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Exploitation et gestion des ressources naturelles dans l'ile à Morphil. Etude de cas: l'arrondissement de Cas-Cas (département de Podor)( Télécharger le fichier original )par Aliou Wane Université Cheikh Anta Diop de Dakar - Maitrise 2009 |
CHAPITRE I : LA GEOMORPHOLOGIE ET LES RESSOURCES PEDOLOGIQUESLe Quaternaire se caractérise par des changements climatiques, des variations du niveau marin, plusieurs cycles d'érosion pluviale et des dépôts alluvionnaires, qui ont donné à de nombreux changements dans le cours du fleuve Sénégal et dans la dynamique, qui distinguent la morphogenèse de la moyenne vallée. L'évolution géomorphologique de l'île à Morphil est strictement liée aux paléoclimats et aux variations du niveau de la mer, qui ont déterminé plusieurs épisodes morphoclimatiques. Les conséquences de cette évolution ont été étudiées par Pierre Michel (1973).Plus tard M.Sall (1982), Sow (1984), récemment A.Diagne (1995) et Corréa (2006) ont repris certaines conclusions de ces études géomorphologiques pour caractériser l'écoulement dans le bassin du fleuve Sénégal. Ces différents travaux vont être nos principales sources pour retracer l'histoire géomorphologique de cette zone. I. L'EVOLUTION GEOMORPHOLOGIQUEC'est durant le Quaternaire ancien que le fleuve a creusé sa vallée et c'est surtout au cours du Quaternaire récent que les différentes unités géomorphologiques se sont individualisées pour donner à la vallée une topographie très basse mais aussi très diversifiée.
Le bassin versant du fleuve Sénégal présente une diversité de roches, de natures et d'âges différents. Il laisse apparaître deux ensembles définis par l'âge et la mise en place des roches affleurantes : dans le haut bassin (Fouta Djalon, Bakel) domine des roches du socle précambrien et de sa couverture paléozoïque, dans la moyenne vallée les roches sédimentaires du secondaire et du tertiaire sont souvent masquées par des dépôts quaternaires. Au cours du Quaternaire ancien, l'incursion de la mer est assez limitée. L'épisode y est représenté par des grès et des calcaires à stratification entrecroisée riches en foraminifère. Il est caractérisé par une mer peu profonde, chaude et agitée dans laquelle se développe une faune abondante et variée (huître, oursins, balanes). Le sommet du pléistocène (40 000 ans BP - 14 000 BP) est marqué par la succession d'un pluvial et d'un aride. La phase humide est intervenue entre 40 000 ans BP et 30 000 ans BP. Elle accompagne la transgression Inchirienne. Le niveau marin se releva jusqu'à - 20 m au cours de cette transgression (40 000 ans BP - 30 000 ans BP). Les dépôts sont de type margino-littoral, à faune côtière. L'épisode aride correspond à la transgression post-Inchirienne (20 000BP - 12 000BP), le fleuve creuse son lit dans les grès du Continental Terminal. Durant cet épisode climatique sec, l'entaille atteint - 28 m et se forme la nappe alluviale et des graviers de sous berge. 1.2 Le Quaternaire récent Le Quaternaire récent est de loin la période la mieux connue. Il a été marqué par d'importants changements climatiques associés à des variations du niveau marin (holocène). L'évolution s'établit de la manière suivante : · La période aride de l'Ogolien (20 000 ans BP). Des dunes longitudinales d'orientation nord-est / sud-ouest barrent la vallée à la hauteur de Kaédi, rendant le régime du fleuve endoréique. C'est le premier remblai sableux. · La période plus humide du Tchadien (12 000 à 7 300 ans BP). Le climat redevient humide et favorise une formation des lacs et des marécages. Dans les dépressions interdunaires, il se forme des dépôts de tourbes ligneuses continentales. Le retour de pluies favorise la ferrugination des sols, notamment sur les dépôts Ogoliens et un second remblai sableux s'ensuit, · La transgression Nouakchottienne (7 000 ans BP - 4 000 ans BP) va créer de nombreux golfes dans les vallées et les interdunes. Elle déplacera et positionnera le littoral des fonds de -50 m jusqu'à des côtes voisines du niveau actuel. Les matériels mis en place sont remodelés, formant ainsi les dépôts des hautes levées et des terrasses du Nouakchottien. Ces dépôts sont caractérisés par une faune avec en particulier un développement important des mollusques tels que : Anadara senelis, Dosinia isocardra, Cerasoderma edule. Le rivage est bordé de mangroves dont le développement est favorisé par des eaux troubles, faiblement agitées, par des températures de l'ordre de 20°C et un bon ensoleillement. Durant cette période marine, une importante terrasse de sable fin s'est mise en place dans la vallée alluviale, que l'on rencontre vers 1 m de profondeur dans toute la moyenne vallée avale. Le Tafolien (4 200 ans BP) édifie des cordons littoraux riches en minéraux lourds sur le littoral du Sénégal, · Vers 2 500 ans BP le fleuve remplace la mer dans la moyenne vallée aval et dans la basse vallée, tandis que des dépôts fluvio-deltaiques se forment dans le delta qu'une lagune occupe à l'ouest. La régression qui a suivi aurait à peine abaissé le niveau marin en dessous du niveau actuel. Cette phase sèche s'est manifestée aussi par une recrudescence de l'action éolienne favorisant la formation des dunes littorales semi-fixes. Simultanément, le fleuve a considérablement accru ses sinuosités. Les dunes littorales sub-actuelles ont été fixées par la végétation dans leur migration vers le Sud-est lors d'une légère pulsation qui se serait produite au Moyen Age. A l'actuel, une nouvelle donne modifie le fonctionnement du fleuve : les barrages qui tempèrent les conditions de sédimentation et l'érosion fluviale dans des proportions encore difficile à évaluer. (Albert Diagne, 1995)3(*). 1. 3 Les modelés actuels Ces différents épisodes ont permis la mise en place d'un micro-relief très enchevêtré qui compartimente le lit majeur du fleuve en de multiples cuvettes plus ou moins vastes. Ces changements climatiques et les comportements du fleuve qui leur ont été associés, permettent de distinguer les unités géomorphologiques suivantes :
* 3 _Albert Diagne, 1995 « Les changements d'état d'un paysage de la moyenne vallée du fleuve Sénégal (Podor) 1989-1990 », Thèse doctorat de 3éme cycle en géographie, 298 pages |
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