B. Les solutions préconisées par les
institutions spécialisées de l'ONU.
Pour la réalisation effective du
2ème et du 3ème OMD en RDC, l'UNICEF, la
Banque Mondiale et l'UNESCO mènent des activités
différentes. Mais l'obligation première incombant à l'Etat
congolais, l'action des ces institutions se heurte à des défis
majeurs dont
130 Banque mondiale, op.cit., p. 122
les principaux sont : la rémunération des
salaires des fonctionnaires publics, la réhabilitation et la
construction des écoles et des routes, etc.
Etant entendu que la Banque Mondiale intervient dans le
financement pouvant permettre la réhabilitation et la construction des
infrastructures routières, scolaires et sanitaires, nous allons
seulement prendre en compte les progrès réalisés par
l'UNICEF en matière de parité filles/garçons à
travers sa campagne « toutes les filles à l'école ».
Loin de perdre de vue la contribution importante du rapport de l'UNESCO sur
« l'éducation pour tous » de 2008, nous
préférons tenir compte des points positifs dans le
3ème chapitre qui va porter sur les stratégies pour
l'effectivité du droit de l'enfant à l'éducation.
Les solutions préconisées par l'UNICEF sont
entre autres l'étude initiée en 2001 dénommée
enquête nationale des enfants et des femmes, Rapport MICS2 2001 (a), en
plus de la campagne dénommée toutes les filles à
l'école menée à l'est de la RDC (b) et des
conférences internationales en faveur du droit de l'enfant à
l'éducation(c).
a) Le résultat du rapport MICS 2/2001.
La présente enquête menée conjointement avec
le Ministre du plan a aboutie aux résultats qui suivent :
· L'éducation préscolaire :
La participation aux programmes d'éducation
préscolaire ne concerne que 3 % d'enfants de 3 à 4 ans
révolus. Presque tous sont issus des ménages les plus riches, des
centres urbains et des mères instruites.131
· Accès à l'école primaire :
Le pourcentage d'enfants qui commencent leurs études
primaires à l'âge légal de 6 ans est faible et en baisse :
23 % en 1995 contre 17 % en 2001. Les écarts se sont réduits
entre les sexes. Les disparités sont très marquées entre
les plus riches (43 %) et les plus pauvres (9 %), entre les enfants des
mères les plus instruites (35 %) et ceux des mères sans
instruction (7 %) et entre provinces (42 % à Kinshasa contre 4% dans les
Nord et Sud-Kivu).
131 UNICEF, Enquête nationale sur la situation des
enfants et des femmes, Rapports MICS2, 2001, p. 7
Parmi les nouveaux inscrits en 1ère
année primaire, 32 % ont 9 ans ou plus. Ces entrées tardives
à l'école primaire entraînent un vieillissement des
élèves et, plus tard, des études. Parmi les enfants qui
fréquentent l'école primaire, un sur dix est âgé de
plus de 14 ans.
· Scolarisation des enfants au niveau primaire :
Seulement un enfant sur deux, âgés de 6 à
11 ans est scolarisé. La scolarisation des enfants est en
régression en RDC : le taux net de scolarisation est passé de 56
% en 1995 à 52 % en 2001. Les garçons sont plus scolarisés
que les filles : 55 % de garçons pour 49 % de filles en 2001 (en 1995,
les taux nets étaient respectivement de 59 % et 53 %). Cette
différence s'observe plus à partir de 9 ans, car beaucoup de
filles quittent l'école à ces âges. Les enfants de
ménages les plus pauvres (39 %) et du milieu rural (43 %)
étudient moins que ceux de ménages les plus riches (81 %) et du
milieu urbain (72 %).
· Fréquentation scolaire :
Dans l'ensemble du pays, un enfant de 6 à 14 ans sur
trois (31 %) n'a jamais fréquenté l'école et risque de ne
jamais fréquenter. Les filles sont plus concernées par cette
situation que les garçons (35 % contre 28 %). La proportion de filles
n'ayant jamais fréquenté l'école est quatre fois plus
élevée parmi les enfants des mères sans instruction (56%)
que parmi celles des mères ayant le niveau d'instruction secondaire (13
%).
Au moment de l'enquête, près de la moitié
(45 %) d'enfants âgés de 6 à 14 ans ne fréquentaient
pas l'école. Les raisons sont avant tout l'incapacité des parents
de payer les frais scolaires (63 % des cas) et l'éloignement des
écoles (9% des cas).
· Efficacité interne du système
scolaire :
Le système éducatif congolais est peu efficace
pour le plus grand nombre : un enfant seulement sur quatre entrant en
première année d'enseignement primaire atteint la
cinquième année, soit un taux de survie scolaire égal
à 25 %. Ce taux est de 18 % seulement dans les ménages les plus
pauvres contre 41 % dans les ménages les plus riches. Par contre, parmi
100 élèves qui terminent la 6ème année
primaire, 81 s'inscrivent en secondaire.
