ses émissions de GES pour 2012 au niveau de
celles de 1990, ceci étant principalement dû à
l'utilisation de son vaste parc de centrales nucléaires.
Néanmoins, cela ne semble pas encore suffisant pour assurer les
objectifs fixés au niveau européen et national, puisque ce
dernier impose, par la loi sur l'énergie de 2005, de réduire par
quatre ses émissions polluantes d'ici à 2050, ce qui reviendrait
à une diminution de 3% par an de ses rejets de CO2 dans
l'atmosphère.
La Nation est donc face à des défis
élevés, mais accessibles, que se proposent de relever les hommes
politiques français, ces derniers faisant preuve d'une grande
implication en matière de politique environnementale, comme le montrent
les grands événements qui ont eu lieu au cours de ces
dernières années.
Le Grenelle de l'environnement :
Le « Grenelle » de l'environnement, terme
employé en référence aux accords de Grenelle de mai 1968,
fut le chantier prioritaire du Ministère de l'Ecologie, du
Développement et de l'Aménagement Durables (MEDAD).
Présidé par Nicolas Sarkozy, il s'est tenu les 24 et 25 octobre
2007, en présence de Wangari Maathaï, d'Al Gore, tous deux prix
Nobel de la paix, et de José Manuel Barroso, Président de la
Commission européenne, afin d'aboutir à un certain nombre de
propositions, mesures, et annonces, en faisant la synthèse de quatre
mois de réflexion15(*). Il s'est déroulé en trois
étapes : élaboration de propositions d'actions par les
groupes de travail, consultation du public de fin septembre à
mi-octobre, et enfin négociation finale du Grenelle de l'environnement
autour de tables rondes.
Le président de la République Nicolas Sarkozy
l'avait annoncé, « le temps est à l'action, [...] il
s'agit bien d'une négociation sur des mesures
concrètes »16(*) qui devra aboutir à un
« contrat » de cinq ans entre l'Etat, les
collectivités territoriales, les syndicats, les entreprises et les
associations.
Ne serait-ce que dans sa préparation, cet
événement a mobilisé plus de 300 personnes, réunies
au sein de six groupes de travail, et lors de 53 réunions, pour parvenir
à fournir un rapport de 1 000 pages au gouvernement français, qui
aura été débattu du 5 au 19 octobre 2007 dans 17 villes,
avant la table ronde finale du Grenelle de fin octobre 2007.
Ces six groupes de travail étaient constitués de
cinq « collèges » : des collectivités
locales, des représentants de l'Etat, des Organisations Non
Gouvernementales (ONG), des employeurs et des salariés, et ont
donné lieu à six grands thèmes au coeur des débats
lors de l'événement, dont ressortent principalement les
propositions suivantes :
Le climat et l'énergie :
Le groupe s'est calé sur l'objectif « facteur
4 », qui prévoit la division par quatre des émissions
de gaz à effet de serre d'ici à 2050, en envisageant des
étapes intermédiaires, telles que la baisse des consommations
d'énergie d'ici à 2020 de 20% et une proportion de 20%
d'énergies renouvelables. Pour y parvenir, la France va notamment
installer au deuxième semestre 2008 le plus grand site solaire jamais
construit en France (80 hectares). Ce projet représente un
investissement de 140 millions d'euros et devrait produire l'énergie
nécessaire pour alimenter 11 000 foyers, soit 32 mégawatts,
ce qui devrait pratiquement doubler la capacité solaire de la France
(aujourd'hui de 40 mégawatts)17(*).
D'autre part, l'objectif a été d'amener les
émissions moyennes de CO2 des véhicules automobiles en
circulation de 176 g/km à 130 g/km18(*) en 2020. Ce qui a supposé d'instaurer une
règlementation imposant aux constructeurs automobiles une moyenne de 120
g de CO2/km sur les véhicules neufs en 2012.
De même, il a été décidé de
réduire de 50% la consommation de carburant et les émissions de
CO2 dans le secteur aérien d'ici à 2020. Autre
décision, l'instauration d'une éco-vignette annuelle qui
fonctionnerait par un système de bonus-malus (ceux qui possèdent
des voitures rejetant moins de 120 g/km de CO2 toucheront un
chèque ou un crédit d'impôt, ceux pour qui la voiture
dépasse 140 g/km d'émissions devront payer une taxe). Enfin, le
groupe de travail a également proposé d'amener le fret non
routier de 14% aujourd'hui à 25% du fret total en 202019(*) (par le lancement de deux
nouvelles lignes pour le fret ferroviaire, nord/sud-est et nord/sud-ouest), et
de lancer un programme de développement massif d'autoroutes maritimes,
sur la façade atlantique et la Méditerranée.
Quant à l'habitat, il a été
décidé de baisser les 200 kilowatts/m2
autorisés à 50 KW/m2 pour l'habitat neuf, sachant
qu'il est devenu techniquement possible de construire des bâtiments
à énergie positive, qui produisent plus d'énergie qu'ils
n'en consomment grâce à leur architecture bioclimatique.
L'interdiction des lampes à incandescence classiques à horizon
2010 doit notamment y contribuer et un bilan énergétique a
été rendu obligatoire dès 2008, l'Etat s'engageant quant
à lui à rénover 800 000 logements sociaux et
bâtiments publics d'ici cinq ans.
La biodiversité :
Selon Luc Abbadie, directeur scientifique adjoint du
département « Environnement et développement
durable » du Centre National de Recherche Scientifique (CNRS) et en
charge de coordonner les actions du CNRS au sein du Grenelle, la crise de la
biodiversité est engagée. En effet, « le rythme de
disparition des espèces est affolant, il s'évalue en
années ou dizaine d'années, alors que celui de leur apparition
tourne autour de la centaine de milliers ou du million
d'années »20(*). Avis relayé par Alain Bougrain Dubourg,
journaliste, producteur et réalisateur de télévision,
selon lequel « la dégradation de la biodiversité
annonce celle de l'homme »21(*).
A ce sujet, le groupe concerné a
préconisé des « bons points » en faveur des
agriculteurs qui s'engageraient dans une réduction des pesticides et
dans la préservation des milieux, et a proposé, pour
protéger les 641 espèces menacées, de créer une
« trame verte nationale », constituée de corridors
écologiques reliant les espaces naturels afin d'éviter le
morcellement des espaces naturels et de permettre aux espèces de mieux
circuler.
L'environnement et la santé :
Il s'agit ici de mener principalement une politique de
prévention face aux polluants liés au transport routier (en
particulier les particules fines rejetées par les moteurs diesel,
polluants particulièrement dangereux) pour anticiper les risques qui y
sont liés, notamment les maladies respiratoires et cardio-vasculaires.
La pollution atmosphérique, subie chaque jour par des millions de
personnes, restant une préoccupation majeure de santé publique,
le groupe santé du Grenelle a décidé de la placer en
tête de ses préoccupations, en proposant d'établir
« dans un premier temps un seuil maximal de 15 microgrammes par
m3 en moyenne annuelle pour les particules fines, [...] pour
lesquelles aucune norme n'existe actuellement »22(*), puis de viser à terme
le seuil de 10 microgrammes par m3, alors qu'une directive
européenne en cours d'élaboration prévoit une valeur de 25
microgrammes par m3, sous la pression des nouveaux Etats membres de
l'UE. Le filtre à particules n'étant obligatoire sur les
véhicules neufs qu'à partir de 2011 en Europe, le groupe
conseille de réduire le trafic routier au profit des transports en
commun et du fret non routier, et d'encourager le développement de
véhicules propres.
D'autres sujets, comme la qualité de l'air
intérieur des bâtiments, l'impact des radiofréquences, des
nanoparticules, des pesticides, etc. ne sont pas non plus
négligés.
La production et la consommation durable :
Le groupe concerné s'est mis d'accord sur une
augmentation de la surface agricole consacrée aux cultures biologiques,
pour passer de 2% actuellement à 6% en 2012 et 20% en 202023(*), et sur l'interdiction de la
cinquantaine de substances jugées les plus dangereuses dans les cinq ans
à venir. Et il a été annoncé des ruptures dans
les processus industriels, commerciaux et administratifs, ainsi qu'une
suspension des cultures commerciales d'OGM (organismes
génétiquement modifiés) en attendant les conclusions d'une
expertise.
En outre, un objectif de baisse de la production des
déchets de 5 kg par habitant et par an a été
adopté, avec une contrainte supplémentaire, qu'il n'y ait pas de
nouvel incinérateur sans que la destruction des déchets ne serve
à produire de l'énergie.
La démocratie écologique :
L'événement a également permis aux ONG
environnementales d'être reconnues comme des partenaires pour les
négociations, aux côtés de partenaires économiques
et sociaux. C'est ici l'accès à la connaissance, l'expertise
plurielle et les capacités de médiation qui sont
revendiqués par ce cinquième groupe de travail.
Une réforme pour inscrire le pilier environnemental au
même niveau que les piliers économique et social du
développement a été adoptée, ainsi qu'un
renforcement des actions d'éducation et de sensibilisation au
développement durable.
L'économie et l'écologie :
L'idée serait de s'orienter vers une nouvelle
fiscalité, par une taxe énergie, une taxe poids lourd au
kilomètre parcouru, une redevance sur les ordures
ménagères en fonction du poids, et de faire émerger un
prix des biens qui intégrerait la vérité des prix
écologiques, en mettant en place une TVA réduite sur les produits
écologiques.
Nicolas Sarkozy a également proposé de doubler
la fiscalité écologique nationale, en la faisant passer de 2,3
à 5% du PIB en cinq ans, et en se penchant sérieusement sur une
mesure chère à Nicolas Hulot (la taxe carbone), « la
création d'une taxe climat-énergie, [...] impôt
« écolo » qui pourrait être compensé
par un allégement de la taxation du travail »24(*).
Bien sûr, nous n'avons pas évoqué toutes
les propositions qui ont été faites puis retenues (au nombre de
26825(*)) à
l'occasion du Grenelle de l'environnement, mais simplement les grandes
pensées qui ont été soulignées lors de cet
événement, qui n'est seulement qu'un commencement, comme le
rappelait Nicolas Sarkozy lors de sa clôture, avant d'ajouter :
« La France n'est pas en retard, mais elle veut désormais
être en avance ». Bel exemple montré par le pays
qui prendra la tête de l'Union européenne en juillet 2008.
Le Grenelle de l'environnement, au-delà de la prise de
conscience exprimée par l'ensemble des acteurs qui y ont
participé, a eu le mérite de mettre deux grands principes en
vigueur, exprimés par le président de la République
française :
« Premier principe : Tous les grands projets
publics, toutes les décisions publiques seront arbitrées en
intégrant leur coût pour le climat, leur `coût en carbone'.
Toutes les décisions publiques seront arbitrées en
intégrant leur coût pour la biodiversité. Très
clairement, un projet dont le coût environnemental est trop lourd sera
refusé.
Deuxième principe : Renverser la charge de la
preuve. Ce ne sera plus aux solutions écologiques de prouver leur
intérêt. Ce sera aux projets non écologiques de prouver
qu'il n'était pas possible de faire autrement. Les décisions non
écologiques devront être motivées et justifiées
comme dernier recours »26(*).
Loi Grenelle 2
La loi portant engagement national pour l'environnement, dite
Grenelle 2, vient d'être promulguée le 12 juillet 2010. Elle
décline, thème par thème, les objectifs
entérinés par le premier volet législatif du Grenelle
Environnement (loi Grenelle 1). C'est un texte d'application, de
territorialisation et de mise en oeuvre de six chantiers majeurs : le
bâtiment et l'urbanisme, les transports, l'énergie, la
biodiversité, les risques, la gouvernance.
Dès sa campagne présidentielle début
2007, Nicolas Sarkozy avait promis à Nicolas Hulot la mise en place d'un
« Grenelle de l'environnement » s'il était
élu. Promesse tenue.
Tout comme la conférence de Bali, vue
précédemment, cet événement aura néanmoins
pu laisser un sentiment mitigé, certains sujets n'ayant pas
trouvé de consensus. Verre à moitié plein pour certains,
verre à moitié vide pour d'autres. Pourtant, il aura eu le
mérite de mettre à plat le fruit d'un immense travail, et de
paver les principaux chemins à suivre dans les années à
venir, à commencer par 2008, qui doit selon Jean-Louis Borloo, ministre
de l'Écologie, du développement et de l'aménagement
durables, être « l'année du passage à
l'acte »27(*),
grâce notamment à l'instauration de réglementations et
normes de plus en plus strictes.
Une prise de conscience qui touche bien évidemment les
consommateurs, qui réalisent que le développement durable est un
phénomène qui a trait directement à leur mode de vie et
donc à leur mode de consommation. Ils deviennent de plus en plus
exigeants et réalisent qu'ils ont un rôle à jouer et des
moyens d'action efficaces à faire valoir pour faire changer les choses.
1.1.4.2
L'évolution des mentalités et des comportements
La notion de développement durable n'est plus inconnue
des Français. C'est la conclusion d'une étude TNS Sofres
réalisée auprès d'un échantillon de 4 667
personnes de plus de 15 ans et publiée le jeudi 3 avril 2008, le
graphique ci-contre étant représentatif de cette
étude28(*).
Les Français connaissent de mieux en mieux et
appliquent de plus en plus les gestes écologiques du quotidien.
Une autre étude29(*) vient confirmer ce changement de mentalité
chez les particuliers, 91% des Français plaçant la protection de
l'environnement en tête de leurs préoccupations30(*).
Constat similaire parmi les étudiants interrogés
dans le cadre du programme « Dialogues Equation 2008 »
mené par l'organisme de formation Companieros, qui révèle
que, pour 87% d'entre eux, le développement durable est une
démarche qui donne envie de s'impliquer31(*). Information qui a son importance puisque ces
étudiants représentent l'avenir, tout comme l'idée
centrale du développement durable.
2 Gouvernance
d'entreprise et développement durable ; les nouveaux
inséparables
2.1 Une marche forcée,
dictée par l'éthique, la responsabilité sociale et
l'environnement.
Vingt ans après le rapport Brundtland de 1987, les
concepts de développement durable n'ont jamais été aussi
présents dans le débat social qu'aujourd'hui. Véritable
sujet de société depuis 20 années, le développement
durable dépasse la notion de croissance économique et place les
enjeux sociétaux au centre de la problématique de choix du court
terme sur le long terme.
