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UNIVERSITE CATHOLIQUE DE BUKAVU
U.C.B.
B.P. 285 BUKAVU
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FACULTE DE DROIT
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LE DROIT DE L'ENFANT A L'EDUCATION ET LE
DEUXIEME OBJECTIF DU MILLENAIRE POUR LE DEVELOPPEMENT: Essai sur
l'effectivité d'un droit à réalisation progressive dans
le contexte congolais.
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Mémoire présenté en vue de
l'obtention du diplôme de licence en Droit.
Option : Droit public
Par Justin BAHIRWE Mutabunga
Directeur : Professeur Moïse CIFENDE
Rapporteur: Assistant Justin MASTAKI
Année Académique 2007-2008.
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(c)
mutajustin@yahoo.fr
1
EPIGRAPHE
« Celui qui a peur que vienne le vent ou la pluie, ne
pourra jamais semer ni moissonner ». ECCLESIASTE 11 : 4.
2 DEDICACE
A l'Eternel Dieu qui me conduit dans les rochers, A Hyacinthe
BAYONGWA M'Musaka, ma mère,
A Marie Madeleine BAHATI, ma chère épouse, A
Monsieur le Professeur Gian Battista PARIGI,
A la famille François MUTABUNGA Ntamulume, A la famille
Placide MUTABUNGA Rugina,
A la famille Joseph MATABARO Ganywamulume,
A tous les enfants non scolarisés pour moult obstacles.
3 IN MEMORIAM
Edward MUTABUNGA MUSIKAMI, mon père, Jean-Robert
IMBAMBO-LA-NGANYA, mon professeur, Serge MAHESHE KASOLE, mon ami.
4 AVANT PROPOS
D'entrée de jeu, nous tenons à remercier le
Professeur Moïse CIFENDE Kaciko et l'Assistant Justin MASTAKI qui, en
dépit de leurs multiples occupations, ont accepté de diriger le
présent travail.
Notre gratitude s'adresse également au corps
professoral de l'Université Catholique de Bukavu qui nous a
assuré une formation de qualité. Nous pensons notamment au Doyen
honoraire Séverin MUGANGU, au Doyen Jean-Claude MUBALAMA, au
Bâtonnier LWANGO, ainsi qu'à tous les chefs de travaux et
assistants de la Faculté de Droit.
Nous ne manquons pas de remercier également Monsieur
l'Abbé Jean-Marie BALEGAMIRE, la Révérende Soeur
Hermelinde CIMANUKA, Maman Gratiane NZIGIRE, Maman Suzanne SIFA, nos
aînés scientifiques Maîtres KIZUNGU LOOCI, Julien CIGOLO,
Jean-Claude MIRINDI, Jean-Miguel CIRHUZA, Jean MUTABESHA et Jocelyne
MATABARO.
Nous réitérons la même gratitude envers
Marie-Gorette Da GOGO, IDAYA MWASA, AMIDA MWASA, Fabrice BAHARANYI, CIBOGO
NYOTA, les familles NGALAS, MALEKERA RUSANGWA, MUSA Roger, MUCHIGA SHABADEUX,
KAFURHU NTOLE, BULAMBO Fulgence, KINDU Jean-Chirac, MUKUBIZA Beni, BASHENGEZI
Jean-Pierre, et BISOMA Roger .
Que tous nos frères et soeurs Xavérine
MUTABUNGA, Bavon MUTABUNGA, ELISHA MUTABUNGA, CHIKURU NABINTU Rosine, NEEMA
MUTABUNGA trouvent dans le présent travail l'expression de notre
gratitude.
Nos remerciements s'adressent enfin à tous nos
compagnons de lutte MUGARUKA Charles, COKOLA Innocent, NABINTU Lucie, KABUNGA
Odon, BONJO Justin, KIZITO Léon, MUSHAMUKA BUGANDWA, HAMULI SONGA et
MAGAYANE Mamy avec qui nous avons passé un moment de dur labeur durant
notre cheminement académique.
5 SIGLES ET ABREVIATIONS
Art. : Article
AG : Assemblée Générale
AFDL : Alliance des Forces Démocratiques pour la
libération du Congo
Al. : Alinéa
Art. : Article
B.A. : Bulletin des Arrêts
Chap. : Chapitre
CIJ : Cour Internationale de Justice
CWBCI : Conseil Wallonie Bruxelles pour la Coopération
Internationale
CNS : Conférence Nationale Souveraine
DESC : Droits Economiques, Sociaux et Culturels
DSRP : Document Stratégique de Réduction de la
Pauvreté
E.I.C. : Etat Indépendant du Congo
Ed. : Edition
EPSP : Enseignement Primaire Secondaire et Professionnel
EPT : Education Pour Tous
FUNUAP : Fonds des Nations Unies pour la Population
FPR : Front Patriotique Rwandais
FTI : Fast Tract Inititive ou Initiative de mise en oeuvre
accélérée
G8 : Groupe de 8 pays industrialisés
J.O. : Journal Officiel
LGDJ : Librairie Générale de Droit et de
Jurisprudence
MPR : Mouvement Populaire de la Révolution
MLC : Mouvement pour la Libération du Congo
M.C. : Moniteur Congolais
OMD : Objectifs du Millénaire pour le
Développement
Ord : Ordonnance
OI. : Organisation Internationale
ONU : Organisation des Nations Unies
Op.cit : Opere citato (ouvrage déjà cité)
PIESC : Pacte International relatif aux Droits Economiques,
Sociaux et Culturels
PAS : Programme d'Ajustement Structurel
PNUD : Programme des Nations Unies pour le
Développement
RDC : République Démocratique du Congo
RDC : Rassemblement Congolais pour la Démocratie
ROI : Règlement d'Ordre Intérieur
SYECO : Syndicat des Enseignants du Congo
UCB : Université Catholique de Bukavu
UNICEF : United Nations Children's Fund ou Fonds des Nations
Unies pour
l'Enfance
UNESCO : Organisation des Nations Unies pour l'Education, la
Science et la
Culture
(c)
mutajustin@yahoo.fr
6
INTRODUCTION GENERALE 1.
PROBLEMATIQUE.
Parler de l'effectivité du deuxième objectif du
millénaire pour le développement (OMD) en tant que droit de
l'enfant à l'éducation primaire en République
Démocratique du Congo, réfère à la
Déclaration du millénaire de l'Assemblée
Générale de l'Organisation des Nations Unies1 qui,
parmi les huit objectifs retenus par celle-ci, et pouvant être
réalisés à l'horizon 2015, les six premiers ressortent
directement de la Convention de l'ONU relative aux droits de l'enfant dont
deux2 d'entre eux touchent directement au droit de l'enfant à
l'éducation.3 L'éducation est considérée
comme l'action de former, d'instruire quelqu'un, de lui inculquer les bons
usages d'une société.4 L'enseignement est
défini quant à lui comme une manière de transmettre des
connaissances.5 D'aucuns préfèrent parler de
l'enseignement primaire, de l'enseignement élémentaire, de
l'enseignement de base ou de l'enseignement universel. L'UNESCO
préfère parler de l'enseignement pour tous (EPT)6,
etc.
De ce qui précède, l'on peut considérer,
à plusieurs points de vue, que l'éducation renferme
l'enseignement, ce dernier n'étant qu'un procédé
permettant à l'éducation d'être bien
dispensée.7 Voilà pourquoi la plupart d'instruments
juridiques préfèrent parler du droit à l'enseignement de
base. C'est ce qui ressort de la définition d'après laquelle,
l'éducation permanente est l'ensemble des moyens et des actions ayant
pour fin l'instruction et la formation professionnelle ; elle comprend la
formation initiale (scolarité obligatoire, études secondaires et
universitaire), l'apprentissage et, pendant l'activité professionnelle,
la formation professionnelle continue.8
1 Déclaration du millénaire
adoptée par l'AG de l'ONU, Résolution A/RES/55/2.2000 du 13
Septembre
2000.
2 Le deuxième et le troisième OMD
touchent directement le droit de l'enfant à l'éducation.
3 C'est nous qui soulignons.
4 Petit Larousse en couleurs, Paris,
Larousse, p. 370.
5 Idem., p. 390.
6 Le préambule de l'Acte constitutif de
l'UNESCO parle de l'Education pour tous comme l'une des missions que
l'Organisation s'assigne.
7 C'est nous qui soulignons.
8 Lexique des termes juridiques,
15ème éd., DALLOZ, 2005, p. 255.
Les droits de l'enfant sont des prérogatives reconnues
par le Droit,9et qui sont attribuées à un individu
dans son intérêt lui permettant de jouir d'une chose, d'une valeur
ou d'exiger d'autrui une prestation.10 Le droit consacré par
le deuxième OMD peut être rangé dans la catégorie
des droits de la 2ème génération qui sont les
droits économiques, sociaux et culturels. Il s'agit d'un droit qui tend
à l'amélioration des conditions matérielles d'existence
des citoyens.11
Les deux derniers objectifs, par contre, sont rangés
dans les droits de la troisième génération qui sont
liés au progrès de la technologie industrielle et de la
Communauté Internationale. Ils tendent à assurer une
solidarité entre les nations et protéger
l'environnement.12
L'Unicef considère que jamais autant de dirigeants
politiques s'étaient réunis comme ce fut le cas en septembre
2000, au siège de l'ONU, à l'occasion du nouveau
millénaire. Cent quatre-vingt-neuf Etats, dont la RDC, étaient
présents au rendez-vous. Pour Ann M. Veneman, Directrice
Générale de l'UNICEF : « ces objectifs sont quantitatifs et
visent à remédier d'ici 2015 à la pauvreté
extrême et à la faim,13 à la mortalité
des enfants et des mères,14 à l'amélioration de
la santé maternelle,15au VIH/SIDA et autres
maladies,16 tout en favorisant l'enseignement primaire
universel,17 l'égalité des sexes,18 la
protection de l'environnement19 et un partenariat mondial pour le
développement.20 Les OMD, renchéritelle, constituent
un cadre d'action pour instaurer le monde de paix, de sécurité,
de solidarité et de responsabilités partagées
décrit dans la Déclaration du Millénaire
».21
Bien que ces objectifs concernent l'humanité tout
entière, ils concernent, en premier lieu, les enfants. Plusieurs raisons
peuvent justifier cet état de choses.
9 Droit objectif : ensemble des règles
régissant la vie en société et sanctionnées par la
puissance publique
10 Lexique des termes juridiques,
op.cit., p. 108.
11 T. MUHINDO, Cours des droits humains et
libertés publiques, UCB, L2 Droit, 2007-2008, Inédit.
12 T. MUHINDO, Ibidem.
13 1er OMD : Réduire l'extrême pauvreté et la
faim.
14 4ème OMD : Réduire la mortalité des
enfants.
15 5ème OMD : Améliorer la santé
maternelle.
16 6ème OMD : Combattre le VIH/SIDA, le paludisme et les
autres maladies.
17 2ème OMD : Promouvoir l'éducation primaire pour
tous.
18 3ème OMD : Promouvoir l'égalité des sexes
et l'autonomisation des femmes.
19 7ème OMD : Assurer un environnement durable.
20 8ème OMD : Mettre en place un partenariat mondial pour
le développement.
21 UNICEF, la Situation des enfants dans le monde,
New York, Unicef, 2005, p. VII.
D'entrée de jeu, en atteignant les deux derniers
objectifs, on améliorera aussi les six premiers qui touchent directement
la vie de l'enfant d'une manière considérable. En plus, nous
devons noter que la réalisation desdits objectifs est très
importante. Cela relève du fait que, les enfants sont les plus
vulnérables lorsque les gens manquent de choses essentielles comme la
nourriture, l'eau, le moyen d'assainissement, les soins de santé
primaire, etc. Ils sont les premiers à mourir lorsque ces besoins de
base ne sont pas satisfaits. Aussi, il va s'en dire que les enfants ont des
droits. Or, chaque enfant naît avec le droit à la survie, à
la nourriture, à l'eau, au logement, à l'éducation,
à l'égalité, à la protection, etc. D'où la
lutte contre la pauvreté devait commencer par les enfants si on prenait
en compte l'indice de développement humain.
En effet, l'ONU soutient qu'en aidant les enfants à
réaliser tout leur potentiel, revient également à investir
en faveur du progrès même de toute
l'humanité.22
Il se comprend sans peine, qu'investir en faveur des enfants
veut dire, atteindre les OMD plus vite, car les enfants représentent un
échiquier important de pauvreté sur la planète et sont
prêts à se retrouver dans la rue lorsque leurs familles ne sont
pas en même de leur assurer la scolarité.
L'effectivité est un principe invoqué pour
justifier la reconnaissance ou l'opposabilité d'une situation ou d'un
fait réellement établis.23 Il s'agit d'un
caractère ou d'une situation qui présente une
réalité suffisante pour être opposable aux
tiers.24 Un objectif, par contre, est un but que l'on se propose
d'atteindre.25
La définition de l'effectivité ci-contre
avancée, ne nous permet pas d'appréhender le concept dans toute
sa substance dans le cadre précis qui nous concerne. LAMARCHE souligne,
qu'un débat entoure les concepts d'effectivité,
d'efficacité et d'efficience de la norme juridique.26
22 C'est nous qui soulignons.
23 Lexique des termes juridiques,
1ère éd., Paris, DALLOZ, 2002, p. 357.
24 Dictionnaire Universel, Paris, Hachette,
1995, p. 390.
25 Idem, p. 833.
26 L. LAMARCHE., « Perspectives occidentales du
droit international des droits économiques de la personne »,
Bruxelles, Bruylant, 1995, p. 228, cité par J.B. HABIBU., in
L'Effectivité du Statut de la Cour Pénale Internationale :
réflexion spéciale à la situation concernant la RDC,
Bukavu, éd. ACAT, 2007, p. 11.
Pour cet auteur, l'effectivité est la nature de ce qui
existe en fait, de ce qui existe concrètement, réellement ; elle
s'oppose à ce qui est fictif, imaginaire ou purement verbal. Une
règle ou une situation juridique sont effectives si elles se
réalisent dans la réalité. En revanche, une règle
est ineffective lorsqu'elle existe en bonne et due forme mais non
appliquée.27
Pour TOUSCOZ, l'effectivité exprime la mesure dans
laquelle une institution ou une règle atteignent le but qui leur a
été conféré par leur auteur ; elle qualifie donc
l'adaptation plus ou moins parfaite de la règle à l'objet social
qui lui était assigné.28
La Déclaration des droits de l'enfant de 1959 dispose
que : « l'enfant, en raison de son manque de maturité ; physique et
intellectuelle a besoin d'une protection spéciale et des soins
spéciaux, notamment d'une protection juridique appropriée, avant
comme après la naissance ».29 C'est dans ce sens que la
majorité d'instruments juridiques tendent à exiger que
l'enseignement primaire soit non seulement gratuit mais également
obligatoire.
L'enfant est défini comme tout être humain de
moins de dix-huit ans, sauf si la loi nationale accorde la majorité plus
tôt.30 De même, on entend par enfant tout être
humain âgé de moins de 18 ans.31 La Constitution de la
RDC n'a pas donné une définition contraire à celle
indiquée ci-contre. Elle dispose, en son art. 41, que l'enfant mineur
est toute personne, sans distinction de sexe, qui n'a pas encore atteint 18 ans
révolus. Il découle de la présente définition un
synonyme générique entre les termes enfant et
mineur.32 Cette même Constitution dispose, en son art. 43, al.
4 que l'enseignement primaire est obligatoire et gratuit dans les
établissements publics. Par contre l'enfance correspond à une
période bien distincte
27J.B. HABIBU, ibidem.
28 J. TOUSCOZ., « Le principe
d'effectivité dans l'ordre international », Paris, LGDJ, 1964, p.
2, cité par J.B. HABIBU, Idem, p. 12.
29 Préambule de la Déclaration des droits de
l'enfant proclamée par l'AG de l'ONU le 20 novembre 1959,
Résolution 1386(XIV).
30 Art. 1er de la Convention de l'ONU
relative aux droits de l'enfant.
31 Art. 2 de la Charte Africaine des droits et du bien
être de l'enfant.
32 L'art. 219 de la Loi 87-010 portant Code de la
famille dispose que : « Le mineur est l'individu de l'un ou l'autre sexe
qui n'a pas encore l'âge de dix-huit ans accomplis.».
de l'age adulte, une période pendant laquelle l'enfant
peut grandir, jouer et s'épanouir en toute
sécurité.33
Kofi ANNAN souligne que c'est pour les futures
générations, plus encore que pour la nôtre, que
l'Organisation des Nations Unies existe.34 Cette allocution de
l'ancien Secrétaire Générale de l'ONU, nous fait
comprendre l'attention que l'ONU attache à la protection de l'enfance.
Il renchérit que « si nous pouvons faire ce qu'il faut pour les
enfants, si nous pouvons nous acquitter de nos engagements et permettre
à tous les enfants d'avoir droit à leur enfance, à la
santé, à l'éducation, à l'égalité et
à la protection, nous pouvons faire ce qu'il faut pour l'ensemble de
l'humanité : je sais que nous en sommes capables ».35
Il appert cependant que des obstacles majeurs affectent
l'effectivité du droit de l'enfant à l'éducation en RDC.
Ils sont, d'une part, liés à l'inefficacité des
mécanismes juridiques actuels de protection des DESC au niveau national
et international. D'autre part, ils sont d'ordre social et touchent
l'insuffisance de moyens financiers affectés au secteur de
l'éducation, et sont en plus relatifs aux mesures administratives mises
en place depuis les programmes d'ajustement structurel de 1983, aux aspects
culturels discriminatoires à l'égard de la jeune fille ainsi
qu'au vieillissement du personnel enseignant et au délabrement des
infrastructures scolaires, des voies de communication, etc.
Quoique le droit à l'éducation consacré
par les OMD concerne l'enfant en premier lieu, et toute l'humanité en
général, il relève cependant d'une déclaration.
Pour BADINTER, une déclaration est un document dont les signataires
(représentants légitimes des gouvernements) manifestent leur
accord sur des finalités, des objectifs, des principes. Le contenu d'une
déclaration est l'objet d'une obligation morale mais n'a pas, stricto
sensu, de force juridique contraignante.36
A en croire les termes de cet auteur, l'on est en face des
objectifs qui, aux yeux des dirigeants, n'ont aucune force contraignante quant
à leur réalisation. Autrement dit,
33 UNICEF, La Situation dse enfants dans le
monde, New York, Unicef, 2005, p. 3.
34 UNICEF, La Situation des enfants dans le
monde, message du Secrétaire Général de l'ONU, New
York, Unicef, 2006, p. VI.
35 Ibidem.
36 R. BADINTER., Le Vocabulaire des droits de
l'homme, disponible sur
www. fidh.org.
nous sommes en face des droits dont, pour leur
réalisation, l'Etat n'a qu'une obligation de moyen et non de
résultat.
Ainsi, face aux obstacles croissants que connaît le
système éducatif congolais, comment parvenir à
déduire le caractère contraignant dudit objectif contenu dans une
déclaration qui pourtant n'est qu'une obligation morale ? L'adoption du
deuxième OMD par l'Assemblée Générale de l'ONU
emporte-elle dans le chef des Etats et des organisations de la famille des
Nations Unies des engagements juridiques nouveaux par rapport au droit de
l'enfant à l'éducation ? Si le deuxième OMD a
apporté un éclairage nouveau dans l'opérationnalisation
d'un droit par nature « programmatoire » qu'est le droit de l'enfant
à l'éducation et élargi le champ des
responsabilités des sujets du droit international, cela a-t-il eu des
indices positifs sur l'effectivité dudit droit en RDC ? Cela
étant, quelles stratégies doivent être mises en oeuvre pour
l'effectivité du droit à l'éducation en RDC en
général et particulièrement dans la Province du Sud-Kivu
?
Voilà le questionnement auquel nous allons apporter des
réponses provisoires et qui font objet de vérification tout au
long de la présente étude.
2. HYPOTHESES DU TRAVAIL.
Face à cet état de chose, nous devons rappeler
que le droit de l'enfant à l'éducation consacré par la
Déclaration du Millénaire, est bel et bien contenu dans pas mal
d'instruments juridiques nationaux et internationaux. L'ONU l'a fixé
comme objectif, pour la simple raison qu'il demeure l'un des droits-piliers du
développement de l'enfant.37
Soulignons en plus que, non seulement la Convention de l'ONU
reprend sans équivoque ledit droit, mais également la
Déclaration Universelle des droits de l'homme, le Pacte international
relatif aux droits économiques, sociaux et culturels, la Charte
Africaine des droits de l'homme et des peuples, la Charte Africaine des droits
et du bien être de l'enfant, ainsi que la Constitution de la RDC etc.
sont explicites quant à ce. Il appert de ce fait que la
Déclaration du Millénaire n'est venu rappeler, avec insistance,
qu'un droit qui était déjà consacré.
37 C'est nous qui soulignons.
La Déclaration du millénaire a été
mise sur pied par une Résolution de l'AG de l'ONU ; elle ne constitut en
rien une convention renfermant un caractère obligatoire envers les
parties. Constatons toutefois que les droits qui sont consacrés en OMD,
et qu'on retrouve dans les instruments juridiques internationaux manquaient un
aspect très important aux fins de leur concrétisation, à
savoir l'échéance.
La Déclaration du millénaire, ainsi que tous les
textes juridiques internationaux et nationaux protecteurs des droits de
l'enfant précisent qu'en tout état de cause,
l'intérêt supérieur de l'enfant doit compter dans la
politique nationale de chaque Etat.
Voilà pourquoi, chaque année qui passe, à
dater de la mise sur pied de la Déclaration du millénaire, l'ONU
tient un sommet mondial38 pour se rassurer de l'évolution et
du défi qu'il faut relever. Dans le même cadre, le Fonds des
Nations Unies pour l'enfance publie un ouvrage intitulé « La
Situation des enfants dans le monde » qui permet de faire un état
des lieux desdits objectifs sur l'échiquier planétaire.
Curieusement, malgré les efforts fournis par la communauté
internationale à travers l'UNICEF et la Banque Mondiale, qui ont, et
continuent à militer davantage pour l'effectivité du
2ème et 3ème OMD en RDC à travers
des campagnes d'encouragement de l'inscription des enfants ayant l'âge
scolaire à l'école, la réhabilitation et la construction
des écoles, le défi à relever reste majeur.
La RDC a été partie à la
Déclaration du millénaire pendant une période très
sensible de son histoire. Nous osons croire que son contexte politique de l'an
2000 ne lui a pas permis de mettre en pratique son voeu de sens
dévoué. Pendant cette période, les dirigeants du pays se
préoccupaient plutôt de la réunification du pays ; peu
après, c'est la période transitionnelle qui s'en était
suivie et chacun de dirigeants faisait la course pour se positionner aux
échéances électorales. Ainsi, le huitième OMD qui
devait favoriser la réalisation des autres, et précisément
du deuxième, a été plus tourné vers les
élections et le financement des institutions d'appui à la
démocratie.
L'avènement de la troisième République a
apporté des éclairages nouveaux dans l'opérationnalisation
du droit de l'enfant à l'éducation en RDC. Cela se fait
remarquer,
d'une part, dans la Constitution qui consacre le
caractère obligatoire et gratuit du droit de l'enfant à
l'enseignement primaire,39 mais également le sérieux
par lequel l'UNICEF encourage les inscriptions massives des filles à
l'âge scolaire et la tenue des rapports spécifiques sur la RDC
permettant d'évaluer les avancées marquées et le
défi à relever.
En tout état de cause, l'appui de la communauté
internationale se heurte à des difficultés majeures que l'Etat
congolais est appelé à résoudre : C'est le cas de la
construction des écoles, le payement des salaires des enseignants, la
coopération internationale, l'assainissement des écoles, etc.
3. METHODOLOGIE DU TRAVAIL.
Eu égard aux contours que revêt le présent
travail, nous nous sommes inspiré de la méthodologie juridique,
sociologique, comparative et téléologique. La technique
documentaire et celle d'interview ont soutenu les méthodes sus
évoquées.
La méthode juridique nous a permis de rechercher la
législation existante relative aux droits de l'enfant à
l'éducation et pouvant favoriser la réalisation de cet OMD d'ici
2015. Nous avons passé en revue les textes juridiques internationaux,
ceux régionaux et nationaux. Comme la législation nationale n'est
pas abondante quant à ce, le problème s'est posé moins,
étant donné que nous sommes dans un système moniste avec
primauté du droit international conformément à l'art. 215
de la Constitution de la RDC.40 Nous avons fait également
allusion aux textes constitutifs des différentes institutions
spécialisées de l'ONU engagées dans la réalisation
du droit de l'enfant à l'éducation. Cela nous a permis de
découvrir les techniques utilisées par le Fonds des Nations Unies
pour l'enfance en vue de rendre effectif ledit objectif en RDC, et
précisément au Sud-Kivu. Nous avons analysé enfin les
rapports annuels des organismes tant publics que privés, respectivement
concernés en RDC.
39 L'art. 43 dispose : « (...) l'enseignement
primaire est obligatoire et gratuit dans les établissements publics
».
40 Art. 15 de la Constitution de la RDC : Les
traités et accords internationaux régulièrement conclus
ont dès leur publication, une autorité supérieure à
celle des lois, sous réserve pour chaque traité ou accord, de son
application par l'autre partie.
Nous avons fait également recours à la
méthode sociologique qui nous a permis d'appréhender certaines
pratiques ou coutumes qui mettent à mal le droit à
l'éducation des enfants, du moins la catégorie des filles.
La méthode comparative nous a été utile
dans la mesure où, partant de la cible à atteindre par le
deuxième OMD41 et des rapports publiés annuellement
par l'UNICEF qui donnent l'aperçu du monde entier, nous avons
essayé de comprendre ce qui a été déjà fait
ailleurs et le défi qui reste à relever par la RDC. Cela nous a
permis de proposer quelques pistes de solution pouvant permettre à la
RDC d'améliorer sa politique afin de sauver ce qui le peut être
encore avant 2015.
Quant à la méthode téléologique,
elle nous a permis de découvrir minutieusement quels étaient le
but et la philosophie poursuivis par l'Assemblée Générale
de l'ONU en mettant sur pied les OMD. Il a s'agi de comprendre si les
visées de la Déclaration du millénaire sont en route
d'être atteintes par les dirigeants congolais.
Mû par la technique documentaire, notre travail a
puisé ses matériaux dans les différents textes juridiques
qui consacrent des solutions aux problèmes soulevés ci-avant. Il
s'agit des instruments juridiques internationaux, régionaux, nationaux,
la jurisprudence existante, mais également de la doctrine.
Par ailleurs, les techniques d'enquête et l'interview
libre nous ont permis de comprendre comment, petit à petit, le
deuxième OMD est considéré en RDC en général
et au Sud-Kivu en particulier.
4. INTERET DU SUJET.
L'étude de l'effectivité du deuxième OMD en
tant que droit de l'enfant en RDC, présente un intérêt
social, scientifique et pédagogique.
Sur le plan social, la réalisation du deuxième
OMD d'ici 2015 est un devoir, et non une obligation, de tout Etat de droit qui
veut maintenir le respect des engagements pris en face du monde pour son
peuple. Pour y parvenir, il importe successivement de tenir compte de la
dignité de l'Etat à protéger les générations
futures, mais également des intérêts vitaux de la nation
qui se trouvent en danger si, par pure négligence des dirigeants, ledit
OMD ne marque pas des points importants d'ici les prévisions onusiennes
qui, du reste, ne sont qu'une continuation dans l'avenir.
Au plan scientifique, cette étude, dans ses limites,
apporte une certaine contribution au débat scientifique dans un domaine
aussi sensible où il faut, non seulement ajuster, mais aussi concilier
à la fois les intérêts généraux et ceux
fondamentaux des générations futures. Il constitue un outil
jugé nécessaire pour les futurs chercheurs qui voudront, dans la
mesure du possible, approfondir ou vérifier les hypothèses sous
examen. Il s'agit d'une question qui agite la Communauté internationale
et à laquelle, depuis la mise sur pied de la Déclaration du
millénaire, les institutions spécialisées de l'ONU,
à travers l'UNICEF, cherchent à trouver des solutions.
Face à l'inexistence presque absolue de la doctrine
congolaise relative à la question des OMD, le présent travail
inscrit enfin, pédagogiquement, dans la sphère de l'analyse de la
question relativement au droit interne.
De ce fait, il complète et d'approfondit des notions
apprises tout au long de notre formation académique. Ces notions font
référence au droit international public, au droit des
organisations internationales, aux droits humains et libertés publiques,
au droit civil des personnes et à d'autres notions. Cette analyse nous a
permis d'asseoir ses notions, et le cas échéant, de nous
imprégner davantage des solutions préconisées par les
institutions spécialisées de l'ONU, à titre
supplémentaire, et le gouvernement congolais qui demeure le premier
responsable des engagements internationaux auxquels il a souscrit.
5. DELIMITATION DU SUJET.
d'apprécier l'efficacité du deuxième OMD,
c'est-à-dire, savoir s'il a été atteint ou pas, pareille
évaluation s'avérerait prématurée compte tenu des
prévisions de l'ONU, à savoir l'horizon 2015.
