Le travail des enfants au Cameroun: le cas de la ville de Yaoundé (1952-2005)( Télécharger le fichier original )par Allamine Mariam Université de Yaoundé I - Cameroun - Master 2010 |
B- LES CONDITIONS DE TRAVAIL DES ENFANTS1- Des conditions de travail de plus en plus difficiles Les conditions générales de travail sont assez difficiles comme nous l'a confirmé notre informateur146(*). La plupart des enfants exercent dans le secteur informel. D'abord, l'embauche est temporaire et se fait au bon gré de l'employeur. Un recrutement qui se fait de bouche à oreille comme l'affirme un de nos informateurs147(*). Ce recrutement varie en fonction de la nature et du lieu du travail. Dans la rue, les enfants proposent leurs services et tout dépend de ce qu'on appelle la `'chance''148(*). D'autre part, on assiste à la mise au travail forcé car l'enfant se retrouve dans un état de vulnérabilité accrue qui l'oblige à se soumettre au bon vouloir de l'employeur sous toutes les conditions. Le traitement est généralement brutal. Certains enfants qui se trouvent dans l'impossibilité de supporter les violences de leur employeur réussissent à s'enfuir et proposent leurs services à d'autres employeurs149(*). On assiste ici à une chaîne de mise au travail des enfants. Pour cela, parler de recrutement peut sembler abusif. La mise au travail des enfants se fait ainsi qu'il suit : Tableau n°17 : Mode de recrutement des enfants travailleurs.
Source : Tableau réalisé par nos soins à partir des informations recueillies sur le terrain. Graphique n°3 : Mode de recrutement des enfants travailleurs en valeurs absolues et en valeur relatives.
Source : Graphique réalisé par nos soins à partir des informations tirées du tableau n°17. De ces illustrations, il ressort que la responsabilité des parents dans la mise au travail de leur progéniture est importante. Ce fait pourrait être lié au contexte socio-économique de l'heure miné par la crise économique qui s'accompagne de la dégradation des conditions de vie des ménages. Ces enfants sont ainsi exploités dans des travaux divers pour lesquels leurs employeurs auraient dû recourir à des adultes plus exigeants et réclamant une rémunération décente150(*). La majorité des enfants occupés (78,4%) exerce des travaux non rémunérés en qualité de travailleurs familiaux. Prés de 5,0% des enfants occupés sont des indépendants. Mais il faut avouer que tous les enfants qui travaillent ne sont pas généralement indépendants car ils travaillent toujours sous le contrôle d'une tutelle qui peut être représentée pour les parents, les tuteurs ou un quelconque intermédiaire. Selon le Rapport National sur le Travail des Enfants au Cameroun, 3,8% des enfants travailleurs sont salariés tandis que 12,5% sont des travailleurs familiaux rémunérés151(*). Il faut dire à la suite d'un tel tableau que plus de la moitié des enfants travailleurs ne bénéficient pas de la contrepartie relative au déploiement de leur force de travail. Les enfants travailleurs évoluent donc dans des conditions difficiles dont la pénibilité tient à la fois de la nature du travail, du temps qui lui est imparti et de la vulnérabilité physique et intellectuelle de celui qui l'exerce. Photo n°2 : Enfant travaillant dans une cordonnerie. Source : ILO PHOTO, 1996. Selon un rapport de l'OIT, les conditions de travail des enfants sont généralement éprouvantes152(*). Ils ne disposent pas de congés, ni de temps libre. Les locaux de travail sont souvent insalubres et les enfants sont soumis à de mauvais traitements et à des punitions car le rendement demandé est excessif et disproportionné à la force de travail de l'enfant. Son organisme n'est pas adapté au travail et ses besoins tant physiologiques que psychologiques ne correspondent pas à une astreinte au travail pendant plusieurs heures par jour. * 146 * 147 * 148 * 149 * 150 * 151 * 152 |
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