Chapitre I : Cadre Théorique &
Méthodologique.
#
sont des paramètres estimés ; b
> 0, -Yi < 0 et ab
< 1. Svensson fait observer des
(
'a,b
,Yi
résultats principaux dont, l'absence de biais
d'inflation en régime de ciblage du niveau des prix9, la
variance infinie du niveau des prix en régime de ciblage de l'inflation
et l'invariance des paramètres de production sous les deux
régimes. L'arbitrage entre la variabilité de la
#
production et celle de l'inflation dépend de b
|
ainsi que de a, p et a. Les valeurs de ces
|
paramètres dépendent de la durée de
l'intervalle représenté par l'indice t. Quand
t correspond à un trimestre, les paramètres prennent
les valeurs raisonnables suivantes :
p = 0,9 et a = 0,5 (Parkin, 2001).
Une comparaison de la variabilité de l'inflation -
mesurée par la variance conditionnelle du taux d'inflation - dans les
deux régimes de ciblage, montre que la poursuite d'une cible de niveau
des prix se traduit par une moindre variabilité de l'inflation si p >
0,5 : c'est le principe de l'avantage gratuit. Lorsque le taux d'inflation est
pris pour cible, la règle de décision implique qu'il
réagisse à l'écart de production. En conséquence,
la variance du taux d'inflation est proportionnelle à celle de
l'écart de production. Par ailleurs, lorsque le niveau des prix est
visé, il réagit à l'écart de production, de sorte
que le taux d'inflation réagit alors à la variation de
l'écart de production. A condition que le choc d'offre soit suffisamment
persistant (p > 0,5), la variance de la variation de l'écart de
production est inférieure à la variance de l'écart
lui-même10 (Svensson, 1999). Cet avantage gratuit tient au
fait que la stationnarité des prix contribue à atténuer la
variabilité de l'inflation, ce qui aide à corriger le biais
inflationniste et le biais de stabilisation en régime
discrétionnaire.
Les résultats sont différents lorsque la Banque
Centrale s'engage dans l'observance d'une règle optimale (le
commitment). Principalement, le niveau des prix suit une marche
aléatoire à variance infinie en régime de ciblage
d'inflation alors qu'il est stationnaire autour d'une tendance avec une
variance finie en régime de ciblage du niveau des prix.
Kiley (1998) a prétendu le résultat de Svensson
redevable à la forme particulière de la fonction d'offre
utilisée ; il reconsidère alors l'approche de Svensson sous une
courbe d'offre
9 L'absence de biais d'inflation en régime de
ciblage d'inflation implique un objectif d'output gap nul (y*)
10 En effet, avec les résultats du tableau I.2, l'output
gap est un processus AR(1). Ainsi,
yt = pyt_ 1 + zt ?yt = (p -
1)yt_1 + zt Var (?yt) = (1 -
p)2Var(yt)+ Var(zt) Var (?yt) =
2(1 - p)Var(yt)
de type Nouveau Keynésien. Il fait observer que
l''ecart de production anticipé est nul sous cible d'inflation ; les
écarts d'inflation passés n''etant pas corrigés, le
problème d'optimisation de la Banque Centrale sous discrétion est
statique. Il conclut qu'une cible de niveau de prix élève la
variabilité de la production et détériore l'arbitrage
entre la variabilité de l'inflation et de la production par rapport
à une cible d'inflation. Aubert & Adjemian (2003) adopte la
même courbe d'offre inspirée de la nouvelle économie
keynésienne et représentée par l'équation
(1.11).
yt = a(irt -- [3Et2irt+i1) + Et (1.11)
yt est l''ecart de production ou «output-gap» (le
logarithme du rapport de la production à
son niveau potentiel) et irt le taux d'inflation, avec
irt = pt -- pt-i, pt étant le logarithme du
niveau de prix. Le paramètre a représente le
degré de rigidité nominale (une augmentation de a traduit une
hausse de la rigidité, a = 0 caractérise une situation de
parfaite flexibilité des prix). Le paramètre [3 exprime le
facteur d'actualisation des firmes.
Les préférences sociales ayant pour arguments,
l'écart de production et l'inflation expriment la fonction de perte
à optimiser sous la contrainte de (1.11).
A = E7.0[3t (.1.yî + (irt --
ir7)2) (1.12)
où ir7 est la cible d'inflation, .1. le
poids accordé à la stabilisation de la production relativement
à la stabilisation de l'inflation, [3 le facteur d'actualisation de la
Banque Centrale (supposée identique à celui des firmes).