Nous nous sommes limité à analyser la
Déclaration du millénaire, les instruments juridiques
internationaux, régionaux et nationaux relatifs aux droits de l'enfant,
ainsi que la jurisprudence existante et la doctrine (délimitation
matérielle).
Nous avons fait également un état des lieux de
ce qui a été déjà fait depuis l'an 2000,
année d'entrée en vigueur de la Convention de l'ONU relative aux
droits de l'enfant et de la tenue du sommet du nouveau millénaire
jusqu'à nos jours (délimitation temporaire). Il a
été donc question de nous inscrire dans la logique de l'ONU
consistant à vérifier annuellement les avancées afin de
rappeler aux Etats leurs engagements en face du monde en attendant l'horizon
2015.
6. PLAN SOMMAIRE.
En plus de l'introduction générale, ce travail
porte sur trois chapitres. Le premier chapitre analyse le droit de l'enfant
à l'éducation primaire en droit international contemporain.
Le deuxième chapitre traite de l'effectivité du
droit de l'enfant à l'éducation primaire en RDC.
Le troisième chapitre propose des stratégies
pouvant contribuer à l'amélioration du droit de l'enfant à
l'éducation en RDC en général et au Sud-Kivu en
particulier. Vient enfin une conclusion générale.
(c)
mutajustin@yahoo.fr
17
CHAP. I : LE DROIT DE L'ENFANT A L'EDUCATION PRIMAIRE EN
DROIT INTERNATIONAL CONTEMPORAIN.
Le présent chapitre passe en revue le droit de l'enfant
à l'éducation tel que consacré par le droit conventionnel,
la Déclaration du millénaire et le droit interne de la RDC. Ceci
étant, avant de faire l'état de la législation congolaise
sur le droit de l'enfant à l'éducation (Section
3ème), nous allons examiner d'abord le droit conventionnel
(Section 1ère) et la Déclaration du millénaire
(Section 2ème).
Section 1ère : L e droit de l'enfant à
l'éducation en droit conventionnel.42
La présente section traite du droit de l'enfant à
l'éducation en droit international (§1) et en droit régional
(§2).
§1. Le droit de l'enfant à l'éducation
en droit international public.43
Loin de faire abstraction de la suprématie des normes
juridiques, nous allons partir d'une approche chronologique. Il est question de
passer en revue la DUDH et la Déclaration des droits de l'enfant de 1958
(A), avant d'aborder le Pacte International relatif aux droits
économiques, sociaux et culturels et la Convention relative aux droits
de l'enfant du 20 Novembre 1989 (B).
A. Le droit de l'enfant à l'éducation tel que
consacré par la DUDH et la Déclaration des
droits de l'enfant de 1959.
Etant donné que, chronologiquement, la DUDH
précède la Déclaration de 1959, notre attention se penche
tout d'abord à elle.
a. Le droit de l'enfant à l'éducation dans la
DUDH.
En 1948, l'Assemblée générale des Nations
Unies a adopté la Déclaration universelle des droits de l'homme
en vue de combattre l'oppression et la discrimination.
42 Le droit international conventionnel ou droit des
traités vise tout accord de volontés intervenu entre deux ou
plusieurs Etats (sujets du droit international), pour autant au moins que
ceux-ci aient entendu s'obliger juridiquement.
43 Le droit international public est l'ensemble des
règles régissant les relations ente les Etats et les autres
sujets de la société internationale.
Au lendemain d'une guerre mondiale dévastatrice, qui
avait été le théâtre de pires actes de barbarie
jamais commis dans l'histoire de l'humanité, la Déclaration
universelle énonçait, pour la première fois, de
façon détaillée, les droits et les libertés
individuels44. Pour la première fois également, il a
été reconnu à l'échelle internationale que les
droits de l'homme et les libertés fondamentales s'appliquaient à
tout un chacun et en tout lieu.
L'art. 26, al. 1er du texte sous examen
déclare que : « Toute personne a droit à l'éducation.
L'éducation doit être gratuite, au moins en ce qui concerne
l'enseignement élémentaire et fondamental. L'enseignement
élémentaire est gratuit ».
L'acceptation quasi-universelle de la Déclaration
témoigne du succès de cette entreprise. A l'heure actuelle, la
Déclaration universelle, fondement de la législation
internationale en matière de droits de l'homme, sert de modèle
à de nombreux traités et déclarations internationales et
est reprise par les constitutions et les lois d'un grand nombre de pays dont la
RDC. Point n'est besoin de rappeler qu'elle a été l'inspirateur
d'un texte spécifique sur les droits de l'enfant, à savoir la
Déclaration des droits de l'enfant de 1959, dont nous allons aborder
dans les lignes ci-dessous.
b. Le droit de l'enfant à l'éducation dans la
Déclaration des droits de l'enfant de 1959.
Avec le vent des indépendances qui soufflait, les Etats
membres de l'ONU tenaient à tout prix à mettre sur pied un texte
international spécifique aux droits de l'enfant. Dès lors,
l'enfant était déjà rangé dans la catégorie
des personnes vulnérables dont une protection spécifique de ses
droits devait être assurée ; c'est ce qui ressort du
Préambule de la Déclaration sous objet, à son
troisième paragraphe, qui considère que : « l'enfant, en
raison de son manque de maturité physique et intellectuelle, a besoin
d'une protection spéciale et des soins spéciaux, notamment d'une
protection juridique appropriée, avant comme après la naissance
».
Il est toutefois impérieux de signaler que, la
nécessité de cette protection spéciale a été
énoncée dans la Déclaration de Genève de 1924 sur
les droits de l'enfant et
44 X., Historique de la Déclaration
Universelle des droits de l'homme, disponible sur
www.un.org.
reconnue dans la DUDH ainsi que dans les Statuts des institutions
spécialisées et des organisations internationales qui se
consacrent au bien être de l'enfance.45
Plus précis, est le 1er al. du
7ème principe de la Déclaration sous examen qui
dispose que : « L'enfant a droit a une éducation qui doit
être gratuite et obligatoire au moins aux niveaux
élémentaires. Il doit bénéficier d'une
éducation qui contribue à sa culture générale et
lui permettre, dans des conditions d'égalité des chances, de
développer ses facultés, son jugement personnel et son sens des
responsabilités morales et sociales, et de devenir un membre utile de la
société ».
Cette Déclaration qui n'est qu'une suite
spécifique de la DUDH, a clairement indiqué que l'enfant doit
bénéficier d'une éducation intégrale tenant compte
de l'égalité des sexes. Avec le temps, les bonnes intentions non
assorties d'obligation juridique, mais encore spécifiques quant au
caractère programmatoire du droit dont question, ont été
accouchées dans des instruments internationaux plus contraignants dont
le Pacte International relatif aux droits économiques, sociaux et
culturels (PIDESC) et la Convention relative aux droits de l'enfant.
B. Le droit de l'enfant à l'éducation dans le
PIDESC et la Convention relative aux
droits de l'enfant.
a. Le droit de l'enfant à l'éducation dans le
PIDESC.
L'art. 13, al. 1er prévoit que les Etats
parties au présent Pacte reconnaissent le droit de toute personne
à l'éducation. Ils conviennent que l'éducation doit viser
le plein épanouissement de la personnalité humaine et du sens de
sa dignité et renforcer le respect des droits de l'homme et des
libertés fondamentales.
Ils conviennent en outre que l'éducation doit mettre
toute personne en mesure de jouer un rôle utile dans une
société libre, favoriser la compréhension, la
tolérance et l'amitié entre toutes les nations et tous les
groupes raciaux, ethniques ou religieux et encourager le développement
des activités des nations unies pour le maintien de la paix.
45 Déclaration des droits de l'enfant de 1959,
Préambule, Paragraphe 4
Le 2ème alinéa poursuit que les Etats
parties au présent Pacte reconnaissent qu'en vue d'assurer le plein
exercice de ce droit :
1. l'enseignement primaire doit être obligatoire et
accessible à tous (...) ;
2. il faut poursuivre activement le développement d'un
réseau scolaire à tous les échelons, établir un
système adéquat de bourses et améliorer de façon
continue les conditions matérielles du personnel enseignant.
Le pacte est renforcé par les dispositions de la
Convention relative aux droits de l'enfant adoptée par
l'Assemblée Générale de l'ONU en 1989.
b. Le droit de l'enfant à l'éducation dans la
Convention relative aux droits de
l'enfant.
L'al. 1er de l'art. 28 dispose que: « Les
Etats parties reconnaissent le droit de l'enfant à l'éducation,
et en particulier, en vue d'assurer l'exercice de ce droit progressivement et
sur la base de l'égalité des chances :
a. ils rendent l'enseignement primaire obligatoire et gratuit
pour tous (...) ;
e. ils prennent des mesures pour encourager la
régularité de la fréquentation scolaire et la
réduction des taux d'abandon scolaire ».
Cette Convention souffre de mêmes difficultés
liées à l'inexistence d'un Protocole additionnel ou facultatif
relatif à la mise en oeuvre des droits économiques, sociaux
culturels.
§2. Le droit de l'enfant à l'éducation
en droit régional.
Le présent paragraphe passe en revue le droit de
l'enfant à l'éducation tel que prévu par le droit
régional africain. Il fait allusion à la Charte Africaine des
droits de l'homme et des peuples (A), et la Charte africaine des droits et du
bien être de l'enfant (B).
A. Le droit de l'enfant à l'éducation dans la
Charte africaine des droits de
l'homme et des peuples.
indissociables des droits économiques, sociaux et
culturels tant dans leur conception que dans leur universalité, et que
la satisfaction des droits économiques sociaux et culturels garantit la
jouissance des droits civils et politiques. 46
Faisant allusion au droit de l'enfant à
l'éducation, elle prévoit que tout enfant a droit à
l'éducation.47 L'Etat a le devoir de veiller à
l'élimination de toute discrimination contre la femme et d'assurer la
protection des droits de la femme et de l'enfant tels que stipulés dans
les déclarations et conventions internationales.48
B. Le droit de l'enfant à l'éducation dans la
Charte africaine des droits et du
bien être de l'enfant.
L'art. 4, al. 1er de la présente Charte
dispose que: « Dans toute action concernant un enfant, entreprise par une
quelconque personne ou autorité, l'intérêt de l'enfant sera
la considération primordiale ».
L'art. 11 poursuit que « Tout enfant a droit à
l'éducation. Les Etats parties à la présente Charte
prennent toutes les mesures appropriées en vue de parvenir à la
pleine réalisation de ce droit et, en particulier, ils s'engagent
à : fournir un enseignement de base gratuit et obligatoire (...)
».
De ce qui précède, il appert que la faiblesse du
droit de l'enfant à l'éducation tel que consacré par les
instruments juridiques ci-avant indiqués, réside dans la mise en
oeuvre effective de ce droit à caractère programmatoire et
à réalisation progressive. Une lecture combinée
relève que tous ces textes consacrent l'égalité des
chances. Le 1er al. de l'art. 2 du PIDESC prévoit que :
« Chacun des Etats parties au présent Pacte s'engage à agir
tant par son effort propre que par l'assistance et la coopération
internationale, notamment sur les plans économique et technique, au
maximum de ses ressources disponibles, en vue d'assurer progressivement le
plein exercice des droits reconnus dans le présent Pacte par tous les
moyens appropriés, y compris en particulier l'adoption des mesures
législatives ».
46 Charte Africaine des droits de l'homme et des
peuples, Préambule.
47 Art. 17
48 Art. 17, al. 3
Cet aspect des mesures législatives nous appellera
à interroger quelques lois budgétaires de la RDC pour parvenir
à dénicher le pourcentage affecté au droit à
l'éducation depuis la mise sur pied de la Déclaration du
millénaire. Un autre point important est celui des ressources
disponibles pouvant favoriser la réalisation progressive du droit
à l'éducation auquel on peut adjoindre l'assistance et la
coopération internationales.
De ce qui précède, il sied de s'attarder un tout
petit peu sur l'économie générale de certains termes :
- Notion des ressources disponibles : Cette expression
s'entend comme le niveau de richesse qu'un Etat est capable d'atteindre, ces
richesses ayant comme but d'apporter satisfaction aux besoins
économiques, sociaux et culturels. Elle est très souvent
utilisée pour justifier l'inaction, les limites d'actions ou le retard
d'action des Etats dans une perspective des droits « programmatoires
», soit à réinterpréter d'une façon positive
et dynamique.49 Cela a amené le Comité au DESC
à déclarer que cette obligation existe indépendamment de
tout accroissement des ressources disponibles. Ce même Comité
admet que toutes les ressources existantes doivent être consacrées
de manière aussi efficace que possible à la réalisation
des droits consacrés dans le Pacte. Egalement, conformément aux
Principes de Limburg relatifs à l'application du PIESC, il est fait
obligation aux Etats parties, quelque soit leur niveau de développement
économique, d'assurer le respect des droits de tous à un niveau
minimum de substance. Partant, l'expression « ressources disponibles
» s'applique tant aux ressources de l'Etat qu'à celles dont il
dispose au titre de l'assistance ou de la coopération économiques
ou techniques internationales. Dans l'utilisation des ressources disponibles,
la priorité doit être accordée à l'exercice des
droits reconnus dans le Pacte, compte tenu de la nécessité
d'assurer à chacun la satisfaction de la prestation de services de
base.50 Ainsi, la répartition budgétaire nous servira
d'indice d'appréciation des efforts fournis par l'Etat Congolais pour la
réalisation effective du droit de l'enfant à l'éducation.
A ce titre, il se comprend que la manque de ressources
49 F. MANZONI, « L'Effectivité des droits
économiques, sociaux et culturels, fin et moyen de développement,
observatoire de la diversité et des droits culturels », Colloque de
Cotonou, 18-29 novembre 2004, inédit, disponible sur
www.unibg.it/dati/bacheca/255/12096.pdf,
cité par J.B. HABIBU, op.cit.,p. 224
50 X., « Déclaration et Programme d'action
de Vienne », 1ère partie, cité par J.B. HABIBU,
op.cit. p. 225
n'est donc pas un moyen adéquat permettant à l'Etat
de prouver son inaction face à la dégradation des conditions
néfastes liées au présent droit.
- La notion de réalisation progressive : les
travaux préparatoires du PIDESC démontrent clairement que
l'utilisation du terme « progressivement » signifierait une
obligation d'assurer un degré de réalisation des droits de plus
en plus élevé dans le temps.51 Cela rejoint les propos
de Kofi A ANNAN, ancien Secrétaire Général de l'ONU,
auxquels nous avons fait allusion dans les lignes qui
précèdent.52 Il relève que l'obligation de
« réalisation progressive » prévue dans le Pacte est
souvent comprise à tord comme si l'Etat ne doit assurer l'exercice des
droits visés dans le Pacte que lorsqu'il a atteint un certain
degré de développement économique ; ce qui n'est pas
l'objectif de la présente disposition. Or, loin d'entrer dans la longue
discussion liée à la classification des pays
développés et ceux en voie de développement, en tenant
compte des critères abstraits les plus usuels du niveau de
développement que sont le produit national brut et le revenu par
habitat, il appert que le chiffre varie d'un pays à un autre et souvent
d'une année à une autre à l'intérieur d'un
même pays. Aussi, il est également admis qu'on ne peut se passer
de la proposition de certaines O.I. qui ont proposé l'utilisation
d'autres critères tels que : les caractéristiques
démographiques, l'épargne nationale, le taux
d'alphabétisation ou d'éducation, etc.53 La
disposition du PIDESC qui énonce l'aspect de « réalisation
progressive » ne devait être interprétée comme
autorisant un Etat à reporter indéfiniment les efforts à
consentir pour assurer l'exercice des droits énoncés dans le
Pacte. La réalisation progressive signifie plutôt que les Etats
ont l'obligation d'oeuvrer aussi rapidement et aussi efficacement que possible
pour appliquer le Pacte. Certes, il se peut que l'obligation de
réalisation progressive soit une règle plus facile à
appliquer pour certains droits, du fait de leur nature, mais il est clair que
les Etats parties ont tenus de s'acquitter sans délai d'un grand nombre
d'obligations découlant du Pacte. Il en est ainsi en particulier des
dispositions relatives à la non discrimination, de l'inscription des
enfants à l'école qui doit être non seulement gratuite mais
également obligatoire.
Etant donné que la Déclaration du millénaire
a apporté une nouveauté dans les engagements internationaux des
sujets du droit international, en fixant une échéance
endéans
51 L. LAMARCHE, cité par J.B. HABIBU,
op.cit., p. 226
52 Voir infra paginale n° 34
53 E. MANGA., Cours des relations Economiques
Internationales, UCB, L1 Droit, 2006-2007, inédit.
laquelle le droit de l'enfant à l'éducation doit
être, au besoin atteint, contrairement aux autres textes ci-avant
évoqués, essayons, à présent, de faire
l'état de lieu dudit droit dans le soft law.
Section 2ème : Le droit de l'enfant à
l'éducation dans la Déclaration du millénaire.
§1. La Déclaration du millénaire : un
acte unilatéral.
D'entrée de jeu, il n'est pas fait mention des actes
unilatéraux parmi les sources de droit visées à l'art. 38
du Statut de la CIJ. Ceci amène Joe VERHOEVEN à dire qu'en
l'absence d'une autorité habilité à «
légiférer », on ne peut normalement pas s'appuyer sur la
volonté d'un seul Etat pour affirmer l'existence d'une « norme
» dans l'ordre juridique international.54 Toutefois, rien
n'interdit à une OI d'agir dans les limites des pouvoirs lui
attribués par son acte constitutif.
A. Les actes unilatéraux des O.I.
Dans les rapports de l'Organisation avec ses membres, ces
actes ont en revanche tous les effets qui leur sont reconnus par son
traité constitutif. Ceux-ci, quels qu'ils soient, ne suscitent en
principe aucune difficulté puisqu'ils reposent toujours, en
dernière analyse, sur la volonté des Etats fondateurs de
l'organisation. La Déclaration du millénaire entend exiger aux
Etats parties, dans ce cas précis, d'assurer l'éducation primaire
pour tous, d'ici l'horizon 2015.
Pour Joe VERHOEVEN, la pratique contemporaine relève
une multiplication de « textes » concertés qui n'expriment pas
un accord en droit de leurs signataires. Les appellations sont très
diversifiées : gentlemen's agreement, communiqué conjoint,
déclarations ou résolution, acte final d'une conférence,
etc. Dans bien de cas, poursuit-il, ces « textes » ne suscitent
aucune difficulté dès lors qu'ils se contentent, par exemple, de
manifester des opinions ou de formuler des recommandations.55 C'est
d'ailleurs la raison pour laquelle l'auteur les appelle des « accords non
juridiques ».
54 J. VERHOEVEN, Droit International Public,
Larcier, 2000, p. 441
55 Idem., p. 365
Ainsi, nous sommes en droit de nous poser la question de
savoir en quoi est-ce que la Déclaration du millénaire
diffère-t-elle des autres textes analogues, en faisant allusion à
la Déclaration des droits de l'enfant de 1959, etc.! La réponse
à cette question est localisable à plusieurs niveaux.
B. La Déclaration du millénaire et les autres
accords non juridiques.
Au niveau de la forme, la Déclaration du
millénaire a été adoptée par une Résolution
de l'AG de l'ONU.56 Elle a suivie la procédure normale de
toutes les autres déclarations issues de l'AG de l'ONU, sauf qu'à
la différence de celles-ci, elle a été
précédée par le sommet mondial pour les enfants de 1990 et
le rapport du Secrétaire général de l'ONU du 27 mars 2000
(a), avant de fixer l'échéance endéans laquelle les droits
qu'elle consacre en objectifs doivent être, au besoin, atteints (b).
a. Le sommet mondial pour les enfants et le rapport du
Secrétaire Général de l'ONU du 27 mars 2000.
- Le sommet mondial pour les enfants de 1990.57
Appelé encore sommet planète terre, le sommet
mondial pour les enfants s'était tenu au siège de l'ONU du 20 au
30 septembre 1990, à l'initiative de six pays 58 avec l'appui
de l'UNICEF et d'autres institutions de l'ONU, sous les auspices du
Secrétaire général de l'ONU. Il avait réuni 159
dirigeants, dont 71 chefs d'Etat ou de gouvernement, avec comme thèmes
principaux « Objectifs à atteindre d'ici à l'an 2000 pour
les enfants : leur santé, leur nutrition, leur éducation et
l'accès à de l'eau salubre et à l'hygiène ».
Le point fort de cette rencontre, fut la signature d'une Déclaration
mondiale en faveur de la survie, de la protection et du développement
des enfants et d'un Plan d'action qui énonce une série
d'objectifs du développement humain concernant les enfants pour l'an
2000.
Ce sommet avait approuvé 7 objectifs59 et
vingt annexes, et il avait demandé à tous les pays de chercher
à les atteindre. Il a été souligné toutefois qu'il
fallait adapter ces
56 A/RES/55/2.2000 du 13 Septembre 2000
57X., Sommet mondial pour les enfants,, disponible
sur
www.un.org
58 Canada, Egypte, Mali, Mexique, Pakistan et
Suède
59 Entre 1990 et 2000, une réduction d'un tiers des taux
de mortalité pour les nourrissons et les moins de cinq
objectifs à la situation spécifique de chaque pays,
en ce qui concerne les étapes, les critères, les priorités
et la disponibilité des ressources.
Pour mobiliser les ressources nécessaires pouvant
permettre d'atteindre les objectifs pour les enfants, le Plan d'action du
Sommet a exhorté les pays donateurs et les pays en développement
à accorder, lors de l'élaboration de leur budget, un rang de
priorité plus élevé à la question du
bien-être des enfants. Cette orientation a abouti à ce qu'on a
appelé l' «Initiative 20/20», une stratégie de
financement qui veille à assurer la disponibilité des ressources
nécessaires pour subvenir aux besoins essentiels et combattre les pires
aspects de la pauvreté. L'initiative proposait que les pays en
développement consacrent au moins 20% des leurs budgets nationaux aux
services sociaux de base et que, de leur côté, les pays
industrialisés affectent 20% de leur aide au développement au
même but.
A la fin du sommet, la Déclaration mondiale et le Plan
d'action en faveur de la survie, de la protection et du développement de
l'enfant furent mis sur pied. En vue de s'assurer de leur mise en oeuvre, il
fut demandé au Secrétaire Général de rédiger
un rapport à présenter à la mi-décennie lors de la
session de l'Assemblée Générale de 1996 à
l'occasion de l'anniversaire du Sommet pour les enfants.
En 1995, lors du Sommet mondial pour le développement
social de Copenhague, le PNUD, l'UNESCO, le Fonds des Nations Unies pour la
population (FNUAP), l'UNICEF et l'OMS se sont tous prononcés en faveur
de cette initiative, estimant qu'elle représentait le moyen de
générer suffisamment de ressources supplémentaires (entre
30 et 40 milliards de dollars US par an) pour que, d'ici à la fin du
siècle, chacun ait accès à des services sociaux
essentiels.
ans, ou alors passer à un taux de 50 à 70 pour 1
000 naissances vivantes, si ce nombre est le plus bas. Entre 1990 et 2000, une
diminution de moitié des taux de mortalité maternelle.
Entre 1990 et 2000, une diminution de moitié des taux de
malnutrition des enfants de moins de cinq ans. Accès universel à
de l'eau potable salubre et à une évacuation hygiénique
des déchets humains.
D'ici à l'an 2000, accès universel à
l'éducation de base. Au moins 80% des enfants en âge d'aller
à l'école primaire doivent achever le cycle primaire.
Réduction du taux d'analphabétisme des adultes
(chaque pays déterminera la catégorie d'âge
appropriée) à moins de la moitié du taux de 1990, et
priorité à l'alphabétisation des femmes.
Protection des enfants en situation difficile, en particulier
dans les situations de conflit armé.
Déjà, le 30 septembre 1996, sixième
anniversaire du Sommet mondial pour les enfants, on présenta à
l'Assemblée générale une évaluation complète
des progrès accomplis à la mi-décennie vers les objectifs
de l'an 2000. Le rapport du Secrétaire général
souligna les progrès impressionnants accomplis pour la survie des
enfants, notamment dans les domaines de la couverture vaccinale, de la lutte
contre la polio, le ver de Guinée et les maladies provoquées par
les carences en iode, de l'accès à l'eau potable et de la
promotion de l'allaitement au sein. A la même occasion, il fut
constaté qu'au mois d'octobre 1996, 167 pays au total avaient
signé la Déclaration et le Plan d'action au nom des enfants du
monde entier.
Quant au résultat, il était prouvé que
les Etats n'ont pas fourni assez d'efforts pour rendre l'éducation de
base et l'égalité des sexes possible. Comme cela fut le cas lors
de toutes les grandes conférences de cette décennie, il est
prévu que la responsabilité essentielle de la mise en oeuvre des
plans d'actions qui en ont résulté incombe aux gouvernements.
Voilà pourquoi le Secrétaire Général de l'ONU a
élaboré un rapport qui a réitéré les
engagements de 1990, et dans lequel il a encore une fois insisté sur le
droit de l'enfant à l'éducation de base.
- Le rapport du Secrétaire Général de l'ONU
du 27 mars 2000.60
Ce rapport intitulé « Nous les peuples : le
rôle des Nations Unies au XXIè, siècle, n'a fait
que rappeler aux Etats leur responsabilité en face du monde. Mais la
même difficulté liée au fait que ces engagements ne soient
consacrés que dans des déclarations, n'a toujours pas
trouvé de remède. Cette fois, c'est avec plus de précision
que le Secrétaire Général de l'ONU va s'adresser au monde.
Ceci relève du fait que la Convention relative aux droits de l'enfant,
adoptée le 20 novembre 1989, venait d'entrer en vigueur en septembre
2000.
Ce rapport avait comme objet : « alimenter la
réflexion et stimuler le débat ». Voilà pourquoi
le point 15 prévoit : « Ils nous faut sortir des sentiers battus et
repenser les moyens de gérer notre action commune et de servir
l'intérêt général. Aucun Etat ne peut espérer
venir à bout à lui seul de la plupart des problèmes
auxquels nous devons faire face
60 Résolution A/54/2000, 27 mars 2000
aujourd'hui. Pour mieux gouverner au niveau national et mieux
gouverner ensemble au niveau international, il faut des Etats forts, et
dotés d'institutions efficaces ».
Quant au point 16 de renchérir que le plus important,
c'est que l'être humain soit au centre de tout ce que nous faisons. Il
n'est pas d'aspiration plus noble, pas de responsabilité plus
impérieuse que d'aider, dans le monde entier, des hommes, des femmes et
des enfants à vivre mieux (...)
Il poursuit, dans le point 17, qu'il ne suffit pas
d'évoquer l'avenir, il faut dès à présent se mettre
à le forger. Puisse le sommet du millénaire être l'occasion
pour les Etats membres de renouveler leur engagement à l'égard de
l'organisation et de ce que doit être sa mission. Et puissent les
dirigeants de la planète témoigner de leur bonne volonté
en donnant suite aux engagements pris.
Plus loin, dans le point 364 il martèle que : «
pour faire respecter ces valeurs au XXIè siècle, nos
priorités doivent être clairement définies :
Premièrement, nous ne devons ménager aucun
effort pour libérer nos semblables, hommes et femmes, de la
pauvreté objecte et déshumanisante dans laquelle vivent
actuellement plus d'un milliard d'entre eux. En conséquence,
engageons-nous :
« (...) A faire en sorte que, d'ici 2015, tous les
enfants, garçons et filles, puissent suivre le cycle complet de
l'enseignement primaire et que les filles aient accès, sur un pied
d'égalité avec les garçons, à tous les cycles de
l'enseignement ».
b. L'échéance endéans laquelle les OMD
doivent être atteints.
Il a été dit, ci-contre, que les droits
consacrés en OMD, et précisément le droit à
l'éducation, sont consacrés par les autres instruments juridiques
tels qu'indiqués dans les lignes précédentes, à la
seule différence que, la Déclaration du millénaire fixe
des cibles, des indicateurs ainsi qu'une échéance pour chaque
droit : voilà ce qui nous amène à classer ce texte dans le
soft law. Ne pouvant pas faire le contour des tous les OMD, quoi que leur
interdépendance nous l'exige, nous allons essayer de creuser les cibles
du deuxième et du troisième OMD consacrés
spécifiquement à l'éducation pour tous.
- Le deuxième OMD consiste à assurer
l'éducation primaire pour tous. Il a comme cible, de donner à
tous les enfants, garçons et filles, partout dans le monde, les moyens
d'achever un cycle complet d'études primaires, d'ici
2015.61 C'est l'éducation qui permet de choisir la vie
que l'on mènera et de s'exprimer avec confiance dans ses relations
personnelles, son milieu et son travail. Voilà pourquoi on n'y a adjoint
des indicateurs62 pouvant faciliter d'évaluer les
progrès accomplis. L'ONU considère que les 115 millions d'enfants
en âge d'être scolarisés dans le primaire qui ne le sont pas
se voient refuser l'exercice d'un droit fondamental. Il s'agit surtout
d'enfants de familles pauvres, dont la mère, le plus souvent, n'a pas
fréquenté l'école non plus. Ce gaspillage de potentiels ne
touche pas seulement les enfants car l'éducation, notamment celle des
filles, comporte des avantages sociaux et économiques pour l'ensemble de
la société.63 Une femme éduquée a des
meilleures perspectives économiques et participe davantage à la
vie publique. Si elle est mère, elle tend à avoir des enfants
moins nombreux mais en meilleure santé et qui ont plus de chances
d'aller à l'école. Tous ces points positifs sont autant d'armes
contre le cercle vicieux de la pauvreté.
