3.2 CHAMP D'ETUDE
Le nombre de personnes handicapées motrices
recensé dans la commune s'élève à ce jour à
136. Dans ce nombre, 62 sont des femmes, soit 46% de la population totale de
handicapés moteurs de la commune.
Le groupe sur lequel nous avons choisi de faire notre
étude se nomme Association Féminine des Handicapées
Motrices de la Commune de Bambey (AFHMCB). Elle a été
créée en 1999, suite à des malversations
financières ayant disloquées l'Association des Handicapés
Moteurs de Bambey.
En effet, les femmes membres de ladite association,
regroupées au sein de la section féminine, avaient
décidé de créer leur propre association, après
constatation des discriminations dont elles faisaient objet et des
malversations financières continuelles.
L'AFHMCB a son siége social au quartier léona
nord, sur la route de Gawane, chez le domicile du chef de quartier feu
Salif NDIAYE.
La raison d'être de l'association est l'entre aide et la
solidarité entre ses membres. Ce besoin d'entre aide découle du
fait qu'elles se sont toujours senties laissées en rade par les
autorités locales et les institutions, malgré les voeux pieux
faits à l'endroit des handicapés.
Ce but a été traduit en trois objectifs majeurs
que sont :
- regrouper toutes les femmes handicapées motrices de
la commune, au sein d'une même association ;
- favoriser l'entre aide et la solidarité entre les
femmes handicapées motrices ;
- développer des Activités
Génératrices de revenus (AGR) pour la promotion socio
économique des femmes handicapées motrices.
Le problème centrale des membres de l'association se
trouve être les difficultés de déplacement de ses membres,
du fait du handicap.
En effet, ces difficultés de déplacement se
traduisent par un manque de moyens de locomotion spécifique à
leur handicap, à savoir : des chaises roulantes et des
béquilles. Cela entraîne beaucoup de retard dans leurs
activités, des absences fréquentes lors des réunions et
même des démissions.
L'AFHMCB est sous la tutelle de L'Association Nationale des
Handicapés Moteurs du Sénégal (ANHMS)
L'ANHMS est une association à but non lucratif,
officiellement reconnue le 06 MAI 1982 avec récépissé
délivré par le Ministère de l'Intérieur sous le
N°3882/MINT/DAGAT.
Elle regroupe des personnes handicapées motrices, les
parents et les amis de celles-ci et est présente dans tout le territoire
sénégalais. Sa structuration est modelée sur la
décomposition géographique du pays.
Elle est composée d'un Bureau National, de 10 bureaux
régionaux, de 31 bureaux départementaux et des comités de
quartiers. Elle travaille à l'amélioration des conditions de vie
des personnes handicapées en général et de ses membres en
particulier.
La section féminine née de l'assemblée
générale statutaire de 1998 a permis à l'association
de faire un pas considérable dans sa structuration.
La femme handicapée, du fait de sa situation de
marginale à plus d'un titre (en tant que femme et en tant que
handicapée), méritait qu'on lui consacre un plan
spécifique d'insertion.
La section compte à ce jour plus de 200 000 membres
à travers le Sénégal et a suivi la structuration de
l'association. Ainsi, elle a des filiales dans toutes les sections
régionales et sous-sections départementales de l'association.
L'AFHMCB, depuis sa création en 1999, n'a pas poursuivi
sa structuration. Elle ne disposait donc pas de texte organique, mais officiait
surtout dans l'informel. Cependant bien que n'ayant pas de reconnaissance
juridique, cette association avait toujours le soutien de partenaires tels que
le SDAS/Bambey, AHDIS ou encore le CMS.
L'adhésion à l'association est libre et
volontaire, pourvu que l'adhérant soit femme handicapée motrice.
Le droit à l'adhésion s'élève à 2500F CFA.
Pour prétendre à des financements et participer aux
activités de l'association, le membre devra verser mensuellement, la
somme de 500F CFA.
Le bureau de l'association est composé :
- d'une présidente ;
- d'une présidente adjointe ;
- d'une secrétaire générale ;
- d'une trésorière ;
- d'une trésorière adjointe ;
- de trois commissaires aux comptes.
Ce bureau a été mis en place en 1999, à
la suite d'un vote. Les membres n'ont pas jugées nécessaire de le
renouveler, puisque l'association na pas encore achevée sa structuration
par une reconnaissance juridique.
Le consensus est de rigueur dans les prises de
décision. A l'occasion, la présidente convoque tous les membres
disponibles pour prendre une décision unanime. Cependant, il arrive
parfois que l'acuité de la situation ne permette pas la réunion
de tous les membres. La présidente reçois alors le plein pouvoir
de décider pour et dans l'intérêt de l'association et
ensuite de rendre compte aux membres.
Avec le problème de déplacement qui affecte la
quasi-totalité des membres du bureau, sinon de l'association, les fonds
ont été confiés à la présidente qui les
gère et garde les documents et archives. Les autres membres lui font
entièrement confiance et n'interviennent que lorsque la situation le
demande : par exemple quand la signature de la trésorière ou
de la secrétaire générale est demandée.
