CHAPITRE IV : ALLIANCES POLITIQUES FACE AUX ENJEUX
PENDANT LA TRANSITION
Nous consacrons ce quatrième chapitre à
l'étude des alliances tissées par les acteurs politiques au
regard des enjeux de la dernière étape de la transition. Les
forces politiques qui ont caractérisé la classe politique
congolaise pendant la transition de `1+4' tournaient autour de certains enjeux
tels que définis dans l'Accord Global et Inclusif.
Examiner ces alliances et enjeux, nous oblige d'identifier
les différents intérêts de ladite classe politique. Ces
intérêts concernent les secteurs les plus divers de la vie
nationale, allant du gouvernement, au Parlement, en passant par la
territoriale, la diplomatie, les entreprises publiques, l'armée, la
police et les services de sécurité, etc. Bref, il s'agit des
institutions publiques. Tous ces enjeux tournaient autour du changement
politique, du partage du pouvoir à tous les niveaux et des
élections.
Les forces politiques pendant cette transition avaient pour
but ultime, celui d'organiser les élections ; et, lesquelles
élections feront triompher une majorité dont les décisions
ne violenteraient pas la minorité, comme le soutiennent
PRELOT et BOULOUIS
(1987, p. 64), mais l'amener à se ranger au
point de vue majoritaire, non par crainte mais par conviction. Au-delà
de l'organisation des élections, la vision fut éventuellement de
diriger les prochaines institutions qui seront issues des urnes. C'est
pourquoi, à un certain moment, les anciens `barons dinosaures' de
l'ancien régime dictatorial se regroupèrent autour de leur fils,
le leader du MLC afin de bloquer chemin au
Président en fonction pour ne pas se présenter aux
échéances électorales prochaines.
A ce titre, il y a lieu de signaler que les avis des leaders
politiques constituant les forces politiques en présence pendant la
transition, étaient fortement partagés. D'une part, les forces
issues de l'Accord Global et Inclusif tournèrent leur regard d'abord sur
la réussite de la transition qui leur permettra d'aller aisément
aux élections après avoir épuisé le temps leur
accordé par les textes organisant de ladite transition. D'autre part,
les forces qui étaient hors des institutions soutenaient en elles
l'organisation immédiate des élections sans aucune
éventuelle prolongation de la transition. Donc pour elles, il y eu fallu
à tout prix changer la sphère dirigeante du pays qui conduirait
à un nouvel ordre politique.
SECTION I : ALLIANCES POLITIQUES ENTRE LES FORCES POLITIQUES EN
PRESENCE DURANT LA TRANSITION
La volonté de se choisir un partenaire politique ou
un allié devrait être moins difficile qu'un accord sur une
politique gouvernementale. Malheureusement, l'abandon des visées
politiques veulent faire de tout le monde Président de la
République ou dirigeant de premier rang dans une nation.
Les divergences d'idées ne devraient pas être
un frein à la constitution des alliances dès lors qu'on aurait
besoin de servir la nation.
L'alliance en Allemagne des sociaux démocrates et des
sociaux chrétiens, démontre que l'on peut avoir des
idéologies différentes et s'étendre même pour
diriger autour d'une politique commune.
Ainsi, il est difficile de comprendre par exemple ce qui
constituerait un antagonisme irrémédiable entre deux grands
partis du pays, au point qu'on puisse envisager une alliance entre deux
formations politiques. Une alliance entre différents partis serait un
symbole fort de réconciliation nationale. Ce serait la pièce
centrale sur laquelle une coalition gouvernementale peut se bâtir.
L'exigence de reconnaître les qualités de ses
alliés devrait cependant commencer au sein des partis politiques
respectifs. Ainsi, les alliances politiques sont des lieux d'expression
démocratique de tous les partis politiques membres sur la vision
politique générale sur laquelle doit se bâtir la nation.
Toutes les alliances politiques sont alors toujours
fondées par rapport à un enjeu pointant à l'horizon. Cet
enjeu se présente toujours par les forces politiques en présence
comme leurs prochains vouloirs qui sont exprimés en termes du
pouvoir.
§.1. ALLIANCES POUR LA SAUVEGARDE DE LA TRANSITION
Dans l'histoire de la troisième étape de la
transition en République Démocratique du Congo, il est
évident de rappeler ici qu'elle a été constituée
essentiellement comme nous l'avons précédemment
évoqué d'anciens belligérants d'une part, des Forces Vives
de la nation et des forces organisées en Opposition Politique d'autre
part. c'est pourquoi, la configuration des forces a répondu à
la constitution de chacune des Composantes et Entités au Dialogue Inter
Congolais.
Durant les négociations en Afrique du Sud, des
divergences ont été remarquées tour à tour en ce
qui concernait le nouvel ordre politique à instaurer au pays ; et
après plusieurs autres débats, un consensus a été
trouvé. C'est ça le consensus qui fut fondé sur le
principe du partage équitable et équilibré du pouvoir.
C'est pour autant confirmer qu'à ce niveau une alliance les
préoccupait celle d'arriver à la signature d'un accord plus large
et incluant tout le monde.
Après la mise en place et par rapport aux nouvelles
donnes que présenta la sphère politique congolaise, il y
eût dislocation de cette alliance qui a conduit à la signature
dudit accord, pour se remettre en leurs Composantes et Entités.
De toutes les forces politiques issues de l'Accord Global et
Inclusif qui étaient essentiellement constituées des
personnalités à titre individuel, la Composante dite `Opposition
Politique' a été constituée de différents partis
politiques répertoriés tant sur le plan intérieur que sur
le plan extérieur par rapport au pays.
