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L'amour comme paradigme de la morale chez Vladimir Jankélévitch

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par Marios KENGNE
Grand séminaire Paul VI-Philosophat de Bafoussam - mémoire de fin de cycle 2002
  

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REMERCIEMENTS

« Une seule main ne saurait faire un paquet », dit un proverbe africain. Nous voulons ainsi dire notre gratitude à l'endroit de tous ceux et celles qui, d'une manière ou d'une autre, ont contribué à la rédaction de cette monographie. Nous pensons :

Au père Dominique NDEH qui a bien voulu disposer de son temps pour nous orienter dans cette recherche.

A Nosseigneurs Joseph Atanga et Gabriel Simo qui nous ont permis de faire les études de philosophie dans notre cheminement vocationnel.

A tous les formateurs (internes et externes) du philosophât de Kouékong pour leur disponibilité.

Aux pères Emmanuel Dassi Youfang et Noël Sofack pour leur constante et paternelle sollicitude.

A vous tous : frères, soeurs et amis pour tous vos encouragements et votre sens de coopération.

Ensemble, magnifions le Nom du Seigneur !

INTRODUCTION GENERALE

« La philosophie morale est (...) le premier problème de la philosophie. »1(*) Cette remarque de Vladimir Jankélévitch s'inscrit dans le sillage de l'une des principales préoccupations des différentes époques de l'histoire de la philosophie. Cette préoccupation est essentiellement centrée sur la quête d'une vie heureuse qui a tant retenu l'attention des philosophes. Si déjà l'homme, l'objet de la philosophie et le sujet philosophant, a tant occupé le débat philosophique, la question de sa conduite, de son agir, de son comportement, bref, de sa moralité n'a pas été omise. En ayant un regard panoramique sur l'histoire de la philosophie, on peut déjà pressentir les lueurs d'une certaine sollicitude d'ordre morale. Ainsi de Socrate aux stoïciens et aux épicuriens en passant par Platon et Aristote, l'on constate qu'au-delà des interrogations d'ordre métaphysique, l'interrogation essentielle revient à définir les principes d'une vie heureuse à la dimension de l'homme raisonnable.

C'est dans cette perspective que s'inscrit la réflexion de Jankélévitch, philosophe français, au sujet de la morale. Les questions de la moralité sont au coeur de ce philosophe. En ce sens, une vie vécue selon l'ordre du coeur va constituer la vraie structure de sa philosophie et il va faire de l'amour le corollaire de la morale. D'où la formulation de notre thème : l'amour comme paradigme de la morale chez Vladimir Jankélévitch. L'acte moral n'est plus désormais une simple obéissance à telle loi ou à telle prescription juridique. Il doit être imprégné d'une dimension amoureuse. L'amour est inséparable de la morale, surtout du devoir moral. Il est comme la condition de validité voire de possibilité de tout acte moral.

Notre préoccupation est d'étudier cette corrélation que Jankélévitch établit entre morale et amour. Comment faire de l'amour le corollaire de la morale ? En d'autres termes, comment, mener une vie morale constante, véritable et profonde dans l'action d'aimer ? Avec Jankélévitch, seul l'amour, inestimable dans sa générosité infinie, peut en conférer une valeur authentique. Il faut dire que c'est d'abord l'essence très fragile de la moralité qui retient l'attention de ce contemporain, car selon lui, la fugace intention morale n'est qu'un « je-ne-sais-quoi », constamment menacé de déchéance c'est-à-dire de chute dans l'impureté. C'est ainsi qu'aux confluents du néoplatonisme, de la mystique des Pères de l'Eglise, du pur amour fénelonien, de la bonne volonté kantienne et de la pureté de coeur kierkegaardienne, surgit une éthique, mieux une morale de l'intention bienfaisante. En cela, son Traité des vertus, publié en 1949, en dit long.

Notre analyse sera échafaudée sur un plan en quatre chapitres : au chapitre premier, il sera question de relever le caractère irrécusable de l'évidence morale chez tout être de raison. Après une présentation des éléments qui ont influencés la pensée morale de Jankélévitch, la deuxième articulation de ce premier chapitre s'attardera à montrer que la conscience humaine est une conscience ontologiquement morale. Le deuxième chapitre essayera de présenter l'amour comme principe ultime de la morale : la première articulation sera un exposé des paradoxes de la morale. Quant à la seconde, elle mettra en lumière la causalité circulaire de l'être moral. Au troisième chapitre, il sera question de l'analyse de l'imbrication des paradoxes de la morale dans la notion du droit et du devoir moral : il s'agira d'une énonciation de l'universalité des droits et des devoirs dans la première partie, et de l'analyse de la morale de l'intention bienfaisante dans la seconde partie. Le quatrième chapitre sera essentiellement évaluatif : portée philosophique et perspectives critiques.

* 1 _ JANKELEVITCH V., Le paradoxe de la morale, Paris, Seuil, 1981, p. 7.

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"Un démenti, si pauvre qu'il soit, rassure les sots et déroute les incrédules"   Talleyrand