- Le troisième OMD quant à lui consiste à
promouvoir l'égalité des sexes et l'autonomisation des femmes
avec des indicateurs précis.64 Il a pour cible
d'éliminer les disparités entre les sexes dans les
enseignements primaires et secondaires d'ici à 2005,65 si
possible, et à tous les niveaux de l'enseignement en 2015, au plus
tard.66 L'égalité des sexes inscrite
dans les droits de l'homme est au coeur de la réalisation des OMD. Sans
elle, on ne pourra vaincre ni la faim, ni la pauvreté, ni la maladie.
C'est dire que l'égalité doit être réelle à
tous les niveaux de l'enseignement, et que la
61 3ème cible pour tous les OMD
62 Indicateur 6 : Taux net de scolarisation dans le
primaire, Indicateur 7 : Proportion d'écoliers commençant la
première année d'études dans l'enseignement primaire et
achevant la cinquième et Indicateur 8 : Taux d'alphabétisation
des 15 à 24 ans. Pour plus d'informations, visiter le
http ://
millenniumindicators.un.org/unsd/mifre/mi_indicator_xrxx.asp?ind_code=7
CTRL+clic pour suivre le lien
63 X., Les objectifs du millénaire pour le
développement, disponible sur
www.un.org
64 Indicateur 9 : Rapport filles/garçons dans
l'enseignement primaire, secondaire et supérieur, respectivement.
Indicateur 10 : Taux d'alphabétisation des femmes de 15 à 24 ans
par rapport à celui des hommes. Indicateur 11 : Pourcentage de
salariées dans le secteur non agricole qui sont femmes. Indicateur 12 :
Proportion des sièges occupés par des femmes au parlement
national. Pour plus d'information, visiter le
http://
millenniumindicators.un.org/unsd/mifre/mi_indicator_xrxx.asp?ind_code=9
CTRL+clic pour suivre
le lien
65 Depuis 2000, l'UNICEF a lancé la campagne
« toutes les filles à l'école » pour encourager
l'inscription des filles à l'âge scolaire à l'Est de la
RDC. Nous essayerons de vérifier les avancées marquées
dans la Province du Sud-Kivu le long du deuxième Chapitre.
66 4ème cible pour tous les OMD.
maîtrise des ressources et la représentation dans
la vie publique et politique doit être également partagées.
Parvenir à la parité à l'école primaire et
au-delà, est une condition préalable à la pleine
participation des femmes à la vie sociale et à l'économie
mondiale.
Ces engagements nouveaux qui incombent aux Etats et aux
organisations du système Onusien nous amènent, à
présent, à envisager le droit de l'enfant à
l'éducation, consacré dans la Déclaration du
millénaire, en tant qu'un droit du soft Law.
§2. Le droit de l'enfant à l'éducation dans
le soft law.
Le concept de soft Law est apparu dans le droit international
public au début des années soixante-dix. À
l'époque, la réflexion sur les sources du droit international
public s'est accélérée, en se focalisant sur deux
problèmes, devenus prééminents, à savoir, la place
des résolutions dans les organisations internationales et le
caractère inapproprié du droit coutumier. Concernant le soft Law,
il était malaisé de qualifier juridiquement des actes non
obligatoires adoptés d'un commun accord par la collectivité de
certains États en vue de définir des principes et des
orientations politiques. Etant donné qu'il ne s'agissait pas du droit
conventionnel, la qualification « d'actes unilatéraux
internationaux » semblait être inoffensive.67
Les actes du soft Law se distinguent des actes conventionnels
à caractère contraignant du droit international par le fait
qu'ils n'ont pas nécessairement ni immédiatement un
caractère juridique, et par conséquent, ne sont pas
forcément contraignants. Le soft Law se particularise aussi, du point de
vue de la pratique, par les différents rôles qu'il remplit par
rapport au droit dur. Son usage est favorisé par son caractère
« allégé » sur le plan procédural et par sa
faculté d'extension de la marge d'action gouvernementale au niveau
international.
67 F. CHATZISTAVROU, L'usage du soft Law dans le
système juridique international et ses implications sémantiques
et pratiques sur la notion de règle de droit, Le Portique,
Numéro 15, 2005, p. 3, disponible sur
http://leportique.revues.org/document591.html.
Dans un effort de rassemblement peut être dressée
une liste non exhaustive des instruments du soft Law. Elle comprend les actes
à faible caractère contraignant, à savoir les
déclarations protocolaires, les résolutions, les communications,
les recommandations, les chartes, les programmes, les déclarations
d'intention, les guidelines, les principes et autres positions prises
en commun ou encore, des accords adoptés par les États. Cette
liste peut aussi être étendue aux communiqués, aux
déclarations, aux conclusions, aux accords informels, aux opinions, aux
actes, aux accords inter - institutionnels, aux concertations et aux accords de
nature purement politique (gentlemen's agreements).
Le caractère subsidiaire de ces actes est bien
illustré dans les terminologies proposées par d'éminents
juristes dont R.J. DUPUY, P. PESCATORE, F. RIGAUX, Q.D. NGUYEN et M.
VIRALLY.
R. J. DUPUY traduit la notion de soft Law comme droit
mou (ou droit vert).68 Ces deux traductions
présentent deux fonctions qui ne coïncident pas
nécessairement. Le droit mou se réfère
plutôt au caractère infra-juridique d'une règle de
conduite, et le droit vert inclut plus une connotation temporelle et
se réfère à la possibilité que le soft Law puisse
impulser le développement du hard Law (le soft Law
comme arrière-plan de la création d'une règle du droit
dur). P. PESCATORE avait proposé la dénomination de «
droit vague » et F. RIGAUX parle de « droit
assourdi » (immature). Q. D. NGUYEN appelle ces actes «
actes concertés non ».69 Ils le distinguent de
l'ensemble des résolutions des organisations internationales. Celles-ci
sont des actes unilatéraux, terme classique dans toutes les
organisations internationales, imputables à l'Organisation qui les
adopte. Ils mettent l'accent sur le fait qu'il s'agit du résultat d'une
négociation dont l'effet à l'égard des tiers pose
problème.
M. VIRALLY préfère la traduction de droit
doux.70 Considérant qu'il s'agit d'une sorte de
« pré-droit », il ajoute dans cet arsenal du soft Law
les considérations, les points de vue, les engagements de bonne
volonté. Il s'agit de moyens qui aident de façon
68 R. J. DUPUY, « La technique de l'accord mixte
utilisée par les Communautés européennes, Annuaire de
l'Institut de droit international », 1973, p. 259., cité par F.
CHATZISTAVROU, op.cit., p. 4.
69 D. NGUYEN, P. DAILLIER, A. PELLET, « Droit international
public », 5e éd., L.G.D.J., 1994,
p. 378., cité par F. CHATZISTAVROU, Ibidem.
70 M. VIRALLY, « La distinction entre textes
internationaux ayant une portée juridique entre leurs acteurs et textes
qui en sont dépourvus », Annuaire de l'Institut de droit
international, vol. 60-I, II, 1983, p. 221-223., cité par F.
CHATZISTAVROU, Ibidem.
appropriée l'action, la consultation, la
négociation et la coopération. L'auteur dégage quatre
catégories de « textes incertains » : les communiqués
conjoints, les déclarations conjointes, les textes concertés au
sein d'un organe international, les accords informels.
Le soft Law, à travers son caractère plus ou
moins programmatoire et à échéance certaine, procure aussi
un cadre de discussions et de négociations futures entre les
États. C'est là le point fort de différenciation du soft
Law avec les autres textes du droit international public. On peut noter le cas
d'usage purement « symbolique » que constitue l'annonce d'intentions,
afin d'éviter de traiter vraiment la question en prenant une
décision contraignante avec des conséquences lourdes. Toutefois,
sa réalisation est conditionnée par le bon gré de chaque
Etat.71
Voilà pourquoi l'AG de l'ONU tient chaque année
une réunion dite de « haut niveau » sur les OMD en
vue de s'assurer des avancées et des failles à corriger aux fins
d'une prompte réalisation des OMD. Toutefois, le caractère
alléchant de la Déclaration du millénaire
considéré comme un acte du soft Law, prouve combien de fois la
question des ressources disponibles pour réaliser un droit, de
surcroît programmatoire, comme le droit à l'éducation en
RDC, demeure un problème majeur. Examinons à présent le
droit de l'enfant à l'éducation tel que prévu par le droit
positif congolais.
Section 3ème : Le droit de l'enfant à
l'éducation en droit positif congolais.
Le droit positif est un droit constitué par l'ensemble
des règles juridiques en vigueur dans un Etat ou dans une
communauté internationale, à un moment donné, quelles que
soient leur source.72
Le présent chapitre passe en revue le droit de l'enfant
tel que prévu par la Constitution de la RDC et la Loi-cadre de
l'enseignement national.
71 F. CHATZISTAVROU, Op.cit., p.
6.
72 G. CORNU, Vocabulaire juridique,
7ème éd., revue et augmentée avec locutions
latines, Paris, PUF, 2005, p. 23
§1. Le droit de l'enfant à l'éducation
dans la Constitution de la RDC.73
L'actuelle Constitution semble être plus claire sur la
question. Néanmoins, nous allons jeter un regard sur les Constitutions
antérieures pour nous permettre d'avoir une idée
générale du passé avant d'aborder la Loi-cadre de
l'enseignement national.
A. L'évolution du droit de l'enfant à
l'éducation dans la Constitution congolaise.
L'al. 1er de l'art. 43 prévoit : « Toute
personne a droit à l'éducation scolaire. Il y est pourvu par
l'enseignement national.
L'enseignement national comprend les établissements
publics et les établissements agréés.
La loi fixe les conditions de création et de
fonctionnement de ces établissements. Les parents ont le droit de
choisir le mode d'éducation à donner à leurs enfants.
L'enseignement primaire est obligatoire et gratuit dans les
établissements publics ».
Cette Constitution qui avait été
précédée par celle de la Transition, tient compte du
deuxième OMD et de tous les instruments juridiques auxquels nous avons
fait allusion. La Constitution de la transition prévoyait que tout
congolais a le droit à l'éducation.74 L'enseignement
est obligatoire jusqu'au niveau d'études, et à l'âge
prévus par la loi.75 Mais avant cela, le Pays, sortit de la
guerre dite de libération, s'est vu menacer par différents
groupes armés, et depuis mai 1997, l'on serait tenter de dire qu'il n'y
avait presque pas de Constitution. Le Décret-loi Constitutionnel n°
003 prévoyait qu'en RDC, l'exercice des droits et libertés
individuels et collectifs est garanti sous réserve du respect de la loi,
l'ordre public et des bonnes moeurs.76 Bien antérieurement,
l'art. 33 de la Constitution de 1964,77 disposait à son
2ème alinéa que, l'enseignement est obligatoire et
gratuit jusqu'au niveau d'étude prévu par la loi. Ce texte
fondamental n'avait pas pu produire ses effets à cause du coup d'Etat du
24 novembre 1965. Examinons dans le point qui suit l'égalité des
chances telle que prévue par la Constitution.
73 Constitution de la RDC, J.O., Cabinet du
Président de la République, 47ème année,
20
juin 2006, Numéro spécial.
74 Art. 45, al. 1er
75 Art. 46, al. 5
76 Art. 2 du Décret-loi Constitutionnel n°
003 du 27 MAI 1997 relatif à l'organisation et à l'exercice du
pouvoir en RDC, J.O., 38ème année, mai 1997,
numéro spécial.
77 Constitution de la RDC, M.C., numéro
spécial, 1er août 1964.
B. L'égalité des chances dans la Constitution
congolaise.
Les mêmes textes sous examen sont également
explicites quant à l'égalité des chances. La Constitution
de 1964, prévoyait à son art. 14, qu' « aucun congolais ne
peut, en matière d'éducation ou d'accès aux fonctions
publiques dans la République, faire l'objet d'une mesure
discriminatoire, qu'elle résulte d'une loi ou d'un acte du pouvoir
exécutif, en raison de sa religion, de son appartenance tribale, de son
sexe, de son ascendance, de son lieu de naissance ou de sa résidence
».
Dans le même ordre d'idée, l'art. 5 de la
Constitution de 1967 proclamait que « le principe de
l'égalité des congolais, qu'il s'agisse des hommes ou des femmes
était d'une portée générale. La Constitution de
1983 abondait dans le même sens. Son art. 12, al. 2ème
prévoyait qu'aucun zaïrois ne peut, en matière
d'éducation (...) faire l'objet d'une mesure discriminatoire (...)
». La Constitution en vigueur est encore plus explicite. Elle dispose
à son art. 14, al. 1er que : « Les pouvoirs publics
veillent à l'élimination de toute forme de discrimination
à l'égard de la femme et assurent la protection et la promotion
de ses droits ». Cette disposition n'a repris que les prévisions de
l'art. 10, litera a78 de la Convention sur l'élimination de
toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes du 17
décembre 1979.
Comme prévu à l'art. 43 de la Constitution de la
RDC, l'enseignement national comprend les établissements publics et
établissements agréés, la Loi fixe les conditions de
création et de fonctionnement des établissements d'enseignement,
cela va nous amener, à présent, à jeter un regard sur la
Loi Cadre de l'enseignement national.79
78 Les Etats parties prennent toutes les mesures
appropriées pour éliminer la discrimination à
l'égard des femmes afin de leur assurer des droits égaux à
ceux des hommes en ce qui concerne l'éducation et, en particulier, pour
assurer, sur base de l'égalité de l'homme et de la femme :
a. les mêmes conditions d'orientations professionnelles,
d'accès aux études et d'obtention de diplômes dans les
établissements d'enseignement de toutes catégories, dans les
zones rurales comme dans les zones urbaines, cette égalité devant
être assurée dans l'enseignement préscolaire,
général, technique,
professionnel et technique supérieur, ainsi que dans tout
autre moyen de formation professionnelle.
79 Loi-cadre de l'enseignement national n° 86-005
du 22 septembre 1986, J.O., 46ème année,
1er décembre 2005, numéro spécial.
§2. La Loi-cadre de l'enseignement national en
RDC.
La présente Loi réglemente l'enseignement
maternel, primaire, secondaire, professionnel, supérieur et
universitaire. Etant donné que notre champs matériel porte sur
l'enseignement primaire, nous allons focaliser notre attention sur les articles
spécifiques y relatifs.
L'art. 19 prévoit que : « L'enseignement primaire
a comme objectif de préparer l'enfant à la vie, de lui donner un
premier niveau de formation intellectuelle et sociale ; il doit notamment :
1. Préparer l'enfant à s'intégrer dans la
société ;
2. Préparer à la poursuite d'études
ultérieures, les enfants qui se seront relevés capables ».
Les prescrits de ce texte et les conditions des enfants actuellement en RDC
constituent un contraste au regard des guerres que le pays a connu.
A. Les prescrits légaux et la réalité
observée : un contraste amer.
Pour l'UNICEF, on ne peut évoquer la
problématique de l'éducation en RDC sans parler de 30.000 enfants
soldats émanant de deux guerres, des 15.OOO enfants des rues qui
représentent de véritables « bombes sociales à
retardement » et provoquent l'insécurité dans les villes,
des dizaines de milliers d'orphelins et d'enfants sans parents biologiques
« confiés » à une famille. Cette institution estime que
3,1 % des enfants de 0 à 14 ans sont des orphelins et 9 % des enfants
« confiés ». Il faut ajouter à ce panorama les nombreux
enfants, en majorité des filles, qui sont contraintes pour des raisons
économiques de manquer l'école pour remplir des travaux divers
pour le compte de leur famille.80
Réinsérer ces enfants dans l'école est un
défi aussi fondamental que périlleux. Toutefois, des initiatives
existent, mais leur ampleur est limitée. Les affaires sociales et
l'UNICEF ont mis sur pied un programme de trois ans pour permettre aux enfants
des rues de rattraper leur retard dans les six années du primaire, mais
l'expérience qui est concluante n'a pas été
développée par l'Etat congolais. Ces modules ont pour but de
redonner confiance à ces
80 UNICEF, « Rapport MICS2 », cité
par le CWBCI, in Les Objectifs du millénaire et l'éducation
en Afrique, CWBCI, 2006, p. 54
enfants qui, ayant abandonné leur habit militaire, se
sentent faibles et perdent confiance en eux. Plus graves encore sont les cas
des filles qui ont suivi des soldats adultes et qui leur ont servi d'esclaves
sexuelles. Ces filles, qui ont parfois à peine 12 à 13 ans, sont
rejetées par la communauté.
B. Le retard enregistré par la RDC dans la
réalisation du deuxième OMD.
Face à ce constat malheureux, la RDC a
enregistré une baisse dans la plupart des indicateurs et n'atteindra
à ce rythme jamais le deuxième OMD à
l'échéance, estime le CWBCI.81 Près d'un enfant
sur d'eux n'a toujours pas accès à l'école primaire
à l'âge légal,82 le taux
d'alphabétisation stagne autour des deux tiers et les disparités
entre les sexes demeurent, sauf en primaire de Kinshasa. Par ailleurs,
seulement trois élèves sur dix achèvent le cycle complet
du primaire.83
Etant entendu que l'obligation première de la
réalisation des droits proclamés dans le PIDESC incombe d'avance
aux Etats, bien entendu en tenant compte des ressources disponibles, et que la
Déclaration du millénaire a apporté des engagements
nouveaux dans le chef des Organisations de l'ONU engagées dans la
protection des droits de l'enfant, vérifions à présent,
dans un deuxième chapitre, les points saillants sur l'effectivité
du droit de l'enfant à l'éducation en RDC.
81 CWBCI, Les Objectifs du millénaire et
l'éducation en Afrique, CWBCI, 2006, p. 32
82 Il est prévu à l'al. 1er
de l'art. 21 de la Loi-cadre que :« Ne sont admis en première
année du cycle primaire que les enfants ayant atteint l'age de six ans
révolus au plus tard trois mois après la date fixée par la
rentrée scolaire.
83 CWBCI, op.cit., p. 32
(c)
mutajustin@yahoo.fr
37
CHAP. II. L`EFFECTIVITE DU DROIT DE L'ENFANT A
L'EDUCATION PRIMAIRE EN RDC.
Parler de l'effectivité du droit de l'enfant à
l'éducation primaire en RDC nous amène à aborder,
d'entrée de jeu, l'évolution du système éducatif et
socio-politique de la RDC (section 1ère), avant de
procéder à une analyse contextuelle de la question (section
2ème) et atterrir sur l'état d'avancement de la RDC
par rapport aux OMD (section 3ème).
Section 1ère : Evolution du système
éducatif en RDC.
Nous allons épingler la question relative à
l'évolution du système éducatif (A), avant d'aborder
l'aspect socio-politique (B).
§1. L'évolution du système
éducatif congolais.
Cette évolution peut être scindée selon
qu'on se place avant l'époque coloniale (a), pendant l'époque
coloniale (b) et après cette époque ; dire mieux depuis
l'indépendance jusqu'à nos jours (c).
A. Le système éducatif congolais
précolonial.
Durant cette période, c'est le système
éducatif traditionnel qui prévalait. Les programmes comportaient
des fables chargées de morale, l'instruction de la botanique, de la
biologie et de la médecine (essentiellement les plantes
médicinales), les traditions du clan et le code du droit coutumier. Ces
éléments apprenaient aux enfants à servir la famille, le
clan et la communauté.
B. La création des 1ères
écoles.
La 1ère école de type occidental est
apparue en 1878. Celle-ci avait été installée par les
protestants suivies de deux écoles catholiques en 1880. Pendant
plusieurs décennies, cette école occidentale provoque la
méfiance des populations locales, tandis que la diversité des
langues locales, la pénurie du personnel enseignant (les missionnaires
étant peu nombreux) et le nombre insuffisant de livres scolaires rend
son développement difficile. Il a fallut attendre la fin de la
deuxième guerre mondiale pour voir les choses évoluées.
Ainsi, le taux de scolarisation était passé de
12 à 37% entre le début des années 1930 et le début
des années 1950. Fin 1959, à la veille de l'indépendance,
le taux de scolarisation primaire atteint 59%, avec un taux d'accroissement de
6 à 10%, ce qui permit un taux relativement élevé
d'alphabétisation. Mais l'enseignement universitaire est quasi- absent,
avec moins de 1000 étudiants universitaires présents au Congo au
moment de l'indépendance.84
C. Le système éducatif post- colonial.
Après l'indépendance, plusieurs programmes
ambitieux sont définis au cours des années 1960. En deux
décennies, le Congolais forme une élite intellectuelle
conséquente. Au début des années 1980, si la scolarisation
universelle n'est pas encore de mise, surtout pour les filles et dans le
secondaire, le Congo-Zaïre a su mettre en place un système
éducatif propre allant de l'école primaire à
l'université, avec le quart du budget de l'Etat affecté à
cette tâche.
Cela répondait à l'engagement des Etats contenu
dans l'art. 14 du PIDESC qui dispose : « Tout Etat partie au
présent Pacte qui, au moment où il devient partie, n'a pas encore
pu assurer dans sa métropole ou dans les territoires placés sous
sa juridiction le caractère obligatoire et la gratuité de l'
enseignement primaire s'engage à établir et à adopter,
dans un délai de deux ans, un plan détaillé des mesures
nécessaires pour réaliser progressivement, dans un nombre
d'année fixé par ce plan, la pleine application du principe de
l'enseignement obligatoire et gratuit pour tous ».
Malheureusement, les deux décennies suivantes vont
s'avérer catastrophiques pour le système éducatif
congolais. La crise économique déclanchée à partir
de la fin des années 1983, l'austérité budgétaire
imposée par les programmes d'ajustement structurel, les pillages et les
guerres des années 1990, ainsi que la démographie vont
détruire, sur tous les plans, la majeure partie de ce qui avait
été construit jusque là.
Ainsi, de 26% en 1982, la part du budget dans l'éducation
passe à 7% en 1986, principalement suite à la baisse des salaires
des enseignants. Les statistiques durant les
84M. EKWA, « L'école Trahie »,
cité par CWBCI, op.cit., P.40.
années1990 sont peu fiables, mais la Banque Mondiale
estime que le niveau est resté similaire ; ceci
jusqu'aujourd'hui.85
Martin EKWA, quant à lui, estime que moins de 1% du faible
budget de l'Etat a été affecté à l'éducation
du début des années 1990 au début des années
2000.86
Quoi qu'il en soit, la Banque Mondiale calcule que les
dépenses courantes réelles en 2002 n'atteignaient pas 4% de leur
niveau de 1980 pour le primaire et le secondaire moins de 3% pour le
supérieur.87 La comparaison est encore plus dramatique si on
prend en considération le niveau des dépenses par
élève : En 2002, elles représentaient 3,7% du niveau de
1980 pour le primaire et le secondaire et moins de 1% pour le supérieur.
En 2005, le budget de l'éducation ne dépassait pas 7,5% du budget
total de l'Etat.
En réalité, une double courbe contradictoire a
accéléré le déclin du système
éducatif congolais : il s'agit de la hausse de la démographie et
la baisse du budget de l'éducation.
La répartition des dépenses d'éducation
quant à elle, selon les niveaux secondaires est de 36% au primaire (soit
moins de 3 dollars par élève et par an), 32% au secondaire, 1%
à l'administration et 31% au supérieur.
Le tableau qui suit nous instruit davantage sur le budget de
l'éducation et le taux brut de scolarisation en RDC.88
|
Budget de l'éducation en RDC
|
|
Année
|
1980
|
1983
|
1986
|
2000
|
2002
|
Part du budget
|
24%
|
17%
|
7%
|
8%
|
6%
|
Taux de scolarisation en RDC
85 Banque mondiale, Le renouveau du système
éducatif de la RDC : priorités et alternatives, janvier 2005, pp.
99 et 124
86 2. M. EKWA, « L'Ecole trahie »
cité par le CWBCI, op.cit, p. 40
87 3. Nous soulignons que la Banque Mondiale ne prend
en compte, pour les années de guerre, que des données pour les
sept provinces sous contrôle gouvernemental.
88 4. Banque Mondiale, Idem.
Année
|
60-61
|
66-67
|
71-72
|
76-77
|
82-83
|
86-87
|
89-90
|
94-95
|
99-00
|
01-02
|
Primaire
|
70%
|
74%
|
92%
|
88%
|
86%
|
73%
|
55%
|
73%
|
49%
|
64%
|
Les tableaux ci-contre démontrent que le taux de
scolarisation n'a évidemment pas pu évoluer positivement dans des
telles conditions. Le taux brut de scolarisation primaire est passé de
86% en 1982-1983 à 55% en 1989-1990, puis à 49% en 1999-2000,
pour atteindre 64% selon les dernières statistiques disponibles.
Pour comprendre la grande difficulté qui a entravé
le système éducatif congolais jusqu'à nos jours, il sied
d'interroger le contexte socio-politique du pays.
§2. Le contexte socio-politique.
Le Congo-Zaire a été émaillé par
multiples « chocs » allant de la colonisation à la dictature,
en passant par la crise économique, l'ajustement structurel, les
pillages et les guerres. Cette réalité n'a pas
empêché le pays de mettre sur pied, progressivement durant les
deux premières décennies de son indépendance, un
système éducatif propre allant de l'école primaire
à l'université.
Le présent paragraphe passe en revue la période
post-coloniale jusqu'en 1990, période pendant laquelle le système
éducatif se maintenait sans beaucoup de difficultés (A), et
atterrit sur celle d'après 1990 à nos jours.
A. Le contexte socio-politique d'avant 1990.
Juste après l'accession du pays à sa
souveraineté nationale et internationale, le 30 juin 1960, le pays a
débouché sur la destitution puis l'assassinat du premier ministre
Patrice LUMUMBA, le 17 janvier 1961, puis sur un coup d'Etat de MOBUTU qui,
à partir de 1965, met en place un système dictatorial qui durera
32 ans.
1973 année dite de la « Zaïrianisation »
des entreprises étrangères, les difficultés
financières voient le jour et ne cessent de s'aggraver. En 1976, MOBUTU
est contraint de rétrocéder les entreprises
étrangères « zaïrianisées » et de mettre en
oeuvre des programmes successifs de stabilisation. Cela va aboutir à la
dévaluation de la monnaie du pays, pas moins de six fois entre novembre
1978 et février 1980, sous la supervision du FMI. 89
La succession des mesures mises en place n'étant pas
suffisante pour enrayer la crise, en septembre 1983, le Zaïre entame un
programme d'ajustement structurel : c'est alors que commence les années
dites de la « rigueur » orchestrées par le premier Ministre
Kengo wa DONDO avec le soutien du FMI et de la Banque Mondiale. Le service de
la dette mobilise plus de deux tiers des dépenses de l'Etat. Les coupes
sombres dans les dépenses sociales impliquent notamment que les soins de
santé deviennent payants et les emplois de la moitié des
enseignants sont supprimés. 90
A la chute du mur de Berlin et l'effondrement du bloc
soviétique, le régime de MOBUTU qui se profilait progressivement
en «plaque tournante» des opérations occidentales
occupées en Afrique en luttant contre les mouvements de
libération et les pays appuyés par le bloc soviétique,
perd soudainement de sa superbe. MOBUTU devient une relique dictatoriale d'un
temps désormais révolu. Ceci va l'amener, le 24 avril 1990,
à dissoudre son parti unique, le MPR, et feint de s'ouvrir au
multipartisme, en créant de toutes pièce une multitude des partis
politique.
B. L'Après 1990 à nos jours.
Les pillages orchestrés par l'armée, entre
1991et 1993, fait sombrer le pays dans une situation chaotique. En juillet 1991
la Conférence Nationale Souveraine fut organisée. Elle avait
porté au poste de premier Ministre Monsieur TSHISEKEDI, qui n'a
duré que 8 mois, ce qui a bouleversé tout l'espoir du peuple
fondé sur ladite conférence.
En 1994, après le génocide au Rwanda, les
réfugiés rwandais se sont installés à l'est du
zaïre et parmi eux se trouvaient des soldats du gouvernement déchu
avec armes et
89 Banque mondiale, op.cit, p. 136
90 M. EKWA, « L'Ecole trahie », cité
par le CWBCI, Idem.
munition qui s'organisaient dans les camps pour
reconquérir le pouvoir à Kigali contre l'armée du FPR
dirigée par Paul KAGAME.
C'est dans ce contexte que prend forme la guerre au
Congo-Zaire dirigée par une coalition rwandaise-ougandaise-alliance des
forces démocratiques pour la libération du Congo (AFDL) avec
comme objectif : attaquer le pays, démanteler les camps de
réfugiés et continuer son avancée jusqu'à Kinshasa.
Ceci avait provoqué la chute de MOBUTU, le 17 mai 1997, avec comme
président autoproclamé, le leader de l'AFDL,
Laurent-Désiré KABILA.