Les résultats obtenus par Aubert & Adjemian (2003)
confortent bien ceux de Svensson (1999): en régime
discrétionnaire, la cible de niveau de prix est
préférable11 à la cible d'inflation dès
lors que le degré de rigidité nominale et le poids relatif
affecté à la stabilisation de l'écart de production ne
dépassent certains seuils ; elle permet par ailleurs
11
Selon les auteurs, l'intérêt de la solution
proposée, l'adoption d'une cible de niveau par la Banque Centrale, est
d'atténuer le problème d'incohérence temporelle de la
politique monétaire en s'affranchissant d'une réalité
factuelle selon laquelle aucune Banque Centrale ne dispose de la technologie
lui permettant de s'engager sur sa politique future.
d'approcher la règle optimale définie par Clarida
et al. (1999). Dittmar et Gavin (1999) trouvent graphiquement, des
résultats comparables.
Le résultat de l'avantage gratuit se
vérifie-t-il dans la pratique ? Pour Parkin (2001), il n'est pas
aisé de répondre à la question dont la solution
dépend absolument de la crédibilité de la Banque Centrale
à conduire efficacement le ciblage : la crédibilité reste
la clef de l'efficacité d'une cible fondée sur le niveau des prix
car si les attentes sont rétrospectives, la production peut devenir plus
variable si l'on cible celui-ci plutôt que le taux d'inflation. Selon
Vestin (2006), la poursuite d'une cible de niveau des prix permet
d'améliorer le bien-être lorsque l'autorité
monétaire ne peut s'engager au sujet de sa politique future. Yetman
(2004) étudie la sensibilité de l'avantage gratuit à
partir d'une courbe de Phillips de type nouveau keynésien au regard du
problème de crédibilité de la politique monétaire :
le processus de formation des anticipations est apparu crucial. « Si une
partie des agents croit en la persistance de l'inflation dans le futur ou
ignore la cible de niveau des prix, celle-ci s'accompagne plus de coûts
que d'avantages pour la société notamment lorsqu'elle accorde un
important poids à la stabilisation de l'inflation dans la fonction de
perte », (Yetman, 2004, p 14).
Partant de l'hypothèse d'une crédibilité
imparfaite, modélisée sous la forme d'une adaptation progressive
des croyances du secteur privé à l'adoption d'une cible de niveau
des prix, Kryvtsov, Shukayev et Ueberfeldt (2008) mesurent les gains de
bien-être attendus de l'abandon d'une cible d'inflation au profit d'une
cible fondée sur le niveau des prix : si gains il y a, concluent-ils,
ceux-ci sont modestes et un recul de bien-être est perceptible lorsque le
manque de crédibilité persiste longtemps. Covas & Zhang
(2008) aboutissent au même résultat de sensibilité de la
cible : dans le cadre d'un modèle dynamique d'équilibre
général à prix rigides qui intègre des
marchés obligataire et boursier imparfaits, le régime prenant
pour cible le niveau des prix s'avère supérieur, mais sa
supériorité est moins marquée lorsque l'imperfection des
marchés financiers est prise en compte.
Barnett et Engineer (2001) montrent que, lorsque la Banque
Centrale agit de façon discrétionnaire, il est bon de viser une
cible basée sur le niveau des prix quand les attentes sont prospectives
soit directement, soit indirectement du fait de la persistance de la
production (la production est un AR(1) avec un coefficient
d'autocorrélation supérieur à 0,5). D'autres travaux dont
les conclusions sont favorables à l'adoption d'une cible de niveau des
prix méritent d'être évoqués : l'avantage gratuit
résiste bien au changement d'instrument monétaire avec le
contrôle d'agrégats monétaires notamment (Svensson, 1999) ;
le même résultat est obtenu avec une courbe de Phillips de type
néokeynésien (Dittmar & Gavin, 2000) ; Vestin (2000) montre
que ce résultat est aussi observé quand un processus
d'établissement des prix à la Calvo (1983) est incorporé
à la fonction d'offre globale.
Quels effets réels les cibles de niveau des prix
ont-elles eus ? Parmi les études d'évaluation entreprises, celle
de Johnson12 (1999), portant sur un champ plus étroit et
mieux délimité permet de se situer. L'auteur examine cinq pays
ayant défini des cibles d'inflation (l'Australie, le Canada, la
Nouvelle-Zélande, le Royaume-Uni et la Suède) et six autres pays
qui s'en sont abstenus (l'Allemagne, les États-Unis, la France,
l'Italie, le Japon et les Pays-Bas) afin de déterminer si l'adoption de
cibles modifie le taux d'inflation attendu, l'incertitude entourant l'inflation
et les erreurs pouvant affecter sa prévision. Si l'établissement
de cibles a pour effet de réduire sensiblement le taux d'inflation
attendu, il contribue à diminuer le taux d'inflation effectif au prix
d'un moindre écart de production. S'il donne lieu à une baisse de
l'incertitude entourant l'inflation, il entraîne un accroissement du
bien-être -- sous une forme difficile à chiffrer certes -- en
améliorant l'allocation des ressources. Enfin, si l'adoption de cibles
ne provoque pas de hausse importante des erreurs de prévision, elle ne
fait pas augmenter l'écart moyen de production, en valeur absolue.