68 · Raisons de non fréquentation actuelle
:
Echecs scolaires : 1%, maladie prolongée : 4%, changement
de résidence : 2%, grossesse : 0, 1%, travail : 0,9 %, autres : 20%, pas
d'écoles proches : 9%, frais scolaires : 63
%.132
b) La campagne dite « toutes les filles à
l'école ».
Les résultats de l'enquête initiée en
2001, ont permis à l'UNICEF de mettre sur pied, à l'Est du pays,
la campagne dite « toutes les filles à l'école ».
Cette campagne lancée en 2004, avait pour objet de donner à
la fille à l'âge scolaire la possibilité d'accéder
à l'école primaire, et partant, contribuer à la cible du
troisième OMD. Se faisant, l'UNICEF donne des objets scolaires aux
enfants de 1ère et 2ème années tout
en intensifiant des moyens de sensibilisation de sa campagnes aux sports
publicitaires, à la Radio, à la Télévision,
à travers des bandes dessinées, et va jusqu'à financer des
chassons initiées par des musiciens.
Toutefois, les problèmes majeurs demeurent. Cette
campagne ne fait qu'encourager! Ce qui est une bonne chose. Mais les enfants
encouragés à aller à l'école sont toujours soumis
aux mêmes problèmes qui sont devenus un engrenage du
système éducatif congolais dont le plus imminent demeure le
payement des frais scolaires.
Quoi qu'il en soit, l'on doit encourager des telles
initiatives. Mais la plus récente publication de l'UNICEF, bureau de la
RDC indique que, globalement, pour la participation des filles, le nombre de
filles scolarisées est inférieur à celui des
garçons. Il est plus faible en 2ème année qu'en
1ère année.133 Cependant, une tendance
contraire est observée dans les provinces de l'Equateur et de Kinshasa
où les filles sont plus scolarisées que les garçons. Par
ailleurs, l'indice de parité le plus faible est enregistré au
Katanga et dans le SudKivu où l'on compte respectivement 79 et 75 filles
pour 100 garçons scolarisés au cours de l'année scolaire
2007-2008.
Les résultats du Katanga suggèrent que les effets
de la scolarisation massive des enfants induits par la mesure de
gratuité prise par le gouvernement de province ne sont
132 UNICEF, op.cit., p. 8
133 UNICEF, « Résultats de la 4ème
édition de la campagne des inscriptions massives des enfants à
l'école », Rapport, année scolaire 2007-2008, p.
3
pas aussi bénéfiques pour les filles qu'ils les
sont pour les garçons car, pour les deux années d'études,
l'indice de parité s'est détérioré d'une
année à l'autre, passant de 0,82 à 0,79 aussi bien en
1ère année qu'en 2ème, soit une
baisse de 0,03.
Par contre, cet indice a pris une ample évolution au
Sud-Kivu. Pour une étude menée sur 1390 écoles de
1ère et 2ème année au cours des
années scolaires 2006-2007, 2007- 2008, sur 100 élèves
garçons, il y a 71 filles. L'indice de parité de 2006-2007
étant de 0,71, et celui de 2007-2008 de 0,75; l'on aboutit à un
résultat selon lequel l'indice d'accroissement est de 0,04 : ce qui est
déjà une évolution. Le tableau qui suit illustre
davantage.
Evolution de l'indice de parité filles/garçons.
Provinces Nombre 1ère année
|
|
2ème année
|
|
d'écoles
|
2006-2007
|
2007-2008
|
2006-2007
|
2007-2008
|
Bandundu
|
394
|
0,96
|
0,99
|
0,96
|
0,99
|
Bas Congo
|
495
|
0,95
|
0,97
|
0,95
|
0,97
|
Equateur
|
214
|
1,01
|
1,04
|
1,03
|
1,05
|
Kinshasa
|
721
|
1,02
|
1,03
|
1,03
|
1,03
|
Katanga
|
2387
|
0,82
|
0,79
|
0,82
|
0,79
|
Kasaï occidental
|
102
|
0,99
|
0,99
|
0,86
|
0,92
|
Kasaï oriental
|
366
|
0,91
|
0,91
|
0,99
|
0,99
|
Maniema
|
322
|
0,84
|
0,85
|
0,84
|
0,85
|
Nord - Kivu
|
1068
|
0,93
|
0,50
|
0,93
|
0,95
|
Province orientale
|
869
|
0,97
|
0,95
|
0,97
|
0,95
|
Sud- Kivu
|
1390
|
0,71
|
0,75
|
0,71
|
0,75
|
Ituri134
|
961
|
0,80
|
0 ,88
|
0,80
|
0,88
|
Moyenne RDC (pays)
|
9289
|
0,90
|
0,90
|
0,88
|
0,88
|
Ces résultats ont permis à l'UNICEF de changer
de slogan pour l'année scolaire 2008-2009. Au lieu de « toutes
les filles à l'école » l'UNICEF emploie
désormais « filles et garçons à l'école
» tout en mettant un accent particulier sur l'encouragement des
filles. Examinons à présent des recommandations issues des
conférences initiées par l'UNICEF.
c). Les recommandations issues des conférences
internationales.