Commerce équitable, entreprises
« vertes », labels bio, mixité du personnel au sein
des entreprises... sont des termes et des concepts récurrents du langage
économique d'aujourd'hui et posent les enjeux organisationnels de
demain.
Aujourd'hui, nul entreprise ne peut ne
méconnaître son obligation ou son engagement à
l'égard de son environnement au sens large. La théorie des
parties prenantes permet de définir, devant qui, s'exerce la
responsabilité. Les responsabilités de l'entreprise
s'étendent sur trois champs ; économique, social et
écologique.
Dans le champ économique, elle doit assurer la
poursuite de son activité afin de pérenniser ses revenus et
production. Elle est donc responsable face à ses salariés mais
également fournisseurs, clients, actionnaires.
Dans le champ social, sa responsabilité intervient en
tant que fournisseur d'emplois, elle participe à ce titre à la
structuration de la société. C'est essentiellement un engagement
en termes de conditions de travail tant pour le producteur que pour ses
fournisseurs.
Enfin, dans le champ écologique, l'entreprise est
engagée dans la vie et l'aménagement d'un territoire. Les parties
prenantes « tout groupe ou individu qui affecte ou est affecté par
l'accomplissement des objectifs de l'organisation »32(*) sont donc les salariés,
les fournisseurs, les clients, les actionnaires et également les agents
concernés par l'insertion de l'entreprise dans les champs social et
écologique.
Nous pouvons alors distinguer les parties prenantes primaires
et secondaires33(*). Les
salariés, fournisseurs et clients, actionnaires (parties prenantes
primaires) sont impliqués directement dans le processus
économique et ont un contrat explicite avec l'entreprise. En revanche,
les parties prenantes secondaires ont des relations volontaires ou non avec la
firme, ce sont les associations de riverains, les collectivités
territoriales par exemple. En revanche, au niveau local, les parties prenantes
secondaires deviennent plus importantes : intégration dans le quartier
ou la région, adaptation locale, pour créer du trafic. Une
politique marketing spécifique doit être développée
à l'égard des parties prenantes primaires et secondaires.
La gouvernance est l'exercice de l'autorité en vue de
gérer une entreprise à tous les niveaux dans
l'intérêt de toutes les parties prenantes (actionnaires,
salariés, société civile...). Nous allons voire en quoi
elle est contrainte de répondre aux exigences du développement
durable. Nous aborderons tout d'abord les notions d'éthique, puis de
responsabilité sociale de l'entreprise et enfin d'environnement.
2.1.1
L'éthique
2.1.1.1 La notion
d'éthique
Les termes d'éthique, de morale et de
déontologie sont souvent employés indistinctement dans la vie des
affaires, alors qu'ils ont chacun un sens spécifique.
L'éthique se définit comme «la recherche
des fondements rationnels du bien agir ». Il s'agit d'abord d'une
interrogation sur les comportements acceptables ou non par une personne ou par
une organisation. Son origine remonte à la philosophie grecque qui
recherche des principes justes pour guider l'action humaine.
Lorsque l'on parle de la morale, il s'agit de «
l'ensemble des normes sociales qui s'imposent à une personne ». Son
origine est romaine. Plus pragmatiques que les Grecs anciens, les latins
recherchent des principes d'action qui constitueront les fondements du droit.
La morale définit des principes formels et impératifs qui
s'imposent aux personnes physiques et morales.
La déontologie est constituée de
«l'ensemble des règles professionnelles visant à respecter
l'intérêt des clients et des confrères ». Ce terme est
plus moderne et d'une portée plus limitée. Il concerne les
activités professionnelles et était initialement utilisé
en médecine. Actuellement, de nombreuses professions disposent d'un code
de déontologie qui définit les règles professionnelles
à respecter.
La question éthique répond à la
problématique du bien et du juste.
L'éthique d'un individu est ce qui sous-tend ses
comportements vis-à-vis d'autrui, ou vis-à-vis de son
environnement.
L'éthique est une démarche visant, face à
un problème donné à adopter la meilleure solution en
s'appuyant sur des valeurs apprises, admises et intégrées et en
tenant compte du contexte dans lequel le problème se pose factuellement.
Il s'agit donc d'une disposition individuelle à agir selon les vertus.
Elle se rapproche plus d'une construction personnelle progressive avec des
choix personnalisés pour faire au mieux.
Elle permet l'amélioration de soi et ainsi, ce qui est
intéressant dans le monde des affaires l'amélioration de sa
performance au travail. Elle implique une vision humaniste de l'entreprise et
de chaque personne qui la compose.
L'éthique dans l'entreprise implique la réussite
de l'art des affaires à long terme. Toutefois, l'éthique doit
s'adapter à cette réalité de l'entreprise qui est la
profitabilité, c'est donc trouver le meilleur moyen de gérer les
richesses de l'entreprise. L'éthique, cela veut dire créer de la
confiance avec ses partenaires pour son image, pour sa réputation.
Toutefois c'est tout de même un travail de fond, car on
ne peut tricher de façon continue et les entreprises seulement quand
elles appliquent en profondeur l'éthique peuvent en tirer profit.
L'éthique des affaires est une réflexion sur les pratiques
d'affaires dans lesquelles sont impliquées les normes et les valeurs des
individus, des entreprises et de la société.
De tout temps les valeurs morales sont et seront
indispensables au bon fonctionnement de l'entreprise. L'éthique c'est
l'art de la réussite à long terme, qui suppose d'une part le bien
pour soi (en affaires c'est la performance), mais seulement dans le respect des
autres (déontologie).
Une montée de l'éthique apparait après
toute une série de scandales qui ont eu lieu ces dernières
années. En effet, un recul des valeurs traditionnelles a
été remarqué et le monde des affaires manque de
repères, l'éthique devient vitale pour les entreprises, qui plus
est dans un environnement instable.
Par ailleurs, les contraintes légales ne suffisent pas
à garantir l'honnêteté des relations d'affaires :
- La loi n'est pas toujours respectée, la
mondialisation fait apparaître les failles de chaque pays exploité
par les entreprises.
- Les pratiques commerciales sont tentées de se
rapprocher de celles des pays les plus corrompus.
- Les textes sont difficiles à interpréter, donc
à respecter.
- Les multiples décisions de gestion sollicitent
l'éthique du décideur en permanence, d'une manière
informelle.
- Les parties prenantes demandent des comptes aux entreprises,
inspirent à plus de transparence et à un retour aux sources
morales.
- Le renforcement de l'éthique est aussi le
résultat de l'augmentation du pouvoir de choix des consommateurs et du
consumérisme.
La société va donc vers une phase de
recomposition qui devrait devenir permanente pour permettre
l'amélioration continue.
2.1.1.2 Ethique et gouvernance
Dans l'entreprise, la relation spécifique entre
l'actionnaire et le dirigeant que l'on connait sous le nom de gouvernance
soulève une série d'enjeux éthiques importants, qui
procèdent d'éventuels conflits d'intérêts.
Dit autrement, les intérêts des uns et des autres
peuvent diverger en de nombreux points et créer des conflits moraux que
l'éthique se charge d'interroger et si possible de résoudre en
cherchant à aller dans le sens de l'équité entre les
parties concernées.
Dans la perspective d'une gouvernance d'entreprise
élargie incluant à la fois l'interne (employés) et
l'externe (les clients, les fournisseurs, les communautés locales
considérées dans une perspective sociale et environnementale),
il est donc nécessaire de considérer la responsabilité
à la fois des actionnaires et des dirigeants à l'endroit de tous
les acteurs concernés d'une façon ou d'une autre par les
activités de l'entreprise.
Un comportement responsable de l'actionnaire vis-à-vis
des autres parties prenantes consiste à rendre en compte leurs
intérêts et préoccupations. Que cela soit dicté par
des convictions pures ou par simple réalisme, l'éthique de
l'actionnaire a une répercussion évidente sur la valeur
financière de son entreprise, son image et sa réputation en
Bourse.
Dans la relation qui s'établit entre le top manager et
les autres parties prenantes, la nécessité de traiter aussi
l'Autre comme une fin en soi et non seulement comme un moyen au service du
profit financier de l'entreprise s'impose de façon plus
systématique et certainement plus complexe, dans la mesure où cet
enjeu se pose en permanence dans le quotidien de la vie de l'entreprise. La
démarche éthique vise donc :
- Le respect du salarié (sauvegarde d'une vie
privée, discriminations de sexe, de race, d'ethnie condamnable, rapports
supérieurs/subordonnés analysés...)
- L'information des salariés sur les choix
stratégiques; un climat de transparence et de confiance.
- La politique sociale de maintenir des emplois dans les
régions, le partage du temps de travail, montrent l'intérêt
porté aux salariés, et les mobilisent.
- La relation client/fournisseur : d'une part le respect
du client, de l'autre part la dénonciation des fournisseurs
« non éthiques » fonctionnant dans des conditions
moralement inacceptables et le refus de s'approvisionner auprès d'eux.
- L'importance accordée à la protection de
l'environnement.
La « bonne gouvernance » constitue un
enjeu éthique pour lequel toutes les parties prenantes devraient se
sentir concernées.
2.1.1.3
L'éthique, oui mais...
Le discours sur l'éthique est parfois
dénoncé comme une manoeuvre pour cacher l'exploitation
capitaliste.
De ce fait, pour certains l'éthique n'est qu'une
nouvelle mode managériale, de circonstance pour atténuer les
conflits internes (salariés, actionnaires, clients, fournisseurs) et
préserver les intérêts des propriétaires des
entreprises. L'éthique ne servirait alors qu'à dissimuler les
grandes inégalités quant à la propriété des
biens de production et la répartition des richesses.
Mais au-delà de l'organisation, l'éthique repose
sur la conscience morale de chacun dans l'entreprise. L'éthique renvoie
chaque salarié, dirigeant ou exécutant, à sa propre
conscience. Tous les codes d'éthique resteront lettre morte s'ils ne
trouvent pas d'échos dans le comportement des acteurs de l'entreprise.
2.1.2
Responsabilité sociale de l'entreprise
La responsabilité sociale des entreprises consiste
à prendre en considération les enjeux et valeurs du
développement durable dans leur gouvernance.
Comme nous avons pu le voir dans la première partie,
la nécessité de la prise en compte des enjeux sociétaux
par les entreprises est due à une véritable prise de conscience
de la part des citoyens. Prise de conscience opérée par les ONG
et associations, qui non contente de se tenir aux discours jugent aujourd'hui
les actes et disposent d'une crédibilité auprès des
citoyens qui leurs permettent d'exercer un pouvoir implicite sur la
gouvernance des entreprises. Au-delà de l'image même que
l'entreprise renvoie et des conséquences que cela comporte au niveau du
chiffre d'affaires, la responsabilité sociale de l'entreprise induit de
changer les modes traditionnels de gouvernance et impacte l'entreprise dans son
ensemble.
Aujourd'hui il est très difficile pour les entreprises
de renier les nouvelles responsabilités qui lui ont été
attribuées par la société civile. Elles doivent donc
penser leur gouvernance en intégrant une logique d'éthiquement
correcte et prendre au sérieux leur rôle d'acteurs du
développement durable.
Véritable réponse aux attentes actuelles des
consommateurs, la mise en place d'une gouvernance intégrant la logique
de responsabilité sociale des entreprises, peut également
permettre d'opérer un changement organisationnel profond au sein de
l'entreprise et être l'opportunité de développer de
nouvelles méthodes de gestions des ressources humaines. Cependant, cette
mise en place ne se fait pas sans difficulté, une implication importante
des acteurs de l'entreprise est indispensable.
Dans cette perspective, les difficultés liées
à la mise en place de la RSE dans les entreprises seraient
dépassées par l'implication profonde et intelligente de la
société dans cette démarche.
2.1.2.1
L'entreprise responsable face à son environnement social : Quel
périmètre ?
2.1.2.1.1 la dimension externe
La responsabilité sociale des entreprises
s'étend au-delà du périmètre de l'entreprise,
jusque dans la communauté locale, et implique, en dehors des
salariés et des actionnaires, un vaste éventail de parties
prenantes: partenaires commerciaux et fournisseurs, clients, pouvoirs publics
et ONG représentant la communauté locale ainsi que
l'environnement. Dans un monde caractérisé par des
investissements multinationaux et des chaînes de production se
déployant à l'échelle de la planète, la
responsabilité sociale des entreprises doit aussi dépasser les
frontières de l'Europe. La rapidité de la mondialisation a
encourager un débat sur le rôle et le développement d'une
gouvernance au niveau planétaire, nous permet de considérer que
l'élaboration de pratiques volontaires dans le domaine de la
responsabilité sociale des entreprises y contribue aussi.
Communautés locales (parties prenantes
secondaires)
La responsabilité sociale des entreprises a aussi trait
à l'intégration des entreprises dans leur milieu local, que ce
soit au niveau européen ou international. Les entreprises apportent leur
contribution à la communauté, locale, notamment en fournissant
des emplois, des salaires et prestations ainsi que des recettes fiscales.
Inversement, les entreprises dépendent de la bonne santé, de la
stabilité et de la prospérité des communautés qui
les accueillent. À titre d'exemple, elles recrutent la majorité
de leurs salariés sur le marché local du travail et ont donc un
intérêt direct à ce que les qualifications dont elles ont
besoin soient disponibles localement. En outre, les PME trouvent
également la plupart de leurs clients dans leur environnement
immédiat. La réputation d'une entreprise sur son site, son image
en tant non seulement qu'employeur et producteur, mais aussi acteur de la vie
locale, influent certainement sur sa compétitivité.
Les entreprises interagissent aussi avec leur environnement
naturel local. Certaines comptent sur un environnement propre pour leur
production ou leur offre de services -- propreté de l'air, de l'eau ou
axes routiers non congestionnés. Il peut aussi exister une relation
entre l'environnement naturel local et la capacité de l'entreprise
à attirer des travailleurs dans sa région d'accueil.
Par ailleurs, les entreprises peuvent aussi être
à l'origine de nombreuses activités polluantes: bruit,
lumière, pollution de l'eau, émissions dans l'air, contamination
des sols ainsi que tous les problèmes écologiques liés au
transport et à l'élimination des déchets.