Qu'ils se dotent ou non de cibles explicites, tous les pays qui parviennent
à réduire leur taux d'inflation obtiennent une
désinflation inattendue. L'étude de Johnson permet d'affirmer que
la formulation de cibles semble bel et bien aider à réduire
l'inflation et à la maintenir à un niveau inférieur, et
ce, en influant sur le taux d'inflation attendu.
En apportant une contribution d'ordre quantitatif au
débat sur le choix d'une cible formulée en fonction du taux
d'inflation ou du niveau des prix sur la base des équations (1.7), (1.8)
et (1.9), Cateau (2008) constate l'existence de l'avantage gratuit au Canada,
même si la cible de niveau des prix peut s'accompagner d'une plus grande
volatilité de l'inflation selon l'importance accordée à
l'écart de production dans la fonction de perte, la
12 Cité par Parkin (2001), pp 261-262
solution ne requérant pas la stationnarité du
niveau des prix. L'auteur analyse ensuite le degré de sensibilité
des résultats à l'incertitude du modèle : le régime
fondé sur une cible de niveau des prix s'avère robuste; son
efficacité baisse plus lentement que celle du régime de cibles
d'inflation, et elle ne diminue pas autant en termes absolus.
Deux questions sont cependant sujettes à débats
dans la mise en oeuvre des politiques de ciblage du niveau des prix; il s'agit
d'une part de la cible d'inflation nulle ou positive et d'autre part, de
l'incompatibilité d'une cible d'inflation ou de niveau des prix avec des
chocs d'offre permanents. Elles sont d'une importance encore capitale au regard
des spécificités économiques de l'espace UMOA. S'il est
trivial que l'inflation n'est pas en soi, une bonne chose, les avantages et les
coûts d'un taux d'inflation nul sont difficiles d'approche. Du
côté des coûts, trois arguments émergent pour
justifier qu'une inflation positive pourrait être
préférée à une inflation nulle (Parkin, 2001, pp
279-291): i) l'inflation mesurée est supérieure à
l'inflation véritable, ii) l'inflation lubrifie les rouages du
marché du travail et en rend le fonctionnement plus efficient, iii) les
taux d'intérêt nominaux ne peuvent devenir négatifs,
impliquant pour les autorités monétaires, l'impossibilité
de juguler une récession par la baisse des taux.
Engone Mve (2003) a déterminé pour la zone
CEMAC, le niveau cible d'inflation ; prenant appui sur la théorie de la
coïntégration appliquée à l'inflation tendancielle,
il conclut que le taux d'inflation à viser à long terme est de
1,5 point de pourcentage avec des bornes allant de 0 à 2% pour un
horizon de trois ans. Par ailleurs, prenant pour point de départ, le
régime de cibles d'inflation modélisé par Svensson (1997),
Nishiyama (2009) intègre explicitement l'effet à retardement des
mesures de politique monétaire. De manière numérique, il
montre que la politique monétaire doit être mise en oeuvre de
façon plus énergique et plus préventive quand le
délai de transmission de ses effets est pris en compte. L'auteur en
conclut qu'un délai de transmission relativement important devrait
inciter les Banquiers Centraux ou les Gouvernements à viser des taux
d'inflation plutôt élevés.
Sur la deuxième question, deux courants s'opposent : la
poursuite de cibles d'inflation en cas de chocs d'offre externes -
négatifs ou positifs - accentue les fluctuations de la production ;
toute variation de l'offre résultant de chocs externes est
entérinée en
partie, compte tenu de l'importance relative que la Banque
Centrale accorde respectivement à la stabilité des prix et
à celle de la production. Toutefois, différents types de chocs
d'offre existent. Particulièrement, ceux qui résultent d'un
changement technologique sont efficients, tandis que ceux imputables à
des interventions ou à des distorsions ne le sont pas. En règle
générale, la tâche de la Banque Centrale consiste à
ne pas s'opposer aux chocs efficients et à atténuer les autres
(Parkin, 2001, pp 266-267).