En Août 1998 se déclenche une nouvelle guerre
à l'est du pays dirigée par le RCD soutenu par le Rwanda, puis
quelques temps par le MLC soutenu par l'Ouganda. Cette guerre de près de
cinq ans provoque la mort de plus de trois millions de personnes et divise le
pays jusqu'à ce que Laurent-Désiré KABILA soit
assassiné en janvier 2001, que son fils Joseph KABILA le remplace et
qu'un accord de paix soit signé en décembre 2002 à
Pretoria, pour amorcer le 30 juin 2003 sur une transition fondée sur la
logique du « 1+4 », c'est-à-dire, un Président et
quatre vices présidents.
Cette transition, longue de trois ans, a permis l'adoption par
référendum en décembre 2005 d'une nouvelle Constitution et
la réalisation d'élections en 2006.
Voilà le contexte dans lequel les dirigeants de la RDC,
ont pris part à côté de ceux du monde entier, en septembre
2000, pour mettre sur pied la déclaration du millénaire
proclamant les objectifs à réaliser à
l'échéance 2015 dont le droit de l'enfant à
l'éducation. Mais pour mieux comprendre les tenants et les aboutissants
du présent droit, il sied de procéder par une analyse
contextuelle des conditions scolaires en RDC.
Section 2ème : Analyse contextuelle du droit de
l'enfant à l'éducation en RDC.
La présente section passe en revue la scolarisation en
général (§1), et aborde les conditions et la qualité
de l'enseignement (§2).
Pour la Banque Mondiale, la RDC est un pays dont la population
est jeune (48% de la population à moins de 15 ans et 67% a moins de 25
ans) et dont près du tiers vit dans les zones urbaines.91
Au plan général, on peut subdiviser le
système éducatif congolais en trois, à moins qu'on y
ajoute le cycle préscolaire qui existe en théorie mais qui n'est
réservé qu'à une minorité d'enfant des zones
urbaines. L'UNICEF considère que la participation aux programmes
d'éducation maternelle « en RDC » ne concerne que 3% d'enfant
de 3 à 4 ans révolus ; presque tous sont issus des ménages
les plus riches des centres urbains et des mères les plus
instruites.92 Et portant, l'art. 16 de la Loi-cadre de
l'enseignement national dispose que : « L'enseignement national est
organisé en enseignement maternel, enseignement primaire, enseignement
secondaire, enseignement supérieur et enseignement universitaire ».
La même Loi indique que l'enseignement maternel a pour but d'assurer
l'épanouissement de la personnalité de l'enfant par une action
éducative en harmonie avec le milieu familial et social. Il concourt
essentiellement à l'éducation sensorielle, motrice et sociale de
l'enfant et vise à le rendre apte à suivre l'enseignement
primaire.93
Toutefois, le législateur Congolais a pris soins
d'indiquer que l'enseignement maternel est facultatif.94 Cela nous
amène à examiner, brièvement, le cycle d'enseignement
primaire (A), le cycle d'enseignement secondaire (B) et le cycle d'enseignement
supérieur
(C).
A. Le cycle d'enseignement primaire.
Le présent cycle dure six années,
divisées en trois degrés de deux ans chacun, et est
ponctué d'un certificat d'étude primaires sur base des
résultats obtenus en classe et à l'issu d'un Test de fin
d'études primaires (voir art. 20 à 22 de la Loi-cadre).
B. Le cycle d'enseignement secondaire.
91 Banque mondiale, op.cit, p. 12.
92UNICEF, Enquête National sur la situation
des enfants et des femmes en RDC, Rapport synthèse MICS2/2001,
p. 6
93 Art.17 de la Loi- cadre.
94 Voir art.18 in fine.
Il est prévu aux art. 24 à 26 de la Loi-cadre de
l'enseignement national. Il dure six années, divisées en un troc
commun de deux ans et en un second degré de quatre ans qui introduit une
distinction entre trois sections (générale, pédagogique ou
technique) : c'est ce qui ressort de l'art. 24 de la Loi-cadre qui dispose que
: « L'enseignement secondaire comprend :
· Des Ecoles d'Arts et métiers dont la durée
d'études est de trois ans ;
· Des Ecoles Normales à durée d'études
de quatre ans et de six ans ;
· Des Ecoles professionnelles à durée
d'études de cinq ans ;
· Des Humanités générales et
techniques dont la durée d'études est de six ans ».
Au cours des années passées, il était
également possible de suivre un cycle cours de quatre ans d'enseignement
professionnel après le cycle primaire. Quant aux détenteurs du
diplôme d'Etat d'études secondaires du cycle long, ils ont
accès au cycle d'enseignement supérieur ou universitaire.
C. Le cycle d'enseignement supérieur et
universitaire
Le cycle d'enseignement supérieur est divisé en
un premier cycle de trois ans (graduat) et un second de deux ans (Licence). Il
est organisé par les art. 27 et suivants de la Loi-cadre.
L'art. 27 prévoit que : «l'enseignement
supérieur comprend des instituts supérieurs techniques et
pédagogiques». Toutefois, il est dit que les instituts
supérieurs et techniques ont pour but de former des cadres
spécialisés dans le domaine des sciences, des techniques
appliquées, des arts et métiers.95 L'enseignement
universitaire quant à lui poursuit comme but d'assurer la formation des
cadres de conception dans tous les secteurs de la vie nationale.96
Toutefois, la grande difficulté se pose au niveau de la formation,
étant donné que les enseignants sont mal payés à
ces jours et se rabattent sur les parents ; ce qui diminue la qualité
d'enseignement dans les institutions publiques.
95 Art.28, al.2, litera a de la Loi-cadre.
96Art.31, litera a de la Loi-cadre.
Cela amène certains chefs de ménage de porter
leur préférence sur l'enseignement privé où ils ont
l'impression d'obtenir de ces établissements privés un
enseignement de qualité pour leurs enfants. Ceci s'inscrit dans le fait
que l'enseignement national comprend les établissements publics et les
établissements privés agréés.97 Les
établissements privés agréés sont ceux
créés à l'initiative des privés, personnes
physiques ou morales, gérés par eux-mêmes et soumis au
contrôle des pouvoirs publics. Ils ont les mêmes programmes
d'enseignement national que les établissements publics. Examinons, dans
un deuxième paragraphe, les conditions et la qualité de
l'enseignement de base en RDC.
§2. Les conditions et la qualité
d'enseignement élémentaire en RDC. A. Les conditions
de l'enseignement.
Nous allons parler des conditions des enseignants (a), avant
d'aborder la question relative au matériel et infrastructures scolaires
(b).
a). Les conditions des enseignants.
Depuis les années 1990 qui ont succédées
à la période dite d'ajustement structurel de 1983, le salaire des
enseignants est devenu un problème majeur du système
éducatif congolais. Si on ne prend en compte que la partie du salaire
pris en considération, l'enseignant du primaire le moins gradé
touchait moins de cinq (5) dollars américains par mois il y a deux ans,
et touche depuis 2008, 30.953 FC, soit 52 $ US.98 A ce salaire de
base s'ajoute à Kinshasa une prime de logement (de 2.500 FC congolais,
soit moins de 5 $ US actuellement) et de transport (de 9.202 francs congolais,
soit 15,8 $ US à ces jours). Cette rémunération est
complétée par les contributions des parents, primes, qui
diffèrent d'une école à une autre. La latitude
laissée aux gestionnaires d'écoles dans la fixation des frais de
prime, a créée ce dernier temps un problème sérieux
dû au fait que les frais ont triplés ou quadruplés pour
certaines écoles de la ville de Bukavu au cours de l'année
scolaire 2008-2009 au mépris de l'Arrêté
interministériel portant fixation des frais scolaires à percevoir
au sein des écoles primaires publiques, tel que complété
par l'Arrêté du Gouverneur de province portant fixation des frais
de scolarité des élèves dans les écoles publiques
et privées agréées pour l'exercice scolaire 2008-2009.
97 Lecture combinée des art. 43 al. 2 de la
Constitution et 6, al. 1er de la Loi-cadre de l'enseignement.
98 Informations fournies par le SYECO.
L'art. 1er de l'Arrêté
interministériel prévoit que : « Les frais autorisés
à être perçus dans les établissements publics
d'enseignement primaire sont: le minerval, la prime d'assurance, les frais des
pièces scolaires (bulletin, la fiche d'identification, la carte
d'élève), les frais d'administration ainsi que les frais des
épreuves de fin de cycle primaire (TENAFEP) ». La lecture de l'art.
3 indique que tous ces frais ne peuvent dépasser 1600 FC. La
perception de la prime des parents figure à cet effet hors des frais
prévus par les ministres et demeure à ce jour
illégale.99 Les syndicats pensent que la prime est
devenue un bouclier pour les autorités et un rempart pour les
gestionnaires scolaires. Dans une lettre du Ministre de l' EPSP adressée
aux chefs des divisions, il est rappelé dans le point relatif à
la perception des frais, qu'en dehors des frais fixés par
l'Arrêté ci-contre, la perception de tout autre frais est
strictement interdite, notamment (...) des frais de motivation des enseignants
(...)100 Pour rendre effective toutes ces décisions, le
Ministre de l'EPSP a pris l'Arrêté portant création de la
Commission Provinciale Permanente de l'EPSP.101 Cette commission a
pour mission d'émettre des avis sur des mesures d'organisation visant le
bon fonctionnement du système éducatif, notamment en ce qui
concerne :
· La planification, les infrastructures scolaires, la
population scolaire, le personnel administratif, l'enseignant et ouvrier de
l'école, le patrimoine, le partenariat éducatif et le financement
de l'éducation ;
· De faire exécuter et appliquer les directives
et instructions officielles en matière d'éducation par et dans
toutes les structures du secteur de l'enseignement primaire secondaire et
professionnel ;
· D'assurer le suivi de toutes les directives et
instructions officielles.
Cette commission concrétisée par le Gouverneur
de Province, le 13 février 2008,102 vient à peine de
mettre sur pied son ROI en juillet 2008 et vient de tenir sa première
réunion ; ce qui fait qu'elle n'a même pas été
consultée pour le budget provincial de 2009.
Toutefois, l'on remarque que les montants
disponnibilisés par les pouvoirs publics marquent d'importantes
inégalités entre les villes et les campagnes et, surtout, entre
Kinshasa et l'intérieur du pays: c'est la problématique de
l'épineuse question des zones
99 C'est nous qui soulignons.
100 Lettre du Ministre de l'EPSP n° MIIEPSP/CABMIN/001/2007
du 21 juin 2007, point 3 « des perceptions prohibées ».
101 Arrêté n° 0342/2007 du 16 juin 2007 portant
création de la Commission Provinciale Permanente de l'EPSP.
102 Voir la notification du Gouverneur de province du Sud-Kivu
n° 01/079/CAB/GOUPRO-SK/2008 adressée à Monsieur le Chef de
Division de l'EPSP.
salariales. Depuis lors, les syndicalistes en ont fait leur
lutte. Les enseignants des zones rurales n'ont en effet aucune prime de
logement. Seulement, une prime forfaitaire de 1.000 francs congolais (soit 1,7$
US) pour le transport leur est allouée. En moyenne, il y a deux ans, les
enseignants hors Kinshasa touchaient un salaire qui représentait
l'équivalent du tiers de celui versé à Kinshasa et qui
représentait généralement moins de 10 dollars par mois.
Cependant, ces montants, aussi faibles soient-ils, sont eux-mêmes
théoriques, car leur payement est depuis de longues années
irrégulier. Cela a amené le Ministre de l'EPSP à mettre
sur pied une Circulaire interdisant formellement la retenue des salaires des
enseignants.103 Selon l'entrevue nous accordée par les
syndicalistes du SYECO, leur lutte a abouti à des meilleurs
résultats : depuis avril 2008, les enseignants sont payés
régulièrement malgré le caractère insuffisant de
l'enveloppe salariale.
Pour mieux cerner la question, il échet de comprendre
les tenants et les aboutissants liés au retard de la mise en oeuvre de
la décentralisation (1), et la non application du barème de MBUDI
(2).
1. Le retard dans la décentralisation.
La retenue à la source de 40% des recettes
générées par la province n'a pas été
effective à cause du retard observé dans la mise sur pied de la
Loi n° 08/012 du 31 juillet 2008 portant principes fondamentaux relatifs
à la libre administration des provinces. Cette Loi est venue renforcer
les prescrits des articles. 203 et 204 de la Constitution en
déférant certains aspects de l'enseignement et la santé
à la charge de la Province. C'est désormais la province qui va
résoudre la question des zones salariales ainsi que la
mécanisation des certaines écoles et des certaines unités
de l'EPSP. En attendant l'application du budget 2009 de la province qui viendra
concrétiser les prescrits de cette Loi, ce domaine continu à
relever du Ministère national de l'EPSP. Pour essayer d'améliorer
les conditions des enseignants, il a été créé un
fonds de promotion de l'Education Nationale par le Décret n° 06/015
du 23 mars 2006. Ce fonds est appelé à appuyer la
rémunération de l'Enseignement Primaire, Secondaire et
professionnel en plus des autres attributions rentrant dans son domaine
d'action. Mais en attendant, l'application du barème de MBUDI
s'avère d'une importance capitale.
103 Circulaire interministérielle n°
MINIEPSP/003/2007 du 28 Octobre 2007 portant interdiction formelle de retenue
sur les salaires des enseignants.
2. La non-application du barème de MBUDI.
Cette convention collective conclue entre le Gouvernement et
les Syndicats signé le 12 février 2004 est intitulée
« Contrat social de l'innovation entre: le Gouvernement et les
syndicats de l'administration publique et interprofessionnels
».
Son art. 1er dispose : « Le Gouvernement
s'engage à respecter la base salariale mensuelle de 208$ US pour le
Huissier et de 2.080$ US pour le Secrétaire Général de
l'Administration publique qui a fait l'objet d'un accord antérieur entre
les syndicats et le Gouvernement de la République le 11 septembre 1999
par la Commission paritaire au centre Kimbaguiste et qui a été
endossée par le Protocole d'accord le 29 mai 2001 au salon rouge du
Ministère des affaires étrangères ». Pour son
effectivité, les parties se sont accordées sur le principe de la
mise en oeuvre de cet objectif en termes des paliers. En plus, elles ont
été favorables à la mise sur pied d'un comité de
suivi de l'exécution de deux autres paliers restants, notamment à
l'occasion des revues du budget en juin et octobre 2004.
Mais en réalité, cette convention qui est
restée lettre morte jusqu'à présent ne visait qu'une celle
chose, à savoir, permettre au gouvernement de gagner la confiance des
syndicats et de ce fait, arrêter les grèves
déclanchées par l'intersyndical sur toute l'étendue du
territoire national, situation qui discréditait déjà le
Gouvernement de transition au plan international. Cela se remarque à
l'art. 5 qui dispose que : « Les syndicats de l'Administration Publique
s'engagent à mettre fin à la grève générale
déclanchée en date du 09 février 2004 et à observer
ainsi la trêve sociale durant toute la période de transition par
l'entremise du comité de suivi moyennant le respect des accords
prévus aux articles 3 et 4 ».
La meilleure illustration est donnée par le
négociateur en chef du Gouvernement, à savoir le
Vice-président en charge de la Commission gouvernementale sociale et
culturelle, qui, après le barème de MBUDI, a dirigé et
préfacé le Plan d'action national de l'éducation pour tous
en 2005. Ce plan indique, quant aux priorités du Gouvernement de
transition pour les 3-4 prochaines années que : « dans la
situation actuelle de la RDC, il est malheureusement peu probable que le pays
puisse atteindre l'objectif de développement pour le millénaire
d'éducation universelle d'ici 2015 ou éliminer les
disparités entre les sexes dans l'enseignement primaire et secondaire
d'ici 2015. Les études
de la Banque Mondiale actuellement en cours dans le
secteur de l'éducation indiquent que les besoins de la RDC en ce domaine
sont singulièrement énormes. Dans le cadre du programme minimal
pour les 3 ou 4 années à venir, l'objectif général
est de rétablir à travers le pays les conditions minimales de
fonctionnement du système éducatif afin de pouvoir assurer le
redressement durable du pays et avancer sur la voie de réalisation de
l'EPT et des OMD ».
104
Mais la même source renseigne que : «Pour le
secteur de l'enseignement primaire et secondaire, la stratégie du
gouvernement consistera en la réhabilitation de ces deux secteurs, une
oeuvre de longue haleine. Au vue de contraintes logistiques de mise en oeuvre,
mais surtout de la contrainte de la disponibilité des ressources, il est
envisagé d'étaler
cette réhabilitation sur environ 20 ans, un objectif
particulièrement difficile dans la mesure oüil signifie
qu'il faudra près d'une génération pour donner aux
congolais la chance de recevoir
une éducation dans les conditions minimales (et sans
même prendre en compte la croissance démographique de la
population scolaire). L'objectif du programme dans les 3 ou 4 années
à venir sera de lancer cette oeuvre, en travaillant en étroit
partenariat avec les acteurs non gouvernementaux impliqués dans le
secteur (dont le secteur privé) ».105
Quant aux objectifs du Gouvernement en matière de
l'EPT, le plan indique que tout en réaffirmant les engagements pris
à JONTIEN (1990) et à DAKAR (2000), le Gouvernement de la RDC
tient à accélérer les progrès vers l'EPT et
s'engage à réaliser les objectifs à l'horizon 2010 et 2015
conformément au tableau qui suit. 106 Malheureusement, ce
tableau ne dit mot sur le taux de survie en 5ème et
6ème années, considérées comme
années d'achèvement du cycle primaire.
Tableau portant objectifs du gouvernement en matière de
l'EPT.
2001/02 2010 2015
Accès, Participation et Rendement
Enseignement pré-primaire
Taux brut de scolarisation (3-5ans) 17% 30% 50%
Enseignement primaire
|
104 Ministère de l'EPSP, Plan d'action national de
l'éducation pour tous, Kinshasa, janvier 2005, p. 44.
105 Ministère de l'EPSP, Idem, p. 45
106 Ministère de l'EPSP, Idem, P. 46
Taux brut d'admission (6ans)
|
86,8%
|
90%
|
100%
|
Taux brut de scolarisation (6-11 ans)
|
64,0%
|
-
|
100%
|
Taux de redoublement
|
15,0%
|
12,0%
|
10,0%
|
Mobilisation des ressources :
|
|
|
|
Dépenses publiques courantes d'éducation en
|
6%
|
20%
|
25%
|
% des dépenses courantes totales
|
|
|
|
Dépenses publiques courantes pour le primaire et
secondaire en % des dépenses courantes totales
|
69%
|
75%
|
80%
|
Ratio élèves-maîtres dans les écoles
publiques
|
39%
|
40%
|
40%
|
Pour parvenir à ces objectifs, le tableau qui suit
représente les besoins financiers pour le secteur de l'éducation
et de la recherche. Nous ne tiendrons compte que de besoins financiers relatifs
à l'éducation primaire.
Besoins financiers pour l'éducation primaire en RDC
(en millions de $ US).
Objectifs
Enseignement Primaire
Réhabilitation de 3000 écoles de 6 classes en
moyenne
Manuels et fournitures scolaires
Formation et renouvellement des
enseignants
Renforcement de la gestion du secteur
|
Programme (3 à 4 ans)
Montant %
326,0 49,6
150,0
44,0
125,0
7,0
|
1ère année Montant 62,0
35,0
10,5 15,0
1,5
|
%
44,9
|
Malheureusement, l'instabilité politique n'a pas permis
à l'initiateur de l'oeuvre d'en arriver au bout. Et compte tenu des
besoins financiers, la RDC est loin d'atteindre le droit de l'enfant à
l'éducation si aucune initiative n'est prise en vue de
bénéficier des avantages de la FTI. Ce qui fait qu'en
dépit du principe de continuité des services publics, la
politique de l'Etat Congolais demeure un morceau dur pour les parents.
b) Les matériels et infrastructures scolaires.
1. La vétusté et le délabrement des
infrastructures scolaires.
D'après une étude récente sur le taux de
scolarisation (SENAREC 2004), sur un échantillon de 400 écoles,
dont 60% d'écoles primaires et 200 communautés de basses dans les
provinces de l'Equateur, de Kasaï occidental, du Kasaï oriental, du
Katanga, du Maniema, du Nord Kivu, du Sud-Kivu et de la Province orientale ;
44% d'écoles en milieu urbain et 49% d'écoles en milieu rural
avaient été construites avant 1960 et dans l'ensemble, les salles
de classe sont dans un état déplorable. Cette même
étude souligne que les toitures des salles des classes sont dans un
mauvais état dans 61% d'écoles en milieu rural.107
Dans les provinces, entre un tiers et un cinquième des
écoles primaires sont en mauvais état et la plus part des
écoles dans certaines d'elles, comme celles de deux KASAI sont
totalement dépourvues d'un accès à l'eau. La province du
Sud-Kivu n'en est pas pour autant épargnée. Sur 10 écoles
qu'on a eu à observer dans le groupement de MUDAKA, territoire de
KABARE, 5 d'entre elles n'ont pas d'accès à l'eau. Les
écoliers sont obligés de se déplacer à une distance
d'au moins 1000m pour accéder à l'eau pouvant maintenir
l'assainissement de leurs salles de classes. Ceci à évidemment un
impact tout particulier sur la scolarisation des filles.
La Banque mondiale relève également que le
nombre d'élèves par classe est inégal selon les
régions, mais la norme fixée par l'Etat pour les primaires (entre
26 et 50 élèves par classe) n'est pas respectée. Bien que
la taille moyenne des classes de première année primaire soit de
40 élèves, 19% des élèves ont moins de 26
élèves par classe en milieu rural et 25% ont plus de 50
élèves en milieu urbain. Globalement, 40% des
élèves du primaire vivent dans des classes en
sureffectif.108
2. L'équipement des écoles
Au moment où on peut considérer que la
réussite des élèves est tributaire de l'existence d'au
moins un manuel scolaire par élève, la majorité des
élèves du primaire, surtout du milieu rural, en est
dépourvue.
107 RDC, Rapport sur les OMD, 2004, p. 24.
108 13. Banque Mondiale, op.cit., pp. 75-78 et
105-110.
Dans certaines provinces, les élèves n'ont
jamais vu un manuel scolaire109. La Coopération Technique
Belge à tenté de répondre partiellement à ce
problème en distribuant des manuels de français et de
mathématique, mais l'accompagnement pédagogique a, en partie,
fait défaut et l'accès à certaines provinces, du fait de
l'absence de route, est très difficile et donc très
coûteux. L'UNICEF a également produit des modules et des manuels
scolaires, mais sans que ces actions limitées aient été
relayées par l'Etat congolais.
Par ailleurs, les programmes d'enseignement, qui sont au
nombre de huit, semblent être dépassés et méritent
d'être retouchés. La direction des programmes du Ministère
de l'EPSP forme des inspecteurs censés à leur tour former les
enseignants, mais leur nombre, à ces jours, semble être trop
réduit pour assurer un effet multiplicateur.
A ce problème réel lié au manuel
scolaire, il faut ajouter le manque du matériel destiné à
l'entretien des écoles. A titre exemple, la plupart d'écoles de
la ville de Bukavu ne sont pas dotées des matériels pouvant
permettre l'assainissement de ces milieux où les enfants passent le plus
grand moment de leur enfance.
B. La qualité de l'enseignement de base.
On va examiner le taux de scolarisation (a) et le taux de
réussite (b). a) Le taux de scolarisation.
Le rapport de la Banque Mondiale de 2005 explique d'une part
que, l'augmentation des effectifs scolaires constatée entre la fin des
années 1980 et la fin des années 1990 a fait suite à une
décélération durant dix années
précédentes, marquées par la crise économique et
l'ajustement structurel, tandis que la période d'entre 1995-2002 a
été marquée par un ralentissement de cette augmentation
dans le secondaire et par un recul dans le primaire.
D'autre part, une part de l'accroissement des
établissements s'explique par la généralisation du
système de double vacation (une partie d'élèves suivent
les cours le matin, l'autre l'après-midi) lequel, lorsqu'il est
appliqué dans un même bâtiment, implique que ce dernier est
compatible deux fois dans les statistiques qui suivent.110
109 14. RDC, Idem., p. 32.
110 Banque Mondial, op.cit., p.118.
Taux bruts de scolarisation par province et genres. Province
Primaire
|
Garçons
|
Filles
|
Total
|
KINSHASA
|
57%
|
58%
|
42%
|
BAS-CONGO
|
81%
|
68%
|
74%
|
BANDUNDU
|
85%
|
71%
|
78%
|
EQUATEUR
|
52%
|
40%
|
46%
|
KASAI ORIENTAL
|
87%
|
63%
|
74%
|
KASAI OCCIDENTAL
|
59%
|
39%
|
49%
|
KATANGA
|
46%
|
34%
|
40%
|
MANIEMA, SUD KIVU ET NORD KIVU
|
94%
|
66%
|
80%
|
PROVINCE ORIENTALE
|
64%
|
49%
|
57%
|
TOTAL
|
72%
|
56%
|
67%
|
Il appert de ce tableau que le taux d'accès à
l'éducation primaire reste faible, puisque le taux net de scolarisation
primaire est de 15% et le taux brut de 60%.
Les chiffres ci-avant masquent sans doute d'importantes
inégalités entre les provinces, les sexes et les revenus des
parents.
Le rapport sous examen indique que, pour le primaire, le taux
global de scolarisation est plus élève dans les deux Kivu, le
Maniema, le Bandundu, le Kasai-oriental et le Bas Congo que dans le Katanga,
l'Equateur, le Kasaï occidental, la Province orientale et la ville de
Kinshasa.111
Cependant, il existe une différence significative du
taux de scolarisation primaire entre les riches et les pauvres, notamment du
fait que les frais scolaires sont majoritairement pris en charge par les
parents d'élèves. Les enfants des parents pauvres sont en outre
scolarisés tardivement et ont tendance à abandonner. De nombreux
d'enfants sont contraints de rester en dehors de l'école ou d'attendre
dans une salle annexe pour la simple raison que leurs parents n'ont pas
payé la prime.
Le rapport de la Banque Mondiale indique que si les enfants
des parents riches ont tendance à s'inscrire à l'âge
prévu, ils ont également tendance à redoubler et à
rester plus long temps à l'école, ce qui fait que près du
tiers des enfants qui ont dépassé l'âge officiel en fin de
cycle primaire font partie du quintile le plus riche. Globalement,
l'inégalité d'accès
111 Banque Mondiale, Idem, p.118
entre les riches et les pauvres se situe principalement entre les
40% les plus riches et 60% les plus pauvres, ce qui correspond partiellement au
clivage villes/ Campagnes.112
b). Le taux de réussite.
Les taux de réussite de l'enseignement de base en RDC
demeure quant à lui faible. Les données de 2001-2002 montrent un
taux de redoublement allant de 11 à 17% selon les données et un
taux d'abandon allant de 9 à 20%, tandis que seulement 14% des
élèves qui entrent en primaire obtiennent le certificat de fin
d'études primaires sans redoublement.113
Il relève cependant que les taux d'échec
officiels sont sous-évalués étant entendu que les
délibérations permettent de faire passer juste au dessus des 50%
des élèves qui ont en réalité
échoués.114 Les tableaux qui suivent retracent
davantage la réalité énoncée dans les lignes
précédentes.115
Taux brut et net de scolarisation primaire par indice de richesse
Indice de richesse Taux bruts Taux nets
Quintile I (20% les plus pauvres) 80% 39%
Quintile II 80% 39%
Quintile III 86% 45%
Quintile IV 104% 57%
Quantile V 127% 81%
|
Taux de dédoublement et d'abandon du primaire.
Années 1ère 2ème
3ème 4ème 5ème
6ème
|
|
1977-78 Taux de 21% 20% 21% 19% 18% 15%
redoublement
Taux 20% 4% 10% 8% 5% -
d'abandon
1986-87 Taux de 19% 18% 22% 19% 17% 13%
dédoublement
Taux 18% 6% 8% 9% 9% -
d'abandon
200-01 Taux de 17% 16% 16% 15% 14% 11%
dédoublement
Taux 19% 9% 9% 12% 11% 20%
d'abandon
|
|
|
|
112 Banque Mondiale, Ibidem.
113 Banque Mondiale, op.cit., p. 120.
114 C'est nous qui soulignons des réponses reçues
de la part de la Division provinciale de l'EPSP.
115 Banque Mondial, Ibidem.
55 Section 3ème : L'Etat
d'avancement par rapport au 2ème OMD en RDC.
Pour rendre effectif le deuxième OMD en RDC, il est
plus important de tenir compte de son interdépendance par rapport aux
autres contenus dans la Déclaration du Millénaire. L'on peut
considérer que les obstacles à l'éducation sont aussi bien
liés à la pauvreté et aux inégalités
sociales (objectif 1), à l'accès aux soins de santé
(objectif 4, 5 et 6), à l'eau et aux infrastructures sanitaires
confortables (objectif 7), tandis que ces obstacles renforcent la
discrimination de genre (objectif 3) en touchant en priorité les
filles.