Les entreprises les plus sensibles à la protection de
l'environnement interviennent donc souvent dans l'éducation à
l'écologie de leur communauté selon une double approche. De
nombreuses entreprises s'engagent dans la vie locale, en particulier en
proposant des formations professionnelles supplémentaires, en soutenant
les associations de protection de l'environnement à but non lucratif, en
recrutant parmi les exclus, en fournissant à leurs salariés des
structures de garde d'enfants, en nouant des partenariats locaux, en parrainant
des manifestations sportives ou culturelles locales ou en faisant des dons
à des oeuvres charitables. Le développement de relations
positives avec la communauté locale et, par là même,
l'accumulation de capital social sont particulièrement importants pour
les entreprises extérieures. Les multinationales ont de plus en plus
souvent recours à ce type de relations pour soutenir
l'intégration de leurs filiales sur leurs différents
marchés d'implantation. La familiarité des entreprises avec les
acteurs locaux, les traditions et les avantages de l'environnement local est un
atout sur lequel elles peuvent capitaliser.
Les institutions financières peuvent jouer un
rôle particulier grâce à l'investissement solidaire,
autrement dit le financement direct de projets bénéficiant
spécifiquement à certaines communautés ou
circonscriptions, notamment dans des zones défavorisées. Ce type
d'investissement revêt généralement la forme de prêts
pour des projets peu coûteux d'habitation ou de dépôts
auprès de banques de développement local, à des taux soit
égaux soit inférieurs à ceux du marché.
De même, reconnaissant qu'un accès universel aux
services d'intérêt économique général
à des prix abordables est au coeur du modèle européen de
société, certaines entreprises, lorsqu'un tel accès n'est
pas garanti par la législation, s'efforcent de l'assurer dans le cadre
de leur responsabilité sociale, par exemple pour des services bancaires
élémentaires. En outre, la CES (Confédération
européenne des syndicats) et le CEEP (Centre européen des
entreprises à participation publique et des entreprises
d'intérêt économique général) ont soumis une
proposition conjointe de charte des services d'intérêt
général en juin 2000.
Partenaires commerciaux, fournisseurs et consommateurs
(parties prenantes primaires)
En travaillant en étroite collaboration avec leurs
partenaires commerciaux, les entreprises peuvent réduire la
complexité et le coût de leurs opérations tout en
augmentant la qualité. La sélection des fournisseurs ne passe pas
toujours exclusivement par une procédure concurrentielle d'appels
d'offre. Les relations avec les partenaires au sein d'alliances et
d'entreprises communes ou avec les franchisés sont également
importantes. À long terme, les relations tissées peuvent se
traduire par des prix, des clauses et des attentes équitables, ainsi que
par une garantie de qualité et une prestation fiable.
Néanmoins, lorsqu'elles adoptent des pratiques
responsables dans le domaine social, et environnemental, les entreprises
doivent veiller à respecter les dispositions pertinentes du droit
communautaire et national de la concurrence. Les grandes entreprises ont en
même temps des relations commerciales avec de petites
sociétés, que ce soit parmi leurs clients, fournisseurs,
sous-traitants ou concurrents. Les entreprises devraient être conscientes
que leurs performances sociales peuvent pâtir des pratiques de leurs
partenaires et fournisseurs tout au long de la chaîne de production. Les
retombées des mesures de responsabilité sociale d'une entreprise
ne seront pas limitées à cette dernière, mais toucheront
également ses partenaires économiques. Tel est, en particulier,
le cas des grandes entreprises qui ont externalisé une partie de leur
production ou de leurs services et peuvent donc avoir assumé une
responsabilité sociale supplémentaire, vis-à-vis de leurs
fournisseurs et du personnel de ces derniers; en outre, il ne faut pas oublier
que, parfois, la santé économique des fournisseurs dépend
principalement ou entièrement d'une seule grande entreprise.
Certaines grandes entreprises manifestent leur
responsabilité sociale en promouvant l'esprit d'entreprise dans leur
région d'accueil. Citons, à titre d'exemple, les programmes de
tutorat à l'intention des start-up et des PME locales, ou l'assistance
fournie aux petites entreprises pour la rédaction de rapports sociaux ou
pour la diffusion de leurs activités en matière de
responsabilité sociale. Le corporate venturing constitue une
autre manière pour les grandes entreprises de faciliter la
création d'entreprises novatrices. Le corporate venturing
signifie que la grande entreprise acquiert une part minoritaire dans le capital
d'une start-up prometteuse et promeut son développement.
2.1.2.1.2 la dimension interne
Au sein de l'entreprise, les pratiques socialement
responsables touchent premièrement les salariés et concernent,
par exemple, l'investissement dans le capital humain, la santé et la
sécurité, ainsi que la gestion du changement, tandis que les
pratiques écologiques responsables ont surtout trait à la gestion
des ressources naturelles utilisées dans la production. Elles ouvrent
une voie permettant de gérer le changement et de concilier le
développement social et une compétitivité accrue.
Gestion des ressources humaines
Aujourd'hui, l'un des défis majeurs des entreprises est
d'attirer et de garder les travailleurs qualifiés. Dans un tel contexte,
des mesures adéquates pourraient inclure l'éducation et la
formation tout au long de la vie, la responsabilisation du personnel, une
amélioration de l'information dans l'entreprise, un meilleur
équilibre entre le travail, la famille et les loisirs, une plus grande
diversité des ressources humaines, l'application du principe
d'égalité pour les rémunérations et les
perspectives de carrière des femmes, la participation aux
bénéfices et les formules d'actionnariat, ainsi que la prise en
compte de la capacité d'insertion professionnelle et de la
sécurité de l'emploi. Il s'est aussi avéré qu'une
gestion et un suivi actifs des salariés absents pour cause
d'incapacité ou d'accident se traduisaient par une réduction des
coûts.
Des pratiques responsables de recrutement pourraient faciliter
l'embauche de personnes issues de minorités ethniques, de travailleurs
âgés, de femmes, de chômeurs de longue durée et des
personnes défavorisées sur le marché de l'emploi. De
telles pratiques sont essentielles pour atteindre les objectifs de la
stratégie européenne pour l'emploi, à savoir
réduire le chômage, augmenter les taux d'emploi et lutter contre
l'exclusion sociale.
Pour ce qui est de l'éducation et de la formation tout
au long de la vie, les entreprises ont un rôle primordial à jouer,
et cela à plusieurs niveaux: en aidant à mieux définir les
besoins en formation grâce à un partenariat étroit avec les
responsables locaux concevant les programmes d'éducation et de
formation, en facilitant le passage des jeunes de l'école au monde du
travail au moyen, par exemple, de postes d'apprentis, en valorisant la
formation, notamment grâce à la validation de l'expérience
antérieure et en instaurant un environnement propice à
l'éducation et à la formation tout au long de la vie.
Santé et sécurité au
travail
La santé et la sécurité au travail ont
traditionnellement été surtout abordées par le biais de
mesures législatives et coercitives. Cependant, la tendance à
l'externalisation du travail auprès de sous-traitants et de fournisseurs
rend les entreprises plus dépendantes de la façon dont ces
derniers respectent les normes de santé et sécurité,
surtout ceux travaillant dans leurs propres locaux.
Les entreprises, les gouvernements et les organisations
professionnelles s'intéressent de plus en plus à des formes
complémentaires de promotion de la santé et de la
sécurité, en faisant de cette question un critère de
sélection pour l'acquisition de produits et de services auprès
d'autres entreprises et un élément de marketing pour la promotion
de leurs propres produits et services.
Ces démarches volontaires peuvent être
considérées comme complémentaires de la législation
et des contrôles des pouvoirs publics puisqu'elles visent, elles aussi,
une culture de la prévention, autrement dit un niveau plus
élevé de sécurité et de protection de la
santé sur le lieu de travail. Parallèlement à cette
focalisation accrue sur les résultats obtenus en matière de
santé et de sécurité au travail ainsi que sur les
qualités des produits et des services, il est de plus en plus
exigé que ces qualités soient mesurées, documentées
et communiquées dans le cadre de la politique de marketing de
l'entreprise.
Des critères de santé et de
sécurité au travail ont été inclus, à divers
degrés, dans les programmes existants de certification et de label des
produits ou des équipements. Des programmes de certification des
systèmes de gestion et des sous-traitants, principalement axés
sur la santé et la sécurité sur le lieu de travail, ont
également été lancés34(*). Le label suédois de
matériel de bureau « TCO labelling schème »
est un label adopté sur une base volontaire. Il entend stimuler les
fabricants à concevoir un équipement plus sûr du point de
vue professionnel et plus respectueux de l'environnement, aider les
acquéreurs à choisir du matériel moins
préjudiciable aux utilisateurs comme à l'environnement externe et
fournir aux acheteurs ainsi qu'aux vendeurs un label clairement défini
permettant un gain de temps, d'énergie et de coût lors de
l'achat35(*).
En outre, comme les entreprises et les organisations ont
tendance à inclure des critères de santé et de
sécurité lors des passation des marchés, il est devenu
possible d'élaborer des procédures génériques de
passation des marchés. Elles peuvent être fondées sur des
exigences devant être respectées par les systèmes de
formation, ou de gestion de la santé et la sécurité des
contractants, grâce auxquelles une tierce partie peut réaliser la
«certification» ou l'approbation initiale du contractant.
Adaptation au changement
Les restructurations à grande échelle
observées en Europe suscitent des inquiétudes chez l'ensemble des
salariés et des autres parties prenantes, car la fermeture d'une
entreprise ou des suppressions massives d'emplois peuvent provoquer une crise
économique, sociale ou politique grave dans une communauté.
Restructurer dans une optique socialement responsable, c'est
équilibrer et prendre en compte les intérêts et
préoccupations de toutes les parties concernées par les
changements et les décisions. Concrètement, dans une
restructuration, la forme est souvent aussi importante que le fond. Il convient
notamment d'assurer la participation et l'implication des
intéressés par une procédure ouverte d'information et de
consultation. En outre, toute restructuration doit être soigneusement
préparée, les risques les plus importants devant être
identifiés, tous les coûts -- directs et indirects -- des
différentes options stratégiques calculés et toutes les
solutions susceptibles de limiter les licenciements évaluées.
L'expérience des grandes restructurations effectuées en Europe
dans l'industrie sidérurgique, charbonnière ou navale montre que
de telles opérations réussissent mieux si elles se fondent sur
les efforts conjoints des pouvoirs publics, des entreprises et des
représentants du personnel. Ce type de procédure devrait viser
à protéger les droits des salariés et à leur
proposer, si nécessaire, une reconversion professionnelle. Les
entreprises doivent assumer leur part de responsabilité afin de garantir
la capacité d'insertion professionnelle de leurs salariés. En
s'engageant dans le développement local et dans des politiques actives
du marché de l'emploi à travers des partenariats en faveur de
l'emploi local et/ou de l'insertion sociale, les entreprises peuvent
atténuer les retombées sociales, à l'échelon local,
des grandes restructurations.
2.1.2.2 La RSE,
obligations et opportunités
Un impact en terme d'image
La société civile dans son ensemble a compris
et intégré les enjeux du développement durable dans son
mode de pensée, ces enjeux occupent désormais le devant de la
scène médiatique et prennent une grande place au sein du
débat public. On assiste en effet à un réel engouement des
citoyens pour les valeurs éthiques, écologiques, sociales
définies dans la notion de développement durable. Ceux-ci en ont
fait un critère de choix, que ce soit lors de leurs consommations ou des
investissements. Cette « consommation responsable consiste à
payer un prix plus élevé pour des biens ou services qui
bénéficient à la communauté »36(*) . Les clients et investisseurs
des entreprises ont donc modifié leurs attentes et attribué une
nouvelle responsabilité aux entreprises. Ces dernières peuvent
donc user de cette nouvelle attente et responsabilité pour en faire un
argument marketing et donc disposer d'un avantage concurrentiel certain sur
d'autres entreprises n'ayant pas mis en place de démarche RSE. Cette
vision « marketing » de la RSE peut s'inscrire dans une
politique de fidélisation de la clientèle, comme un dispositif
à part entière au côté des offres promotionnelles et
autres outils traditionnels.
Ainsi, l'exemple des grandes surfaces E.Leclerc est à
ce titre intéressant : en remplaçant en 1996 (soit 10 ans
avant ses principaux concurrents) les sacs de caisse traditionnels par des
cabas consignés, cette entreprise a développé une image de
marque militante et responsable, image correspondant aux valeurs
communément admises dans la société tout entière.
Notons également que cette entreprise a contribué à
réduire ses coûts dans la mesure où en 1995 elle
distribuait un milliard de sacs de caisse par an alors qu'elle n'en distribue
plus que 50 millions actuellement.
Une logique sensiblement équivalente peut être
mise en évidence chez les firmes cherchant à lever des capitaux
actuellement via notamment l'engouement qui est porté pour les fonds
d'investissement socialement responsables.
La RSE permet donc de valoriser, dans une proportion
difficilement évaluable, l'actif immatériel que constitue la
marque liée à l'entreprise.
La simplification des rapports sociaux avec les
parties prenantes
Au-delà du simple aspect de l'image
de marque de l'entreprise avec ses clients et investisseurs, la RSE peut
également permettre de faciliter les relations que l'entreprise a avec
ses tiers : pouvoirs publics, syndicats, associations et citoyens. En
effet, une entreprise, quelque soit son activité ne peut produire
librement sans l'aval de la « Société ». Cet
aval peut s'exprimer de manière directe via une autorisation ou permis
délivré par les autorités publiques ; ou de
manière plus implicite via le boycott d'un produit ou la contestation de
la légitimité de l'entreprise (ex : manifestations contre
l'installation d'une usine polluante...).
La RSE permet en ce point de faciliter les relations, susciter
la bienveillance des tiers lors de son activité et de prévenir
d'éventuels conflits avec ces tiers. Il est aisé de comprendre
qu'il est plus facile pour une entreprise d'exercer son activité dans un
cadre bienveillant que dans un cadre de suspicion récurrente. Cette
notion d'aval de la société porte le nom de « licence
to operate », concept bien connu de la firme EDF qui s'y est
heurtée à la fin des années 70 au sujet de l'implantation
d'une centrale nucléaire sur la commune de Plogoff (29), projet qui a du
être abandonné suite à l'hostilité de l'opinion
publique locale.