Jusque là, la seule sanction appliquée reste
celle financière. En effet, l'association n'est pas encore
confrontée à des fautes graves, outre des
irrégularités notées sur le versement de la cotisation
mensuelle de 500F CFA. Ainsi, pour prétendre à un quelconque
financement, le membre devra d'abord s'acquitter du versement de toutes ses
cotisations mensuelles, sinon de ses arriérées de cotisation. En
cas de non paiement, son financement sera réparti aux autres membres
ayant émis le désir d'acquérir une somme plus
importante.
Avec l'imminence de la reconnaissance juridique, l'association
passe progressivement de la gestion informelle à une structuration.
Cependant, cette structuration devrait s'accompagner de la résolution
d'un certain nombre de problèmes comme celui de la mobilité.
Les membres sont très motivés, malgré
leur handicap moteur. La raison est à chercher certainement dans leur
désir de trouver les ressources nécessaires leurs permettant de
mener des activités socio - économiques afin de s'auto prendre en
charge
Dans ce désir commun, tous les membres s'entendent
parfaitement et entretiennent des relations d'amitié, de
fraternité et de solidarité. C'est la raison pour laquelle les
conflits et les clans sont inexistants au sein de l'association. Aussi, la
présidente jouit d'une certaine notoriété à cause
de ses qualités personnelles de conciliatrice, d'écoute et de
gestion collégiale dans la transparence.
D'autres membres jouent aussi des rôles
importants ; qui à cause de leurs dynamismes, qui d'autre à
cause de leurs niveaux d'instruction.
La massification a fait naître en chacune des membres un
dynamisme nouveau. Certaines étaient totalement inactives avant
d'adhérer à l'association. L'esprit de solidarité et
d'entre aide a réveillé en elles le goût de
l'entreprenariat, l'ouverture à l'environnement qui semblait
fermée pour elles et le développement de relations et de
partenariats.
A ce jour, l'AFHMCB ne dispose d'aucun matériel de
fonctionnement et ne compte à son affectif, aucune réalisation
visible, hormis le compte au CMS. Les financements qu'elles acquièrent
sont partagés entre les membres qui détermineront elles -
mêmes les activités sur lesquelles elles vont s'investir ainsi que
le mode de gestion des fonds alloués. Les seules exigences sont
l'ouverture d'un compte d'épargne et le remboursement des fonds
alloués.
Pour les finances, l'association possède un compte
d'épargne au CMS. Les inscriptions et cotisations mensuelles y sont
versées. Le compte qui s'élève aujourd'hui à
hauteur de 150.000F CFA, sert parfois à financer les activités
des membres en cas de non disponibilité de fonds de partenaires.
Les financements des partenaires pour chaque membre vont de
50.000F CFA à 100.000F CFA. Ces partenaires sont le SDAS, AHDIS, le
PNUD, le PLCP et le CMS.
Le problème central de l'AFHMCB est celui de la
mobilité de ses membres. En effet, étant handicapées
moteurs, ces femmes ont besoins d'appareils spécifiques qui puissent
leur permettre de se déplacer. Il s'agit de béquilles et de
chaises roulantes. Malheureusement, ces appareils coûtent chers et ne
sont pas à la portée de presque l'ensemble des membres de
l'association. Les rares membres qui en possèdent sont
confrontées à un autre problème: celui de l'entretien et
de la maintenance des appareils.
En effet, les chaises roulantes ont besoin d'un bon entretien
et des pièces de rechanges constamment disponibles pour des
réparations. Malheureusement, ces pièces de rechanges ne sont
parfois même pas disponibles sur le marché.
Il se trouve que la majeur partie des femmes
handicapées a surtout besoin de chaises roulantes assez
spécifiques, du fait de la nature et du degré de leur handicap,
mais surtout à cause de leur âge avancé. Il s'agit de
chaises roulantes motorisées et assez spacieuses pour le confort.
Ce problème de mobilité est la cause majeure des
retards notés dans le déroulement des activités de
l'association, notamment l'écoulement des produits issus de leurs
activités.
L'association est aussi confronté à d'autres
problèmes tels que l'insuffisance de l'appui technique, la non
disponibilité de matériels pour le plein exercice des AGR,
l'inadaptation des systèmes de crédits en cours qui font de
petits prêts qui ne permettent pas de prendre en charge certaines
activités et qui ne prennent pas en compte les besoins
spécifiques du handicapé et les besoins primaires du foyer.
Ainsi, les membres ne peuvent mener ensemble des activités communes et
sont obligées de se partager les financements à cause de leur
insignifiance
Au plan social, l'inadéquation du milieu de vie avec
les discriminations, stéréotypes et marginalisations de la
population et surtout des autorités locales, constituent un second
handicap pour ces femmes. Nous pouvons affirmer que c'est même le
handicap majeur pour ces femmes. Certaines se sont vues opposer des projets de
mariage, d'autres ont subi des abus sexuels, des refus de reconnaissance de
leurs enfants à cause de leur état de faiblesse. Malheureusement,
elles ne disposent pas encore des armes nécessaires pour faire face
à l'hostilité du milieu, malgré leur dynamisme et leur
expertise dans certains domaines comme la coiffure, la couture et la
transformation des fruits et légumes
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