CHAPITRE 4. ANALYSE
ÉCONOMÉTRIQUE DES EFFETS DES VARIABLES EXPLICATIVES SUR LA
COMPLÉTUDE VACCINALE DES ENFANTS DE MOINS DE CINQ ANS
Les méthodes descriptives et exploratoires nous ont
permis dans un premier temps de mettre en évidence le degré
d'association des différentes variables explicatives avec le
phénomène de complétude vaccinale et ensuite de construire
le profil des enfants à forts taux de complétude vaccinale et
à forts taux de non complétude vaccinale. Cependant, ces
techniques ne renseignent pas de manière quantifiée sur les
facteurs explicatifs du phénomène étudié. En effet,
dans la réalité, aucun facteur n'agit seul sur un
phénomène. La régression constitue l'une des techniques
qui permettent de mettre en évidence parmi un certain nombre de facteurs
potentiels, lesquels sont plus déterminants dans l'explication du
phénomène étudié. L'objet de ce chapitre est donc
non seulement de dégager parmi les différentes variables
explicatives celles qui sont les plus déterminantes pour la
complétude vaccinale mais aussi de mettre en évidence comment ces
variables interagissent pour contribuer à l'amélioration du
niveau de complétude vaccinale des enfants de moins de cinq ans.
Compte tenu de la nature dichotomique de notre variable
dépendante, nous avons eu recours à la méthode de
régression logistique. Les étapes de notre démarche sont
les suivantes :
Ø dans un premier temps, chaque variable explicative a
été modélisée avec la complétude vaccinale.
Cela nous a permis de déterminer les effets bruts de chaque variable sur
la complétude vaccinale. Les effets bruts mesurent l'influence qu'une
variable aurait eu sur la complétude vaccinale si les effets des autres
variables explicatives étaient constants ; et
Ø dans un second temps, les variables explicatives ont
été introduites pas à pas en suivant l'ordre de notre
schéma conceptuel afin d'observer le R² et de choisir le meilleur
modèle (celui qui aura le R² le plus grand) et d'analyser les
interdépendances pouvant exister entre les variables explicatives. Au
terme de l'introduction de toutes les variables, nous avons obtenu un
modèle global. Ce modèle fournit les effets nets de chaque
variable explicative c'est-à-dire les effets de chaque variable en
tenant compte des effets des autres variables explicatives.
Les résultats sont consignés dans le tableau en
annexe 4
4.1 EFFETS BRUTS
DES VARIABLES EXPLICATIVES SUR LA COMPLÉTUDE VACCINALE DES ENFANTS DE
MOINS DE CINQ ANS
Les modèles bruts révèlent qu'à
l'exception du sexe de l'enfant, toutes les autres variables ont une influence
significative au seuil de 1% sur la complétude vaccinale des enfants de
moins de cinq ans. Parmi ces variables, le département de
résidence de la mère, l'ethnie de la mère, le niveau
d'instruction du conjoint, le niveau de vie du ménage et le nombre de
consultations prénatales de la mère ont le pouvoir explicatif le
plus élevé avec respectivement 5,8%, 4,5%, 4%, 5,5% et 9%
d'explication de la complétude vaccinale des enfants de moins de cinq
ans. Par contre, le milieu de socialisation de la mère et le rang de
naissance de l'enfant ont les pouvoirs explicatifs les moins
élevés (1,1% et 0,6% respectivement). Le milieu de
résidence de la mère, la religion de la mère, le niveau
d'instruction de la mère, l'activité économique de la
mère et son accès à l'information expliquent
respectivement 1,4%, 2,3%, 3%, 2,4% et 2% de la complétude vaccinale des
enfants de moins cinq ans.
Ø Les enfants de mères résidant dans les
départements de l'Alibori, de l'Atacora et du Zou ont 1,3 fois plus de
chance d'être complètement vacciné que ceux dont les
mères résident dans le Couffo. Ceux dont les mères
résident dans les départements de l'Atlantique, du Borgou, des
Collines, de la Donga et de l'Ouémé ont respectivement 1,8 ;
1,6 ; 1,8 ; 2,1 et 3,1 fois plus de chance d'être
complètement vacciné que leurs homologues de mère
résidant dans le département du Couffo. Les enfants de
mères résidant dans les départements du Littoral et du
Mono ont près de 4 fois plus de chances relatives à ceux dont les
mères résident dans le Couffo d'être complètement
vacciné. Il n'existe pas de différences significatives entre les
enfants de mères résidant dans les départements du Couffo
et du Plateau en matière de complétude vaccinale.