Afin de faciliter les relations avec ses tiers, l'entreprise
peut envisager des partenariats avec des associations ou les pouvoirs publics
afin d'officialiser son engagement et créer des effets de synergie.
Ainsi, SFR en instaurant des partenariats avec des acteurs du monde du handicap
(AGEFIPH) a développé de nouveaux services en lien avec ses
principes initiaux : favoriser la mobilité des individus. C'est
là un exemple de synergies possible entre le monde associatif et le
monde de l'entreprise, synergie rendue possible par la mise en place d'une
démarche RSE dans l'entreprise.
Notons à ce titre les résultats d'un
récent sondage37(*)
réalisé auprès des Français, placent les ONG en
première place de crédibilité en terme de changement
social et de mouvement de société. D'où l'importance de
développer des partenariats avec le monde associatif afin d'obtenir une
certaine crédibilité auprès de la population.
Un avantage, l'anticipation
Dans une optique de prévision et d'anticipation, la
mise en place d'une démarche RSE permet de projeter l'entreprise dans
des perspectives de long terme. Perspectives très étroitement
liées à la définition même du développement
durable, une définition incluant des impératifs de prise en
compte du futur sur la prise de décision immédiate. Outre les
inconvénients que cela comporte, l'entreprise peut le tourner en son
avantage en essayant d'anticiper des modifications des règles
légales (ex : obligation d'employer un certain nombre de personnes
à mobilité réduite au prorata de l'effectif total) et des
évolutions plus vastes (ex : la hausse du prix du pétrole a
fortement impacté la conception de véhicules automobiles). Cette
anticipation peut permettre à l'entreprise de ne pas se retrouver devant
le fait accompli et donc de réagir avec plus de temps à une
évolution anticipée.
Les conséquences directes consistent en la
détention d'un avantage relatif des entreprises sur la création
d'un produit (ex : Toyota a été pionnière en
matière de véhicules hybrides et dispose d'une avance technique
par rapport aux autres constructeurs automobiles) et l'étalement des
coûts liés à la modification de règles
légales (ex : réorganisation de l'outil de production
consécutive ou en prévision de l'embauche de personnes à
mobilité réduite)
Des gains attendus sur le long terme
Enfin, la mise en place de la RSE dans les entreprises permet
souvent de réaliser des gains sur le long terme, gains
consécutifs aux diverses raisons exposées ci-dessus ou gains
spécifiquement liés à la RSE. A titre d'exemple, la
fondation RATP a développé depuis plusieurs années des
partenariats avec des associations de réinsertion de la région
parisienne. Ces partenariats sont entre autres la raison pour laquelle la RATP
a été une des entreprises les moins touchées par les
évènements qui ont affecté les banlieues à
l'automne 2005 et lui ont même permis de maintenir son service.
L'entreprise s'est ici prémunie d'un risque de dégradations (dont
elle n'avait peut être pas anticipée l'ampleur) qui lui a permis
d'éviter des dépenses.
Projeter l'entreprise dans le long terme est une perspective
cohérente avec l'application de la RSE. Si les entreprises ont du mal
à évaluer ce que la RSE va leur «rapporter, elle est en
mesure de savoir ce qu'elle va lui apporter »38(*). Les outils
strictement comptables doivent donc être dépassés dans
l'évaluation d'une telle démarche.
Au-delà des interactions que l'entreprise a avec son
environnement et ses tiers, déjà a eux seuls des arguments de
taille à l'adoption d'une démarche RSE, la RSE peut
également lui permettre d'opérer des changements et
évolutions en interne...
2.1.2.3 La RSE
comme opportunité de changement organisationnel
2.1.2.3.1 Implications en terme de
pilotage de l'action individuelle
La qualité des ressources humaines au sein de
l'entreprise représente un avantage indéniable en matière
de gestion des compétences. Or ces mêmes compétences
représentent-elles un avantage concurrentiel pour la firme qui en
dispose. L'acquisition de ces compétences passe donc par un personnel de
talent, épanoui et motivé. Or les salariés
avérés ou potentiels de l'entreprise développent les
mêmes attentes que les citoyens, attentes exprimées via leur
motivation au travail ou leur choix d'entreprises. L'enjeu pour ces
dernières est donc d'offrir aux salariés un cadre de travail en
accord avec leurs convictions, de créer une certaine proximité
entre la vie privée et la vie professionnelle de ses salariés.
Ces démarches ont des impacts tant sur la fidélité des
salariés (et donc sur la stabilité des équipes) que sur
l'embauche de nouveaux employés. L'entreprise doit pour cela
s'affranchir de sa simple conception en tant que « centre de
profit » pour acquérir un rôle d'acteur dans la
société. L'enjeu sous-jacent étant la motivation
même des employés qui accordent à leur travail des
qualités extra lucratives (ex : sentiment de se sentir
« utile » pour la société)
La mise en place de la démarche RSE passe
également par des actions sociétales concrètes qui
créent une opportunité d'encadrement en dehors du contexte
professionnel. Sur le plan managérial cela correspond à augmenter
la proximité des acteurs au sein des équipes et favorise donc
l'instauration d'un « climat de travail plus serein au sein de
l'entreprise » de même lors de ces actions
« Tout le monde se retrouve en oubliant qu'un tel est directeur,
cadre ou employé »39(*).
La RSE est donc un véritable moyen pour les managers de
susciter de l'adhésion, de la motivation et l'épanouissement des
compétences de chacun dans un cadre de travail plus proche de ses
convictions et de sa vie privée.
2.1.2.3.2 L'accompagnement du changement
organisationnel
Plus général que le pilotage de l'action
individuelle, la RSE peut également être une opportunité de
changement organisationnel ou même être utilisée comme un
outil d'accompagnement de ce changement.
En effet, la RSE en obligeant les entreprises à
modifier leurs processus de production, peut être l'opportunité de
mettre en place un management par la qualité par exemple.
Réduction des déchets, amélioration de la qualité,
baisse du taux de rebuts, sont des principes communs à la gestion de la
qualité et une politique de respect de l'environnement des firmes.
En intégrant dans sa gouvernance le concept de RSE, les
entreprises peuvent ainsi mettre en place une tout autre stratégie,
stratégie d'autant plus facile à mettre en place qu'elle
suscitera l'adhésion d'un personnel soucieux de la prise en compte des
enjeux du développement durable...
L'entreprise peut donc être gagnante sur les deux
plans :
- Sur le volet organisationnel pur (via l'intéressement
des salariés au changement au motif d'une responsabilité
sociétale de l'entreprise)
- Sur le volet de la responsabilité et de la
valorisation de son capital immatériel que nous avons
développé plus haut.
À titre d'exemple, la firme Quiksilver Europe a
intégré dans sa gestion des ressources humaines un système
de promotions et de primes relatives à leur engagement dans certaines
actions que l'entreprise mène en matière de protection de
l'environnement. Le but n'étant pas de les inciter à s'investir
dans ces actions en soi mais de légitimer et justifier la certification
de l'entreprise en ISO 14001 et impliquer le personnel de la firme dans cette
démarche.
2.1.2.3.3 Implications en terme de
culture d'entreprise
La RSE peut également être un motif de
coopération interne via l'instauration d'une culture d'entreprise. La
culture est un enjeu relativement nouveau du management des organisations, et
sa mise en place est toujours un exercice relativement périlleux, car
elle nécessite l'adhésion de l'ensemble du personnel.
L'entreprise peut également être amenée à devoir
reconstituer cette culture suite à une fusion, une modification de son
activité ou même une structure divisionnelle trop marquée
et créant des rivalités entre services ; ces comportements
sont souvent destructeurs que créateurs de richesse. Il convient donc de
retrouver au sein de l'entreprise une valeur transversale qui susciterait
l'intérêt de tous. La RSE semble être un bon outil dans la
mesure où l'objectif central est de « faire mieux
ensemble » et d'accorder une certaine identité à
l'entreprise. Sont donc exclues toutes les notions de rivalités internes
et atteintes des objectifs particuliers.
L'exemple de Sanofi-Aventis est en ce sens
intéressant : à la suite de la fusion des deux groupes en
2004, les rivalités les différentes composantes de l'entreprises
étaient fortes et la construction d'une nouvelle culture d'entreprise a
été relativement longue. Or comme le constate Cathy Forget,
directrice du Mécénat chez Sanofi-Aventis « Les
démarches citoyennes, en permettant d'associer les collaborateurs autour
de projets porteurs de sens, sont un bon outil fédérateur qui
participe à la mise en place de cette nouvelle
culture »40(*).
2.1.2.3.4 Implications en terme de
réactivité et d'innovation
Enfin, en étant plus proche des préoccupations
de la société, la RSE permet à l'entreprise de s'adapter
aux demandes de cette dernière. S'adapter aux produits et aux tendances
de consommation, mais également accroître sa compréhension
de la société qui l'entoure.
Cela a deux répercussions directes :
accroître les possibilités d'innovation au sein de la firme et
accroître la réactivité de la firme. La
réactivité tient en la capacité pour la firme de mieux
adapter ses activités dans un nouveau contexte, concrètement cela
consiste à ajuster sa production en agissant sur son organisation ou sa
production. L'innovation tient quant à elle en la capacité pour
l'entreprise, en portant une attention particulière à son
environnement, de proposer des nouveaux produits qui lui confèrent un
avantage relatif.
L'exemple de Walt Disney Europe est à ce titre
édifiant : en développant des partenariats avec des
organismes s'occupant d'enfant gravement malades ou en situation de handicap,
ils ont pu adapter leurs parcs d'attractions afin d'accueillir un nouveau
public et d'étendre leur position sur le marché des parcs de
loisir41(*).
L'exemple de Toyota et de son véhicule hybride est, au
niveau de l'innovation automobile une application concrète et
réussie de la prise en compte de la RSE comme un élément
d'adaptabilité de l'entreprise dans son environnement. En effet, en se
plaçant comme pionnier sur ce marché Toyota ne s'est pas
projeté dans un horizon de court terme, mais sur une optique de long
terme.
2.1.2.4
Difficultés et piège de la RSE
Malgré le bénéfice apparent que peut
retirer une entreprise de la mise en place de la RSE, son intégration au
sein de la gouvernance de l'entreprise pose des problèmes majeurs que
cette dernière doit résoudre afin que cette responsabilisation
sociale émanant des parties prenantes soit des plus profitables
possible.
Depuis plusieurs années déjà, avec le
développement des organismes non gouvernementaux (O.N.G), des
activistes ou encore des syndicats, les entreprises ne peuvent plus se
permettre de négliger les demandes relatives au développement
durable qui leur sont allouées. Ils doivent, désormais faire
preuve de transparence sous peine d'une détérioration de leur
image. Pourtant nombreuses sont celles, qui non préparées
à ce changement, placent ces nouvelles responsabilités sociales
au rang de contrainte.
Une contradiction dans l'objet même de
l'entreprise
Bien plus qu'un simple changement, la RSE remet en question
la fonction essentielle d'une entreprise: réaliser du profit. On
comprend mieux la notion de contrainte précédemment citée.
Cette contradiction apparente entre le rôle traditionnel de l'entreprise
et la nouvelle demande émanant des parties prenantes, favorables
à cette remise en question, pose la réflexion de
l'identité de l'institution entreprise. Cette dichotomie est bien
perçue par la société civile, et les différents
sondages effectués le confirment, puisqu'ils nous montrent l'existence
d'une réelle crise de confiance envers les entreprises. Ces
dernières doivent donc faire face à des accusations de
comportements opportunistes.
On voit apparaître toute la difficulté pour
l'entreprise d'être crédible face à un changement qui leur
a été imposé.
Élargissement des contraintes en matière
de gouvernance
Véritable, remise en question des pratiques de
l'entreprise. La RSE, en ce sens, oblige l'entreprise à
s'auto-contraindre. L'intégration de la dimension éthique dans la
gouvernance et dans le processus décisionnel pose de nouvelles limites
.En effet, l'entreprise doit pouvoir justifier ses actes non seulement
économiquement, mais également à travers une dimension
sociale. Concrètement un licenciement économique en
période de bénéfice, est très mal accepté
par l'opinion publique et par la suite, l'image de l'entreprise pourrait en
être affectée avec les répercutions économiques que
cela induit (faire la une des médias à ce sujet n'est pas
bénéfique en terme d'image). Conséquence directe de
nombreuses entreprises n'hésitent pas à travailler en
collaboration avec des cabinets spécialisés dans la gestion de
ces crises (DMG conseils, Harrison&Wolf...).
« On ne peut pas se contenter d'avancer le seul
argument du ratio de rentabilité. Une restructuration peut être
présentée comme une obligation morale pour l'entreprise si elle
veut développer son activité en vue de créer des
emplois »42(*)
La dimension sociale mais également
éthique réforme donc totalement les critères de
décisions, et accorde une place prépondérante à la
stratégie de communication de l'entreprise. Nous retiendrons ici
l'idée que toute erreur en matière de communication peut avoir de
lourdes conséquences pour l'entreprise.
Des coûts à court terme
Investir est un passage obligé à la mise en
place de la RSE, mise en place de panneaux solaires, l'installation de rampe
d'accessibilité pour handicapés, sont autant de coûts de
court terme qui pèsent sur le budget de l'entreprise. Ainsi, Google n'a
pas hésité à investir d'énormes capitaux pour se
munir de panneaux solaires avec objectif de devenir une entreprise
« propre » en émettant très peu de carbone.
D'autre part, La RSE a un caractère obligatoire puisque
depuis la loi « Soissons » du 2 août 1989, les
entreprises ont un devoir de reclassement envers leurs employés en cas
de licenciement économique. On notera que cette loi est plus connue
actuellement sous le nom de « plan de sauvegarde de
l'emploi ».
L'acquisition d'une éthique qu'elle soit volontaire ou
forcée à un coût indéniable (qui n'existait pas
avant) pour les entreprises. Ceci est un élément d'explication
pour comprendre pourquoi certaines multinationales ont réfuté
dans le passé ce problème. Aujourd'hui, la question ne se pose
plus, l'adoption d'une démarche RSE est un passage obligatoire.