L'UNICEF, au coté des autres organisations
engagées dans les droits des enfants, lance des campagnes mondiales
d'information sur l'importance de l'éducation pour chaque enfant. Pour
cet effet, l'UNICEF, en collaboration avec l'UNESCO et la Banque
134 Le district d'ITURI n'est pas une province mais est
aligné dans les indices en raison du grand nombre d'écoles qu'il
renferme.
Mondiale ont organisé une conférence sur l'EPT
à Dakar en 2000, une autre sur les investissements les plus efficaces
pour inciter les garçons et les filles à se rendre à
l'école, tenue à Ouagadougou (BOURKINAFASO) en 2004, une autre
sur la gratuité des frais scolaires tenue à BAMAKO en 2007, et
plus récemment celle de Brazzaville du 27 au 30 Octobre 2008, dite
7ème sommet sur le développement de l'Afrique, pour ne
citer que celleslà. Les travaux de toutes ces conférences
auxquelles la RDC a toujours pris part, vont nous aider, dans le
troisième chapitre, à proposer des stratégies
d'accélération des OMD relatifs à l'éducation en
RDC, d'ici 2015.
(c)
mutajustin@yahoo.fr
71
CHAP. III : STRATEGIES POUR L'EFFECTIVITE DU DROIT DE
L'ENFANT A L'EDUCATION EN RDC EN GENERAL ET AU SUD-KIVU EN
PARTICULIER.
Les stratégies développées dans le
présent chapitre sont adressées principalement au gouvernement
central, et subsidiairement au gouvernement provincial. Cette approche se
justifie par le fait que, le domaine de l'éducation demeure,
jusqu'à preuve du contraire, une matière concurrente entre le
gouvernement central et celui provincial quoi que la loi n° 08/012 portant
principes fondamentaux relatifs à la libre administration des provinces
ait transféré complètement certains aspects aux provinces.
En plus, une stratégie comme celle des politiques en matière
d'éducation relève en premier lieu du gouvernement central. Il en
est ainsi de la diplomatie, qu'elle soit ordinaire ou ad hoc.
Ceci étant, le présent chapitre s'articule
autour du renforcement de la souveraineté de l'Etat au niveau
international et national (section 1ère), la poursuite de
l'amélioration de l'efficacité de l'enseignement au niveau
interne et externe (section 2ème) et l'inspiration des
progrès réalisés par d'autres pays ainsi que le respect
des engagements pris dans des conférences internationales (section
3ème).
Section 1ère :
Renforcement de la souveraineté de l'Etat au niveau
international et national.
La présente section aborde les aspects relatifs au
renforcement de la souveraineté de l'Etat au niveau international
(§1) et au niveau national (§2) en vue de rendre effectif le droit de
l'enfant à l'éducation en RDC.
§1. Renforcement de la souveraineté de
l'Etat au niveau international
D'aucuns peuvent se poser la question de savoir, quelle est la
place de la souveraineté dans un domaine où l'Etat a l'obligation
première de réalisation ?
La souveraineté de l'Etat ne s'analyse pas en des
termes positifs, comme un ensemble des pouvoirs que l'Etat détiendrait
sur ses sujets ou sur les autres, mais se définit négativement
comme la non-soumission à une autorité supérieure ; le
fait de n'être le sujet (au
sens d'assujetti) d'aucun autre sujet (au sens
juridique).135 L'idée de
souverainetéindépendance comporte comme corollaire
immédiat l'égalité des Etats ; tous sont égaux, et
à ce titre, négocient et discutent leurs accords sur base de
l'égalité et de la liberté de conclure des traités.
En dépit de cette indépendance, il est bien observable qu'aucun
Etat ne peut se prévaloir de s'enfermer sur sa souveraineté
interne en vue de réaliser le droit de l'enfant à
l'éducation. Le droit dont question, est depuis belle lurette, un droit
internationalisé. Cela se justifié par sa consécration
dans plusieurs instruments internationaux tels qu'ils ont été
relevés le long du deuxième chapitre.
Pour ce faire, le renforcement de la souveraineté de
l'Etat au niveau international sous-entend d'une part la capacité de
l'Etat de mener un lobbying au niveau international (A) et d'autre part
s'inscrire dans la politique du partenariat mondial pour le
développement (B).
|