Cela étant, nous allons, d'entrée de jeu,
examiner les obstacles susceptibles d'entraver l'effectivité du droit de
l'enfant à l'éducation en RDC (§1), avant d'envisager les
solutions préconisées par la République
Démocratique du Congo et les OI du système de l'ONU
engagées dans cette lutte (§2).
§1. Les obstacles susceptibles d'entraver
l'effectivité du droit de l'enfant à
l'éducation en RDC.
Au-delà du contexte de la guerre et celui de
l'instabilité politique 116 il existe des obstacles à
caractère social (A) et d'autres liés aux mécanismes
actuels de protection des droits économiques, sociaux et culturels
(B).
A. Les obstacles à caractère social.
Ces obstacles peuvent être financiers, administratifs,
culturels, ou liés aux moyens de communication.
a) L'obstacle financier.
Pour les parents à faible revenu, envoyer les enfants
à l'école est devenu pour eux un luxe. La situation est d'autant
plus compliquée étant donné qu'il ne suffit pas d'envoyer
l'enfant à l'école, mais il faut également lui doter des
effets scolaires, de l'uniforme, il doit avoir à manger et doit
également accéder aux soins de santé adéquats. Tout
ceci influence le taux d'abandon scolaire avec comme conséquence logique
l'inégalité d'accès
116 A titre d'exemple, Le gouvernement de Transition issu de
l'accord Global et inclusif a mis sur pied un plan pour l'éducation.
Malheureusement, il a connu quatre différents ministres de
l'éducation qui se sont succédés en moins de trois ans ;
ce qui ne permet évidemment pas de politique stable en la
matière.
à l'école primaire entre le milieu rural et celui
urbain, entre filles et garçons et entre enfants de familles riches et
de familles pauvres.
Face à cet obstacle, la problématique
qualité-quantité se pose avec acuité. Les gouvernants et
les OI devraient revoir des politiques visant essentiellement à
permettre à un minimum d'enfants de s'inscrire à l'école
et d'aboutir à une alphabétisation
généralisée. Malheureusement, la plupart des acteurs
s'empressent à ajouter qu'il est vrai que l'essentiel dont un enfant a
besoin en terme d'instruction pour pouvoir se débrouiller plus tard dans
la vie est de savoir lire, écrire et compter. Et pourtant cet obstacle
aurait pu être évité si l'Administration fonctionnait
correctement.
b) L'obstacle administratif.
Cet obstacle, comme indiqué dans les lignes
précédentes, date de la période dite de « rigueur
», période pendant la quelle le gouvernement Kengo wa DONDO avait
instauré le système d'ajustement structurel pour lui permettre le
payement des dettes que les pays devait aux institutions financières de
Bretton Wood. Cet obstacle a pu dégénérer au début
des années 1990 quand le gouvernement avait complètement
abandonné le système éducatif, il s'en est suivi la
grève d'une année scolaire (1991-1992) à l'Est du pays
avant que les confessions religieuses ne prennent la relève en
sensibilisant les parents pour la « continuité » et le
fonctionnement des écoles. Le disfonctionnement des écoles est
lié à la non disponibilité des frais des fonctionnement,
au payement des salaires des enseignants, à l'absence de politique en
matière d'éducation, à la non mécanisation de
certaines écoles et de certains enseignants, au non payement de tous les
fonctionnaires du secteur public en général, etc.
Signalons toutefois que les écoles qui fonctionnent
encore un tout petit peu normalement sont soit privées, soit celles
publiques mais qui sont concédées aux confessions religieuses
comme les écoles conventionnées catholiques,
conventionnées protestantes, etc.
c) L'obstacle culturel.
Il ancré dans la mentalité de plusieurs
personnes, surtout dans les milieux ruraux, que l'éducation n'est
réservée qu'aux seuls garçons, les filles ne pouvant
rester à la maison en train de cultiver les champs, préparer
à manger en attendant leur tour de se marier.
Dans beaucoup de villages, les filles sont
délaissées pour compte alors que parmi les nombreux avantages
qu'offre un enseignement de qualité, il y a la sécurité
qui s'attache au travail rémunéré. D'où alors, les
gouvernants devaient soutenir la campagne de l'Unicef « toutes les filles
à l'école »117 pour parvenir à lutter
contre cet obstacle.
d) L'obstacle lié au moyen de communication.
Accéder à l'éducation veut dire
accéder aux infrastructures où cette éducation est
dispensée. La situation de la RDC est devenue drastique en
matière de voies de communication. Pendant la période de pluie,
dans certaines ville comme celle de Bukavu, les enfants ont difficile à
se rendre à l'école à cause de l'impraticabilité
des routes et les eaux ruisselant le long des caniveaux. Dans les milieux
ruraux, certains enfants sont obligés de traverser par pirogue pour
aller suivre les cours à quelques dizaines des kilomètres.
D'autres sont obligés de faire une distance de plus de 10 km à
pied pour aller à l'école. Ceci suscite le même
problème découlant du rapprochement de l'éducation
à l'enfant comme se pose le problème du rapprochement de la
justice au justiciable.
En plus des obstacles ci-contre, il est de bon droit d'y joindre
le problème lié aux mécanismes actuels de protection des
droits économiques, sociaux et culturels.
B. Les obstacles liés aux mécanismes actuels
de protection des DESC.
Etant donné que le droit de l'enfant à
l'éducation gratuite et obligatoire est prévu par le PIDESC, nous
allons passer en revue les mécanismes prévus par le droit
international (a), avant de jeter un regard sur le droit interne (b).
a) Mécanisme actuel de protection du droit de l'enfant
à l'éducation en droit international.
Nous allons partir d'un postulat posé en termes de
question. Il s'agit de savoir si un pays comme la RDC, potentiellement riche
mais réellement pauvre118 et dont la proportion des personnes
vivant avec moins d'un (1$ US) dollar par jour qui est de 75% à ces
117 Nous soulignons que l'UNICEF a lancé cette campagne en
2004 à l'Est de la RDC pour encourager l'inscription des filles à
l'âge scolaire.
118 La RDC a accédé, fin juillet 2003, au point
de décision de l'Initiative PTTE, ce qui a réduit le service de
la dette extérieure d'environ 40% pendant la période 2003-2006,
soit environ 150 millions $ US en moyenne par an.
jours,119 est excusable complètement de la
non réalisation de droit du l'enfant à l'éducation, alors
qu'il a la possibilité de s'appuyer sur le levier de la
coopération internationale pour le développement
(8ème OMD) ?
Et bien nous ne le pensons pas. Amnisty International
évoque à ce sujet la Commission africaine des droits de l'home et
des peuples qui a considéré que le Zaïre avait violé
le droit à l'éducation parce que les écoles secondaires et
les universités étaient restées fermées durant deux
ans lors d'un conflit armé.120
Au niveau international, la grande difficulté
réside en l'absence du protocole facultatif ou additionnel au PIDESC.
Le Pacte demande aux Etats parties de présenter des
rapports « sur les mesures qu'ils auront adoptés et sur les
progrès accomplis en vue d'assurer le respect des droits reconnus
», en faisant état, le cas échéant, des
difficultés qui les empêchent de s'acquitter de leurs obligations.
C'est ce qui ressort de la lecture combinée des art.16 à 22 du
PIDESC.
Ce contrôle de respect du PIDESC fondé sur la
procédure des rapports avait été confié dans un
premier temps, à un organe intergouvernemental, puis à un organe
indépendant, composé de 18 experts siégeant à titre
individuel, appelé comité des DESC, créé par la
Résolution 1985/17 du Conseil Economique et Social le 28 mai 1985. Il
s'agit d'un organe subsidiaire du Conseil Economique et Social de l'ONU, ce
dernier étant un organe principal créé par la charte.
Progressivement, le système de contrôle de ce
Pacte se rapproche de celui du Pacte international relatif aux droits civils et
politiques par la périodicité des rapports, l'adaptation
d'observations finales sur chaque rapport et d'observations
générales.
119 OCDE, Perspectives économiques en Afrique,
Rapport 2005-2006, RDC, doc. BAFD/OCDE 2006. pp. 244 et 245, disponible sur
www.oecd.org
120 Amnisty International, cité par J.B. HABIBU, (dir),
« La Réhabilitation des victimes de la torture et autres
violences : en particulier le droit à la santé
» in Prévenir la torture et autres traitements cruels,
inhumains
ou
Quoi qu'il en soit, plusieurs faiblesses affectent les
présents mécanismes. D'entrée de jeu, la
possibilité est laissée aux Etats d'interpréter les
obligations qui leur incombent en vertu du PIDESC au gré des ressources
disponibles. De ceci, l'on constate que le pouvoir de ce comité est
restreint pour la raison qu'il ne se limite qu'à analyser et à
formuler des remarques dépourvues de force contraignante à
l'égard des rapports présentés par les Etats-membres. En
plus aucune possibilité n'est donnée à un individu qui
s'estime victime d'une violation d'un de ses droits contenus dans le Pacte de
saisir le présent comité. L'on constate également
qu'aucune sanction réelle n'a été prévue à
l'égard d'un Etat qui viole des droits reconnus par le PIDESC, le
comité ne disposant qu'un pouvoir de recommandation pour sanctionner
l'Etat qui viole les droits dont question. Quid du droit interne ?
b) Mécanisme actuel de protection du droit de l'enfant
à l'éducation en droit interne
Le deuxième chapitre du Titre II de la Constitution de
la RDC traite des droits économiques, sociaux et culturels. L'al. 4 de
l'art. 43 prévoit que « l'enseignement primaire est obligatoire et
gratuit dans les établissements publics ».
Ainsi, nous sommes en droit de savoir par quel
mécanisme pouvons-nous recouvrer ce droit au cas où il n'est pas
effectif ? Dire mieux, par devant quelle juridiction on peut s'adresser pour ce
faire ?
Si l'on part de la lecture de l'art.153, al 4 de la
Constitution du 18 février 2006121, l'on peut sembler
conclure qu'il est admis de saisir un juge pour l'application du droit de
l'enfant à l'éducation garanti par le PIDESC et la
Constitution.
Mais de cette hypothèse, il se pose un nouveau
problème ; celui de savoir quel est le juge compétent pour ce
faire ! Et cela en tenant compte du fait que le Conseil d'Etat et la Cour
Constitutionnelle, prévus formellement dans la Constitution, ne sont
toujours pas effectifs d'une part, et de la sanction prévue à
l'égard du chef de famille par la Loi-cadre à son art.137 d'autre
part.122
121 Les Cours et Tribunaux, civils et militaires, appliquent les
traités internationaux dûment ratifiés, les lois ainsi que
la coutume pour autant que celle-ci ne soit pas contraire à l'ordre
public ou aux bonnes moeurs.
122 Est puni d'une servitude pénale d'un mois au maximum
ou d'une amende ne dépassant pas 500z ou d'une de ces peines seulement,
en violation de l'art.116 ci-dessus, le chef de famille qui ne remplit pas
l'obligation scolaire prévue par la présente Loi, sauf preuve du
refus justifié d'accès à ses enfants ou de l'inexistence
d'un établissement d'enseignement dans un rayon de cinq
kilomètres de son lieu de résidence, ou en cas d'indigence
dûment constatée. L'art.116 quant à lui prévoit que
: « Le chef de famille est tenu de satisfaire à l'obligation
scolaire, en confiant ses enfants, soit à un établissement public
d'enseignement, soit à un
La lecture combinée de deux articles ci-contre
démontre que la Loi-cadre est dépassée et mérite
d'être revisitée à ces jours. La législation en la
matière sanctionne un chef de ménage qui n'envoie pas l'enfant
à l'école et le dispense de sanction au cas où il
réside à une distance de 5 km, ou en cas d'une pauvreté
remarquée. Cette législation doit s'adapter à
l'évolution du droit international en s'inspirer du PIDESC, de la
Déclaration du millénaire, de la Constitution de la RDC et
d'autres instruments analogues.
En plus, il nous semble que, concrètement, la
législation congolaise n'a pas prévu par devant quel juge on peut
s'adresser pour recouvrer un droit économique, social ou culturel. Ceci
amène DRAGO d'affirmer que « si ces droits sont proclamés
par la Constitution, leur protection véritable ne peut être
assurée que s'ils ont été aménagés pour
pouvoir impliquer une protection immédiate et seul l'aménagement
législatif est susceptible d'adopter ici les garanties
nécessaires. Ainsi est-il nécessaire pour assurer la protection
de ces droits économiques et sociaux, l'intervention du juge
chargé de les faire respecter, qu'il s'agisse d'un juge
spécialisé ou des juridictions ordinaires de droit commun dans
l'ordre judiciaire ou administratif ».123
A titre d'exemple, on peut retenir qu'en Belgique, le conseil
d'Etat, dans son Arrêt Copur, n° 32.989, rendu le 6 septembre 1989,
en connaissance des effets directs à l'art.13 du PIDESC, a estimé
que la question n'est pas de savoir s'il a conféré aux
particuliers des droits subjectifs dont ils pourraient se prévaloir
devant les tribunaux, mais de vérifier si la législation belge
est compatible avec l'objet inscrit dans la règle claire et
précise de l'art.13, al.2 du Pacte. Dans une note sous cet arrêt,
Russen Ergec écrit que « cette jurisprudence (...) ouvre en tout
cas une brèche dans le dogme de la non « justiciabilité
» des droits économiques et sociaux.124
Il sied toutefois de signaler qu'à l'issue de notre
recherche nous n'avons pas trouvé, en RDC, moins encore dans la province
du Sud-Kivu, un seul cas où un particulier a pris le courage de saisir
le juge pour non effectivité du droit de l'enfant à
l'éducation par l'Etat congolais.
établissement privé agréé
d'enseignement. »
123 M.R. DRAGO « La protection des droits économiques
et sociaux en France », cité par J.B. HABIBU, op.cit, p.
239.
124 J.B. HABIBU, op.cit, p. 240.
Tenant compte de l'inefficacité du contrôle par
voie des rapports de la part du comité aux DESC et de
l'ineffectivité du mécanisme juridictionnel du droit interne, la
procédure de plaintes individuelles ou collectives au PIDESC,
paraîtrait un moyen plus efficace comme l'indique le résultat de
la conférence de l'ONU tenue à Vienne en 1993, à laquelle
les Etats ont insisté sur la nécessité de renforcer
l'indivisibilité des droits de l'homme.
A l'occasion, il avait été demandé
à la commission des droits de l'Homme d'étudier la
possibilité de créer une procédure de plaintes pour
garantir les droits protégés par le PIESC. Ils avaient
estimé que cela prendrait la forme de l'adoption d'un texte
complétant le Pacte (d'où son nom de Protocole additionnel) qui
établirait un mécanisme de plaintes et fixerait sa portée
et ses modalités de fonctionnement. Ce texte serait ouvert à la
ratification de tous les Etats parties au Pacte sans l'obligation pour eux d'y
adhérer (d'où le qualificatif de « facultatif »). Un
premier projet de texte avait été élaboré en 1997,
suivi d'une série de discussion et de rapports d'experts.
En 2003, il fut finalement créé un groupe de
travail ad hoc rattaché à la commission des droits de l'Homme
chargé non pas de commencer à rédiger un projet de texte
mais simplement « d'examiner les options en ce qui concerne
l'élaboration d'un protocole facultatif ». Ceci a amené le
centre de recherche et d'information au développement de mener une
campagne pour la création d'un mécanisme de plaintes au niveau
international pour les DESC.125
En attendant l'aboutissement des mécanismes
internationaux et nationaux de protection du droit de l'enfant à
l'éducation, l'opinion ne peut que se contenter de vérifier
l'état d'avancement à travers des rapports des OI et des
institutions étatiques engagées dans la réalisation du
deuxième OMD, étant entendu que le droit de l'enfant à
l'éducation prévu dans la Constitution ne demeure,
présentement, qu'un espoir à devenir. Examinons, dans un
deuxième paragraphe, les solutions préconisées par la RDC
et les organes subsidiaires de l'Organisation des Nations unies engagés
dans la réalisation dudit objectif.
§2. Les solutions préconisées par la
RDC et les organes subsidiaires de l'ONU.
125 Centre de Recherche et d'Information pour le
Développement, DESC, vers la justiciabilité internationale,
disponible sur http://www.Crid.asso.fr/ chantiers /desc.html.
Le présent paragraphe n'a pas pour objet
d'apprécier l'efficacité du deuxième OMD en RDC. Nous
rappelons que pareille évaluation s'avérerait
prématurée compte tenu des prévisions onusiennes, à
savoir l'horizon 2015. Toutefois, partant de l'interaction des OMD, et prenant
en compte la cible consistant à « éliminer les
disparités entre les sexes dans l'enseignements primaire d'ici à
2005, si possible, et à tous les niveaux de l'enseignement en 2015 au
plus tard », nous allons essayer de comprendre, partant des
statistiques disponibles, quelle en est la réalité en RDC en
général, et au Sud-Kivu en particulier.
Etant donné que la RDC a l'obligation première,
celle découlant du Pacte, d'assurer l'effectivité des DESC, nous
allons examiner les solutions préconisées par cette
dernière (A), avant d'aborder celles envisagées par les
institutions spécialisées de l'ONU, à titre
supplémentaire (B).
A. Les solutions préconisées par la RDC pour
la réalisation du deuxième OMD.
D'entrée de jeu, nous devons rappeler que la RDC est un
pays post-conflit. Et quand bien même à ce stade l'on peut
considérer qu'elle est dotée des institutions légitimes,
elle n'a pas parvenu, jusqu'à présent, à exercer sa
souveraineté sur toute l'étendue de son territoire.
En plus de ce qui précède, il sied de rappeler
que ce pays est rangé parmi les pays pauvres de la planète. En
2005, une étude démontrait que plus de 75% des congolais vivaient
avec moins d'un dollar par jour et n'avait pas d'accès à l'eau
potable. Le taux de mortalité infantile étant de 128 pour 1000
naissances, l'un des taux les plus élevés du monde, seules 61%
des accouchements sont immédiatement assistés, le taux de
mortalité maternelle étant de 1289 femmes sur 100.000. Bien avant
en 2004, 4 millions de cas de paludisme ont été
enregistrés et 13000 personnes en sont mortes. Cependant, cette
même étude estime que les chiffres ci-avant indiqués ne
représenteraient en réalité que 20% des cas de paludisme
car 80% des malades n'accèdent pas à
l'hôpital.126
Or, dans un texte comme celui-là, et tenant compte de
l'interaction des OMD, l'on a à l'esprit, qu'actuellement, la RDC est
loin d'atteindre la réalisation du droit de l'enfant à
l'éducation obligatoire et gratuite. Mais tout espoir n'est pas perdu.
Si les engagements
126 OCDE, Perspectives économique en Afrique,
Rapport 2005-2006, RDC, doc BAFD/2006, pp. 244-245 disponible sur
www.
oecd.org/dev/publication.
politiques se concrétisent, en tenant compte du chantier
éducation du chef de l'Etat, à l'horizon 2015 on peut aboutir
à des indicateurs certains.
En dépit de cela, il nous revient de comprendre, qu'est-ce
qui a été déjà fait par la RDC depuis la mise sur
pied de la Déclaration du Millénaire.
Pour répondre à cette question, nous devons
faire une gymnastique pas plausible. Il s'agit d'analyser le tout premier
rapport de la RDC relatif aux OMD.127 Ce rapport de 58 pages avec
illustration du défit à relever, a été
publié avec l'appui financier de la communauté internationale.
Les pages 27 à 37 traitent du 2ème et du
3ème OMD en RDC. Nous allons donc aborder les points relatifs
à la situation actuelle et tendance des dernières
années.
a) La situation actuelle et tendance vers le
2ème OMD
Le rapport souligne que l'objectif d'un enseignement primaire
universel est encore loin de la réalité en RDC. Après les
avancées des années 60 et dans la 1ère
moitié des années 70, le système éducatif congolais
a commencé à se dégrader vers la fin des années 70.
Le taux net de scolarisation était évalué à 72% en
1979. Dix ans plus tard, il a été réduit à 59%,
puis à 56% en 1995, et 52% en 2001.
La dégradation touche aussi bien l'accès
à l'école que l'effectivité interne même du
système éducatif. Parmi les enfants scolarisés, le taux
d'achèvement du cycle primaire a également chuté de
moitié entre 1990 et 1995, passant de 51% à 25%. La
déperdition scolaire concerne aussi bien les filles que les
garçons. Dans l'ensemble, 4 enfants congolais sur 10 étaient
scolarisés et achevaient le cycle primaire en 1990. Ce niveau a
été réduit à un ou deux à partir de 1995.
La construction des profils scolaires met également en
évidence deux réalités :
i) La scolarisation varie beaucoup selon de milieu de
résidence ;
ii) Les enfants vont tardivement à l'école quel
que soit le milieu de résidence.
La qualité de l'enseignement est également en
défaveur des zones rurales. Le taux d'admission en
5ème année y est de 21% tandis qu'il se situe à
34% dans les zones
127 Rapport National de suivi de progrès pour la RDC 2004
.
urbaines. Les provinces de l'Ouest (Bas-congo, Kinshasa, Bandundu
et les deux Kassaï) jouissent de taux de scolarisation plus
élevés que les provinces de l'Est (76% contre 34%).
En ce qui concerne le retard de scolarisation, sur 10 enfants
nouvellement inscrits en 1ère année primaire, 7
à 8 enfants ont plus de 6 ans. L'âge moyen à l'inscription
est plus de 7 ans dans les zones urbaines et plus de 9 ans dans les milieux
ruraux. Plus de 10% des élèves des écoles primaires
urbaines et près de 17% de ceux des écoles primaires rurales ont
plus de 14 ans.
Ce résultat est en contradiction avec les prescrits de
l'art. 21 de la Loi-cadre qui énonce que « ne sont admis en
première année du cycle primaire que les enfants ayant atteint
l'age de six ans révolus au plus tard trois mois après la date
fixée pour la rentrée scolaire. Aucun enfant ne sera admis en
première année primaire s'il a atteint l'age de 9 ans
résolus au moment de la rentrée scolaire, sauf dispense
motivée qui pourra être accordée dans les conditions qui
seront déterminées par voie réglementaire
».128
Toutefois, la dégradation du système
éducatif congolais trouve en partie son organe dans les trois faits
suivant :
· La vétusté et le délabrement des
infrastructures scolaires.129
· Le vieillissement et la démotivation du corps
enseignant. Il appert que l'âge moyen des enseignants du cycle primaire
est de 44 ans. Les salaires des enseignants sont très bas : « un
instituteur gagne en moyenne l'équivalent en francs congolais de 46 $ US
à Kinshasa (17$ US de salaire et 29 $ US de prime de motivation) et de
12 $ US dans le Bandundu (6 $ US de salaire et 8 $ US de prime de
motivation).
· La modicité du budget de l'éducation :
jusqu'en 1982, le budget de l'éducation représentait près
de 25% du budget global. Cependant, depuis 1984, le secteur de
l'éducation a compté pour à peine 1% en moyenne du budget
de l'Etat. Le niveau des dépenses par élève du primaire et
par an est évalué à 4 $ contre 109 $ en 1980. b) La
situation actuelle et tendance vers le 3ème OMD.
Alors que les femmes constituent la majorité de la
population congolaise (51,5%), cette majorité ne se reflète ni
dans les différents cycles d'enseignement ni dans les différents
secteurs d'activité. Dans l'enseignement, l'indice de parité
entre les sexes est estimé
128 C'est nous qui soulignons.
129 Nous avons fait allusion à ce fait dans le point
relatif aux obstacles sociaux du droit à l'éducation en RDC.
à 90% en 2001. Cet indice diminue au fur à
mesure qu'on passe aux cycles supérieurs : 54% pour le secondaire et
environ 30% pour l'enseignement supérieur. Une relative
amélioration de l'indice de parité femme / homme est
observée depuis 1990. Cette performance pourrait paraître
toutefois trompeuse, dans la mesure évidente où elle est
largement due à la baisse du taux de scolarisation qui s'est, en plus,
relevé plus forte pour les garçons (87% en 1979, 55% en 2001) que
pour les filles (58% en 1979, 49% en 2001).130
Evolution des indicateurs en tableaux.
|
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OMD 2.
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1990
|
1995
|
2001
|
Taux net de scolarisation primaire
|
59%
|
56%
|
52%
|
Proportion d'écoliers commençant la
1ère année d'étude dans l'enseignement primaire
et achevant la 5ème.
|
5%
|
25%
|
25%
|
OMD 3.
|
|
|
|
Indicateurs
|
1990
|
1995
|
2001
|
Rapport filles/ garçons dans le primaire.
|
74%
|
-
|
90%
|
|
De ce qui précède, il se comprend sans peine
que la RDC a pris part à la Déclaration du Millénaire dans
un contexte politique très complexe. Cependant, le gros du travail que
devait réaliser le gouvernement congolais n'a pu être fait
à cause du disfonctionnement que ce dernier connaissait. A titre
d'illustration, c'est dans le budget de 2009 qu'on vient de prendre compte,
pour la 1ère fois, du document stratégique pour la
réduction de la pauvreté (DSRP). Toutefois, nous devons
encourager les efforts fournis par la Communauté internationale à
travers ses institutions spécialisées oeuvrant dans le domaine du
droit de l'enfant à l'éducation suite aux solutions par elles
préconisées.
B. Les solutions préconisées par les
institutions spécialisées de l'ONU.
Pour la réalisation effective du
2ème et du 3ème OMD en RDC, l'UNICEF, la
Banque Mondiale et l'UNESCO mènent des activités
différentes. Mais l'obligation première incombant à l'Etat
congolais, l'action des ces institutions se heurte à des défis
majeurs dont
130 Banque mondiale, op.cit., p. 122
les principaux sont : la rémunération des
salaires des fonctionnaires publics, la réhabilitation et la
construction des écoles et des routes, etc.
Etant entendu que la Banque Mondiale intervient dans le
financement pouvant permettre la réhabilitation et la construction des
infrastructures routières, scolaires et sanitaires, nous allons
seulement prendre en compte les progrès réalisés par
l'UNICEF en matière de parité filles/garçons à
travers sa campagne « toutes les filles à l'école ».
Loin de perdre de vue la contribution importante du rapport de l'UNESCO sur
« l'éducation pour tous » de 2008, nous
préférons tenir compte des points positifs dans le
3ème chapitre qui va porter sur les stratégies pour
l'effectivité du droit de l'enfant à l'éducation.
Les solutions préconisées par l'UNICEF sont
entre autres l'étude initiée en 2001 dénommée
enquête nationale des enfants et des femmes, Rapport MICS2 2001 (a), en
plus de la campagne dénommée toutes les filles à
l'école menée à l'est de la RDC (b) et des
conférences internationales en faveur du droit de l'enfant à
l'éducation(c).
a) Le résultat du rapport MICS 2/2001.
La présente enquête menée conjointement avec
le Ministre du plan a aboutie aux résultats qui suivent :
· L'éducation préscolaire :
La participation aux programmes d'éducation
préscolaire ne concerne que 3 % d'enfants de 3 à 4 ans
révolus. Presque tous sont issus des ménages les plus riches, des
centres urbains et des mères instruites.131
· Accès à l'école primaire :
Le pourcentage d'enfants qui commencent leurs études
primaires à l'âge légal de 6 ans est faible et en baisse :
23 % en 1995 contre 17 % en 2001. Les écarts se sont réduits
entre les sexes. Les disparités sont très marquées entre
les plus riches (43 %) et les plus pauvres (9 %), entre les enfants des
mères les plus instruites (35 %) et ceux des mères sans
instruction (7 %) et entre provinces (42 % à Kinshasa contre 4% dans les
Nord et Sud-Kivu).
131 UNICEF, Enquête nationale sur la situation des
enfants et des femmes, Rapports MICS2, 2001, p. 7
Parmi les nouveaux inscrits en 1ère
année primaire, 32 % ont 9 ans ou plus. Ces entrées tardives
à l'école primaire entraînent un vieillissement des
élèves et, plus tard, des études. Parmi les enfants qui
fréquentent l'école primaire, un sur dix est âgé de
plus de 14 ans.
· Scolarisation des enfants au niveau primaire :
Seulement un enfant sur deux, âgés de 6 à
11 ans est scolarisé. La scolarisation des enfants est en
régression en RDC : le taux net de scolarisation est passé de 56
% en 1995 à 52 % en 2001. Les garçons sont plus scolarisés
que les filles : 55 % de garçons pour 49 % de filles en 2001 (en 1995,
les taux nets étaient respectivement de 59 % et 53 %). Cette
différence s'observe plus à partir de 9 ans, car beaucoup de
filles quittent l'école à ces âges. Les enfants de
ménages les plus pauvres (39 %) et du milieu rural (43 %)
étudient moins que ceux de ménages les plus riches (81 %) et du
milieu urbain (72 %).
· Fréquentation scolaire :
Dans l'ensemble du pays, un enfant de 6 à 14 ans sur
trois (31 %) n'a jamais fréquenté l'école et risque de ne
jamais fréquenter. Les filles sont plus concernées par cette
situation que les garçons (35 % contre 28 %). La proportion de filles
n'ayant jamais fréquenté l'école est quatre fois plus
élevée parmi les enfants des mères sans instruction (56%)
que parmi celles des mères ayant le niveau d'instruction secondaire (13
%).