Toutefois, l'implication de l'entreprise doit être
complète, un danger pour les entreprises est de réaliser du
« saupoudrage ». L'idée est que les parties
prenantes favorables (O.NG, les activistes, les syndicats, les associations de
consommateurs ou autres médias) à la RSE voient bien si ces
dernières n'utilisent pas cette mise en avant liée à cette
démarche dans un but uniquement marketing, lucratif. En d'autres termes,
c'est un réel piège que les entreprises doivent éviter
sous peine de ne jamais voir la contrepartie de leur investissement. Les
mauvaises actions l'emportent sur les points positifs auprès de
l'opinion civile. Il est donc important pour l'entreprise d'intégrer la
responsabilité sociale comme un leitmotiv pour toute
l'entreprise et non comme une fonction dissociée des autres.
L'entreprise ne peut se contenter, prendre des mesures
sociales qui ne s'inscrivent pas dans une politique de gouvernance globale de
l'entreprise.
Si les difficultés d'évaluation quantitatives de
la RSE restent un problème pour les entreprises, il ne nous paraît
pas moins que ces dernières en tirent de divers avantages non
négligeables. En étant transversale aux autres fonctions
traditionnelles de l'entreprise, la RSE peut permettre la mise en place de
nouveaux outils de management. Cependant, une implication partielle de
l'entreprise dans cette démarche a parfois des effets
indésirables. Une attention toute particulière doit donc
être protée par les entreprises sur ce thème d'autant plus
porteur que les citoyens en sont de plus en plus sensibilisés.
2.1.3
L'environnement
Ce processus est respectueux des écosystèmes et
des ressources naturelles (support de vie sur Terre), cherche à
économiser ces dernières (développement
écologiquement soutenable)
Gestion des retombées sur l'environnement et
des ressources naturelles
Généralement, une réduction de la
consommation des ressources ou des émissions polluantes et des
déchets peut entraîner une diminution des répercussions sur
l'environnement. Une telle démarche peut aussi profiter à
l'entreprise en réduisant sa facture d'énergie et ses frais
d'élimination des déchets et en abaissant ses dépenses de
matières premières et de dépollution.
Des entreprises ont observé qu'une moindre exploitation
des ressources peut aboutir à une rentabilité et à une
compétitivité supérieures. Avec les investissements
réalisés dans le domaine de l'environnement, tout le monde sort
normalement gagnant: l'entreprise comme l'environnement. Ce principe est
établi depuis plusieurs années et a été reconnu
très récemment dans le sixième programme d'action pour
l'environnement de la Commission européenne43(*). Celui-ci explique comment
l'Union européenne et les États membres peuvent remplir leur
rôle en aidant les entreprises à identifier des créneaux
sur le marché et à effectuer des investissements avantageux pour
elles comme pour l'environnement. Ce programme définit un certain nombre
d'autres mesures à l'intention des entreprises:
- Etablissement d'un programme facilitant le respect de la
législation, qui aide les entreprises à comprendre les exigences
de la Communauté européenne en matière d'environnement ;
- Elaboration de systèmes nationaux, mais
harmonisés, d'octroi de prix aux entreprises, qui identifient et
récompensent les bonnes performances environnementales ;
- Promotion des engagements et des accords volontaires. La
politique intégrée des produits (PIP) constitue un bon exemple
d'une approche autorisant une collaboration des pouvoirs publics et des
entreprises.
La PIP se fonde sur un examen de l'impact des produits tout au
long de leur cycle de vie et suppose un dialogue entre les entreprises et
d'autres parties prenantes pour trouver l'approche la plus efficace et la moins
coûteuse. Dans le domaine de l'environnement, elle peut donc être
considérée comme un cadre solide pour la promotion de la
responsabilité sociale des entreprises.
Le système communautaire de management environnemental
et d'audit (EMAS) ISO 19000 est une autre approche facilitant la
responsabilité sociale des entreprises. Celui-ci encourage les
employeurs à mettre en place de leur propre initiative, à
l'échelle d'un site ou de l'entreprise, des systèmes de
management environnemental et d'audit promouvant une amélioration
continue des performances en matière de protection de l'environnement.
Leurs objectifs de protection de l'environnement sont rendus publics et
validés par des organismes accrédités.
Les entreprises sont aussi conscientes des perspectives que
leur ouvre une amélioration de leurs performances environnementales et
s'attachent à en tirer systématiquement profit.
2.2 Développement durable et
adaptation des systèmes de gouvernance d'entreprise
Les entreprises doivent prendre en considération les
attentes de ces différentes parties prenantes dans leurs
stratégies, ce qui permet d'élargir son système de
gouvernement des entreprises.
« Lorsque les trois sphères du
développement durable sont déclinées au niveau de
l'entreprise, cela entraîne l'apparition des zones de coalition
ou de tension »44(*), ce qui suppose de concilier des
intérêts souvent divergents et par conséquent de trouver
des arbitrages et des solutions susceptibles de satisfaire les
différentes parties prenantes.
Cette prise de conscience progressive de
l'éco-développement, entraîne des changements de valeur
à la fois éthique, sociétal et environnemental. On assiste
à l'émergence d'une nouvelle économie, ayant d'autres
exigences que la consommation pure et simple.
Depuis quelques années, on assiste, notamment suite
à des révélations de scandales écologiques,
financiers et politiques, à une demande de plus de responsabilité
des entreprises à l'égard de son environnement aussi bien
écologique que social.
Cette opinion publique exerce une pression de plus en plus
forte sur les entreprises qui sont obligées de tenir compte de ces
préoccupations sous peine de sanctions (produits boycottés, image
de marque dégradée, ...).
2.2.1 Le
consommateur responsable
Le consommateur responsable est la résultante de la
demande sociale. Par prise de conscience et souci du devenir de la
planète, un nombre croissant de consommateurs tendent d'avantage
à devenir « acteur-consommateur ». Leur comportement
de consommation intègre une dimension sociale et environnementale. Ces
consommateurs cherchent à donner un sens à leur consommation,
consommer devient un acte citoyen responsable et non plus un simple
désir uniquement motivé par des préoccupations
personnelles.
Cet activisme nouveau touche plusieurs types d'acteurs et
notamment les parties prenantes des entreprises, elles aussi soucieuses d'un
développement durable.
2.2.2 L'activisme
des parties prenantes au sein même de l'entreprise
L'augmentation de l'importance des parties prenantes, qui
deviennent actives au sein de grandes entreprises, par le passage d'un
système de gouvernance des entreprises traditionnel basé sur
l'unique relation dirigeant-actionnaire à un système qui prend en
compte les attentes de toutes les parties prenantes qui interviennent sur les
décisions de gestion de l'entreprise, les rends capables
d'infléchir ces décisions ou de modifier les mentalités
des autres parties prenantes par la révélation d'actes
entraînant une prise de conscience. Elles n'hésitent plus à
sanctionner le conseil d'administration si l'activité de l'entreprise
est jugée contraire à l'éthique et aux devoirs sociaux de
l'entreprise.
Pour porter leur revendication le plus efficacement possible
aux yeux des entreprises, les différentes parties prenantes ont à
leur disposition un ensemble de moyens d'action pour peser sur les choix des
entreprises tels que le boycott de produits, la pression médiatique,
mais aussi interne comme l'activisme actionnarial.
Parmi tous ces rouages, ce lien actionnarial,
c'est-à-dire l'ensemble des relations entre les actionnaires et
l'entreprise, semble un moyen très puissant de revendication et de
pression, agissant directement en interne, dans la structure même de
l'entreprise. C'est un moyen d'intervention très important car par ce
lien, les parties prenantes soucieuses du développement durable et de
ses préoccupations, deviennent directement propriétaires de tout
ou partie de l'entité et peuvent donc demander des comptes directement
au dirigeant de la firme. Donc l'actionnaire, l'organe le plus important dans
le système de gouvernance des entreprises, peut contrôler toutes
les décisions (économiques, sociales, environnementales) du
dirigeant à travers le conseil d'administration, les assemblées
générales et les rapports des agences de notation.
2.2.3 D'une vision actionnariale
(shareholders) à une vision des parties prenantes (stakeholders)
Suite aux revendications sociales et environnementales,
l'entreprise est tenue à se comporter tel que le préconise le
développement soutenable. C'est-à-dire une entreprise responsable
sur tous les plans du développement durable, ce qui implique la
maximisation de la richesse de l'entreprise tout en respectant les
salariés, l'environnement, les ressources que l'entreprise utilise et
les investisseurs. Aujourd'hui, la gestion de l'entreprise n'a donc plus comme
unique préoccupation l'actionnaire mais l'ensemble des parties
prenantes.
Respecter l'environnement se traduit par la prise en compte de
l'environnement dans lequel évolue l'entreprise. Le respect des
salariés entraîne une attention particulière à
apporter en termes de gestion de carrières et de motivation. Le respect
des principes du développement durable ne peut pas être obtenu par
le seul respect d'impératifs économiques.
Avant, l'entreprise devait assurer une rentabilité
importante, le dirigeant devait donc s'assurer que l'entreprise et l'ensemble
de ses partenaires soient performants, le critère de performance
étant basé uniquement sur la rentabilité.
Aujourd'hui, à la recherche de la rentabilité
économique vient se greffer la performance sociale, environnementale et
éthique. La performance économique n'est plus le seul
référentiel économique pour la direction, mais fait
maintenant partie d'un ensemble de critères plus large. La prise en
compte de ces critères oblige, dans un certain sens, le dirigeant
à élargir son horizon de responsabilités et d'objectifs.
Le développement durable vient donc modifier le mode
managérial existant, il ne doit plus satisfaire un acteur unique comme
l'actionnaire mais un ensemble d'acteurs. C'est donc la vision même de
l'entreprise qui s'élargie, de shareholders à
stakeholders.
Autre élément important remis du système
de gouvernance des entreprises remis en cause, est l'information
délivrée par les dirigeants, aux parties prenantes de
l'entreprise (notamment les actionnaires, les fournisseurs, les analystes
financiers pour les entreprises cotées.). L'information et sa
transparence joue un rôle important dans les mécanismes de
gouvernance des entreprises. On se demande alors quel pourra être
l'impact du développement durable sur cette qualité
d'information.
2.2.4 Transparence de l'information
Dans le cadre de la relation dirigeant-actionnaire, on
constate toujours une certaine asymétrie d'information, entre
l'information que possède le dirigeant et l'information
communiquée aux actionnaires. La transparence des documents financiers
publiés a une signification financière limitée, dans la
mesure où les états synthèses (bilan et compte
résultat) ne présentent qu'une vision statique de l'entreprise.
Nous ne sommes pas non plus sans savoir, que certaines performances ont pu
être « maquillées » par les dirigeants dans
certaines affaires à scandales, notamment grâce à une
communication efficace et persuasive. La qualité de l'information
délivrée est source de conflits, d'interrogation, de doute et de
crédibilité.
Donc, le développement durable peut-il être un
vecteur de la transparence entre l'entreprise et son environnement ? Si
oui, il aura donc un impact sur la gouvernance des entreprises et sur la
qualité de l'information.
Le développement durable entraîne la
responsabilisation sur le respect de l'environnement, envers les clients, les
fournisseurs, les salariés... La source de l'asymétrie
d'information est le décalage entre l'ensemble d'informations dont
disposent les dirigeants et l'information qu'il délivre au public et aux
actionnaires. Ce décalage entraîne l'opacité de
l'information.
Dans le cadre d'un actionnariat dispersé et
composé d'une multitude de petits porteurs, les actionnaires ont la
possibilité de prendre connaissance des documents comptables
légaux, voir d'assister aux assemblées générales.
Cependant, les actionnaires ne reçoivent comme information que les
publications officielles ou ce qu'ils peuvent lire dans la presse ou entendre
dans les médias télévisés. Ils ne peuvent avoir
accès aux informations internes à l'entreprise. La pression que
peut exercer le respect des normes de développement durable peut
permettre dans une certaine mesure à tout type d'actionnaire d'obtenir
des informations supplémentaires. Si on prend l'exemple d'un groupe
d'actionnaires ayant investit dans un fond éthique, il aura accès
à une meilleure qualité d'information sur le déroulement
de l'activité de l'entreprise. En effet, le poids du fonds dans
l'entreprise permettra de demander des informations beaucoup plus
précises à l'entreprise, ce type d'information permettra
d'éclairer les actionnaires du fonds et de gérer les conflits au
mieux.
Dans une optique de développement durable, les
actionnaires ne s'intéressent pas simplement aux informations purement
financières, mais aussi à toute information ayant trait aux
activités de l'entreprise en terme de développement durable (par
exemple le financement d'une usine de retraitement des déchets par
l'entreprise, une entreprise faisant preuve d'une volonté certaine de
vouloir reclasser les salariés touchés par une
délocalisation, etc....). Tous ces types d'information, sont
susceptibles d'intéresser les actionnaires prônant le
développement durable. Les entreprises, afin d'éviter toute
sanction, vont devoir mettre en place des processus de communication clairs et
efficaces sur leurs actions en terme de développement durable, elle vont
devoir communiquer beaucoup plus sur leurs activités et la
manière dont elles les dirigent sous peine de pression publiques, des
syndicats, de revendications actionnariales.
L'entreprise se retrouve donc dans la quasi obligation de
communiquer sur ses actions éthiques, tant en interne, qu'en externe.
On peut conclure en disant que le développement durable
ne permet pas de réduire complètement l'asymétrie
d'information, aussi bien financière que de tout autre type
d'information, toutefois il permet de sortir de l'optique de l'information
financière pure et simple, et fait apparaître la demande par les
parties prenantes d'autres types d'informations extra économiques.
3 Conclusion : La bonne gouvernance ou gouvernance
opportune
Les recommandations des théoriciens et des praticiens
convergent pour présenter une bonne gouvernance basée sur
plusieurs éléments : la protection légale des
actionnaires, la justice dans le traitement des intérêts des
petits porteurs, la transparence, l'indépendance, la dissociation des
fonctions de manager et de président du conseil d'administration, la
création de comités et la motivation des exécutifs.
On retrouve ces principes sous diverses appellations, on parle
de bonne gouvernance voire de gouvernance efficace.
A cet égard, il faut noter que cette notion de bonne
gouvernance, malgré son large succès, soulève le
problème de référentiel et d'adaptabilité.
