§.3. ENJEUX ELECTORAUX : VERS LA FIN DE LA CRISE DE LEGITIMITE PENDANT LA
TRANSITION
Les obstacles au processus démocratique ont
été exacerbés depuis le 02 août 1998 par une longue
guerre meurtrière qui a vu le pays se diviser en plusieurs zones
contrôlées par des fractions armées opposées. Cet
état de choses a pu faire croire à d'aucuns qu'il n'était
pas possible d'instaurer une véritable démocratie en
RDC. Toutefois, ces circonstances malheureuses ainsi
que les rendez-vous manqués n'ont pas empêché les leaders
congolais à se mettre autour d'une table. En effet, en dépit de
leurs contradictions et divergences, les parties en conflit, ont entamé
des négociations politiques qui ont permis la fin des hostilités,
le retour de la paix, l'unification du pays et la mise sur pied des
institutions de la transition.
Ainsi qu'on peut le constater, le Dialogue Inter Congolais a
été initié en vue de mettre fin à la guerre et
à la crise politique ainsi qu'à l'instauration d'une nouvelle
architecture institutionnelle. Ces nouvelles négociations qui n'ont pu
se dérouler normalement du vivant de Laurent
Désiré KABILA, ont
abouti le 17 décembre 2002 à l'Accord Global et Inclusif sur la
gestion du pouvoir politique en RDC. Dans
le cadre de cet accord, les protagonistes avaient
adopté une constitution de la transition qui avait fixé les
élections en 2005. La loi électorale adoptée par le
Parlement de transition et promulguée par le Chef de l'Etat avait
déterminé les mécanismes de toutes les
élections : présidentielle, législatives, municipales
et locales.
Cependant, l'absence de certains paramètres
essentiels de la transition depuis l'entrée en vigueur des institutions
issues de l'Accord Global et Inclusif, n'a pas facilité respect du
calendrier électoral tel que prévu par ledit accord. Il s'agit
notamment de l'organisation du recensement général de la
population, la formation d'une armée et d'une police nationale
intégrées, l'unification des services de sécurité,
etc.
C'est ainsi que l'organisation des élections a
été reportée de six mois à deux reprises.
Initialement prévues en 2005, les élections ont effectivement
commencé en 2006. Elles furent précédées en
décembre 2005 par le referendum devant doter le pays de la Constitution
de la Troisième République. La suite du processus
électoral a été marquée par l'identification et
l'enrôlement des électeurs. Cette opération a
consisté à répertorier tous ceux qui avaient la
majorité pénale, pour prendre part aux élections
présidentielles, législatives, sénatoriales, provinciales
et locales.
A la lumière de tout ce que nous avons pu relever
dans les précédentes lignes, nous remarquerons que pendant cette
dernière transition en date, les élections furent parmi les
enjeux majeurs autour desquels toutes les forces politiques en présence
tournèrent.
Les élections ont donné l'occasion au peuple
de se choisir librement et dans la transparence les animateurs des
différentes institutions politiques du pays à travers les urnes.
Ainsi, l'épineux problème de légalité et de
légitimité du pouvoir a pu être résolu.
Les élections restent aujourd'hui le moyen
sérieux pour légitimer le pouvoir dans un pays. Alors pour gagner
les élections et au-delà de tous les facteurs qui entrent en jeu,
les moyens financiers constituent en soi un moyen aussi redoutable.
Les entreprises publiques étant des outils financiers
du pouvoir, les acteurs politiques de la transition s'en sont servis pour se
préparer aux prochaines élections. Ainsi donc, la
problématique de nomination des mandataires a été une dure
épreuve durant la transition. Et pour répondre aux prescrits de
l'Accord Global et Inclusif, le partage comme il a été question
dans d'autres institutions politiques a pu intervenir. Et c'est ce qu'on
appelle politisation des entreprises publiques. A cela les faits liés
aux enjeux économiques, socioculturels ont été plus
propagandistes et destinés à financer les campagnes
électorales.
C'est dans cette optique que beaucoup d'analystes soulignent
que les entreprises publiques durant la transition ont constitué de
ressources stratégiques pour financer les campagnes électorales
au détriment des acteurs qui ne détenaient pas une quelconque
gestion. Cette assertion valait même pour d'autres institutions. C'est
pourquoi, les chefs des Composantes et Entités mettaient des gens
à ces postes ceux qui leur étaient favorables. Et c'est comme si
la transition n'a pu servir que ceux qui ont dirigé, et plus loin, nous
dirons qu'en fait, c'est une pratique non conforme de démocratie
véritable.
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