B. Théorie
générale sur la démocratie
1° DESTRUCTION DES REGIMES AUTORITAIRES
La démocratie est un processus qui impose
d'abord la destruction des régimes politiques dictatoriaux. Ce processus
implique ensuite l'application des normes démocratiques pour la
consolidation progressive de la démocratie et l'apprentissage des
mécanismes de la démocratie ; et enfin la
démocratisation aboutit à la stabilisation du régime
nouveau par l'imprégnation de toute la société dans une
culture politique de large participation responsable et consciemment
assumée par l'ensemble de la population concernée.
Selon HUNTINGTON, (cité
par BANYAKU, L.E., 1997, pp. 149 - 150), il est au
moins trois facteurs à la base de la disqualification des régimes
autoritaires ou dictatoriaux.
1. Les justifications de droit divin, du culte ou
du mythe du Chef traditionnel tout puissant et celles fondées sur les
nationalismes extrémistes et l'idéologie marxiste de lutte des
classes n'ont résisté aux nouveaux
courants', notamment la `PERESTROÏKA'
c'est-à- dire la reconstruction en changeant radicalement les
institutions anti- démocratiques et la `GLASNOST' qui veut dire
la transparence dans la gestion de la chose publique, qui balisent l'univers
politique. Leur émergence et leur développement
génèrent un nouvel ordre politique avec des exigences nouvelles
et contraignantes comme base de légitimité du pouvoir.
2. `Le changement des structures sociales,
culturelles et du niveau de revenu constituent un deuxième facteur
à la source de destruction des régimes
autoritaires'. Les exigences de la correspondance
nécessaire entre, d'une part, le niveau de développement des
ressources matérielles, économiques, et d'autre part, le niveau
des consciences sociales, ont créé des tensions dans le corps
social dont l'issue ne pouvait être que l'implosion du noeud de blocage.
D'où le développement du processus de démocratie.
3. `L'intervention des acteurs politiques et
même économiques et internationaux' avec lesquels
les régimes dictatoriaux entretiennent des relations
privilégiées et desquels ils reçoivent aides et appuis
diplomatiques. Ces acteurs répugnent, en général, à
soutenir des dictatures décriées par leurs peuples.
Une gestion économique performante avec des
retombées incontestables sur le plan social et une gestion politique qui
rencontre l'assentiment populaire, avec donc plus d'ouverture, plus de dialogue
et plus de transparence s'avère être une valeur de
négociation avec l'extérieur et de soutien de la part de la
Communauté Internationale. D'une façon générale qui
n'exclut pas d'exceptions, l'aide est désormais liée à la
pratique démocratique.
En conséquence, une gestion politique autoritaire,
monolithique qui ignore des demandes internes (in
puts) des citoyens qui doivent être suivies des
réponses satisfaisantes (out puts) ressenties
par ces derniers (aspiration à plus de liberté, de participation
politique et économique), met mal à l'aise la population et
effarouche l'environnement international, dominé actuellement par les
démocraties électives.
De ce fait, pour que la démocratie, pouvoir du peuple,
par le peuple et pour le peuple soit effectivement fondée sur le
consentement des gouvernés, et soit le reflet d'une réflexion et
d'une décision populaires, il faut et il suffit de créer un
certain nombre d'institutions à cette fin, tels sont les traits
fondamentaux de la démocratie. (SABAKINU, J., et al, (dir)
1999, p. 14). La connaissance et les mécanismes de ces
institutions sont d'une importance capitale pour faire asseoir la pratique
démocratique et de la mieux saisir. Car la démocratie reste et
demeure le système actuellement idéal pour tout groupement
humain, en assumant un minimum de liberté à tout citoyen. Elle
permet au peuple de renouveler ses dirigeants par le jeu électoral, de
leur dicter sa volonté et d'en contrôler l'application.
La démocratie engendre à cet effet la
paix ; mais la démocratie ne peut pas se maintenir et se
développer sans des structures appropriées et sans la culture
citoyenne, elle est souvent présentée aujourd'hui comme la voie
vers la paix et la clé de tout développement.
La démocratie est, donc assurément, source de
paix sous toutes ses formes, à condition d'en connaître
parfaitement les mécanismes, de contrôler leur application et
d'adapter ses expressions et ses instruments à chaque contexte
spécifique. Car la démocratie demeure, à la fois, une
valeur fondamentale et universelle, et une pratique politique contingente. La
démocratie tout comme la liberté qui constitue son fondement n'a
pas de prix. Mais dans le désordre et le libertinage politiques
irresponsables, la démocratie peut s'avérer plus dangereuse pour
la paix sociale et pour la sécurité des biens et des personnes,
qu'une dictature éclairée qui assure au moins une `certaine
paix' et une `certaine sécurité'. La
démocratie est et doit être une responsabilité d'hommes
responsables. Ce n'est pas un slogan politique, ni un jouet pour enfants. Mal
appliquée, elle perturbe la paix et conduit à l'anarchie.
|