En effet, la revue de la littérature en matière
de gouvernance d'entreprise montre une difficulté de définition
de cette notion (Ziolkowski 2005). Dans ce cadre, l'auteur préconise
plus de précision et de clarté dans la définition et
l'usage des notions.
Dans ce cadre, il est préférable de parler de
gouvernance opportune plutôt que de bonne gouvernance car cette
dernière n'est pas une solution standard à appliquer quelque soit
le contexte ou la conjoncture, le système de gouvernance doit être
adapté aux contingences, ses caractéristiques doivent être
conditionnées par l'évaluation de ce qu'elle apporte en terme
d'avantages ou de bénéfices pour l'entreprise ainsi que la
minimisation des coûts associés à son implantation.
Les difficultés auxquelles ont été
confrontées récemment certaines entreprises ou administrations
dans des pays développés ou non , de même que les
désordres financiers ainsi que les situations conflictuelles entre les
dirigeants et les parties prenantes conduisent à réfléchir
sur l'évolution de la gouvernance. Dans le contexte actuel, il
apparaît donc clairement qu'une gouvernance opportune doit prendre en
compte le développement durable que ce soit sur la question de
l'éthique, que de la responsabilité sociale des entreprises.
Aussi bien les prises de décisions que la gestion des activités
sont des conditions nécessaires à une gouvernance
répondant aux exigences du développement durable. Evidement,
l'entreprise, pour évoluer dans ce contexte ont besoin d'évoluer
dans un environnement économique et réglementaire stable
où la promotion de la concurrence et les règles
exécutoires sont appliquées de manière impartiale.
« La « bonne gouvernance » est devenue
un critère d'investissement important pour environ 8 actionnaires sur 10
(79%). Elle est même un critère majeur pour près de 3 sur
10 (+3 points par rapport à 2006).
Quels progrès attendent les actionnaires ? Et sur
quoi attendent-ils les sociétés cotées ? Avant tout, ils
leur demandent plus de transparence, et notamment sur la
rémunération des dirigeants. Sur les deux dernières
années, leur vigilance s'est accrue sur l'équité,
l'égalité de traitement entre les différents types
d'actionnaires (+11 points en 1 an, à 46%). Ils souhaitent aussi plus de
transparence dans la prise de décision, à l'occasion notamment de
l'audit annuel (+8 points, à 44%).
Au-delà, si les actionnaires exigent plus de
performance (32%, +24 points), surtout les plus âgés, ils sont
aussi attentifs aux RH et à l'éthique (19% et 6% des
préoccupations respectivement).
L'action en faveur du développement durable est
devenue un critère aussi important que la bonne gouvernance :
près de 8 actionnaires sur 10 (78%) jugent importants d'investir dans
des sociétés agissant sur cette dimension. Reflet du contexte et
des préoccupations actuels, il s'agit pour eux d'abord d'environnement
(41% des citations spontanées), mais aussi d'énergie (33%), et
les énergies nouvelles remportent leur adhésion
(9%). »45(*)
Novembre 2007 - Frédéric Chassagne, Directeur du
Département Finance de TNS Sofres dresse le bilan de 10 ans
d'actionnariat individuel.
4 Bibliographie
Ouvrages
« le pouvoir dans les organisations »
(Power In and Around Organizations), Henry Mintzberg,
Edition d'Organisation, 1983
« le Gouvernement d'entreprise »,
Frédéric Parrat, Edition Maxima, 1999
« les coûts d'agence »
(Theory of the firm, Managerial Behavior, Agency Costs & Ownership
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Meckling, Strategic Management Journal, 1976
« les meilleures pratiques de gouvernance
d'entreprise », Peter Wirtz, Edition La
Découverte, 2008
« La gouvernance de
l'entreprise », Roland Pérez, Edition La
Découverte, 2003
« The Modem Corporation and Private
Property », Adolf Berle et Gardiner
Means, Macmillan, 1932
« Gouvernance des entreprises »,
Charreaux Gérard - Nouvelles perspectives, 2006, (co-auteur. P. Wirtz),
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« Le gouvernement de l'entreprise : Corporate
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« Le gouvernement de l'entreprise :
modèles économiques et pratiques de gestion »,
Pierre-Yves Gomez, Paris : InterEditions, 1996
IMS Entreprendre pour la Cité, «La
Société une affaire d'entreprise ? »
IMS - Entreprendre pour la Cité
« Concevoir et piloter une démarche citoyenne dans
l'entreprise. Enjeux, stratégie,
méthodologies »
Rapport de l'ORSE « gouvernement d'entreprise et
développement durable », 2003
Rapport groupe 5 du Grenelle de l'environnement,
« construire une démocratie écologique :
institutions et gouvernance », septembre 2007
« Réflexions sur la
gouvernance », B. BRUNHES, Revue de Droit Social, Février
2001
« Economic Organization, Firms, Markets and Policy
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« Mettre en pratique le développement
durable », Olivier Dubigeon, 2005, édition village
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« Développement durable :
L'intégrer pour réussir », Karen Delchet 2007,
Edité par AFNOR
« A qui profite le développement
durable », Sylvie Brunel 2008, édition Larousse
Articles
Le nouvel observateur n°2265, du 3 au 9 avril
2008, « Dans la jungle des labels », page 32
Tricker, «Corporate Governance», Gower Publishing,
Aldershot, UK, 1984
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www.scienceshumaines.com
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www.prorecyclage.com
www.ecologie.gouv.fr
www.notre-planete.info
www.tns-sofres.com
ANNEXES
5 Annexe 1 : L'état des normes sur le plan
européen
« L'Union européenne a élaboré
une stratégie d'intégration des questions environnementales dans
la politique d'entreprise, ainsi que des mesures visant à limiter
l'impact négatif des activités des entreprises sur
l'environnement, tout en ne pénalisant pas le développement
économique de celles-ci »46(*).
Consciente que l'activité des entreprises a des
répercussions sur l'environnement, la législation
européenne a établi un certain nombre de règles visant
à réguler la pollution engendrée par les entreprises et
à réparer les dommages qu'elles causent, tout en leur permettant
de maintenir leur niveau de compétitivité.
Deux articles du traité instituant la Communauté
européenne (traité CE) font directement référence
à la nécessité de mettre en oeuvre une stratégie
axée sur l'environnement :
L'article 6 appelle à intégrer les exigences de
protection environnementale dans les politiques de la Communauté, en
promouvant le développement durable.
L'article 174 pose les principes fondateurs de l'action
européenne en matière d'environnement, notamment le principe de
précaution et celui du pollueur-payeur. Ces principes
généraux sont mis en oeuvre par des législations
spécifiques applicables aux activités industrielles en Europe.
De ces deux principaux articles découle un certain
nombre de directives et de règlements visant l'activité des
entreprises, afin de protéger l'environnement. Voici celles qui nous
concernent principalement (classées par thèmes) :
La directive 96/82/CE : Prévenir les accidents
impliquant des substances dangereuses et limiter leurs
conséquences47(*) :
Directive dite « Seveso 2 » (du nom de la
ville italienne où s'est produit un rejet accidentel important de
dioxine en 1976) du Conseil, du 9 décembre 1996, elle a remplacé
la directive 82/501/CEE (Seveso 1) pour la renforcer en y introduisant
de nouveaux concepts.
Entrée en vigueur le 3 février 1997, elle
concerne la maîtrise des dangers liés aux accidents majeurs
impliquant des substances dangereuses, afin d'assurer dans toute la
communauté des niveaux de protection élevés pour l'homme
et l'environnement. Elle met l'accent sur la protection de l'environnement, en
introduisant pour la première fois dans son champ d'application les
substances considérées comme dangereuses pour l'environnement. De
nouvelles exigences portant notamment sur les systèmes de gestion de la
sécurité, sur les plans d'urgence, sur l'aménagement du
territoire ou sur le renforcement des dispositions relatives aux inspections ou
à l'information du public, ont également été
incluses.
Son champ d'application a par la suite été
élargi par la directive 2003/105/CE, de manière à
inclure les opérations de traitement et de stockage des matières
minérales réalisées par des industries extractives et
impliquant la présence de substances dangereuses, ainsi que les
installations d'élimination de terres stériles utilisées
dans ces opérations.
La directive IPPC : Prévenir et réduire
la pollution48(*) :
Directive
2008/1/CE
du Parlement européen et du Conseil du 15 janvier 2008, relative
à la prévention et à la réduction
intégrée de la pollution. Entrée en vigueur le 18
février 2008, elle est venue remplacer et durcir la directive
précédente 91/61/CE.
Afin d'éviter ou de minimiser les émissions
polluantes dans l'atmosphère, les eaux et les sols, ainsi que les
déchets provenant d'installations industrielles et agricoles, la
directive IPPC définit les obligations que les activités
industrielles et agricoles à fort potentiel de pollution doivent
respecter. Cette directive établit une procédure d'autorisation
et met en place des exigences minimales, dans le but d'atteindre un niveau
élevé de protection de l'environnement.
La directive EIE : Evaluer les Incidences sur
l'Environnement49(*) :
Directive 2003/35/CE du Conseil, concernant
l'évaluation des incidences de certains projets publics et privés
sur l'environnement. Entrée en vigueur le 25 juin 2003, elle est venue
modifier la précédente directive 97/11/CE.
Cette directive conditionne l'autorisation de certains projets
ayant une influence physique sur l'environnement à une évaluation
par l'autorité nationale compétente.
C'est par exemple le cas des projets concernant les
installations industrielles dangereuses comme les raffineries de pétrole
ou les industries chimiques.
La directive 2003/87/CE : Soumettre certaines
activités à un système d'échange de quotas
d'émissions de gaz à effet de serre50(*) :
Directive du Parlement européen et du Conseil, du 13
octobre 2003. Elle est entrée en vigueur le 25 octobre 2003, et est
venue renforcer la directive 96/61/CE.
Elle établit un système communautaire
d'échange des quotas d'émission des gaz à effet de serre,
c'est-à-dire le droit d'émettre une tonne de gaz à effet
de serre au cours d'une période spécifiée, et ce à
compter du 1er janvier 2005. A partir de cette date, toutes les
activités réalisées dans le secteur de l'énergie,
la production et la transformation des métaux ferreux, l'industrie
minérale et la fabrication de pâte à papier, de papier et
de carton, et émettant les gaz à effet de serre
spécifiés en relation avec cette activité, doivent
posséder une autorisation délivrée à cet effet par
les autorités compétentes. Ces activités sont
obligatoirement soumises à ce système d'échanges de
quotas.
La directive 2006/21/CE : Prévenir et
réparer les dommages environnementaux51(*) :
Entrée en vigueur le 1er mai 2006, elle est
venue renforcer la directive 2004/35/CE du Parlement européen et
du Conseil, du 21 avril 2004, sur la responsabilité environnementale en
ce qui concerne la prévention et la réparation des dommages
environnementaux.
Il s'agit de la première législation
communautaire comptant parmi ses objectifs principaux l'application du principe
du « pollueur-payeur ». Elle établit un cadre de
responsabilité environnementale en vue de prévenir et de
réparer les dommages aux animaux, aux plantes, aux habitats naturels,
aux sols et aux ressources en eau.
Ce régime de responsabilité s'applique, d'une
part, à certaines activités professionnelles explicitement
énumérées et, d'autre part, aux autres activités
professionnelles lorsque l'exploitant a commis une faute ou une
négligence.
La directive 2001/77/CE : Augmenter la part des
sources d'énergie renouvelable52(*) :
Cette directive vise à diminuer l'utilisation des
sources d'énergies fossiles dans l'Union européenne que sont le
pétrole et le gaz, face auxquels elle se retrouve de plus en plus
dépendante. L'Union européenne vise ainsi à ralentir cette
tendance, qui représente de nombreux risques économiques,
politiques et environnementaux, au profit des Energies Nouvelles et
Renouvelables (ENR).
La directive 2005/32/CE : Fixer des exigences en
matière d'éco-conception53(*) :
Directive du Parlement européen et du Conseil, du 6
juillet 2005, relative à l'éco-conception. Elle est entrée
en vigueur le 6 août 2005.
Elle définit les principes, les conditions et les
critères pour fixer des exigences environnementales sur les produits
consommateurs d'énergie. Elle s'applique à tout produit qui
utilise de l'énergie pour son fonctionnement et qui est mis sur le
marché. Elle couvre aussi les pièces prévues pour
être intégrées dans les produits qui sont mis sur le
marché sous forme de pièces détachées
destinées aux utilisateurs finaux et dont la performance
environnementale peut être évaluée de façon
indépendante.
Elle permet, par le concept d'éco-conception, de
réduire la consommation d'énergie des produits comme les
appareils électroménagers. L'information qui concerne les
performances écologiques et l'efficacité
énergétique du produit doit être visible si possible sur le
produit lui-même pour que le consommateur puisse comparer avant
d'acheter.
La directive 2006/12/CE : Limiter et organiser les
déchets54(*) :
Directive du Parlement et du Conseil, du 5 avril 2006,
relative aux déchets. Elle est entrée en vigueur le 17 mai 2006.
Elle prévoit des règles détaillées
concernant la
gestion des
déchets émis par les entreprises, tant pour les
déchets « classiques » (recyclage, mise en décharge,
incinération, etc.) que pour certains déchets spécifiques
(substances et déchets radioactifs, déchets plastiques,
déchets résultant de certaines activités industrielles).
Elle vise à limiter la production de déchets et à
organiser au mieux le traitement et l'élimination de ceux-ci.
La gestion des déchets est de plus envisagée
comme une étape du cycle de vie des ressources et des produits. Ainsi
l'abandon, le rejet et l'élimination incontrôlée des
déchets sont interdits par l'Etat, au profit de la prévention, du
recyclage et de la transformation de ces déchets pour les
réutiliser.
Les stratégies thématiques sur
la
prévention et le recyclage des déchets et sur
l'utilisation
durable des ressources naturelles adoptées en 2005 portent
principalement sur les moyens de promouvoir une gestion plus durable des
déchets, de réduire leur production, de minimiser les incidences
environnementales des déchets et de réduire l'utilisation des
ressources. Cette approche globale basée sur le cycle de vie oblige les
entreprises à gérer leurs ressources et leurs produits de
manière plus durable.