Coletti, Lalonde et Muir (2008) comparent la capacité
de règles simples, comportant soit une cible d'inflation, soit une cible
de niveau des prix, à stabiliser l'économie à la suite de
chocs similaires à ceux survenus au Canada et aux Etats-Unis entre 1983
et 2004. Avec un modèle à deux pays (Canada et aux Etats-Unis) et
à deux secteurs (celui des biens échangeables et celui des biens
non échangeables), ils concluent que les régimes prenant pour
cible le niveau des prix parviennent un peu mieux que les régimes de
cibles d'inflation à stabiliser l'économie, atténuant la
volatilité de l'inflation et des taux d'intérêt nominaux au
prix d'une légère accentuation de la variabilité de
l'écart de production ; la conclusion reste la même lorsque
l'analyse est limitée aux chocs jugés les plus
déterminants pour l'évolution des termes de l'échange de
1983 à 2004. Les auteurs montrent également que leurs
résultats sont sensibles à l'interaction entre l'importance
relative des différents types de chocs macroéconomiques et le
degré de prospectivité du processus d'établissement des
prix et des salaires.
SECTION III : MODELE EMPIRIQUE ET CADRE
METHODOLOGIQUE
Le cadre méthodologique et opératoire expose
successivement le processus d'appréciation et de validation de la
question de recherche. Il comprend entre autres indications, la nature, les
propriétés statistiques et la source des variables puis le
modèle, les outils et la méthode d'analyse.
III.1- MODELE EMPIRIQUE, OUTIL ET METHODE D'ANALYSE
Au regard des fondements théoriques, la présente
étude emprunte à Svensson (1999), le cadre méthodologique
et opératoire pour apprécier et valider la question de recherche.
Le
modèle empirique inspiré des
développements théoriques élaborés dans le domaine
est relativement sommaire et s'inscrit dans la lignée des études
sur la question, celle de Svensson (1999) notamment. Il comprend alors,
i) Une fonction d'offre (production) globale de court terme,
d'inspiration néo classique, représentée par une courbe de
Phillips avec persistance et illustrant le fonctionnement d'un régime
visant la réalisation de cibles d'inflation ou de niveau des prix, dans
laquelle l'écart de production est généré par
l'équation13 (1.13).
Yt = PYt-i + a(nt -- Et-int) + Et (1.13)
ii) Une fonction de perte représentant le comportement
de la Banque Centrale avec pour arguments, l'inflation ou le niveau des prix
suivant la cible visée et l'écart de production suivant
l'équation (1.14).
Lt = Et E;to fit-to 2i [(nt --
n*)2 + .1(Yt)2] (1.14)
De même que Svensson (1997 & 1999) et d'autres
auteurs, Dittmar & Gavin (2000), Dittmar, Gavin & Kydland (1999),
Parkin (2001), l'objectif cible en terme
d'output gap (Y*) est supposé nul. Ceci
tient fondamentalement qu'à long terme,
l'écart de production ne pourrait faire l'objet de
décisions de la part des autorités monétaires mais reste
dépendant des seules capacités productives de
l'économie14.
iii) Un processus d'optimisation approprié de la
Banque qui use de son pouvoir discrétionnaire au cours de chaque
période pour minimiser Lt dans l'équation (1.14) sous
réserve de la contrainte imposée par l'équation (1.13) et
définir ainsi
le couple (Yt, nt) .
13
Les variables sont définies de la même
manière qu'en page 14.
14 *
Pour le cas spécifique de y >0, voir Svensson (1999)
quant aux implications.
8
t=to
[min E 1 igt-to1/2 [(n-t --
n-*)2 + '1(3t)2 -- gt(3t -- P3t-1
-- a(n-t -- Et-in-t) -- Et)]
La fonction de perte du programme d'optimisation dépend
des écarts de production, courant et passé, que la Banque
contrôle, et de l'anticipation rationnelle des taux d'inflation courant
et futurs. Le traitement de cette anticipation donne lieu à deux
règles de décision différentes : Svensson (1999)
considère qu'elle dépend de l'écart de production ;
Dittmar et Gavin (2000) la considèrent comme exogène. Dans le
cadre de la présente étude sur l'UMOA, il est plus vraisemblable
de postuler l'hypothèse de Dittmar et Gavin (2000).
L'étude comparée des deux règles
centrée sur les variabilités respectives de l'inflation et de
l'écart de production, mesurées par leur variance non
conditionnelle - à variance constante de l'output gap - permettant de
mettre en évidence l'existence de l'avantage gratuit lié au
ciblage du niveau des prix pour réaliser la stabilité des prix
dans l'économie procède de la méthode d'optimisation
visée en iii). Plus spécifiquement, de même que Svensson
(1999) l'adopte, la minimisation de la fonction de perte associée
à la politique monétaire de la Banque Centrale permet
d'apprécier les variabilités respectives des écarts de
production et d'inflation qui en sont les arguments principaux. gt
représente le multiplicateur associé à la courbe d'offre
à la date t. Les règles spécifiques de ciblage se
déduisent des conditions de premier ordre. Les analyses graphiques de
fonctions de variabilité des arguments sous l'un ou l'autre des
régimes vont renforcer cette approche statistique et
économétrique de la méthode d'analyse afin de mettre en
relief le free lunch.
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