Conclure
Nous ne voudrions pas conclure cette réflexion sans
rappeler ce qui l'a motivée : la mauvaise gestion de la chose
publique dans l'Afrique actuelle. Cinq décennies après les
indépendances, les structures politiques d'Afrique sont loin
d'être rassurantes. Si elles ne sont pas restées statiques, elles
ne se sont pas donné pas les moyens nécessaires pour une
indépendance réelle. Les dirigeants africains se distinguent
surtout par leur mauvaise gestion. Ils hypothèquent et aliènent
les ressources de leurs pays, pour ne servir que des intérêts
individuels et égoïstes. Le continent, laissé à
lui-même, ressemble à un champ de bataille où les petits
sont engloutis par les plus puissants. Les violations des droits fondamentaux
n'étonnent plus personne. Un jugement inexorable s'exercera sur les gens
haut placés ; au petit, par pitié, on pardonnera mais les
puissants seront examinés puissamment (Sg 6, 5-6).
Une question se pose avec acuité : Outre les
conditions liées à son histoire, la perte du sens du bien commun
ne serait-elle pas la cause profonde des misères qui bloque le
décollage du développement africain ? S'il en est
ainsi, il nous semble que la réinvention de l'Afrique, pour une
réorganisation politique digne de ce nom, demeure corrélative
à une culture efficace de la prise en charge personnelle du bien commun
par les Africains et pour les Africains. Voilà pourquoi nous avons
lancé deux appels : l'éducation au sens du bien commun dans
tout son caractère austère et une forte organisation
institutionnelle où le cadre éthique guidé par le sens
sacré de la constitution donnerait une nouvelle poussée à
la ré-confection du tissu politique des Etats modernes en terre
africaine. Nous soulignons le caractère inachevé de cette
réflexion que nous voudrions bien voir se poursuivre.
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