La directive 2002/96/CE : Prévenir la formation
des DEEE55(*) :
Directive du Parlement européen et du Conseil du 27
janvier 2003, relative aux déchets d'équipements
électriques et électroniques (DEEE, ou D3E). Elle est
entrée en vigueur le 13 février 2003. Elle précise
l'ensemble des catégories d'équipements électriques et
électroniques visés, et fixe des mesures pour prévenir la
formation de D3E et promouvoir leur recyclage et leur réutilisation,
afin de diminuer la quantité de déchets à éliminer.
Elle indique aussi que c'est le fabricant qui est tenu de les prendre en
charge financièrement.
La directive 2003/30/CE : Promouvoir l'utilisation de
biocarburants56(*) :
Directive du Parlement européen et du Conseil du 8 mai
2003, relative aux carburants dits renouvelables dans les transports. Elle est
entrée en vigueur le 17 mai 2003.
Elle impose aux Etats membres de prendre les mesures et les
législations nécessaires pour promouvoir l'utilisation des
biocarburants, afin de réduire les émissions de gaz à
effet de serre et l'impact environnemental des transports, et d'augmenter la
sécurité d'approvisionnement en carburant. La Commission
européenne y propose un plan d'action pour faire passer la part des
biocarburants dans la consommation européenne d'essence et de diesel
à plus de 20% d'ici à 2020.
La directive 2002/85/CE : Limiter la vitesse
autorisée aux véhicules utilitaires :
Directive du Parlement européen et du Conseil, du 5
novembre 2002, relative à l'installation et à l'utilisation, dans
la Communauté, de limiteurs de vitesse sur certaines catégories
de véhicules à moteur. Entrée en vigueur le 4
décembre 2002, elle est venue étendre le champ d'application de
la directive 92/6/CEE.
Ainsi, ce ne sont plus seulement les véhicules lourds
excédant 10 tonnes qui doivent être équipés d'un
dispositif limitant leur vitesse à 100 ou 90 km/h selon la
catégorie du véhicule, mais l'ensemble des véhicules
utilitaires légers supérieurs à 3,5 tonnes.
Le règlement (CE) n°715/2007 : Appliquer
les normes Euro 5 et Euro 657(*) :
Règlement du Parlement européen et du Conseil,
du 20 juin 2007, relatif à la limitation des émissions polluantes
applicables aux véhicules routiers légers.
Le règlement introduit de nouvelles exigences
concernant les émissions de gaz des véhicules à moteur et
de leurs pièces de rechange spécifiques grâce à
l'application de normes Euro 5 et Euro 6. Le règlement met
également en place des mesures permettant d'améliorer
l'accès aux informations sur la réparation des véhicules
et de promouvoir la production rapide de véhicules conformes aux
présentes dispositions.
Il fait suite à la directive
n° 98/69/CE du 13 octobre 1998 qui venait
renforcer les normes d'émissions de l'époque des véhicules
légers en 2000 (normes Euro 3), puis en 2005
(Euro 4), permettant une baisse de 50 à 70% des
émissions suivant les polluants et la motorisation58(*).
6 Annexe 2 : La législation française
Pour être en adéquation avec les grandes
directives européennes et pour respecter ses engagements, la France a
également opté pour des lois de plus en plus contraignantes.
La loi 99-533 : Aménager et développer
durablement le territoire59(*) :
Adoptée le 25 juin 1999, cette loi d'orientation pour
l'aménagement et le développement durable du territoire (LOADDT)
est venue renforcer la loi 95-115 du 4 février 1995 d'orientation
pour l'aménagement et le développement du territoire (LOADT).
Elle s'inspire des bases du développement durable en
précisant des mesures de préservation et de valorisation des
espaces et ressources naturelles.
La loi 96-1236 : Prévenir et surveiller la
pollution atmosphérique60(*) :
Adoptée le 30 décembre 1996, cette loi est
codifiée aux articles L 220-1 et suivants du code de l'environnement.
Elle est relative à l'air et à l'utilisation rationnelle de
l'énergie. Elle prévoit plusieurs dispositifs de
prévention et de surveillance de la pollution atmosphérique, et
définit cette dernière comme étant l'introduction par
l'homme dans l'atmosphère et les espaces clos de substances ayant des
conséquences préjudiciables sur l'homme, la nature, ou les biens
matériels.
La loi 2001-153 : Faire de la lutte contre l'effet de
serre une priorité nationale61(*) :
Adoptée le 19 février 2001, cette loi
reconnaît la qualité de priorité nationale à la
lutte contre l'intensification de l'effet de serre et la prévention des
risques liés au réchauffement climatique. Elle dispose qu'un
Observatoire national sur les effets du réchauffement climatique en
France métropolitaine et dans les départements et territoires
d'outre-mer est créé. Celui-ci est chargé de collecter et
de diffuser les informations, études et recherches sur les risques
liés au réchauffement climatique et aux phénomènes
climatiques extrêmes en France métropolitaine et dans les
départements et territoires d'outre - mer.
La loi NRE : Nouvelles Régulations
Economiques62(*) :
Publiée au Journal Officiel le 15 mai 2001, elle est
entrée en vigueur le 20 février 2002 et s'applique à
partir du 1er janvier 2003. Elle est fondée sur une exigence
de transparence de l'information. Elle instaure donc que les
sociétés françaises cotées doivent présenter
des données sur les conséquences environnementales et sociales de
leur activité dans leur rapport de gestion annuel, en plus de leurs
informations comptables et financières classiques. Cette loi
incontournable pour les grandes sociétés françaises impose
ainsi indirectement aux entreprises concernées une attitude nouvelle et
une préoccupation croissante des problématiques liées aux
aspects environnementaux et sociaux.
La loi POPE : Programmation fixant les Orientations de la
Politique Energétique63(*) :
Adoptée le 13 juillet 2005, cette loi 2005-781
fixe comme objectif de diminuer les émissions de gaz à effet de
serre de 3% par an, pour préserver la santé humaine et
l'environnement, et de diversifier le bouquet énergétique
français en développant les énergies nouvelles et
renouvelables (ENR), pour garantir l'indépendance
énergétique nationale tout en garantissant la
sécurité d'approvisionnement. Pour y parvenir, la France a
officiellement retenu le « facteur 4 » (adopté dans
le « plan climat »), qui vise une réduction de 75%
des émissions de CO2 d'ici à 2050 pour le patrimoine
bâti64(*).
La loi RT 2005 : Réglementation
Thermique65(*) :
Révisée tous les cinq ans, cette
réglementation thermique fait suite à la RT 2000 et
précède la future RT 2010, qui devrait durcir encore ses
impératifs. Puisque le secteur du bâtiment est le secteur
économique qui utilise le plus de ressources énergétiques,
soit 40% des consommations nationales, et 20% des émissions de
CO2, les successives lois RT visent à terme, dans l'optique
du plan climat, à réduire par six les émissions
ramenées au m2, compte tenu de l'augmentation du parc de
bâtiments. L'objectif spécifique de la RT 2005 est de diminuer le
niveau de consommation énergétique moyen des bâtiments
neufs de 15 à 20% par rapport à la RT 2000, ce qui se traduit
entre autres par un renforcement de 10% de la performance des parois et la
diminution de 20% des pertes par les ponts thermiques66(*). Elle fixe notamment à
85 kilowatts heure par mètre carré et par an la consommation
maximum de chauffage des logements neufs.
La loi 2006-1772 : Améliorer la qualité
de l'eau et retrouver une meilleure adéquation entre ressources et
besoins en eau des activités économiques67(*) :
Adoptée le 30 décembre 2006, cette loi sur l'eau
et les milieux aquatiques vise à donner les outils nécessaires
aux acteurs de l'eau pour reconquérir la qualité des eaux et
atteindre en 2015 les objectifs de bon état écologique
fixés par l'Union européenne. Elle a également pour
objectif de retrouver une meilleure adéquation entre ressources et
besoins en eau dans une perspective de développement durable des
activités économiques utilisatrices d'eau.
La loi DEEE : Loi sur les Déchets d'Equipements
Electriques et Electroniques68(*) :
Elle a été instaurée par le décret
2005-829 du 20 juillet 2005 et fait suite à la directive
européenne 2002/96/CE que nous avons vue. Elle est entrée
en vigueur le 13 août 2005 et est applicable dans les faits depuis le 15
novembre 2006. Elle impose de collecter, trier, puis valoriser un volume
auprès des ménages de 4 kg de DEEE (ou D3E) par an et par
habitant au 31 décembre 2006. Cet objectif sera par la suite
révisé tous les deux ans. Elle impose également aux
industriels producteurs de mettre au point et de financer la collecte, le
recyclage, et la valorisation de ces déchets pour tous les
équipements dits « historiques », mis sur le
marché avant le 13 août 2005. De plus, le décret
prévoit que les distributeurs doivent reprendre gratuitement
l'équipement ménager usagé des acheteurs d'un nouvel
équipement de même type (« un pour un »).
Le décret 2006-1812 : Limiter la vitesse
autorisée des véhicules utilitaires69(*) :
Adopté le 23 décembre et entré en vigueur
le 1er janvier 2007, ce décret vient transposer dans le droit
français la directive européenne 2002/85/CE que nous avons
vue précédemment, et par la même limiter la vitesse des
véhicules de transport de marchandises de 3,5 tonnes à 12 tonnes.
Ainsi, tous les véhicules mis en circulation pour la première
fois depuis le 1er octobre 2001 sont tenus de s'équiper d'un
dispositif limitant leur vitesse à 90 km/h, venant remplacer
l'habituelle limitation de vitesse de 110 km/h.
La loi Grenelle :
La loi Grenelle, donne un cadre législatif aux
décisions et orientations arrêtées en octobre 2007 à
l'occasion du Grenelle de l'environnement.
La loi Grenelle formalise notamment l'éco-redevance sur
les poids lourds, l'annualisation de la partie malus du bonus-malus sur les
voitures particulières, ainsi que des éléments
généraux de responsabilité environnementale.
A défaut d'être exhaustive, la
présentation de ces grandes législations communautaires et
françaises montre bien que le droit est très mouvant ces
dernières années en matière d'environnement et de
développement durable. Le droit communautaire et national se durcit peu
à peu, de nouvelles directives et de nouvelles lois venant
régulièrement modifier celles auxquelles elles font
référence. Les champs d'application s'élargissent, les
seuils s'abaissent, et tout concourt à ce que les entreprises se
montrent de plus en plus respectueuses de ces grandes problématiques,
d'autant plus que les futures législations s'annoncent également
de plus en plus contraignantes.
Ce phénomène est également visible en
matière de normes environnementales, celles-ci étant de plus en
plus strictes et imposant aux entreprises de l'être également pour
avoir la possibilité d'être certifiées
« éco-responsables ».
7 Annexe 3 : Les normes et labels environnementaux
Les normes ISO 9 00070(*) :
Les normes de la famille ISO 9000 représentent un
consensus international sur les bonnes pratiques du management de la
qualité afin de satisfaire ses clients.
La norme ISO 9001:2000 est la seule norme de la famille en
fonction de laquelle les organismes publics ou privés, quels que soient
leur taille et leur domaine d'activité, peuvent être
certifiés. Elle fournit un ensemble d'exigences normalisées pour
un système de management de la qualité et a pour but de faire
adopter une approche systématique de la gestion des processus aux
organismes, de manière à ce que ceux-ci produisent
régulièrement des produits qui répondent aux attentes des
clients.
Les normes ISO 14 00071(*) :
Les normes de la famille ISO 14 001 traitent des
exigences et des lignes directrices permettant d'adopter un Système de
Management Environnemental (SME), ainsi que d'autres aspects environnementaux,
tels que l'étiquetage, l'évaluation de la performance, l'analyse
du cycle de vie, la communication et l'audit. Les organismes certifiés
par ces normes visent à réduire les effets dommageables de leurs
activités sur l'environnement, ainsi qu'à améliorer en
permanence leur performance environnementale.
La norme 14 001:2004 permet de répondre à
des objectifs larges, en donnant aux acteurs internes (ex. la direction et les
employés) et externes (ex. clients) l'assurance d'une maîtrise des
impacts environnementaux.
Elle permet ainsi à l'entreprise certifiée de
bénéficier de divers atouts : une réduction des
coûts de la gestion des déchets, des économies dans la
consommation d'énergie et de matériaux, une meilleure image
auprès des autorités réglementaires, des donneurs d'ordre,
et du public. A l'inverse, les entreprises négligeant cette norme ne
bénéficient pas des mêmes avantages et courent un risque,
compte tenu des exigences croissantes du marché. La norme ISO 14001 sera
présentée de manière plus approfondie dans la
quatrième partie (Politique environnementale du groupe Boomerang).
La future norme ISO 26 000 :
Prévus pour septembre 2010, les travaux
d'élaboration de cette future norme, qui pourrait devenir l'un des
piliers du développement durable dans le monde des entreprises, ont
commencé en mars 2005 par AFNOR et le groupe de travail de l'ISO. Cette
future norme internationale ISO 26 000 intégrera les acquis des
normes ISO 9 000 et ISO 14 000, et des normes de l'Organisation
Internationale du Travail, comme son référentiel de gestion de la
sécurité et de la santé au travail. Elle se voudra claire
et compréhensible, compatible avec les initiatives existantes, et sera
applicable à tout type d'organisme.
La norme concernera aussi bien la dégradation de
l'environnement que les inégalités sociales, les droits de
l'homme, la protection des consommateurs, le respect des lois et des
réglementations ou encore la gestion de l'entreprise, mais ne contiendra
pas encore d'exigences.
Didier Gauthier, président de la commission
Responsabilité sociétale à l'AFNOR explique que la norme
aborde sept questions centrales : gouvernance des organisations, droits de
l'Homme, conditions et relations de travail, environnement, bonnes pratiques
des affaires (y compris la lutte contre la corruption), questions relatives aux
consommateurs, engagement sociétal. Il précise : "La 26 000
n'est pas un document amené à faire l'objet de certifications,
c'est un document qui tiendra compte de la diversité des situations. Sa
mise en oeuvre s'appuiera sur des outils de management qu'on a
déjà, 9 000, 14 000 ou 18 000. Le travail initié par des
organisations publiques en 9 000 leur sera très utile. C'est un outil de
progrès dans une logique de responsabilité sociétale et de
progrès permanent et participatif, respectueux de l'environnement,
respectueux des agents, et des hommes et des femmes à
l'extérieur, tout en assurant la pérennité
économique. Nous sommes dans une logique d'ouverture et
l'évolution de culture."