Au moment de l'enquête, près de la moitié
(45 %) d'enfants âgés de 6 à 14 ans ne fréquentaient
pas l'école. Les raisons sont avant tout l'incapacité des parents
de payer les frais scolaires (63 % des cas) et l'éloignement des
écoles (9% des cas).
· Efficacité interne du système
scolaire :
Le système éducatif congolais est peu efficace
pour le plus grand nombre : un enfant seulement sur quatre entrant en
première année d'enseignement primaire atteint la
cinquième année, soit un taux de survie scolaire égal
à 25 %. Ce taux est de 18 % seulement dans les ménages les plus
pauvres contre 41 % dans les ménages les plus riches. Par contre, parmi
100 élèves qui terminent la 6ème année
primaire, 81 s'inscrivent en secondaire.
68 · Raisons de non fréquentation actuelle
:
Echecs scolaires : 1%, maladie prolongée : 4%, changement
de résidence : 2%, grossesse : 0, 1%, travail : 0,9 %, autres : 20%, pas
d'écoles proches : 9%, frais scolaires : 63
%.132
b) La campagne dite « toutes les filles à
l'école ».
Les résultats de l'enquête initiée en
2001, ont permis à l'UNICEF de mettre sur pied, à l'Est du pays,
la campagne dite « toutes les filles à l'école ».
Cette campagne lancée en 2004, avait pour objet de donner à
la fille à l'âge scolaire la possibilité d'accéder
à l'école primaire, et partant, contribuer à la cible du
troisième OMD. Se faisant, l'UNICEF donne des objets scolaires aux
enfants de 1ère et 2ème années tout
en intensifiant des moyens de sensibilisation de sa campagnes aux sports
publicitaires, à la Radio, à la Télévision,
à travers des bandes dessinées, et va jusqu'à financer des
chassons initiées par des musiciens.
Toutefois, les problèmes majeurs demeurent. Cette
campagne ne fait qu'encourager! Ce qui est une bonne chose. Mais les enfants
encouragés à aller à l'école sont toujours soumis
aux mêmes problèmes qui sont devenus un engrenage du
système éducatif congolais dont le plus imminent demeure le
payement des frais scolaires.
Quoi qu'il en soit, l'on doit encourager des telles
initiatives. Mais la plus récente publication de l'UNICEF, bureau de la
RDC indique que, globalement, pour la participation des filles, le nombre de
filles scolarisées est inférieur à celui des
garçons. Il est plus faible en 2ème année qu'en
1ère année.133 Cependant, une tendance
contraire est observée dans les provinces de l'Equateur et de Kinshasa
où les filles sont plus scolarisées que les garçons. Par
ailleurs, l'indice de parité le plus faible est enregistré au
Katanga et dans le SudKivu où l'on compte respectivement 79 et 75 filles
pour 100 garçons scolarisés au cours de l'année scolaire
2007-2008.
Les résultats du Katanga suggèrent que les effets
de la scolarisation massive des enfants induits par la mesure de
gratuité prise par le gouvernement de province ne sont
132 UNICEF, op.cit., p. 8
133 UNICEF, « Résultats de la 4ème
édition de la campagne des inscriptions massives des enfants à
l'école », Rapport, année scolaire 2007-2008, p.
3
pas aussi bénéfiques pour les filles qu'ils les
sont pour les garçons car, pour les deux années d'études,
l'indice de parité s'est détérioré d'une
année à l'autre, passant de 0,82 à 0,79 aussi bien en
1ère année qu'en 2ème, soit une
baisse de 0,03.
Par contre, cet indice a pris une ample évolution au
Sud-Kivu. Pour une étude menée sur 1390 écoles de
1ère et 2ème année au cours des
années scolaires 2006-2007, 2007- 2008, sur 100 élèves
garçons, il y a 71 filles. L'indice de parité de 2006-2007
étant de 0,71, et celui de 2007-2008 de 0,75; l'on aboutit à un
résultat selon lequel l'indice d'accroissement est de 0,04 : ce qui est
déjà une évolution. Le tableau qui suit illustre
davantage.
Evolution de l'indice de parité filles/garçons.
Provinces Nombre 1ère année
|
|
2ème année
|
|
d'écoles
|
2006-2007
|
2007-2008
|
2006-2007
|
2007-2008
|
Bandundu
|
394
|
0,96
|
0,99
|
0,96
|
0,99
|
Bas Congo
|
495
|
0,95
|
0,97
|
0,95
|
0,97
|
Equateur
|
214
|
1,01
|
1,04
|
1,03
|
1,05
|
Kinshasa
|
721
|
1,02
|
1,03
|
1,03
|
1,03
|
Katanga
|
2387
|
0,82
|
0,79
|
0,82
|
0,79
|
Kasaï occidental
|
102
|
0,99
|
0,99
|
0,86
|
0,92
|
Kasaï oriental
|
366
|
0,91
|
0,91
|
0,99
|
0,99
|
Maniema
|
322
|
0,84
|
0,85
|
0,84
|
0,85
|
Nord - Kivu
|
1068
|
0,93
|
0,50
|
0,93
|
0,95
|
Province orientale
|
869
|
0,97
|
0,95
|
0,97
|
0,95
|
Sud- Kivu
|
1390
|
0,71
|
0,75
|
0,71
|
0,75
|
Ituri134
|
961
|
0,80
|
0 ,88
|
0,80
|
0,88
|
Moyenne RDC (pays)
|
9289
|
0,90
|
0,90
|
0,88
|
0,88
|
Ces résultats ont permis à l'UNICEF de changer
de slogan pour l'année scolaire 2008-2009. Au lieu de « toutes
les filles à l'école » l'UNICEF emploie
désormais « filles et garçons à l'école
» tout en mettant un accent particulier sur l'encouragement des
filles. Examinons à présent des recommandations issues des
conférences initiées par l'UNICEF.
c). Les recommandations issues des conférences
internationales.
L'UNICEF, au coté des autres organisations
engagées dans les droits des enfants, lance des campagnes mondiales
d'information sur l'importance de l'éducation pour chaque enfant. Pour
cet effet, l'UNICEF, en collaboration avec l'UNESCO et la Banque
134 Le district d'ITURI n'est pas une province mais est
aligné dans les indices en raison du grand nombre d'écoles qu'il
renferme.
Mondiale ont organisé une conférence sur l'EPT
à Dakar en 2000, une autre sur les investissements les plus efficaces
pour inciter les garçons et les filles à se rendre à
l'école, tenue à Ouagadougou (BOURKINAFASO) en 2004, une autre
sur la gratuité des frais scolaires tenue à BAMAKO en 2007, et
plus récemment celle de Brazzaville du 27 au 30 Octobre 2008, dite
7ème sommet sur le développement de l'Afrique, pour ne
citer que celleslà. Les travaux de toutes ces conférences
auxquelles la RDC a toujours pris part, vont nous aider, dans le
troisième chapitre, à proposer des stratégies
d'accélération des OMD relatifs à l'éducation en
RDC, d'ici 2015.
(c)
mutajustin@yahoo.fr
71
CHAP. III : STRATEGIES POUR L'EFFECTIVITE DU DROIT DE
L'ENFANT A L'EDUCATION EN RDC EN GENERAL ET AU SUD-KIVU EN
PARTICULIER.
Les stratégies développées dans le
présent chapitre sont adressées principalement au gouvernement
central, et subsidiairement au gouvernement provincial. Cette approche se
justifie par le fait que, le domaine de l'éducation demeure,
jusqu'à preuve du contraire, une matière concurrente entre le
gouvernement central et celui provincial quoi que la loi n° 08/012 portant
principes fondamentaux relatifs à la libre administration des provinces
ait transféré complètement certains aspects aux provinces.
En plus, une stratégie comme celle des politiques en matière
d'éducation relève en premier lieu du gouvernement central. Il en
est ainsi de la diplomatie, qu'elle soit ordinaire ou ad hoc.
Ceci étant, le présent chapitre s'articule
autour du renforcement de la souveraineté de l'Etat au niveau
international et national (section 1ère), la poursuite de
l'amélioration de l'efficacité de l'enseignement au niveau
interne et externe (section 2ème) et l'inspiration des
progrès réalisés par d'autres pays ainsi que le respect
des engagements pris dans des conférences internationales (section
3ème).
Section 1ère :
Renforcement de la souveraineté de l'Etat au niveau
international et national.
La présente section aborde les aspects relatifs au
renforcement de la souveraineté de l'Etat au niveau international
(§1) et au niveau national (§2) en vue de rendre effectif le droit de
l'enfant à l'éducation en RDC.
§1. Renforcement de la souveraineté de
l'Etat au niveau international
D'aucuns peuvent se poser la question de savoir, quelle est la
place de la souveraineté dans un domaine où l'Etat a l'obligation
première de réalisation ?
La souveraineté de l'Etat ne s'analyse pas en des
termes positifs, comme un ensemble des pouvoirs que l'Etat détiendrait
sur ses sujets ou sur les autres, mais se définit négativement
comme la non-soumission à une autorité supérieure ; le
fait de n'être le sujet (au
sens d'assujetti) d'aucun autre sujet (au sens
juridique).135 L'idée de
souverainetéindépendance comporte comme corollaire
immédiat l'égalité des Etats ; tous sont égaux, et
à ce titre, négocient et discutent leurs accords sur base de
l'égalité et de la liberté de conclure des traités.
En dépit de cette indépendance, il est bien observable qu'aucun
Etat ne peut se prévaloir de s'enfermer sur sa souveraineté
interne en vue de réaliser le droit de l'enfant à
l'éducation. Le droit dont question, est depuis belle lurette, un droit
internationalisé. Cela se justifié par sa consécration
dans plusieurs instruments internationaux tels qu'ils ont été
relevés le long du deuxième chapitre.
Pour ce faire, le renforcement de la souveraineté de
l'Etat au niveau international sous-entend d'une part la capacité de
l'Etat de mener un lobbying au niveau international (A) et d'autre part
s'inscrire dans la politique du partenariat mondial pour le
développement (B).
A. La mobilisation de la Communauté
internationale
Pour mobiliser la communauté internationale, il est
impérieux de disposer d'une diplomatie active, qu'elle soit celle
habilitée au ad hoc.
Sur ce point, la RDC a brillé dans le retard en
matière d'éducation. Et pourtant, comme elle est membre de pas
mal d'organisations internationales et régionales, elle devait se
démarquer en vue de relever le défis du droit de l'enfant
à l'éducation qui s'annonce désastreux à ce stade.
A titre d'exemple, l'on peut noter la fait que ce pays a prouvé sa
capacité de mobiliser des fonds au sein de la communauté
internationale lorsque le besoin s'est fait sentir. Cela a été le
cas pendant la transition, période pendant laquelle, une celle
institution d'appui à la démocratisation, comme la Commission
Electorale Indépendante, a bénéficiée d'un appui de
la communauté internationale de plus ou moins 450 millions de
dollars.
Tout porte à croire que les OMD n'ont pas
été une priorité du gouvernement congolais depuis leur
mise sur pied. Cependant, l'état d'avancement des autres pays appelle la
RDC à mettre en place une diplomatie active lui permettant de mobiliser
des fonds capables de programmer la réalisation progressive et continue
du droit de l'enfant à
135 J. COMBACAU et S. SUR, Droit International Public,
2ème éd., Paris, Mont chrétien, 1995, p.
23.
l'éducation. Mais ce défi majeur peut être
relevé si l'Etat congolais parvenait à s'inscrire, entre autre,
dans la politique du partenariat mondial pour le développement.
B. Le partenariat mondial pour le développement.
Déjà en 2000, la Conférence de Dakar sur
l'EPT affirmait qu'on ne peut espérer qu'un pays se développe
dans une économie moderne sans qu'une proportion importante de sa main
d'oeuvre ait suivi un cycle secondaire complet.136 Cela a abouti
à l'implication accrue des bailleurs des fonds, ce qui a amené le
G8 à commander en 2002 la mise en oeuvre d'une procédure
accélérée dont le secrétariat technique est
assuré par la Banque Mondiale.
Ainsi a pris naissance la Fast Track Initiative
(FTI),137 lancée officiellement par le comité de
développement de la Banque mondiale et du FMI et centrée sur un
des objectifs communs du plan d'action de Dakar pour l'EPT et la
Déclaration du millénaire : atteindre l'éducation
primaire universelle en 2015.
La FTI poursuit l'objectif de mieux coordonner et harmoniser
l'aide des donateurs dans le secteur de l'éducation. Elle se fonde sur
cinq principes (appropriation nationale, définition des critères,
soutien lié aux performances, abaissement des coûts de
transaction, transparence) et sur six objectifs.138 La FTI rassemble
plus de trente bailleurs multilatéraux et bilatéraux, dont la
Belgique qui a assuré la co-présidence de juillet 2005 à
juillet 2006. Sont éligibles, les pays à faible revenu qui
disposent un plan d'action adéquat pour la scolarisation primaire
universelle. Un processus d'évaluation a été mis en oeuvre
sur base des performances enregistrées dans le cadre des reformes
requises. Ces reformes s'alignent sur les recettes généralement
prescrites par la Banque Mondiale lors de l'élaboration des documents
stratégiques pour la réduction de la pauvreté (DSRP), qui
ont remplacés depuis 1999 les programmes d'ajustement structurel
(PAS).
136 CWBCI, op.cit, p.18
137 En Français : Initiative de mise en oeuvre
accélérée.
138 Efficience de l'aide à l'enseignement primaire(1),
augmentation soutenue de l'aide à l'enseignement primaire (2),
politiques sectorielles dans le domaine éducatif (3), financement
interne adéquat et durable pour
l'éducation (4) renforcement de l'obligation de rendre des
résultats (5) et l'apprentissage mutuel au niveau mondial sur ce qui
fonctionne (6).
La FTI dispose par ailleurs d'un cadre indicatif pour
évaluer les progrès accomplis par les pays. Il s'agit notamment
des indicateurs suivants : Dépenses publiques consacrées à
l'éducation (environs 20%) ; dépenses consacrées à
l'enseignement primaire (environ 50% du budget de l'éducation), salaires
des enseignants (environ 3,5 fois le PIB par habitant), Ratio
élèves /maître (environ 40% pour 1), dépenses hors
salaires des enseignants (33% des dépenses courantes), taux moyen de
redoublement (10% ou moins), nombre annuel d'heures d'instruction (850 ou
plus).
Une vingtaine de pays (dont 12 africains) forment la liste des
bénéficiaires de la FTI. Il s'agit du Burkina Faso, du Djibouti,
de l'Ethiopie, de la Gambie, du Ghana, de la Guinée, de la Guyane, du
Honduras, du Kenya, du Lesotho, du Madagascar, de la Mauritanie, de la
Mordovie, du Mozambique, du Nicaragua, du Niger, du Tadjikistan, du Timor Est,
du Vietnam et du Yémen.139
Le Rwanda est en voie d'être gréé depuis
2007. La RDC qui prétendait y être a encore raté une belle
occasion à cause de son budget qui ne tient toujours pas compte des
exigences de la FTI. Il est donc plus qu'une nécessité, pour la
RDC, de chercher par tous les moyens la possibilité d'attraper cette
occasion. Cette opportunité serait saisie par le budget 2009 qui
entendait ternir compte du DSRP, mais ce seul critère ne suffisant pas,
l'enseignement primaire congolais va continuer à souffrir des
mêmes maux.140
§2. Renforcement de la souveraineté de l'Etat
au niveau national.
Le renforcement de la souveraineté de l'Etat au niveau
national a comme effet direct d'instaurer l'autorité de l'Etat sur toute
l'étendue du territoire national. La souveraineté
intérieure se définit en droit interne par son contenu positif de
plénitude des pouvoirs que l'Etat exerce sur ceux qui lui sont soumis,
c'est-à-dire ses sujets ; il n'admet point de collectivité
à lui supérieure.141
Or, parmi les obstacles qui affectent le système,
éducatif congolais, il y a l'instabilité politique et la guerre
ayant comme conséquence politique l'insécurité.
139 CWBCI, op.cit., p. 19
140 C'est nous qui soulignons
141 J. COMBACAU et S. SUR, op.cit., p.23
A. L'éradication de la guerre.
La RDC a débuté, en 2003, une période de
Transition qui a mis sur pied en 2006 un gouvernement issu des élections
libres et démocratiques. Mais malgré cela, il continue à
s'observer sur le territoire national des groupuscules rebelles et des groupes
armés étrangers. La conséquence en est que, dans les zones
sous contrôle des bandes armées comme au Nord-Kivu, au Sud-Kivu et
en province Orientale, les enfants ne savent aller à l'école ; et
ceux qui y vont ne bénéficient pas d'un enseignement de
qualité conformément aux normes internationalement
établies par l'UNICEF et l'UNESCO. Ces guerres ont comme
conséquences logiques l'insécurité des milieux avoisinant
même s'ils sont sous contrôle du gouvernement.
B. L'éradication de l'insécurité.
Il y a deux ans, dans les groupements de KANIOLA et d'IZEGE
dans le Territoire de Walungu, province du Sud-Kivu, les écoles
fonctionnaient d'une manière intermintante, soit fonctionner pendant
deux semaines et fermer pendant deux autres. Ces groupements sous
contrôle du gouvernement faisaient, et continuent à faire l'objet
d'une insécurité causée par les groupes armés
occupant les collines qui surplombent lesdits groupements.
Cet état de chose a une conséquence logique sur
la qualité d'enseignement des enfants ainsi que sur leur état
psychique et moral. Or, dans des telles conditions, les programmes ne sont
jamais achevés. Pour atteindre les OMD, les autorités centrales
comme celles provinciales sont appelées à donner la chance
à tous les enfants du pays, garçons et filles, d'accès
dans les conditions normales à l'éducation. Cela permettra
également aux parents qui ont fui leurs villages pour la ville, avec
comme conséquence pour leurs enfants d'abandonner les études,
étant donné que la source de payement des frais scolaires
n'étaient que les activités des champs, de reprendre le cycle, et
d'avoir la chance comme les autres enfants du monde d'achever le cycle
élémentaire. Examinons, à présent, la poursuite de
l'amélioration et l'efficacité de l'enseignement interne (section
2).
Section 2ème : Poursuivre l'amélioration
de l'efficacité interne de l'enseignement.
Bien qu'il soit difficile d'envisager l'effectivité de
l'éducation primaire universelle à l'horizon 2015 en RDC, il est
possible de réaliser 60% de taux d'achèvement du cycle primaire.
Cela s'explique par le fait que le pays dispose des potentialités pour
inverser la tendance à la baisse de ces dernières années
et atteindre un tel objectif intermédiaire.
Partant du caractère interdépendant des OMD en
général et du droit de l'enfant à l'éducation, un
droit programmatoire et à réalisation progressive, si par
exemple, le contrat chinois qui prévoit la construction des
universités, des logements sociaux, des hôpitaux et des routes
parvenait à se réaliser effectivement, le droit de l'enfant
à l'éducation peut s'améliorer sur quelques points. En
effet, cela ne constituerait qu'une étape à côté de
l'augmentation de l'offre d'éducation primaire (§1)
préconisée par le rapport national sur les OMD, et des
stratégies internes et externes à la salle de classe
préconisées par l'UNICEF (§2).
§1. L'augmentation de l'offre de l'éducation
primaire en RDC.
Quoi que le contexte ne soit pas le même, la RDC n'est
pas le seul pays qui a connu la guerre et le fait qu'il ait connu la guerre ne
constitut, qu'avec une moindre dose, un motif pour ne pas satisfaire aux droits
des générations futures. Or, les enfants qui apprennent
aujourd'hui constituent les animateurs des institutions de demain. Les
dirigeants actuels ne doivent pas perdre de vue que ce que sont les enfants
aujourd'hui, ils l'ont été hier ; et que ce qu'ils sont
aujourd'hui, les enfants le seront demain.
L'Angola, au côté de la RDC, a subi
également une guerre de plus ou moins vingt ans. Cette guerre civile qui
a ravagé le pays jusqu'à mars 2002 a laissé le pays, et
particulièrement le secteur éducatif dans un piètre
état, un million d'enfants étant privés d'enseignement
primaire. En février 2003, une campagne dénommée la «
Rentrée des classes » a été lancée,
celle-ci étant la plus grande campagne d'éducation jamais
menée en Angola. A l'initiative commune des autorités locales et
l'UNICEF, cette campagne a permis à 250.000 enfants d'aller pour la
1ère fois à l'école, la priorité
étant dans un premier temps
donnée aux provinces centrales de BIE et MALANJE, qui ont
été durement touchées par la guerre.142
Cette campagne représente un changement de
l'orientation majeure pour le Gouvernement angolais, qui estimait auparavant
que l'enseignement primaire universel ne pourrait se concrétiser tant
que l'on ne construirait pas dans l'ensemble du pays des salles de classe
traditionnelles et que l'on ne disposerait pas un nombre suffisant
d'enseignants dûment formés et qualifiés. Cette campagne se
fonde en revanche sur une formation rapide des enseignants et sur une
amélioration progressive de la qualité de l'enseignement.
Jusqu'en 2004, l'UNICEF avait déjà formé 5.000 enseignants
de toute urgence. Or, cette réalité peut être applicable en
RDC, étant donné qu'il s'agit d'un pays post-conflit comme
l'Angola. Cela nous amène à examiner l'amélioration de
l'efficacité de l'enseignement (A), ainsi que des politiques et
programmes (B), avant d'aborder des stratégies spécifiques
à la province du SudKivu (C).
A) L'amélioration de l'efficacité interne de
l'enseignement.
Comme préconisé ci-contre, il est possible
d'atteindre un taux d'achèvement du cycle primaire d'au moins 60%
à travers l'amélioration des méthodes de transmission des
connaissances (notamment la fourniture des manuels scolaires, des conditions
d'apprentissage et des méthodes d'évaluation des connaissances.
Le rapport National sur les OMD estime également que cela pourrait
permettre une augmentation du taux d'admission en 5ème
année de 25% actuellement à 75%.143 Pour y parvenir,
quelques conditions sont nécessaires :
a) L'Etat doit assurer une meilleure répartition des
écoles et des capacités d'accueil dans toutes les provinces
proportionnellement à la population scolarisable : Ceci devrait
permettre d'améliorer l'accès à l'école,
d'augmenter l'offre d'éducation et également d'améliorer
la rentabilité et l'équité des investissements publics
éducatifs.
b) Réengager l'Etat dans le secteur, en garantissant
des budgets annuels acceptables et en progression : Il n'y aura pas
d'alternative viable à cette opinion, les ajustements spontanés
qui ont évité l'effondrement total du système ayant
montré leurs limites. De
142 UNICEF, La situation des enfants dans le monde,
2004, p. 47.
143 RDC, Rapport national sur les OMD, op.cit, p.30.
plus, les énormes besoins de construction et de
réhabilitation des infrastructures scolaires imposent une plus grande
participation des pouvoirs publics.
c) Améliorer le système statistique afin de
faciliter le suivi des réformes et des programmes : Cette
amélioration doit concerner aussi bien la quantité que la
qualité des données statistiques produites. Un effort
considérable devrait également être réalisé
au niveau de l'analyse et de la gestion des statistiques, une publication
régulière et périodique est plus que souhaitable. Une
attention particulière devait être attachée à la
Division Provinciale de l'EPSP/Sud-Kivu où il existe un service des
statistiques mais presque non fonctionnel. Les rapports qui y sont
envoyés chaque année par les gestionnaires des écoles ne
sont pas compilés, moins encore ventilés. Ceci constitut un
problème majeur aux chercheurs et sont obligés de se contenter
des rapports de l'UNICEF, de la Banque Mondiale, de l'UNESCO et très
récemment de la Division Provinciale du Plan grâce au soutien de
l'UNICEF et du PNUD.
B) Amélioration des politiques et des
programmes.
Etant donné que le droit à l'éducation
s'articule autour d'une approche genre, le gouvernement devait intensifier
l'introduction du concept « genre » dans les programmes de
développement des droits des enfants, accélérer le «
Programme Multisectoriel d'urgence de Réhabilitation et de
Reconstruction (PMURR) », lancé en 2002, qui concentre ses efforts
sur la réhabilitation des infrastructures et qui est soutenu par la
Banque Mondiale, prévoyant la réhabilitation des écoles
à Kinshasa, Bas-Congo, Bandundu, les deux Kasaï et le
Katanga.144 Ce programme devrait être élargi aux
provinces du Sud-Kivu, du Nord-Kivu et Orientale pour avoir subi les plus
grands affres de la guerre.145
Dans le même ordre d'idée, l'appui de l'UNICEF
consistant à assurer la formation des enseignants, comme le cas de
l'Angola sus évoqué, et l'encouragement de l'inscription massive
des enfants en première année primaire, tout en mettant un accent
particulier sur l'inscription des filles, s'avère d'une grande
importance.
144 RDC, Rapport National sur les OMD, op.cit p. 31.
145 C'est nous qui soulignons.
L'Etat doit soutenir aussi le Programme Multisectoriel
d'urgence de Réhabilitation des infrastructures sociales (PMURIS)
financé par la BAD qui prévoyait, en 2004, la
réhabilitation (bâtiment et équipement) de 3.000
écoles primaires à 6 classes, la fourniture des manuels
scolaires, la formation et le renouvellement des enseignants et le renforcement
de la gestion du secteur.146
La mise en oeuvre des programmes ci-contre consacrerait la
réalisation de la 1ère phase (phase d'urgence) du plan-cadre de
l'Education élaboré par le gouvernement en 1999, plan qui n'a
jamais été adopté par le Parlement.
En effet, le Gouvernement avait, dès le début
des années 1990, entamé la préparation d'une
réforme en profondeur du système éducatif national. Sur
base de la Charte nationale de l'Education adoptée par la
Conférence Nationale Souveraine en 1992, le Gouvernement avait
commencé en 1996 la préparation d'un projet d'un nouveau
système éducatif, par la tenue des Etats Généraux
de l'Education.
Le plan cadre de l'Education formulé en 1999, avec
l'appui du PNUD et de l'UNESCO ambitionnait de reconstruire le système
éducatif sur une période allant de 1998- 2008 en trois phases
:
· La phase d'urgence (1999-2000) seront la
réhabilitation des écoles primaires, la fourniture des
équipements et des manuels scolaires, le recyclage et la formation des
enseignants, et la formation professionnelle ;
· La phase de mise en oeuvre proprement dite du nouveau
système éducatif pour tous (2001-2004) ; et
· La phase de consolidation (2005-2008).147
Malheureusement, avec la mort de Mzee Laurent
Désiré KABILA, initiateur du plan cadre dont question, tout est
tombé dans l'oubli. Examinons, à présent, les
stratégies spécifiques à la Province du Sud-Kivu.
C). Stratégies spécifiques à la province
du Sud-Kivu.
Le Sud-Kivu est l'une des 26 provinces qui constituent la RDC
conformément aux dispositions de l'art. 2 de la Constitution. Elle est
une entité décentralisée dotée de la
146 RDC, Rapport National sur les OMD, idem. p. 32.
147 RDC, Ibidem.
personnalité juridique et jouissant de la libre
administration et de l'autonomie de la gestion de ses ressources
financières, économiques, humaines et techniques
conformément aux dispositions de l'art. 3 de la Constitution. La part
des recettes à caractère national allouées à la
province est établie à 40% (art. 157). Toutefois, elle peut
bénéficier des fonds supplémentaire auprès de la
caisse nationale de péréquation, instituée par l'art. 181
et ayant comme mission de financer des projets et programmes d'investissement
publics, en vue d'assurer la solidarité nationale et de corriger le
déséquilibre de développement entre les provinces et entre
les autres entités territoriales décentralisées. Elle a
une population de 4.715.056 habitants.148 Elle compte 2384
écoles primaires dont 2033 fonctionnelles avec un effectif, au cours de
l'année- scolaire 2006-2007, de 637636 élèves, en raison
de 336757 garçons (soit 53 %) et 300879 filles (soit 47%).149
Ceci étant, nous allons passer en revue les difficultés majeures
qui affectent l'enseignement universel dans la province (a), avant d'aborder
les stratégies pouvant permettre de les résoudre (b).
a. Les difficultés majeures qui affectent le droit de
l'enfant à l'éducation au Sud-Kivu.
Comme indiqué ci-contre, ces difficultés sont
presque les mêmes au niveau national et provincial. Au plan politique,
nous devons noter que la Province du Sud-Kivu, à coté de celle du
Nord Kivu, a reçu en 1994, après le génocide rwandais, des
réfugiés qui ont été installés sur des sites
abritant des écoles, avec comme conséquence, la destruction du
tissus environnemental. Qu'à cela ne tienne, elle demeure parmi les
provinces qui ont subi d'énormes exactions dues à la guerre
menée par des groupes rebelles qui ont occupés l'Est du pays
pendant 5 ans. Elle demeure, jusque maintenant, l'une des provinces du pays
dont la situation sécuritaire, à l'intérieur, cause de
nombreuses perturbations dans le bon fonctionnement des institutions
scolaires.