Ø Les enfants de mères résidant en milieu
urbain ont 1,5 fois plus de chance d'être complètement
vacciné que leurs homologues dont les mères résident en
milieu rural.
Ø Les enfants dont les mères sont d'ethnie
dendi, betamaribe, yoa et lokpa, adja, yoruba, fon et bariba ont respectivement
2,9 ; 2,9 ; 4,8 ; 4,8 ; 5,4 ; 5,4 et 6,8 fois plus de
chance que leurs homologues dont les mères appartiennent à
l'ethnie peulh d'être complètement vacciné.
Ø Les enfants dont les mères pratiquent la
religion musulmane ont pratiquement la même chance (or = 1,1) que ceux
dont les mères pratiquent la religion traditionnelle d'être
complètement vacciné. Par contre, ceux dont les mères
pratiquent la religion catholique et protestante ont près de 2 fois plus
de chances d'être complètement vacciné que ceux de
mères pratiquant la religion traditionnelle (or =2 et 1,8
respectivement). Les enfants dont les mères pratiquent la religion
céleste ou une autre religion ont 1,3 fois plus de chance d'être
complètement vacciné que leurs homologues de mères
pratiquant la religion traditionnelle. Aucune différence significative
ne se fait remarquer entre les enfants dont les mères ne pratiquent
aucune religion et ceux dont les mères pratiquent la religion
traditionnelle en terme de complétude vaccinale.
Ø Les enfants de mères socialisées dans
une ville moyenne, une autre ville et à l'étranger ont environ
1,3 fois plus de chance d'être complètement que leurs homologues
ayant une mère socialisées dans un village. La chance
d'être complètement vacciné double lorsqu'on passe d'un
enfant dont la mère a été socialisée dans un
village à un autre dont la mère a été
socialisée dans une grande ville.
Ø Les enfants dont les mères ont atteint le
niveau d'instruction primaire, ceux dont les mères ont atteint le niveau
secondaire et ceux dont les mères ont atteint le niveau supérieur
ont respectivement 1,7 ; 2,8 et 3 fois plus de chance d'être
complètement vacciné que leurs homologues dont les mères
n'ont aucun niveau d'instruction.
Ø Les enfants dont les mères n'exercent aucune
activité économique, travaillent dans le commerce, exercent un
travail manuel et travaillent dans d'autres secteurs ont respectivement 56%,
48%, 69% et 37% moins de chance d'être complètement vacciné
que leurs homologues dont les mères travaillent dans l'agriculture.
Ø Les enfants dont les conjoints de leur mère
ont atteint le niveau d'instruction primaire, secondaire et supérieur
ont respectivement 1,8 ; 2,2 et 3,3 fois plus de chance d'être
complètement vacciné que leurs homologues dont les conjoints de
leur mère n'ont aucun niveau d'instruction.
Ø Les enfants vivant dans un ménage de niveau de
vie pauvre, moyen, riche et très riche ont respectivement 1,4 ;
1,8 ; 2,1 et 3,7 fois plus de chance d'être complètement
vacciné que leurs homologues vivant dans un ménage très
pauvre.
Ø Les enfants dont les mères ont un niveau moyen
d'accès à l'information et ceux dont les mères ont un
niveau élevé d'accès à l'information ont
respectivement 1,7 et 2,6 fois plus de chance d'être complètement
vacciné que ceux dont les mères ont un faible niveau
d'accès à l'information.
Ø Les enfants dont les mères ont effectué
une consultation prénatale au cours de leur grossesse ont 3,5 fois plus
de chance d'être complètement vacciné que ceux dont les
mères n'ont effectué aucune consultation prénatale ;
cette chance double presque chez les enfants dont les mères ont
effectué 2 à 3 consultations prénatales. Les enfants dont
les mères ont effectué au moins 4 consultations prénatales
ont 8,3 fois plus de chance d'être complètement vacciné que
leurs homologues de mères n'ayant effectué aucune consultation
prénatale.
Ø Les enfants de rang 1, 2 et 3 ont respectivement 1,5
et 1,3 fois plus de chance d'être complètement vacciné que
leurs homologues de rang 7 et plus. Il n'existe pas de différence
significative en matière de complétude vaccinale entre les
enfants de rang 4 à 6 et les enfants de rang 7 et plus.
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