Les labels « développement
durable » :
Ils se divisent en deux catégories : les labels
certifiés par les pouvoirs publics et les marques privées. Dans
la première catégorie, on trouve tout d'abord l'européen
« Ecolabel » et le français « NF
Environnement », qui regroupent 35 catégories de produits
non-alimentaires : détergents, matelas, papier, etc. Ils sont
accordés aux produits répondant à des critères
écologiques, en ayant un impact environnemental réduit.
Au rayon alimentaire, on trouve le label
« AB », qui garantit un aliment composé d'au moins
95 % d'ingrédients issus de la production biologique, et le label
« Ecocert », qui est délivré par un organisme
reconnu par les pouvoirs publics à qui fait appel le ministère de
l'Agriculture pour certifier ses aliments AB. Ecocert certifie également
des produits cosmétiques.
Dans la deuxième catégorie se trouvent des
labels privés de plus en plus nombreux. On peut par exemple citer
« Nature et Progrès », « Rainforest
Alliance », ou encore les nombreuses enseignes ayant
créé leur propre label, comme « Monoprix
Vert ».
Comme l'évolution des contraintes législatives,
l'évolution des normes et des labels environnementaux tend à ce
que les entreprises modernes en tiennent davantage compte. C'est en effet une
manière d'officialiser ses efforts entrepris dans le domaine et de
donner une image responsable de l'entreprise, lui permettant de se
démarquer de ses concurrents.
Les normes et certifications agissent donc comme des
mécanismes incitatifs pour leur faire adopter des méthodes
basées sur le concept de développement durable.
Ce consensus des pouvoirs publics et politiques vise
directement les entreprises qui, contribuent à près de la
moitié des émissions de gaz à effet de serre en France.
Ces entreprises sont donc exposées à de lourdes contraintes les
incitant à intégrer à terme les concepts issus du
développement durable, pour parvenir à concilier
compétitivité et respect de l'environnement. Au vu de cette
évolution rapide des contraintes réglementaires, il paraît
donc très important pour les entreprises de les anticiper et ainsi
d'envisager l'avenir plus sereinement.
De nombreux moyens de pression ou d'incitation, par
l'intermédiaire de réglementations et de normes de plus en plus
strictes, sont donc représentatifs d'une prise de conscience collective.
Ils permettent également de tendre vers le respect des objectifs
internationaux fixés par le protocole de Kyoto et les engagements pris
à l'horizon 2020 puis 2050.
8 Annexe 4 : Sondage TNS SOFRES : Baromètre
sur les entreprises et le développement durable
De la 4e édition du baromètre sur les
entreprises et le développement durable, réalisée par TNS
Sofres pour La Poste, ressortent les grands enseignements suivants :
Les entreprises attendent beaucoup des politiques de
développement durable en matière d'amélioration de leur
image, d'innovations sur les produits, et de renforcement de leur
attractivité en tant qu'employeur. Ils en attendent aussi une
réduction des risques (environnementaux, juridiques, financiers,
d'opinion...) et une amélioration du climat interne.
De façon plus qualitative, s'observent des remodelages
dans les pratiques des entreprises :
Le périmètre des politiques Développement
Durable s'élargit, avec une montée en puissance des
thématiques sociales et sociétales, aux côtés des
thèmes environnementaux. Ainsi, la lutte contre les discriminations,
l'insertion de personnes en difficulté, l'achat responsable, et les
partenariats avec les collectivités locales sont des priorités
qui gagnent en importance.
En matière environnementale, deux priorités
ressortent fortement :
La réduction des dépenses
d'énergie, tendance lourde qui se justifie autant par des
considérations économiques qu'écologiques ... et que la
crise ne fait sans doute qu'encourager. Aujourd'hui, 93 % des entreprises ont
déjà réduit leurs dépenses d'énergie.
La réduction des émissions de CO². 62 % ont
commencé à établir un bilan carbone de leurs
activités. Le Grenelle de l'Environnement a joué à cet
égard un rôle majeur.
Enfin, certaines parties prenantes prennent de
l'importance aux yeux des entreprises : les fournisseurs et sous-traitants, les
collectivités locales, les medias, les consommateurs et leurs
associations. A l'inverse, les investisseurs et les ONG ne semblent plus aussi
prioritaires qu'avant.
Enfin, cette édition confirme le constat
déjà effectué les années précédentes
de sensibles différences entre les entreprises moyennes et les plus
grandes.
Les entreprises de plus de 5 000 salariés ressentent
davantage la pression de leurs employés, de leurs clients, de leurs
fournisseurs, et des ONG. Elles attendent plus de retombées favorables
de leurs politiques DD que les entreprises moyennes en termes
d'attractivité employeur, d'attractivité financière, et
aussi d'amélioration du climat interne. Elles considèrent
d'ailleurs massivement comme important d'intégrer des objectifs DD dans
l'évaluation des managers.
Elles ont aussi plus de moyens pour agir et ont engagé
des actions plus précoces et plus fortes, en particulier sur la
réduction des émissions de CO2 et des dépenses
énergétiques, mais aussi en matière de formation et
sensibilisation de leur personnel.
Elles insistent plus que les entreprises moyennes sur la lutte
contre la corruption et les discriminations, les partenariats avec les ONG,
l'aide au développement, ainsi que sur la bonne gouvernance et le «
marketing responsable».
Muriel Humbertjean, Directeur Général Adjoint de
TNS Sofres
Sondage réalisé par téléphone du
16 février au 9 mars 2010 pour La Poste, auprès de 200
décideurs en entreprises de plus de 500 salariés (dont 70%
directeurs DD). 21 interviewés dans le CAC 40.
* 1 _ Rapport Brundtland,
« Notre Avenir à Tous », rapport de la Commission
Mondiale sur l'Environnement et le Développement, Les Editions du
Fleuve, 1987, p 51
* 2 _ Programme des Nations Unies pour
le développement
* 3 _ The World Business Council for
Sustainable Development
* 4 _
« Développement durable : L'intégrer pour
réussir », de Karen Delchet, Edité par AFNOR en
2007, page 80.
* 5 _
http://www.afnor.org/metiers/certification/panorama-certification
* 6 _ Le Monde rubrique
Economie, mardi 18 décembre 2007, « Le reboisement diminue les
émissions de CO2 », page 5.
* 7 _ Source : La Croix,
rubrique Monde, mardi 11 décembre 2007, « Les Etats-Unis font
entendre deux discours sur le climat, page 8 ».
* 8 _ Source : Le Monde,
rubrique Environnement & Sciences, mardi 18 décembre 2007,
« Après Bali, les Etats-Unis réclament l'engagement des
pays émergents », page 7.
* 9 _ La Croix rubrique Monde,
lundi 17 décembre 2007, « L'ONU lance une feuille de route de
compromis sur le climat », page 4.
* 10 _ Le Monde rubrique
Economie, mardi 8 janvier 2008, « La conférence de Bali donne
le cap », p. 5
* 11 _ La Croix rubrique
Economie, jeudi 13 mars 2008, « L'Europe se veut à la fois
écologique et industrielle », page 22.
* 12 _ Le Figaro rubrique
Enquête, jeudi 13 mars 2008, « La lourde facture du plan
climat », page 18.
* 13 _ www.notre-planete.info
* 14 _ Matin Plus n°177,
mercredi 12 décembre 2007, Le Monde pour Matin Plus, « La
France, bon élève de Kyoto », page 12.
* 15 _ Matin Plus n°144
rubrique spéciale Grenelle, mercredi 24 octobre 2007, « La
révolution verte est en marche », page 8.
* 16 _ La Croix rubrique
Evénement, mardi 22 mai 2007, « Les priorités du
Grenelle de l'environnement », page 2.
* 17 _ Matin Plus n°178,
jeudi 13 décembre 2007, « Le plus grand site solaire
bientôt opérationnel », page 11.
* 18 _ Metro rubrique Ma
planète, jeudi 4 octobre 2007, « 16 propositions
passées au crible », page 8.
* 19 _ Metro rubrique
spéciale Grenelle, mercredi 24 octobre 2007, « Objectifs
chiffrés », page 17.
* 20 _ Le journal du CNRS
n°213, octobre 2007, « Environnement, peut-on éviter le
pire ? », page 16.
* 21 _ Metro rubrique Ma
planète, jeudi 4 octobre 2007, Interview de Alain Bougrain Dubourg,
« Le Grenelle, une véritable révolution
culturelle », page 8.
* 22 _ Le Monde rubrique
Environnement & Sciences, samedi 13 octobre 2007, « Les
particules au coeur de la lutte contre les pollutions
atmosphériques », page 8.
* 23 _
http://www.lpo.fr/actu/2007/grenelle/index.shtml
* 24 _ Libération
rubrique Environnement, vendredi 26 octobre 2007, « Vertes
conquêtes », page 3.
* 25 _ Le Monde, jeudi 27 mars
2008, « Environnement, retour au Grenelle », page 21.
* 26 _ La Croix rubrique
France, vendredi 26 octobre 2007, « Les engagements
écologiques du président Sarkozy », page 7.
* 27 _ Matin Plus n°144
rubrique spéciale Grenelle, mercredi 24 octobre 2007, Interview de
Jean-Louis Borloo, « 2008 sera l'année du passage à
l'acte », page 10.
* 28 _ 20 minutes rubrique
France, jeudi 3 avril 2008, « Le développement durable prend
racine », p. 10.
* 29 _ Etude IFOP / LA POSTE / LES
ECHOS pour la conférence FEDERE, mars 2007.
* 30 _
http://www.categorynet.com/v2/communiques-de-presse/environnement/planete-durable-:-le--1er-salon-du-developpement-durable-a-paris-2007050944641/
* 31 _ Le Monde rubrique
Economie, mercredi 19 mars 2008, « L'enthousiasme collectif des
étudiants », page 9.
* 32 _ R. E. Freeman
* 33 _ selon la typologie
présentées par M. Capron et F. Quairel- Lanoizelée
* 34 _ http://osha.europa.eu/fr/
* 35 _
http://www.tcodevelopment.com/
* 36 _ IMS Entreprendre pour la
Cité, « La Société une affaire
d'entreprise ? » p.101
* 37 _ réalisé par
l'institut TMO Régions-Groupe CSA pour First&42nd, 2009
* 38 _ MS Entreprendre pour la
Cité, « La Société une affaire
d'entreprise ? » p.93
* 39 _ Gérard Seulin dans IMS
Entreprendre pour la Cité, « La Société une
affaire d'entreprise ? » p.99
* 40 _ IMS - entreprendre pour la
Cité « Concevoir et piloter une démarche citoyenne
dans l'entreprise. Enjeux, stratégie, méthodologies »
p.13
* 41 _ IMS - entreprendre pour la
Cité « Concevoir et piloter une démarche citoyenne
dans l'entreprise. Enjeux, stratégie, méthodologies »
p.21
* 42 _ Cyril Arcamone (consultant chez
Burson Marsteller)
* 43 _
http://europa.eu/legislation_summaries/agriculture/environment/l28027_fr.htm
* 44 _ Capron et Quairel (2004).
* 45 _ Réalisé en France
entre le 28 octobre et le 16 novembre 2009 par TNS Sofres auprès
d'un échantillon représentatif de 1 005 personnes
âgées de 15 ans ou plus.
* 46 _
http://europa.eu/scadplus/leg/fr/lvb/l28169.htm.
* 47 _
http://europa.eu/scadplus/leg/fr/lvb/l21215.htm.
* 48 _
http://europa.eu/scadplus/leg/fr/lvb/l28045.htm.
* 49 _
http://europa.eu/scadplus/leg/fr/lvb/l28163.htm.
* 50 _
http://europa.eu/scadplus/leg/fr/lvb/l28012.htm.
* 51 _
http://europa.eu/scadplus/leg/fr/lvb/l28120.htm.
* 52 _
http://europa.eu/scadplus/leg/fr/lvb/l27058.htm.
* 53 _
http://europa.eu/scadplus/leg/fr/lvb/l32037.htm.
* 54 _
http://europa.eu/scadplus/leg/fr/lvb/l21197.htm.
* 55 _
http://europa.eu/scadplus/leg/fr/lvb/l21210.htm.
* 56 _
http://europa.eu/scadplus/leg/fr/lvb/l21061.htm et
http://www.apesa.fr/savinf/regl_air.html
* 57 _
http://europa.eu/scadplus/leg/fr/lvb/l28186.htm.
* 58 _
http://www.apesa.fr/savinf/regl_air.html.
* 59 _
http://www.reglementation-environnement.com/resultat.php?numero=22740&code=96f6f3e391ef6d3777570db2185d7588
* 60 _
http://www.reglementation-environnement.com/resultat.php?numero=20133&code=4f2a9c9341cd3bb685996b3bb1a32261
* 61 _
http://www.reglementation-environnement.com/resultat.php?numero=21003&code=8379a1dd92f8b918c6b13de08af3acaf.
* 62 _
http://www.rsenews.com/public/dossier_eco/loi-nre.php?rub=1.
* 63 _
http://www.finances.gouv.fr/directions_services/cedef/synthese/enr/synthese.htm
* 64 _ La Croix rubrique
Sciences & éthique, mardi 2 octobre 2007, « Une
révolution énergétique du bâtiment », page
14.
* 65 _
http://194.117.223.129/servlet/KBaseShow?sort=-1&cid=96&m=3&catid=15027.
* 66 _
http://www.placo.fr/NR/rdonlyres/1DDEF2C6-42F0-40CC-9CBF-AD16897F9297/0/RT2005.pdf
* 67 _
http://www.reglementation-environnement.com/resultat.php?numero=25808&code=5416e8e8ae189c69aa69c52e1de91b92
* 68 _
http://www.actu-environnement.com/ae/news/1248.php4
* 69 _
http://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000000817815&dateTexte=
* 70
_Source :http://www.iso.org/iso/fr/iso_catalogue/management_standards/iso_9000_iso_14000/iso_9000_essentials.htm.
Accès le 4 mai 2008.
* 71
_Source :http://www.iso.org/iso/fr/iso_catalogue/management_standards/iso_9000_iso_14000/iso_14000_essentials.htm.
Accès le 4 mai 2008.