Avec l'avènement de la troisième
République, il y avait une lueur d'espoir fondée sur la retenue
à la source de 40% des recettes générées par la
province. Mais malheureusement, la réalité n'a pas suivie
d'effets en dépit de la promulgation de la Loi n° 08/012 du 31
juillet 2008 portant principes fondamentaux relatifs à la libre
administration des provinces qui a transféré à la province
certains domaines du droit à l'éducation, conformément aux
dispositions de l'art. 203 de la Constitution.
148 OCHA, Situation humanitaire au Sud-Kivu, Bukavu, 30
juillet 2008, Inédit
149 Division provinciale de l'EPSP, Rapport annuel 2006-2007
b. Stratégies pour la réalisation du droit de
l'enfant à l'éducation au Sud-Kivu.
Comme l'indique l'art. 32 de la Loi portant principes
fondamentaux relatifs à la libre administration des provinces, la
répartition des compétences entre le pouvoir central et la
province s'effectue conformément aux dispositions 202, 203 et 204 de la
Constitution. Or, ces articles déterminent respectivement les
matières exclusives à la compétence du pouvoir central,
les matières concurrentes entre ce dernier et les provinces, et celles
exclusives à la compétence de la province. Il en est ainsi de la
mise en oeuvre des mécanismes de la promotion et de sauvegarde des
droits humains et des libertés fondamentales consacrés dans la
Constitution qui est une matière concurrente. Toutefois, l'enseignement
maternel, primaire, secondaire, professionnel et spécial ainsi que
l'alphabétisation des citoyens conformément aux normes
établies par le pouvoir central est désormais de la
compétence exclusive de la province conformément aux dispositions
des articles 204, al. 13 de la Constitution et 37, al. 7 de la Loi portant
principes fondamentaux relatifs à la libre administration des
provinces.
Le problème majeur à résoudre par la
province, en priorité, demeure la paie des enseignants. Pour y parvenir,
la province doit disposer d'un budget capable de relever le défi.
Malheureusement, cela ne semble pas être le cas. Si l'on pouvait croire
que le budget provincial de l'exercice 2008 ne pouvait pas résoudre le
défi pour la simple raison que le 40% n'étaient pas retenus
à la source, le budget 2009 non plus n'a pas donné de solution.
Dans le budget 2008, il était affecté à l'éducation
2,91%, soit 128.608.645.05 FC
équivalent à 233.833,9 dollars. Comparativement au
chantier éducation, ce montant est loin de couvrir la paie des
enseignants pour ne citer que ce seul aspect. Ce pourcentage attendait, pour
être concrétisé, 100.240.000 FC provenant
des frais payés par des finalistes du secondaire et du primaire pour
passer les épreuves de fin de cycle. Cela a amené à
l'Observation du CEGEC de s'interroger si la Province ne saurait donc pas
honnêtement les compter au titre de ses actions en faveur de
l'éducation puisqu'elle est incapable d'organiser des épreuves
sans rançonner les pauvres parents déjà tant sucés
par le paiement du minerval, des primes et frais de toute nature.150
Et comme il fallait attendre, le budget 2009 de la province n'a pas
résolu grand-chose. Ce budget de 64.066.743.437,87 FC,
soit 112.397.795,5 dollars américains présente
un accroissement de 41 % par rapport à celui de 2008 qui était de
l'ordre de 42.493.668.169,07 FC, soit 74.550.295
dollars américains. Malheureusement, il n'a
été
150 UCB, « Budget de la province ou du gouvernorat? La
population du Sud-Kivu peut encore attendre (...), Observation du CEGEC,
Feuillet hebdomadaire d'informations divers, 02 juillet 2007.
affecté que 23, 77% aux chantiers
éducation et santé. Ce pourcentage doit couvrir la paie du
personnel de l'EPSP et de l'inspection provinciale de la santé, en plus
de l'achat des fournitures et matériels médicaux, etc.
De ce qui précède, il appert que pour rendre
l'enseignement universel effectif au Sud-Kivu, la Province doit soit,
améliorer son budget 2010, ou faire appel à la caisse de
péréquation pour lui venir en aide. Quoi qu'il en soit, la
priorité demeure la paie des enseignants pour améliorer tant soit
peu la qualité de l'éducation et parvenir à asseoir
certaines stratégies internes et externes à la salle de
classe.
§2. Les stratégies internes et externes
à la salle de classe.
Il s'agit des stratégies dans la salle de classe (A) et
des stratégies à l'extérieur de la salle de classe (B). En
effet, il a été prouvé que les stratégies
décrites ci-dessous, qu'elles soient appliquées à
l'intérieure ou à l'extérieur de la classe, ont
amélioré les taux de fréquentation scolaire et de
réussite chez les filles dans certains pays. Chacune de ces
stratégies met en valeur un certain type d'école proposant une
méthode d'apprentissage efficace dans un environnement sûr et
sain, qui tienne compte des différences entre les sexes, et où
l'enfant occupe une place centrale : c'est ce que l'UNICEF appelle une
école adaptée aux enfants.151
A. Les stratégies dans la salle de classe.
Ces stratégies s'articulent autour de
l'égalité des chances, du dévouement des enseignants, de
la promotion de la santé, etc.
a) Mieux centrer la classe sur les besoins de l'enfant dans le
respect des différences entre
les sexes.
Cette stratégie permet d'enraciner les activités
dans la vie et le contexte communautaire. Cet aspect interculturel s'appuie sur
un enseignement et un apprentissage participatifs, dans lequel le jeu et
l'étude se combinent de façon créative. Les enseignants
doivent utiliser du maximum les langues et la culture pour imprégner aux
écoliers la valeur
151 UNICEF, Situation des enfants dans le monde,
op.cit., 2004, p. 83.
culturelle. Cela, partant du premier objectif de
l'EPT152, doit tenir compte des droits des enfants des peuples
autochtones, des handicapés physiques (sourds muets, aveugles, etc.),
des orphelins de guerre, ainsi que ceux nés issus du viol au même
titre que les autres.
b) Recruter et former des enseignants soucieux
d'équité entre les sexes et des droits de l'enfant et verser
à ces derniers un salaire régulier leur permettant de mener une
vie
décente.
Les enseignants, hommes et femmes, devraient suivre une
formation qui les sensibilise aux spécificités des sexes dans la
salle de classe. Sans quoi, rien n'exclut que certains enseignants continuent
à valoriser et encourager davantage la participation des garçons
au détriment de celles des filles et qu'ils ne doivent répartir
les tâches selon des schémas discriminatoires stricts, laissant
aux filles le soin de balayer la classe et de nettoyer les toilettes. Cette
stratégie devait s'inscrire dans le cadre de l'art 45 de la Constitution
qui dispose, en son 4ème alinéa que : « Les
pouvoirs publics ont le devoir de promouvoir et d'assurer, par l'enseignement,
l'éducation et la diffusion, le respect des droits de l'homme, des
libertés fondamentales et des devoirs du citoyen énoncés
dans la présente Constitution ; Les pouvoirs publics ont le devoir
d'assurer la diffusion et l'enseignement de la Constitution, de la
Déclaration universelle des droits de l'homme, de la Charte africaine
des droits de l'homme et des peuples, ainsi que de toutes les Conventions
régionales et internationales relatives aux droits de l'homme et au
droit international humanitaire dûment ratifiées ».
Le terme « devoir » fait que les pouvoirs publics ne
s'engagent pas avec détermination dans ce que la Constitution leur a
assigné comme mission. D'où le terme « obligation
conviendrait mieux ». Qu'à cela ne tienne, l'on devait au besoin
envisager une formation des enseignants en matière de droits de l'homme
en général, et droits des enfants en particulier, afin de
permettre à ces derniers d'être en même de faire
connaître aux enfants leurs droits, et de les épargner des grandes
difficultés lorsque cette disposition sera effective dans les programmes
nationaux d'enseignement. Cela répondrait à l'adage cher aux
pédagogues d'après lequel « pour enseigner court comme un
doigt, il faut connaître long comme un bras ».
152 Développer et améliorer sous tous leurs aspects
la protection et l'éducation de la petite enfance, notamment des enfants
les plus vulnérables et défavorisés.
c) Promouvoir la santé dans les écoles.
Cette stratégie devait être tenue dans les
programmes nationaux d'enseignement primaire. Cela permettrait d'adopter une
approche globale de la santé fondée sur l'enseignement des
aptitudes à la vie quotidienne et d'éducation pour une vie saine
et de prévention du VIH/SIDA. La stratégie doit s'appliquer
à toute une gamme de problèmes sanitaires et sociaux du VIH/SIDA,
à l'hygiène personnelle, de la nutrition aux stupéfiants,
et examiner dans le cadre d'activités destinées à
développer les aptitudes à la vie quotidienne telles que la
communication, la coopération et la solution des problèmes.
La réussite de cette stratégie permettrait de
mettre en place des dispensaires dans des écoles et d'engager des
infirmiers pouvant intervenir dans un cas d'urgence. Elle permettrait
également l'amélioration de la santé des filles à
l'école, et par ricochet les inscriptions massives. A Bukavu, cette
stratégie a résolu beaucoup de problèmes au Lycée
WIMA où les gestionnaires ont renforcé le dispensaire scolaire en
médicaments et en équipement d'urgence.
d) Promouvoir le sport à l'école.
Cette stratégie permet aux filles de pratiquer le sport
au même pied d'égalité que les garçons et cela
contribue à la parité dans les inscriptions massives. Etant
donné que le sport était réservé aux garçons
dans beaucoup d'école, la participation des filles remet en question les
stéréotypes sexistes et des aptitudes profondément
ancrées. Au fur et à mesure que les athlètes de sexe
féminin sont mieux reconnues, elles servent de modèle aux autres
filles. Nul ne peut s'en douter du revenu potentiel que ces dernières
ramènent dans le pays et sur le plan mondial. Le sport donne aux filles
l'occasion de prendre des responsabilités tout en renforçant leur
confiance et leur estime de soi. En faisant du sport, les filles apprennent
à établir des relations sociales grâce aux réseaux
ainsi créés, de nouvelles possibilités s'offrent à
elles, ce qui leur permet de s'engager davantage dans la vie scolaire et
communautaire.
e) Assouplir l'enseignement.
Les enfants sont souvent exclus de l'école en raison
des responsabilités familiales ou des tâches domestiques qui leur
incombent. Nul ne peut s'en douter que ce problème touche plus les
filles que les garçons. L'on pouvait s'inspirer de l'exemple du
Bangladesh où les autorités locales ont accordé la
priorité aux filles et dont leur exemple a inspiré de nombreux
pays. L'horaire est souple ; les classes, qui durent deux heures par jour, sont
organisées six jours par semaine, mais le moment de la journée
consacré à l'étude est choisi par les parents et le
calendrier scolaire s'ajuste aux besoins locaux, à l'instar des
récoltes, etc.153
f) Expliquer en langue locale.
Lorsque la langue d'enseignement n'est pas la langue
maternelle de l'enfant, certains d'entre les écoliers sont souvent plus
défavorisés pour non adaptation aux milieux sociaux
extérieurs à leur famille immédiate. La difficulté
peut se poser en RDC où il y a plusieurs dialectes. Mais au besoin, l'on
devait procéder à l'explication en langue nationale de la
région où les enfants se trouvent, et pour les écoles du
milieu rural, l'explication devait se tenir en langue maternelle de l'enfant
afin de s'assurer que l'enfant s'est imprégné des nouvelles
connaissances apprises. Au Pérou et au Rwanda, l'enseignement du
degré élémentaire (1ère année
surtout), se fait d'abord en langue maternelle. Pour la suite, les enfants
apprennent en espagnol, deuxième langue du pays, pour le
Pérou.154
B. Les stratégies à l'extérieur de la
salle de classe.
Ces stratégies s'articulent autour de la mise sur pied
des statistiques ventilées par sexe sur l'éducation, l'adoption
des mesures spéciales pour atteindre les filles les plus
désavantagées, l'ouverture des écoles plus proches du
domicile des enfants, la garantie de la sécurité des
écoliers, etc.
a) Réunir des statistiques ventilées par sexe
sur l'éducation.
Ces statistiques, on ne le dira jamais assez, doivent porter
notamment sur les résultats scolaires aux niveaux primaires, secondaire
et supérieur. Elles doivent servir
153 UNICEF, op.cit., p. 85.
154 Idem., p. 85
d'indicateur sur le taux de scolarisation des filles et des
garçons. Ces données sont essentielles pour l'amélioration
de la qualité de l'enseignement et de l'apprentissage, et pour mesurer
les progrès accomplis vers la réalisation des OMD. Outre la
ventilation des statistiques par sexe, les données devraient, si
possible, être ventilées par facteur notamment la situation
géographique urbaine et rurale, la situation géographique de la
famille (famille pauvre, famille riche), la situation des enfants
handicapés, des enfants des peuples autochtones et le niveau
d'éducation de la mère. L'analyse des données de ce type
permet, à titre d'exemple, de comprendre comment la pauvreté d'un
enfant et son origine ethnique peuvent aggraver les difficultés
auxquelles un enfant se heurtait déjà à cause de son
sexe.
b) Adopter des mesures spéciales pour atteindre les
enfants les plus désavantagés.
L'analyse des rapports tout au long de notre recherche prouve
que les enfants des milieux ruraux et ceux des familles pauvres, sont les plus
souvent victimes de discrimination et d'exclusion, et particulièrement
les filles qui souffrent souvent des multiples désavantages en regard de
leur sexe. Plus une fille est désavantagée, plus il est important
que le système éducatif l'aide en adoptant des mesures
spéciales, plutôt que de supposer qu'elle prendra en marche le
train de l'éducation pour tous.
c) Ouvrir des écoles plus proches du domicile des
enfants.
Dans un pays comme la RDC où la guerre et
l'insécurité n'ont toujours pas cessé, les enfants ont une
difficulté majeure de se déplacer à une longue distance
pour aller à l'école dans les zones insécurisées.
Particulièrement, les jeunes filles sont les plus concernées par
les multiples violences exercées sur elles et notamment le viol et
l'enlèvement pour servir des rançons au d'esclaves sexuelles. A
cet effet, l'expérience du Burkina Faso pourrait servir d'exemple. Ce
pays, tenant compte du fait qu'il ait peu de chances que les filles aillent
à l'école si elles se trouvent loin de chez elles à cause
d'éventuels problèmes de sécurité sur le chemin, a
créé un réseau « d'écoles satellites ».
Il s'agit de petites écoles n'offrant que les trois premières
classes, ce qui permet aux jeunes enfants (qui commencent l'école
à 7 ans) d'acquérir leur première expérience de
l'école dans leur village ou à proximité. Depuis leur
création en 1995, plus de 100.000 filles et garçons ont
fréquenté ces 229 écoles satellites. Comparés aux
élèves qui fréquentent le système scolaire
classique, les enfants qui achèvent le cycle de ces écoles
satellites ont un meilleur niveau en écriture, en lecture et en
mathématique, avec des taux de réussite une fois
et demie, voire deux fois supérieurs. Ces écoles affichent
également le taux de rétention de près de 95 pour cent.
Ces résultats positifs s'expliquent par un certain nombre de facteurs,
notamment l'enseignement en langue locale, ce qui accélère
l'apprentissage, la motivation des parents et un nombre d'élèves
par enseignant plus faible que dans les autres écoles (25
élèves par enseignant dans les écoles satellites contre 48
élèves par enseignant dans les autres
écoles).155
d) Garantir la sécurité des
écoliers.
Cela signifie qu'il faut non seulement que les abords de
l'école soient sûrs, mais aussi les locaux eux-mêmes doivent
inspirer confiance. L'éducation est un facteur essentiel quant elle est
de bonne qualité mais elle ne remplit pas son rôle quand elle est
dispensée dans un environnement marqué par la violence. Lorsque
les écoles sont associées à une violence sexuelle ou
physique, ou encore à une corruption exagérée,
l'accès des filles à l'éducation s'en ressent car il est
évident que les parents hésiteront à les inscrire dans de
tels établissements.
De même, l'accès à l'eau potable et
installation des latrines est un atout important pour la santé des
élèves. Les toilettes des garçons doivent être
séparées de celles des filles pour éviter la
promiscuité. L'eau contribue davantage à l'assainissement des
écoles à côté de l'électricité et de
la peinture adoptée, ces trois facteurs permettent aux
élèves d'éviter des maladies nosocomiales qu'on attrape
dans un environnement malsain où l'on passe la plupart de son temps.
e) Faire participer la population locale.
Appelé encore « développement
endogène », cette stratégie permet à la
population locale de s'approprier tout projet de développement qui est
élaboré dans leur intérêt. Cela étant, la
campagne destinée à l'inscription massive des enfants à
l'école, tout comme la construction des nouvelles écoles dans les
milieux devaient montrer à la population locale, à travers les
chefs locaux, le bien fondé des activités en cause. Cela
permettrait une solution de plusieurs problèmes liés au milieu
respectif.
155 UNICEF, op.cit., p.86.
La participation locale pourrait alléger le travail
domestique qui fait que beaucoup de filles restent à la maison pour
aider aux tâches ménagères. En donnant aux
communautés ou aux groupes des femmes des équipements tels que
des moulins à céréales, des décortiqueuses, des
charrettes, des jerrycans pour la conservation de l'eau, on peut alléger
la charge de travail et libérer les filles qui pourront ainsi
fréquenter l'école.
Il en va de même lorsque les enfants ne sont pas
scolarisés parce qu'ils doivent aller tirer l'eau d'un puits
traditionnel ou à une pompe éloignée ; la création
de points d'eau peut soulager, tout en provisionnant en eau salubre l'ensemble
de la communauté.
Quoi qu'il en soit, le droit de l'enfant à
l'éducation étant à la fois programmatoire et à
réalisation progressive, les stratégies ci-avant
développées ne sont pas cumulatives pour un pays comme la RDC. Le
gouvernement devra procéder à une analyse des obstacles
particuliers que les élèves, et particulièrement les
filles, doivent surmonter avant d'opter le train de mesures le plus
approprié.
Toutefois, pour la RDC, rendre l'éducation gratuite et
obligatoire est la pierre angulaire de tout programme national visant à
éliminer les disparités entre les sexes dans l'éducation
et à atteindre l'objectif de l'éducation universelle. Cela
résoudrait un grand nombre de problèmes pour les parents qui sont
confrontés à des difficultés économiques qui les
obligent à faire un choix et qui décident enfin de compte
d'envoyer les garçons à l'école à la mercie des
filles. Ainsi, l'élimination des frais scolaires ou l'offre d'un soutien
financier aux familles dont les filles sont scolarisées, ainsi que
l'explication des avantages qui accompagnent la scolarisation des filles,
revêtent à ce égard une importance capitale. Pour y
parvenir, une certaine émulation doit guider les dirigeants congolais en
s'inspirant des progrès des autres pays tout en respectant les
engagements par eux pris au niveau international (section
3ème).
Section 3ème : Inspiration des
progrès des autres pays et le respect des engagements
internationaux.
Nous allons jeter un regard sur les stratégies mises en
place par le Rwanda et le Kenya (§1) avant de faire allusion aux
engagements internationaux (§2).
§1. Les stratégies mises en place par le
Rwanda et le Kenya.
A. L'adieu aux frais de scolarité au Rwanda.
Le Rwanda dont l'histoire récente a été
marquée par le génocide de 1994, est en totale reconstruction
depuis plusieurs années et le nouveau pouvoir rwandais a fait de
l'éducation une priorité, poursuivant fidèlement les
objectifs internationaux.156Le pays a enregistré des
sérieux progrès dans la scolarisation primaire, mais de graves
problèmes subsistent dans ce pays caractérisé par une
forte densité de population rurale et un nombre record d'enfants
orphelins. Comment ce pays est-il parvenu à se tirer d'affaires ?
La politique éducative au Rwanda est entièrement
alignée sur les OMD et la lutte contre la pauvreté.
L'amélioration de l'éducation figure parmi les objectifs
prioritaires du dernier DSRP. Le pays a, en outre, intégré dans
sa politique le programme d'éducation pour tous et était en voie
d'être élu par la FTI en 2006.
Depuis la fin du génocide, des efforts importants ont
été déployés dans le but d'atteindre la
scolarisation primaire universelle, tout en atteignant un niveau de
parité de genre exceptionnellement élevé par rapport au
reste de l'Afrique. Ainsi, le Rwanda avait déjà atteint la
parité filles/garçons dans le cycle primaire, tandis que son taux
net de scolarisation primaire atteint 93,5% en 2005.
Même si la politique du gouvernement vise la
gratuité de l'enseignement primaire, les ménages doivent assumer
une partie des frais scolaires, dire mieux les subsides au minerval en primaire
qui sont passés de 300 FRW en 2004 (soit 200 FC) à 1.000 F RW en
2005 (soit 600 FC). Le Rwanda ne disposant pas d'un grand nombre d'enseignants,
a adopté la politique d'importer sa main d'oeuvre de l'extérieur
et principalement de la RDC. Un aspect important dans la qualité de
l'enseignement est l'existence d'un programme scolaire actualisé,
accompagné de manuels et du matériel pédagogique
approprié. Ce programme est dispensé dans trois langues à
savoir le Kinyarwanda, le Français et l'Anglais.157
Le pays a réussi grâce à sa transparence dans
la gestion des financements et de l'aide reçus de la communauté
internationale. En plus, il a instauré le système des banques
156 CWBCI, op.cit., p.31.
157 Banque Mondiale, op.cit., p.96.
dans la gestion des salaires des enseignants et affecte depuis
2000 plus de 15% de son budget national à l'éducation, et de
surcroît, il tend à informatiser la plupart de ses
écoles.
Selon les Nations Unies, le Rwanda compte aujourd'hui plus de
2000 écoles primaires qui accueillent plus de 1,5 millions d'enfants. Le
taux net de scolarisation primaire a sensiblement augmenté ces
dernières années. A ce rythme-là, le pays devrait
atteindre le premier indicateur de l'OMD 2, à savoir la scolarisation
universelle en 1ère année primaire. L'objectif 3 est
quant à lui atteint en ce qui concerne la parité d'accès
en primaire.158
Cet exemple devrait inspirer la RDC, surtout en matière de
gestion des fonds publics et encore que le Rwanda demeure également un
pays rangés parmi les pays pauvres de la planète.
B. L'adieu aux frais de scolarité au Kenya.
Au Kenya, il y a cinq ans l'enseignement primaire se heurtait
à des problèmes sérieux comme ceux de la RDC. Cette
situation défavorisait plusieurs enfants plus vulnérables en
raison de la pauvreté et surtout pour ceux dont les parents sont morts
du SIDA. Avant 2003, les frais scolaires étaient alourdis par le
coût des cahiers, des uniformes et examens, et les responsabilités
familiales, telles que les soins à apporter à des parents malades
continuaient d'empêcher des familles pauvres d'une grande partie du Kenya
d'envoyer leurs enfants à l'école comme dans la plupart des pays
en développement.
L'UNICEF indique qu'à KIBERA par exemple, le plus gros
bidonville de Nairobi, la plupart des parents n'avaient pas les moyens
d'inscrire leurs enfants à l'école. Avec un revenu mensuel moyen
d'environ 27 dollars, une somme qui doit servir à payer le loyer ; la
nourriture, l'eau et les soins de santé, il leur était bien
difficile de trouver l'argent pour la scolarisation de leurs enfants. Il
était donc difficile pour un parent d'un tel rang, de payer les 133
dollars d'inscription, sans parler des 27 dollars que coûte l'uniforme de
l'école159. La question la plus importante est celle de
savoir alors comment le Kenya est-il parvenu à se tirer du gouffre des
frais scolaires ?
Il est important de noter que le Kenya n'a pas connu un
régime politique aussi instable comme celui de la RDC. Néanmoins,
ce pays est compté parmi ceux de la région où
158 CWBCI, op.cit, p.73.
159 UNICEF, op.cit, 2004, p.36.
le nombre d'orphelins du SIDA, affectés non seulement
par la pauvreté mais aussi par la stigmatisation sociale et la maladie,
augmente rapidement. Et pourtant, en dépit de cet état de chose,
les enfants étaient prêts à aller à l'école
pourvu que l'on supprime les frais de scolarité.
Cette expérience a été une
réalité au Kenya. Depuis janvier 2003, plus d'1,3 million
d'enfants sont allés à l'école pour la première
fois dans le cadre d'une politique d'éducation primaire gratuite pour
tous. La suppression des frais scolaires a fait passer les inscriptions
à l'école primaire publique nationale de 5,9 millions à
7,2 millions d'élèves.
Des expériences similaires ont été
rapportées au Malawi, en République-Unie de Tanzanie et en
Ouganda. Le tableau qui suit illustre davantage ce qui vient d'être
énoncé160
Tableau récapitulatif
Pays Nombre d'inscriptions avant la
suppression des frais de scolarité.
|
Nombre d'inscriptions après la suppression des frais
de scolarité.
|
KENYA 5,9 millions 7,2 millions (augmentation de 22%, soit 1,3
million, durant la 1ère semaine de 2003) MALAWI
1,9 Million 3 millions
OUGANDA 2,5 Millions (1997) 6,5 millions (2000)
Rép-Unie 1,4 Million 3 millions de Tanzanie
Cette montée en flèche du nombre d'inscriptions
au Kenya n'est pas allée sans problèmes. L'Ecole AYANI par
exemple, a enregistré 100% du nombre d'inscriptions et, comme beaucoup
d'établissements du pays, a souffert d'une pénurie de pupitres,
de papiers et de fournitures scolaires. Dans une salle de classe prévue
pour 35 élèves, d'un coup on y a retrouvé 70
élèves.
Face à cette situation, le ministère Kenyan de
l'éducation en collaboration avec l'UNICEF, a lancé l'initiative
dite « pour une école primaire adaptée aux enfants
». Cette initiative vise d'améliorer la qualité de
l'enseignement, de sorte qu'une fois que les enfants ont commencé les
classes, ils y restent et y acquièrent les compétences de base de
l'enseignement primaire. Ainsi, le pays est parvenu à rendre effectif
l'enseignement primaire gratuit et obligatoire grâce aux efforts
nationaux et, surtout pour avoir été partie à
l'équipe de 20 pays qui ont bénéficiés les
avantages de la FTI. La crédibilité du Kenya en face de la
160 UNICEF, Idem, p.35.
Communauté internationale a permis à la Banque
Mondiale, le Department for International Development du Royaume-Uni et
l'UNICEF de fournir les livres ainsi que du matériel d'éducation
et des équipements récréatifs. Cela a permis en plus aux
enseignants qui avaient été formés en 2002 de transformer
les classes de base de premier niveau en un environnement mieux adapté
et qui stimule l'apprentissage. L'UNICEF a en plus contribué à la
formation de quelque 1.000 enseignants et il en a formé environ 5.000 de
plus durant le premier semestre 2003.
Cette expérience montre bel et bien que la RDC a du
pain sur la planche. Il ne suffit pas de consacrer la gratuité des frais
scolaires dans la Constitution. Il faut en plus tenir compte de plusieurs
paramètres comme ceux rencontrés au Kenya et au Rwanda d'une
part, et ceux envisagés en terme de stratégies aux
difficultés qui affectent l'éducation en RDC. A côté
de cela, le respect des engagements pris au niveau international demeure d'une
importance capitale.
§2. Le respect des engagements pris au niveau
international.
Point n'est besoin de revenir sur tous les engagements
internationaux pris par la RDC en matière d'éducation.
Néanmoins, il sied de rappeler qu'il y a à peine 7 ans depuis que
189 Etats s'étaient réunis au siège de l'ONU pour mettre
sur pied la déclaration du millénaire. Au cours de la même
année, 164 gouvernements, ainsi que des organisations partenaires du
monde entier, prenaient ensemble l'engagement de développer
spectaculairement les possibilités d'éducation offertes aux
enfants, aux jeunes et aux adultes à l'horizon 2015. Tel avait
été l'engagement des participants au Forum mondial sur
l'éducation, tenu à DAKAR du 26 au 28 avril 2000, à
l'occasion ils ont fait de cet engagement une vision globale de
l'éducation ancrée dans les droits de l'homme, réaffirmant
l'importance de l'apprentissage à tous les âges et soulignant la
nécessité de mesures spéciales pour atteindre les groupes
les plus démunis, les plus vulnérables et les plus
défavorisés de la société.161
Nous allons focaliser notre attention sur la stratégie
d'accélération : 25 d'ici 2005, et le séminaire
international sur l'Abolition des frais scolaires.
161 UNESCO, Rapport mondial de suivi sur l'EPT , 2008,
p.3, disponible sur
www.unesco.org
A. La stratégie d'accélération dite 25
d'ici 2005.
Quoique antérieure à notre époque, cette
stratégie revêtait une importance capitale et contribuerait
à l'amélioration de l'enseignement primaire en RDC si les
autorités étaient engagées à respecter les
engagements pris.