Pour se remettre à ce qui les avait conduit à
la mise en place de la transition et durant le déroulement des travaux
par exemple à l'Assemblée Nationale, la Composante Gouvernement a
été solidement soudée à l'Entité
Maï-Maï, à quelques éléments des Forces Vives et
aussi à quelques partis politiques de la Composante Opposition
Politique.
A ce titre, la Composante RCD
quelques fois, elle était désolidarisée des autres forces
surtout lors de sa revendication de la `requalification' de la transition.
Cette idée a été largement soutenue par certains partis
politiques et l'UDPS qui ne participait pas dans la
gestion des institutions de la transition. Au contraire, cette idée a
été fortement appuyée par la forte alliance qu'avaient
tissée la Composante Gouvernement et la Composante
MLC.
Lors du refuge du Président Azarias
RUBERWA MANIWA et de certains de sa Composante
RCD à Goma après le massacre des
`Banyamulenge' à Gatumba au Burundi, il demanda à tous les
membres de sa Composante de se retirer de toutes les institutions avant une
éventuelle solution à la crise. Cette position a
été jugée inopportune par certains qui sabotèrent
dont le Professeur Emile NGOY KASONGO, mais d'autres
avaient rejoint leur Président à sa décision. Toutes les
forces autour de cette affaire furent liées entre elles juste pour la
sauvegarde de la transition dont la crise fut décantée par
l'intervention personnelle jusqu'à Kinshasa du Parrain de la transition
congolaise, le Président sud-africain THABO
MBEKI.
L'année 2004 fut une année où le
problème du partage des responsabilités dans les entreprises
publiques et d'économie mixte avait divisé les acteurs politiques
congolais. Ainsi, sur cette question le Président de la
République soutenu par la composante Gouvernement estimait qu'il
n'était pas question de politiser lesdites entreprises comme cela l'a
été pour le Gouvernement, et il était l'heure de donner la
chance à tout congolais de postuler en tant que mandataire, en prenant
en compte les critères de moralité, de compétence et
d'expérience. Cela fut après avis de la Cour Suprême de
Justice saisie à cet effet par le Président de la
République résolu.
Ainsi, face à cette question une forte et dynamique
alliance composée de toutes les autres forces politiques fut
formée et s'opposa au Président de la République, soutenu
par la Composante Gouvernement et alliés. La Composante Gouvernement par
l'entremise de son Excellence Henry MOVA SAKANI,
alors Ministre de l'Information et Presse et Porte-parole du Gouvernement
soulignait après la déclaration faite par le
MLC de se retirer des institutions, qu'elle
était d'irresponsable et de fuite des responsabilités car toutes
les forces politiques issues de l'Accord Global et Inclusif s'étaient
résolues d'amener le pays aux échéances électorales
et ce serait remettre en cause la transition qui s'était voulue selon
les textes non conflictuelle.
Convaincue de la force de l'UDPS,
le RCD initia des contacts avec cette dernière
dans le but de faire reposer la transition sur de bases solides avant les
élections. D'où leur alliance éphémère pour
une redéfinition de la transition avant son issue.
Nous retenons que pendant cette transition, il n'eût
pas sérieusement d'alliances à part celles déjà
établies depuis les négociations. Les alliances, se formaient
spontanément et étaient éphémères une fois
que le débat retenu en discussion prenait fin. A part l'alliance
Gouvernement-Maï-Maï, presque toutes les alliances étaient
conjoncturelles.
Mais, selon les forces hors des institutions et certains
partis politiques de la Composante l'Opposition Politique, il eût fallu
que cette transition prenne fin en date du 30 juin 2005 et cela après
deux ans. Et par rapport aux lourds de la transition dont le Gouvernement, le
MLC, le RCD, la
nécessité d'une éventuelle prolongation était
évidente compte tenu de beaucoup d'impératifs techniques.
D'où une année a été ajoutée, et ce, dans
le délai constitutionnel et conformément aussi au prescrit de la
même Constitution en son article 196.
C'est ainsi, pour sauver la transition et garder leur
crédibilité pour les prochaines élections, toutes les
forces politiques en général, et celles signataires de l'Accord
Global et Inclusif en particulier furent toutes unies et coalisées en
prouvant ainsi aux yeux de toute l'humanité qu'elles étaient pour
l'organisation des élections non pas dans la précipitation, mais
dans le délai prévu par les deux textes organisant la
transition : l'Accord Global et Inclusif sur la transition en
République *Démocratique du Congo et la Constitution de la
transition.
Sauvegarder la transition et par conséquent les
prochaines élections, équivalait à mettre hors état
de nuire toutes les forces négatives semant des troubles, tant au niveau
des dirigeants qu'à celui des institutions qu'ils ont la charge de
gouverner honnêtement, honorablement, pour les forces politiques issues
de l'Accord Global et Inclusif. Mais pour les forces non-institutionnelles
soutenues par certaines forces institutionnelles ; les alliances entre les
forces institutionnelles seraient plus avantageuses pour les dirigeants tendant
à prolonger le processus pour leur position hégémonique
durant les campagnes électorales. Et selon les forces
non-institutionnelles, celles qui sont au pouvoir ne feraient rien sans leur
pression.
Mais d'une manière générale, nous
retiendrons que les alliances autour de la sauvegarde de la transition ont
longtemps évolué. Cela a été observé surtout
durant les débats parlementaires des Composantes, Entités et des
acteurs politiques.
Les forces politiques autrefois belligérantes
auxquelles nous avions associé les Forces Vives de la nation regroupant
les délégués de la société civile et les
partis politiques formant la Composante Opposition Politique se sont
conjointement mises d'accord pour une issue non-conflictuelle de la
période de la transition. Mais à part des abus relevés par
certaines forces. Ce sera dans ce cadre qu'enfin, seront organisées les
élections.
|