Pour les 24 ministres de l'éducation et d'autres
personnalités éminentes de pays de l'Afrique de l'Ouest qui
étaient réunis pour débattre des investissements les plus
efficaces pour inciter les garçons et les filles à se rendre
à l'école, les avantages de l'éducation sont
incontestables. Comme l'a observé un délégué de la
Sierra Leone, « nous savons d'expérience que l'ignorance tue
».162
L'UNICEF et la Banque Mondiale avaient invité à
Ouagadougou (Burkina Faso) en 2004, des ministres et spécialistes de
l'éducation pour qu'ils s'engagent à nouveau à atteindre
l'objectif de l'éducation pour tous. Avant même qu'ils ne
s'assoient à la table de conférence, une bonne partie des
ministres avaient déjà signé la Déclaration de
Ouagadougou qui reconnaît l'importance de l'éducation des filles
pour le développement de leur pays, et qui demande aux gouvernements de
s'engager à redoubler d'efforts pour scolariser autant de filles que de
garçons.
Les 25 pays participants163 ont été
sélectionnés parce qu'ils répondaient à au moins un
des critères suivants: faible taux de scolarisation des filles,
différence d'au moins 10% dans la scolarisation des garçons et
filles pour le cycle primaire, présence d'au moins un million de filles
non scolarisées, bénéficiaires de l'Initiative de la
Banque Mondiale pour l'accélération de l'éducation pour
tous et frappés de plein fouet par des crises qui affectent la
scolarisation des filles, comme le VIH/SIDA ou des conflits armés, entre
autres.
Etant entendu que la cible basée sur
l'égalité des sexes était censée être
atteinte dans l'enseignement universelle en 2005, l'UNICEF a estimé que
si l'on ne s'intéressait pas aux besoins des filles en particulier, on
ne parviendra pas à atteindre l'objectif d'une éducation primaire
universelle ; ce qui l'a amené à lancer « l'initiative 25
d'ici à 2005 ». Le
162 UNICEF, op.cit, 2004, p.3.
163 Afghanistan, Bangladesh, Bénin, Bhoutan, Bolivie,
Burkina Faso, République Centre-africaine, Tchad, RDC, Djibouti,
Erytrhée, Ethiopie, Guinée, Inde, Malawi, Mali, Népal,
Nigeria, Pakistan, Papouasie- Nouvelle Guinée, Soudan, Turquie,
République-Unie de Tanzanie, Yémen et Zambie.
but n'était pas de remplacer les initiatives et efforts
existants, mais de les compléter et de les renforcer pour progresser
plus rapidement dans ce secteur de l'éducation des filles.
Malheureusement, après l'échéance, la RDC
n'est toujours pas en même de respecter encore une fois cet engagement.
Il en est de même de celui de BAMAKO pris en 2007 lors du
séminaire international sur l'abolition des frais scolaires (B).
B. Le séminaire international sur l'abolition des
frais scolaires.
Ce séminaire tenu à BAMAKO au Mali du 19 au 20
juin 2007 avait réuni plus de 23 pays164 dont la RDC.
Initié par l'Association pour le développement de
l'éducation en Afrique (ADEA), l'UNICEF, la Banque Mondiale en
collaboration avec le ministère de l'Education national du Mali, cette
rencontre a consisté en un échange d'expériences et a
abouti à la conclusion selon laquelle : " les frais scolaires
doivent être supprimés parce qu'ils écartent de
l'école de nombreux enfants et la plupart de ceux exclus comptent parmi
les plus vulnérables de nos sociétés".
A l'ouverture des travaux, le directeur exécutif de
l'ADEA, Monsieur Mamadou NDOYE, a précisé que la plupart de 77
millions d'enfants n'ayant pas accès à l'éducation
proviennent des familles les plus pauvres et les plus démunies. Or,
cette éducation est nécessaire aux enfants pour acquérir
des compétences, avoir des perspectives plus larges de promotion,
bénéficier de meilleures opportunités de revenus et avoir
des chances de briser le cycle inter-génération.165
En fin de compte, les participants se sont accordés en
signant une déclaration énonçant que l'accès de
tous les enfants à l'école est un droit fondamental et essentiel
auquel souvent les frais de scolarité constituent une barrière
pour l'accès des enfants surtout des filles.
164 Bangladesh, Benin, Burkina Faso, Burundi, Ethiopie, Ghana,
Guinée, Haiti, Kenya, Lesotho, Liberia, Malawi, Mozambique, Papouasie
Nouvelle-Guinnée, RDC, Sénégal, Siérra Leone, Sri
Lanka, Togo, Yémen et Zambie.
165 Le Séminaire international sur l'abolition des frais
scolaires, disponible sur
www.maliweb.net
(c)
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95 CONCLUSION GENERALE
L'objet de notre étude était de faire une
évaluation sur l'effectivité du droit de l'enfant à
l'éducation et le deuxième OMD, un droit de nature programmatoire
et à réalisation progressive.
Il est de nos jours acquis que le droit de l'enfant à
l'éducation est un droit fondamental pour son bien-être et pour le
développement de toute la société. C'est pour cette raison
que la Communauté internationale a entendu le proclamer dans la
Déclaration Universelle des droits de l'Homme de 1948, ainsi que dans la
Déclaration relative aux droits de l'enfant de 1959, avant de le coucher
comme un droit obligatoire dans le Pacte international relatif aux droits
économiques, sociaux et culturels de 1966, et plus récemment dans
la Convention relative aux droits de l'enfant de 1999. Il sied d'indiquer qu'en
plus de ces textes à caractère international, au niveau
régional ce droit est consacré par la Charte africaine des droits
de l'homme et des peuples de 1986 et la Charte africaine des droits et du
bien-être de l'enfant de 1999. Au niveau national, l'on constate que le
législateur congolais a consacré le droit de l'enfant à
l'éducation dans toutes les Constitutions qui ont régi le pays
depuis son accession à sa souveraineté internationale de 1960
jusqu'à nos jours ; ce qui est une bonne chose.
Il appert de la Déclaration relative aux droits de
l'enfant de 1959 que l'enfant, en raison de son manque de maturité
physique et intellectuelle, est rangé dans la catégorie des
personnes vulnérables. C'est pour cette raison que tous les textes
ci-avant indiqués tendent à rendre le droit de l'enfant à
l'enseignement primaire, non seulement gratuit, mais également
obligatoire. Mais un problème majeur se pose au niveau de
l'opérationnalisation de cet aspect laissé à la latitude
de chaque Etat en tenant compte des ressources disponibles. Pour parler de la
réalisation de ce droit, il faut s'en tenir également à
l'égalité des sexes, d'où le principe de
non-discrimination.
La question des ressources disponibles pour la
réalisation des droits consacrés par le Pacte dont question, fait
que certains Etats considérés comme pauvres trouvent des motifs
pour justifier leur non réalisation de la gratuité de
l'enseignement primaire afin de permettre à l'enfant de se rendre
à l'école et d'accéder ainsi à l'enseignement
universel.
Ceci a amené le Secrétaire Général
de l'ONU, à travers son Rapport intitulé « Nous les
peuples : le rôle des Nations Unies au 20ème sicle
», à convoquer tous les Etats membres de l'ONU à l'occasion
du nouveau millénaire, pour se décider sur les visés et
l'échéance endéans lesquels certains droits
consacrés par le Pacte doivent être, au besoin rendus effectifs.
Ainsi, le Sommet du millénaire fut convoqué à l'issu
duquel les Etats, ainsi que les Organisations de la famille de l'ONU, se sont
mis d'accord sur des droits réalisables d'ici 2015, consacrés en
OMD. Le droit de l'enfant à l'éducation universel faisant partie,
cela nous a poussé de mener une recherche pour vérifier, si en
mi-parcours les indicateurs ainsi que les cibles sont en voie d'être
concluants.
Pour ce faire, nous sommes parti des questions consistant
à savoir si un droit consacré par une déclaration pourrait
être opposable à des Etats. Il s'agissait également de
savoir si le deuxième OMD a apporté des engagements juridiques
nouveaux dans le chef des Etats et des organisations de la famille de l'ONU
quant à l'opérationnalisation du droit de l'enfant à
l'éducation qui est par nature programmatoire, et de ce fait, y
avait-t-il eu des indices positifs nouveaux sur l'effectivité dudit
droit en RDC, avant de déboucher sur des stratégies pour le
rendre effectif.
Ceci nous a amené au départ, à postuler,
en termes d'hypothèses, que le droit de l'enfant consacré en
deuxième OMD par la Déclaration du millénaire, n'a pas de
force juridique contraignante. L'on a relevé en outre que la
Déclaration du millénaire a apporté un éclairage
nouveau dans l'opérationnalisation de ce droit à caractère
programmatoire dans le chef des Etats et des Organisations de la famille de
l'ONU en fixant une échéance endéans laquelle il doit
être, au besoin, atteint, et en créant le partenariat mondial pour
le développement. Mais le contexte socio-politique de la RDC ne lui a
pas permis de saisir les opportunités de la Déclaration du
Millénaire afin de concrétiser ledit droit.
Le présent travail s'est articulé autour de
trois chapitres en plus d'une introduction générale et d'une
conclusion. Le premier chapitre a traité du droit de l'enfant à
l'éducation primaire en droit international contemporain. Nous avons, de
ce fait, passé en revue le droit de l'enfant à l'éducation
tel que consacré par les instruments juridiques internationaux,
régionaux, nationaux, et ainsi que la doctrine. A cette occasion, nous
nous sommes rendu compte que la Déclaration du millénaire n'est
qu'un chapelet de bonnes
intentions et ne renferme aucun caractère obligatoire.
Toutefois, sa spécificité réside dans le fait qu'elle
proclame un droit consacré par des instruments juridiques contraignants,
tels que soulevés ci-avant, et la fixation des modes de son
opérationnalisation à travers le 8ème objectif
qui consacre la coopération internationale pour la réalisation
des autres, sans perdre l'échéance de vue.
Le deuxième chapitre par contre, a traité de
l'effectivité du droit de l'enfant à l'éducation primaire
en RDC. Pour appréhender ses tenants et ses aboutissants, nous avons
interrogé l'évolution du système éducatif
congolais. Cela nous a amené à toucher le contexte
socio-politique à travers les rapports de certaines institutions
spécialisées de l'ONU et des organismes étatiques
nationaux engagés dans la réalisation du droit de l'enfant
à l'éducation en RDC, sans perdre de vue la contribution de la
doctrine. Ainsi, nous avons affirmé le fait que le contexte
socio-politique du pays ainsi que l'augmentation de la démographie n'ont
pas permis au pays de rendre l'éducation élémentaire
gratuite et obligatoire. Cela se justifie aussi par les guerres que le pays
à connu, l'ajustement structurel qui a touché l'économie
du pays au plus haut point, à côté de l'instabilité
politique ne permettant pas au pays de mettre sur pied un programme fixe afin
de réaliser progressivement le droit de l'enfant à
l'éducation. Toutefois, nous avons compris que l'adoption du
2ème OMD par l'Assemblée Générale de
l'ONU a apporté dans le chef de l'Etat congolais et des organisations
internationales des engagements nouveaux, qui ne sont pas forcement juridiques,
principalement dans l'angle consistant à encourager l'inscription
massive des filles à l'école et dans la mise sur pied des
rapports permettant de vérifier l'état d'avancement dudit droit,
et, partant, d'élargir le champs des responsabilités de ces
sujets du droit international à l'horizon 2015.
Ce qui précède nous a permis en plus,
d'apprécier les indices positifs nouveaux dans l'inscription des filles
dans toutes les provinces de la République quoi qu'ils
nécessitent encore de nettes améliorations.
Le troisième chapitre quant à lui,
intitulé Stratégies pour l'effectivité du droit de
l'enfant à l'éducation en RDC en général, et au
Sud-Kivu en particulier, s'est penché, d'une part, aux problèmes
majeurs qui affectent le droit de l'enfant à l'éducation, avant
d'en proposer des stratégies à l'intérieur et à
l'extérieur de la classe. Ces difficultés liées à
l'insuffisance du budget affecté au secteur de l'éducation par
rapport aux années antérieures,
au vieillissement du personnel enseignant, des programmes
ainsi qu'au délabrement des infrastructures, trouvent leur fondement
dans le fait que le Gouvernement n'a pas fait, ces dernières
années, de l'éducation sa priorité. L'on se rend
également compte que la difficulté majeure de l'enseignement
congolais demeure dans le non payement des salaires décents aux
enseignants et des tous les fonctionnaires du secteur public en
général. Comme stratégies, nous avons proposé au
niveau national, l'éradication de la guerre et de
l'insécurité, l'activation de la diplomatie ordinaire et celle ad
hoc, l'affectation au budget national et d'un pourcentage conséquent
à l'éducation, sans oublier les stratégies
spécifiques à la salle de classe, pour reprendre l'expression
chère à l'UNICEF, où les écoliers passent le plus
grand moment de leur enfance.
Etant donné que l'Etat ne saurait mettre toutes ces
stratégies en place au même moment, et partant du caractère
à réalisation progressive du droit de l'enfant, nous avons
proposé à L'Etat congolais de s'inspirer des progrès
réalisés par les autres pays comme le Rwanda et le Kenya pour ne
citer ceux-là. Il sied également de rappeler que l'Etat congolais
doit mettre toutes ses batteries en marche en vue d'accéder à la
coopération internationale pour le développement tout en
respectant les engagements pris en face du monde.
Au niveau provincial, étant entendu que le pouvoir
central a déféré certains aspects de l'enseignement dans
les attributions des provinces, celles-ci devraient améliorer leurs
budgets et affecter un pourcentage important à ce secteur en vue de le
rendre effectif. Pour ce faire, elles ont plusieurs possibilités au cas
où elles-mêmes ne parvenaient pas à couvrir cet aspect.
Chaque province peut s'appuyer sur le levier de la caisse de
péréquation, du Fonds de promotion de l'éducation
nationale, ainsi qu'à la coopération interprovinciale.
Somme toute, en dépit des difficultés
énormes qui affectent le droit de l'enfant à l'éducation
et l'égalité des chances en RDC, rien n'exclut que ce pays se
tire d'affaire à l'échéance, étant donné
qu'il demeure jusqu'à preuve du contraire une puissance potentielle ;
seule la volonté politique manque. Mais à dire vrai, et au vu de
toutes les tendances des rapports analysés, il appert que la RDC n'est
pas sur une bonne piste en ce qui est de l'effectivité du droit de
l'enfant à l'éducation primaire à l'horizon 2015. Cela
étant, nous pensons, et partant des points de vue de tous les acteurs
sociaux, que la priorité actuellement reste la paie des salaires
décents aux enseignants, suivie de la gratuité des frais
scolaires, le
reste ne demeurant qu'une suite logique. Or, le payement des
salaires décents aux enseignants est une obligation première
incombant à l'Etat congolais.
Au vu de ce qui précède, le présent
travail n'est qu'une piste ouverte à la question relative à
l'effectivité du droit de l'enfant à l'éducation en tant
que droit programmatoire et à réalisation progressive en RDC. Il
ne s'agissait pas de vérifier si cet objectif a été
atteint ou pas tenant compte des prévisions onusiennes. Toutefois, il
constitue l'esquisse d'une recherche scientifique réalisée pour
cette fin. Puissent d'autres chercheurs approfondir le présent
travail.
(c)
mutajustin@yahoo.fr
100 BIBLIOGRAPHIE
I. INSTRUMENTS JURIDIQUES INTERNATIONAUX, REGIONAUX ET
NATIONAUX.
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économiques, sociaux et culturels, adopté et ouvert à
la signature, à la ratification et à l'adhésion par l'AG
de l'ONU dans sa résolution 2200 A (XXI) du 16 décembre 1966,
entrée en vigueur le 03 janvier 1976, conformément aux
dispositions de l'art. 27 ;
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politiques, adopté et ouvert à la signature, à la
ratification et à l'adhésion par l'AG de l'ONU dans sa
Résolution 2200 A (XXI) du 16 décembre 1966, entrée en
vigueur le 23 mars 1976 conformément aux dispositions de l'article 49
;
3. La Convention de l'ONU relative à
l'élimination de toutes formes de discrimination à l'égard
des femmes, 17 décembre 1979 ;
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adoptée par l'AG de l'ONU le 20 novembre 1989, ratifiée en
RDC par l'Ordonnance-Loi n° 90/48 du 22 août 1990, publiée au
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5. La Charte africaine des droits de l'homme et des peuples,
adoptée le 27 juin 1981 à Nairobi lors de la 18e
Conférence de l'OUA, entrée en vigueur le 21 octobre 1986
;
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de l'enfant, adoptée en juillet 1990 lors de la
26ème Conférence des Chefs d'Etat et de Gouvernement
de l'Organisation de l'Unité Africaine (OUA) entrée en vigueur le
29 novembre 1999 ;
7. La Déclaration Universelle des droits de
l'homme, adoptée à Paris par l'Assemblée
Générale de l'ONU dans sa Résolution 217 A (III) du 10
décembre 1948;
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proclamée par l'AG de l'Organisation de l'ONU le 20 novembre 1959
[Résolution 1386(XIV)] ;
9. La Déclaration du millénaire,
adoptée par l'AG de l'ONU, dans sa Résolution A/RES/55/2.2000 du
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du Président de la République, 47ème
année, 20 juin 2006, Numéro spécial ;
11. Constitution de la RDC, M.C., 1er
août 1964, n° spécial ;
12. Loi 87-010 portant Code de la famille,
1er août 1987, J.O.Z., 1er août 1987 n°
spécial ;
13. Loi-cadre de l'enseignement national n°
86-005, 22 septembre 1986, J.O., 46ème, 1er décembre 2005,
numéro spécial ;
14. Loi n° 08/012 du 31 2008 portant principes
fondamentaux relatifs à la libre administration des provinces en
RDC, J.O., 49ème année, 31 juillet 2008,
Numéro spécial ;
15. Décret-Loi n° 003 du 27 mai 1997 relatif
à l'organisation et à l'exercice du pouvoir en RDC, J.O.,
38ème année, mai 1997, numéro spécial
;
16. Décret n° 06/015 du 23 mars 2006 portant
création d'un Fonds de Promotion de l'Education Nationale, J.O.,
47ème année, 1er avril 2006, p. 13 ;
17. Arrêté interministériel n°
MINIEPSP/CABMIN/0306/2007 portant fixation des frais scolaires à
percevoir au sein des écoles primaires publiques du Ministère de
l'Enseignement Primaire, Secondaire et Professionnel, 09 octobre 2007;
18. Arrêté Ministériel n°
MINIEPSP/CABMIN/ 342/2007, 16 novembre 2007 portant institution de la
Commission Urbaine ou Provinciale de l'Enseignement Primaire, Secondaire et
Professionnel ;
19. Arrêté du Gouverneur de la Province du
Sud-Kivu, n° 08/GP/SK portant fixation des frais de scolarité des
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2. Conseil Wallonie-Bruxelles de la coopération
internationale, Les Objectifs du millénaire et l'éducation en
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3. HABIBU J.B., L'Effectivité du Statut de la Cour
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4. HABIBU J.B., (dir.), Prévenir la Torture et autres
traitements cruels, inhumains et dégradants en RDC: mission impossible ?
Mélange en mémoire de Pascal KABUNGULU et Serge MAHESHE,
éd. ACAT, Bukavu, 2008 ;
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York, Unicef, 2004 ;
6. UNICEF, La situation des enfants dans le monde, New
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8. VERHOEVEN Joe, Droit international public, Larcier,
2000 ;
III. NOTES DES COURS ET AUTRES DOCUMENTS.
1. Circulaire interministérielle n° MINEPSP/003/2007
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2. CORNU G., Vocabulaire juridique,
7ème éd., revue et augmentée avec locutions
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3. Dictionnaire Universel, Paris, Hachette, 1995 ;
4. Lexique des termes juridiques,
12ème éd., Paris, DALLOZ, 1996 ;
5. Lettre du Ministre de l'EPSP n° MINIEPSP/CABMIN/006/2008
du 07 août 2008 portant fixation des frais scolaires pour l'exercice
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Internationales, UCB, L1 Droit, 2006- 2007, Inédit ;
7. MUHINDO T., Cours de Droits humains et libertés
publiques, UCB, L2
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8. PREMONT D., Activités pratiques d'éducation
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RDC, Bureau du Haut Commissariat aux droits de l'homme en RDC,
Journée des droits de l'homme, novembre 2004 ;
9. UCB, Observatoire du CEGEC, Budget de la Province ou du
Gouvernorat? La population du Sud-Kivu peut encore attendre (...) Feuillet
hebdomadaire d'informations diverses, 02 juillet 2007.
IV. RAPPORTS.
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;
2. Ministère de l'EPSP, Plan d'action National et
d'Education pour Tous, Kinshasa, janvier 2005 ;
3. Secrétariat Général de l'ONU, Nous
les peuples : le rôle des Nations Unies au XXIe siècle,
Rapport A/55/2000, 27 mars 2000 ;
4. RDC, Rapport sur les objectifs du millénaire pour
le développement, 2004
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6. UNESCO, Rapport mondial de suivi sur l'EPT, 2008
;
7. UNICEF, Résultats de la 4ème
édition de la campagne des inscriptions massives des enfants à
l'école, Rapport, année scolaire 2007-2008.
V. WEBOGRAPHIE.
1.
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www.un.org ;
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www.millenniumindicators.un.org
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www.fidh.org ;
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www.leprtique.revues.org
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www.oecd.org ;
8.
www.Crid.asso.fr ;
9.
www.maliweb.net.
(c)
mutajustin@yahoo.fr
104 TABLE DES MATIERES
Epigraphe I
Dédicace II
In Memoriam III
Avant propos . IV
Abréviations V
Introduction Générale .1
1. Problématique 1
2. Hypothèses du travail .6
3. Méthodologie du travail .8
4. Intérêt du sujet 9
5. Délimitation du sujet 10
6. Plan sommaire ..11 Chap. I : Le droit de l'enfant
à l'éducation primaire en droit international contemporain
12
Section 1ère Le droit de l'enfant
à l'éducation en droit conventionnel ..12
§1. Le droit de l'enfant à l'éducation en
droit international public 12
A. Le droit de l'enfant à l'éducation tel que
consacré par la DUDH et la
déclaration des droits de l'enfant de 1959 12
a. Le droit de l'enfant à l'éducation dans la DUDH
.12
b. Le droit de l'enfant à l'éducation dans la
Déclaration des droits de l'enfant de 1959 .13
B. Le droit de l'enfant à l'éducation dans le
PIDESC et la convention
relative aux droits de l'enfant 14
a. Le droit de l'enfant à l'éducation dans le
PIDESC 14
b. Le droit de l'enfant à l'éducation dans la
convention relative aux droits de l'enfant 15
§2. Le droit de l'enfant à l'éducation en
droit régional 15
A. Le droit de l'enfant à l'éducation dans la
charte africaine des droits de l'homme et des peuples . 15
B. Le droit de l'enfant à l'éducation dans la
charte africaine des droits et
du bien être de l'enfant 16 Section
2ème : Le droit de l'enfant à l'éducation dans
la Déclaration du
millénaire .18
§1. La Déclaration du millénaire : un acte
unilatéral ..18
A. Les actes unilatéraux des O.I 19
B. La Déclaration du millénaire et les autres
accords non juridiques 19
a. Le sommet mondial pour les enfants et le rapport du
Secrétaire Général de l'ONU du 27 mars 2000 ..20
b. L'échéance endéans laquelle les OMD
doivent être atteints ...23
§2. Le droit de l'enfant à l'éducation dans le
Soft law 24
Section 3ème : Le droit de l'enfant
à l'éducation en droit positif congolais 27
§1. Le droit de l'enfant à l'éducation dans la
Constitution de la RDC 27
A. L'évolution du droit de l'enfant à
l'éducation dans la Constitution
congolaise 27
B. L'égalité des chances dans la Constitution
congolaise 28
§2. La loi-cadre de l'enseignement national en RDC
A. Les prescrits légaux et la réalité
observée : un contraste amer........ 29
|
29
|
B. Le retard enregistré par la RDC dans la
réalisation du deuxième OMD
|
.30
|
|
Chap. II : L'effectivité du droit de l'enfant
à l'éducation primaire en RDC
|
31
|
Section 1ère : Evolution du
système éducatif en RDC
|
.31
|
§1. L'évolution du système éducatif
congolais
|
31
|
A. Le système éducatif congolais
précolonial .
|
31
|
B. La création des 1ères écoles
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31
|
C. Le système éducatif post-colonial .
|
.32
|
|
§2. Le contexte socio-politique ;;
|
34
|
A. Le contexte socio-politique d'avant 19990 .
|
...34
|
B. L'après 1990 à nos jours
|
..35
|
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Section 2ème : Analyse contextuelle du
droit de l'enfant à l'éducation en RDC....36
§1.La scolarisation en générale
|
36
|
A. Le cycle d'enseignement primaire
|
37
|
B. Le cycle d'enseignement secondaire .
|
.37
|
C. Le cycle d'enseignement supérieur et universitaire .
|
..38
|
|
§2. Les conditions et la qualité d'enseignement
élémentaire en RDC
|
38
|
A. Les conditions de l'enseignement
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38
|
a. Les conditions des enseignants
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38
|
1. Le retard dans la décentralisation
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41
|
2. La non application du barème de MBUDI
|
..41
|
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b. Les matériels et infrastructure scolaire
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44
|
1. La vétusté et le délabrement des
infrastructures scolaires
|
.44
|
2. L'équipement des écoles
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45
|
|
B. La qualité de l'enseignement de base
|
45
|
a. Le taux de scolarisation
|
45
|
b. Le taux de réussite
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47
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Section 3ème : L'état
d'avancement par rapport au 2ème OMD en RDC
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48
|
§1. Les obstacles susceptibles d'entraver
l'effectivité du droit de l'enfant à l'éducation en RDC
|
48
|
A. Les obstacles à caractère social
|
.48
|
a. L'obstacle financier .....
|
48
|
b. L'obstacle administratif
|
49
|
c. L'obstacle culturel
|
49
|
d. L'obstacle lié au moyen de communication
|
.50
|
B. Les obstacles liés aux mécanismes actuels de
protection des
|
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DESC
|
50
|
a. Mécanisme actuel de protection du droit de l'enfant
à l'éducation en droit international .50
b. Mécanisme actuel de protection du droit de l'enfant
à l'éducation en droit interne ..52
§2. Les solutions préconisés par la RDC et les
organes subsidiaires de l'ONU ....54 A. Les solutions
préconisés par la RDC pour la réalisation du
deuxième OMD .....55
a. La situation actuelle et tendance vers le
2ème OMD 56
b. La situation actuelle et tendance vers le
3ème OMD 57
B. Les solutions préconisés par les institutions
spécialisées de
l'ONU 58
a. Le résultat du rapport MICS 2/2000 59
b. La campagne dite « toutes les filles à
l'école » .....60
c. Les recommandations issues des conférences
internationales 62 Chap. III. : Stratégies
pour l'effectivité du droit de l'enfant à l'éducation en
RDC en
général et au Sud- Kivu en particulier
63
Section 1ère : Renforcement de la
souveraineté de l'Etat au niveau national et
international 63
§1. Renforcement de la souveraineté de l'Etat au
niveau international 63
A. La mobilisation de la communauté internationale 64
B. Le partenariat mondial pour le développement .64
§2. Renforcement de la souveraineté de l'Etat au
niveau national ..66
A. L'éradication de la guerre 66
B. L'éradication de l'insécurité
67 Section 2ème : Poursuivre l'amélioration
de l'efficacité interne de
l'enseignement .67
§1. L'augmentation de l'offre d'éducation primaire en
RDC ..68
A. L'amélioration de l'efficacité interne de
l'enseignement 68
B. L'amélioration des politiques et programmes .69
C. Stratégies spécifiques à la province du
Sud- Kivu 71
a. Les difficultés majeures qui affectent le droit de
l'enfant au Sud- Kivu 71
b. Stratégies pour la réalisation du droit de
l'enfant à
l'éducation au Sud-Kivu 72
§2. Les stratégies internes et externes à la
salle de classe 73
A. Les stratégies dans la salle de classe ..73
a. Mieux centrer la classe sur les besoins de l'enfant, dans le
respect des différences entre les sexes 73
b. Recruter et former des enseignants soucieux
d'équité entre les sexes et des droits de l'enfant et verser
à ces derniers un
salaire régulier leur permettant de mener une vie
décente 74
c. Promouvoir la santé dans les écoles 75
d. Promouvoir le sport à l'école 75
e. Assouplir l'enseignement ..75
f. Expliquer en langue locale 76
B. Les stratégies à l'extérieur de la salle
de classe 76
a. Réunir des statistiques ventilées par sexe sur
l'éducation 76
b. Adopter des mesures spéciales pour atteindre les
enfants les plus désavantagés 77
c. Ouvrir des écoles plus proches du domicile des
enfants....77
d. Garantir la sécurité des écoliers 78
e. Faire participer la population locale ..78 Section
3ème : Inspiration des progrès des autres pays et la
tenue des engagements
internationaux
§1. Les stratégies mises en place par le Rwanda et le
Kenya
A. L'adieu aux frais de scolarité au Rwanda
|
79
.79 .79
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B. L'adieu aux frais de scolarité au Kenya
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81
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§2. Le respect des engagements pris au niveau international
..
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83
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A. La stratégie d'accélération dite 25
d'ici 2005
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.83
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B. Le séminaire international sur l'abolition des frais
scolaires
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84
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Conclusion Générale ..
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86
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Bibliographie ..
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91
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Table des matières
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.95
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